Evangelho de Tomé – Logion 111

Pla

Jesus disse: Os céus passarão e a terra, em vossa presença; e o vivente saído do Vivente, não conhecerá nem morte, nem temor. Por isso disse Jesus: O que se encontra a si mesmo, o mundo não é digno dele.

Puech

111. Jésus a dit : Les cieux s’enrouleront ainsi que la terre en votre présence [Dans le manuscrit, litt. : « et la terre (est) en votre présence ».] et le Vivant (issu) du Vivant ne verra mort ni < crainte >, parce que 5 Jésus dit : Celui qui se trouvera soi-même, le monde n’est pas digne de lui.

Suarez

1 Jésus a dit : 2 les cieux s’enrouleront, ainsi que la terre, 3 devant vous 4 et le Vivant issu du Vivant 5 ne verra ni mort ni peur 6 parce que Jésus dit : 7 celui qui se trouve lui-même, 8 le monde n’est pas digne de lui.

Meyer

111 (1) Jesus said, “The heavens and the earth will roll up in your presence, (2) and whoever is living from the living one will not see death.” [Cf. Isaiah 34:4; Psalm 102:25–27 (some ancient texts); Hebrews 1:10–12; Revelation 6:13–14.] (3) Doesn’t Jesus say, “Whoever has found oneself, of that person the world is not worthy”? [This may be a later comment incorporated into the saying.]

Canônicos

E todo o exército dos céus se dissolverá, e o céu se enrolará como um livro; e todo o seu exército desvanecerá, como desvanece a folha da vide e da figueira. (Is 34,4)


…e qual um manto os enrolarás, e como roupa se mudarão; mas tu és o mesmo, e os teus anos não acabarão. (Heb 1,12)


E o céu recolheu-se como um livro que se enrola; e todos os montes e ilhas foram removidos dos seus lugares. (Ap 6,14)


Passará o céu e a terra, mas as minhas palavras jamais passarão. (Mt 24,35)


Passará o céu e a terra, mas as minhas palavras não passarão. (Mc 13,31)


Passará o céu e a terra, mas as minhas palavras jamais passarão. (Lc 21,33)


Roberto Pla

Que os céus e a terra não são eternos e terão fim é sabido, pois além da lógica é seu término, posto que foram criados, o diz Jesus e se repete em muitos escritos testamentários.

Mas o logion acrescenta: “em vossa presença”, e com isso revela que o “passar” dos céus e da terra não só é uma dissolução universal, simultânea para todos que estejam no final dos tempos, mas também a consumação das coisas criadas que cada homem deverá presenciar em si mesmo, em sua consciência, quando venha a transformar-se no Vivente.

O Vivente é o que tem Vida eterna como propriedade. Jesus, Cristo oculto e pré-existente, é o Vivente e a fonte do Vivente. Tal como ocorre com o espírito do homem, que quando é ungido no Espírito se faz uno no Espírito; assim também, quem renasce do Alto, nasce como Vivente que sai do Vivente, uno na Glória infinita do Filho do homem.

Quem encontrou o mundo, e essa é a consciência natural do homem, tem diante de si a realidade do mundo; mas o que se encontra a si mesmo, já não se dá conta do “outro”, de que havia encontrado o mundo e que, em verdade, já não existe, porque passou.

De igual maneira, o que nasce como Vivente descobre que a única realidade é o tesouro inesgotável que é “uno” com o Pai.

Então o mundo se dissolve, para ele, deixa de ser. Os céus e a terra fogem da “presença” como névoa que se levanta ao amanhecer; e nada resta deles, como se nunca tivessem sido.

Resta o Vivente só, eterno, isento de medo, em realidade incomparável e suprema de ser sempre e para sempre na unidade de si mesmo.

“E todo o exército dos céus se dissolverá, e o céu se enrolará como um livro; e todo o seu exército desvanecerá, como desvanece a folha da videira e da figueira. … Mas tu és sempre o mesmo e teus anos não terão fim.” (Isa 34:4)

De certo, o mundo não é digno dele, do Vivente.

Suarez

Les deux et la terre, animés de leurs mouvements de translation et de rotation, symbolisent pour Jésus le monde des phénomènes, donc le monde changeant par rapport au monde immuable.

Celui qui a rejoint son principe, qui est uni au Père, n’est pas ébranlé par les événements cosmiques : le Vivant issu du Vivant ne verra ni mort ni peur.

Le monde n’est pas digne de celui qui s’est trouvé lui-même. C’est ce qu’expriment aussi le Logion 80 … celui qui a trouvé le corps, le monde n’est pas digne de lui ainsi que le Logion 29 … si la chair s’est produite à cause de l’esprit, c’est me merveille ; mais si l’esprit s’est produit à cause du corps, c’est une merveille de merveille.

Les commentateurs qui persistent à trouver une coloration « gnostique » à l’Évangile selon Thomas devraient s’interroger en lisant des textes comme celui-ci : mais moi, je m’émerveille de ceci : comment cette grande richesse s’est mise dans cette pauvreté (Logion 29).


A propos du v. 2 : tes deux s’enrouleront, ainsi que la terre, on observera sur la couverture qui abrite l’Évangile selon Thomas, une série de spirales qui la traversent en diagonale. A noter que la science moderne est en train de découvrir que l’univers est créé en spirale (cf. les nébuleuses spirales ainsi que le schéma représentatif de la molécule d’acide désoxyribonucléique, la fameuse A.D.N.)

Gillabert

Pour un Occidental, la chose au monde la plus difficile est sans doute celle de se libérer de l’emprise et de l’esclavage des projections. Pourtant, je me dois honnêtement de constater que l’éveil (le terme grec est le même pour éveil et résurrection) est à ce prix. Je ne peux accéder à la vision intérieure si la mémoire et l’imagination travaillent ; Jésus l’exprime avec un bonheur qui me comble : Celui qui se trouve lui-même, le monde n’est pas digne de lui (Logion 111).

Celui qui se trouve lui-même voit ainsi sa nature originelle dans et par le regard intérieur. Mais, si ce regard est en contact avec d’autres regards qui reflètent l’Absolu, ceux-ci agissent comme rappel du regard intérieur, autrement dit, comme moyen de re-connaissance. Cela peut s’exprimer ainsi : JE absolu me vois dans tel regard et vice-versa, mais c’est toujours le même qui voit, c’est toujours le même qui se re-connaît. Ainsi l’Absolu, qui est lumière, crée son image le temps de se reconnaître et de se « savourer ». Le regard de l’homme désentravé du mental est son miroir de prédilection, celui qui lui renvoie l’image la plus transparente et la plus sublime. Mais l’image retourne aussitôt à sa source lumineuse. Le mental, en s’attachant à l’image, se comporte en usurpateur. [L’Évangile, voie de la connaissance]


Jésus semble évoquer, pour les situer, les prophéties d’Hénoch et de Daniel qui hantaient les esprits à l’époque. Les nombreux manuscrits de ces livres retrouvés à Qumrâm sont révélateurs de l’importance qu‘y attachaient les esséniens. Les pharisiens, comme en témoigne le contexte des évangiles canoniques, vivaient également dans la psychose du temps de la Fin annoncée par les prophètes. C’était ni plus ni moins l’avènement du Royaume dans un branle-bas cosmique où « les quatre vents du ciel soulevaient la grande mer» (Dn 7. 2).

Jésus nous dit, avec une pointe d’humour, quelle est l’attitude du gnostique, qu’il appelle ici « le Vivant issu du Vivant », devant les bouleversements cosmiques : « il ne verra ni mort ni peur » et il ajoute à l’endroit de celui qui se trouve lui-même la phrase déjà connue (Logion 56, Logion 80) « le monde n’est pas digne de lui». Comment le monde, fabrication du mental que Jésus qualifie de cadavre, pourrait-il être digne du Vivant issu du Vivant ?

L’attitude du gnostique vue par Jésus rappelle d’une façon frappante celle de grands maîtres tch’an en présence de catastrophes à l’échelle planétaire. Hui-neng dit à ses moines : « Quand, à la fin d’un Kalpa, le cataclysme du feu desséchera les océans ou quand soufflera le vent des catastrophes qui fera s’écrouler les montagnes l’une sur l’autre, la réelle et l’éternelle félicité du Parfait Repos… demeurera dans le même état. » (Discours et Sermons de Hui-neng, p. 129, Albin Michel). Et Lin-tsi : Dussent le ciel et la terre se renverser…, dût l’enfer s’ouvrir devant moi, je n’aurai pas une pensée de crainte (Tch’an, p. 76, col. Hermès). Curieusement, on trouve dans les synoptiques, au milieu d’allusions directes aux fins dernières cette parole de Jésus : « Le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas » (Mt 24. 35 ; Mc 13. 31 ; Le 21. 33). Nous voici ramenés au logion qui débute à peu près de la même façon : « Ce ciel passera, et celui qui est au-dessus passera, et ceux qui sont morts ni vivent pas, et les Vivants ne mourront pas » (Logion 11). Le Vivant, antérieur à la naissance et à la mort, ne connaît ni mort ni peur. [Le procès de Jésus]

Puech

  • “Se encontrar a si mesmo”
    • Conhecer que pertence em si, por uma espécie de predestinação natural, ao Reino, onde, intemporalmente, o fim e o princípio de seu ser se reúnem, coincidem, fazem um.
    • Se conhecer e se reconhecer, se reencontrar em sua condição própria de “vivente saído do Vivente”, assim assegurado de “não ver a morte”.

Il reviendrait au même de dire que la « gnose » donne la Vie, fait, ou refait, de nous des « Vivants », tandis que l’agnosia nous expose à la mort, nous jette et nous retient dans le monde des « Morts ». Ce que résume très nettement le Logion 111 : le « Vivant » est celui qui s’est connu lui-même, qui, possédant la connaissance de soi, s’est trouvé, ou retrouvé, lui-même, est entré, ou rentré, en possession de soi. Par là-même, il « ne verra pas la mort ». Échappant au « monde », auquel il se révèle « étranger » et supérieur, il sera, il est déjà sauvé. « Celui qui se trouvera soi-même », conclut le Dit, « le monde n’est pas digne de lui ». [PuechQG]