Survint alors l’établissement du Christianisme, suivi de très près par la création de sa liturgie et de son symbolisme. En ce dernier domaine, l’aigle devint une excellente figure du Christ. On appliqua à sa Personne et à son ascension triomphale la parole de Jérémie : « Voilà qu’il montera comme l’aigle ; il étendra ses ailes sur Bosra, et le cœur des forts de l’Idumée sera en ce jour comme le cœur d’une femme qui enfante » ; et cette autre du Livre des Proverbes ; « La voie de l’aigle est au ciel” ». Aussi La Clef du pseudo Méliton de Sardes déclara-t-elle que l’Aigle, c’est le Christ, « Aquila Christus. »
Et quand, les ailes étendues et le regard souverain jeté dans l’espace infini, l’aigle plane en majesté entre les sigles glorificateurs du Soleil et de la Lune, comme sur le sarcophage n° IV du Latran, il devient l’illustration de la parole paulinienne : « Dieu l’a exalté et lui a donné un Nom qui est au-dessus de tout nom ; afin qu’au Nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et dans les enfers ».
Ailleurs, l’Aigle est donné comme symbole du Seigneur, et de la Divinité du Fils de Dieu ; Dominus, et Divinitas Filii Dei.
En même temps, il apparaît bien aussi que l’oiseau glorieux, dont la Rome impériale avait fait l’emblème de son triomphe et de son universelle domination en raison du rôle qu’il jouait dans l’apothéose de ses souverains, de ses qualités d’oiseau conquérant et de la fierté de son attitude, devint aussi, pour les chrétiens, après la conversion de Constantin et l’édit libérateur de 314, l’emblème du triomphe de la Religion du Christ sur le paganisme persécuteur et de son universelle diffusion.
C’est probablement le sens qu’eut l’aigle sur les lampes chrétiennes du IVe siècle à Carthage et ailleurs, et aussi sur le beau fragment d’un sarcophage d’Arles où l’aigle apparaît, les ailes au vol plané, tenant sur sa poitrine une couronne au centre de laquelle se voit encore la moitié d’un a Chrismon », le I et le X superposés.