Cassiano: péchés

Ces paroles toutefois ne doivent pas s’entendre de toutes sortes de péchés, mais seulement des mortels. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA CHEREMON CHAPITRE 9

Au contraire, des péchés qui ne vont pas à la mort, et dont ceux-là mêmes qui servent fidèlement le Christ ne sauraient être exempts, quelque circonspects qu’ils soient à garder leur âme, il est ainsi parlé : «Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous»; (Ibid. 1,8). «Si nous disons que nous sommes sans péché, nous faisons Dieu menteur, et sa parole n’est pas en nous.» (1 Jn 1,10). Prenez, en effet, parmi les saints tel qu’il vous plaira, il n’en est point qui ne tombe fatalement en ces manquements minimes qui se font par paroles, par pensées, par ignorance et oubli, impulsion, volonté ou distraction, et qui, pour différer du péché qui va à la mort, ne sont point cependant sans faute ni reproche. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA CHEREMON CHAPITRE 9

Tout d’abord, qu’en pense au juste le bienheureux Apôtre ? «Mortifiez, dit-il, les membres de l’homme terrestre.» (Col 3,5). Mais, avant de pousser plus loin, quels sont ces membres qu’il ordonne de mortifier ? Son dessein n’est pas de nous porter à quelque mutilation barbare. Ce qu’il désire, c’est que le zèle de la sainteté parfaite détruise au plus tôt le corps de péché, lequel naturellement est formé de membres divers. «Afin que soit détruit le corps de péchés,» dit-il en un autre endroit, puis, il explique en quoi consiste cette destruction : «Pour que nous ne soyons, plus esclaves du péché.» (Rom 6,6). C’est aussi de ce corps qu’il demande avec gémissement d’être délivré : «Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ?» (Ibid.) Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON CHAPITRE 1

Le bienheureux David a bien marqué, sous l’inspiration du saint Esprit, ces deux étapes distinctes : «Dieu, dit-il, s’est fait connaître en Judée,» (Ps 75,2) c’est-à-dire dans l’âme qui doit confesser ses péchés, car Judée signifie confession; mais «en Israël», c’est-à-dire en celui qui voit Dieu ou, selon une autre version, en l’homme parfaitement droit devant Dieu, Dieu n’est pas seulement connu, mais «grand est son nom.» (Ibid. 4). Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON CHAPITRE 11

Nous lisons qu’il épancha sa grâce avec la même surabondance lors de la guérison du paralytique. Celui-ci ne demandait que d’être délivré de la langueur qui avait énervé tous les ressorts de son pauvre corps; le Seigneur commence par lui donner la santé de l’âme : «Aie confiance, mon fils, tes péchés te sont remis» (Mt 9,2). Là-dessus, comme les Scribes ne voulaient pas croire qu’il pût remettre les péchés des hommes, pour confondre leur incrédulité, il rend encore, par la parole de sa puissance, la santé à ses membres paralysés : «Pourquoi pensez-vous le mal dans vos coeurs ? Lequel est le plus facile, de dire : Tes péchés te sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a, sur la terre, le pouvoir de remettre les péchés: Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et retourne à ta maison» (Ibid. 4-6). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON CHAPITRE 16

La doctrine dit l’ordre tout simple de l’explication historique, laquelle ne renferme point de sens plus caché que celui qui sonne dans les mots. Ainsi, dans les textes qui suivent : «Je vous ai enseigné premièrement, comme je l’ai appris moi-même, que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’Il a été enseveli, qu’Il est ressuscité le troisième jour et qu’Il est apparu à Céphas»; (1 Cor 15,3-5). «Dieu a envoyé son Fils, formé d’une femme, né sous la Loi, afin d’affranchir ceux qui étaient sous la Loi»; (Gal 4,5). «Écoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est un Seigneur unique.» (Deut 4,4). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS CHAPITRE 8

Cependant, un vif sentiment de componction me remuait intérieurement. Il se traduisit bientôt par de profonds soupirs : «Toutes les pensées, dis-je, que vous avez développées avec tant d’éloquence, ajoutent encore au découragement dont j’avais à souffrir. Outre les captivités de l’âme qui sont communes à tous, et les distractions qui battent du dehors les esprits encore faibles, je trouve un obstacle particulier à mon salut dans la médiocre connaissance que je parais avoir de la littérature. Zèle du pédagogue, ou application de l’élève, je m’en suis imprégné jusqu’au fond. Avec un esprit de la sorte infecté des oeuvres des poètes, les fables frivoles, les histoires grossières dont je fus imbu dès ma petite enfance et mes premiers débuts dans les études, m’occupent même à l’heure de la prière. Je psalmodie, on j’implore le pardon de mes péchés; et voici que le souvenir effronté des poèmes jadis appris me traverse l’esprit, l’image des héros et de leurs combats semble flotter devant mes yeux. Tandis que ces fantômes se jouent de moi, mon âme n’est plus libre, d’aspirer à la contemplation des choses célestes. Cependant, les larmes que je répands chaque jour ne réussissent pas à les chasser. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS CHAPITRE 12

Si vous croyez que votre vie spirituelle a plus à gagner, en demeurant ici, qu’elle ne faisait dans les conditions de votre monastère, et que vous ne pouvez remplir vos engagements, sans vous priver d’immenses avantages, mieux vaut affronter le mensonge, et ne pas tenir votre promesse. Ce dommage, une fois passé, ne reviendra plus; il ne sera pas, de lui-même, une source de péchés nouveaux. Tandis que de revenir à une vie tiède vous causerait un détriment quotidien et sans fin. On est pardonnable, mieux encore, on mérite des éloges, lorsqu’on change une résolution prise à la légère, si c’est pour embrasser an parti meilleur. Ce n’est pas manquer de constance, mais corriger sa témérité, due de redresser un engagement défectueux. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH CHAPITRE 8

En toute chose, il faut considérer la fin, et diriger d’après elle toute la marche de notre vie. Si nous voyons que nos plans tournent à mal, parce qu’un parti plus salutaire se présente : mieux vaut renoncer à une disposition qui ne convient plus, et passer à un meilleur sentiment, que de se rendre coupable de péchés plus graves, en s’attachant opiniâtrément à ce qu’on avait résolu tout d’abord. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH CHAPITRE 9

Ce qu’il fit en cette occasion, il proteste dans la suite, par la bouche du prophète Ézéchiel, qu’il veut le faire avec tous les hommes par un jugement quotidien: «Lors même que j’aurai dit au juste qu’il vivra, si, se confiant dans sa justice, il fait l’iniquité, toutes ses justices seront mises en oubli; et à cause de l’iniquité qu’il aura commise, il mourra. Et lors même que j’aurai dit à l’impie : tu mourras ! s’il fait pénitence de son péché et qu’il agisse selon le droit et la justice; s’il rend le gage qu’on lui a confié, restitue ce qu’il a ravi, et marche selon les préceptes qui donnent la vie, sans faire aucun mal certainement il vivra et ne mourra point. Aucun des péchés qu’il a commis ne lui sera imputé.» Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH CHAPITRE 25

Afin que le basilic ne tue pas, d’une seule de ses morsures empoisonnées, tout ce qui est vivant en nous et, pour ainsi dire, animé par le mouvement vital du saint Esprit Lui-même, il nous faut implorer sans cesse le secours de Dieu, à qui rien n’est impossible. Car, pour le venin des autres serpents — et par ce venin, j’entends les péchés ou les vices charnels —, autant l’humaine fragilité est prompte à y succomber, autant il est facile de l’en délivrer. Les blessures qu’ils font se reconnaissent à de certaines marques extérieures et corporelles; et, pour dangereuse que puisse être l’enflure qu’elles déterminent, si quelque enchanteur, habile à se servir des formules magiques de l’Écriture, y applique le remède des paroles salutaires, le poison n’ira pas jusqu’à donner la mort à l’âme. Mais l’envie, tel le venin jeté par le basilic, détruit la religion et la foi jusque dans les racines de leur vie, avant que la blessure ait paru au dehors. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN CHAPITRE 16

Afin de satisfaire avec toute la brièveté et concision possible au désir manifesté par votre question, voici la définition plénière, parfaite de la pénitence : elle consiste à ne plus commettre dorénavant les péchés dont nous avons du repentir ou dont notre conscience éprouve le remords. D’autre part, le signe de la satisfaction et du pardon, c’est d’avoir banni de notre coeur toute affection à ces péchés. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 5

Donnez-moi un homme tout entier dans la pensée de satisfaire et dans les gémissements de la pénitence. Aussi longtemps que l’idée des fautes commises, ou d’autres fautes semblables, vient se jouer devant ses regards; tant que, je ne dis pas la délectation, mais seulement le souvenir continue d’infester les retraites profondes de son âme : à ces marques, il peut reconnaître qu’il n’est point délivré parfaitement. Ainsi, l’âme que je désir de faire satisfaction pour ses péchés tient sans cesse en éveil, saura son acquittement et son pardon à ce signe, que leur séduction ni leur image même ne l’effleureront plus. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 5

GERMAIN. — Mais alors, à quelle source puiser la sainte et salutaire componction d’un coeur humilié ? Car, voici que l’Écriture nous la dépeint avec ces paroles, parties des lèvres du pénitent : «J’ai fait connaître mon péché, et je n’ai point couvert mon iniquité; j’ai dit : Je déclarerai contre moi mon injustice au Seigneur.» (Ps 31,5-6). Quel titre aurons-nous donc à redire avec vérité ce qui suit aussitôt : «Et vous avez pardonné l’impiété de mon coeur» ? (Ibid.) Si nous bannissons de notre coeur la mémoire de nos péchés, comment, prosternés en prière, nous exciterons-nous aux larmes d’une humble confession, pour mériter d’obtenir le pardon de nos crimes, selon cette parole : «Chaque nuit, je baignerai ma couche de mes larmes, j’arroserai mon lit de mes pleurs» ? (Ps 6,7). Le Seigneur, du reste, ne commande-t-Il pas de la garder invariablement, lorsqu’il dit : «Je ne me souviendrai plus de tes iniquités, mais toi rappelle-toi» ? (Is 43,25-26). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 6

Aussi n’est-ce pas seulement durant le travail, mais jusque dans la prière, que je n’efforce à dessein de ramener mon esprit au souvenir de mes fautes. Incliné plus efficacement par cette méthode à l’humilité véritable et à la contrition du coeur, j’oserai dire avec le prophète : «Voyez mon humilité et ma peine, et pardonnez-moi mes péchés.» (Ps 24,18). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 6

Réponse : Jusqu’à quel moment il faut se souvenir de ses péchés passés. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 7

Quant au souvenir de ses péchés, dont parlez maintenant, il est fort utile assurément, il est même nécessaire, mais à ceux qui font encore pénitence, et s’écrient sans cesse, en frappant leur poitrine : «Je reconnais mon iniquité, et mon péché est constamment devant moi»; (Ps 50,5). «Je réfléchirai, dans le sentiment de mon péché.» (Ps 37,19). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 7

Au demeurant, nul autre chemin, pour atteindre à cet oubli, que l’abolition des tares et des passions de notre première vie, une parfaite et entière pureté de coeur. Qui néglige, par indolence ou mépris, de corriger ses vices, ne le connaîtra jamais. C’est la conquête privilégiée de celui qui, à force de gémissements, de soupirs et de sainte tristesse, aura réduit jusqu’à la moindre trace de ses souillures passées, et, du plus profond de son âme, criera en toute vérité vers le Seigneur : «J’ai fait connaître mon péché et je n’ai point couvert mon injustice»; (Ps 31,5) «Mes larmes sont ma nourriture jour nuit.» (Ps 41,4). Car voici la réponse qu’il méritera d’entendre : «Que ta voix cesse de gémir; et tes yeux, de pleurer : ton labeur aura sa récompense, dit le Seigneur.» (Jer 31,16). Et la Voix divine lui dira encore : «J’ai effacé comme une nuée tes iniquités, et tes péchés comme un nuage»; (Is 44,22) «C’est Moi, c’est Moi seul qui efface tes iniquités pour l’amour de Moi, et de tes péchés Je ne me souviendrai plus.» (Ibid. 43,25). Délivré «des liens de ses péchés, où chacun se trouve engagé»,(Pro 5,22) il chantera au Seigneur ce cantique d’actions de grâces : «Vous avez rompu mes liens, je vous offrirai un sacrifice de louange.» (Ps 115,16-17). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 7

Le salut éternel n’est point promis seulement à la pénitence simplement dite, de laquelle parlait le bienheureux Pierre : «Faites pénitence et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés,» (Ac 3,19) et que Jean Baptiste, puis le Seigneur Lui-même avaient prêchée : «Faites pénitence, car le royaume des cieux est proche.» (Mt 3,2). La charité ensevelit les montagnes de péchés : «La charité, est-il écrit, couvre la multitude des péchés.» (1 Pi 4,8). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 8

L’aveu qu’on fait de ses crimes a pareillement le don de les effacer : «J’ai dit : Je déclarerai contre moi mon injustice au Seigneur; et vous avez pardonné l’impiété de mon coeur»; (Ps 31,5). «Raconte tes iniquités, afin que tu sois justifié.» (Is 43,26). On obtient encore la rémission du mal que l’on a commis, par l’affliction du coeur et du corps : «Voyez mon affliction et ma peine, et pardonnez-moi tous mes péchés.» Surtout par l’amendement de la vie : «Ôtez de devant mes yeux la malice de vos pensées. Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien. Cherchez la justice, secourez l’opprimé, faites droit à l’orphelin, défendez la veuve. Et après cela, venez et discutez contre moi, dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige; quand ils seraient rouges comme la pourpre, ils deviendront blancs comme la neige la plus blanche.» (Is 1,16-18). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 8

Parfois, c’est l’intercession des saints qui obtient le pardon de nos fautes : «Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne va pas à la mort, qu’il prie; et Dieu donnera la vie à ce frère, dont le péché ne va pas à la mort.» (1 Jn 5,163). Et de nouveau : «Quelqu’un parmi vous est-il malade, qu’il appelle les prêtres de l’Église, et que ceux-ci prient sur lui, l’oignant d’huile au nom du Seigneur. Et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le soulagera; et s’il a commis des péchés, ils lui seront remis.» (Jac 5,14-15). D’autres fois, c’est le mérite de la miséricorde et de la foi qui réduit la souillure de nos vices, selon cette parole : «Les péchés s’expient par la miséricorde et la foi.» (Pro 15,27). Souvent aussi, c’est la conversion et le salut de ceux que ramènent au bien nos avis et notre prédication : «Celui qui convertira un pécheur de l’égarement de ses voies, sauve cette âme de la mort et couvrira la multitude de ses propres péchés.» (Jac 5,20). Enfin, l’oubli et le pardon que nous accordons aux autres, nous méritent le pardon de nos propre méfaits : «Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi vos manquements.» (Mt 6,14). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 8

Vous voyez combien d’ouvertures la Clémence du Sauveur nous a ménagées vers sa Miséricorde, afin que personne de ceux qui désirent le salut, ne se laisse abattre par le découragement, lorsque tant de remèdes l’appellent à la vie. Vous alléguez votre faiblesse, qui vous empêche d’effacer vos péchés par l’affliction du jeûne ? Vous ne pouvez dire : «Mes genoux se sont affaiblis par le jeûne, et ma chair s’est changée par le manque d’huile; car j’ai mangé la cendre comme du pain et mêlé mes pleurs à mon breuvage »? (Ps 108,24). Rachetez-les par vos largesses et vos aumônes. Vous n’avez rien à donner aux indigents ? — Quoique les sévérités de la détresse pécuniaire et de la pauvreté n’interdisent cette bonne oeuvre à personne : les deux menues pièces de la veuve ont été préférées aux dons magnifiques des riches, (cf. Lc 21,1-2) et le Seigneur promet de récompenser un verre d’eau froide.— (cf. Mt 10,42). Mais il est, certes, en votre pouvoir de vous purifier par la correction de votre vie.— Acquérir la perfection des vertus par l’extinction de tous les vices vous paraît chose impossible ? Dépensez au salut d’autrui vos soins pieux. — Vous vous plaignez d’être impropre à ce ministère ? Couvrez vos péchés par la charité. — Il y a en vous une certaine mollesse qui vous rend fragile aussi sur ce point ? Abaissez-vous, et, dans les sentiments de l’humilité, implorez le remède à vos blessures de la prière et de l’intercession des saints. Enfin, qui est-ce qui ne peut dire sur le ton de la supplication ardente : «J’ai fait connaître mon péché, et je n’ai point couvert mon injustice,» (Ps 31,5) afin de mériter par cette profession d’ajouter ensuite : «Et vous avez remis l’impiété de mon coeur.» (Ibid.) —La honte vous retient ? Vous rougissez de révéler vos péchés en présence des hommes ? Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 8

Ne cessez pas de les confesser, avec de continuelles supplications, à Celui dont ils ne sauraient éviter le regard; dites-Lui : «Je reconnais mon iniquité, et mon péché est constamment devant moi; c’est contre vous seul que j’ai péché, j’ai fait ce qui est mal à vos Yeux.» (Ps 50,5-6). Il nous guérit, Lui, en nous épargnant la honte de publier nos fautes; il pardonne nos péchés, sans nous les reprocher. Et après ce moyen de salut si aisé, si certain, la divine Bonté vous en accorde un autre, plus facile encore. Le remède qui secourt, elle le commet à votre libre volonté; nos propres sentiments sont la mesure du pardon de nos crimes, lorsque nous disons : «Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons à ceux qui nous doivent.» (Mt 6,12). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 8

Toute âme qui souhaite de parvenir à l’indulgence plénière de ses fautes, en a ici les moyens; qu’elle s’étudie seulement à s’y conformer. Mais surtout, que personne ne rende inefficace, par l’obstination d’un coeur endurci, un remède si salutaire; que personne ne se ferme la source surabondante préparée par la Toute-Bonté ! Car, ferions-nous toutes les oeuvres qui viennent d’être énumérées, elles ne suffiraient point à expier nos crimes; c’est à la Bonté du Seigneur, à sa Clémence qu’il appartient de les effacer. Mais aussitôt qu’Il découvre en nous quelques marques de nos sentiments religieux, sacrifice offert par une âme suppliante, Il récompense ces pauvres et chétifs efforts avec une libéralité sans mesure : «C’est Moi, dit-il, c’est Moi seul qui efface les iniquités pour l’amour de Moi, et de tes péchés je ne me souviendrai plus.» (Is 43,25). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 8

Alors, ce n’est plus, chez le moine, le souvenir des péchés commis qui fait couler ses larmes, mais l’espérance des joies futures. L’esprit plus occupé des joies à venir que du mal passé, il répand des pleurs, non par le chagrin de ses fautes, mais dans l’allégresse des joies éternelles. «Oubliant ce qui est derrière lui,» c’est-à-dire les vices charnels, il se porte de tout lui-même «vers ce qui est en avant», (Phil 3,13) c’est-à-dire les dons et les vertus spirituelles. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 8

Qu’il est utile aux parfaits d’oublier leurs péchés Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 9

Pour ce que vous avez dit tout à l’heure, que vous rappeliez à dessein la mémoire de vos péchés passés, c’est une chose qu’il faut absolument éviter. Bien plus, si ce souvenir se glisse en vous malgré vous, chassez-le à l’instant. C’est que, principalement chez le solitaire, il a beaucoup de force, pour retirer l’âme de la contemplation, en l’engageant, comme il fait, dans les souillures du monde, où l’infection des vices lui ôte la respiration. Nous prétendez repasser dans votre esprit les fautes que vous avez commises par ignorance ou intempérance, en suivant le prince de ce siècle ? Je veux bien vous accorder que vous ne serez point touché de la délectation mauvaise, à l’occasion d’une telle pensée. Mais assurez-vous que la seule contagion de votre gangrène d’antan infectera nécessairement votre âme de senteurs repoussantes, et chassera le parfum spirituel des vertus, je veux dire la suavité de la bonne odeur. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 9

Qu’il faut éviter le souvenir des péchés honteux. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 10

Du signe de la satisfaction; de l’abolition des péchés passés. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 11

Je reviens maintenant à ce que nous avons dit plusieurs fois déjà: nous saurons avoir enfin satisfait pour nos péchés, à ce signe, que les mouvements et affections qui nous les avaient fait commettre, auront disparu de notre coeur. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 11

Cependant, la doctrine que je viens d’exposer sur l’oubli des péchés, n’a trait qu’aux fautes mortelles, déjà condamnées par la loi de Moïse. Notre bonne vie en bannit ou consume les affections; et c’est pourquoi la pénitence qu’on en fait, peut avoir un terme. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE CHAPITRE 12

Il en va de tout autre sorte pour celui qui retient la substance de ce monde, et distribue, soit la dîme ou les prémices de ses biens, soit une part de son argent, sous l’obligation de la Loi ancienne. Il n’est pas, je le sais, de rosée pareille à cette aumône, pour éteindre le feu de ses péchés. Cependant, quelle que soit sa magnanimité dans ce partage de sa fortune, il est impossible qu’il s’arrache entièrement à la domination du péché, à moins que, par la grâce du Sauveur, il ne renonce, en même temps qu’à son bien, à l’esprit de propriété. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 33

Il semblait assujetti au péché, selon le sort commun de tous, lorsqu’on disait de Lui : Si cet homme était un prophète, il saurait qui est cette femme qui touche ses pieds, et de quelle condition (Lc 7,39). Mais Il n’avait pas la vérité du péché; car aussitôt, Il confond la pensée blasphématrice du pharisien, et remet ses péchés à cette femme. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE CHAPITRE 11

Les péchés des saints ne sont pas tellement graves, qu’ils leur ôtent la couronne de la sainteté. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE CHAPITRE 13

Ce sont là les sept espèces de chutes qui se rencontrent dans la vie des saints, sans qu’ils cessent pour autant d’être justes. Par ailleurs, si légères qu’elles semblent, et de si peu de conséquence, elles font pourtant que l’on n’est pas sans péché. Les saints ont réellement sujet de faire pénitence chaque jour, d’implorer leur pardon et de prier sans cesse pour leurs péchés, en disant : Remets-nous nos dettes (Mt 6,12). Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE CHAPITRE 13

L’Écriture conserve ce style, lorsque, tout à l’opposé, elle met en balance les péchés des hommes. En comparaison des impies, elle justifie ceux qui ont moins péché : Tu as justifié Sodome (cf. Ez 16,52), dit-elle; et encore : Quel fut le péché de Sodome, ta soeur (cf. Ibid., 49) ? Ailleurs enfin : Israël l’infidèle a paru juste au prix de la perfide Juda (Jér 3,11). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 3

En vérité, n’est-ce pas se rendre coupable, je ne dis pas seulement d’une faute légère, mais d’une impiété grave, si, tandis que l’on répand sa prière devant Dieu, on s’écarte de sa Présence, comme on ferait d’un aveugle et d’un sourd, pour suivre la vanité d’une folle pensée ? Mais ceux qui couvrent les yeux de leur coeur du voile épais des vices, et, selon la parole du Sauveur, en voyant ne voient pas, en entendant n’entendent ni ne comprennent (Mt 13,13), à peine aperçoivent-ils, dans les profondeurs de leur conscience, les péchés mortels : comment auraient-ils le pur regard qu’il faut pour discerner l’apparition insensible des pensées, ou les mouvements fugitifs et cachés de la concupiscence, qui blessent l’âme d’une pointe légère et subtile, ou les distractions qui les retiennent captifs ? Errant sur tous objets au gré d’une imagination sans retenue, ils n’ont pas l’idée de s’affliger, lorsqu’ils sont arrachés de la divine contemplation, qui est quelque chose d’infiniment simple. Mais quoi ? ils n’ont rien dont ils puissent déplorer la perte ! Ouvrant leur âme toute grande au flot envahissant des pensées, ils n’ont point, en effet, de but fixe auquel ils se tiennent sur toutes choses, et vers lequel ils fassent converger tous leurs désirs. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 6

La cause qui nous précipite dans cette erreur, c’est l’ignorance profonde où nous sommes de ce qu’est au juste l’impeccabilité. Les écarts d’imagination, les pensées inconstantes et vaines nous semblent compatibles avec la parfaite innocence. L’insensibilité nous rend-elle stupides? ou sommes-nous frappés d’aveuglement ? Toujours est-il que nous n’apercevons en nous que les péchés mortels. Il suffit, à nos yeux, d’éviter ce que condamnent les lois de ce monde. Nous sentons-nous indemnes sur ce point, ne fût-ce que peu de temps, aussitôt nous nous persuadons qu’il n’y a point en nous de péché. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 7

De même la Bonté infatigable et l’immuable Substance de Dieu ne blessent personne. C’est nous qui nous donnons la mort, en nous écartant des cimes du ciel, pour tendre vers les bassesses de la terre. Que dis-je ? l’écart lui-même est notre mort : Malheur à eux, est-il dit, parce qu’ils se sont retirés de Moi; ils seront la proie des dévastateurs, parce qu’ils ont prévariqué contre Moi (Os 7,13); Malheur à eux lorsque Je Me serai retiré d’eux (Ibid., 9,12). Il est dit encore : Ta malice t’accusera, et ton infidélité te reprendra. Sache donc et comprends quel mal c’est pour toi, quelle amertume, d’avoir abandonné le Seigneur (Jér 2,19). C’est qu’en effet, tout homme est prisonnier dans les liens de ses péchés (Prov 5,22). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 9

Voulez-vous connaître ce qui vous a vendus ? Écoutez voire Rédempteur qui vous le déclare hautement par la bouche du prophète Isaïe : Où est l’acte de divorce de votre mère, par lequel Je l’ai répudiée ? ou quel est le créancier auquel Je vous ai vendus ? Voici : C’est pour vos iniquités que vous avez été vendus, pour vos crimes que J’ai renvoyé votre mère (Is 1,1). Davantage, voulez-vous clairement savoir pourquoi Il ne voulut point user de puissance, afin de vous délivrer du joug de servitude auquel vous étiez dévoués ? Écoutez ce qu’Il ajoute aux paroles par lesquelles Il reprochait tout à l’heure aux esclaves du péché la cause de leur vente volontaire : Ma Main est-elle donc raccourcie, est-elle devenue plus petite, pour que Je ne puisse plus sauver ? ou n’ai-Je pas assez de force pour délivrer ? (Ibid., 2). Mais qu’est-ce qui s’est toujours opposé a cette Miséricorde toute-puissante ? Le même prophète vous l’annonce : Non, la Main du Seigneur n’est pas devenue trop courte pour sauver; ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos iniquités qui ont creusé un abîme entre vous et votre Dieu, vos péchés qui lui ont fait cacher sa Face pour ne pas entendre (Ibid., 59,1-2). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 12

GERMAIN. – Selon nous, ces textes ne conviennent pas plus à ceux qui vivent dans les péchés mortels, qu’à l’Apôtre ou aux parfaits qui ont atteint sa mesure. Proprement, ils doivent s’entendre de ceux qui, après avoir reçu la Grâce divine et connu la Vérité, désirent s’abstenir des vices charnels, mais se voient entraînés vers leurs convoitises invétérées, par la force d’une habitude ancienne qui domine tyranniquement dans leurs membres, telle une loi de nature. L’habitude et la répétition du mal deviennent, en effet, comme une loi naturelle. Inhérente aux membres de la faible humanité, celle-ci captive et emporte au vice les inclinations de l’âme insuffisamment formée aux pratiques de la vertu et, si l’on peut ainsi dire, de chasteté novice encore et tendre. Elle la soumet, en vertu de l’antique condamnation, à la mort et au joug tyrannique du péché, ne lui permettant pas d’atteindre au bien de la pureté qu’elle aime, mais la contraignant plutôt de faire le mal qu’elle déteste. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 14

Car, quelles sortes de péchés pourraient-ils commettre, selon vous, dont la Grâce quotidienne du Christ dût les délivrer, s’ils s’y engageaient après le baptême ? De quel corps de mort faut-il penser que l’Apôtre a dit : Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? La Grâce de Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ? N’est-il pas manifeste, comme la vérité vous a contraints de l’avouer à votre tour, qu’il ne s’agit point ici des péchés mortels, dont le prix est la mort éternelle : homicide, fornication, adultère, ivresse, vol, rapine; mais du corps de péché dont nous avons précédemment parlé, et auquel porte remède la Grâce quotidienne du Christ ? Tel, après avoir reçu le baptême et la science de Dieu, s’abandonne-t-il à l’autre corps de mort, celui des péchés graves : qu’il le sache, son crime ne sera pas effacé par la Grâce quotidienne du Christ, c’est-à-dire le pardon facile que le Seigneur accorde à notre prière, pour des erreurs sans conséquences; mais il devra subir les longues afflictions de la pénitence et de grandes peines expiatoires, à moins qu’il ne soit voué, dans la vie future, aux supplices du feu éternel. C’est le même apôtre qui le déclare : Ne vous y trompez point : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les rapaces ne posséderont le royaume de Dieu (1 Co 6,9-10). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 15

Je ne pense pas, quant à moi, que la loi du péché désigne les péchés énormes ou qu’elle puisse s’entendre des crimes énumérés à l’instant. À se rendre coupable de telles fautes, on ne servirait plus la loi de Dieu par l’esprit, mais on devrait, au contraire, faire divorce avec elle dans son coeur, avant d’en commettre quelqu’une dans sa chair. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 15

Voici que la Parole de Dieu a dissipé les iniquités et les péchés de l’un d’eux, avec un charbon de feu pris sur l’autel. Or, après sa vision merveilleuse de la Divinité, après avoir contemplé les chérubins sublimes et reçu la révélation des mystères du ciel, il s’écrie : Malheur à moi ! je suis un homme aux lèvres impures, et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures (Is 6,5). Et je crois, quant à moi, qu’il n’eût pas senti, même alors, l’impureté de ses lèvres, s’il n’avait appris, par la contemplation de Dieu, la vraie et entière pureté de la perfection. Mais à cette vue, il connut soudain la souillure qui lui demeurait auparavant cachée. Car c’est bien de la souillure de ses propres lèvres qu’il parle, et non de la souillure du peuple, lorsqu’il dit : Malheur à moi ! je suis un homme aux lèvres impures. La preuve en est dans ce qui suit : Et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 17

Davantage, lorsqu’il confesse, dans sa prière, l’impureté des péchés qui souillent, pour ainsi dire, toute la face de la terre, sa supplication ne se borne pas aux méchants, mais elle embrasse avec eux le peuple des justes : Voici, dit-il, que Tu T’es irrité, et nous avons péché. Nous fûmes toujours dans nos péchés, mais nous serons sauvés. Tous nous sommes devenus comme un impur; et toutes nos justices, comme un linge souillé (Is 64,5-6). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 17

C’est donc en vain que vous opposez a l’évidence manifeste de la vérité l’épine de votre objection. Vous l’exprimiez naguère comme il suit : Si personne n’est exempt de péché, personne n’est saint. Si personne n’est saint, personne ne sera sauvé. Mais le témoignage du prophète dénoue le problème : Voici, dit-il, que Tu T’es irrité, et nous avons péché. Entendez : Lorsque, Te détournant de l’élèvement de notre coeur et de nos négligences, Tu nous as dépouillés de ton secours, aussitôt le gouffre des péchés nous a engloutis. Comme si l’on disait au globe resplendissant du soleil : Voici que tu t’es incliné au-dessous de l’horizon, et l’obscurité ténébreuse nous a couverts. Et cependant, tout en affirmant que les saints ont péché, et non seulement qu’ils ont péché, mais qu’ils sont restés toujours dans leurs péchés, il ne va pas jusqu’à désespérer de leur salut : Nous fûmes toujours dans nos péchés, poursuit-il, mais nous serons sauvés. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 17

Je rapprocherais cette parole : Voici que Tu T’es irrité, et nous avons péché, de celle de l’Apôtre : Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? – Ce que le prophète ajoute : Nous fûmes toujours dans nos péchés, mais nous serons sauvés, s’accorde bien aussi à la suite de saint Paul : La Grâce de Dieu par Jésus Christ notre Seigneur. De même, ce passage du prophète : Malheur à moi ! Je suis un homme aux lèvres impures et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures, paraît comme un écho de ce que nous avons entendu tout à l’heure : Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? – Enfin, quand le prophète continue : Et voici que l’un des séraphins vola vers moi, et dans sa main était un charbon (ou une pierre) de feu, qu’il avait prise avec des pinces sur l’autel; et il en toucha ma bouche, et il dit : Vois, avec ceci j’ai touché tes lèvres, et ton iniquité va être ôtée, ton péché effacé (Is 6,6-7); lorsque, dis-je, le prophète parle de la sorte, ne croirait-on pas entendre saint Paul, qui dit de son côté : La Grâce de Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ? Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 17

C’est que tout homme est prisonnier dans les liens de ses péchés (Prov 5,22); et le prophète lui dit : Voici : vous tous qui allumez un feu et vous environnez de flammes, marchez dans l’ardeur de votre feu et dans les flammes que vous avez allumées (Is 50,11). Salomon aussi nous en est témoin : On est toujours puni par où l’on a péché (Sag 11,17). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM CHAPITRE 24