Ribet: L’Ascétique chrétienne – CHAPITRE III – LES DEUX TERMES DE LA PERFECTION : L’AME ET DIEU

I. — Après avoir écarté les fausses notions de la perfection, il nous faut indiquer la véritable.

Les mots contiennent une grande philosophie et sont souvent la lumière des choses. Tel est en particulier celui de perfection. Il indique l’état d’un être à qui rien ne manque de ce qui lui convient. Quand un être réalise ce qu’il est susceptible de faire et aboutit au point où il doit parvenir, en un mot, qu’il atteint la fin à laquelle il est destiné, cet être est achevé, il est fait, il est parfait. Tant qu’il lui manque quelque chose de ce qui le complète, il n’est pas fini, il n’est pas entièrement fait, il n’est pas parfait. Demander quelle est la perfection d’un être, c’est donc demander quelle est sa fin.

Dieu est seul à se suffire ; seul, il trouve en lui-même sa fin et sa perfection : il se parfait et s’achève dans la trinité des adorables personnes. Mais les créatures n’ont point en elles leur terme et leur repos. Elles ont besoin d’un objet extérieur qui les complète. Sous peine de ne point vivre, tout être a besoin de l’objet qui répond à ses puissances, à ses aptitudes, à ses aspirations, et cet objet nécessaire est sa fin; il n’est achevé et satisfait que lorsqu’il rencontre ce terme de sa vie. Est-il en marche vers ce but, il est en voie et en travail de perfection, il se fait, il se perfectionne; et quand ce but est atteint, alors seulement il est fini, il est parfait.

La perfection ou la conquête de la fin est donc tout pour l’être; là est son unique nécessaire et l’essentielle condition de sa félicité. La fin, selon saint Thomas1, donne à chaque chose sa suprême perfection, et voilà pourquoi être parfait c’est atteindre sa fin.

II — Nous ne traitons ici que de la perfection spirituelle de l’homme.

La fin de l’homme c’est Dieu; et puisque atteindre sa fin c’est réaliser la perfection, la perfection de l’âme humaine doit être d’aller à Dieu, d’atteindre et de posséder Dieu.

L’âme et Dieu, voilà les deux termes qu’il faut mettre en rapport pour réaliser la perfection. Avant de définir le caractère propre de leur union, reconnaissons chacun de ces termes.

III. — Il y en a peu qui entendent bien ce qu’est l’âme. Il importe cependant de savoir où nous devons la prendre, afin de lui donner sa véritable direction.

L’âme n’est pas l’homme dans la totalité de sa nature. Elle est sans doute la partie principale, et, dans le langage philosophique, on l’entend du principe intelligent et immatériel qui informe et anime notre corps; mais enfin il y a dans l’homme autre chose que l’âme, et, dans l’ordre théologique et spirituel, ce mot présente un sens spécial que nous voudrions mettre en pleine lumière.

IV. — Faut-il rappeler aux esprits grossiers qui ne te savent voir en nous que le corps, que l’âme n’a rien de matériel? Plusieurs saints Pères, en particulier saint Jérôme2 et saint Augustin3, font cette remarque que l’âme ne connaît point la diversité des sexes : pour qui sait voir l’âme, le corps disparaît.

V. — Peut-être surprendrons-nous davantage en disant que l’âme, dans la nuance que nous cherchons à dégager. Il n’est ni l’intelligence ni l’esprit. Ce n’est pas que nous admettions pluralité de principes spirituels dans l’homme : un seul suffit à tout expliquer. Mais, en ce principe unique, on distingue une multiplicité d’aspects dont chacun a son caractère et porte son nom propre. L’intelligence et l’esprit s’entendent des opérations qui ont pour but de connaître et de raisonner. Or, qui ne le sait? ils sont nombreux, et le nombre en grandit tous les jours, les hommes qui cultivent l’intelligence et brillent par l’esprit, et pourtant vivent comme s’ils n’avaient point d’âme. Il en est même qui dépensent, si nous pouvons parler ainsi, beaucoup d’esprit et de raison à prouver qu’ils n’ont point d’âme. Une femme d’une grande finesse, et en même temps admirable chrétienne, disait4 : « On peut se toucher par l’âme lors même que l’on se divise par l’esprit. » Donc l’un n’est pas l’autre.

L’âme n’est pas non plus la sensibilité. Les femmes confondent souvent ces deux choses, et pourtant elles sont les premières à démontrer que l’on peut perdre son âme à force de sensibilité. On rencontre partout la femme qui s’use dans les émotions, qui s’enivre et enivre de sensibilité en oubliant son âme et Dieu.

Nous, prêtres, à combien de gens ne sommes-nous pas obligés de dire : Vous ne pensez qu’à votre corps, et vous ne faites rien pour votre âme; vous avez une raison puissante, vous pétillez d’esprit, vous ruisselez de sensibilité, vous vous fondez en émotions; mais l’âme, votre âme, qu’en faites-vous?

VI. — Qu’est-ce donc que l’âme? L’âme est cette partie de nous-mêmes, de notre esprit, qui regarde Dieu et les choses éternelles. Si l’on ferme cet œil intérieur qui fixe Dieu et l’Infini, on éteint le regard de l’âme, on semble éteindre l’âme elle-même.

Dieu et les choses éternelles, voilà le monde des âmes. Hors de ce monde, elles sont comme en exil, dans l’obscurité, dans l’angoisse de la faim et de la mort; car Dieu est la lumière, la nourriture, la patrie, le lieu des âmes comme l’espace est le lieu des corps, ainsi que s’exprimait Malebranche. Séparer l’âme de Dieu, ôter Dieu à l’âme, c’est lui ôter sa vie; la priver de cette lumière dont elle est avide5, c’est la condamner aux ténèbres.

C’est que l’âme est faite pour Dieu. Comme la flamme tend à monter, comme l’œil cherche la lumière, comme la poitrine aspire l’air, comme le poisson demande l’onde et l’oiseau l’espace, ainsi l’âme va à Dieu, a besoin de Dieu. Créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, elle le recherche comme l’objet de sa vie.

« Jamais elle ne paraît plus semblable à Dieu, dit Bossuet6, que lorsque, s’élevant au-dessus de tout ce qui est créé, elle va se perdre dans le vaste abîme de ses perfections infinies, et que, voyant qu’elle ne les peut comprendre, elle les admire et les adore, et consent d’y demeurer perdue pour jamais, sans vouloir s’en plus retirer : car qui la verrait dans cet état, dirait que ce serait plutôt un Dieu qu’une créature : quand elle revient m de là, il lui semble qu’elle est perdue, parce qu’elle n’est plus dans son aimable centre; elle ne cherche plus rien que Dieu. Enfin cette âme est quelque chose de si grand et de si admirable, qu’elle ne se connaît pas elle-même; et saint Augustin s’écriait là-dessus, comme ravi hors de lui-même : «Je ne sais pas moi-même ce que vous m’avez donné, ô mon Dieu, mon Créateur, en me donnant une âme de cette nature : c’est un prodige que vous seul connaissez; personne ne le peut comprendre; et si je le pouvais concevoir, je verrais clairement qu’après vous il n’y a rien de plus grand que mon âme. »

VII. — Tournée vers cet objet de sa vie, l’âme, en effet, est d’une beauté ravissante. Il est des fleurs qui ne s’ouvrent qu’aux rayons du soleil; il en est qui l’accompagnent dans sa course et décrivent sa courbe d’un point de l’horizon à l’autre : images charmantes de l’ineffable attraction que Dieu exerce sur l’âme. Rien n’est beau et délicieux à voir comme cette gravitation mystérieuse de l’âme vers l’Infini, et cette beauté atteint sa suprême expression quand Dieu resplendit en l’âme par la grâce, et que l’âme est toute perdue en Dieu. « Qui verrait une âme en qui Dieu est par sa grâce, ce qui ne peut être vu que par les yeux de l’esprit, dit Bossuet7, croirait en quelque sorte voir Dieu même, comme on voit en quelque sorte un second soleil dans un beau cristal où il entre, pour ainsi dire, avec ses rayons. » C’est de ce rayonnement de Dieu sur elle-même que l’âme reçoit sa beauté, son éclat et sa puissance, ainsi que le remarque saint Augustin8.

VIII. — L’âme montant vers Dieu est incomparablement belle; mais aussi rien n’est triste et navrant comme le désenchantement, la souffrance, l’angoisse de l’âme égarée loin de Dieu. Le péché prélude à cette séparation, et l’enfer la consomme.

Que serait-ce si nous connaissions Dieu tel.qu’il est, et ce qu’il est pour nous? Dans cette vie, même quand nous l’aimons, nous voyageons loin du Seigneur, selon l’expression de l’Écriture9, parce que la conscience de notre union avec Lui nous échappe. Aussi quiconque écoute l’âme voyageuse l’entend se plaindre des douleurs de l’exil, et s’il est vrai que toute créature soupire vers la glorieuse manifestation de Dieu à ses enfants, c’est l’âme surtout qui souffre, gémit et désire. Elle ne sera rassasiée et ne pourra mesurer son bonheur que lorsqu’elle possédera Dieu.

Plusieurs saintes âmes, entre autres sainte Marie-Madeleine de Pazzi10, et la vénérable Marie Bagnesi11, ont connu par révélation l’intérieur de l’âme, et elles nous ont laissé des descriptions merveilleuses de sa beauté, de ses élans, de ses aspirations, qui toutes la portent vers Dieu, son principe et sa fin, sa vie et sa béatitude.

L’âme est donc ce qui en nous appelle Dieu et aspire à la possession des choses éternelles.

IX. — Le second terme de la perfection, l’objet même en qui elle se fait et s’achève : c’est Dieu.

Nous venons de le dire, Dieu se dérobe ici-bas dans le mystère. Nous savons qu’il est, mais nous disons mieux ce qu’il n’est pas que ce qu’il est. Il est partout, il crée tout, il éclaire et vivifie tout; en tout et partout éclatent son action et sa puissance; et pourtant sa vision directe nous échappe. Nous sommes inondés de sa lumière, et nous ne parvenons pas à saisir le foyer. Notre raison suffit à découvrir qu’il est l’infini et l’absolu, qu’il est la vérité, la bonté, la beauté, la sagesse, la toute-puissance ; par chacun de ces aspects, nous touchons à Dieu ; mais quand nous cherchons une figure vivante et qu’avec tous ces rayons rassemblés en faisceau, nous voulons reconstituer la beauté unique d’où ils émanent, nous n’obtenons qu’une vision affaiblie qui nous rejette dans le lointain, et les expressions même nous manquent pour traduire fidèlement le peu que nous entrevoyons. En un mot, c’est en raisonnant, non en voyant, que de tous ces rayons épars et brisés nous concluons à l’unité.

Il est vrai, par les révélations de la foi et du sentiment religieux, nous connaissons mieux et nous pressentons plus vivement ce que Dieu est à nos âmes, qu’il est leur fin, leur vie, leur lumière, leur amour, leur repos. C’est par cet attrait surtout et l’abandon de la foi, que les âmes vont à Dieu d’un mouvement instinctif et irrésistible.

X. — La merveille est que Dieu recherche et poursuive l’âme humaine avec une ardeur et un amour inexprimables. On dirait qu’il ne peut vivre ni être heureux sans elle. Il a creusé un vide à tous les points où il désire entrer. En nous considérant nous-mêmes, nous découvrons ces vides démesurément profonds que Dieu seul peut combler. Harmonieuses convenances qui attestent que Dieu a fait l’âme pour lui, et que hors de lui elle ne saurait avoir ni rassasiement ni repos.

XI. — Bossuet remarque avec sa haute raison que Dieu déclare sa prédilection pour l’âme dans la manière dont il la produit, et par les paroles de l’Ecriture qui racontent cette création.

« Jamais, dit-il12, nous n’eussions pu connaître la nature de ce précieux don de Dieu, ni jamais nous n’eussions remarqué la grande estime qu’il en fait, si l’Écriture sainte, pour s’accommoder à notre façon d’entendre, n’eût usé d’une métaphore où, sous le voile de six paroles, elle nous cache et nous laisse entrevoir six grandes merveilles dans la création de notre âme : Inspiravit in faciem ejus spiraculum vitse (Gen. II, 7) : « Il souffla sur sa face l’esprit de vie. » Pesez toutes ces paroles.

« Premièrement elle nous dit que notre âme a été produite avec le souffle de Dieu; ce n’est pas qu’il ait en effet une bouche pour souffler à la façon des hommes; mais c’est pour nous faire entendre qu’il estime cette âme, et la tient chère comme une respiration de sa propre vie. Il est bien vrai qu’il l’a tirée du néant comme le reste des créatures; mais l’Ecriture, en nous disant que c’est u: souffle de sa poitrine, nous veut,exprimer qu’il l’a produit avec une affection si particulière et si tendre, que c’es comme s’il l’avait tirée de la région de son cœur, in spiravit. De plus l’Ecriture sainte ne nous dit pas qu Dieu a produit notre âme de ses mains comme notre corps ni qu’il l’ait créée en parlant comme le reste des êtres, mais en respirant ou soupirant, pour nous faire entendr que c’est comme s’il eût enfanté une très chère conception, qu’il avait portée dans ses entrailles durant toute l’éternité c’est comme si elle disait qu’elle procède de l’intérieur de Dieu ainsi que la respiration; et que comme le souffle ou la respiration n’est qu’une sortie ou une rentrée continuelle de l’air qui s’en va visiter le cœur, qui ne le quitte qu’un seul moment, et puis y retourne aussitôt pour le rafraîchir et pour lui conserver la vie; de même notre âme n’est sortie de Dieu que pour y rentrer, il ne l’a aspirée que pour la respirer de nouveau. Que si elle a comme soulagé son cœur quand elle en est sortie, il semble qu’elle le rafraîchisse en quelque manière, et qu’elle le console quand elle retourne à lui par quelque aspiration amoureuse. Oh ! si nous savions ce que notre âme est au cœur de Dieu ! Elle ne saurait vivre sans lui, et il n’est pas content sans elle. C’est plus incomparablement que la respiration n’est à notre cœur. Qui m’empêcherait la respiration ferait étouffer mon cœur : ne puis-je pas croire que je fais vio-J lcnce au cœur de Dieu, quand mon âme ne suit pas les divines inspirations qui l’attirent amoureusement à lui pour se reposer dans son sein?

« Après tout cela nous n’arriverons pas à la profondeur ‘” des mystères qui sont cachés sous l’intelligence de ces paroles : Il souffla sur sa face une respiration de vie. Je conçois bien que ces paroles sont grosses de quelques grandes vérités qu’elles voudraient enfanter dans nos esprits, si nous étions capables de les concevoir : car elles semblent nous dire que notre âme est un esprit que Dieu met en nous, et qu’il produit par voie de spiration. Quelle merveille est-ce ici? Souvenez-vous que Dieu n’a que deux voies pour produire tout en lui-même : en l’une il parle, ; et il produit son fils unique, que nous appelons son Verbe : en l’autre il ne parle pas, mais il soupire, et il produit de son cœur, c’est-à-dire de sa volonté, son divin amour, ijue nous appelons son Saint-Esprit; et cet Esprit adorable est la clôture et l’accomplissement de tout ce qu’il fait en lui-même. Et considérant si Dieu ne fait pas quelque ! chose de semblable au dehors de lui, il semble qu’il a produit toutes les créatures par deux voies, en parlant et en soupirant. Premièrement il créa tous les êtres qui composent ce grand univers, mais c’est en parlant : Fiat lux, fiat firmamentum (Gen. I); et quand il vient après tout cela à produire notre âme, ce n’est pas en parlant, mais en soupirant. C’est ainsi que l’Écriture sainte nous en parle; puis elle ajoute que cette dernière production de l’esprit fut la clôture et l’accomplissement de toutes les œuvres de Dieu au dehors de lui-même, et qu’il se reposa comme dans une divine complaisance d’un si bel ouvrage.

« Où est une âme tant soit peu éclairée qui ne soit pas transportée de joie, si elle considère ici la convenance et la liaison admirable que Dieu a voulu mettre entre son esprit et notre esprit? Le Saint-Esprit est un sacré soupir du cœur de Dieu, qui le comble d’une joie infinie en lui-même; et notre âme est un souffle de la poitrine de Dieu, qui lui donne de la complaisance au dehors de lui-même. Le Saint-Esprit est la dernière des ineffables productions de Dieu en lui-même, et notre âme est la dernière de toutes les admirables productions de Dieu au dehors de lui-même. O Dieu d’amour, à quel ravissement nous emporterait cette vérité, si elle nous entrait bien dans l’esprit, et si nous la pouvions comprendre! Qui est-ce qui ne dirait avec saint Augustin et saint Bernard : O mon âme; qui as la gloire de porter l’image de Dieu ; ô mon âme, qui as reçu ce très grand honneur d’être un esprit de son esprit, d’être sortie comme de sa poitrine, d’être un soupir de son cœur amoureux et tout plein de bonté pour toi ! aime donc ce Dieu de bonté qui t’a tant aimée ; aime uniquement, aime ardemment et te consumes dans les flammes de son divin amour. Amen, ainsi soit-il ! »

Cette conclusion pratique.à laquelle Bossuet invite l’âme humaine, d’aimer Dieu, de l’aimer uniquement, de l’aimer ardemment, de se consumer dans ce divin amour, contient la notion précise et complète de la perfection, ainsi que nous allons le voir au chapitre suivant.


  1. Sum. 2.2, q. 184, a. 1 : Unumquodque dicituresse perfectum, inquantum attingit proprium finem, qui est ultima rei perfectio. 

  2. Ep. 47 ad Rusticum, ad fin. : Quae (anima) sexus nescit diversitatem. 

  3. De Gen. ad litt. 1. 7, c. 24, p. 396 : Neque illud quod dictum est : Ad imaginera suam, nîsi in anima; neque illud quod dictum est: Masculum et feeminam, nisi in corpore recte intelligimus. — De Anima et ejus origine, 1. 4, c. 31, p. 394 : Ibi enim certe neque ullum sexum, neque , ullam sexus similitudinem gerimus. 

  4. Mme Swetchine, sur Ballanche. 

  5. S. Paulin, de S. Fel., carm. 4, v. 107, Migne, t. 61, col. 470 

  6. Lettres de direction, sur l’excellence de l’âme, t. 47, p. 590. 

  7. Lettres de piété et de dévotion, lettre 25, t. 48, p. 120. 

  8. Contra Faustum Manich. I.12, c. 13 : Unde intelligitur omnem animam participatione lucis Dei, non per seipsam, esse pulchram, et decoram, et virtute pollentena. 

  9. II Cor. v, 6 : Dum sumus in corpore, peregrinamur a Domino. 

  10. Boll., 25 maii, t. 19, p. 231. 

  11. Boll., 28 maii, t. 19, p. 127* 

  12. Opusc. spirit. sur l’excellence de l’âme, t. 47, p. 590.