Opinion d’un sage

Faites en sorte, ô malheureux mortels, dit-il, faites en sorte que le malin esprit ne souille point ce domicile, qu’il ne s’insinue point dans vos sens pour souiller la pureté de votre âme et obscurcir la lumière de votre esprit. Ce mal s’introduit par toutes les portes des sens: il s’applique aux figures; s’accommode aux couleurs; s’attache aux sens; se cache dans la colère, dans les artifices trompeurs du discours; se mêle aux odeurs; s’infuse dans les saveurs; à l’aide des troubles d’un mouvement impur, il obscurcit les sens par des affections ténébreuses, et remplit de certains brouillards tous les passages de l’intelligence, par où le rayon de l’âme a coutume de répandre là lumière de la raison. Et comme c’est un rayon de la lumière céleste et qu’il est le miroir de la présence divine — car en lui brille la divinité, en lui la volonté innocente, en lui le mérite de la bonne action — Dieu qui est présent partout , l’est en même temps à chacun de nous, quand notre esprit pur et sans tache se croit en sa présence. Et de même que, quand l’œil est vicié, il ne croit point à la présence des objets qu’il ne peut voir — car c’est en vain que l’image des choses se présente à un regard altéré — ainsi la présence de Dieu, qui n’est absent nulle part, est inutile aux âmes souillées que leur aveuglement d’esprit empêche de le voir. (83 Questions, citation de Fontéus de Carthage. Rét. l. I, ch. XXVI)