lune (Orígenes)

D’après la prédication ecclésiastique, existent aussi des anges de Dieu et des puissances bonnes qui l’aident à accomplir le salut des hommes : quand ont-ils été créés, avec quelle nature, comment sont-ils, cela n’est pas assez clairement précisé. Rien de clair n’est transmis au sujet du soleil, de la lune et des étoiles, s’ils sont des êtres animés ou sans âme. Préface

Pour comprendre plus clairement ce qu’est la gloire de la toute-puissance, ajoutons encore ce qui suit. Dieu le Père est tout-puissant en ce qu’il possède la domination de tout, le ciel et la terre, le soleil, la lune et les étoiles et tout ce qu’ils contiennent. Il exerce cette domination par sa Parole, puisque, au nom de Jésus, tout genou fléchit des êtres célestes, terrestres et infernaux. Et si tout genou fléchit devant Jésus, sans aucun doute c’est à Jésus que tout est soumis, c’est lui qui exerce la domination sur tout et par qui tout est soumis au Père : tout est soumis par le moyen de la Sagesse, c’est-à-dire par la Parole et la Raison et non par force et nécessité. C’est pourquoi sa gloire est dans le fait même qu’il tient toutes choses : la gloire très pure et très limpide de la toute-puissance, c’est quand par raison et sagesse, non par force et nécessité, tout est soumis. On nomme, avec à-propos, très pure et très limpide la gloire de la Sagesse pour la distinguer de celle qui n’est pas appelée purement ni franchement gloire. Toute nature convertible et muable en effet, même si elle est glorifiée par les oeuvres de la justice et de la sagesse, par le fait même qu’elle possède la justice et la sagesse de manière accidentelle et que ce qui est accidentel peut aussi déchoir, ne peut avoir une gloire franche et limpide. Mais la Sagesse de Dieu, son Fils unique, en toutes choses inconvertible et immuable, possédant tout bien de façon substantielle, sans possibilité de mutation ou de changement, peut pour ces raisons se voir attribuer une gloire pure et franche. LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Tout ce qui précède est dit par nous dans le but de parvenir de façon ordonnée à une recherche sur le soleil, la lune et les étoiles par voie de conséquence : faut-il les compter parmi les principautés parce qu’ils sont dits avoir été faits pour commander au jour et à la nuit, ou faut-il penser que leur principat sur le jour et la nuit se réduit à les éclairer, sans qu’ils aient le même ordre et office que les Principautés. Cependant lorsqu’il est dit que tout a été fait par son intermédiaire et que en lui tout a été créé, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, on ne peut douter que les êtres qui sont dans le firmament, terme qui désigne assurément le ciel où sont placés, selon l’Écriture, ces luminaires, soient comptés parmi les êtres célestes. Ainsi, puisque tout a été fait ou créé, puisque tout ce qui a été fait reçoit le bien et le mal et est susceptible de l’un et de l’autre, ce que notre discussion a montré avec évidence, peut-on juger conséquente l’opinion de certains des nôtres au sujet du soleil, de la lune ou des étoiles : ils seraient inconvertibles et incapables de passer à l’attitude opposée ? Certains ont pensé cela des saints anges et les hérétiques des âmes, qu’ils appellent des natures spirituelles. LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section

Voyons d’abord ce que la raison permet de trouver à propos du soleil, de la lune et des étoiles pour juger s’il est vrai, selon l’opinion de certains, qu’ils sont exempts de toute possibilité de changement : et d’abord, dans la mesure du possible, examinons ce qu’affirme l’Écriture. En effet Job semble montrer, non seulement que les étoiles pourraient pécher, mais même qu’elles ne sont pas pures de la contagion du péché. Il est en effet écrit : Les étoiles mêmes ne sont pas pures à sa vue. Il ne faut pas comprendre cela de l’éclat de leur corps, comme si l’on disait : Ce vêtement n’est pas propre. Une telle compréhension, sans aucun doute, rapporterait l’injustice sur le Créateur, puisqu’il serait accusé pour quelque impureté dans l’éclat de leur corps. En effet, si leur activité n’a pas permis aux astres d’acquérir un corps plus lumineux ou si leur paresse ne leur a pas donné un corps moins pur, pourquoi blâmerait-on les étoiles pour n’être pas pures, alors qu’on ne les louera pas parce qu’elles sont pures. LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section

Nous pensons qu’ils peuvent être considérés comme des êtres animés par le fait qu’ils reçoivent, selon l’Écriture, des commandements de Dieu, ce qui ne peut se faire qu’avec des vivants raisonnables. Il leur donne en effet un commandement : Moi, j’ai commandé à toutes les étoiles. Quels sont ces préceptes ? Evidemment celui que chaque astre, suivant son ordre et son cours, fournisse au monde la quantité de lumière qui lui est accordée. Les astres qu’on appellent planètes se meuvent suivant un certain ordre, ceux que l’on nomme fixes suivant un autre. Ceci montre avec beaucoup de clarté qu’aucun corps ne peut se mouvoir sans âme et que les êtres animés ne peuvent jamais être sans mouvement. Mais les étoiles qui se meuvent avec tant d’ordre et de raison qu’on ne voit absolument pas ce qui pourrait jamais faire obstacle à leur course, comment ne serait-il pas de la dernière sottise de dire qu’un tel ordre, qu’une telle observation de la discipline et de la raison, seraient exécutés et accomplis par des êtres irrationnels ? Chez Jérémie assurément, la lune est appelée la reine du ciel. Si les étoiles sont animées et raisonnables, sans aucun doute il semblera qu’il y ait aussi chez elles des progrès ou des décadences. Ce que dit Job : Les étoiles ne sont pas pures à sa vue, me semble indiquer une signification de ce genre. LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section

A cette vanité la création est soumise, et principalement cette création qui possède assurément dans le monde, par son office, l’autorité la plus grande et la plus éminente, c’est-à-dire le soleil, la lune et les étoiles qui sont dits soumis à la vanité, car ils ont été mis dans des corps et destinés à la fonction d’éclairer en faveur du genre humain. Et c’est malgré elle que cette création a été soumise à la vanité. Ce n’est pas en effet par sa volonté qu’elle a reçu ce ministère à rendre à la vanité, mais parce que le voulait celui qui l’y soumettait, à cause de celui qui l’a soumise, promettant à ceux qui étaient soumis malgré eux à la vanité qu’après avoir achevé les fonctions de cette oeuvre magnifique, ils seront libérés de cette servitude de la corruption et de la vanité, lorsque sera arrivé le temps de la rédemption glorieuse des fils de Dieu. Dans cet espoir, dans l’espérance que la promesse sera accomplie, toute la création gémit maintenant dans l’attente, par affection envers ceux qu’elle aide, et elle souffre avec eux dans sa patience, espérant ce qui lui a été promis. LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section

Voyons si cette autre parole de Paul ne peut pas s’appliquer à ceux qui, contre leur gré, mais selon la volonté de celui qui les a soumis et dans l’espoir des promesses, ont été soumis à la vanité : Je souhaiterais ma dissolution – ou : mon retour – pour être avec le Christ. Car c’est de beaucoup préférable. Je pense que le soleil pourrait dire de même : Je souhaiterais ma dissolution (ou : mon retour) pour être avec le Christ, car c’est de beaucoup préférable. Et Paul ajoute encore : Mais il est plus nécessaire de rester dans la chair à cause de vous. Le soleil lui aussi peut dire : Rester dans ce corps céleste et lumineux est plus nécessaire à cause de la révélation des fils de Dieu. On peut penser et parler de même au sujet de la lune et des étoiles. LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section

De là certains soutiennent que les globes de la lune, du soleil ou des autres astres appelés planètes sont chacun nommés un monde ; mais ils veulent néanmoins appeler un monde au sens propre le globe qui les dépasse, celui des étoiles fixes. Ils invoquent, comme témoignage de cette assertion, le livre du prophète Baruch qui indique plus clairement les sept mondes ou cieux. Ils veulent que, au-dessus de cette sphère qu’ils appellent la sphère des étoiles fixes, il y en ait une autre qui, de même que chez nous le ciel contient tout ce qui est au-dessous de lui, renfermerait, selon leur opinion, dans sa grandeur sans mesure et son étreinte ineffable, les espaces de toutes les autres sphères, les entourant magnifiquement. Ainsi toutes choses seraient à l’intérieur de cette sphère de la même manière que notre terre est au-dessus du ciel. Ce que les Écritures saintes nomment, nous le croyons, bonne terre et terre des vivants, a pour ciel ce dont nous avons parlé plus haut, le ciel où, selon la parole du Sauveur, sont écrits ou ont été écrits les noms des saints, et ce ciel renferme et embrasse cette terre que le Sauveur dans l’Évangile a promis aux paisibles et aux doux. Les mêmes veulent que notre terre, dont l’appellation première était l’aride, ait tiré son nom de cette terre-là, de même que le firmament, notre ciel, a été désigné du même terme que ce ciel-là. Mais nous avons traité plus complètement de cela lorsque nous avons recherché le sens de la phrase : Dans le principe Dieu a fait le ciel et la ferre. Par là sont désignés un autre ciel et une autre terre que le firmament qui a été fait, selon l’Écriture, deux jours après et que l’aride qui a été ensuite nommée terre. Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

Maintenant nous appelons monde tout ce qui est soit au-dessus des cieux, soit dans les cieux, soit sur la terre, soit dans ce qu’on nomme l’Hadès, soit tous les lieux absolument qui existent et ceux qu’on dit habiter dans ces lieux : on appelle donc monde l’univers. Dans ce monde il y a des êtres dits supracélestes, habitant des demeures d’une béatitude plus grande et revêtus de corps plus célestes et plus lumineux ; parmi eux on trouve beaucoup de degrés, comme, par exemple, ce qu’a dit l’Apôtre : Autre est la gloire du soleil, autre celle de la lune, autre celle des étoiles, car une étoile diffère d’une autre en gloire. Il y a aussi des êtres terrestres, très différents les uns des autres, parmi les hommes eux-mêmes : il y a des barbares, des Grecs, et parmi les barbares les uns sont plus cruels et féroces, les autres plus doux. Certains obéissent à des lois excellentes, d’autres à des lois méprisables et dures, d’autres suivent des coutumes inhumaines et sauvages plutôt que des lois. Certains vivent dans l’humiliation dès leur naissance, sont soumis à d’autres et élevés en esclaves, ou sont placés sous le pouvoir de maîtres, de princes ou de tyrans, mais d’autres reçoivent une éducation plus libérale et plus raisonnable ; certains possèdent la santé du corps, d’autres sont malades dès leur jeune âge, privés de la vue, de l’ouïe ou de la parole, soit qu’ils soient nés ainsi, soit qu’ils aient perdu ces sens sitôt après la naissance ou qu’ils aient souffert quelque chose de semblable étant déjà à l’âge adulte. Vaut-il la peine de développer et d’énumérer toutes les calamités des misères humaines dont les uns sont exempts et les autres atteints, puisque chacun peut, et encore en lui-même, les considérer et les évaluer une par une. H y a aussi des puissances invisibles à qui est confié le gouvernement de ce qui est sur terre ; et on peut croire que même chez elles on trouve des différences non négligeables, aussi bien que chez les hommes. Certes l’apôtre Paul parle aussi d’êtres infernaux et on peut chercher sans aucun doute chez eux la cause d’une diversité semblable. Il paraît superflu d’étendre cette recherche aux animaux sans parole, aux oiseaux et à ceux qui habitent dans les eaux, puisqu’il est certain qu’on ne doit pas les considérer comme des êtres premiers, mais comme des êtres d’origine seconde. Livre II: Quatrième traité (II, 8-9): Deuxième section

Lorsque nous disons que ce monde avec toute sa diversité, telle que nous l’avons exposée plus haut, a été fait par le Dieu que nous affirmons bon, juste et très équitable, beaucoup nous font des objections et demandent d’ordinaire – surtout ceux qui viennent des écoles de Marcion, Valentin et Basilide et tiennent que les natures des âmes sont différentes – comment il peut convenir à la justice de Dieu créant le monde de donner aux uns une demeure dans les cieux, et non seulement une demeure meilleure, mais un degré d’existence plus élevé et plus glorieux, d’accorder à d’autres le principal, d’attribuer à d’autres puissances et dominations, d’offrir à d’autres les trônes éminents des tribunaux célestes, que d’autres luisent d’une façon plus éclatante et brillent de l’éclat des astres, qu’autre soit la gloire du soleil, autre la gloire de la lune, autre la gloire des étoiles, et qu’une étoile diffère d’une autre en gloire. Pour parler de façon brève et ramassée, si au Dieu créateur ne manquent ni la volonté ni la possi-bilité d’accomplir une oeuvre très grande et très bonne, qu’est-ce qui a pu l’amener dans la création des natures raisonnables, c’est-à-dire de ceux pour qui il a été la cause de l’existence, de mettre les uns dans une condition supérieure et d’en créer d’autres au second ou au troisième degré ou même dans une condition bien inférieure ? Ces hérétiques nous opposent ensuite, au sujet des êtres terrestres, que certains reçoivent en naissant un sort plus heureux : l’un par exemple est engendré par Abraham et naît selon la promesse, un autre d’Isaac et de Rébecca; ce dernier encore dans le sein de sa mère supplante son frère et on dit qu’avant de naître il est aimé de Dieu. Ils nous objectent encore que l’un naît chez les Hébreux où il est éduqué par la loi divine, un autre chez les Grecs, hommes savants et de science non négligeable, un autre chez les Ethiopiens qui ont coutume de se nourrir de chair humaine, un autre chez les Scythes où le parricide est presque érigé en loi, ou chez les Tauriens qui immolent les étrangers. Ils nous disent : s’il y a une telle diversité de situations, si on naît dans des conditions si variées et si diverses, sans que la faculté du libre arbitre n’y intervienne – car personne ne choisit lui-même où, chez qui et dans quelle condition il naîtra -, si donc, reprennent-ils, cela n’est pas causé par la diversité des natures d’âmes, c’est-à-dire par le fait qu’une âme de nature mauvaise reçoit en partage une nation mauvaise, une âme de nature bonne une nation bonne, que reste-t-il alors, sinon d’impu-ter tout cela au hasard ? Si on accepte cette solution, le monde n’a pas été fait par Dieu et il ne faut pas croire qu’il soit régi par sa providence; en conséquence, il n’y a pas à attendre, semble-t-il, de jugement de Dieu pour les faits et gestes de chacun. Quelle est exactement la vérité dans un tel sujet ? Seul peut le savoir celui qui scrute toutes choses, même les profondeurs de Dieu. Livre II: Quatrième traité (II, 8-9): Deuxième section

Puisqu’il y a des hérétiques qui croient être fort instruits et fort sages, nous leur demanderons si tout corps possède une apparence extérieure, c’est-à-dire s’il est formé suivant un certain état. S’ils disent qu’il y a un corps qui n’est pas formé suivant un certain état, ils paraîtront les plus ignorants et ineptes des hommes. Personne ne niera cela, à moins d’être étranger à toute instruction. S’ils disent, selon le bon sens, que tout corps est formé suivant un certain état, nous leur deman-derons s’ils peuvent montrer et décrire l’état d’un corps spirituel : ils ne peuvent certes pas le faire. Et nous leur demanderons alors quelles sont les différences qui dis-tinguent ceux qui ressuscitent. Comment montreront-ils la vérité de cette parole : Autre est la chair des oiseaux, autre celle des poissons; il y a des corps célestes et des corps terrestres; autre est la gloire des célestes, autre celle des terrestres; autre est la gloire du soleil, autre celle de la lune, autre celle des étoiles; car une étoile diffère d’une autre en gloire; ainsi en sera-t-il de la résurrection des morts ? En relation avec ces corps célestes, qu’ils nous montrent les différences de gloire de ceux qui ressuscitent, et s’ils se sont efforcés d’une certaine manière de trouver quelque raison aux différences qui existent entre les corps célestes, nous leur demanderons d’indiquer aussi, par comparaison avec les corps terrestres, les différences qui se trouvent dans la résurrection. Nous, de notre côté, nous comprenons que l’Apôtre pour décrire les différences entre ceux qui ressuscitent pour la gloire, c’est-à-dire entre les saints, a utilisé la comparaison des corps célestes en ces termes : Autre est la gloire du soleil, autre celle de la lune, autre celle des étoiles. Et ensuite pour nous instruire des différences qui existent entre ceux qui arrivent à la résurrection sans purification, c’est-à-dire entre les pécheurs, il prend un exemple terrestre en disant : Autre est la chair des oiseaux, autre celle des poissons. Il est digne de comparer les êtres célestes aux saints, les êtres terrestres aux pécheurs. Que tout cela soit dit pour s’opposer à ceux qui nient la résur-rection des morts c’est-à-dire la résurrection des corps. Livre II: Cinquième traité (II, 10-11): Première section

Je pense qu’il ne faut certes pas passer sous silence comme inutile le fait que l’Écriture sainte ait appelé la création du monde d’un nom nouveau et précis parlant de katabolè du monde. Ce mot a été traduit assez improprement en latin par constitution du monde : mais katabolè en grec signifie plutôt l’action de jeter bas, c’est-à-dire de jeter vers le bas : on l’a traduit en latin improprement, comme nous l’avons dit, par constitution du monde. C’est ainsi que, dans l’Évangile selon Jean, le Sauveur dit : Il y aura ces jours-là une tribulation telle qu’il n’y en a pas eu de semblable depuis la constitution du monde: ici constitution représente katabolè qu’il faut entendre comme nous l’avons exposé plus haut. L’Apôtre dans son Épître aux Ephésiens a utilisé la même parole : Celui qui nous a choisis avant la constitution du monde; ici aussi constitution du monde traduit katabolè, à comprendre dans le même sens que nous avons exposé plus haut. Il vaut la peine, semble-t-il, de chercher ce qui est signifié par cette expression nouvelle. Je pense que, puisque la fin et la consommation des saints s’accompliront dans les réalités qu’on ne voit pas et qui sont éternelles, d’une réflexion sur cette fin on peut déduire, selon le principe que nous avons fréquemment exposé plus haut, que les créatures raisonnables ont eu un commencement semblable. Et si le commencement qu’elles ont eu est pareil à la fin qu’elles espèrent, elles furent déjà sans aucun doute, dès le début, dans les réalités qu’on ne voit pas et qui sont éternelles. S’il en est ainsi, sont descendues de haut en bas non seulement les âmes qui l’ont mérité par leurs mouvements divers, mais encore celles qui pour servir ce monde ont été menées, bien que ne le voulant pas, de ces réalités-là, supérieures et invisibles, à ces réalités-ci, inférieures et visibles. A la vanité en effet la création est soumise, sans qu’elle le veuille, mais à cause de celui qui l’a soumise, dans l’espoir, afin que le soleil, la lune, les étoiles et les anges de Dieu accomplissent leur ministère envers le monde : pour ces âmes qui, à cause des trop grandes défaillances de leurs intelligences, eurent besoin de ces corps plus épais et plus solides, et en vue de ceux à qui cela était nécessaire, ce monde visible a été institué. A cause de cela, par la signification de ce mot katabolè est indiquée la descente de tous ensemble du haut en bas. Certes toute la création porte en elle l’espoir de la liberté, afin d’être libérée de la servitude de la corruption, lorsque les fils de Dieu, qui sont tombés ou ont été dispersés, seront rassemblés dans l’unité, ou lorsqu’ils auront accompli dans ce monde toutes les autres missions que connaît seul Dieu, artisan de l’univers. Il faut donc penser que le monde a été fait avec la nature et la grandeur nécessaire pour pouvoir contenir toutes les âmes qui ont été placées en ce monde pour s’y exercer ou toutes les puissances qui sont prêtes à les assister, les gouverner et les aider. De nombreuses preuves démontrent que toutes les créatures raisonnables ont une seule nature : cela est nécessaire pour défendre la justice de Dieu dans tous les actes par lesquels il les gouverne, puisque chacune a en elle-même les causes qui l’ont mise dans telle ou telle condition de vie. Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Première section

Que dire des prophéties sur le Christ contenues dans les Psaumes, du cantique qui a pour titre Pour le bien-aimé dont la langue est appelée le calame d’un scribe qui écrit vite, le plus beau des fils des hommes, puisque la grâce a été répandue sur ses lèvres. Un indice de cette grâce répandue sur ses lèvres est que, passé le court moment de son enseignement – il a enseigné à peu près une année et quelques mois – toute la terre a été remplie de sa doctrine et de la religion qu’il a introduite. Car dans ses jours se sont levées la justice et une abondance de paix subsistant jusqu’à la consommation qui est appelée disparition de la lune, et il subsiste dominant de la mer à la mer et des fleuves aux confins de la terre. Et il a été donné un signe à la maison de David, car la vierge a porté dans son sein et a engendré un fils qui s’appelle Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. Ce que dit le même prophète s’accomplit : Dieu avec nous : sachez-le, nations, et soyez vaincues, vous qui êtes puissants soyez vaincus. Nous avons eu le dessous et nous avons été vaincus, nous qui venons des nations, saisis par la grâce de sa Parole. Mais le lieu de sa naissance est prédit chez Michée : Et toi, dit-il, Bethléem, terre de Juda, tu n’es en rien la plus petite parmi les chefs de Juda, car de toi sortira le chef qui paîtra mon peuple Israël. Et les soixante-dix semaines ont été accomplies jusqu’au Christ chef, selon Daniel. Il est venu aussi selon Job, celui qui a dompté le grand cétacé et qui a donné à ses authentiques disciples le pouvoir de fouler aux pieds serpents et scorpions, ainsi que toute la puissance de l’ennemi, sans recevoir d’eux aucun dommage. Qu’on réfléchisse sur la venue en tous lieux des apôtres, de ceux qui ont été envoyés par Jésus annoncer l’Évangile, et l’on verra que leur audace dépassait l’homme et que leur entreprise était divine. Et lorsque nous examinons comment des hommes écoutant cet enseignement nouveau et ces paroles étrangères sont venus à eux, vaincus, quand ils voulaient leur tendre des embûches, par une puissance divine qui les protégeait, nous ne sommes pas incroyants à l’égard des prodiges qu’ils ont faits, Dieu apportant à leurs paroles son témoignage par des signes, des prodiges et des puissances diverses. Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Première section

Ce serait un gros travail de passer en revue les prophéties très anciennes concernant chacune des réalités futures, afin que celui qui doute, frappé de leur inspiration divine, rejette toute hésitation et tout ce qui le tire en arrière et se donne de toute son âme aux paroles de Dieu. Mais si le caractère surhumain des pensées (de l’Écriture) pour ceux qui ne sont pas instruits n’apparaît guère dans la lettre de chaque passage, il n’y a là rien d’étonnant : en effet, en ce qui concerne les oeuvres de la providence qui s’étend à tout l’univers, certaines apparaissent très clairement en tant qu’oeuvres de la Providence, mais d’autres sont cachées pour rendre possible l’incroyance envers le Dieu qui gouverne toutes choses avec un art et une puissance indicibles. La manière dont opère le Dieu provident n’est pas aussi claire quand il s’agit des réalités terrestres que quand il s’agit du soleil, de la lune ou des étoiles, mais elle n’est pas non plus aussi claire en ce qui concerne les événements humains que quand il s’agit des âmes et des corps des animaux, car le pourquoi et la finalité peuvent être parfaitement trouvés par ceux que cela intéresse, au sujet des instincts, des imaginations et des natures des animaux et de la constitution des corps. Mais la Providence n’est pas victime d’une banqueroute à cause de nos ignorances aux yeux de ceux, du moins, qui l’ont une fois pour toutes bien acceptée ; il en est de même de la divinité de l’Écriture, qui s’étend à toute l’Écriture, bien que notre faiblesse ne puisse faire ressortir dans chacune de ses expressions la splendeur cachée des doctrines qui est déposée dans une lettre vile et méprisable : Nous avons en effet ce trésor dans des vases d’argile afin qu’éclaté la démesure de la puissance de Dieu et qu’on ne pense pas qu’elle vienne de nous, les hommes. En effet, si les méthodes de démonstration dont les hommes ont l’habitude et qui sont consignées dans les livres avaient convaincu l’humanité, on soupçonnerait avec raison notre foi d’avoir pour origine la sagesse des hommes et non la puissance de Dieu ; mais maintenant, pourvu qu’on lève les yeux, il est clair que la parole et la prédication tiennent leur pouvoir sur la foule, non des expressions persuasives de la sagesse, mais de la manifestation de l’esprit et de la puissance. Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Première section

Quel homme sensé pensera qu’il y a eu un premier et un second jour, un soir et un matin, alors qu’il n’y avait ni soleil, ni lune, ni étoiles? Et pareillement un premier jour sans un ciel? Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section