ennemi (Orígenes)

Pour l’instant, il s’agit de réfuter l’ignorance de Celse, chez qui le Juif dit à ses compatriotes et aux Israélites qui ont cru en Jésus : « Quel malheur vous est donc survenu que vous ayez abandonné la loi de nos pères… » Mais dans quel sens ont-ils abandonné la loi de leurs pères, ceux qui blâment les gens qui refusent de l’entendre et leur disent : « Dites-moi, vous qui lisez la loi, n’entendez-vous pas la loi ? Il est écrit, en effet, qu’Abraham eut deux fils… » jusqu’à « Il y a là une allégorie » et la suite. Dans quel sens ont-ils abandonné la loi de leurs pères ceux qui ne cessent dans leurs paroles d’en appeler à leurs ancêtres et disent : « La loi ne le dit-elle pas aussi ? C’est bien dans la loi de Moïse qu’il est écrit : Tu ne muselleras pas le boef qui foule le grain. Dieu se met-il en peine de boefs ? N’est-ce pas pour nous qu’il parle évidemment ? Oui, c’est pour nous que cela a été écrit » etc. De plus, avec quelle confusion le Juif de Celse parle de tout cela, alors qu’il aurait pu dire de façon plus plausible : certains d’entre vous ont abandonné ces coutumes, sous prétexte d’interprétations et d’allégories ; d’autres, tout en leur donnant, comme vous le proclamez, une interprétation spirituelle, conservent néanmoins les coutumes de vos pères ; d’autres enfin n’interprètent rien ; et vous prétendez à la fois accepter Jésus comme objet de prophétie, et garder la loi de Moïse selon les coutumes de vos pères, comme si elle contenait dans sa lettre tout le sens spirituel ! Mais comment Celse eut-il pu élucider ce point : il rappelle, par la suite, des sectes athées et complètement étrangères à Jésus, et d’autres qui ont abandonné le Créateur, mais il n’a pas vu qu’il y a aussi des Israélites qui croient en Jésus sans avoir abandonné la loi de leurs pères ! Car il n’avait pas l’intention d’examiner loyalement l’ensemble de la question pour admettre ce qu’il trouverait de valable , mais s’il a écrit tout cela, c’est en ennemi, tout à la tâche de détruire ç mesure qu’il apprenait. LIVRE II

A ce propos, je dirai encore aux gens mieux disposés et surtout au Juif . « il y avait beaucoup de lépreux aux jours d’Elisée le prophète, et aucun d’eux ne fut guéri, mais bien Naaman le Syrien », « il y avait beaucoup de veuves aux jours d’Élie le prophète, il ne fut envoyé a aucune d’entre elles, mais bien a celle de Sarepta au pays de Sidon », rendue digne, d’après une décision divine, du prodige que le prophète accomplit sur les pains , de même il y avait beaucoup de morts aux jours de Jésus, mais seuls ressuscitèrent ceux que le Logos a jugé convenable de ressusciter , afin que les miracles du Seigneur, non seulement soient des symboles de certaines ventes, mais qu’ils attirent sur-le-champ beaucoup d’hommes a l’admirable enseignement de l’Évangile. J’ajouterai que, selon la promesse de Jésus, les disciples ont accompli des oevres plus grandes que les miracles sensibles qu’accomplit Jésus. Car c’est continuellement que s’ouvrent les yeux des aveugles spirituels, et les oreilles des gens sourds aux discours sur la vertu écoutent avec empressement les enseignements sur Dieu et la vie bienheureuse près de lui. De plus, beaucoup, qui étaient boiteux en ce que l’Écriture appelle « l’homme intérieur », maintenant guéris par la doctrine, bondissent, non pas au sens propre, mais « à l’instar du cerf » animal ennemi des serpents et immunisé contre tout venin des vipères. Oui, ces boiteux guéris reçoivent de Jésus le pouvoir de passer, dans leur marche autrefois claudicante, sur « les serpents et les scorpions » du vice, et d’un mot, sur « toute la puissance de l’ennemi » ; ils les foulent aux pieds et n’en éprouvent aucun mal, car eux aussi ont été immunisés contre toute malice et venin des démons. LIVRE II

S’il en va ainsi des noms humains, que faut-il penser des noms attribués pour une raison ou l’autre à la divinité ? Par exemple, il y a en grec une traduction du mot Abraham, une signification du nom Isaac, un sens évoqué par le son Jacob. Et si, dans une invocation ou un serment, on nomme « le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob », la formule produit son effet, soit par la qualité naturelle de ces noms, soit par leur puissance. Car les démons sont vaincus et dominés par celui qui prononce ces noms. Mais si l’on dit : le Dieu du père choisi de l’écho, le Dieu du rire, le Dieu du supplanteur, on n’obtient pas plus d’effet qu’avec un autre nom dépourvu de puissance. On n’aurait pas plus de résultat en traduisant en grec ou dans une autre langue le nom d’Israël ; mais, en le conservant et en lui adjoignant ceux auxquels ont coutume de l’unir les gens experts en la matière, on peut réaliser l’effet promis à ces invocations faites dans cette langue. On dira la même chose du mot Sabaoth, fréquemment employé dans les incantations. A traduire ce nom : Seigneur des puissances, Seigneur des Armées, Tout-Puissant – car ses traducteurs lui donnent différentes acceptions ?, l’effet en sera nul ; alors que si on lui garde sa sonorité propre, on obtiendra de l’effet, au dire des spécialistes. On dira la même chose du mot Adonaï. Si donc ni Sabaoth, ni Adonaï, dans la traduction grecque de ce qu’ils semblent signifier n’ont aucun effet, combien plus seront-ils dépourvus d’efficacité et de puissance quand on croit qu’il est indifférent d’appeler Zeus Très-Haut, Zen, Adonaï, Sabaoth ! Instruits de tels secrets et d’autres semblables, Moïse et les prophètes ont interdit de prononcer « les noms d’autres dieux » par une bouche habituée à ne prier que le Dieu suprême, et de se ressouvenir d’eux dans un c?ur exercé à se garder de toute vanité de pensées et de paroles. C’est aussi la raison pour laquelle nous préférons supporter tous les mauvais traitements plutôt que de reconnaître Zeus pour Dieu. Car nous pensons que Zeus n’est pas identique à Sabaoth mais que, loin d’être une divinité, il n’est qu’un démon prenant plaisir à être ainsi nommé, ennemi des hommes et du Dieu véritable. Et même si les Égyptiens nous proposent Amon en nous menaçant de châtiments, nous mourrons plutôt que de proclamer Amon dieu : c’est un nom probablement usité dans certaines incantations égyptiennes qui évoquent ce démon. Libre aux Scythes de nommer Papaeos le Dieu suprême : nous ne le croirons pas. Nous admettons bien le Dieu suprême, mais refusons de donner à Dieu le nom propre de Papaeos, qui n’est qu’un nom agréable au démon ayant en partage le désert, la race et la langue des Scythes. Mais ce n’est pas pécher que de donner à Dieu le nom commun en langue scythe, égyptienne, ou toute autre langue maternelle. LIVRE V

Les Juifs, il est vrai, s’enorgueillissent de leur circoncision, la distinguant non seulement de celle des Colchidiens et des Égyptiens, mais encore de celle des Arabes Ismaélites, bien qu’Ismaël soit fils d’Abraham leur ancêtre et ait été circoncis avec lui. D’après les Juifs, la circoncision principale est celle qui se fait le huitième jour et il n’en est pas de même pour celle qui est due aux circonstances. Peut-être était-elle pratiquée à cause d’un ange ennemi de la nation des Juifs, capable de nuire à ceux d’entre eux qui étaient incirconcis, mais sans pouvoir contre les circoncis. Voilà, dirait-on, ce que montre le passage de l’Exode où l’ange, avant la circoncision d’Éléazar pouvait agir contre Moïse, mais après qu’il fut circoncis n’eut plus de force. Et parce qu’elle le savait, « Séphora prit une pierre tranchante et circoncit » son fils en disant, au témoignage des leçons communes des copies : « Le sang de la circoncision de mon fils est arrêté », mais selon le texte hébreu lui-même : « Tu es pour moi un époux de sang » ; car elle savait l’histoire de cet ange qui avait un pouvoir avant l’effusion du sang, pouvoir que lui fit perdre le sang de la circoncision : voilà pourquoi elle lui dit : « Tu es pour moi un époux de sang. » LIVRE V

Que la mort doive finir dans le monde quand mourra le péché du monde, on pourrait le dire en commentant le mystérieux passage de l’Apôtre : « Au moment où il mettra tous ses ennemis sous ses pieds, alors le dernier ennemi sera détruit : la mort. » Et il dit encore : « Quand donc cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, alors s’accomplira la parole de l’Écriture : la mort a été engloutie dans la victoire. » LIVRE VI

Pour expliquer le récit mosaïque de la création, il faudrait un long commentaire : je l’ai fait de mon mieux, bien avant d’entreprendre ce traité contre Celse, en discutant durant plusieurs années selon ma capacité d’alors les six jours du récit mosaïque de la création du monde. Il faut bien savoir pourtant que le Logos promet aux justes par Isaïe qu’il y aura encore des jours à la restauration où « le Seigneur » lui-même et non plus le soleil sera « leur lumière éternelle et où Dieu sera leur gloire ». Mais pour avoir mal compris, je pense, une secte pernicieuse qui explique à tort le mot « que la lumière soit ! » comme exprimant un souhait de la part du Créateur, Celse ajouta : Ce n’est tout de même pas de la manière dont on allume sa lampe à celle du voisin que le Créateur a emprunté d’en haut la lumière ! Et, pour avoir mal compris une autre secte impie, il dit encore : S’il y avait un dieu maudit ennemi du Grand Dieu, créant contre sa volonté, pourquoi lui prêterait-il sa lumière ? Loin de moi l’idée de répondre à ces critiques ! Je veux au contraire plus nettement convaincre ces gens d’erreur et me dresser, non pas à la manière de Celse contre celles de leurs affirmations dont je n’ai pas connaissance, mais contre celles que je connais avec précision soit pour les avoir entendues d’eux-mêmes, soit pour avoir lu soigneusement leurs traités. LIVRE VI

S’il faut parler en général d’une vue offusquée et affaiblie, à quel autre attribuer cette maladie des yeux sinon à celui qui est retenu par l’ignorance de Dieu, et empêché par ses passions de voir la vérité ? Les chrétiens sont donc bien loin de croire que les paroles de Celse ou de quelque ennemi de la religion vont les aveugler. Ceux qui s’aperçoivent qu’ils sont aveuglés eux-mêmes en suivant les foules des égarés et les nations de ceux qui célèbrent des fêtes en l’honneur des démons n’ont qu’à s’approcher du Logos qui accorde des yeux : et comme les pauvres et les aveugles qui se prosternaient aux bords du chemin ont été guéris par Jésus pour avoir dit : « Fils de David, ayez pitié de nous ! » ils obtiendront miséricorde et recevront les yeux nouveaux et sains, tels que le Logos de Dieu peut les créer. LIVRE VI

Car selon notre foi, l’Esprit divin fait mourir les pratiques du corps et les inimitiés qui ont leur origine dans le désir de la chair, ennemi de Dieu. LIVRE VI

S’il faut expliquer en même temps le massacre des ennemis et le pouvoir du juste sur toutes choses, on peut dire : en affirmant « Chaque matin j’exterminais tous les pécheurs de la terre, afin de retrancher de la cité du Seigneur tous les artisans d’iniquité », le prophète appelait terre au sens figuré la chair « dont le désir est ennemi de Dieu », et cité du Seigneur, son âme dans laquelle était un temple de Dieu ; car il possédait de Dieu une opinion et une conception justes et admirées de tous ceux qui les observent. En même temps donc, rempli pour ainsi dire de puissance et de force par les rayons du Soleil de « la justice » qui illuminaient son âme, il supprimait tout « désir de la chair », nommé par le texte « pécheurs de la terre », et exterminait, de la cité du Seigneur qui était dans son âme, tous les raisonnements artisans d’iniquité et les désirs ennemis de la vérité. LIVRE VI

Puisqu’au témoignage même de cet ennemi de la vérité de Dieu il y a un tel risque en cette matière, combien vaut-il mieux écarter tout soupçon d’être absorbé par de tels démons, d’aimer le corps, de nous détourner des biens supérieurs, d’être retenu loin des biens supérieurs en les oubliant ; mais bien nous confier plutôt au Dieu suprême par Jésus-Christ qui nous présente un enseignement si admirable. On doit lui demander tout le secours et toute la protection de ses anges saints et justes, pour qu’ils nous arrachent aux démons terrestres absorbés dans la génération, rivés au sang et au fumet de graisse, attirés par des incantations étranges, liés aux choses de ce genre. De l’aveu unanime, au dire de Celse, ils ne peuvent rien de mieux que guérir le corps. Moi, je dirais qu’il n’est même pas évident que ces démons, quel que soit le culte qu’on leur rende, puissent guérir les corps. Il faut, pour la guérison des corps, si on l’entend de la vie simple et commune, l’usage de la médecine ; et si on aspire à une vie supérieure à celle de la multitude, il y faut la piété envers le Dieu suprême et les prières qu’on lui adresse. LIVRE VIII

Celse aurait dû le savoir : ceux qui ont pris le parti du serpent, comme ayant donné un bon conseil aux premiers hommes, et qui ont dépassé ainsi les Géants et les Titans de la fable, d’où leur est venu le nom d’Ophites, sont si loin d’être chrétiens qu’ils ne sont pas moins des accusateurs de Jésus que lui, et que personne n’est admis à leur assemblée sans avoir au préalable maudit Jésus. Voilà bien le comble de l’illogisme de Celse dans son Discours contre les chrétiens : prendre pour des chrétiens ceux qui n’acceptent même pas d’entendre le nom de Jésus, fût-ce à titre de sage vertueux ! Peut-on trouver sottise plus délirante que la leur pour s’être prévalu du nom du serpent comme du chef des honnêtes gens, et même que la sottise de Celse pour avoir pensé que ses accusations contre les Ophites valaient contre les chrétiens ? Jadis le philosophe grec qui aima la pauvreté et donna le modèle d’une vie vertueuse pour prouver que l’extrême pauvreté n’empêche pas le bonheur se proclama lui-même Cynique. Mais ces impies mettent leur gloire à être appelés Ophites, tirant leur nom du serpent, l’ennemi des hommes le plus redoutable ; c’est à croire qu’ils sont non pas des hommes dont le serpent est l’ennemi, mais des serpents eux-mêmes ; et ils célèbrent un certain Euphratès comme l’initiateur de leurs doctrines sacrilèges. LIVRE VI

En revanche la recherche de la gloire auprès des hommes, nous la déclarons interdite non seulement par l’enseignement de Jésus, mais aussi par l’Ancien Testament. Ainsi un des prophètes, se maudissant lui-même de s’être asservi aux péchés, dénonce comme le plus grand mal qui pourrait lui arriver la gloire de cette vie. Il s’exprime en ces termes : « Seigneur mon Dieu, si j’ai fait cela, s’il y a de l’injustice dans mes mains, si j’ai rendu le mal à ceux qui m’en rendaient, que je tombe impuissant devant mes ennemis, que l’ennemi poursuive et capture mon âme, qu’il foule à terre ma vie, qu’il relègue ma gloire dans la poussière ! » LIVRE VI

Il dit ensuite que Daniel, qui échappa aux lions, devrait être adoré par nous plutôt que Jésus, qui foula aux pieds la férocité de toute puissance adverse et nous donna « le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la puissance de l’ennemi ». Puis, n’ayant plus d’exemples, il ajoute : ou d’autres aux actions encore plus prodigieuses, afin d’insulter en même temps Jonas et Daniel ; car chez Celse, l’esprit n’a pas appris à dire du bien des justes. LIVRE VI

Il a beau dire encore qu’on trouve préposé à chaque office, ayant obtenu la puissance du Dieu très grand, un être jugé digne d’une tâche quelconque. Il faudrait une science bien profonde pour pouvoir résoudre cette question: à la manière des bourreaux dans les cités et des hommes préposés aux fonctions cruelles mais nécessaires dans les états, les mauvais démons sont-ils préposés à certains offices par le Logos de Dieu qui gouverne l’univers, ou à la manière de ces brigands qui, dans des lieux déserts, établissent un chef pour les commander, les démons, organisés pour ainsi dire en cohortes dans les diverses régions de la terre, se sont-ils donnés un chef qui fût leur guide dans les entreprises qu’ils ont décidées pour voler et rançonner les âmes humaines ? Veut-on traiter convenablement ce point pour défendre les chrétiens qui évitent d’adorer autre chose que le Dieu suprême et son Logos, le « Premier-né de toute créature» », on devra alors expliquer les passages suivants : « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs ou des brigands, et les brebis ne les ont pas écoutés » ; « Le voleur ne vient que pour voler, égorger, détruire », et toute autre parole semblable des saintes Écritures, comme : « Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents et scorpions, et toute la puissance de l’ennemi sans que rien puisse vous nuire » ; « Sur l’aspic et le basilic tu marcheras et tu fouleras lion et dragons. » Celse ignorait tout de ces paroles. S’il les avait connues, il n’aurait pas dit : Ce qui existe dans l’univers, ?uvre de Dieu, des anges, d’autres démons ou de héros, tout cela n’a-t-il point une loi qui vient du Dieu très grand ? A chaque office ne trouve-t-on pas préposé, ayant obtenu la puissance, un être jugé digne ? N’est-il donc pas juste que celui qui adore Dieu rende un culte à cet être qui a obtenu de lui l’autorité ? A quoi il ajoute : Non, car il n’est pas possible que le même homme serve plusieurs maîtres. On traitera ce point dans le livre suivant, car le septième que j’ai écrit contre le traité de Celse a atteint une dimension suffisante. LIVRE VI

Considérons cet autre passage de Celse : Quoi ! Le satrape, le gouverneur, le général, le procurateur du roi de Perse ou de l’empereur de Rome, voire ceux qui exercent les charges, offices ou services inférieurs, auraient le pouvoir de causer de graves dommages si on les néglige, tandis que les satrapes et ministres de l’air ou de la terre n’en causeraient que de légers si on les outrage ? Vois donc de quelle façon il représente comme auteurs de graves dommages pour ceux qui les outragent des ministres humains du Dieu suprême : satrapes, gouverneurs, généraux procurateurs et ceux qui exercent des charges, offices et services inférieurs ! Il ne voit pas que même un homme sage ne voudrait nuire à quiconque, mais ferait son possible pour convertir et améliorer jusqu’à ceux qui l’outragent. A moins peut-être que ceux que Celse présente comme les satrapes, gouverneurs, généraux du Dieu suprême ne soient pires que Lycurgue, législateur de Lacédémone, et Zénon de Cittium ! Car Lycurgue, ayant en son pouvoir l’homme qui lui avait crevé un oeil, non seulement ne se vengea pas, mais ne cessa de l’amadouer jusqu’à ce qu’il l’ait persuadé de se mettre à l’étude de la philosophie. De même Zénon : quelqu’un lui disait : « Que je meure si je ne tire vengeance de toi ! » Il répondit : « Et moi, si je ne gagne ton amitié ! » Et je ne dis rien encore de ceux qui ont été formés par l’enseignement de Jésus et qui ont entendu le commandement : « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui cherchent à vous nuire, afin de devenir fils de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, pleuvoir sur les justes et les injustes. » Et dans les paroles du prophète, le juste dit : « Seigneur, si j’ai fait cela, si j’ai commis de mes mains l’injustice, si j’ai rendu aux autres le mal qu’ils me causaient, que je tombe alors impuissant devant les ennemis ; que l’ennemi alors poursuive mon âme et l’atteigne, et qu’il foule à terre ma vie » LIVRE VIII