destaque
Há um círculo do segredo, assim como há um círculo da compreensão. A hermenêutica alemã mostrou, com profundidade crescente, como a compreensão sempre precede a si mesma. Para compreender, é preciso já ter compreendido: não posso compreender um elemento de uma obra sem antes compreender o todo. E essa compreensão também é circular, pois envolve uma compreensão de si mesmo. Não posso explicar sem me explicar com o que estou interpretando. A inclusão do intérprete também é essencial aqui. É por isso que Heidegger pôde dizer que a dificuldade com o círculo hermenêutico não era sair dele, mas entrar nele [SZ:132]. De modo semelhante, meditar sobre o segredo pressupõe uma relação entre nosso ser e o segredo, e nos leva a descobrir que já pertencíamos a ele antes de meditarmos sobre ele. Esse pertencimento significa que o movimento por meio do qual descubro o segredo me descobre como sendo segredo e desconhecido para mim mesmo. A sombra lançada sobre mim pelo brilho do segredo é a garantia de sua verdadeira compreensão. A provação do segredo nos testa. Um segredo teria algum peso se sua descoberta não abalasse meus próprios alicerces? O que seria uma revelação de Deus se ela não perturbasse minha compreensão prévia do homem e, acima de tudo, de mim mesmo? As discussões dos teólogos cristãos sobre um estado hipotético de “natureza pura”, no qual o homem seria considerado independente de um fim sobrenatural e dos dons divinos que o ordenam e o conduzem a ele, mostram que não pode haver um prólogo humano silencioso para o diálogo entre Deus e o homem, nenhum terreno neutro que o amor já não tenha devastado. O excesso vem primeiro. Sempre fomos vítimas de uma história de amor que não é só nossa e que excede nossas próprias possibilidades. Quando a revelação chega até nós, ela obscurece a prestigiosa transparência em que acreditávamos estar. O segredo nos revela que nós mesmos estávamos sob disfarce. Uma ilustração decisiva disso é a tese cristã de que a revelação divina é necessária para conhecermos nosso pecado. Para saber que transgredi a lei, basta que eu me conheça, mas o amado deve me perdoar para que eu saiba o quanto falhei no amor. Quando o mistério de Deus brilha na palavra que ele me dá e, nesse brilho, me abre, me entrega e me revela seu segredo como tal, ele também me revela minha cegueira para mim mesmo e faz de mim para mim um segredo que somente ele pode dissipar. Pois — e essa é uma diferença inconfundível com o círculo hermenêutico — a inclusão no segredo divino só pode ser graciosa. Estamos no círculo do entendimento por nossa própria existência, mas o segredo deve se doar livremente e, ao se doar, nos levar para dentro de si para que sejamos incluídos. O brilho do segredo sobrenatural é infinitamente mais luminoso e infinitamente mais segredo do que o do segredo natural inicialmente evocado.
original
Il existe un cercle du secret comme il y a un cercle de la compréhension. L’herméneutique allemande a montré, avec une profondeur croissante, comment la compréhension se précédait toujours elle-même. Pour comprendre, il faut avoir déjà compris : je ne puis saisir un élément d’une œuvre sans une saisie préalable de la totalité. Et cette compréhension a cela aussi de circulaire qu’elle met en œuvre une compréhension de soi. Je n’explique pas sans m’expliquer avec ce que j’interprète. Essentielle est là aussi l’inclusion de l’interprète. C’est pourquoi Heidegger pouvait dire que la difficulté, vis-à-vis du cercle herméneutique, n’était pas d’en sortir, mais d’y entrer [SZ:132]. De façon analogue, la méditation du secret présuppose un rapport de notre être au secret, et nous fait découvrir que nous lui appartenions déjà avant que de le méditer. Cette appartenance entraîne que le mouvement par lequel je découvre le secret me découvre pour moi-même secret et à moi-même inconnu. L’ombre portée sur moi-même par la lueur du secret est le gage de sa véritable compréhension. L’épreuve du secret nous éprouve nous-mêmes. Un secret aurait-il quelque poids si sa découverte n’ébranlait ma propre assise? Que serait une révélation de Dieu qui ne bouleverserait pas ma compréhension préalable de l’homme, et d’abord de moi? Les discussions des théologiens chrétiens sur un hypothétique état de « pure nature », c’est-à-dire où l’homme serait considéré indépendamment d’une fin surnaturelle et des dons divins qui l’y ordonnent et l’y conduisent, montrent qu’il ne saurait exister de prologue humain silencieux au dialogue de Dieu et de l’homme, ni de terrain neutre que l’amour n’aurait pas toujours déjà dévasté. L’excès est premier. Nous sommes depuis toujours en proie à une histoire d’amour qui n’est pas seulement la nôtre et qui dépasse nos propres possibilités. Lorsque la révélation nous parvient, elle obscurcit la prestigieuse transparence où nous croyions être pour nous-mêmes. Le secret nous découvre que nous étions nous-mêmes à couvert. Line illustration décisive en est la thèse chrétienne selon laquelle la révélation divine est nécessaire pour que nous puissions connaître notre péché. Pour savoir que j’ai transgressé la loi, il me suffit de moi-même, mais il faut que l’aimé me pardonne pour que j’apprenne combien j’ai manqué à l’amour. Quand le mystère de Dieu luit dans la parole qu’il m’accorde, et dans cette lueur m’ouvre, me livre et me tend son secret comme tel, il me découvre aussi mon aveuglement à moi-même, et fait de moi pour moi un secret que le sien seul peut dissiper. Car — et c’est là une indépassable dissemblance avec le cercle herméneutique — l’inclusion dans le secret divin ne saurait être que gracieuse. Nous sommes dans le cercle de la compréhension par notre seule existence, mais il faut que le secret se donne gratuitement, et en se donnant nous prenne en lui pour que nous y soyons inclus. La lueur du secret surnaturel est infiniment plus lumineuse et infiniment plus secrète que celle du secret naturel initialement évoqué.
Qu’il n’y ait pas de secret sans lueur, et que cette lueur veuille se nourrir de nous, la plus simple méditation du Dieu caché le confirme. Le Deus absconditus de la foi chrétienne est toujours le Dieu qui se révèle. Son abscondité ne refuse pas la manifestation, elle affleure à même la révélation. En effet, Dieu considéré indépendamment de la création et pour ainsi dire avant elle n’est pas, contrairement à une affirmation courante, un Dieu caché. La gloire de Dieu appartient à son être même, et ne lui vient pas des créatures qui le chantent. Dieu ne devient pas louable parce que nous le louons. Dieu sans le monde est souverainement et parfaitement manifeste. Il est lumière, et le mystère de la vie trinitaire est un mystère de manifestation. Tout entier et sans réserve le Père se dit dans son Verbe, et l’Esprit est la transparence même de l’amour du Père et du Fils. L’incompréhensibilité de Dieu pour nous tient à l’infinité même de sa lumière. Cette lumière n’est pas moins lumineuse lorsque nul regard de créature n’en est ébloui. Cette gloire n’est pas alors lueur, mais splendeur, ni secret, mais transparence. C’est lorsque Dieu crée, lorsqu’il fait surgir face à lui des présences finies pour lesquelles la sienne soit insoutenable et qui aient pourtant à la soutenir, lorsqu’il se donne des témoins incapables de lui par nature et capables de lui par grâce, c’est alors qu’il devient un Dieu caché. Il n’est caché que là où il se manifeste à un autre que lui-même. Il n’est caché que là où, de multiples façons, il se révèle.
[JCLLS]