GERMAIN. — Vous nous avez entretenus de la charité parfaite; nous voudrions maintenant vous interroger librement sur la chasteté consommée. Car nous ne doutons pas que ces hauteurs sublimes d’amour, par où l’on s’élève, ainsi que vous l’avez montré jusqu’à présent, à l’image et ressemblance divine, ne puissent en aucune façon exister sans la perfection de la chasteté. Mais cette vertu peut-elle être si constante, que l’intégrité de notre coeur n’ait jamais à souffrir des séductions de la concupiscence ? Vivant dans la chair, pouvons-nous rester si éloignés des passions charnelles, que nous n’en ressentions jamais les atteintes ? Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA CHEREMON
Voilà donc une vérité constante : personne n’arrive à la ferme possession de cette terre, hors ceux qui gardent les voies dures et les préceptes du Seigneur par la douceur inaltérable de la patience. Sa main les retirera de la fange et les élèvera au-dessus des passions charnelles. «Les doux posséderont la terre;», et non seulement ils la posséderont, mais «ils goûteront les délices d’une paix débordante.» (Ibid. 11). Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON
Si quelqu’un mérite, par l’extinction des passions charnelles, d’atteindre à cette demeure de paix, poursuivant ses progrès il deviendra une Sion spirituelle, ce qui signifie tour d’observation de Dieu, et il sera aussi la demeure de Dieu. Car le Seigneur ne se trouve point parmi les batailles de la continence, mais il réside dans l’observatoire indéfectible des vertus. C’est là qu’il ne se contente plus d’émousser ou de contenir, mais qu’il a pour jamais brisé la puissances des ares, de ces ares d’où partaient jadis contre nous les traits enflammés de la volupté. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON
Si donc vous avez à coeur de respirer cet incorruptible parfum, travaillez de toutes vos forces à obtenir du Seigneur l’immaculée chasteté; car personne ne possède la science spirituelle, tant qu’il se laisse dominer par les désirs des passions charnelles, et surtout de l’impureté : «C’est dans le coeur qui est bon que la sagesse habite,» (Pro 14,33) et «celui qui craint le Seigneur trouvera la science avec la justice.» ((Ec 32,20). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS
C’est ce glaive dont les salutaires blessures répandent le sang corrompu, sève vivante du péché. Toutes végétations charnelles et terrestres qu’il rencontre en notre âme il les coupe et retranche, nous faisant mourir au vice, afin de vivre à Dieu, dans la vigueur des vertus spirituelles. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE
GERMAIN. — Beaucoup sont d’avis que cet endroit de l’Apôtre devrait s’entendre différemment. Il n’a pas parlé en son propre nom, affirment-ils, mais dans la personne des pécheurs qui voudraient s’abstenir des voluptés charnelles. Ils voudraient; cependant, prisonniers de leurs vices anciens, enchantés des passions se la chair, ils ne peuvent se contenir; l’habitude invétérée du mal les opprime sous une impitoyable tyrannie, qui ne leur permet pas de respirer l’air pur de la liberté et de la vertu. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE
De qui pourra-t-on croire, fût-il de tous les justes et les saints le plus éminent, qu’il ait réussi, dans les liens de ce corps mortel, à posséder immuablement le bien souverain, ne s’écartant jamais de la contemplation divine, ne se laissant point distraire un instant, par les pensées terrestres, de Celui qui seul est bon ? Quelqu’un s’est-il rencontré, qui ne prit aucun souci de la nourriture, du vêtement ni des autres nécessités charnelles ? qui ne fût jamais préoccupé de la réception des frères, d’un changement de séjour, de la construction d’une cellule, jusqu’à désirer le secours des hommes, ou tomber, par un sentiment trop vif de sa détresse, sous le reproche du Seigneur : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez (Mt 6,25) Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Au contraire, ceux qui mettent toute douceur, joie et béatitude dans la contemplation des choses divines et spirituelles. Si des pensées tyranniques les en arrachent sans leur aveu et seulement un instant, ils pensent avoir commis une sorte de sacrilège, qu’une pénitence immédiate vient aussitôt punir. Quelles larmes, pour avoir préféré à leur Créateur la vile créature qui a détourné le regard de leur âme ! Ils se taxent, je dirais presque d’impiété; et, encore que leur promptitude soit extrême à ramener vers la clarté de la Gloire divine les veux de leur coeur, les ténèbres, même fugitives, des pensées charnelles leur sont une chose insupportable, et ils ont en exécration tout ce qui retire leur esprit de cette vraie lumière. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Et de fait, si l’on veut bien comparer la fleur au parfum suave de la virginité et l’infinie délicatesse de la chasteté avec l’affreux et fétide bourbier des voluptés charnelles, le repos et la sécurité des moines aux périls et disgrâces où sont enveloppés les gens du monde; la paix de notre pauvreté avec les tristesses dévorantes et les soucis jamais endormis qui consument les riches le jour et la nuit, non sans danger pour leur vie : il sera extrêmement facile de reconnaître que le joug du Seigneur est très doux et son fardeau très léger. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM