21. Oui, je le répète, ils doivent endurer bien des travaux, dévorer bien des afflictions, principalement ceux qui ont eu le malheur de vivre sans penser aucunement à leur salut, s’ils veulent que leur coeur, après n’avoir eu que trop de ressemblance avec les chiens, qui ne se plaisent qu’à manger et à japer, puisse parvenir à la simplicité, à la douceur, à la patience, au zèle, à la ferveur, à la tempérance, à la pureté, et à l’amour du salut éternel. Cependant, aussi dépendants que nous soyons à nos penchants, aussi graves que soient les maladies de notre âme, gardons-nous bien de perdre courage; mettons, au contraire, en Dieu une confiance pleine et entière. Ainsi, alors même que nous nous sentons faibles, soutenus par la fermeté d’une foi inébranlable, présentons-nous devant le Christ, et, avec une grande simplicité et une profonde humilité, exposons-lui notre faiblesse et nos misères, l’abattement de notre âme et de notre corps; et, tout indignes que nous en soyons, il nous tendra la Main avec bonté, et nous prendra sous sa puissante Protection avec une tendre charité. L’Échelle Sainte: PREMIER DEGRÉ
47. Si donc notre conscience nous fait des reproches mérités, considérons avec douleur, les péchés que nous avons commis, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de jeter un regard favorable sur la pénitence que nous faisons, sur les efforts auxquels nous fait livrer le désir violent que nous avons de nous réconcilier avec Lui, de recevoir le pardon de nos fautes, et de changer les regrets et la douleur déchirante de nos coeurs en une joie délicieuse, d’après ces paroles du roi-prophète : “Tes consolations, ô mon Dieu, ont rempli mon âme de joie, selon la multitude et la grandeur des douleurs qui ont affligé mon coeur.” (Ps 93). Rappelons encore, selon nos besoins, ces autres paroles de David : “Seigneur, qu’elles ont été grandes, nombreuses et cruelles, les afflictions dont tu m’as accablé ! mais enfin tu t’es tourné vers moi,tu m’as rendu la vie, et tu m’as retiré de l’abîme où j’étais tombé.” (Ps 70). L’Échelle Sainte: QUATRIÈME DEGRÉ
2. La pénitence est le rétablissement du baptême. C’est une espèce de contrat par lequel nous promettons à Dieu de nous corriger des défauts de notre vie passée, et de mieux vivre dans l’avenir. La pénitence, si j’ose me servir de cette expression, est chargée des intérêts de l’humilité; c’est un renoncement parfait à tous les plaisirs des sens; c’est un jugement sévère qu’on porte contre soi-même; c’est l’occupation sérieuse d’une âme qui s’applique tout de bon à l’affaire de son salut éternel. Elle est la fille aînée de l’espérance et l’ennemie mortelle du désespoir. Le véritable pénitent est un criminel qui confesse ses péchés, sans mériter aucune infamie. La pénitence a la vertu de nous réconcilier avec Dieu, en nous faisant pratiquer les bonnes oeuvres opposées aux fautes que nous avons commises; c’est elle qui décharge, purifie et sanctifie la conscience; c’est elle qui nous porte à souffrir généreusement toutes les peines et toutes les afflictions qui nous arrivent. Celui qu’elle anime est d’une admirable activité pour trouver et pour employer les moyens capables de le punir; c’est elle qui combat et surmonte l’intempérance, et qui accuse sans ménagement au tribunal de la conscience. L’Échelle Sainte: CINQUIÈME DEGRÉ
47. La marque véritable et le signe non équivoque de la pénitence, c’est d’être convaincu et persuadé qu’on mérite, soit pour le corps, soit pour l’esprit, toutes les peines, tous les maux et toutes les afflictions qu’on endure, et qu’on mériterait d’en souffrir encore davantage. L’Échelle Sainte: CINQUIÈME DEGRÉ
1. Si vous envisagez la prière en elle-même, dites que c’est une sainte conversation, une douce union avec Dieu; mais si vous considérez sa vertu et sa puissance, il faut dire que c’est elle qui conserve le monde, réconcilie la terre avec le ciel, produit les larmes sincères du repentir et en naît quelquefois, efface les péchés, triomphe des tentations, nous console et nous protège pendant le temps fâcheux des afflictions, met une fin et un terme aux guerres cruelles que nous font nos ennemis, exerce dans nous les fonctions des anges, devient la nourriture des esprits, procure les joies futures, entretient le coeur dans une action continuelle, fait acquérir les vertus, obtenir les dons célestes, et avancer à grands pas dans les voies de la perfection; il faut ajouter qu’elle est le vrai froment de l’âme, la lumière de l’esprit, la ruine du désespoir, la maîtresse de l’espérance, le fléau de la tristesse, la fortune des religieux, le trésor des solitaires, l’extinction de la colère, le miroir des progrès dans la vertu, la démonstration certaine des règles qu’on doit suivre, la manifestation de l’état de notre âme, la notion claire des biens futurs et l’indice de la gloire éternelle; il faut enfin avouer qu’elle est, dans la personne qui prie, une espèce de palais et de tribunal où le souverain Juge, sans attendre le dernier jour, rend à tout moment ses arrêts de justice et de miséricorde. L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ
33. Un criminel et un condamné au supplice tremblent moins au souvenir de la sentence qui a été ou qui sera prononcée par leurs juges, qu’un chrétien qui est possédé du désir de faire de bonnes prières, ne tremble de les faire d’une manière qui soit indigne du Seigneur. Aussi la seule pensée de la prière dans une personne sage et fervente pour son salut, suffit pour étouffer en elle tout ressentiment et tout souvenir des injures qu’elle a reçues, réprimer les mouvements de la colère, bannir les soins superflus, négliger les affaires purement temporelles, ne donner aucune attention aux afflictions et aux peines de la vie, garder une exacte tempérance, triompher des tentations, et se préserver des mauvaises pensées. L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ
Si le dernier terme de l’avarice consiste à ne jamais cesser de travailler pour augmenter les richesses que l’on possède déjà et à ne jamais savoir se contenter, assurément la preuve la plus frappante qu’on aime et qu’on pratique la pauvreté, doit être de ne pas même épargner son propre corps. Se croire dans un état doux et tranquille au milieu des afflictions les plus cruelles, sera la preuve de la plus héroïque patience. L’Échelle Sainte: VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ