Jacob Boehme — Da Encarnação de Jesus Cristo
Como o Verbo eterno se tornou homem, e da Virgem Maria
CHAPITRE IX. De la virginité de Marie; ce qu’elle fut avant la bénédiction, et ce qu’elle devint par la bénédiction.
1. Il nous importe grandement, à nous autres pauvres enfants d’Eve, de connaître ce qui suit, car en cela gît notre salut éternel, c’est la porte d’Emmanuel; toute la foi chrétienne repose là-dessus et c’est la porte du plus grand mystère ; ici repose le secret de l’homme, secret dans lequel il est la ressemblance et l’image de Dieu.
2. Car toute notre religion consiste en trois points que nous pratiquons et enseignons ; savoir, premièrement, de la création ; de quelle essence, substance et. qualité l’homme est; s’il est éternel ou non, et comment cela se peut; qu’elle est proprement l’origine de l’homme, d’où il est provenu au commencement.
Secondement, puisqu’on parle et enseigne tant de sa chute, que nous voyons aussi qu’à cause d’elle nous sommes mortels et sous le joug de la méchanceté et de la source furieuse, — ce qu’a donc été sa chute.
4. Et, en troisième lieu, puisque Dieu veut de nouveau nous recevoir en grâce, à quelle fin il a donné des lois et des enseignements et les a confirmés par de grands miracles, — ce qu’est proprement la nouvelle naissance, attendu que nous voyons qu’il nous faut mourir ; — par quelle puissance et en quel esprit nous pouvons être renouvelés et ressusciter de la mort.
5. Nous trouvons maintenant tout cela en deux figures; savoir dans l’éternelle, sainte, et aussi dans la terrestre, périssable virginité ; or, nous trouvons la nouvelle naissance dans l’image de Christ très distinctement et clairement; car dans l’éternelle virginité ou dans la substantialité divine, où l’image de Dieu et sa ressemblance ont été vues comme dans un miroir dés l’éternité et reconnues par l’esprit de Dieu, fut créé Adam le premier homme. Il avait la virginité en sa possession, savoir la vraie teinture de l’amour dans la lumière, qui désire la teinture du feu ou la propriété des essences, pour devenir une vie ardente dans la puissance et la majesté ; de plus, une engendreuse dans l’essence du feu, ce qui ne se peut dans l’essence de la lumière, sans le feu.
6. Ainsi, nous reconnaissons une virginité dans la sagesse divine, dans la volonté désirante de l’Etre divin, dès l’éternité; non une femme qui engendre, mais une figure dans le miroir de la sagesse divine, une pure, chaste image, sans être, mais pourtant en essence ; non manifeste dans l’essence du feu, mais bien dans la source de la lumière.
7. Dieu a créé cette image en un êlre, et cela de tous les trois principes, pour qu’elle fût une ressemblance de la divinité et de l’éternité, comme un miroir complet du fond et du sans-fond, de l’esprit et aussi de la substance ; et elle fut créée de l’éternel, non pour la fragilité. Mais parce que le terrestre et fragile était suspendu à l’éternel, le désir terrestre s’est introduit dans le désir éternel, céleste, et a infecté la propriété céleste, car il voulait habiter dans le désir éternel et fut cependant corrompu dans la fureur divine.
8. Ainsi la source terrestre corrompit la source céleste et lui devint une turba (trouble, perturbation), comme on peut le reconnaître à la terre et aux pierres qui proviennent bien de l’éternel, mais qui se sont altérées dans la fureur et dans la source du feu : le fiât a fait, de la substantialité éternelle, de la terre et des pierres ; pour quelle cause un jour de séparation est fixé, où chaque chose doit rentrer dans son éther et être éprouvée par le feu.
9. De même l’homme : Il fut créé dans la virginité, dans la sagesse de Dieu, mais ayant été saisi par la fureur et la colère de Dieu, il devint aussitôt corrompu et terrestre. Et de même que la terre passe et doit être éprouvée par le feu, puis retourner ce qu’elle était, ainsi l’homme : il doit rentrer dans la virginité dans laquelle il a été créé. Mais comme il n’était pas possible à l’homme de sortir de la mort furieuse et d’entrer dans une renaissance, car sa virginité était enfermée avec lui dans la mort, raison pour laquelle Dieu fit à l’homme une femme tirée de lui : la divinité dut se mouvoir, délivrer et vivifier de nouveau ce qui était prisonnier.
10. Et cela s’accomplit en Marie la vierge renfermée ; comprends, dans la virginité qu’Adam tenait de la sagesse divine ; non de la partie terrestre du troisième principe, mais de la partie céleste et sainte de l’autre principe qui, par l’imagination terrestre et les suggestions, avait été enfermée dans la mort, dans la colère de Dieu et était comme morte, ainsi que la terre : c’est pourquoi le cour de Dieu s’est mu, a brisé la mort sur la croix et de nouveau engendré la vie.
11. La naissance et l’incarnation de Christ furent une ouvre puissante pour nous, car l’insondable cour de Dieu se mut en son entier et par là, la substantia-lité divine qui était prisonnière dans la mort, est redevenue vivante, en sorte que maintenant nous pouvons dire avec raison : Dieu a résisté lui-même à sa colère, puisqu’il s’est de nouveau manifesté par le centre de son cour qui a rempli l’éternité sans fond ni limite, qu’il a enlevé à la mort sa puissance et brisé l’aiguillon de la colère et de la fureur, attendu que l’amour et la douceur se sont manifestés dans la colère et ont éteint la puissance du feu.
12. Et ce qui est un bien plus grand sujet de joie encore pour nous autres hommes, c’est que Dieu s’est manifesté dans notre virginité éclipsée et morte, et en même temps dans tout. Nous nous réjouissons de ce que le Verbe ou la puissance de la vie divine s’est de nouveau donné à l’humanité, soit à la virginité morte et comme abandonnée, et a de nouveau ouvert la vie virginale; nous nous réjouissons de cela et pénétrons par notre imagination dans le centre où Dieu s’est manifesté dans l’humanité, soit dans l’incarnation de son fds, et devenons ainsi, dans notre imagi-, nation, que nous introduisons dans son incarnation, enceintes de sa parole et de la puissance de la céleste et divine substantialité manifestées; de rien d’étranger, toutefois, mais étranger à la terrestréité cependant. Le Verbe s’est manifesté partout, dans la lumière de la vie de chaque homme aussi ; il ne manque qu’une chose, c’est que l’esprit de l’âme s’y abandonne ; il revêt alors de nouveau l’éternelle virginité, non comme un vêtement, mais de sa propre essence : Dieu naît en lui. Car Marie était née terrestre, comme toutes les filles d’Eve, mais l’alliance de l’amour divin fit sentir dans son essence que Dieu voulait là ouvrir de nouveau la vie en elle.
13. Et quant à la virginité de Marie, selon la vie terrestre, avant la bénédiction, avant que le cour de Dieu se fût mu, nous ne pouvons absolument pas dire qu’elle ait été une vierge entièrement pure, comme la première, avant la chute : elle n’était qu’une fille d’Eve comme les autres. Mais ce que nous disons avec fondement, c’est qu’en Marie, aussi bien qu’en tous les enfants d’Adam, la virginité éternelle était enfermée dans l’alliance de la promesse, comme dans la mort, et pourtant pas morte en Dieu. Car le nom de Jésus, émanant du centre ou du cour de Dieu, s’est imprimé comme un miroir, dès l’éternité, dans la vierge de la sagesse divine, et a résisté au centre du Père, soit au centre du feu et de la fureur, non dans la fureur dans le feu, dans l’essence du feu, mais dans l’amour lumineux, dans l’essence de la lumière; et l’homme, dans le nom de Jésus, fut aussi établi dans cette même essence, avant la fondation du monde, alors qu’Adam était encore essence céleste, sans être naturel ou créaturel ; car la chute fut connue dans la sagesse avant que l’homme devînt créature, et cela selon la propriété du feu, non dans la propriété de la lumière, mais selon le premier principe.
14. Ainsi, nous disons maintenant de Marie, d’après notre profonde connaissance, qu’avant le temps de la manifestation et du message de l’ange, elle fut une vierge comme Eve, alors qu’elle sortit du paradis, avant qu’Adam l’eût connue ; elle était bien alors une vierge, mais la vraie virginité était en elle cachée (altérée) et infectée de la passion terrestre, et la propriété animale était manifeste en elle ; car l’imagination terrestre rompit la propriété céleste, en sorte qu’elle était une femme et non une chaste vierge sans tache; elle n’était qu’une fraction de la virginité céleste, Adam était l’autre. Ainsi, il n’est né d’Eve aucune vierge pure, véritable, parfaite ; la turba a détruit en toutes la virginité, jusqu’à l’entrée du héros en combat : celui-là fut une vierge virile, parfaite dans la sagesse divine, selon l’Etre céleste ; le terrestre était suspendu à lui, mais le céleste régnait sul-le terrestre ; car ainsi devait être Adam qui ne résis pas.
15. C’est pourquoi nous disons avec fondement que Marie fut la fille de Joachim, née d’Anne, et que, selon la partie terrestre, elle fut de leur essence. Nous disons, de plus, qu’elle fut fille de l’alliance divine, que Dieu a arrêté en elle le but de la nouvelle naissance, que tout l’Ancien Testament a trait à ce but et que tous les prophètes l’ont prédit (savoir que Dieu voulait manifester de nouveau l’éternelle virginité); et ce but a été béni; car, selon sa miséricorde, Dieu s’est incorporé dans ce but par l’alliance de la promesse, et le Verbe de la promesse était dans l’alliance, et résistait à la colère dans la lumière de la vie. Le premier monde, avant et après le déluge, fut sauvé par cette alliance que Dieu plaça devant soi comme un miroir virginal; car l’éternelle virginité apparut dans l’alliance comme dans le miroir divin, et dans ce miroir se délectait la divinité : si Israël maintenait l’alliance et en accomplissait les ouvres, Dieu les accepterait comme si l’humanité eût été dans le miroir de la sagesse divine ; et bien qu’Israël fût terrestre et mauvais, néanmoins Dieu habitait en Israël dans son alliance, dans la sagesse, selon son amour et sa miséricorde.
16. Ainsi, les ouvres de la loi furent devant Dieu, dans le miroir, jusqu’à ce que la vie naquit de nouveau de l’alliance, jusqu’à l’accomplissement; alors cessèrent les ouvres dans le miroir et s’élevèrent (commencèrent) de nouveau celles de l’accomplissement en chair et en sang dans la substantialité céleste; car en Marie fut le début. Lorsque l’ange lui apporta le message et qu’elle répondit : qu’il me soit fait comme tu l’as dit (LucI: 38), le centre de la vie dans le Verbe divin, ou le cour de Dieu, se mut aussitôt dans la semence ccleste morte de Marie, la vivifia de nouveau, et la grossesse commença. Car tous les trois principes de la divinité se sont mus, et la teinture divine a pris dans la substantialité céleste morte : non que Dieu ait été là sans substance, mais l’homme était mort au monde céleste, et ici le cour de Dieu, revêtu de la substantialité divine, vivante, entra dans la mort et réveilla la substantialité morte. Elle’n’ôta pas, cette fois, la source terrestre, mais la pénétra (comme un dominateur et vainqueur de la source) ; car la vraie vie devait, passer par la mort et la colère de Dieu, ce qui s’effectua sur la croix, où la mort fut brisée et la fureur rendue captive, éteinte et vaincue par l’amour.
17. Nous comprenons ainsi, maintenant, ce que Marie est devenue par la conception; savoir, une vraie pure vierge selon la partie céleste, car lorsque le cour de Dieu s’émut et que l’aurore pointa en elle, la lumière de la clarté et de la pureté divines brilla en elle ; sa virginité morte ou la sagesse divine devint manifeste et vivante, car elle fut remplie de la virginité divine, savoir de la sagesse divine. Et dans cette sagesse et substantialité divine, aussi bien que dans la subslantialité morte et maintenant vivante, le Verbe devint chair dans le sulphur par le centre de la nature, des essences du Père et des essences de Marie; une vie sortant de la mort, un fruit parfait, avec les deux teintures, attendu que les deux teintures n’en formaient qu’une. Et parce que Adam était devenu un homme, Christ fut aussi un homme selon le monde externe ; car ce n’est pas l’image d’Eve dans la teinture féminine qui doit demeurer, mais bien l’image d’Adam, alors qu’il était à la fois homme et femme. Mais comme pourtant l’un des signes doit paraître, selon la puissance du fiât extérieur, et qu’aussi le héros en combat fut de nouveau établi dans tous les trois principes, ce héros reçut le signe masculin; car l’homme a la teinture du feu, selon la propriété du Père. Comme le Père est la force et la puissance de toutes choses et le Fils son amour, ainsi devint homme le Verbe dans l’essence féminine, et fut-il néanmoins un homme, afin que son amour put éteindre la colère et la fureur dans le Père; car la teinture de Vénus a la source de l’eau, et la femme a la teinture de Vénus : donc le feu devait être éteint par l’eau de l’éternelle vie et les essences brûlantes du Père dans le feu de nouveau éteintes.
18. Nous reconnaissons maintenant Marie, la mère de Christ, selon la chair, l’âme et l’esprit, dans la bénédiction, pour une pure, chaste vierge; car sa bénédiction consiste en ce que Dieu s’est manifesté en elle ; elle a porté en son corps le Verbe de la vie; c’est ce qui s’est mu en elle. Marie n’a pas mu le Verbe, mais le Verbe a mu (attouclié) Marie; tant le fruit qu’elle engendra que son âme, soit la partie de la substantialité morte ; son âme fut alors enveloppée de substantialité divine vivante; non la partie terrestre ou le troisième principe, mais la partie céleste issue de l’autre principe; de telle sorte que le terrestre ne lui était qu’appendu. Car son âme devait aussi, avec le Verbe de la vie, devenu homme en elle, passer par ia mort et la colère du Père et entrer avec lui dans la source céleste et divine. Son être extérieur dut mourir à la source terrestre, pour qu’il put vivre à Dieu. Et parce qu’elle a été bénie et a porté le but dans l’alliance, son corps n’est point passé, car le céleste a englouti le terrestre et le tient éternellement captif, à l’honneur et à la glorification du Seigneur. Il faut qu’on se souvienne éternellement que Dieu est devenu homme en elle.
19. Quant à ceux qui disent qu’elle est entièrement demeurée dans la mort, totalement passée, ils devraient bien observer leur raison, car ce qui est hautement béni est incorruptible; sa partie céleste de la substantialité divine, qui l’a bénie, est incorruptible ; à défaut de quoi il s’en suivrait que la substantialité divine dans la bénédiction serait encore une fois tombée et morte, comme cela arriva en Adam ; mort qui fut cause, cependant, que Dieu devint homme, afin qu’il ramenât la vie. Selon la vie extérieure, la source terrestre, elle (Marie) est morte, à la vérité ; mais selon la bénédiction, elle vit dans la substantialité divine et aussi dans sa propre substantialité; non en quatre éléments, mais dans la racine des quatre éléments, dans un seul qui renferme les quatre ; dans le paradis, le pur élément, dans la substantialité divine, dans la vie divine.
20. C’est pourquoi nous disons que Marie est plus grande qu’une fille quelconque d’Adam, attendu que Dieu a placé le but de son alliance en elle et que, seule entre toutes les filles d’Eve, elle a obtenu la bénédiction, savoir la pure virginale chasteté, qui était détruite chez toutes les filles d’Eve. Mais quant à elle, la virginité reposa dans l’alliance, jusqu’à ce que le Verbe de la vie la bénit hautement, alors elle devint une vraie, pure et chaste vierge, en laquelle Dieu naquit. Car Christ dit aussi aux Juifs : je suis d’en haut, mais vous êtes d’en bas; je ne suis pas de ce monde, mais vous êtes de ce monde (Jean VIII : 23). S’il fut devenu homme dans un vase terrestre et non dans une pure, céleste et chaste vierge, il aurait bien été de ce monde ; mais il devint homme dans la vierge céleste et la source terrestre ne lui était qu’ap-pendue. Car l’essence des âmes fut en nous, pauvres enfants des hommes, infectée par la source terrestre, et il devait introduire notre âme, en essence céleste, en lui, au travers du feu divin, dans le saint Ternaire ; il y allait de l’âme, et parce qu’elle était issue de l’Eternel, Dieu ne voulait pas l’abandonner.
21. Si l’on demande donc quelle fut la matière dans laquelle le Verbe et cour de Dieu s’introduisit et se iit un corps, si ce fut une matière étrangère, venue du ciel, ou bien l’essence et la semence de Marie? — Notre réponse est que jamais le cour de Dieu n’a été sans substance, car sa demeure est, dès l’éternité, la lumière, et la puissance dans la lumière est le cour ou le Verbe que Dieu a prononcé dès l’éternité; le parler a été le Saint-Esprit de Dieu qui, avec le parler, sort de la puissance de la lumière, de la parole énoncée, et va dans le prononcé ; et le prononcé est la merveille, la sagesse divine, qui renferment (constituent) le miroir divin de la sagesse, dans lequel voit l’esprit de Dieu, et dans lequel il manifeste les merveilles.
22. Comprenez donc que le Verbe, issu du cour de Dieu le Père (entouré de la céleste et chaste vierge de la sagesse, habitant dans la céleste substantialité), s’est en même temps manifesté dans l’essence et la substantialité de Marie, ou dans sa propre semence, entendez dans la semence humaine; qu’il a pris en soi la semence morte et aveugle en Dieu de Marie et l’a réveillée à la vie : la substantialité vivante vint clans la demi-tuée (essence de Marie), et s’en fit un corps, non un corps corruptible qui devait passer, mais un corps éternel qui devait subsister à toujours; car ici fut de nouveau engendrée la vie éternelle.
23. Ainsi la substantialité (l’être) de l’éternité en Dieu, dans toute sa profondeur sans-fond, et la substantialité de l’Adam mort devinrent dans l’humanité une substantialité, entièrement un seul être, de façon que la créature de Christ a rempli, à la fois, par sa substantialité, tout le Père, qui est sans limite et sans fond. Mais l’âme crcalurelle demeura et est une créature ; et selon le troisième principe, en tant que créature, ce Christ est une créature et un roi des hommes; de même selon l’autre principe, comme enfant du Père insondable. Ce qu’est le Père dans son insondable profondeur, le Fils l’est dans sa créature ; car la puissance dans la créature est une avec la puissance hors de la créature, une substantialité dans laquelle habitent les anges et les hommes ; elle donne le paradis et les délices, mais clans l’humanité aussi la chair et le sang ; c’est pourquoi elle est et demeure aussi une créature, mais incréée; née, cependant., pour une párlie, de Dieu, dès l’éternité, et pour l’autre, de l’humanité. Dieu et l’homme sont devenus une personne, un Christ, un Dieu, un Seigneur, une Sainte — Trinité, dans l’humanité, et en même temps partout; de manière que quand nous voyons Christ, nous voyons la Sainte-Trinité en une image; sa créature ressemble à une image, et dans son humanité il est notre grand-prêtre et roi, notre frère, notre Immanuel ; sa puissance est notre puissance, si, toutefois, nous sommes de rechef nés de Dieu dans la foi en lui. Il ne nous est point étranger ni terrible, mais bien notre teinture d’amour ; il est par sa vertu, la restauration de nos âmes, notre vie et les délices de nos âmes; quand nous le trouvons, nous trouvons notre aide, tout comme Adam devait le trouver, lui qui se laissa tromper et trouva enfin une femme, de laquelle il dit : ceci est chair de ma chair et os de mes os; après quoi, il la prit pour compagne (Gen. II : 23).
24. Ainsi, quand notre âme le trouve, elle dit : Voici ma vierge que j’avais perdue en Adam et qui avait été transformée en femme terrestre; maintenant, j’ai retrouvé ma chère vierge, issue de mon corps, et je ne la laisserai plus aller; elle est à moi, ma chair et mon sang, ma force et ma vie, que je perdis en Adam; je la garderai. O un aimable tenir! douce inqualification, beauté, fruit, force et vertu !
25. La pauvre âme trouve alors la teinture de sa lumière perdue et sa chère vierge. La femme trouve le noble époux que la matrice de Vénus a toujours ardemment désiré, mais n’a trouvé qu’un sulphur masculin terrestre, et a dû se laisser engrosser de semence terrestre. Ici elle reçoit la teinture du vrai feu, la vraie teinture masculine; en sorte qu’elle devient aussi une vraie vierge virile, tel qu’était Adam dans l’innocence.