Boehme

D’ailleurs, un auteur allemand, dont j’ai traduit et publié les deux premiers ouvrages, savoir, l’Aurore naissante et les trois principes, peut suppléer amplement à ce qui manque dans les miens. Cet auteur allemand, mort depuis près de deux cents ans, nommé Jacob Boehme, et regardé dans son temps comme le prince des philosophes divins, a laissé dans ses nombreux écrits, qui contiennent près de trente traités différents, des développements extraordinaires et étonnants sur notre nature primitive ; sur la source du mal ; sur l’essence et les lois de l’univers ; sur l’origine de la pesanteur ; sur ce qu’il appelle les sept roues ou les sept puissances de la nature ; sur l’origine de l’eau ; (origine confirmée par la chimie, qui enseigne que l’eau est un corps brûlé) ; sur le genre de la prévarication des anges de ténèbres ; sur le genre de celle de l’homme ; sur le mode de réhabilitation que l’éternel amour a employé pour réintégrer l’espèce humaine dans ses droits, etc. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Homme, ces essences et ces propriétés de l’univers se sont emparées de tout ton être ; voilà pourquoi les douleurs vives de la régénération doivent se faire sentir dans tout ton être, jusqu’à ce que ces bases fausses et sources de tes écarts, de tes ténèbres et de tes angoisses, étant disparues, elles puissent être remplacées par l’esprit et les essences d’un autre univers, dont tu aies à attendre des fruits plus doux et plus salutaires, c’est-à-dire, par les fruits du premier et véritable univers, ce que Jacob Boehme désigne sous le nom de l’élément pur. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Cette substance de vie ne peut être que l’éternelle parole qui ne cessant de se créer elle-même, comme les écrits de Boehme l’ont amplement enseigné, ne cesse aussi de soutenir, par ses puissances, toutes les régions qu’elle a créées. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Néanmoins dans cette série de la formation des êtres qui vient de nous occuper, il y a un point important qui se refuse à notre connaissance ; c’est le magisme de la génération des choses, et encore ne s’y refuse-t-il que parce ce que nous cherchons à atteindre, par l’analyse, ce qui en soi n’est appréhensible que par une impression cachée ; et même on peut dire que sur ce point Jacob Boehme a levé presque tous les voiles en développant à notre esprit les sept formes de la nature, jusque dans la racine éternelle des êtres. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Le vrai caractère du magisme est d’être le médium et le moyen de passage de l’état de dispersion absolue ou d’indifférence, que Boehme appelle abyssale, à l’état de sensibilisation quelconque caractérisée, soit spirituelle, soit naturelle, tant simple qu’élémentaire. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Avant d’exposer cette hypothèse, je dois rappeler que son auteur qui est Jacob Boehme, était attaché à toutes les opinions que nous avons énoncées précédemment sur l’existence d’un principe universel, à la fois dominateur suprême et source de tout ce qui est au nombre des êtres ; sur la nature de l’homme pensant et distinct de la classe animale ; sur la dégradation de l’espèce humaine, dégradation qui s’est étendue jusqu’à l’univers lui-même, et a fait que cet univers n’est plus que comme notre prison et notre tombeau, au lieu d’être pour nous une demeure de gloire, etc. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Vous qui aimeriez à connaître la raison des choses, souvenez-vous qu’elle ne se trouve point dans leurs surfaces ; elle ne se trouve pas même dans leur centre extérieur qui est le seul que sachent ouvrir les sciences humaines. Elle ne doit se trouver que dans leur centre intérieur, parce que c’est là où leur vie demeure ; mais comme leur vie est le fruit de la parole, ce n’est aussi que par la parole que leur centre intérieur peut s’ouvrir, et sans ce moyen-là je ne crains point de dire que l’on pourra bien obtenir les prix proposés au sujet d’un fluide très fameux de nos jours, mais qu’on ne pourra pas les gagner, parce que ce fluide-là, quoiqu’on ait raison d’en faire une étude sérieuse, et quoiqu’il puisse en effet conduire aux plus grandes découvertes, est encore, pour parler le langage de Boehme, renfermé dans les quatre premières formes de la nature, et qu’il n’y a que la parole qui puisse ouvrir la porte de sa prison. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Et ici nous sommes obligés de rappeler que les éternelles puissances génératrices de cet Être universel reposent, comme tout ce qui existe, sur deux bases fondamentales que dans l’esprit des choses, nous avons indiquées sous les noms de la force et de la résistance ; et que Jacob Boehme, en les appliquant à la Divinité, représente sous les noms du double désir qu’elle a de rester dans son propre centre, et d’y développer cependant ses universelles splendeurs ; sous les noms d’âpreté et de douceur ; de ténèbres et de lumière ; et même sous les noms d’angoisses et de délices, de colère et d’amour, quoiqu’il dise sans cesse que dans Dieu, il n’y a ni âpreté, ni ténèbres, ni angoisses, ni colère, et qu’il ne se serve de ces expressions que pour désigner des puissances qui sont diverses, mais qui, agissant simultanément, offrent, et offriront éternellement la plus parfaite unité, non seulement avec elles-mêmes, mais encore avec cet universel et éternel esprit, qu’elles n’ont jamais cessé et qu’elles ne cesseront jamais d’engendrer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

(Sur l’objet de ces voies religieuses ouvertes à l’homme par l’amour suprême j’engagerai le lecteur à puiser, s’il le peut, dans un des ouvrages de Jacob Boehme, intitulé Mysterium magnum, le grand Mystère. Il y verra de nombreuses ramifications de l’arbre de l’alliance, que cet amour suprême a renouvelée avec l’homme depuis sa dégradation. Il y verra la sève de cet arbre se montrer d’abord dans les racines puis se développer successivement dans les différents bourgeons à mesure qu’ils s’étendent, et enfin, déployer dans les fleurs et les fruits de cet arbre toutes les propriétés contenues dans son germe et élaborées dans ses canaux ; il y verra continuellement la ligne réelle enveloppée sous la ligue figurative, et cependant une seule et unique sève parcourant simultanément ces deux différentes lignes, s’y faisant reconnaître même dans la diversité des caractères qu’elle prend, et harmonisant ainsi toutes les époques qu’elle embrasse dans son cours. Mais il y verra aussi une sève opposée circuler également sur la terre, depuis que nous y sommes emprisonnés, et offrir depuis cette première époque jusqu’à nos jours un sanctuaire d’abomination, à côté du sanctuaire de la sainteté. Les tableaux qu’il rencontrera dans cet auteur l’instruiront considérablement sur le cours de ces différentes voies religieuses qui se sont étendues sur la terre, et je me contente de lui indiquer ce dépôt, que sans cela il me faudrait traduire et transcrire presque en entier). SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Parmi ces institutions religieuses établies généralement sur la terre, et dont nous avons comme absolument perdu les traces, les sacrifices des animaux et des autres productions de la nature paraissent tenir une place très importante, et mériter que nous les considérions avec quelque détail, d’autant que ni les traditions, ni les observateurs ne nous ont rien transmis de satisfaisant sur cet objet, et Jacob Boehme lui-même ne nous a rien donné de complet sur cet article, quoiqu’il nous ait présenté à cet égard de magnifique aperçus. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

La loi des Hébreux nous annonce qu’il y a des animaux purs et des animaux impurs. Jacob Boehme en donne une raison positive dans la diversité des deux teintures en harmonie avant le crime, et subdivisées depuis la grande altération. La nature permet que cette distinction ne nous paraisse pas très étrangère, puisque parmi les animaux nous en reconnaissons de salutaires et de malfaisants. Ainsi, quand l’écriture n’aurait eu là qu’un sens physique, elle ne se serait pas éloignée de la probabilité. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Les mots hébraïques même sont d’un médiocre secours pour communiquer la lumière sur ce grand objet. Ils n’ont procédé d’une manière active que pour des noms d’homme, c’est-à-dire, par rapport aux générations du peuple choisi et de ses ministres, comme on le voit aux noms caractéristiques des patriarches et des prophètes, parce que c’est de l’homme dont il s’agissait principalement dans cette voie d’élection et de restauration ; au lieu que le temps de la grande réhabilitation de la nature n’étant pas encore venu, les noms des plantes et des animaux ne procèdent pas plus dans la langue hébraïque que dans les autres langues, et leurs noms vrais sont encore ensevelis dans la langue que Jacob Boehme appelle la langue de la nature, et cela jusqu’à ce que les sceaux soient levés. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Après être devenu principe de vie corporelle, il a fallu qu’il devînt élément terrestre, en s’unissant à la région élémentaire ; et de là il a fallu qu’il se fit chair dans le sein d’une vierge terrestre, en s’enveloppant de la chair provenue de la prévarication du premier homme, puisque c’était de la chair, des éléments, et de l’esprit du grand monde qu’il venait nous délivrer. Et sur ceci je ne puis que renvoyer à Jacob Boehme qui a répandu sur ces objets des lumières assez vastes et assez profondes pour dédommager les lecteurs de toutes les peines qu’ils pourront prendre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

C’est pour cela que nos connaissances spirituelles ne devraient être que le prix journalier de notre action constante ; quelles magnifiques lumières qui nous ont été communiquées par des hommes choisis, notamment par Jacob Boehme, sembleraient même n’appartenir qu’à l’époque qui succédera à l’existence de ce monde, et auraient l’air de ne devoir être que le prix de l’action universelle qui est censée nous appeler, en qualité d’administrateurs, à renouveler la face du monde, et à faire descendre les nouveaux cieux et la nouvelle terre où nous aurons à contempler l’universalité des merveilles naturelles, spirituelles et divines de la parole. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.

Que l’homme voie là s’il doit jamais rien se permettre, que ce ne soit de concert avec Dieu. Jacob Boehme a dit qu’un désir même était un péché. Si un désir que nous ne partageons pas avec Dieu est un péché, une pensée qui n’est pas de Dieu est une embûche ; un projet qui n’est pas de Dieu est une atteinte à sa puissance ; une parole qui n’est pas de Dieu est une usurpation sur ses droits ; une action qui n’est pas de Dieu est un vol fait à son universelle activité ; un seul mouvement qui n’est pas de Dieu est le crime d’une imprudente ambition. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.