Au reste, ceux qui croient Dieu éternel, seraient-ils plus en état de comprendre cette éternité divine et de la démontrer, s’ils ne s’appuyaient que sur des témoignages pris dans le temps ; et, quelque forte que fût leur persuasion ne seraient-ils pas dans un grand travail, s’ils voulaient, par des moyens aussi inférieurs, porter l’esprit de l’homme au sommet de cette imposante vérité ? PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Car il n’y a que les esclaves de l’ignorance et des jugements précipités, qui pourraient imaginer de faire descendre l’esprit de la matière, et par conséquent ce que nous appelons l’autre monde de celui-ci, tandis que celui-ci paraîtrait au contraire dériver de l’autre, et ne venir qu’après lui. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Cela nous montre également combien l’Homme-Esprit doit se trouver extraligné en étant emprisonné par les éléments matériels, et combien ces éléments matériels ou ce monde-ci est insuffisant pour signaler la Divinité : aussi, rigoureusement parlant, nous ne sortons jamais de l’autre monde ou du monde de l’Esprit, quoique si peu de gens croient à son existence. Nous ne pouvons douter de cette vérité, puisque, même pour faire valoir les preuves que nous tirons de la matière ou de ce monde-ci, nous sommes obligés de lui prêter les qualités de l’esprit ou de l’autre monde. La raison en est que tout tient à l’esprit, et que tout correspond à l’esprit, comme nous le verrons par la suite. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Une résistance est un obstacle ; un obstacle dans la classe de l’esprit est une antipathie et une inimitié ; mais une inimitié en action est une puissance hostile et combattante : or cette puissance étendant sans cesse ses forces autour de nous, nous tient dans une situation violente et pénible, dans laquelle nous ne devrions pas être, et hors de laquelle cette puissance serait pour nous comme inconnue et comme n’existant pas, puisque nous sentons intérieurement que nous sommes faits pour la paix et le repos. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Homme, ouvre donc un instant les yeux ; car avec tes jugements inconséquents, non seulement tu ne recouvreras pas tes privilèges, mais tu pourras encore moins les anéantir. Les êtres physiques ne cessent même de te donner des leçons qui devraient t’instruire. Les animaux sont tout coeur ; et il est bien clair que quoiqu’ils ne soient pas des machines, ils n’ont cependant point d’esprit, puisqu’il est comme distinct d’eux, hors d’eux et à côté d’eux. Ils n’ont point, par cette raison, à établir comme nous une alliance entre eux et leur principe. Mais vu la régularité de leur marche, on ne peut nier, à la honte de l’homme, que l’ensemble des êtres non libres ne manifeste une alliance plus suivie et plus complète que celle que nous sommes les maîtres de former en nous-mêmes avec notre principe. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’excepté l’homme, l’universalité des êtres se montre à nous comme autant de coeurs dont Dieu est l’esprit. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Mais en travaillant à nous rendre de nouveau images de Dieu, nous obtenons l’avantage inexprimable, non seulement de faire disparaître par intervalle notre privation et notre dégradation ; mais en même temps celui d’approcher et de jouir réellement de ce que les hommes avides de gloire appellent l’immortalité ; car le désir vague de l’homme du torrent, de vivre dans l’esprit des autres, est la preuve la plus faible et la plus fausse de toutes celles que le vulgaire emploie en faveur de la dignité de l’âme humaine. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
En effet, quoique l’homme soit esprit, quoique dans tous ses actes, soit réguliers, soit désordonnés, il ait toujours un mobile spirituel quelconque, et que dans ce qui émane de lui, il ne puisse jamais travailler que par l’esprit et pour l’esprit ; cependant il n’est porté à ce désir d’immortalité que par un mouvement d’amour-propre, et par le sentiment présent d’une supériorité sur les autres, et d’une admiration de leur part, dont le tableau actuel, le frappe et le remue ; et s’il ne voit pas jour à effectuer ce tableau, son désir et les oeuvres qui en sont souvent les suites courent le risque de se ralentir. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
S’ils avaient une véritable conviction de cette immortalité, ce serait en cherchant à travailler dans le Dieu réel et pour le Dieu réel, et par conséquent en s’oubliant eux-mêmes, qu’ils donneraient une preuve authentique de cette conviction ; et en même temps leurs espérances de vivre dans l’immortalité, ne seraient point déçues, parce qu’ils sèmeraient alors dans un champ où ils seraient bien sûrs de retrouver leur grain ; au lieu que ne travaillant que dans le temps, et ne semant que dans l’esprit des hommes, dont une partie aura bientôt oublié leurs oeuvres, et dont l’autre n’en aura peut-être jamais connaissance, c’est s’y prendre de la manière la plus désavantageuse et la plus maladroite pour s’établir, comme ils s’en flattent, dans les demeures de l’immortalité. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
C’est là aussi où nous apprenons de nouveau, qu’il y a un être encore plus malheureux sans doute, c’est le prince du mensonge, puisque sans lui nous n’aurions pas même idée de lui, attendu que chaque chose ne peut être révélée que par elle-même, comme on a pu le voir dans l’esprit des choses PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Homme ! Homme ! laisse-là ces livres si infructueux pour toi, et jette-toi dans la voie des oeuvres, si tu es assez heureux pour comprendre le vrai sens de ce mot. Jettes-y toi au prix de tes sueurs et de ton sang, et ne prends point la plume que tu n’aies à nous retracer quelque découverte dans l’ordre de la véritable science ; quelqu’expérience instructive dans les oeuvres de l’esprit, ou quelque glorieuse conquête opérée sur le royaume du mensonge et des ténèbres. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Autant donc celui qui n’est pas administrateur des choses divines, doit se défier de ses pensées, et en épargner la connaissance aux autres hommes ; autant celui qui est au nombre de ces administrateurs, doit-il avec soin recueillir les siennes, et les répandre dans le commerce de l’esprit des hommes, ne fussent-elles que comme des germes que le Maître lui envoie pour ensemencer le jardin d’Eden. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Hommes, mes frères, lisez donc sans relâche dans cet homme, dans ce livre par excellence ; ne rejetez pas pour cela la lecture de ces autres livres écrits par les administrateurs de la chose divine, et qui peuvent vous rendre journellement de si grands services ! Avec tous ces puissants moyens qui vous sont offerts, ouvrez les régions de la nature, ouvrez les régions de l’esprit, ouvrez les régions mêmes de la divinité, que nous pouvons appeler d’avance les régions de la parole ; et venez ensuite nous raconter toutes les merveilles vivifiantes et salutaires que vous aurez rencontrées dans ces régions où tout est merveille. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Enfin, le temps marche vers sa vieillesse : l’âge de l’esprit doit s’avancer, puisque des prodiges opérés par la puissance suprême, sont les seuls moyens qu’elle ait aujourd’hui à employer pour se faire reconnaître et respecter des mortels. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Mais si vous êtes du nombre de ces ouvriers, n’oubliez pas, quand vous aurez ouvert les régions de la nature, les régions de l’esprit, les régions même de la Divinité : quand vous viendrez nous en raconter les merveilles, quand vous prendrez la plume pour nous les décrire ; n’oubliez pas, dis-je, à quel prix vous en aurez obtenu la connaissance ; n’oubliez pas que vous n’avez acquis le droit d’en parler, qu’après avoir versé dans ces laborieuses et utiles recherches vos sueurs et votre sang ; n’oubliez pas même que vous ne devez pas cesser, en les décrivant, de verser ces sueurs et ce sang pour recueillir de nouvelles perles dans cette mine inépuisable à laquelle vous êtes condamnés de travailler tous les jours de votre vie. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Au contraire, ces choses divines et spirituelles touchent infiniment plus nos facultés aimantes et admirantes, qu’elles ne se prêtent à toutes les avidités de notre intelligence ; il semble même que ce soit pour nous ménager une plus vaste mesure de cette admiration, qu’elles ne se livrent pas, selon notre gré, à nos perceptions ; car si nous les soumettions ainsi à notre connaissance, nous ne les admirerions plus autant, et par conséquent nous aurions moins de plaisir, puisque s’il est vrai que notre bonheur soit d’admirer, il est vrai aussi qu’admirer c’est moins connaître que sentir, ce qui fait que Dieu et l’esprit sont si doux et en même temps si peu connus. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
La porte par où l’intelligence sort d’elle-même, est la porte par où elle entre dans l’esprit de l’univers. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
La porte par où l’esprit de l’univers sort de lui-même, est celle par où il entre dans les éléments et dans la matière. C’est pourquoi les savants qui ne marchent point par toutes ces voies, n’entrent jamais dans la nature. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
En effet, de même que les êtres animés répandus dans la nature, ne connaissent en lui-même, ni l’esprit de cet univers, ni les germes des végétaux qui ne sont que le résultat et l’expression sensibilisée des propriétés de cet esprit de l’univers, et qu’ils ne connaissent toutes ces choses que dans les saveurs des fruits dont ils se nourrissent ; de même les anges ne connaissent le père que dans le fils. Ils ne le connaissent ni dans lui-même, ni dans la nature, qui, surtout depuis la première altération, est bien plus rapprochée du père que du fils, par la concentration qu’elle a éprouvée ; et ils ne peuvent le comprendre que dans la divine splendeur du fils, lequel à son tour n’a son image que dans le coeur de l’homme, et ne l’a point dans la nature. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
C’est aussi pour cela que dans la carrière des sciences et des lettres, les hommes mettent au premier rang ceux qui découvrent les grandes lois de la nature ; et dans la carrière religieuse, ceux qui ont été revêtus des grandes puissances de l’esprit. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
C’est aussi le seul moyen par lequel les plans divins peuvent se remplir, puisque l’homme est né pour être le principal ministre de la Divinité ; car aujourd’hui même le corps matériel que nous portons est bien supérieur à la terre. Notre esprit animal est bien supérieur à l’esprit de l’univers par sa jonction avec notre esprit animique, qui est notre vraie âme ; et notre esprit animique est bien supérieur aux anges. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
L’ennemi fut ambitieux dès le commencement, parce qu’il lisait dans les merveilles de la gloire, et qu’il voulut en détourner la source vers lui et la dominer. L’homme ne commença point ses écarts par ce crime, car il ne devait parvenir aux merveilles de la gloire, qu’à mesure qu’il aurait rempli sa mission, et il ne connaissait point encore ces merveilles au moment où il reçut l’existence. Mais il commença ses écarts par la faiblesse, comme font encore aujourd’hui tous ses enfants dans leur bas âge, où les objets d’ambition ne les touchent point ; et cette faiblesse fut de s’être laissé frapper, attirer et pénétrer par l’esprit de l’univers, tandis que le malheureux homme était d’un ordre et d’une région au-dessus de la région de ce monde. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Il faut que nous sentions l’esprit nous sillonner de la tête aux pieds, comme avec de robustes socs de charrue qui arrachent en nous les vieux troncs d’arbres, les racines entrelacées dans notre terre, et tous les corps étrangers et nombreux qui s’opposent à notre végétation et à notre fertilisation. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Il faut que tout ce qui est entré en nous par la voie du charme et de la séduction, en sorte par la voie de la douleur et du déchirement : or, ce qui est entré en nous n’est rien moins que l’esprit de cet univers même avec toutes ses essences et toutes ses propriétés ; elles y ont fructifié avec abondance ; elles s’y sont transformées en sels corrosifs, en humeurs infectes, et tellement coagulées, qu’elles ne peuvent se séparer de nous que par des curatifs violents et des transpirations excessives. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Homme, ces essences et ces propriétés de l’univers se sont emparées de tout ton être ; voilà pourquoi les douleurs vives de la régénération doivent se faire sentir dans tout ton être, jusqu’à ce que ces bases fausses et sources de tes écarts, de tes ténèbres et de tes angoisses, étant disparues, elles puissent être remplacées par l’esprit et les essences d’un autre univers, dont tu aies à attendre des fruits plus doux et plus salutaires, c’est-à-dire, par les fruits du premier et véritable univers, ce que Jacob Boehme désigne sous le nom de l’élément pur. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Ce n’est point par des discours qu’on détruit son règne, soit dans la nature, soit dans l’esprit des hommes. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Tel devrait être même l’esprit de notre régime alimentaire ; et si l’homme était prudent, il ne se permettrait jamais de prendre ses repas matériels, qu’il n’eût commencé à ressusciter en lui la faim divine, et qu’il ne l’eût sentie. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
C’est depuis que nous nous sommes assujettis aux climats de l’esprit, que nous sommes exposés à ces différentes températures. Nous étions faits primitivement pour le climat pur et uniforme, où la température est douce et le printemps perpétuel. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
C’est donc cette privation qui fait réellement que la nature est dans une tourmente perpétuelle, ou dans ce que les hommes de l’esprit ont appelé la vanité. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Il faudra bien même un jour que tu entres aussi dans les tourmentes de l’esprit et dans les tourmentes de Dieu et de la parole, tant dans l’ordre particulier que dans l’ordre universel ; car les droits de ton être t’appellent à agir également par des mouvements coordonnés dans ces deux régions ; et c’est alors que tu avanceras dans ta renaissance, et que l’oeuvre s’agrandira pour toi. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Ce n’est point la matière qui est divisible à l’infini ; c’est la base de son action, ou, si l’on veut, les puissances spiritueuses de ce qu’on peut appeler l’esprit de la matière ou de l’esprit astral. Ces puissances sont innombrables. Dès l’instant qu’elles doivent se transformer en caractères et figures sensibles, elles ne manquent pas de substances pour cela, puisqu’elles en sont imprégnées et qu’elles les produisent de concert avec le pouvoir élémentaire auquel elles s’unissent. C’est par là qu’ici-bas tout ce qui existe, se crée la substance de son propre corps. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Or, la petitesse infinie des corps, telle que dans certains insectes, ne doit point surprendre. quoiqu’ils soient complètement organisés pour leur espèce. Tous les corps ne sont qu’une réalisation du plan de l’esprit astral et de la puissance spiritueuse particulière opérative de chaque corps ; et c’est ici qu’il faut se pénétrer d’une vérité qui est que, dans toutes les régions, l’esprit ne connaissant point d’espace, mais seulement de l’intensité dans ses vertus radicales. il n’y a pas une seule puissance spiritueuse de l’esprit, qui, quand même elle ne se rendrait pas sensible matériellement, ne le soit selon l’élément caché, ou selon la corporisation supérieure que nous avons présentée précédemment sous le nom de l’éternelle nature. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Le passage de cette région-là à la région matérielle n’a lieu que par la plus extrême concentration et atténuation de cette puissance spiritueuse de l’esprit, sur laquelle le pouvoir élémentaire étend ses droits pour lui aider à former son corps ou son enveloppe. Ce pouvoir élémentaire a une puissance complète dans sa région ; il l’exerce avec un empire universel sur toutes les bases spiritueuses qui se présentent à lui : elles et lui ne se joignent que par leur minimum, qui ici se trouve en sens inverse, puisque l’un est le minimum de l’atténuation, et l’autre, le minimum de la croissance ou du développement. La base spiritueuse opère à son tour par son action vive une réaction sur le pouvoir élémentaire ; ce qui fait qu’à mesure que cette base se développe, le pouvoir élémentaire se développe aussi pour la poursuivre, comme on le voit à la croissance des arbres et des animaux. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Tandis que Kepler démontrait, Descartes cherchait à expliquer : tant l’esprit de l’homme a d’attrait pour connaître non seulement le cours de ces grands corps de la nature, et la durée et les lois de leurs mouvements périodiques, mais encore la cause mécanique de ces mouvements ; et c’est ce qui néanmoins a mené ce beau génie à ces infortunés tourbillons qu’on a rejetés, sans avoir encore rien mis en leur place. Car la connaissance des lois astronomiques, et l’attraction elle-même embrassent les règles du mouvement des astres, et n’en expliquent pas le mécanisme. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Sans porter plus loin l’examen de ces hypothèses défectueuses, je dirai qu’en général, ce qui nuit à la justesse et à la vérité des hypothèses enfantées par l’esprit humain, c’est le penchant secret qui l’entraîne à chercher aux phénomènes de la nature un mécanisme uniforme et un élément unique, comme lui paraissant ce qu’il y a de plus régulier et de plus parfait. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Néanmoins, comme la mobilité avait gagné jusqu’à la racine de toutes les formes de la nature par l’éruption et l’introduction intérieure de la puissance de la lumière, cela fit que la nature ne pouvait pas demeurer en repos ; aussi elle eut les angoisses de l’enfantement, et la région rigide et âpre, au-dessus de la hauteur de Jupiter, engendra de l’esprit de l’âpreté le fils astringent froid et austère, ou la planète Saturne. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
L’auteur ne parle point des comètes. Je les ai comparées, dans l’esprit des choses, à des espèces d’aides de camp qui communiquent dans l’exercice de leurs fonctions à tous les points d’une armée et d’un champ de bataille. Cela pourrait diminuer notre surprise de voir se tracer dans tous les sens les directions de ces comètes, ce qui n’est point propre aux planètes. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
J’ai dit dans l’esprit des choses, que la Terre n’en existerait pas moins, quand même elle ne serait pas habitée, puisque cette propriété qu’elle a d’être habitée, n’est que comme secondaire et étrangère à son existence. Ainsi, quoique nous la voyions habitée, ce n’est pas une raison décisive pour conclure que les autres planètes le soient, malgré l’analogie qui autorise à en former la conjecture. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
On peut regarder l’esprit d’une chose comme étant l’engendrement actuel, soit partiel, soit complet des puissances de son ordre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est ainsi que la musique ne nous fait connaître ce qu’elle est, que par l’émission actuelle des sons par lesquels elle se transmet à nos oreilles, et qui ne sont que l’expression effective ou l’esprit actif des plans ou des tableaux qu’elle veut nous peindre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est ainsi que le vent est l’émission actuelle de l’air comprimé par les nuages ou les puissances de l’atmosphère. Aussi quant à l’ordre élémentaire, dès qu’il n’y a plus de compression, il n’y a plus de vent : or, l’on sait que les langues anciennes employaient le même mot pour exprimer le vent, le souffle et l’esprit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est ainsi que l’haleine de l’Homme et des autres animaux, est l’émission actuelle de ce qui résulte en eux de l’union de l’air avec leurs forces vitales ; aussi quand leurs forces vitales cessent, l’haleine ou l’esprit et l’expression de la vie cessent aussitôt. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est ainsi que le jaillissement de nos pensées, et de ce que le monde appelle de l’esprit dans l’Homme, est l’émission actuelle de ce qu’une fermentation secrète a développé dans les puissances de notre entendement, et ce jaillissement est par conséquent le fruit de leur actuel engendrement : aussi quand cette fermentation secrète se suspend en nous, nous sommes comme n’ayant plus de pensée, comme n’ayant plus de ce que nous appelons de l’esprit, quoique nous ayons toujours en nous les germes qui peuvent en produire. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Et ici nous sommes obligés de rappeler que les éternelles puissances génératrices de cet Être universel reposent, comme tout ce qui existe, sur deux bases fondamentales que dans l’esprit des choses, nous avons indiquées sous les noms de la force et de la résistance ; et que Jacob Boehme, en les appliquant à la Divinité, représente sous les noms du double désir qu’elle a de rester dans son propre centre, et d’y développer cependant ses universelles splendeurs ; sous les noms d’âpreté et de douceur ; de ténèbres et de lumière ; et même sous les noms d’angoisses et de délices, de colère et d’amour, quoiqu’il dise sans cesse que dans Dieu, il n’y a ni âpreté, ni ténèbres, ni angoisses, ni colère, et qu’il ne se serve de ces expressions que pour désigner des puissances qui sont diverses, mais qui, agissant simultanément, offrent, et offriront éternellement la plus parfaite unité, non seulement avec elles-mêmes, mais encore avec cet universel et éternel esprit, qu’elles n’ont jamais cessé et qu’elles ne cesseront jamais d’engendrer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Oui, pour peu que nous plongions nos regards dans les profondeurs de notre existence intime, nous ne tarderons pas à sentir que toutes les sources divines avec leur esprit universel abondent et coulent à la fois dans la racine de notre être, que nous sommes un résultat constant et perpétuel de l’engendrement de notre principe générateur, qu’il est continuellement dans son actualité en nous, et qu’ainsi d’après la définition de l’esprit que nous avons donnée ci-dessus, nous pouvons aisément reconnaître comment un être qui est susceptible de sentir bouillonner sans cesse en lui la source divine, a le droit de porter le nom de l’Homme-Esprit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Aussi quand on nous dit dans l’évangile : chercher d’abord le royaume de Dieu et la justice, le reste vous sera donné par-dessus, on peut bien croire qu’en effet les secours temporels dont nous avons besoin ne nous manqueront pas, si nous savons établir notre demeure dans les trésors spirituels ; mais cela va, encore plus loin, car cela signifie aussi que nous devons chercher d’abord le royaume divin, et que le royaume spirituel nous sera donné pardessus, c’est-à-dire, que si nous savons établir notre demeure dans Dieu, il n’y aura rien dans les lumières et les puissants dons de l’esprit qui nous soit refusé. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Voilà pourquoi ceux qui ne cherchent que dans les sciences de l’esprit, et ne vont pas directement à Dieu, prennent le chemin le plus long, et s’égarent souvent. Voilà pourquoi enfin il est dit qu’il n’y a qu’une chose de nécessaire, parce qu’elle embrasse toutes les autres. C’est en effet une loi indispensable qu’une région embrasse, domine, possède et dispose de ce qui est après elle et dans un rang inférieur à elle. Ainsi la région divine étant au-dessus de toutes les régions, il n’est pas étonnant qu’en l’atteignant, on atteigne la suprématie sur toutes choses. Cherchons donc Dieu, et ne cherchons que cela si nous voulons avoir tout ; car c’est pour cela que nous avons pris naissance dans la source de l’éternel désir et de l’universel ESPRIT. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
La race sainte de l’homme qui avait été engendrée dans la source de l’admiration et dans la source du désir et de l’intelligence, avait donc été établie dans la région de l’immensité temporelle comme un astre brillant, afin qu’elle y répandit une céleste lumière ; enfin, l’homme était cet être qui avait été placé entre la Divinité et l’ancien prévaricateur et qui à son gré pouvait produire dans la région de l’esprit, les traits imposants de la foudre et des éclairs, et la sérénité des plus douces températures, couvrir de chaînes les coupables et les plonger dans les ténèbres, ou graver sur les régions paisibles les signes de l’amour et des consolations. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il le recommence comme un héritier recommence son devancier, ou comme un fils recommence son père, c’est-à-dire, en possédant tout ce qui appartient à ce devancier ou à ce père, sans quoi il ne pourrait pas les représenter ; avec cette différence que dans l’ordre de l’esprit, la vie reste à la source qui la transmet, parce que cette source est simple ; au lieu que dans l’ordre de la matière, la vie ne reste pas dans la source qui engendre, attendu que cette source est mixte, et ne peut engendrer qu’en se divisant. Aussi dans l’ordre de la matière et particulièrement dans les végétations, le fruit qui est la vie ou le germe, et la graine qui est la mort, se trouvent-ils liés l’un avec l’autre. Dans la graine, la vie est cachée dans la mort ; dans le fruit, la mort est cachée dans la vie. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Cet ennemi qui est esprit, ôte même à l’homme l’idée d’une fin, en le promenant dans ses illusions, parce qu’il travaille l’homme dans l’esprit, tout en n’ayant l’air que de le travailler dans l’ordre des choses passagères, et parce que l’homme qui est esprit porte naturellement la couleur de son existence illimitée sur tout ce qu’il éprouve, et sur tout ce qu’il approche. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car tous les êtres spirituels et divins même ont besoin de ces sagesses qui servent de miroir à leur propre esprit, comme ils en servent à l’esprit de la divinité ; et il n’y a que la classe animale et matérielle qui n’a pas besoin de ces miroirs, puisqu’elle n’a point d’oeuvre de sagesse à produire. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est par l’irruption de l’esprit en nous, et par l’élan de notre propre esprit, que nous pouvons parvenir à devenir l’action des choses, parce que c’est par cet élan que nous dégageons chaque principe de ses enveloppes, et que nous lui faisons manifester ses propriétés : élan qui opère en nous ce que le souffle opère dans les animaux, ou ce que l’air opère dans la nature. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Aussi l’on peut dire, à la rigueur, que tout s’opère par l’esprit et par l’air dans tous les détails de l’ordre universel des choses ; aussi n’y a-t-il dans la nature élémentaire que l’air qui soit ouvert, et qui ouvre tout, comme dans la nature spirituelle, il n’y a ici-bas que l’esprit de l’homme qui ait ce double privilège ; et c’est parce que l’air est ouvert, que la voix de l’Homme-Esprit a de si grands droits sur toutes les régions. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Mais aussi, comme l’esprit de l’homme pénètre jusqu’au centre universel, il ne faut pas être surpris de voir les hommes si ravis et si entraînés par les différents dons et les différents talents et occupations auxquelles ils s’attachent. Toutes ces choses conduisent à un terme final qui est le même, savoir, au magisme de la chose divine qui embrasse tout, qui remplit tout, et qui perce partout. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est là ce même principe auquel sans le savoir, les littérateurs ont essayé de ramener tous les beaux-arts, et c’est à ce même principe qu’on doit ramener toutes les sciences, toutes les découvertes, toutes les inventions, tous les secrets, toutes les sublimités des génies des hommes, ainsi que tous les charmes et toutes les joies que nous pouvons tous recevoir par ces moyens-là dans ce bas monde ; parce que, si l’esprit du Seigneur remplit toute la terre, nous ne pouvons nous remuer, que nous ne touchions à l’esprit du Seigneur. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Or, pour peu que nous approchions de l’esprit du Seigneur, ne sommes-nous pas imprégnés de félicités ? Et s’il n’y a qu’un seul esprit du Seigneur, toutes nos félicités ne reposent-elles pas sur le même siège et ne sont-elles pas radicalement les mêmes ? SECONDE PARTIE. De l’Homme.
L’ennemi a aussi l’élan de son propre esprit, ou un souffle, par le moyen duquel il cherche à nous soumettre à sa fausse puissance, bien loin de nous faire triompher. Mais ce souffle de l’ennemi, son esprit enfin n’est pas ouvert comme celui de l’homme. Voilà pourquoi, quand nous sommes surveillants, il ne peut rien dans l’ordre de l’esprit, ni même dans l’ordre de la nature, attendu qu’alors il n’a plus d’accès dans l’air qui, quoique ouvert, demeure néanmoins fermé pour lui. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ceux qui sont encore plus bas, et dans les simples régions de la matière, tombent dans la classe des boeufs ; et, selon Paul, Dieu ne se mêle pas des boeufs, quoique l’esprit s’en soit mêlé lors du Lévitisme, et par rapport aux Juifs qui alors étaient les apôtres figuratifs. Mais cet esprit ne s’en mêlait point pour les autres peuples qui ne suivaient que des esprits d’abomination dans leurs sacrifices. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ce contraste est si déchirant qu’on ne peut, sans s’affliger, en contempler la perspective dans ces tendres et innocentes créatures, qui sous un dehors si intéressant, recèlent peut-être pour l’avenir toutes les altérations et toutes les honteuses dégradations de l’âme, du coeur et de l’esprit ; qui dans leurs faibles rameaux nourrissent peut-être une sève pestilentielle, dont l’explosion n’en sera que plus meurtrière pour être plus tardive, et différée à un autre temps ; enfin, qui portent peut-être dans leurs essences un suc actuellement doux et bienfaisant, mais qui peut devenir un jour le poison le plus amer et le plus corrosif. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il serait bon de lui dire que la chasteté comprend à la fois la pureté du corps, la justesse de l’esprit, la chaleur du coeur, l’activité de l’âme et de l’amour ; car elle s’étend généralement sur tout ce qui est vertu, et elle est l’absence de tout vice. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il serait bon de lui dire combien il doit se conduire avec prudence dans l’administration des trésors divins qui peuvent lui être confiés par la suprême munificence, puisqu’il ne lui faudra pas marcher longtemps dans la carrière de la vérité, pour sentir qu’il y a des choses qu’on ne peut pas dire, même à l’esprit puisqu’elles sont au-dessus de lui. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Cependant, malgré la puissance de ce signe si instructif, les peuples n’ont pris que la lettre de ce phénomène, au lieu d’en prendre l’esprit ; et c’est une des causes qui ont engendré le culte et l’idolâtrie du soleil. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
La loi qui condamne l’homme à cette servitude, a pour but de le tenir dans la privation, afin que cette privation le conduise au repentir ; le repentir à l’aveu de ses fautes, et l’aveu de ses fautes à la voie qui peut lui en faire obtenir le pardon ; et comme la sagesse suprême est inépuisable dans le zèle qui l’anime pour ce malheureux exilé, elle a dû lui procurer les moyens de se guérir des maux qu’il peut recevoir chaque jour de la main de ses ennemis ; elle a dû lui en procurer pour se préserver des attaques de ces mêmes ennemis ; elle a dû enfin lui en procurer, pour obtenir même des consolations dans sa misère ; et nous ferons en sorte de montrer que tel a été l’esprit de l’institution des sacrifices, quelque absurdes et quelque impies que ces cérémonies aient pu devenir sur la terre, en passant par la main des hommes, et en se dépravant par l’empire de ces mêmes ennemis qu’elles avaient pour objet d’éloigner. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Si ces divers individus sont sujets aux mêmes lois, quant aux désordres auxquels ils sont exposés, ils jouissent aussi des perfections attachées à l’unité de l’action régulière qui les gouverne ; et si les dérangements leur sont communs, le rétablissement doit l’être également, d’où l’on peut présumer d’avance l’esprit et les divers emplois des sacrifices ; mais ce coup d’oeil ne serait pas suffisant si nous ne découvrions pas comment ces sacrifices peuvent opérer, et comment les fruits qui en résultent, peuvent parvenir jusqu’à l’homme. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Mais pour que cette attraction opère de manière à ne pas prolonger les suites et les effets de cette action désordonnée, il faut, premièrement, que le sang de l’animal soit versé ; secondement, que cet animal, quoique pur par sa nature, reçoive de plus quelque action préservatrice, parce qu’il est composé des éléments mixtes, et qu’il est exposé à l’influence désorganisatrice de l’ennemi, comme tout ce qui est matière ; or, l’action préservatrice en question était représentée chez les Hébreux par l’imposition des mains du prêtre sur la tête de la victime, lequel prêtre lui-même doit nous représenter l’homme rétabli dans ses droits primitifs, et voici l’esprit de ces deux lois. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Voilà, ce me semble, où l’on peut puiser, en général, un aperçu touchant l’esprit de l’institution des sacrifices. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ce même coup d’oeil peut nous guider pour découvrir l’esprit particulier, qui était censé diriger en détail toutes les espèces de sacrifices des Hébreux, tels que les sacrifices pour le péché et l’expiation, les sacrifices qui s’appelaient pacifiques, et même ceux qui avaient pour but une sainte réconciliation avec Dieu, et l’union de l’homme avec lui confirmée par les signes sensibles de leur alliance. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
La simple loi de transposition dont nous venons de parler, suffit pour nous faire concevoir quel était l’esprit du sacrifice pour le péché, en précipitant les souillures dans la région du désordre, et sur l’ennemi qui les avait occasionnées. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car ces sortes de personnes sont loin de soupçonner ce grand secret divin, dont il est parlé dans l’esprit des choses, et par lequel la Divinité permet souvent que des êtres innocents deviennent victimes de ces terribles fléaux, ainsi que des grandes catastrophes de la nature, afin qu’en étant précipités avec les coupables, ils les préservent par leur pureté d’une plus grande corruption, comme nous avons soin de couvrir de sels purificateurs les substances alimentaires que nous voulons conserver, et qui sans cela se détruiraient par la putréfaction. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
A la suite de ce terrible exemple de vengeance exercé sur l’Égypte, nous voyons les Hébreux recevoir l’ordre de consacrer à Dieu tous leurs premiers-nés, depuis l’homme jusqu’aux bêtes. Ce rapprochement est un indice de plus en faveur de l’opinion que nous avons avancée sur le but et l’esprit des sacrifices ; car la consécration du prêtre qui semble montrer en elle-même le sens de toutes les autres consécrations, ne se faisait point sans l’immolation d’un bélier. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Néanmoins l’esprit de l’homme inattentif a cru que le nombre exprimant les propriétés de l’être renfermait réellement eu lui ces propriétés ; c’est ce qui a. donné si abusivement tant de crédit, et en même temps tant de défaveurs à la science des nombres, dans laquelle, comme dans mille autres exemples, la forme a emporté le fond ; au lieu que le nombre ne peut pas plus avoir d’existence et de valeur sans les propriétés qu’il représente, qu’un mot n’a de prix sans l’idée dont il est le signe. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Cette époque primaire présenta à la fois trois caractères ; elle fut commémorative de l’appel du premier homme à la vie terrestre ; elle fut l’appel actuel du peuple choisi à la loi de l’esprit, et elle fut l’indice prophétique de notre renaissance future dans la loi de Dieu, et ce triple caractère se trouve dans toutes les époques que nous parcourrons, parce qu’elles sont toutes liées l’une à l’autre dans l’accomplissement du nombre qu’elles représentent et parce qu’elles deviennent ainsi successivement ) commémoratives ; ) actuelles ou effectives et ) figuratives ou prophétiques. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Après avoir été appelés à la vie terrestre, il y a un âge où l’esprit fait sa première jonction avec nous, et nous communique ses premiers rayons. Après que le premier homme fût arraché aux abîmes dans lesquels le crime l’avait plongé, et qu’il eût obtenu, par la mort d’Abel et par la pénitence, l’entrée dans les voies de la justice, il reçut des consolations qui nous sont indiquées par l’avènement de son fils Seth, lequel attira sur sa famille le premier dépôt des dons que la miséricorde suprême daigne encore accorder au genre humain. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Quand même on ignorait à quelle époque le premier homme, qui n’a point été enfant, reçut les premiers secours de la grâce, nous savons que pour l’homme particulier, c’est vers sept ans que les premiers germes de l’esprit se montrent, et qu’ainsi les fruits de ces germes pourraient naturellement se développer à des époques qui correspondissent aux multiples de ce nombre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Dans la première époque, le peuple n’eut rien à faire ; il n’eut qu’à suivre l’esprit qui faisait tout pour lui comme les mères et les nourrices font tout pour les enfants dans leur bas âge. Aussi il n’avait point encore de loi. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Mais ce ne sera point une erreur de dire que le cours de la régénération n’était point assez avancé alors, pour que cette époque présentât à l’esprit du peuple tout ce qu’elle renfermait ; et particulièrement la station que l’homme est obligé de faire pendant un temps, dans les régions médianes, entre sa primitive demeure et sa demeure actuelle, lorsqu’il quitte son enveloppe corporelle qui est pour lui sa terre d’Égypte, et où habite son sang qui est à son égard un véritable Pharaon. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
On peut donc voir là avec confiance la fin du cercle des choses temporelles, l’avènement du règne de l’esprit, et l’immensité des dons et des trésors qui résultent du développement de toutes ses puissances, et cela dans toutes les époques consécutives et intermédiaires entre le moment de l’institution de cette fête, et le complément du grand cercle. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Sans doute, si le voile n’était pas étendu comme il l’est, sur la nature et les propriétés des animaux, nous verrions à découvert la raison finale et positive pour laquelle les béliers, les taureaux et les agneaux étaient employés de préférence à d’autres animaux dans tous ces sacrifices. Nous justifierions par des détails particuliers ce principe fondamental et général que par leur liaison avec les actions extérieures, ces espèces de victimes devaient, par l’effusion de leur sang, faire parvenir sur le peuple les actions diverses dont elles sont l’emblème et le type, et que par là il se plaçait près de lui des puissances représentatives de celles qu’il devait recevoir un jour de la part de l’esprit même, et dont il était encore trop éloigné. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Tous ces points rassemblés nous montrent de nouveau que la circoncision avait une vertu initiatrice à tous les biens que Dieu destinait à son peuple, et que toutes ces promesses auraient été nulles, s’il ne lui eût ouvert cette voie à leur accomplissement. Abraham reçut cependant des faveurs divines avant cette cérémonie, puisqu’il fut tiré de son pays où l’iniquité s’était introduite, puisqu’il dressa des autels au Seigneur à Bethel, et à Mambré, et qu’il invoqua son nom, puisqu’il fut béni par Melchisédec, puisque dans le sacrifice sanglant qu’il offrit par ordre de Dieu, il reçut des témoignages évidents de la présence de l’esprit ; mais cela ne contredit en rien tous les principes qui ont été établis. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ainsi, sans que j’expose moi-même ces vérités à leurs regards, ils y verront une époque médiane, une double circoncision, une commémoration du sacrifice du fils d’Abraham, et une prophétie d’un autre sacrifice dont il n’est pas encore temps de nous occuper ici. Il faut donc nous en tenir à faire remarquer que cette élection de Moïse et la circoncision qui l’accompagne, ayant pour objet les prémices des fruits vifs de la promesse faite à Abraham lors de son alliance avec Dieu, se lient assez naturellement avec la seconde époque ou la seconde fête des Hébreux, où la terre rendait ses premiers fruits et où le peuple reçut les prémices de l’esprit qui sont la loi ; parce qu’il ne faut jamais oublier dans ces rapprochements, que chaque trinaire d’époques fait un cercle, et que le cercle qui précède, est toujours d’un degré moins élevé que le cercle qui le suit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Tantôt en laissant au sacrificateur les victimes pures, elle l’aura pressé de diriger vers elle l’esprit et l’intention de son culte, lui faisant espérer plus d’avantages auprès d’elle, qu’auprès d’un être jaloux et sévère qui retirait toutes ses faveurs pour la moindre négligence dans les cérémonies qu’il avait instituées ; et c’est surtout en flattant ses cupidités de tous les genres, que sachant l’attacher à elle, elle aura pu l’entraîner dans les abus les plus funestes, et les abominations les plus monstrueuses. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
La source des superstitions populaires n’est pas plus voilée, et ce n’est pas la faute de leurs prophètes si les Juifs sont tombés dans ces idolâtries de tout genre, puisque le Dieu suprême est si clairement distingué dans leurs écritures, et particulièrement dans les psaumes, de tout ce que les hommes ont pris depuis pour Dieu. Mais en s’approchant des sacrifices, soit altérés, soit non altérés, et en s’approchant de toutes les cérémonies pratiquées dans les abominations secondaires, l’homme aura vu que dans telles et telles circonstances, avec telles ou telles préparations des victimes, enfin avec tel ou tel arrangement et disposition des substances, il est arrivé tel ou tel résultat ; il n’aura pas tardé à séparer de toutes ces formes l’esprit qui devait les diriger et leur donner toute leur valeur ; et il aura attendu de cette forme, de cette substance, de cette cérémonie isolée, ce qu’elles avaient rendu lorsqu’elles étaient animées par leur mobile. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Tous ces tristes tableaux sont suffisants pour faire voir à quels écarts l’esprit de l’homme s’expose quand il cesse de veiller contre l’action irrégulière, qui, après l’avoir égaré dans le temps de sa gloire, l’a égaré encore lors de l’institution des sacrifices établis pour sa régénération, et a propagé ses désordres de manière à ce que l’homme ne puisse plus connaître le séjour de la paix, que sa demeure ne soit absolument renouvelée. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Cette loi n’opéra cependant encore pour eux qu’une sorte de préparation à la loi de l’esprit qui les attendait lorsque la loi des formes et des sacrifices matériels aurait accompli son cours. Il fallait que cette loi des formes développât les bases et les essences spiritueuses qu’ils avaient en eux, pour qu’ils pussent à leur tour présenter à l’esprit un réceptacle de son genre, et sur lequel il pût venir se reposer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Enfin cette loi de l’esprit elle-même ne devait être que préparatoire à la loi divine, la seule qui soit le vrai terme de l’homme, puisqu’il est un être divin. Or, c’est dans cette progression lente, mais douce de tous les secours envoyés par Dieu sur la terre, que l’on peut dire en général de toutes les lois, ce que Saint Paul disait de la loi des Hébreux en particulier ; (Gal. : .) savoir ; qu’elle leur a servi de conducteur pour les mener comme des enfants, etc. ; car il n’y a pas une de ces lois temporelles qui ne puisse se regarder comme un conducteur, par rapport à celle où elle nous mène, et pour laquelle nous sommes réellement des enfants, jusqu’à ce que nous y soyons admis, et que nous ayons les forces nécessaires pour la pratiquer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Si le peuple eût suivi fidèlement les ordonnances du Seigneur, confiées aux chefs de la race sacerdotale, les mêmes faveurs qui l’avaient accompagné dans le désert, ne l’auraient pas abandonné dans la terre promise, et la loi des sacrifices des animaux l’eût conduit à la loi de l’esprit, dans laquelle il eût reçu directement les secours qu’il ne recevait que par intermède sous cette loi des sacrifices. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Mais si l’homme se retarde dans sa marche par ses iniquités, le temps ne se retarde point dans la sienne ; et comme l’heure de la loi de l’esprit était venue pour les Juifs, elle ne pouvait se dispenser de s’accomplir elle-même à leurs yeux, au risque de ne pas les trouver préparés. Seulement elle prit alors un double caractère, conformément au double type de miséricorde et de justice qu’elle a à opérer sur la terre ; et la lumière qui fut allumée lors de l’élection des Juifs ne pouvant s’éteindre, manifesta alors à la fois les premiers rayons de sa clarté, et les terreurs de la colère divine. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est dans les prophètes que nous voyons se déployer le caractère de l’homme choisi pour être le prêtre et le sacrificateur du Seigneur ; que nous voyons substituer les sacrifices de nos iniquités aux sacrifices des animaux ; que nous voyons la circoncision de l’esprit et du coeur recommandée comme la vraie voie de la réconciliation de l’homme avec Dieu ; que nous voyons les reproches faits aux faux prophètes et aux mauvais pasteurs, qui, après avoir trompé les âmes du peuple, leur assurent ensuite qu’elles sont vivantes ; enfin, que nous voyons percer l’aurore de ce règne divin et spirituel qui se levait alors pour ne plus cesser ; ce qui montrait déjà à l’homme, quoique par des traits épars, qu’il était né dans la région de la sainteté et de l’esprit, et qu’il ne pouvait trouver sa vraie loi et son lieu de repos que dans cette région de l’esprit et de la sainteté. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Nous disons que ces vérités ne lui étaient montrées que par des traits épars, parce qu’indépendamment de l’homme général que ces prophètes venaient réveiller, ils avaient aussi à agir et à prophétiser aux divers peuples particuliers qui n’étaient point encore sortis des figures et de l’ordre représentatif. Mais sous tous ces rapports le prophète se pouvait toujours regarder comme une victime, soit par la mort corporelle et violente que la plupart d’entre eux ont subie, soit plus encore par le travail de l’esprit qui les animait. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
En effet, la vertu éteinte des sacrifices passa alors dans la voix des prophètes, et ils prirent aux yeux de l’esprit la place des victimes qui ne s’offraient plus que selon la forme extérieure, et sans la foi du sacrificateur. Le sang versé de ces prophètes devenait l’holocauste de propitiation, sur lequel l’action de l’esprit opérait d’une manière à la fois plus terrible et plus salutaire qu’il n’avait opéré sur le sang des animaux. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Les esprits des prophètes portaient aussi sur eux dans leurs souffrances et dans leurs travaux les iniquités d’Israël, afin qu’en divisant toutes ces actions irrégulières attachées sur le peuple, la communication des actions régulières lui fût plus facile et plus favorable. Si le peuple avait profité de tous ces secours que la sagesse et l’amour suprême lui envoyaient, il aurait à son tour soulagé le sang et l’esprit des prophètes du poids de toutes ces actions irrégulières qui les accablait, en leur communiquant et partageant avec eux l’effet de ces vertus et de ces actions salutaires que leur sacrifice corporel et spirituel faisait descendre sur lui. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Secondement, le sang des prophètes opérait sur le peuple d’une manière plus salutaire que le sang des victimes lévitiques, parce que le sang et la vie de l’homme servant de siège à la propre image de la Divinité, ne pouvait être versé sans faire jour aux saintes influences que les âmes des justes répandent naturellement autour d’elles ; et si les sacrifices des animaux avaient pu ouvrir au peuple Hébreu la région de l’esprit, le sang et la voix des prophètes lui ouvraient les avenues de la région divine. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est par ce double pouvoir que les prophètes accomplirent sur le peuple Hébreu l’acte de l’esprit qui les envoyait. Cet acte opéré, les prophéties cessèrent parmi les Hébreux, parce que le séjour mixte que nous habitons, soumet l’action même de l’esprit à des intervalles et à des opérations partielles, quoiqu’il n’y ait point de temps pour l’esprit : aussi après la captivité de Babylone qui avait confirmé, et réalisé les menaces des prophètes, l’oeuvre de ces prophètes paraît terminée, et ils ne répandent plus que quelques lueurs, et qui même se bornent à presser la structure du second temple, et le peuple est remis à lui-même pour lui laisser le temps de reconnaître la justice des voies rigoureuses par lesquelles il venait de passer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Mais en le livrant ainsi à lui-même, l’esprit lui laissa pour guide, et les paroles des prophètes, et la mémoire des événements qui venaient de se passer ; comme après son élection et la sortie d’Égypte on lui laissa la loi lévitique, l’histoire de sa délivrance et de ses pénibles voyages dans les déserts ; comme aussi après le déluge on avait laissé aux enfants de Noé les instructions de leur père, et les traditions de ce qui s’était passé depuis Adam jusqu’à eux ; et enfin comme on avait laissé à Adam, après sa chute, le souvenir de son crime, et du sacrifice d’amour que la bonté suprême avait bien voulu faire en sa faveur pour l’arracher aux abîmes. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Aussi le peuple qui n’avait pas reconnu la loi de l’esprit dans les cérémonies lévitiques, quoiqu’elle y fût contenue, ne reconnut pas non plus la loi divine qui lui était annoncée dans la loi de l’esprit ou dans les prophéties, et continuant à marcher dans les ténèbres, il arriva ainsi à l’époque de l’universelle délivrance, dont non seulement les prophètes n’avaient cessé de parler chacun selon ce qu’il leur en était accordé de connaître, mais encore qui était aussi indiquée dans les livres de Moïse, particulièrement dans les bénédictions de Jacob ; car si le peuple avait réellement fait une étude soignée de ces livres, il aurait dû faire de sérieuses réflexions, lorsqu’il vit la puissance temporelle de Juda passer dans la main de l’Iduméen, nommé Hérode. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Le peuple juif eut l’esprit trop grossier pour pénétrer dans cette simple et profonde intelligence. Couvert d’ailleurs de toutes les iniquités dont il s’était souillé antérieurement par sa négligence à observer les lois et les ordonnances de Moïse, et par l’effusion du sang des prophètes, la loi de grâce, dont l’époque était arrivée pour le genre humain, opéra pour la réprobation du peuple qui en avait été, avec si peu de succès, le représentant ; et au lieu de se laver de ses crimes dans la foi à cette nouvelle victime qui venait s’offrir, il combla ses iniquités en la regardant comme son ennemi, et il épaissit ainsi pour lui-même le voile qui venait de se déchirer pour toute la postérité d’Adam. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Le tableau naturel, en faisant voir la nécessité d’un réparateur Dieu-homme, a montré la hauteur du mystère de ce sacrifice où la victime s’est immolée elle-même sans être suicide, et où les aveugles sacrificateurs, en croyant immoler un coupable, donnaient au monde, sans le savoir, l’Électre universel qui devait en opérer la renaissance ; l’homme de désir a montré que le sang de cette victime était esprit et vie, et qu’ainsi les Juifs en demandant qu’il retombât sur eux et sur leurs enfants, ne pouvaient séparer la miséricorde qui s’y trouvait unie avec la justice : nous ne rappelons ici qu’en passant ces consolantes et profondes vérités que l’esprit de l’homme ne saurait trop se rendre présentes. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ce n’étaient point non plus les sacrifices et la mort des prophètes, parce qu’ils n’ont point été volontairement au supplice, quoiqu’ils aient pu y aller avec résignation ; parce que ce supplice, pour ceux qui l’ont subi, n’était qu’une suite incertaine de leur mission, et n’était point leur mission même ; parce qu’ils n’étaient envoyés que pour annoncer l’aurore du jour éternel de la délivrance de l’homme, et non point pour le remettre pleinement en liberté ; parce qu’enfin ils désiraient de pénétrer eux-mêmes dans ce grand jour qu’ils annonçaient sans le connaître, et qu’ils n’entrevoyaient que par des rayons épars, et comme par des éclairs de l’esprit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il fallait donc une autre victime qui, en réunissant en elle-même toutes les propriétés des victimes précédentes, y joignît encore celle d’instruire l’homme par le précepte et par l’exemple, du véritable sacrifice qui lui restait à opérer et à offrir pour satisfaire pleinement à l’esprit de la loi. Cette victime devait apprendre à l’homme que pour atteindre le but essentiel des sacrifices, il ne lui suffisait pas de mourir corporellement comme les béliers et les taureaux, sans aucune participation de l’esprit qui leur est refusé par leur nature ; qu’il ne lui suffisait pas même de mourir corporellement comme les prophètes immolés par les injustices, et les passions des peuples auxquels ils annonçaient la vérité, puisqu’ils croyaient, sans manquer à leur mission, pouvoir se soustraire à la violence, comme Elie, lorsqu’ils en avaient la facilité. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Les prophètes sont venus donner leur sang et leur parole pour coopérer à la délivrance de l’homme. S’il avait été nécessaire que des hommes vinssent pour exercer les vengeances de la justice, et tracer les voies représentatives de la régénération, il fallait bien plus encore que des hommes vinssent ouvrir les premières portes des sentiers réels de l’esprit ; aussi les prophètes étaient-ils comme l’organe, la langue et la prononciation même de l’esprit, tandis que Moïse ne reçut la loi, et ne la transmit au peuple qu’écrite sur des pierres ; enfin, Moïse, en présence des magiciens de Pharaon, n’avait pris le serpent que par la queue ; il fallait un être puissant qui le prît par la tête, sans quoi la victoire n’aurait pas été complètement remportée. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Nous pouvons même trouver ici en partie l’explication du passage de Saint Jean ( : .) : tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des larrons, et les brebis ne les ont point écoutés, quoique ce passage tombe bien plus directement sur les grands prêtres que sur les prophètes. Ce passage annonce bien que tous ces chefs et tous ces envoyés ne pouvaient introduire le peuple dans le royaume, puisqu’ils ne marchaient que par l’esprit, et que ce royaume est divin ; mais il annonce aussi qu’ils n’ont pas été les vrais pasteurs de ce peuple, puisqu’ils n’ont point donné volontairement leur vie pour lui, et puisque au lieu de le préserver soigneusement de la main de l’ennemi, ils ont été souvent les premiers à le livrer à sa fureur. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Après s’être revêtu de l’élément pur, il a fallu qu’il devînt principe de vie corporelle, en s’unissant à l’esprit du grand monde ou de l’univers. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Après être devenu principe de vie corporelle, il a fallu qu’il devînt élément terrestre, en s’unissant à la région élémentaire ; et de là il a fallu qu’il se fit chair dans le sein d’une vierge terrestre, en s’enveloppant de la chair provenue de la prévarication du premier homme, puisque c’était de la chair, des éléments, et de l’esprit du grand monde qu’il venait nous délivrer. Et sur ceci je ne puis que renvoyer à Jacob Boehme qui a répandu sur ces objets des lumières assez vastes et assez profondes pour dédommager les lecteurs de toutes les peines qu’ils pourront prendre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ce n’est plus le temps où nous puissions expier nos fautes, et nous laver de nos souillures par l’immolation des victimes animales, puisqu’il a chassé lui-même du temple les moutons, les boeufs et les colombes. Ce n’est plus le temps où des prophètes doivent venir nous ouvrir les sentiers de l’esprit, puisqu’ils ont laissé ces sentiers ouverts pour nous, et que cet esprit veille sans cesse sur nous, comme Jérémie, selon les Macchabées ( livre, : .) veille toujours sur le peuple d’Israël. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il n’est pas inutile d’observer ici en passant que les sacrifices sanglants des Juifs ont continué cependant depuis ce grand sacrifice jusqu’à la ruine de leur ville ; mais depuis longtemps ils n’en possédaient plus que la forme ; l’esprit s’en était perdu pour eux ; il s’éloigna encore davantage depuis l’immolation de la victime divine. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Voilà pourquoi ils ne pouvaient plus aller qu’en dégénérant, et cette période, à la fin de laquelle la grande vengeance éclata sur ce peuple criminel, montre à la fois la cessation de l’action protectrice de l’esprit qui les abandonnait, et les terribles effets de la justice que l’esprit vengeur exerçait sur eux ; rigoureux arrêt, qui n’aurait pas pu s’exécuter dans le moment de l’action réparatrice du régénérateur, puisqu’il n’était venu opérer que l’oeuvre de l’amour et de la clémence. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il a voulu que ce signe d’alliance fût pour nous un développement de cette semence divine qu’il était venu répandre sur notre terre infectée et stérile ; et comme nous sommes des êtres mixtes, il a composé ce signe avec diverses substances d’opération, afin que toutes les substances qui nous constituent aujourd’hui trouvassent leur nourriture, leur préservatif et leur appui chacune selon sa classe et ses besoins. Mais il a voulu en même temps que cette institution tirât tout son prix de l’esprit qui a tout produit, et qui sanctifie tout ; et sous ce rapport, nous verrons les considérables avantages que cette institution peut nous procurer quand nous nous élevons jusqu’au sens sublime que lui a donné celui qui l’a établie. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Aussi les administrateurs des choses saintes ont-ils fait rétrograder l’intelligence de l’homme au sujet de cette institution, en insérant, comme ils l’ont fait, dans ce qu’ils appellent les paroles sacramentales, les mots mysterium fidei entre deux parenthèses, lesquels mots ne sont point dans l’Evangile, et étaient très éloignés de l’esprit du fondateur, puisque si nous nous occupions de notre vraie régénération, comme il n’a cessé de nous y exhorter, il n’y aurait pour nous aucun mystère, et que nous sommes faits, au contraire, pour amener tous les mystères au grand jour, en qualité de ministres de l’éternelle source de la lumière. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Rappelons-nous donc que l’esprit avait reposé sur l’agneau lors de la délivrance d’Égypte, et que c’est là ce qui donna toute la valeur à ce sacrifice. Souvenons-nous ensuite que la vie divine a reposé et repose encore sur les substances du sacrifice de la nouvelle alliance, puisque l’esprit de vérité ne s’est point répandu en vain, et qu’il ne peut être trompé dans ses plans et dans ses effets ; ainsi depuis la nouvelle alliance, (et peut-être depuis l’origine des choses), nous pouvons regarder le pain et le vin comme étant marqués de l’esprit de vie qui a été répandu sur eux. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ces substances sont unies à l’élément pur, l’élément pur l’est à l’esprit, l’esprit l’est à la parole, et la parole l’est à la source primitive et éternelle, et c’est par cet ordre harmonique que l’institution de la nouvelle alliance opère utilement sur les principes qui nous composent. En effet, elle opère en esprit et en vérité sur tout notre être ; savoir le pain azyme pour la purification de notre matière ; le vin pour la purification de notre principe de vie animale ; le corps glorieux ou l’élément pur pour nous rendre le vêtement primitif que le péché nous a fait perdre ; l’esprit sur notre intelligence ; la parole sur notre verbe d’opération ; la vie sur notre essence divine ; et cela en élevant d’un degré chacune des classes de notre être sur lesquelles s’étend l’action qu’elle nous distribue. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Toutefois il serait bien essentiel que l’opérant répétât sans cesse aux fidèles ces mots de l’instituteur : la chair et le sang ne servent de rien, mes paroles sont esprit et vie ; car combien la lettre des autres paroles a-t-elle tué d’esprits ! Il faut que dans l’opérant, comme dans nous, l’idée et le mot de chair et de sang soient abolis, c’est-à-dire, il faut que nous remontions, comme le réparateur, à la région de l’élément pur qui a été notre corps primitif, et qui renferme en soi l’éternelle SOPHIE, les deux teintures, l’esprit et la parole. Ce n’est qu’à ce prix que les choses qui se passent dans le royaume de Dieu peuvent aussi se passer en nous. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Si l’on ne s’élève pas à cette sublime unité qui veut tout embrasser par notre pensée ; si l’on confond l’institution avec l’oeuvre que nous devons opérer sur nous-mêmes ; et enfin, si l’on confond le terme avec le moyen, le subsidiaire avec ce qui est de rigueur, on est bien loin de remplir l’esprit de l’institution elle-même. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Elle prononce ensuite tous les autres préceptes du Décalogue, qui ne sont qu’une suite nécessaire de ce premier précepte. Or, comme elle ne prononce cette loi, à la fois salutaire et terrible, qu’à l’époque où nous sommes censés être sortis de la terre d’Égypte, et jouir de notre liberté, nous sommes dès lors engagés à la loi de l’esprit, et nous devenons chargés de notre propre conduite, sous la lumière de cette loi qui nous est tracée. Voilà pourquoi il nous est recommandé dans le Deutéronome (ch. : , etc.) de graver cette loi dans notre coeur, de l’écrire sur notre front, etc. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Nous le devons en outre continuellement, pour nous conformer à l’esprit qui s’est établi en nous, parce que l’acte de l’esprit ne doit point s’interrompre, mais toujours croître. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est à cette importante occupation qu’est consacré ce que nous pouvons appeler le premier âge de la loi de l’esprit ; et cette obligation est si rigoureuse pour nous, que si nous y manquons, nous retombons bientôt dans différentes servitudes analogues à nos prévarications ; mais aussi, quand accablés du joug de nos tyrans, nous réclamons la main suprême, elle suscite divers libérateurs, qui nous rétablissent dans nos sentiers. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ces secours sont fondés sur les étincelles de vie et de lumière que notre appel à la loi de l’esprit a semés en nous, et qui ne s’y éteignant pas tout à fait malgré nos égarements, fermentent d’autant plus par la contrainte et le tourment de nos divers esclavages, et jettent par ce moyen quelques rayons que la Divinité reconnaît pour être à elle, et qui l’engagent à descendre pour venir au secours de sa misérable créature. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est ainsi qu’elle s’est conduite envers les Hébreux, lorsque le temps de leur délivrance d’Égypte fut arrivé, parce qu’il ne faut pas oublier qu’ils étaient les fils de la promesse, et qu’ils portaient en eux l’esprit de l’élection de leur père ; c’est ainsi qu’elle s’est conduite avec eux sous le règne des juges, où ils représentaient alors l’homme dans sa loi d’émancipation ou de liberté. Enfin, c’est ainsi que dans une alternative presque continuelle de chutes et de redressements, nous arrivons au second âge de la loi de l’esprit, ou à l’âge prophétique. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car il faut se rappeler qu’il fut dit au père des Juifs, que toutes les nations seraient bénies en lui ; or, jusqu’à cet âge prophétique, le peuple Hébreu vit séparé de tous les peuples, et n’a de relations avec eux que pour les combattre ; sa loi lui défend de s’allier avec les étrangers, et lui ordonne d’exercer pour son seul avantage, le culte et les cérémonies dont il a été fait dépositaire ; image représentative de ce que nous avons à faire dans notre premier âge de la loi de l’esprit où nous devons nous séparer de tout ce qui nous empêcherait de croître et d’acquérir les dons nécessaires pour qu’un jour les nations soient bénies en nous. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Mais quand l’âge prophétique fut arrivé, ce fut alors que les premiers germes de la charité se semèrent dans Israël, comme l’institution des sacrifices avait semé en lui les premiers germes de l’esprit. Ce peuple qui, jusqu’à cet âge prophétique, s’était considéré seul, et avait dédaigné tous les peuples, commença à sentir par l’âme de ses prophètes, le zèle du retour des nations à la vérité. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
On en peut aisément apercevoir la raison ; c’était le moment où les promesses de l’alliance d’Abraham commençaient à s’accomplir ; mais le peuple Hébreu étant plus avancé dans l’accomplissement de ces promesses que les autres peuples, éprouvait alors les premières douleurs de la charité, tandis que les autres peuples n’en recevaient encore que des avertissements. C’est ainsi que l’homme particulier qui a passé le premier âge de l’esprit, commence aussi à souffrir pour les ténèbres de ses semblables, et qu’il se sent pressé du désir de les rappeler à la vérité. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Dans ce nouvel âge, l’homme continue, sans doute, à remplir la loi des sacrifices, puisqu’elle ne peut être entièrement accomplie que quand il a versé son sang ; mais il s’établit en lui une action plus forte que celle du premier âge de l’esprit, et cette action le gouverne et le domine, parce que c’est l’action divine même qui commence à faire son apparition sur la terre ; toutefois elle le laisse libre, parce que ce n’est qu’une loi initiative et d’avertissement, et non pas une loi d’opération. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Aussi avons-nous vu plusieurs prophètes résister aux ordres qu’ils avaient reçus, comme nous voyons bien des hommes dans le second âge de l’esprit ne pas faire l’usage qu’ils devraient de tous les secours qu’il leur communique, ce qui fait qu’il y a tant d’élus qui ne parviennent pas à la plénitude de leur élection. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il n’en est pas moins vrai que c’est dans ce second âge de l’esprit, ou, si l’on veut, dans ce premier âge divin que commence à s’accomplir le véritable esprit des sacrifices, dont la charité et le bonheur des êtres fut, dès l’origine, le seul et unique terme. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Aussi l’esprit divin, en descendant sur les prophètes, et les chargeant du fardeau des nations, soulageait ces mêmes nations d’une partie du poids qui les écrasait, et il arrivait par là qu’elles pouvaient plus aisément à leur tour recevoir les premiers rayons de la clarté qui devait les ramener dans leur voie ; elles pouvaient enfin, par les douleurs et les angoisses du prophète, voir se réaliser sur elles spirituellement ce que nous avons vu s’opérer sensiblement par les sacrifices matériels. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est aussi là l’emploi de l’homme particulier qui arrive à ce second âge de l’esprit ; et l’on peut dire que ce n’est qu’alors que commence véritablement l’âge de l’homme, ou le vrai ministère de l’Homme-Esprit, puisque ce n’est qu’alors qu’il peut commencer à être utile à ses frères, attendu que dans les âges précédents il n’a été utile qu’à la nature et à lui seul. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Quand la grande époque du salut fut arrivée, le véritable esprit des sacrifices acquit encore plus d’extension ; il ne se borna plus, comme au premier âge de l’esprit, à l’avantage d’un peuple particulier ; il ne se borna pas même à de simples avertissements pour les autres peuples, comme au temps des prophètes ; mais il embrassa toute la famille humaine, en attirant tout à lui pour l’accomplissement de la promesse faite à Abraham, que tous les peuples seraient bénis en lui. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Lorsque l’homme entre dans la loi de l’esprit, nous avons vu qu’il reçoit le premier précepte du Décalogue ; Je suis le Seigneur ton Dieu, etc. Lorsqu’il entre dans la loi du réparateur, il reçoit un nouveau précepte, celui d’aimer son prochain comme lui-même, et ce précepte est la clef de l’oeuvre du Christ ; car quel est l’homme dans la servitude qui ne ferait pas tous ses efforts pour recouvrer la liberté ? Il doit donc faire tous ses efforts pour procurer aussi la liberté à son prochain, s’il l’aime comme lui-même et s’il ne l’aime pas comme lui-même, il n’est point initié à l’esprit du réparateur, qui a porté l’amour jusqu’à se plonger avec nous dans nos abîmes pour nous en arracher avec lui. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est lorsque notre enveloppe passagère sera dissoute, c’est lorsque le temps sera roulé pour nous comme un livre, que nous jouirons plus pleinement de l’esprit de vie, et que nous boirons avec le réparateur le jus nouveau de la vigne éternelle qui remettra dans leur parfaite mesure nos facultés originelles, pour être employées alors aux plans qu’il lui plaira de nous prescrire. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Pensons donc à notre vraie vie. Pensons à l’oeuvre active à laquelle nous devons tous nos moments, et nous n’aurons pas seulement le loisir de savoir s’il y a pour nous des angoisses futures à redouter, ou s’il n’y en a pas, tant nous serons remplis du zèle de la justice. Ce n’est que le crime qui laisse venir ces désolantes idées dans l’esprit de l’homme, et ce n’est que son inaction qui le conduit au crime, parce qu’elle le conduit au vide de l’esprit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Aussi c’est le vide de son esprit qui le fait tomber dans le découragement, en lui faisant croire qu’on ne répare point le temps perdu. Cela peut être vrai pour les choses qui ne se font que dans le temps et par le temps ; mais en est-il de même des choses qui se font par l’esprit et pour l’esprit ? Si l’esprit n’a point de temps et ne connaît point de temps, un seul acte opéré par l’esprit et pour l’esprit, ne peut-il pas rendre à l’âme tout ce qu’elle aurait négligé d’amasser, ou même tout ce qu’elle aurait perdu par sa négligence ? SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est ici, surtout, où il faut nous souvenir de la onzième heure ; mais aussi il faut voir que si celui qui y fut appelé reçut même beaucoup plus que son salaire, c’est parce qu’il avait au moins travaillé pendant cette onzième heure, sans quoi il n’aurait rien reçu du tout, et ainsi nous n’aurions rien à prétendre au salaire, si cette onzième heure qui nous reste après avoir passé en vain les autres heures, nous ne la remplissions pas en travaillant à l’oeuvre de l’esprit. Depuis la chute, nous ne pouvons être tous que des ouvriers de la onzième heure, qui a commencé en effet à l’instant où nous avons été déchus de nos droits. Les dix heures qui précèdent cette époque sont restées loin de nous et comme perdues pour nous, de façon que notre vie terrestre toute entière n’est réellement pour nous que la onzième heure de notre éternelle et véritable journée, qui embrasse le cercle universel des choses. Jugeons d’après cela si nous avons un instant à perdre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
La mort même qui tient aussi à notre oeuvre, est dirigée et graduée avec la même sagesse qui gouverne toutes les opérations divines. Nos liens matériels se rompent progressivement, et d’une manière presque insensible. Les enfants en bas âge, étant encore entièrement sous le poids de leur matière, n’ont aucune idée de la mort, parce qu’en effet la matière ne sait ce que c’est que cette mort, attendu qu’elle ne sait pas non plus ce que c’est que la vie ou l’esprit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Quelle est toutefois la cause du prestige de ces illusions qui commencent par nous séduire et qui finissent par nous plonger dans de si funestes précipices ? Elle tient malheureusement à une source qui ne nous devient si préjudiciable, que parce qu’elle aurait dû faire notre gloire si nous avions su la contenir dans ses mesures. Elle tient à ce que c’est toujours l’esprit, quoique inférieur, qui nous travaille, lorsque nous écoutons en nous la voix ou l’attrait d’une affection fausse. Cet esprit agit sur le nôtre, et lui peint sous des formes sensibles une base où nous nous flattons de rencontrer les délices qu’il nous promet. Par là il s’insinue dans nos essences, et leur occasionne des impressions qui nous enchantent et nous transportent. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ce n’est que parce que tout est esprit dans ce commerce, que nous le trouvons si ravissant. Mais nous ne nous donnons pas le temps de discerner quel est cet esprit. Nous nous pressons de porter cette vive image dont nous sommes épris, sur un objet terrestre qui se trouve toujours prêt à s’y lier. Là l’action de l’esprit s’évanouit, celle de la nature en prend la place, et comme elle est limitée, elle nous fait bientôt sentir sa borne et son néant. On peut de là déduire trois instructions. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
La première, que l’esprit inférieur nous trompe doublement, en ce qu’il nous montre spirituellement les délices que nous ne pouvons plus connaître en nature que par la matière, et en ce que cette matière nous laisse en deçà de ces délices qu’on nous montre spirituellement. Or, il n’y a que l’esprit mal ordonné qui puisse concourir à ces désharmonies et à ces disproportions. L’esprit bien ordonné nous montrerait, quoique toujours sous des images, quelle est la portion des délices qui doit appartenir à notre esprit dans nos rapports terrestres, et quelle est l’illusion des délices qui appartiennent à notre matière. Par ce moyen, nos deux êtres ne seraient point abusés, parce que l’ordre régnerait dans l’un et dans l’autre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
La seconde instruction est celle qui nous apprend pourquoi ici les hommes avancés en âge, mais qui se sont rendus le jouet de leurs sens, jouissent encore dans leur esprit dépravé de toutes les délices que leur matière ne peut plus éprouver ; car ce n’est qu’une prolongation de leur première affection, ou de cette action de l’esprit inférieur. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car, temporellement, il n’est environné que de secours ; la nature ne lui offre que l’abondance de ses récoltes ; les éléments, que leur salutaire réaction l’esprit de l’univers, que son souffle et sa lumière ; les animaux utiles, que leurs services et des bienfaits ; les animaux malfaisants et les poisons même, il a le moyen de les vaincre et de les désempester pour lui, tandis que lui-même il ne travaille qu’à s’infecter. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ce sera en outre pour l’intérêt de la triste demeure des hommes. Car ici-bas lorsque Dieu ne trouve point d’âme humaine où il puisse se placer et par laquelle il puisse agir, c’est alors que les désordres s’engendrent et se succèdent sur la terre d’une manière déchirante pour ceux qui aiment le bien, et cela montre que le crime du premier homme fut de s’être rendu vide de Dieu, pour ne suivre que son propre esprit ténébreux. Mais ces abus auxquels sa postérité se livre, font que si l’esprit de l’homme se porte ainsi tout d’un côté, la force divine se porte de l’autre à son tour toute entière, et que par son grand poids elle se fait jour à la fin dans quelques âmes humaines d’où elle s’étend ensuite au dehors pour contenir l’excès du mal et arrêter les désordres ; sans cela, l’univers serait déjà renversé. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il est très vrai que si la parole ne soutenait pas l’univers dans son existence et ne le dirigeait pas dans tous ses mouvements, il s’arrêterait à l’instant dans sa marche, et réitérerait dans la non-apparence ; Il est très vrai que si la parole ne soutenait pas les animaux et les plantes, ils rentreraient aussitôt dans leur propre germe, et leur germe dans l’esprit temporel de l’univers ; Il est très vrai que si la parole ne soutenait pas l’action et le jeu de tous les phénomènes de l’univers, il ne s’en manifesterait plus aucun à nos yeux ; Il est également vrai pour le spirituel, qui si la parole ne soutenait pas la pensée et l’âme de l’homme, comme elle soutient tous les êtres de l’univers, notre pensée retomberait à l’instant dans les ténèbres, et notre âme dans l’abîme au-dessus duquel nous ne surnageons journellement, malgré nos crimes, que par l’incommensurable et miséricordieuse puissance de la parole ; ainsi, à moins de nous dévouer volontairement à la démence, et d’être sciemment nos premiers ennemis, nous ne devrions pas cesser un instant de nous porter vers le principe des choses, et de nous appuyer sans interruption sur la parole, sans quoi c’est renier notre existence et renoncer à être utiles aux diverses régions qui attendent les bienfaits du ministère de l’Homme-Esprit. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
C’est en avançant ainsi qu’elle voit s’étendre de plus en plus ses angoisses et ses tribulations ; aussi les psaumes seraient bien autre chose que ce qu’ils sont, si l’on les faisait à présent. Car la parole est le désir divin personnifié humainement et en action. A mesure qu’elle perce et qu’elle se montre à l’atmosphère humaine, à mesure aussi elle est réduite à ne trouver pour sa nourriture et sa subsistance que du fiel et de l’amertume. Mais quel dédommagement pour elle quand elle rencontre quelque âme de désir et qui cherche à être réellement régénérée selon la nouvelle loi de l’esprit et de la vérité ! TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Ne faites point mention ici de l’homme de peine qui, en cultivant la terre en silence et au prix de ses sueurs, et accomplissant par là le décret porté sur la famille humaine, semble au moins, par sa résignation et par cette espèce de parole muette, opérer dans l’ordre inférieur ce que nos paroles virtuelles devraient opérer dans l’ordre de l’esprit. Sans vous arrêter même à ces paroles que nous arrachent nécessairement les soins de la vie, nos misères terrestres et nos souffrances temporelles, considérez ce torrent de paroles, soit infécondes, soit pestilentielles, que nous immolons journellement à l’oisiveté, au néant, à nos occupations frivoles, à nos passions, à la défense de nos faux système, à nos prétentions, à nos fantaisies, à nos injustices, à nos crimes, et à nos abominations. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Il oublie que cette substance des paroles de l’homme en se répandant dans les airs, ne s’y détruit point et ne s’y évapore pas pour cela, qu’elle s’y amasse et corrompt l’atmosphère de l’esprit, comme nos exhalaisons putrides corrompent l’atmosphère de nos habitations ; que toutes les paroles que la langue de l’homme aura prononcées, se représenteront un jour à ses yeux, et que l’air, dont notre bouche se sert pour former ces paroles, les rendra telles qu’ils les aura reçues, comme chaque élément rendra ce qui aura été semé en lui selon sa classe ; que même nos paroles muettes et prononcées tacitement dans le secret de notre être, reparaîtront également et retentiront autour de nous, car le silence a aussi ses échos ; et l’homme ne peut produire une pensée, une parole, un acte, que cela ne s’imprime sur l’éternel miroir où tout se grave et où rien ne s’efface. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Homme ! si tu n’es pas assez soigneux de ta santé de ton propre esprit pour daigner surveiller tes paroles par rapport à toi-même ; surveille-les au moins par rapport à l’esprit de ton semblable ; ne te contente point de ne pas l’abuser comme tu le fais tous les jours par des paroles stériles, dont il ne puisse retirer d’utilité, et qui l’entraînent avec elles dans le cercle de toutes les fluctuations, et de tous les prestiges ; mais fais en sorte que tes paroles soient pour lui à la fois un flambeau qui le guide, et une source qui le fixe et le rassure contre les tempêtes. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
En effet, ce n’est que par notre alliance ou si l’on veut par notre contact avec Dieu, que nous avons des pensées divines. Nous en avons de spirituelles par notre contact avec l’esprit : de sidériques ou astrales par notre contact avec l’esprit astral que l’on nomme l’esprit du grand monde : de matérielles et de terrestres par notre contact avec les ténèbres de la terre : de criminelles par notre contact avec l’esprit de mensonges et d’iniquité. Nous avons le pouvoir et la liberté de contracter celle de toutes ces alliances que nous voulons ; c’est à nous de choisir. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Si l’on veut parler un langage vrai, on dira que cette peur tient à des bases certaines, et que ce qui peut véritablement nous mettre au-dessus, c’est de nous porter vers la région lumineuse de la parole, ou de l’esprit développé et nourri des clartés qui lui sont propres. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Aussi c’est à vous, poètes et littérateurs, que je vais m’adresser ; vous êtes regardés comme les fanaux de l’esprit de l’homme ; vous êtes censés suppléer par vos dons à ce qui manque au commun des autres mortels. Avec quelle précaution ne devriez-vous donc pas vous conduire à leur égard, si vous étiez persuadée que l’homme eût à remplir sur la terre le sublime ministère de la vérité ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Les privilèges de la véritable littérature sont d’être gouvernés par les lois de l’esprit même, et par les droits féconds de la parole. Cette espèce de littérature est au-dessus de toutes les entraves, et elle a le pouvoir d’aller étudier ce qu’elle doit dire et la manière dont elle doit s’exprimer, jusque dans le sanctuaire de la vérité. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Suspendez vos jugements, écrivains qui devriez nous ramener au ministère de la vérité ; contemplez le grand travail de l’esprit et de la parole ; voyez les mondes s’agiter et se choquer continuellement les uns contre les autres avec un fracas épouvantable. Voyez les ruisseaux de lait et de miel descendre de l’éternelle Jérusalem, pour consoler et conforter les fidèles serviteurs de la vérité. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Mais si vous vous élevez assez pour parvenir à être admis par l’esprit à la connaissance de ces actes vifs dont il compose tous ses tableaux ; si vous assistez en esprit, comme les prophètes, à ces scènes terribles qui faisaient hérisser leurs cheveux sur leur tête ou à ces scènes délicieuses qui développaient à leurs yeux toutes les merveilles divines, vous ne serez plus étonnés que des hommes de Dieu aient rendu tous ces tableaux avec des couleurs si vives et si tranchantes, puisque ce sont des couleurs que vous ne pourrez vous empêcher d’employer vous-mêmes, et vous vous trouverez encore heureux de pouvoir rencontrer ces couleurs sous votre main, tant vous sentirez la hauteur des objets que vous aurez à peindre. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Ce sont nos propres affections qui servent de substances à l’esprit, quel que soit celui qui nous dirige. L’esprit pur, quand il veut nous instruire, prend lui-même la couleur de ces affections pour nous communiquer sa pensée. Saint Pierre avait faim lorsque l’esprit lui annonça figurativement qu’il ne devait pas se refuser à commercer avec les Gentils. Aussi l’ange prit pour emblème une nappe remplie de toutes sortes d’animaux terrestres à quatre pieds, de bêtes sauvages, de reptiles et d’oiseaux du ciel. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Avec quel soin les écrivains ne devraient-ils donc pas veiller sur leurs affections ? Car l’esprit de mensonge peut se servir d’elles comme l’esprit de vérité, et il ne néglige rien pour nous amener aux pieds de ses autels. Mais si nous avons l’attention de maintenir l’ordre et la pureté dans nos affections, elles pourront chacune tendre et parvenir à leur accomplissement, sans que l’une puisse nuire à l’autre, et au contraire, elles se soutiendront et se surveilleront mutuellement. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le réparateur eut faim aussi dans le désert ; le prince du mensonge profita de cette affection pour le tenter ; mais cette loi de matière à laquelle le réparateur était soumis, n’offusqua point en lui la lumière de l’esprit, et la loi de son intelligence triompha des embûches que l’ennemi lui tendait dans une loi pure de sa matière. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Poètes, littérateurs, reconnaissez donc tout ce que l’esprit peut introduire dans vos plus brillantes productions. Toutes ces images, toutes ces figures que vous employez se combinent et s’engendrent presque généralement des habitudes, des localités, des moeurs et des affections des peuples que vous habitez. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Mais comment un auteur enseignera-t-il cette doctrine, s’il n’en a pas lui-même l’intelligence ? Malheureusement ce que l’esprit frivole ou égaré (et quel est l’esprit qui ne l’est pas ? ) demande aux écrivains, c’est qu’ils lui fassent goûter les plaisirs de la vertu, en le dispensant de ce renouvellement continuel et pénible auquel nous pouvons si difficilement nous déterminer ; c’est qu’ils lui montrent tous les malheurs du crime comme secrètement enchaînés avec la force du destin, lui permettant dès lors de trouver le repos dans ses fautes, et lui donnant lieu de se passer de son code primitif et originel, qui lui eût appris à franchir son destin même. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Quand est-ce que la marche de l’esprit humain se dirigera vers un but plus sage et plus salutaire ! Faut-il que la littérature entre les mains des hommes, au lieu d’être le sentier du vrai et de la vertu, ne soit presque jamais que l’art de voiler, sous des traits gracieux et piquants, le mensonge, le vice, et l’erreur ! Serait-ce dans une pareille carrière que la vérité ferait sa demeure ! Le psaume LXX nous montre le cas qu’elle en fait lorsqu’elle dit : (v. 15) Non cognovi litteraturam. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Les mots sont devenus dans les langues humaines ce que la pensée est devenue dans l’esprit des hommes. Ces mots sont devenus comme autant de morts qui enterrent des morts, et qui souvent même enterrent des vivants, ou ceux qui auraient le désir de l’être. Aussi l’homme s’enterre-t-il lui-même journellement avec ses propres mots altérés et qui ont perdu tous leurs sens. Aussi enterre-t-il journellement et continuellement la parole. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le principal reproche que j’ai à leur faire, c’est de confondre à tous les pas le christianisme avec le catholicisme. Ce qui fait que leur idée fondamentale n’étant pas d’aplomb, ils offrent nécessairement dans leur marche un cahotage fatigant pour ceux qui voudraient les suivre, mais qui sont accoutumés à voyager dans des chemins plus unis. En effet, je vois de célèbres professeurs de littérature attribuer à la religion les fruits de la plume d’un fameux évêque, qui dans plusieurs circonstances marquantes, s’est écarté grandement de l’esprit du christianisme. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Enfin, malgré le brillant effet que leurs ouvrages doivent produire, je n’y vois point la nourriture substantielle dont notre intelligence a besoin, c’est-à-dire, l’esprit du véritable christianisme, quoique j’y voie l’esprit du catholicisme. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le véritable christianisme est non seulement antérieur au catholicisme, mais encore au mot de christianisme même ; le nom de chrétien n’est pas prononcé une seule fois dans l’Evangile, mais l’esprit de ce nom y est très clairement exposé, et il consiste, selon saint Jean (1 : 12) dans le pouvoir d’être faits enfant de Dieu ; et l’esprit des enfants de Dieu ou des Apôtres du Christ et de ceux qui auront cru en lui, est, selon saint Marc (16 :.20), que le Seigneur coopère avec eux, et qu’il confirme sa parole par les miracles qui l’accompagnent. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Sous ce point de vue, pour être vraiment dans le christianisme, il faut être uni à l’esprit du Seigneur, et avoir consommé notre alliance complète avec lui. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Aussi, c’est une chose assez remarquable que dans les quatre évangiles tout entiers, et qui reposent sur l’esprit du véritable christianisme, le mot religion ne se montre pas une seule fois ; que dans les écrits des Apôtres qui complètent le nouveau testament, il n’en soit fait mention que quatre fois. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le christianisme n’est que l’esprit même de Jésus-Christ dans sa plénitude, et après que ce divin réparateur a eu monté tous les degrés de la mission qu’il a commencé à remplir dès la chute de l’homme, en lui promettant que la race de la femme écraserait la tête du serpent. Le christianisme est le complément du sacerdoce de Melchisédec ; il est l’âme de l’évangile ; c’est lui qui fait circuler dans cet évangile toutes les eaux vives dont les nations ont besoin pour se désaltérer. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le christianisme remplit toute la terre à l’égal de l’esprit de Dieu. Le catholicisme ne remplit qu’une partie du globe, quoique le titre qu’il porte se présente comme universel. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Lorsqu’on fait honneur au christianisme du progrès des arts, et particulièrement du perfectionnement de la littérature et de la poésie, on lui attribue un mérite que ce christianisme est bien loin de revendiquer. Ce n’est point pour apprendre aux hommes à faire des poèmes, et à se distinguer par de charmantes productions littéraires, que la parole est venue dans le monde : elle y est venue, non pas pour faire briller l’esprit de l’homme aux yeux de ses semblables, mais pour faire briller l’esprit éternel et universel aux yeux de toutes les immensités. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Pourquoi le christianisme n’a-t-il pas besoin de s’occuper de tous ces talents des hommes ? C’est qu’il habite parmi les merveilles divines, et que, pour les chanter, il n’a point à chercher comment il s’exprimera ; elles lui fournissent à la fois les affections, l’idée et l’expression. Aussi c’est lui seul qui peut répondre à l’observation que font d’éloquents écrivains : on ne sait pas où l’esprit humain a été chercher cela ; toutes les routes pour arriver à ce sublime sont inconnues. Car dans cet ordre-là, l’esprit humain n’a rien cherché, puisque l’esprit du christianisme lui a donné tout. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Quand les siècles de Barbarie furent arrivés, quand les beaux-arts, la belle littérature, et les nombreux monuments de l’esprit humain furent anéantis, le catholicisme perdit aussi bientôt l’illustration qu’il en avait reçue ; et n’ayant point de fixité à lui, étant toujours mobile, toujours dans la dépendance des impressions externes, il ne put pas résister à l’impétuosité du torrent qui se débordait. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Si l’on voit par tous ces faits que le catholicisme n’a jamais eu que des rapports de dépendance avec les arts et la littérature, et qu’il n’a jamais eu sur eux une influence active et directe ; que dirons-nous donc du christianisme qui non seulement n’a point eu ces rapports directs avec eux, mais qui même n’a point eu à leur égard les rapports de la dépendance ? Pour justifier la distance immense de ces arts et de cette littérature avec lui, nous pouvons donc nous contenter de répéter que dans ces oeuvres de l’homme, c’est l’esprit de l’homme et quelquefois moins qui fait tous les frais ; et que dans le christianisme, c’est l’éternelle parole seule qui s’en charge. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Car si le poète choisissait pour sujet un fait purement historique dans l’ordre terrestre, et qu’il y voulût joindre un autre merveilleux que celui de la fable, c’est-à-dire un autre merveilleux que celui des contes de fées, il ferait un contresens, à moins qu’il ne commençât par élever ses héros jusqu’à la qualité de demi-dieux, comme le pratiquent tous les faiseurs de poème épique ; et dès lors rentrant dans l’esprit du vrai christianisme qui ne fait de l’homme rien moins qu’un fils de Dieu et qu’une image de Dieu, ils pourraient sans contresens, et devraient même nécessairement développer toutes les machines merveilleuses qui constituent la merveilleuse existence des êtres depuis Dieu jusqu’au ciron, et qui entretient par un acte vif et constant l’ineffable harmonie des choses ; or dans ce genre qu’auraient-ils de plus merveilleux à nous présenter que les trésors actifs de la parole ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
C’est pour cela que de tous les moyens qui nous sont offerts pour jouir du sublime, il n’en est point de plus sublime que la parole ou le véritable christianisme, puisqu’il n’est autre chose que notre union même avec l’esprit et le coeur de Dieu ; et l’on pourrait tirer de là une preuve directe que ce christianisme est divin, puisque c’est au fruit qu’on connaît l’arbre. Mais cette preuve ne peut s’acquérir que par l’expérience : c’est là son A + B. Elle ne peut s’établir d’une manière complète par l’A + B du raisonnement. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Quant à la croyance que les beaux esprits et les génies en question peuvent avoir à ces preuves positives et expérimentales, dont je viens de parler, on n’ignore pas ce que l’on doit en penser. Ne les voit-on pas mettre sur la même ligne, ceux qui se croient athées, et ceux qui, quoique raisonnables, deviennent illuminés, prophètes, thaumaturges, à force de vanité, d’exaltation ou de curiosité ? Ne les entend-on pas dire que toute passion forte peut donner à l’esprit un trait de démence ? Ne sait-on pas en outre ce qu’ils disent du spectre d’Athènes, et ensuite du fantôme d’Athénodore, deux relations qu’ils rient de voir rapportées par Pline le plus sérieusement du monde, et qu’ils croient pouvoir regarder comme l’original de tous ces contes de revenants répétés et retournés en mille manières, attendu que chacun peut raconter à sa fantaisie ce qui, selon eux, n’est jamais arrivé ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Mais pourquoi défendent-ils que l’on marche par la raison ? C’est qu’ils n’ont pas fait attention que s’il y a une raison humaine qui est contre la vérité, il y a aussi une raison humaine qui est pour elle. Ils sont sages et prudents lorsqu’ils nous défendent la première espèce de raison, car, en effet, elle est l’ennemie de toute vérité, comme on le voit aisément aux outrages que font à cette vérité les docteurs dans les sciences externes qui sont l’objet et le résultat de la simple raison de ce monde naturel. La principale propriété de cette espèce de raison est de craindre l’erreur, et de ne se livrer qu’avec défiance à ce qui est la vérité. Toujours occupée de scruter les preuves, elle ne laisse presque jamais à l’esprit le temps de goûter le charme des jouissances vives. Elle a une marche ombrageuse qui empêche que le goût du vrai ne pénètre jusqu’à elle. Voilà ce qui entraîne à la fin les sociétés savantes dans l’incroyance, après les avoir retenues si longtemps dans les doutes. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Ceux qui font cas des Écritures n’ont qu’à voir combien elles prisent l’intelligence, combien elles menacent de priver de ce guide ceux qui s’écarteront de la ligne, et combien elles promettent de récompenser par ce flambeau ceux qui auront aimé la vérité. Ils n’ont qu’à voir comment tous les élus de Dieu, chargés d’annoncer sa parole, ont réprimandé les peuples, les individus, et les ministres religieux, qui négligeaient de faire usage de cette intelligence ou de cette raison divine, et de ce discernement pénétrant qui ne nous est donné que pour séparer continuellement la lumière des ténèbres, comme le fait l’esprit de Dieu ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Sans nous élever ici à ces sublimes principes de morale qui nous recommandent, avant de nous livrer à nos illusions, de regarder si autour de nous il ne nous reste pas quelqu’oeuvre utile à laquelle nous puissions nous consacrer, on voit au moins là d’où découlent les principes des moralistes les plus ordinaires, qui nous recommandent tant d’éviter l’oisiveté, soit du corps, soit de l’esprit ; on y voit aussi pourquoi communément il y a moins de corruption et de faiblesses parmi les hommes qui s’occupent, que parmi ceux qui vivent dans l’inaction et la fainéantise ; pourquoi il y a moins de fous dans la classe occupée que dans la classe oisive, et moins dans la classe occupée d’objets naturels et matériels que dans celle occupée des ouvrages de la pure imagination ; pourquoi enfin il y a moins de gens livrés aux mauvaises sciences, dans la classe inférieure et occupée, que dans celle de la grandeur et de l’oisiveté. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Or, comme la parole est toujours unie secrètement à ces appuis, il n’en est aucun qui ne puisse parvenir à partager avec elle sa vivifiante action. Voilà pourquoi ce serait en nous préservant de l’oisiveté de l’esprit dans les états doux, et de l’oisiveté du corps dans les états pénibles, que nous nous lierions insensiblement à la parole, et que peut-être nous deviendrions naturellement des ministres de la parole. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
C’est par abus que ce mot s’est introduit. Dieu a pu dire à plusieurs : Je vous ai choisis dès le sein de votre mère, et avant que le monde fût ; mais c’est l’esprit de l’homme qui a recouvert cette élection du mot de prédestination ; les faibles en ont encore altéré le sens, et les fanatiques ignorants en ont abusé. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Ne soyons donc point étonnés, quand nous nous régénérons, de sentir renaître en nous les sept sources ou les sept puissances qui sont les colonnes fondamentales de tous les êtres, ou d’y sentir se former, et s’y mouvoir les sept organes de l’esprit, puisque l’esprit veut être connu, et que c’est nous qu’il a choisis pour être ses témoins vivants. Si les sensibilisations spirituelles ne sont que les indices des opérations éternelles de l’essence première, il faut que nous soyons sensibilisés spirituellement avant de pouvoir faire connaître cette essence. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Quelquefois cet homme de désir se complaît dans ses douces perspectives que lui montre sa pensée, et qui ne vont rien moins qu’à lui persuader que ce grand oeuvre doit être possible d’après la promesse. Quelquefois même il se sent ému par de saints élans qui l’entraînent à croire qu’il pourrait, par sa foi, parvenir à réaliser quelques parties de ces plans sublimes ; et il n’y a pas de joies alors qui ne s’emparent de lui. Mais quand il se consulte scrupuleusement sur ce point, voici la réponse qu’il reçoit : Toutes les voies divines sont dirigées par l’amour : les puissances de Dieu sont sans bornes à la vérité, et elles peuvent tout, excepté ce qui contrarie l’amour. Or, c’est par amour que Dieu temporise ; c’est parce qu’il aime tout qu’il veut donner à tous les moyens et les temps nécessaires pour se remplir de lui, et pour que rien ne revienne à lui vide de lui. En brusquant les opérations et les temps, il pourrait sûrement faire disparaître toutes les apparences fausses et ténébreuses qui retiennent l’esprit comme captif ; mais il pourrait aussi par là faire disparaître l’esprit même qui seraient entraîné avec l’apparence, s’il n’était pas encore saturé de la teinture divine ; or cette teinture ne peut s’y infiltrer que par degrés. Si elle y pénétrait subitement et tout à la fois, elle le porterait dans des mesures si violentes qui excéderaient ses forces, et auxquelles il ne pourrait pas résister. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Nous avons vu déjà plusieurs fois que l’esprit de l’opération divine sur l’homme et sur l’univers était une immolation perpétuelle, un dévouement continuel de la parole à se sacrifier elle-même sans cesse pour substituer dans tous les êtres la substance divine en place de ce qui les gêne et les tourmente. Comme nous venons de Dieu, ce serait ce même esprit qui devrait à tous les instants nous animer, si nous voulons être son image et sa ressemblance, et faire revivre en nous le contrat divin. Aussi ce n’est pas seulement par vertu que nous devrions être sages, c’est par équité et par égard pour notre propre titre, aussi bien que par honneur pour celui qui nous en a revêtus, et que nous sommes chargés de représenter. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Il y a même dans le monde de si superbes manifestations de la parole, et cela indépendamment des traditions connues, et surtout indépendamment de la superbe manifestation de la nature, que quand je jette les yeux sur les magnifiques développements découverts par la générosité de la sagesse à quelques-uns de ses serviteurs, je ne peux m’empêcher d’être étonné de cette prodigalité de sa part. Je serais tenté de croire alors qu’elle ne connaît pas l’état d’abrutissement, d’ignorance, et de grossier endurcissement où sont les hommes relativement à la marche de la vérité, et au régime fécond de l’esprit. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
L’usage d’embaumer les corps des morts, et de les remplir des aromates les plus précieux, est une transposition de ce principe qui nous appelle tous à notre régénération soit corporelle, soit spirituelle. Il est certain que nous n’aurions pas d’autre tâche dans le monde, si nous étions prudent, que de travailler continuellement à revivifier dans nous le corps pur et l’esprit de vérité qui y sont comme éteints et comme morts ; en sorte qu’à notre mort physique, nous nous trouvassions parfaitement embaumés dans tous les sens corporels de notre première forme, non pas à la manière des momies terrestres, qui demeurent sans vie et sans mouvement, et finissent par se dissoudre ; mais comme emportant avec nous le baume vivant et incorruptible qui rendra à tous nos membres leur agilité et leur activité primitives, et cela dans des progressions toujours croissantes, comme l’infini et l’éternité. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Oui, si nous ne sommes pas des êtres égarés et liés par notre ennemi, nous pouvons tellement ouvrir les pores de notre esprit, de notre coeur et de notre âme, que la vie divine les pénètre tous, qu’elle nous imprègne de l’élément pur, que, malgré le dépérissement auquel l’âge expose nos organes matériels, nous exhalions tous les parfums de la région à venir, et que nous soyons ainsi des organes ambulants de la lumière et de la gloire de notre souveraine source : et telle était notre primitive destination, puisque nous devions être unis et animés de l’esprit et de la parole qui produit d’elle-même toutes ces choses. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Mais vous qui n’êtes entrés dans la ligne de l’administration de la parole qu’après que toutes les portes spirituelles et divines en avaient été ouvertes, ne croyez-vous pas avoir travaillé quelquefois à les fermer ? Pourquoi dans toutes vos solennités ne nous donnez-vous que pour des commémorations, ce qui ne devrait avoir lieu que pour opérer en nous des réalités toujours croissantes ? Pour que ces solennités fussent de vraies fêtes religieuses, il faudrait que l’esprit qui devrait y présider par votre organe, nous fit monter réellement lors de chaque période au degré de virtualité où la chose divine a monté elle-même dans le monde lors de cette époque. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
C’est ainsi qu’à la fête des semaines, ils devraient travailler à ressusciter en eux l’intelligence de toutes les langues que l’esprit parle sans cesse à tous les hommes, et que notre épaisse matière nous empêche d’entendre. Chaque année le retour de chacune de ces fêtes devrait opérer dans le fidèle un nouveau degré de développement, et c’est ainsi qu’il arriverait progressivement jusqu’au terme de régénération qui lui serait accordé dans ce bas monde. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Voilà ce que l’on pourrait appeler la prière journalière de l’homme ou son bréviaire naturel ; vérité profonde, que l’église externe a cru peut-être ne devoir pas enseigner, mais dont elle conserve au moins la figure en mettant le bréviaire des prêtres au nombre de leurs devoirs rigoureux ; et voilà l’emploi que l’homme peut espérer d’obtenir quand il s’élève vers son principe, et qu’il ose le solliciter de sortir de sa propre contemplation pour venir au secours de la nature, au secours de l’homme, et au secours de la parole : telle est l’époque que l’esprit attend, et pour laquelle il soupire avec des gémissements ineffables. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
“Ce n’est qu’alors que je serai vivant ; ce n’est qu’alors que ma parole pourra se faire entendre au milieu des déserts de l’esprit de l’homme. Pour que je fasse un usage vrai et juste de ma parole, il ne faut pas que j’en prononce une qui ne produise autour de moi l’amélioration et la vie. Pour que je ne prononce pas une parole qui ne produise autour de moi l’amélioration et la vie, il ne faut pas que j’en prononce une qui ne me soit suggérée, prêtée, communiquée, commandée.” TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Lorsque l’homme de Dieu instruit ses semblables, il n’y a donc pas une de ses paroles qui ne dût être confirmée par les signes virants son élection et de la virtuelle présence de l’esprit de vie en lui. Ainsi cet homme devrait, pour ainsi dire, n’être qu’un foyer perpétuel et inépuisable de prodiges qui pourraient sans cesse sortir de toutes ses facultés et de tous les organes de son être, puisque telle devait être sa propriété dans son état primitif, et puisque telle sera sa destination finale, quand il sera réintégré dans l’universelle source où les prodiges et les miracles n’auront même plus que des délices à réveiller et à répandre puisqu’ils n’auront plus le spectacle douloureux de l’iniquité et des désordres à contempler, ni la tâche pénible de travailler à les combattre. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Qu’est-ce que tu auras ensuite à combattre ? Ce sera cette âpre fermentation qui tient dans la violence et dans une confuse agitation toutes les bases fondamentales de la nature. Travaille à contenir et à suspendre cette fermentation, et l’esprit de l’univers, délivré de cette effroyable entrave, deviendra plus accessible à tes efforts ; car il faut aussi que tu l’atténues et que tu le soumettes. N’est-il pas un ouvrier aveugle qui fait indifféremment le bien et le mal ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Quand tu auras atténué et soumis cet esprit de l’univers, tu arriveras à cette éternelle nature qui ne connaît pas le bien et le mal, qui ne connaît pas l’âpre fermentation, et qui connaît encore moins les poursuites de l’ennemi. Traverse l’enceinte de cette éternelle nature, et tu trouveras dans sa demeure ton lieu de repos et l’autel où tu dois déposer ton offrande ; car elle est habitée par l’esprit pur, par l’intelligence, par l’amour, par la parole, par la majesté sainte : et c’est alors que tu sentiras ce que c’est que la prière ; ce n’est en effet que de ces divines sources qu’elle dérive et qu’elle pourra découler dans ton sein, pour que tu la répandes sur les nations. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
“Toutes ces magnifiques productions que tu avais créées, comme autant d’instruments chargés de nous transmettre les sons d’une harmonie pure, sont dans le silence, parce que l’air et l’esprit ont cessé de s’y introduire. Des voix rauques, repoussantes, ou portant l’effroi avec elles sont seules ce qui compose le concert de la nature. En vain l’homme la presse et lui demande de publier ta gloire, en manifestant les merveilles que tu as déposées dans son sein ; elle ne répond point : tes merveilles restent cachées comme dans des antres impénétrables ! et ta gloire ne parvient plus jusqu’à l’oreille de l’homme.” TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
L’intelligence humaine, à force de ne se fixer que sur les choses de l’ordre externe, dont elle ne parvient pas même à se rendre un compte qui la satisfasse, se ferme bien plus encore sur la nature de son être, que sur celle des objets visibles qui l’environnent ; et cependant, dès que l’homme cesse un instant de porter ses regards sur le vrai caractère de son essence intime, il devient bientôt entièrement aveugle sur l’éternelle source divine dont il descend, puisque si cet homme, ramené à ses éléments primitifs, est le témoin par excellence et le signe positif par lequel cette source suprême et universelle puisse être connue, elle doit s’effacer de notre esprit, dès qu’on fait disparaître le véritable miroir qui ait la propriété de nous la réfléchir. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Les incrédules et les athées s’arrêtent peu à cette longue et vague série de combinaisons antérieures à la formation des choses. Leur esprit, qui a besoin de fixer un point de vue plus déterminé, ne s’accommoderait pas longtemps de cet aperçu ténébreux, et qui suppose même déjà quelque pouvoir existant d’où ces séries puissent recevoir leur puissance, leur rang et leur cours. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Les hommes pourraient-ils nier la dégradation de leur espèce, quand ils voient qu’ils ne peuvent exister, vivre, agir, penser, qu’en combattant une résistance ? Notre sang a à se défendre de la résistance des éléments ; notre esprit, de celle du doute et des ténèbres de l’ignorance notre coeur, de celle des faux penchants ; tout notre corps, de celle de l’inertie ; notre acte social, de celle du désordre, etc. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Non, l’homme n’est pas dans les mesures qui lui seraient propres ; il est évidemment dans une altération. Ce n’est pas parce que cette proposition est dans les livres, que je dis cela de lui ; ce n’est pas parce que cette idée est répandue chez tous les peuples ; c’est parce que l’homme cherche partout ce lieu de repos pour son esprit ; c’est parce qu’il veut conquérir toutes les sciences, et jusqu’à celle de l’infini, quoiqu’elle lui échappe sans cesse, et qu’il aime mieux la défigurer et l’accommoder à ses ténébreuses conceptions, que de se passer d’elle ; c’est parce que, pendant son existence passagère sur cette terre, il semble n’être au milieu de ses semblables que comme un lion vorace au milieu des brebis, ou comme une brebis au milieu des lions voraces ; c’est que, parmi ce grand nombre d’hommes, à peine en est-il un qui se réveille pour autre chose que pour être la victime ou le bourreau de son frère. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
En effet, le monde ou l’homme égaré veut être tout esprit, et croit pouvoir se passer de son vrai coeur, ou de son coeur sacré et divin, pourvu qu’il mette avant son coeur animal et sa superbe. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Dans Dieu, il y a aussi un coeur sacré et un esprit, puisque nous sommes son image ; mais ils ne font qu’un, comme toutes les facultés et puissances de cet être souverain. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Or, nos droits peuvent aller jusqu’à former, comme la suprême sagesse, une éternelle et indissoluble alliance entre notre esprit et notre coeur sacré, en les unissant dans le principe qui les a formés ; et même ce ne sera qu’à cette condition indispensable que nous pourrons espérer de nous rendre de nouveau images de Dieu, et c’est en y travaillant que nous nous confirmons dans la conviction douloureuse de notre dégradation, et dans la certitude de notre supériorité sur l’ordre externe. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Si nous voulions un peu réfléchir, nous verrions qu’il se présenterait tout auprès de nous des preuves péremptoires de notre immortalité. Il ne faut en effet que considérer la disette habituelle et continuelle où l’homme laisse son esprit ; et cependant cet esprit ne s’éteint pas pour cela. Il s’échauffe, il se dévoie, il se livre à des erreurs, il devient méchant, il devient fou, il fait du mal au lieu du bien qu’il devrait faire, mais proprement il ne meurt pas. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Non, il n’y a que ceux qui se font matière, qui se croient dans leur mesure naturelle. Après ce premier écart de leur esprit, le second en devient comme une suite nécessaire : car la matière, en effet, ne connaît point de dégradation ; dans quelque état qu’elle se trouve, elle n’a que le caractère de l’inertie. Elle est ce qu’elle doit être. Elle ne fait point de comparaisons. Elle ne s’aperçoit ni de son ordre, ni de son désordre. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
(Ceci, pour le dire en passant, expliquerait pourquoi le lien conjugal emporte partout avec lui-même un caractère respectable, excepté aux yeux de ceux qui sont dépravés, et pourquoi ce même lien, malgré notre dégradation, est la base de l’association politique, celle de toutes les lois morales, l’objet de tant de grands et de petits événements sur la terre, en même temps que le sujet de presque tous les ouvrages de littérature, soit de l’Épopée, soit des pièces de théâtre, soit des romans ; enfin, pourquoi le respect porté à ce lien, ainsi que les atteintes qui lui sont faites, deviennent, sous tous les rapports civils et religieux, une source d’harmonie ou de désordres, de bénédictions ou d’anathèmes, et semblent lier au mariage de l’homme le ciel, la terre et les enfers ; car il serait étonnant qu’il résultât de là de si grands effets, si cette unité conjugale n’avait pas eu primitivement, par son importance, le pouvoir de décider du bonheur ou du malheur du cercle des choses et de tout ce qui peut avoir des rapports avec l’homme. Aussi ce mariage, le péché l’a rendu sujet à des conséquences bien fâcheuses pour l’homme et la femme. Ces conséquences consistent à ce que tout étant dévoyé pour l’être spirituel de l’un et de l’autre, cela oblige leur esprit à sortir de lui-même, s’ils veulent parvenir mutuellement à cette unité sainte qui leur est destinée par leur alliance. Aussi il n’y a pas jusqu’aux entretiens, encouragements et exemples qu’ils ne se doivent respectivement pour se soutenir, et pour que par ce moyen-là la femme rentre dans l’homme dont elle est sortie, que l’homme étaye la femme de la force dont elle a été séparée, et pour que lui-même puisse retrouver cette portion d’amour qu’il a laissée sortir de lui. Oh ! si le genre humain savait ce que c’est que le mariage, il en aurait à la fois un désir extrême et une frayeur épouvantable ; car il est possible aux hommes de se rediviniser par là, ou de finir par se perdre tout à fait. En effet, si les époux priaient, ils se rétabliraient dans le jardin d’Eden ; et s’ils ne prient pas, je ne sais comment ils pourraient se supporter, tant est grande l’infection et la corruptibilité qui nous constituent tous aujourd’hui, soit au moral, soit au physique ; surtout si à leurs propres imperfections et fragilités morales et physiques, ils joignent les néants corrosifs et destructeurs de l’atmosphère du monde frivole qui attire continuellement tout en dehors, puisqu’il ne sait pas vivre en lui-même et de lui-même). PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Toutefois je lui peindrai aussi les consolations qui lui restent, et surtout l’espoir qu’il peut concevoir encore de redevenir ouvrier du seigneur, conformément au plan primitif ; et cette partie de mon oeuvre ne sera pas la moins attachante pour moi, tant je souhaiterais qu’au milieu des maux qui le rongent, loin de se décourager et de se livrer au désespoir, il cherchât d’abord à faire naître en lui la force de les supporter, même de les vaincre, et de s’approcher assez de la vie, pour que la mort rougît de honte d’avoir cru pouvoir le subjuguer, et faire de lui sa proie et sa victime ; tant je souhaiterais en outre qu’il remplît en esprit et en vérité, l’objet pour lequel il a reçu l’existence ! PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Telle a été dans tous les temps la marche des ministres de la chose divine, en esprit et en vérité. Ils n’ont jamais écrit que d’après des oeuvres. Ainsi telle devrait être la marche de l’homme, puisqu’il est spécialement destiné à l’administration de la chose divine. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
C’est là ce qui fait que les livres des véritables administrateurs de la chose divine, offrent dans tous les temps à l’homme de désir, un esprit de vie toujours prêt à étancher la soif qu’il a de la vérité ; ils sont comme ces belles routes qui servent de communication entre de grandes villes, et qui offrent à la fois d’intéressants aspects, de bienfaisants asiles, et même de vigilants défenseurs contre les dangers et les gens mal intentionnés. Ils sont comme ces coteaux riants et féconds, posés par la main de la nature au long des fleuves qui les fertilisent, et auxquels ils procurent, à leur tour, d’utiles limites pour que le navigateur puisse faire sur leurs ondes un voyage aussi paisible qu’enchanteur. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Votre tâche est double aujourd’hui ; vos consolations ont la douleur pour mère et pour compagne. Les sons de l’allégresse ne se séparent plus pour vous d’avec les sons des gémissements. Nous avons beau les distinguer ; ils sont liés puissamment les uns aux autres, et toutes les jouissances même de votre esprit ne permettent pas à vos sanglots de s’interrompre. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Ainsi, homme de désir, il faut que tout ce que tu as laissé se coaguler et s’obscurcir en toi, se dissolve et se révèle aux yeux de ton esprit. Tant que tu y apercevras la moindre tache, et que la moindre substance y opposera une barrière à tes regards, n’aie point de relâche que tu n’aies dissipé cet obstacle : plus tu perceras dans les profondeurs de ton être, plus tu reconnaîtras sur quelle base l’oeuvre repose. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Bientôt les esprits enivrés de ces douceurs que nous leur procurerions, porteraient la charité jusqu’à oublier les maux que nous leur aurions faits auparavant par nos écarts ; car chacun des actes de cette substance est une floraison qui doit commencer par la racine de notre être, ou par ce qu’on peut appeler notre germe animique ; de là elle passe à la vie de notre esprit ou de notre intelligence, et ensuite à la vie de notre corps, et chacune de ces choses étant liée à sa région correspondante, chaque floraison qui se fait en nous se doit communiquer à son atmosphère particulière. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Mais comme cette substance ne peut opérer dans ces trois actes que pour nous donner partout une vie nouvelle, elle ne peut faire ce grand oeuvre que par une triple transmutation, et en nous donnant une nouvelle âme, un nouvel esprit et un nouveau corps. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
C’est par ces différents actes que la vie parvient à substituer à l’essence corrompue de notre âme, de notre esprit et de notre corps, une essence pure. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Quant à cette divisibilité, considérée abstractivement et dans notre pensée, elle a encore moins de possibilité, puisque ce n’est que notre propre conception qui sert de base à cette prétendue matière que nous nous forgeons continuellement ; et en effet, tant que notre esprit présente à la matière un pareil substratum ou un pareil germe, cette matière s’en empare dans notre pensée, et lui sert de forme et d’enveloppe. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Ainsi, tant que nous nous arrêtons à cette divisibilité, ou que nous en concevons les résultats sensibles, nous trouvons cette divisibilité possible et réelle, puisque la forme sensible suit toujours la base que nous lui offrons ; mais dès que nous détournons les yeux de notre esprit de ce foyer d’action dont nous ne nous rapprochons qu’intellectuellement, cette forme disparaît, et il n’y a plus pour lui ni pour nous de divisibilité de la matière. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Néanmoins dans cette série de la formation des êtres qui vient de nous occuper, il y a un point important qui se refuse à notre connaissance ; c’est le magisme de la génération des choses, et encore ne s’y refuse-t-il que parce ce que nous cherchons à atteindre, par l’analyse, ce qui en soi n’est appréhensible que par une impression cachée ; et même on peut dire que sur ce point Jacob Boehme a levé presque tous les voiles en développant à notre esprit les sept formes de la nature, jusque dans la racine éternelle des êtres. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Car il ne pouvait pas s’enflammer là cet esprit de chaleur d’où résultent la lumière, l’amour et la douceur, et il n’y eut qu’un engendrement de la rigidité, de l’âpreté et de la fureur. Aussi Saturne est l’opposé de la douceur. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Pour comprendre la sublimité de nos droits, il faut remonter jusqu’à notre origine. Mais avant de considérer la nature de l’Homme-Esprit, nous observerons ce qu’en général on peut appeler l’Esprit, dans quelque genre que ce soit ; nous exposerons les sources radicales d’où dérive cette expression, et nous prendrons d’abord ce mot esprit dans les différents sens sous lesquels il peut être envisagé dans nos langues. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
D’après cet exposé nous ne devons pas craindre de regarder comme esprit le fruit provenant perpétuellement des éternelles puissances suprêmes, ou de leur unité universelle, puisque par l’engendrement actuel dont ce fruit provient sans interruption, il doit porter par-dessus toutes les autres émissions, le nom d’esprit que nous donnons à tout ce qui nous offre le caractère d’une émission ou d’une expression actuelle. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
De même que le fruit de toutes les générations qui sont soumises à notre vue, répète et représente tout ce qui constitue ses puissances génératrices ; de même ce que nous appelons esprit dans l’acte générateur de l’éternelle unité, ne peut être autre chose que l’expression actuelle et manifeste de tout ce qui appartient sans exception, à cette éternelle unité : ainsi c’est à cet esprit universel à nous la faire connaître, à nous la retracer dans son entier, comme l’Homme nous retrace temporellement toutes les propriétés de ses père et mère dont il est l’entière et vivante image. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Oui, l’éternelle sagesse et l’éternel amour soignent à la fois leur gloire et notre intelligence ; ils semblent craindre de nous laisser croire que rien ait commencé, et qu’il y ait autre chose que l’éternel, puisque véritablement nul être, et particulièrement nul homme n’a pour son propre compte l’idée d’un commencement, si ce n’est pour son corps ; et encore est-ce autant d’après l’ennui que ce corps occasionne à son esprit, que d’après les exemples journaliers de sa reproduction, que lui vient cette connaissance ; car en effet il n’y a que le mal et le désordre qui puissent avoir un commencement. Aussi, comme l’homme tient à l’unité ou au centre qui est le milieu de toutes choses, il a beau vieillir corporellement, il ne s’en croit pas moins au milieu de ses jours. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Tout est esprit, tout est charité divine dans cette prière, parce qu’elle a généralement pour objet ce contrat divin, au maintien duquel nous devrions contribuer tous. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Cette oeuvre est le complément de l’oeuvre de la prière puisque c’est l’action même, pour ne pas dire la génération vive de l’ordre divin qui veut bien passer en toi. Cette oeuvre est bien au-delà des opérations théurgiques, par lesquelles il arrive que l’Esprit s’attache à nous, veille sur nous, prie même pour nous, et exerce la sagesse et les vertus pour nous, sans que nous soyons ni sages ni vertueux puisque cet esprit alors ne nous est uni qu’extérieurement, et opère souvent même ces choses à notre insu, ce qui nous entretient dans l’orgueil et dans une fausse sécurité, plus dangereuse, peut-être, que nos faiblesses et nos écarts qui nous ramènent à l’humilité. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Mais comme le sacerdoce humain a souillé cette voie, ou l’a rendue nulle, il faut qu’elle soit suspendue à son tour et que l’action vive et violente la remplace, comme la prière ou la loi de grâce a remplacé la loi dont les Juifs avaient abusé ; et c’est dans cet esprit de sagesse et toujours bien faisant, que l’amour suprême dirige ou laisse arriver tous ces événements lamentables dont l’homme terrestre murmure en oubliant que ce sont ses propres crimes qui les occasionnent, et qui bouleversent la terre, tandis qu’il était né pour tout pacifier et tout améliorer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Dans le passage terrestre auquel nous sommes condamnés, et dans les divers sentiers spirituels que l’homme peut parcourir pendant ce passage, nous avons tous une porte particulière par laquelle la vérité cherche à entrer en nous, et par laquelle seule elle y peut entrer. Cette porte est indépendante et distincte de la porte générale de notre origine par laquelle la vie radicale descend en nous, et nous constitue esprit ; puisque cette porte générale est commune à nous et à l’être pervers également. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Notre esprit est scellé de sept sceaux, et les hommes, par leur réaction mutuelle, se servent bien réciproquement de clefs, par le moyen desquelles ils s’ouvrent leurs sceaux spirituels les uns aux autres ; mais il faut que ce soit Dieu lui-même qui clarifie notre pensée pour qu’elle soit pure, puisque nous ne pouvons vivre que de notre mère. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Tout est esprit dans l’oeuvre divine. C’est pourquoi les tribulations corporelles de ce bas monde, les guerres, les fléaux de la nature, qui ne sont pas envoyés directement par Dieu, n’occupent pas sa vigilance autant que le soin des âmes ; et même, tandis que les hommes du torrent se massacrent, et qu’ils sont corporellement les victimes des catastrophes de la nature, il est sensible principalement aux maux de leurs âmes, tant son ardeur et son action tombent sur cette pensée qui lui est chère. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ajoutons que souvent mêmes pour ses élus, Dieu ne change point la marche pénible et désastreuse des choses d’ici-bas ; mais seulement il leur donne la force d’y résister : ce qui n’empêche pas que, dans tous les cas, et dans quelques mesures où les hommes se trouvent, Dieu ne s’occupe de leur âme et de leur esprit avec un soin que notre faible intelligence ne pourrait comprendre, et que nos langues ne pourraient exprimer tant il cherche à nous préserver des seuls et véritables dangers qui nous environnent, et que nous devions craindre ; et tant il voudrait nous voir réaliser le contrat divin qui accompagne notre origine, comme nous l’observerons dans un instant. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Aussi ne doutons plus que toutes les traditions des peuples ne nous offrissent des traces de cette marche attentive de l’amour suprême envers toi. Ne doutons plus que depuis l’origine des choses, il ne se soit conduit envers les nations, comme il le fait encore tous les jours envers les individus, en s’efforçant par de violents mouvements secrets, de les réveiller au milieu de leurs assoupissements, et de les arracher aux dangers où ils se sont exposés par leurs imprudences ; ne doutons pas enfin que ce ne soit dans cet esprit, et par cet esprit, que Moïse nous ait peint dans l’Exode la voix suprême proférant au milieu des éclairs et des tonnerres, devant le peuple Hébreu, cette impérieuse et exclusive ordonnance divine que les nations avaient si fort oublié : Vous n’aurez point d’autre Dieu devant moi. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car cet homme primitif aurait eu aussi des légions sur lesquelles il aurait eu une autorité absolue, en leur communiquant son esprit, comme nous voyons qu’un général fait passer, pour ainsi dire, sa volonté dans les cent mille hommes qu’il commande, que par là il les rend uns avec lui, et leur ôte en quelque sorte leur volonté propre, pour ne leur donner que la sienne, sans quoi son empire sur eux serait une chose inexplicable et impossible. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Les puissances et les facultés de notre esprit offriraient sans doute la même loi, en montrant une sorte d’uniformité dans les mouvements des pensées de l’homme, qui ramène tous ses systèmes à un nombre limité de théorèmes et d’axiomes et toutes ses institutions à des formules fondamentales qui ne varient presque pas. L’art médicinal, le moral, le politique, les assemblées délibérantes et scientifiques, enfin ce qui tient à l’ordre religieux, et si j’ose le dire, l’ordre infernal lui-même, tout viendrait en foule ici déposer en faveur de ce principe. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Que serait-ce donc si elle avait eu là aussi un sens spirituel ? Et dans le vrai, la matière n’ayant qu’une vie de dépendances et n’ayant d’existence, de vertus et de propriétés que par les diverses actions spiritueuses qui l’engendrent, la combinent, la constituent et la caractérisent ; étant, en outre, le continuel réceptacle de puissances étrangères à l’ordre, et qui ne tendent qu’à poser partout leur sceau d’irrégularité et du confusion, il n’est pas étonnant que cette matière nous offre les types et le jeu de toutes ces actions diverses et opposées, dont notre propre esprit nous fait lire en nous-mêmes les tristes témoignages. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
En un mot, c’est dans cet esprit d’éloigner les bases envenimées que l’on verrait pourquoi dans la conquête de la terre promise, il fut si souvent recommandé au peuple Juif d’exterminer jusqu’aux animaux parce que dans ce cas-là la mort des animaux infectés des actions impures de ces nations en préservait le peuple choisi ; tandis que dans la pratique des sacrifices, la mort des animaux purs et purifiés attirait sur ce même peuple des actions préservatrices et salutaires. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il n’est pas difficile non plus de sentir combien cette institution, si salutaire dans son principe et dans son objet, aurait procuré d’avantages à l’homme s’il l’eût suivie dans son véritable esprit ; il suffirait pour cela de jeter de nouveau les yeux sur les sacrifices rétablis du temps de Moïse, et de reconnaître qu’en les observant fidèlement, le peuple n’eût jamais été abandonné, et aurait attiré sur lui tous les biens dont il était susceptible alors, puisque les puissances et les lumières divines l’auraient toujours environné. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Abraham était l’élu du Seigneur, quoiqu’il eût pris naissance parmi des idolâtres, et quoique quelques-uns l’accusent d’avoir lui-même fait le commerce des idoles. Son coeur avait pu se conserver pur, quoique son esprit fût livré aux ténèbres qui couvraient celui de ses contemporains. Ainsi les faveurs divines pouvaient trouver accès chez lui, sans le moyen secondaire de la circoncision. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est avec ce même esprit qu’il faut envisager tous les sacrifices qui ont été immolés chez les Hébreux depuis leur entrée dans la terre promise jusqu’à la destruction de leur dernier temple par la puissance romaine, et il est inutile à notre plan que nous en suivions la chaîne et les époques, parce qu’elles rentrent toutes dans ce principe établi, et que c’est particulièrement du principe, ou de la clef universelle dont nous nous occupons ici, très persuadé que si elle est puisée dans la vérité, elle aidera à résoudre toutes les difficultés. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il fut défendu au peuple Hébreu de s’allier aux nations qu’il allait combattre dans la terre promise ; et la transgression de cette loi le conduisit seulement aux différentes servitudes particulières qu’il a subies. Quant à Adam et à sa postérité, c’est la terre entière qui leur est donnée pour la cultiver, et pour en déraciner les ronces et les épines ; et c’est, au contraire, pour l’avoir remplie d’iniquités, que le Seigneur retire son esprit de dessus les hommes, et qu’il verse le terrible fléau du déluge. Par l’étendue du crime, jugeons de l’étendue de la puissance, et par l’étendue de la puissance, jugeons de l’étendue de la loi. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ainsi, quoique la voix et le sang des prophètes aient été plus avantageux pour l’homme que les victimes de la loi lévitique, quoiqu’ils aient pu l’amener à un degré plus élevé puisqu’ils ont pu délier son esprit, ils ne l’ont cependant point porté à cette idée sublime d’une immolation à la fois soumise et volontaire, fondée sur la connaissance de l’abîme dans lequel le sang nous retient, et sur l’espoir encourageant de notre absolue délivrance quand ce sacrifice est fait sous l’oeil de la lumière, et dans les mouvements de notre éternelle nature. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
En effet, l’effusion du sang de la victime doit opérer en raison du rang et des propriétés de cette victime ; et si le sang des animaux ne pouvait délier que les chaînes corporelles du péché dans l’homme, puisqu’ils n’ont rien au-dessus de l’élémentaire ; si le sang des prophètes déliait les chaînes de son esprit en lui laissant entrevoir les rayons de l’étoile de Jacob, l’effusion du sang du réparateur devait délier les chaînes de notre âme divine, puisque ce réparateur était lui-même le principe de l’âme humaine, et lui dessiller assez les yeux pour qu’elle aperçût la source même où elle avait puisé la naissance, et qu’elle sentît que ce n’était que par l’immolation intérieure et volontaire de tout ce qui dans nous nage dans le sang et tient au sang, que nous pouvions satisfaire le désir et le besoin essentiel que nous avons de nous réunir à notre source divine. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Quoique le sacrifice du réparateur ait mis les hommes à portée de remplir, autant qu’il est possible ici-bas, la sublime tâche de leur régénération en s’unissant à lui, et en le servant en esprit et en vérité, il a voulu encore laisser sur la terre, en la quittant, un signe d’alliance qui pût journellement nous retracer sa manifestation et son dévouement pour nous, comme nous avons vu précédemment des signes et des témoignages demeurer après les diverses manifestations des lois de la justice, les ordonnances lévitiques, et les révélations prophétiques, qui ont été promulguées depuis le commencement du monde. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car, s’il est écrit qu’il faut être saint pour s’approcher de ce qui est saint, il faut aussi être esprit pour approcher de ce qui est esprit ; voilà pourquoi l’homme terrestre n’y peut jamais porter qu’un oeil de ténèbres ou de profanation ; tandis que l’Homme-Esprit doit se rendre compte de tout ce qui est offert à son usage et à sa réflexion. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
C’est pourquoi il remit l’institution entre les mains des hommes qu’il avait régénérés, tandis que lui-même est remonté vers sa source pour y boire le fruit nouveau de la vigne céleste, et prononcer sans cesse, dans le royaume invisible, des paroles de vie qui correspondent avec les paroles sacramentales. Par là les hommes régénérés qui doivent administrer cette institution, peuvent se trouver en rapport avec lui et avec son oeuvre régénératrice, et lier à cette même oeuvre ceux qui veulent y participer et s’y unir en esprit et en vérité. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car il veut, cet esprit, que nous annoncions la mort du Christ à nos iniquités, pour les chasser loin de nous ; aux hommes de Dieu de tous les âges, pour qu’ils soient présents activement dans notre oeuvre ; à la Divinité, pour lui rappeler que nous sommes rachetés à la vie, puisqu’elle a mis elle-même son sceau et son caractère dans le libérateur qu’elle a choisi ; enfin, il veut que nous annoncions universellement cette mort à l’ennemi, pour le faire fuir de notre être, puisque tel a été l’objet de la mort corporelle du réparateur. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Quoique nous ne puissions répéter que dans une mesure limitée, à l’égard de nos semblables, cette oeuvre immense que le réparateur a opérée sur la famille humaine toute entière, en brisant devant elle les portes de la mort et de sa prison ; c’est néanmoins par son esprit seul que nous pouvons en exercer la portion qui nous en est réservée ; et si par les sacrifices des animaux la loi attirait sur les hommes des actions régulières temporelles, si par la voix des prophètes la sagesse envoyait sur les nations des actions régulières spirituelles, par la voix de l’amour et de la sainteté du réparateur, nous pouvons faire descendre sur nous comme sur nos frères des vertus divines mêmes, qui leur procurent la paix, l’ordre et l’harmonie sacrée selon les mesures qui nous en sont permises ici-bas. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Les jeunes gens, dans qui cet esprit ou la vie commence à percer au travers de leur matière, sont plus ou moins effrayés de la mort, selon qu’ils sont plus ou moins imprégnés de cet esprit, ou de la vie, et selon que le contraste de leur esprit et de leur matière se fait plus ou moins sentir en eux. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Les hommes faits et les vieillards dans qui leur esprit ou la vie a fait ses développements, et qui ont suivi fidèlement la loi de leur être, se trouvent si remplis des fruits de leur oeuvre lorsque le terme de leur carrière arrive, qu’ils voient non seulement sans effroi et sans regrets, mais même avec joie, la démolition de leur enveloppe matérielle. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
L’homme veut-il se considérer sous les rapports des connaissances, ou sous les rapports de son esprit ? Il rencontrera de nouveaux sujets de lamentations ; car il le verra livré à des connaissances systématiques et conjecturales ; à des efforts continuels pour chercher seulement comment il composera la nomenclature de ses sciences ; enfin à des nuages d’idées qui se combattent sans cesse et font de sa pensée une mer mille fois plus agitée et plus orageuse que ne l’est l’atmosphère au milieu des plus violentes tempêtes. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Oppressé par votre propre douleur, vous vous renfermerez dans vous-même ; mais du sein de votre propre asile le plus secret, votre zèle vous portera vers vos frères égarés et insensibles, soit à leurs propres maux, soit à ceux qu’ils font souffrir à la tige vénérable de la famille humaine. Là vous vous tiendrez assidûment auprès de leur être intime, comme Jérémie à la porte du temple de Jérusalem. Vous l’importunerez en ne cessant de fixer son esprit sur l’exercice de ses sublimes pouvoirs, et sur l’importance de la justice. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
En vain l’homme prétend obtenir tous ces triomphes par des moyens mitigés et par les faibles spéculations de son esprit et de sa raison. Tous ces prétendus expédients le trompent et ne sont qu’illusoires. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Quoiqu’il y ait bien loin des conversations des hommes à la véritable parole, cependant, lorsqu’ils se trouvent ensemble, s’ils ne vivifiaient pas leur atmosphère par leurs discours, ou par ces faibles ombres de la parole ; enfin, s’ils ne ranimaient pas un peu par là ce sépulcre dans lequel ils existent, ils ne connaîtraient dans leur esprit que le froid et l’ennui de la mort. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Or, la fibre peut bien influer sur le caractère du style, mais non pas toujours sur le caractère de la pensée qui ne tient point à nos fibres, quoiqu’elle passe par nos sens pour nous parvenir. Aussi on peut bien, au style d’un écrivain, deviner sa fibre ; mais à son style on ne devinera pas toujours sa pensée, surtout si comme les sages et comme les poètes qui devraient l’être, il porte habituellement son esprit au-delà de la région des fibres, et si le lecteur au contraire ne demeure que dans cette région des fibres. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Aussi qui ignore combien les obscures spéculations de l’homme répandent de ténèbres sur la terre quand il est livré à son propre esprit ? Aussi, au milieu de cet extralignement des sciences et de la littérature qu’est devenue la parole ? Qu’est devenue même la langue de l’homme ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
En général, je trouve que quand les littérateurs et les poètes se sont emparés des richesses de l’Écriture sainte, ils les ont plutôt altérées qu’embellies, soit en les mélangeant avec des couleurs fausses, soit en les affaiblissant par des diffusions, parce qu’ils n’étaient pas dirigés dans leur entreprise par le véritable esprit du christianisme ; aussi n’ont-ils jamais plus brillé que quand ils se sont contentés de montrer ces richesses dans leur simplicité et leur intégrité littérale. En effet, pourquoi Athalie est-elle regardée comme un chef d’oeuvre de perfection ? C’est que Racine n’a fait pour ainsi dire dans cet ouvrage que copier l’Écriture. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Dans cette pensée ils s’évertuent, ils redoublent d’efforts pour établir des règles et des lois pendant qu’il leur faudrait simplement suivre celles que cette vérité dicte éternellement. Ils travaillent péniblement pour mettre en action leur propre industrie et leur propre esprit, tandis que la première chose qu’ils auraient à faire, ce serait d’oublier ce ténébreux esprit de l’homme, et de postuler bien humblement la bienveillance de la vérité, afin qu’elle daignât les admettre à son service. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
En effet, les nombreuses diversions, affections et entraînements, que nous suggèrent journellement les travaux et les soins de la vie, soit animale, soit sociale et politique, sont autant de secours qui ne cessent de se présenter à nous pour nous retenir au bord de nos abîmes ; car notre esprit pourrait sans cela s’y précipiter à tout instant. Ce sont autant de digues et de palissades qui se trouvent partout au long des précipices où nous marchons pendant notre passage dans ce bas monde. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Voilà notre boussole, voilà notre vaisseau, voilà notre port, voilà notre ville de refuge. Allons à ce guide par notre esprit et par nos actes ; unissons-nous à lui et partout il nous fera renaître de la mort à la vie, par lui et avec lui ; partout il nous fera participer à sa propriété d’être un continuel prodige, et l’ennemi sera obligé de nous laisser passer sans avoir mis d’imposition ni sur nous, ni sur notre félicité présente et future. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Ministres des choses saintes, n’était-ce pas à vous à développer ces vérités à notre esprit ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le sage travaille pour son propre repos, en effaçant chaque jour les taches qui obscurcissent l’homme depuis le péché, et en cherchant à faire descendre en lui la fontaine de vie qui seule peut lui donner la paix ; c’est là le terme où tout homme doit tendre s’il veut être juste. L’homme de charité va plus loin ; il ne se contente pas de son propre bonheur ; il a encore besoin du bonheur de ce qui n’est pas lui ; et ici cet esprit de charité peut porter deux différents caractères, l’un spirituel, et l’autre divin. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Ministres des choses saintes, ne serait-ce pas à vous à nous enseigner ces vérités si imposantes et si peu connues ? Car, qui est-ce qui se persuade ici-bas que nous ne soyons autre chose que les grands économes des domaines de Dieu, et chargés de travailler à son repos ? Hélas! on pourrait dire que l’homme ne travaille qu’à l’oeuvre opposée, et qu’il se conduit comme s’il ne cherchait qu’a opérer le repos de l’ennemi, tandis que nous ne devrions nous occuper qu’à guérir les plaies qu’il fait sans cesse à toutes les régions ; et tout nous apprend que nous pourrions atteindre à ce haut emploi, en nous attachant en esprit et en vérité au ministère de la parole, puisque s’il y a d’un côté une progression descendante des abominations de l’homme et de son ennemi, depuis l’origine du monde, il y a aussi une progression ascendante des trésors divins développés devant nous, depuis cette même origine, et qui ne cesseront de se développer jusqu’à la culture du temps. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le maître nous apprend quelle était l’ignorance de ses disciples en ce temps-là, puisqu’ils ne savaient pas à quel esprit ils étaient. Ne perdons point de vue les progressions et les époques temporelles et spirituelles auxquelles le réparateur lui-même a été assujetti. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
C’est ainsi qu’en célébrant la fête du sabbat, ils auraient dû s’élever en esprit au-dessus des six actions ou puissances élémentaires qui emprisonnent l’homme aujourd’hui, et unir leur être intime aux sept sources universelles dont il découle, dont il est comme une virtuelle représentation, et dont il n’aurait jamais dû se séparer. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Or, ce ministère consiste à se remplir de merveilleuses fontaines divines, qui s’engendrent elles-mêmes de toute éternité, afin qu’au seul nom de son maître, l’homme précipite tous ses ennemis dans l’abîme ; afin qu’il délivre les différentes parties de la nature des entraves qui la resserrent et la retiennent dans l’esclavage ; afin qu’il purge l’atmosphère terrestre de tous les venins qui l’infectent ; afin qu’il préserve le corps des hommes de toutes les influences corrompues qui le poursuivent, et de toutes les maladies qui les affligent ; afin qu’il préserve encore plus leurs âmes de toutes les insinuations malignes qui les altèrent, et leur esprit de toutes les images ténébreuses qui l’obscurcissent ; afin qu’ils rendent le repos à la parole que les fausses paroles humaines tiennent dans le deuil et dans la tristesse ; afin qu’il satisfasse les désirs des anges qui attendent de lui le développement des merveilles de la nature ; afin, en un mot, que l’univers devienne plein de Dieu comme l’éternité. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
L’homme ne devrait pas plus se reposer que Dieu même ; car le repos de l’homme devient même une prière, lorsque cet homme a eu soin de prier virtuellement avant de se reposer. L’action de Dieu et l’action de l’homme sont liées l’une à l’autre, elles doivent être perpétuellement simultanées. L’homme est esprit, Dieu est esprit ; l’homme a le pouvoir de dire à Dieu : nous sommes esprits l’un et l’autre, coordonnons mutuellement notre action. L’homme peut assister, sous l’oeil de Dieu, à l’oscillation du balancier qui règle les mouvements des diverses régions des êtres ; il est chargé d’en gouverner tous les battements. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
“Mais le seul vrai moyen d’obtenir cette faveur de toi, c’est de travailler sans cesse à établir dans mon être individuel l’harmonie que tu engendres et maintiens sans cesse dans l’universalité des régions des êtres. Oui, il faut que je travaille sans cesse à rendre ma parole le Dieu de mon moi et de mon cercle, comme tu es le Dieu du cercle illimité ; alors devenu esprit, comme tu es esprit, je cesserai d’être un étranger pour toi ; nous nous reconnaîtrons mutuellement pour esprits, et tu ne craindras plus de t’approcher de moi, de frayer et de commercer avec moi. ” TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Oui, la vie divine cherche continuellement à briser les portes de nos ténèbres, et à entrer en nous pour y apporter ses plans de la restauration de la lumière : elle y vient en frémissant, en pleurant, eu nous suppliant, pour ainsi dire, de vouloir concourir avec elle dans cette grande oeuvre ; à chacune de ses sollicitations, elle dépose en nous un germe vivant, mais un germe concentré que c’est à nous ensuite à développer. Or pour nous aider dans cette divine entreprise, elle ne dépose en nous aucun de ces germes, qu’elle n’y dépose en même temps un extrait de la substance sacramentale, sur laquelle notre confiance peut reposer, dans la joie et dans l’espérance que ces germes ne peuvent manquer de venir à bien, si nous nous appliquons en esprit et en vérité à leur culture. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
C’est-là l’oeuvre que chaque individu de l’espèce humaine est chargé d’opérer sur lui-même ; c’est là l’oeuvre que la sagesse suprême s’efforce de remplir en grand par rapport à l’univers ; et c’est à concourir avec elle à cet oeuvre immense que sont appelés les ouvriers du Seigneur en esprit et en vérité. Travaillez, ouvriers du Seigneur, ne vous ralentissez point dans votre magnifique entreprise ; des récompenses si glorieuses vous attendent ! TROISIÈME PARTIE. De la Parole.