Zerbolt : Scriptum pro quodam

Un clerc dans les ordres mineurs demanda à Zerbolt s’il ne serait pas meilleur pour lui de recevoir les ordres majeurs: il craint sinon que sa lumière ne soit «mise sous le boisseau» et il est d’avis que la prêtise lui permettra de mieux faire fructifier ses talents. Dans son Scriptum pro quodam inordinate gradus ecclesiasticos et predicationis officium affectante, Zerbolt répond1. À la suite de Gérard Grote, les Dévots professaient un immense respect pour le sacerdoce et le ministère de la prédication. A leurs yeux, une condition absolue pour cette vocation était la sainteté de vie. Les nombreux prêtres indignes qui convoitaient cette fonction par ambition ou goût du lucre et l’obtenaient, étaient pour eux occasion de scandale. Celui qui sans y être encouragé par son supérieur, postulait de lui-même la charge, en devenait par là-même indigne à leur yeux. Gérard Grote ne fut jamais ordonné prêtre, ne s’en jugeant pas digne. Il craignait qu’une promotion au sacerdoce ne le détourne, lui, diacre, de la vie spirituelle par le souci trop important de se donner aux affaires du monde2.

Zerbolt répond à son correspondant avec une consciencieuse précision. En douze chapitres, il lui explique quelles considérations sont correctes ou erronées, pour accepter un ordre supérieur. Il situe d’abord le sujet (1-4). La visée la plus haute d’une vie pieuse est de se tenir éloigné des tracas mondains pour s’occuper de Dieu, sans être importuné. On ne se chargera d’affaires extérieures ou administratives que si un supérieur l’exige ou sous la pression des circonstances. Mais aspirer de soi-même à une ordination plus élevée est toujours déplacé, malgré d’essentielles apparences, car il s’y cache une tentation d’une espèce très dangereuse. Après cette introduction, notre auteur discute les six arguments sur lesquels le clerc avait fondé ses désirs (5-12); Zerbolt les réfute sans exception, en citant les Pères de l’Eglise et les lettrés; son conseil au clerc est négatif, sans ambiguïté: mieux vaut travailler à sa propre sanctification que d’entreprendre des tâches extérieures qui ne sont pas imposées.


  1. Le texte est édité par A. Hyma (éd.), «Het Scriptum pro quodam inordinate gradus ecclesiasticos et predicationis officium affectante door Gérard Zerbolt van Zutphen», dans Nederlandsch archief voor kerkgeschiedenis N.S. 20 (1927), p. 179-232. Van Rooij en donne un résumé (op. cit., p. 222-241), les manuscrits aux p. 286 et 347-348. Van den Bosch cite encore quatre autres manuscrits (Studïën over de observantie …, p. 146, note 134). 

  2. Grote est d’avis que très peu de gens sont dignes de cette fonction (Pohl, ed. cit., t. VII, p. 139; van Rooij, op. cit., p. 51. Une discussion de la question est instituée par Epiney-Burgard, Gérard Grote (1340-1384) et les débuts de la Dévotion Moderne, p. 226-230.