Zerbolt Pretiosis Vestibus

Devotio Moderna — OBRAS DE GERARDO ZERBOLT
Gérard Zerbolt de Zutphen, Manuel de la réforme intérieure
De pretiosis vestibus
Le De pretiosis vestibus débat de la question des vêtements de celui qui, habitant généralement en ville, souhaite vivre selon l’idéal des Dévots1. Gérard s’y affronte à un réel problème, car après leur conversion, les Dévots avaient choisi de se vêtir très sobrement, parfois même pauvrement, au point d’être raillés ou montrés du doigt. Ils avaient choisi cet habit convaincus que l’aspect extérieur entretient une relation directe avec l’attitude intérieure et révèle si la personne poursuit ou non un idéal d’humilité. Zerbolt en adoptant cette façon de se vêtir, en fit la nécessaire expérience. Rudolf Dier de Muide se souvient que, pendant sa période de probation, il porta la tunique de Maître Gérard Zerbolt; ce vêtement était si étroit qu’il ne pouvait l’enlever qu’avec la plus grande difficulté2.

Le traité argumente que le port de vêtements coûteux est pécamineux et qu’au contraire le port de vêtements sobres stimule la vertu. Porter des vêtements coûteux est en désaccord avec ce que Jésus, les hommes saints et sages ont enseigné; car l’aspect extérieur conduit à la préoccupation, au vol et à l’envie et pousse à leur perte celui qui les porte et son entourage. Au contraire, un vêtement pauvre reflète une âme humble; il rend peut-être l’homme méprisable aux yeux de son prochain, mais le rend précisément plus aimable au regard de Dieu. Qui veut progresser dans la vertu d’humilité portera donc un vêtement simple et usé. Zerbolt s’adresse davantage à ceux qui enseignent ou prêchent à leurs auditeurs de se couvrir de riches vêtements. Il réfute leurs arguments un à un avec grande précision.

En 1936 déjà, van Rooij considérait comme plausible que Zerbolt soit l’auteur du De vestibuspretiosis\ il en connaissait quatre copies latines. Récemment, Thomas Kock a renforcé la thèse de la paternité de Zerbolt par de nouveaux arguments. Un des manuscrits latins déjà connus, originaire du monastère St. Barbara à Cologne, nomme explicitement Zerbolt comme auteur. Dans un autre manuscrit du même monastère — où le traité porte un autre titre — une main tardive a ajouté que Gérard en était l’auteur. Il semble exister un lien particulier entre Zerbolt et la ville de Cologne; est-ce parce que le demi-frère de Gérard, Helmicus Amoris, fut probablement frère Croisier d’abord à Cologne, avant de témoigner publiquement en 1424, comme Prieur général des Frères Croisiers, que la forme de vie des Frères de la vie commune était bonne et édifiante3. Si bien que le témoignage de Revius allié à la mention du manuscrit de Cologne fonde solidement la paternité de Zerbolt.


NOTAS
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  1. D.J.M. Wüstenhoff, Het tractaat «De pretiosis vestibus», Gent etc. 1890. Wüstenhoff n’est pas convaincu que Zerbolt soit l’auteur de ce texte (p. 7-13). Un résumé du traité se trouve dans van Rooij, op. cit., p. 211-221. 

  2. Eadem tunica domini Gherardi ego tempore probationis mee per tempus vestiebar, que erat tam stricta, quod exuebam eam cum magna diffîculta-te (Dumbar, Analecta, p. 22). 

  3. Pour l’attribution du texte, voir van Rooij, Gérard. Zerbolt van Zutphen …, p. 51-52, 73-74; pour les quatre manuscrits latins voir p. 286 et 345-346. Sur de nouveaux manuscrits attribués à Zerbolt et sur son demi-frère, voir Kock, «Zerbolt inkognito». P. van den Bosch parle d’un manuscrit du De vestibus pretiosis provenant d’un couvent de Frères Croisiers («De bibliotheken van de kruisherenkloosters in de Nederlanden voor 1550» dans Contributions à l’Histoire des bibliothèques et de la lecture aux Pays-Bas avant 1600, Bruxelles 1974, p. 609, note 203). Van den Bosch (Studiën over de observantie p. 154-156 et 160) donne une information sur Helmicus Amoris qui, à Cologne, copia un livre et sur son témoignage pour les frères.