Que j’ai de joie, cher Silvestre, du compte que vous venez de me rendre de ce qui se passe au-dedans de vous ; c’était là précisément cette faim et cette soif que je désirais exciter en votre âme ; c’est en effet un feu de Dieu qui s’y est allumé, c’est le jour de l’éternité qui a commencé à y poindre ; c’est le gage de votre rédemption ; c’est la résurrection de la vie divine au-dedans de vous, et la racine de la foi toute puissante, qui ont commencé à s’y manifester ; c’est enfin ce qui vous fera retrouver tout ce que vous avez perdu. Ah ! livrez-vous de plus en plus dans le fond de votre être à cette opération céleste de l’esprit de Dieu, et détournez-vous avec soin de tout ce qui pourrait la contrarier ! Souvenez-vous que c’est au-dedans de vous qu’est cet ange de Dieu qui mourut dans le paradis, ou plutôt qui fut caché pour un temps pour vous, comme si réellement il n’était pas. Oui, quelque corrompue que soit la nature humaine, il est pourtant certain qu’il se trouve dans l’âme de chaque homme le principe du feu de la lumière et de l’amour de Dieu ; à la vérité il n’y est qu’en germe, comme une semence imperceptible, sans action et sans mouvement, jusqu’au moment où l’esprit divin, par les moyens divers qu’il choisit dans sa sagesse, vient le réactionner et le rappeler à la vie. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE THÉOPHILE
Oui, cher Docteur, vous ne serez jamais sur la route véritable que dans la proportion que vous mettrez de côté la nature, la propriété et toute vue particulière ; autrement, quelqu’intéressant que soit votre zèle pour vous-même, quelqu’étonnant qu’il puisse paraître aux autres, vos efforts ne seront que terrestres, et vous ne pourrez point opérer avec Dieu. Voulez-vous savoir par quel moyen vous reconnaîtrez si c’est l’esprit de Dieu et son amour qui vous poussent ? Examinez si l’objet de votre zèle est uniquement cette bonté pure, libre et universelle de Dieu ; dans ce cas, c’est véritablement Dieu qui respire en vous, mais s’il en est autrement, vous vous trompez vous-même, car pour aimer Dieu véritablement il faut aimer ce qu’il est lui-même. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE THÉOPHILE
Tout homme en qui cette foi est vivante est véritablement un chrétien, une nouvelle créature en Christ, née de la parole et de l’esprit de Dieu, et ni la différence de temps, ni aucune circonstance de localité, de naissance ou de vie ne peuvent lui barrer l’entrée du royaume des cieux. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE SILVESTRE
Être vivant ou être mort, voilà en peu de mots en quoi tout consiste ; nous sommes en vie lorsque l’esprit de Dieu vit et opère en notre âme ; nous sommes morts lorsque c’est l’esprit de la chair et du sang bestial qui est vivant et opérant en nous. Or cette vie et cette mort naissent en nous de leur propre germe, se développent et croissent par leur propre vertu, non selon les divers systèmes que notre raison enfante, mais uniquement suivant que notre coeur se tourne vers le principe de l’une ou de l’autre. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE SILVESTRE
Toute vertu qui n’appartient qu’à la vie terrestre n’est qu’une vertu artificielle ; c’est une invention humaine, un mode de conduite déterminé par la règle, l’usage ou l’éducation, qui ne saurait franchir les limites posées par la raison humaine et les intérêts de la chair et du sang ; et comment les vertus de cet ordre pourraient-elles communiquer avec Dieu et avec le ciel, puisque leur source ne remonte point jusqu’à eux, qu’elles n’en sont point nées, et qu’elles ont leur origine dans une circonscription de vie inférieure séparée de Dieu, qui peut tout au plus donner naissance à des formes extérieures de civilité, qu’on ne saurait placer beaucoup au-dessus de la tournure, plus ou moins élégante, que peut nous donner un maître de danse. Celui-là seul, dans l’âme de qui vit et opère l’esprit de Dieu, possède la bonté réelle, celle qui nous est absolument nécessaire et sans laquelle nous n’atteindrons jamais le but de notre création ; car dans toute l’éternité il n’y a jamais eu et ne pourra jamais y avoir de bonté céleste, dans quelque créature que ce soit, que la bonté qui est le produit de la vie et de l’esprit de Dieu et de son Verbe, parlant, vivant et respirant en elle. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE ANDRÉ
La nature, aussi bien que l’Écriture sainte, nous assure que Dieu est l’unique source de toute bonté et de toute vie véritable ; il ne peut donc se manifester en nous de principe vivant de bonté que par une naissance intérieure de la parole, de la vie et de l’esprit de Dieu. C’est de cette naissance que peut uniquement découler, comme de sa source naturelle, tout acte de bonté véritable ; c’est elle seule qui peut nous faire manifester ce degré de générosité et d’indépendance qui appartient à la vie divine, et nous mettre véritablement en liberté, en nous faisant aimer et faire tout ce qui est bien pour l’amour du bien, et tout ce qui est vertueux pour l’amour de la vertu. C’est ainsi que nous devenons les vrais enfants de notre Père céleste, et que nous faisons avec joie et de tout notre coeur des oeuvres célestes ; alors nous sommes bons de la manière dont Dieu est bon, parce que c’est sa bonté qui a pris naissance en nous, nous sommes parfaits comme il est parfait, nous aimons comme il aime, nous sommes patients comme il est patient, nous donnons comme il donne, nous pardonnons comme il pardonne ; alors enfin, comme lui, nous ne résistons au mal que par le bien. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE ANDRÉ
J’approuve complètement la marche que vous venez de tracer, et vous avez touché le vrai point de la question. En effet, en admettant que l’essence véritable et le principe du christianisme se rapportent uniquement à ces deux points : savoir, premièrement, que l’homme est tombé, que par sa chute il a été privé de la vie céleste et réduit à la vie terrestre, animale, corruptible de ce monde ; secondement, qu’il a été racheté et par là mis à même de recouvrer la perfection céleste, en naissant de nouveau de la nature divine, par la parole et l’esprit de Dieu ; en demeurant ferme, dis-je, sur ce fondement inébranlable du christianisme, non seulement vous devenez vous-même inexpugnable, mais vous enlevez encore au déiste tout moyen de se maintenir. C’est alors que vraiment toute cette foule de volumes qu’a enfantés l’infidélité depuis plusieurs siècles devient complètement inutile et que tous ceux dont elle faisait la force se trouvent paralysés dans tous leurs moyens, et réduits à ne pouvoir prononcer un seul mot raisonnable contre le christianisme. Mais lorsqu’on suit avec eux la marche ordinaire, celle de la discussion et de la controverse, leur rôle devient bien plus aisé à remplir, et leur art peut leur fournir sans cesse les moyens de renouveler leurs objections contre les faits merveilleux et extraordinaires de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ce n’est pas que j’accuse les déistes d’artifice et de mauvaise foi, non, je serais bien plus tenté de rejeter sur l’érudition fausse du monde chrétien tout le blâme de ces vaines disputes. Ce sont en effet ceux-là mêmes qui étaient chargés de démontrer la vérité du christianisme qui ont trahi leur propre cause, en laissant de côté ces bases sur lesquelles il repose essentiellement et uniquement, et tous les avantages que nous ont procurés les plus illustres combattants de ce genre peuvent être comparés à ceux qui résulteraient pour nous de la démonstration de la réalité d’un fait historique quelconque. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE THÉOPHILE
N’est-il pas bien étrange que les chrétiens aussi bien que les infidèles ne voient pas que c’est là le point unique de la question ? N’est-il pas étonnant que les doctes défenseurs du christianisme puissent songer à partir d’un autre principe que de celui qui constitue toute la base de l’édifice chrétien, et qu’ils imaginent pouvoir proposer à l’homme, avec quelqu’apparence de fondement, la rédemption chrétienne, avant de lui avoir montré pourquoi et de quoi il devait être racheté. Mais la surprise s’accroît encore lorsque l’on considère que rien ne saurait excuser les chrétiens d’avoir dévié de ce point fondamental, puisque l’Ancien et le Nouveau Testament lui rendent également témoignage de la manière la plus authentique. Au jour où tu en mangeras, dit l’Ancien Testament, tu mourras sûrement. Si un homme ne naît de nouveau d’en-haut de la parole et de l’esprit de Dieu, dit le Nouveau Testament, il ne peut entrer dans le Royaume des Cieux. C’est ainsi qu’ils s’accordent pour proclamer ces deux grandes bases : savoir, premièrement, que l’homme est mort à la vie pour laquelle il avait été créé ; secondement, qu’il ne peut être racheté qu’en naissant réellement à la vie divine qui est venue d’en-haut se communiquer de nouveau à lui. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE THÉOPHILE
Je voulais seulement dire que tous les attributs de Dieu, que tout ce qui nous est montré par les sens et la raison, enfin tout ce que nous connaissons et sentons, soit de nous-mêmes, soit de l’Univers, concourt certainement avec la lettre et l’Esprit de toutes les Écritures à établir, comme une vérité incontestable, que l’homme est mort à la vie divine pour laquelle il avait été créé. Mais, en même temps, j’avoue qu’il m’est difficile de comprendre comment une créature destinée à un si haut degré de perfection, à la jouissance même de la vie, de la lumière et de l’esprit de Dieu pouvait se séduire elle-même ou se laisser séduire par un autre. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE LE DOCTEUR
Mais lorsqu’après un certain laps de temps le Christianisme eut perdu sa splendeur primitive, qu’il ne se montra plus comme étant l’explosion de la vie divine parmi les hommes, qu’il ne fut plus à lui-même sa propre preuve par la manifestation de la puissance et de l’esprit de Dieu, alors on arriva insensiblement à appeler l’érudition païenne et la puissance temporelle la gloire et la prospérité de l’Église de Christ, triomphe lamentable que l’Esprit a représenté dans la révélation qu’il fit à saint Jean dans l’île de Pathmos sous la figure d’une paillarde vêtue d’écarlate montée sur une bête. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE THÉOPHILE
C’est donc en vain que le chrétien moderne en appelle aux monuments de l’antiquité, à l’histoire et aux traditions des anciennes Églises pour prouver qu’il appartient à Christ. Celui-là seul est un membre de son Église dont il est vrai de dire que la vertu de Christ et l’Esprit de Dieu vivent et habitent dans son homme intérieur renouvelé. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE THÉOPHILE
Quant à ce Christianisme des savants qui est appuyé et gouverné par la raison humaine, la dispute et la critique, qui est forcé d’en appeler aux canons, aux conciles et aux anciens usages, il n’est plus qu’une vaine apparence ; sa base est illusoire, et il montre qu’il ne lui est plus possible d’en appeler à lui-même et à ses oeuvres pour rendre témoignage à sa vérité, parce que l’Esprit de Dieu n’est plus vivant et opérant en lui ; or tout corps dont cet Esprit a cessé d’être la vie n’est plus qu’une forme morte, extérieure, un cadavre que son âme a abandonné. Semblable, en effet, à la vie naturelle, la vie spirituelle est à elle-même sa propre preuve et n’a besoin de rien d’extérieur ou d’étranger à elle pour rendre témoignage à la réalité de son existence. Mais si vous le voulez bien, Messieurs, nous terminerons pour le moment cet entretien ; après-midi, si cela vous convient, nous pourrons continuer à traiter ce sujet important. La Voie de la Science divine PREMIER DIALOGUE THÉOPHILE
Ne m’amenez donc pas votre Docteur qui est si savant dans les mots, car après tout des mots ne sont que des mots ; et sortissent-ils de la bouche des Messagers de Dieu, Anges, Apôtres ou Prophètes, ils ne peuvent au plus que remplir l’office de Jean-Baptiste, rendre témoignage à la vérité ; mais la lumière véritable, celle qui peut seule éclairer véritablement nos âmes, c’est celle que l’Esprit de Dieu allume lui-même au-dedans de nous. Aussi n’est-ce pas celui qui parle le mieux les langues des Anges et des hommes qui a dans lui le plus de cette nature et de cette lumière divine, mais bien celui qui aime Dieu davantage, c’est-à-dire tout ce qui appartient à la bonté et à l’excellence de la nature divine. ” La Voie de la Science divine SECOND DIALOGUE ANDRÉ
J’en conviens, Docteur ; mais c’est cette simplicité même et cette clarté de l’Évangile, appelant l’homme à se détacher de ce monde, pour se tourner vers Dieu par le désir, l’espérance et la foi, qui prouvent complètement et évidemment qu’il est l’unique guide véritable qui puisse nous mener à l’école sublime de la sagesse et de la philosophie divines ; non seulement parce que les degrés de notre sagesse se mesurent par ceux de notre bonté, mais encore parce qu’il n’y a que la marche que nous enseigne l’Évangile qui puisse nous communiquer l’esprit de Dieu et faire germer en nous le principe de vie divine, qui peut seul manifester dans l’homme, soit les Mystères de Dieu et de la grâce, soit ceux de la nature dans les dispensations du temps et de l’éternité. Aussi l’Écriture dit-elle que l’esprit seul de Dieu connaît les choses qui sont de Dieu. Et dans le fait, comment cela pourrait-il être autrement puisque cet esprit est la base primitive et la vie centrale de toute la nature, qu’il est le principe unique de toutes les manifestations, et que c’est lui qui produit toutes choses, par qui et de qui chacune a sa vie et son opération particulière ? Ainsi donc l’homme ne peut connaître Dieu et son opération dans la nature qu’autant que l’esprit de Dieu est et opère en lui, comme il est et opère dans la nature. Ce sont donc deux vérités fondamentales et immuables, premièrement que ce qui constitue notre ignorance de Dieu et de la nature, c’est la privation de la vie et de l’esprit de Dieu en nous ; secondement, que l’unique voie qui conduise à la science divine est celle enseignée par cet Évangile, qui nous appelle à une nouvelle naissance, par laquelle seule peut se faire en nous la manifestation de la nature divine. La Voie de la Science divine SECOND DIALOGUE THÉOPHILE
Tout ce qui n’est pas la vie et la lumière de Dieu ne peut remplir auprès de vous que l’emploi de ministre, et soit que la parole du message divin qui vous est envoyé se trouve écrite sur du papier ou gravée sur des tables de pierre, soit qu’elle soit prononcée par un prophète, un ange ou un apôtre, tous ces organes ne sont que des créatures, dont le ministère se borne nécessairement à montrer le chemin qui mène à celui qui, seul, peut être au-dedans de vous la vérité, la vie et la lumière. Car Dieu même ne saurait vous communiquer sa lumière immédiate par une créature, et cela parce que la lumière de Dieu est Dieu lui-même ; elle est la lumière de sa propre vie ; aussi lui seul peut la produire, et nulle créature ne peut y participer que par une naissance véritable de la nature divine. La lumière de Dieu ne peut jamais être séparée de sa nature divine, c’est pourquoi elle ne peut luire que là où est une naissance divine. Il est donc évident que rien ne peut être connu selon la science divine, soit dans le ciel, soit sur la terre, que par la voie unique et par le seul moyen par lesquels l’homme peut être sauvé, je veux dire, par une renaissance véritable de la lumière et de l’esprit de Dieu en nous. C’est pourquoi la route simple, tracée dans l’Évangile, est l’unique qui conduise à la connaissance de tout ce qui peut se connaître de Dieu et de la nature, parce que rien ne peut manifester réellement à l’homme Dieu et la nature que l’esprit même de Dieu opérant en lui, comme il le fait dans la nature, et il n’opère ainsi dans l’homme que dans la proportion de l’avancement en lui de sa nouvelle naissance de la nature divine. Lorsqu’un homme est enfin parvenu à être né de Dieu, dès ce moment, la vie et l’esprit de Dieu sont en lui et y opèrent comme ils opèrent dans la nature éternelle ; il peut alors s’appeler à juste titre disciple de la philosophie divine, puisque Jésus-Christ, la lumière de Dieu et de la nature, est révélé en lui ; et que le Verbe de vie par lequel toutes choses ont été faites dans le commencement est en lui, et qu’il est lui-même dans ce Verbe, lequel crée et opère en lui, comme il opère en toutes choses, tant dans le ciel que sur la terre. La Voie de la Science divine SECOND DIALOGUE THÉOPHILE
Tout ce qui existe, soit dans le ciel, soit dans l’enfer, soit dans ce monde, n’est substantiel que par ces trois premières propriétés de la nature ; elles sont également la base de la substantialité des anges, des démons, comme elles le sont du caillou sans vie ; seulement ce qui distingue les êtres et les place plus ou moins haut sur l’échelle de la perfection, c’est la mesure dans laquelle ils participent aux quatre dernières propriétés de la nature. Mais ces quatre dernières ne peuvent se manifester que dans les trois premières ; aussi celles-ci se trouvent-elles aussi nécessairement dans la plus inférieure des créatures que dans celle qui est la plus élevée. Il faut nécessairement qu’il y ait un premier fond de substantialité dans la nature pour que la lumière, l’amour et l’esprit de Dieu puissent s’y manifester ; sans ce fond, l’esprit ne trouverait pas en quoi et sur quoi opérer, ni rien qui put manifester son oeuvre ; ainsi la lumière ne luirait pas s’il n’y avait pas dans la nature un fond plus dense qu’elle pour la recevoir et la réfléchir ; de sorte que les ténèbres, ou la densité, sont aussi anciennes que la manifestation visible de la lumière. Les ténèbres ne sont donc pas une simple négation, une absence de la lumière, elles sont, au contraire, l’unique base de substantialisation de la lumière dans la nature ; sans elles, cette lumière ne serait pas visible, et ne pourrait ni luire ni briller d’aucune couleur. La Voie de la Science divine TROISIÈME DIALOGUE THÉOPHILE
Mais l’homme, ayant cessé de fixer son principe éternel, se trouva lui-même en face de ce nouvel ordre temporel, dont la vue excita dans lui le désir de connaître et de goûter ce double principe bon et mauvais qu’il renfermait ; s’étant alors laissé entraîner à opérer selon le désir qu’il avait conçu, par le principe analogue qui était en son pouvoir, mais qui n’aurait jamais dû être manifesté en lui, au lieu d’opérer par le centre de vie éternelle, qui constituait sa véritable force ; le résultat de son oeuvre fut de se voir lui-même environné de barrières ténébreuses, matérielles, qui interceptèrent pour lui toute communication de la lumière et de l’esprit de Dieu. À cet instant, son corps glorieux lumineux, dans lequel la lumière divine aurait habité corporellement et se serait manifestée, comme elle le fait dans le ciel, disparut, et fit place à un corps animal opaque, de chair et de sang, corruptible, terrestre, produit du principe ténébreux matériel qu’il venait d’éveiller et qui engloutit en lui le principe de corporisation glorieuse ; de sorte que ce dernier entra, relativement à lui, dans le même état de mort, dans lequel il était, depuis la prévarication des anges, pour toute la nature déchue. Ainsi le centre ténébreux, que le principe divin lumineux devait tenir absorbé en lui, et auquel il ne devait servir que de base pour sa manifestation en un corps substantiel glorieux, l’absorba lui-même et le fit entrer dans un état d’impuissance et de mort, et ce développement du centre ténébreux fut la base de cette corporisation dure et opaque qui fixa dès lors la mesure et le mode de tous les rapports de l’homme avec l’univers corporel. La Voie de la Science divine TROISIÈME DIALOGUE THÉOPHILE