Vulliaud: La clé traditionnelle des évangiles (RÉSUMÉ – introduction)

La parole de Jésus-Christ nous est connue par l’enseignement apostolique. L’enseignement apostolique nous a été transmis par la tradition, soit orale, soit écrite. Ecrite, elle est contenue dans les Evangiles. Elle aurait pu ne pas être écrite. Les Evangiles sont des écrits de circonstance. Pierre ne donna aucune approbation à Marc qui avait pris l’initiative de composer son livre ; il ne le désapprouva pas davantage.

Bien qu’ils retracent des faits historiques, les Evangélistes ne s’étaient point proposé de rédiger des ouvrages constituant une biographie de Jésus. La biographie est un genre inconnu au génie sémitique. Ils n’entendaient même pas de faire connaître l’histoire complète et détaillée de sa prédication. Les motifs qui semblent avoir déterminé les Evangélistes à écrire leurs curieux petits livrets sont, par l’examen de leur contenu, de propagande et de polémique. Ils sont établis conformément à une discipline didactique, qui était progressive. C’est l’une des raisons pour lesquelles ils ont, chacun, leur personnalité.

On commençait par annoncer le Christ Jésus, keryssein Iesou Christon par proclamer la parole du Seigneur, lalein ton logon tou Kyriou ; ensuite, on exhortait, parakalein, on affermissait les adeptes, episterizein tous mathetas. Il y a toute une partie de l’histoire concernant la fondation du Christianisme qui a été négligée par les commentateurs. Ce n’est pas notre sujet d’en traiter. Il importait seulement d’y faire une discrète allusion.

La tradition écrite, disions-nous, aurait pu ne point nous parvenir. Elle nous est parvenue, rédigée dans une langue et dans un style qui devaient être saisis par ceux auxquels les Evangélistes s’adressaient. Ce style présente tous les caractères de l’esprit juif. Cette langue est d’une simplicité extrême ; il n’en résulte pas, pour nous, que cette simplicité aboutisse toujours à la clarté. Evoquons, comme témoignage, la foule des commentateurs ; évoquons les interrogations qui surgissent en chacun de nous.

Des savants prétendent qu’il y aurait des moyens par lesquels, nous modernes, nous serions capables de lire avec plus de pénétration des textes qui remontent, en somme, à une haute antiquité. Ces moyens sont relatifs, soit aux procédés littéraires de composition des Evangiles, soit à la langue dans laquelle ils ont été transmis.

Les uns préconisent l’étude du grec néo-testamentaire en fonction de la langue familière, exprimée par les papyrus, inscriptions, ostraka, de l’époque impériale ; d’autres préfèrent les ressources que donnerait la langue populaire néo-grecque.

Nous ne pensons pas que, systématisés, ces procédés soient fructueux. A l’encontre des intentions de leurs auteurs, l’expérience démontre qu’ils sont nuisibles.