{{Vie de S. Antoine — 17.}} Ne croyons pas, en regardant le monde, que nous avons renoncé à de grandes choses. Toute la terre est bien petite à côté du ciel. Si donc nous possédions la terre entière et y renoncions entièrement, cela ne serait pas digne du royaume des deux… Que si toute la terre même n’est pas digne du royaume des cieux, celui qui quitte quelques arpents de terre ne perd pour ainsi dire rien, et s’il quitte sa maison et beaucoup d’or, il n’a pas de motif de se glorifier ou de se décourager. D’ailleurs nous devons nous dire que ce que nous ne quittons pas par vertu, la mort nous le prend en fin de compte, et nous le laissons souvent aux mains de qui nous ne voudrions pas, comme dit l’Ecclésiaste ( Eccle 4, 8 ). Pourquoi ne pas le quitter par vertu, pour obtenir l’héritage du royaume? Par conséquent, que le désir de posséder ne nous envahisse pas. Est-ce un gain d’acquérir ce que nous n’emporterons pas avec nous ? Pourquoi bien plutôt n’acquérons-nous pas ce que nous pouvons emporter avec nous : la prudence, la justice, la tempérance, la force, l’intelligence, la charité, l’amour des pauvres, la foi au Christ, la mansuétude, l’hospitalité ? Si nous les obtenons, nous les retrouverons là-bas pour nous recevoir dans la terre des doux.