vigne

Il poursuit : Dira-t-on que cela pousse pour les hommes – évidemment les plantes, les arbres, les herbes, les épines – ? Pourquoi prétendre que cela pousse davantage pour les hommes que pour les plus sauvages des animaux sans raison ? Que Celse le dise clairement : la grande diversité de ce qui pousse sur le sol n’est pas l’oeuvre de la Providence, mais un choc fortuit d’atomes a produit ces qualités si diverses ; de ce choc fortuit résulte que tant d’espèces de plantes, d’arbres et d’herbes sont semblables entre elles ; aucune raison ordonnatrice ne les a posées dans l’existence, et elles ne tiennent pas leur origine d’un esprit qui surpasse toute admiration. Mais nous, chrétiens, consacrés au seul Dieu qui a créé toutes ces choses, pour elles aussi nous rendons grâce à leur Créateur à elles aussi d’avoir ordonné pour nous, et à cause de nous, pour les animaux à notre service, un si vaste foyer : « Celui qui fait germer l’herbe pour le bétail et les plantes au service des hommes pour qu’ils tirent le pain de la terre, et pour que le vin réjouisse le coeur de l’homme, pour que l’huile égaie son visage, et que le pain fortifie le coeur de l’homme. » Quoi d’étonnant à ce qu’il ait aussi préparé des nourritures aux plus sauvages des animaux ? Car même ces animaux, d’autres philosophes encore les ont dit créés pour exercer les forces de l’animal raisonnable. Et l’un de nos sages dit quelque part : « Ne dis pas : qu’est ceci ? pourquoi cela ? Car toute chose a été créée pour son usage. Ne dis pas : qu’est ceci? pourquoi cela? Car toute chose sera cherchée en son temps. » Ensuite Celse en vient à nier que la Providence ait fait les produits du sol plutôt pour nous que pour les plus sauvages des animaux, et il dit : Nous autres, au prix de fatigues et de souffrances continuelles, nous assurons à grand-peine notre nourriture; pour eux, tout pousse sans semailles ni labours. Il ne voit pas que Dieu, voulant que l’intelligence humaine s’exerce sous tous les rapports pour ne pas rester oisive et ignorante des arts, a créé l’homme indigent : ainsi son besoin même le contraindrait à inventer des arts, les uns pour se nourrir, les autres pour se protéger. Pour ceux qui n’étudieraient pas les mystères divins ni la philosophie, il valait mieux être dans le besoin afin d’employer leur intelligence à l’invention des arts, car l’abondance eût fait négliger entièrement l’intelligence. Le besoin de ce qui est nécessaire à la vie a donc produit la culture des champs, celle de la VIGNE, le jardinage, la technique du bois et celle du fer, qui fabriquent des outils pour les arts servant à l’acquisition de la nourriture. Le besoin de se protéger a introduit le tissage après le cardage et le filage, l’art de construire, et ainsi l’intelligence s’est élevée jusqu’à l’architecture. Le besoin du nécessaire a fait transporter, par la navigation et le pilotage, les produits de certaines régions vers celles qui ne les possédaient pas. Autant d’autres raisons d’admirer la Providence qui, pour son avantage, a créé l’être raisonnable démuni, par rapport aux animaux sans raison. Les animaux sans raison, parce que sans aptitude aux arts, ont leur nourriture toute prête ; et ils ont une protection naturelle, étant pourvus de poils, de plumes, d’écaillés, de coquilles. Cela suffit pour répondre à la parole de Celse : Nous autres, c’est au prix de fatigues et de souffrances continuelles que nous assurons à grand-peine notre nourriture ; pour eux, tout pousse sans semailles ni labours. LIVRE IV

Dieu donc, dans sa bonté, descend vers les hommes non par mouvement local mais par sa providence2 ; et le Fils de Dieu non seulement était présent jadis avec ses disciples, mais il l’est encore sans cesse, accomplissant la parole : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Et si « un sarment ne peut porter de fruit s’il ne demeure sur la VIGNE », il est bien clair que les disciples du Logos, sarments spirituels de la Vigne véritable, le Logos, ne peuvent porter les fruits de la vertu s’ils ne demeurent sur la Vigne véritable, le Christ de Dieu. Il est avec nous qui sommes localement ici-bas sur la terre, étant avec ceux qui partout adhèrent à lui ; mais déjà il est partout même avec ceux qui ne le connaissent pas. Voilà ce que montre Jean l’Evangéliste par ces mots de Jean-Baptiste : « Au milieu de vous se tient Celui que vous ne connaissez pas, qui vient après moi. » Il a rempli le ciel et la terre, et il a dit : « Est-ce que le ciel et la terre, je ne les remplis pas moi ? dit le Seigneur » ; il est avec nous et proche de nous, car je le crois lorsqu’il dit : « Je suis un Dieu de près et non un Dieu de loin », dit le Seigneur. » Il serait donc absurde de chercher à prier le soleil, la lune ou quelque étoile, dont la présence ne s’étend pas au monde entier. LIVRE V

A suivre l’hypothèse de Celse, même si le corps avait été formé pour Jésus sans qu’il ait eu de naissance, à le voir on n’eût pas pensé qu’il n’avait pas eu de naissance ; car l’aspect d’une chose ne révèle pas la nature de son origine. Ainsi, à supposer qu’un miel ne soit pas produit par des abeilles, personne ne pourrait dire, à le goûter ou à le voir, qu’il ne vient pas des abeilles. De même, celui qui vient des abeilles ne révèle pas son origine à la perception : seule l’expérience montre qu’il vient des abeilles. C’est elle encore qui enseigne que le vin provient de la VIGNE, le goût n’indique pas qu’il provient de la VIGNE. LIVRE VI

Libre à chacun de croire à la doctrine de Celse et de montrer comment l’administration de tout ce qu’on a dit relève non pas des anges divins de Dieu, mais des démons dont la race entière est perverse. Nous aussi, nous disons que c’est sous la dépendance pour ainsi dire d’invisibles agriculteurs et autres êtres, administrant non seulement les plantes qui poussent de la terre, mais encore toute l’eau de source et tout l’air, que la terre produit ce qu’on dit régi par la nature ; que l’eau tombe en pluie et coule dans les sources et les fleuves qui en naissent ; que l’air garde sa pureté et apporte la vie à ceux qui le respirent. Mais nous ne disons certes pas que ces êtres invisibles sont des démons. S’il faut se hasarder à dire quelles sont, hormis celles-là, les oeuvres des démons, nous dirons que ce sont les famines, les stérilités de la VIGNE ou des arbres et même la corruption de l’air, cause de dommage pour les fruits, parfois de mort pour les animaux et de peste pour les hommes. LIVRE VIII

Il n’est donc pas nécessaire de donner une nouvelle réponse à ses paroles : Même si l’on t’ordonne de jurer par un empereur parmi les hommes, il n’y a rien à craindre. Car les choses de la terre lui ont été remises, et tout ce que l’on reçoit en cette vie on le reçoit de lui. Mais nous nions que toutes les choses de la terre lui aient été remises absolument, et que nous recevions de lui tout ce qu’on reçoit en cette vie. Ce que nous recevons justement et honnêtement, nous le recevons de Dieu et de sa Providence, par exemple les fruits comestibles, le pain qui affermit le coeur de l’homme, la VIGNE agréable et le vin qui réjouit le coeur de l’homme. Et c’est aussi de la Providence que nous tenons les fruits de l’olivier pour faire briller le visage avec l’huile. LIVRE VIII