via [MCCC]

5. Pour délivrer l’esprit des passions si parfaitement qu’il puisse prier sans distraction, la voie active ne suffit pas, si elle n’est suivie de diverses contemplations spirituelles. L’action en effet ne libère l’esprit que du dérèglement et de la haine ; les contemplations l’arrachent en outre à l’oubli et à l’ignorance. Ainsi délivré, il pourra prier comme il faut. 224 Centuries sur la Charité DEUXIEME CENTURIE

25. La récompense de la maîtrise de soi, c’est la liberté intérieure ; celle de la foi, la connaissance. Or, de la liberté intérieure naît le discernement, et de la connaissance l’amour de Dieu. .26. Marchant droit dans la voie de l’action, l’esprit progresse vers la prudence ; dans celle de la contemplation, vers la connaissance. La première, en effet, conduit le Iutteur au discernement du bien et du mal ; la seconde mène l’initié à saisir les raisons des êtres corporels et incorporels. Mais pour obtenir le don de science divine, il faudra, sur les ailes de l’amour, avoir dépassé tous les degrés qu’on vient d’énumérer, être en Dieu ; et alors, autant qu’il est possible à un esprit humain, par l’Esprit saint on pénétrera à fond la nature de ses attributs divins. 264 Centuries sur la Charité DEUXIEME CENTURIE

17. Unifier, par la foi vraie et l’amour spirituel, ceux que le vice a jetés dans de multiples divisions, voilà le dessein de la Providence divine. C’est pour cela qu’a souffert le Sauveur, pour que, les enfants de Dieu qui avaient été dispersés, il les ramenât à l’unité. (Jn 11,52). Aussi ne pas endurer les incommodités, ne pas supporter les chagrins, perdre patience sous les peines, c’est quitter la voie de l’amour divin et des Intentions de la Providence. 658 Centuries sur la Charité QUATRIEME CENTURIE

25. Garde-toi de prendre à la légère la perte de l’amour spirituel, car pour les hommes il n’est pas d’autre voie de salut. 674 Centuries sur la Charité QUATRIEME CENTURIE

65. Celui qui ne sait pas marcher dans la voie, spirituelle, au lieu de prendre garde aux représentations passionnées, concentre tous ses efforts sur la chair et ainsi, ou bien se montre gourmand, libre de moeurs, triste et colère, rancunier, et s’obscurcit ainsi l’esprit ; ou bien il exagère l’entraînement du corps et se trouble la pensée. 754 Centuries sur la Charité QUATRIEME CENTURIE

74. Trois voies donnent accès dans l’esprit aux pensées passionnées : la sensation, la complexion physique, la mémoire. La sensation, quand se présentent des objets qui nous passionnent, ce qui pousse l’esprit aux pensées passionnées. La complexion physique, quand, par suite d’une vie peu réglée, ou de l’action des démons, ou d’une maladie, la santé du corps s’altère, inspirant à l’esprit des pensées passionnées même contre la Providence. La mémoire enfin, quand renaît le souvenir des objets qui nous passionnent, ce qui inspire également à l’esprit des pensées passionnées. 366 Centuries sur la Charité DEUXIEME CENTURIE

72. C’est Dieu qui a créé le monde visible et l’invisible, Lui aussi, évidemment, qui a fait Lui-même l’âme et le corps. Or si le monde visible est si beau, que doit donc être l’invisible ! Et si l’invisible est préférable au visible, combien plus excellent encore Dieu qui les a faits tous deux ! Mais si le Créateur de l’univers surpasse en excellence toutes les créatures, comment expliquer que l’esprit délaisse le mieux pour s’attacher au pire : les passions charnelles ? N’est-ce pas que, de naissance orienté vers elles, accoutumé à elles, il n’a jamais connu l’expérience vraie de l’excellence suprême, du Transcendant ? Exerçons-le donc longuement à s’abstenir des plaisirs, à s’occuper au divin et, retiré peu à peu de son état, nous le verrons, à fur et à mesure de ses progrès dans les voies de Dieu, se trouver à l’aise et reconnaître sa véritable dignité ; en fin de quoi, tout son désir se tournera vers le divin. 564 Centuries sur la Charité TROISIÈME CENTURIE

89. Tristesse el rancune vont de pair. Si donc l’esprit éprouve de la tristesse à se représenter le visage d’un frère, c’est la preuve qu’il a contre lui de la rancune. Les voies des rancuniers mènent à la mort, parce que tout homme qui garde de la rancune est injuste. (Pro 12,28). 598 Centuries sur la Charité TROISIÈME CENTURIE