Voilà le terme où doivent tendre tous nos efforts, et sans lequel nous nous flatterions en vain d’être avancés dans la carrière de notre retour vers notre principe. C’est aussi ce qui nous rétablit, sur notre trône en mettant nos ennemis à nos pieds en même temps cela nous apprend que telle fut notre puissance autrefois, et que tel fut l’emploi que nous en aurions dû faire, puisqu’aujourd’hui nous pouvons la faire servir au même usage, en prononçant fortement cette parole interne qui constitue notre être, et qui fait trembler nos ennemis. Ne cessons donc point de contempler ce but sublime et indispensable où nous devons tendre ; ne nous reposons point, n’épargnons aucun de nos efforts jusqu’à ce que nous nous sentions renaître dans cette faculté vive qui est notre essence et jusqu’à ce que par sa forte vertu, nous ayons chassé de nous tous les vendeurs qui sont venus établir le siège de leur trafic jusque dans le temple. Nouvel Homme 4
Si, comme nous l’avons vu, la parole est nécessaire pour l’établissement de la parole, et que par conséquent nous ne puissions être ressuscités dans notre parole que par le verbe, nous ne pouvons être ressuscités dans nos autres facultés que par des facultés analogues, dans notre pensée que par la pensée, dans notre mouvement par le mouvement, dans notre vie que par la vie, dans notre esprit que par l’esprit, dans nos vertus que par la vertu, dans nos lumières que par la lumière ; ainsi nous devrions être dans une mobilité et activité continuelles, puisque les plus petits rayons de ce qui est en nous devraient perpétuellement être réactionnés par les étincelles similaires, qui se dardent sans cesse hors du foyer éternel de la vie. Nouvel Homme 5
Tel est l’état de ceux qui après avoir vaincu le dragon, sont montés après leur mort dans la région du repos et du bonheur ; tel est même l’état de ceux qui ici-bas ont rompu les chaînes de leur esclavage, et ont ouvert toutes leurs facultés à celui qui ne demande pas mieux que de les pénétrer et de les remplir ; enfin tel est l’état de ceux sur qui l’esprit a imposé les mains, parce que par cette imposition des mains, il rassemble en eux dans une unité toutes les subdivisions spirituelles qu’ils avaient laissé disséminer ; c’est même par ce moyen, et en vertu de l’unité indivisible dont cet esprit est dépositaire qu’il les met dans le cas d’imposer les mains à leur tour sur leurs semblables, et d’y opérer les mêmes rassemblements qui se sont opérés en eux lors de l’imposition des mains de l’esprit ; et tel est l’objet du sacerdoce ; tels en sont les pouvoirs, tels en sont les fruits pour ceux qui s’en sont rendus dignes, et qui ont été compris dans la divine sélection. Nouvel Homme 5
Hommes qui croyez à la vertu de la parole, et aux prodiges qu’elle opère dans l’âme de l’homme quand elle le veut employer à ses diverses manifestations, croyez aussi à la progression de ses puissances, et à l’accroissement quoiqu’invisible des diverses actions qu’elle a dessein de faire fructifier dans le champ de la mort que nous habitons. Car cette parole est vive par elle-même, et quoiqu’elle soit fixe, et en quelque façon immobile dans le centre de son essence, les mouvements qu’elle opère ne peuvent pas être bornés et fixés à demeure dans les localités du temps. Nous voyons combien cette vérité se démontre sur nous-mêmes par les progressions que notre esprit parcourt, et qui font que notre vie entière semble n’être qu’une suite d’accroissements, dans lesquels les dons et les vertus d’une époque disparaissent et sont remplacés par les dons et les vertus de l’époque suivante. Nouvel Homme 5
Mais si avant que la divinité nous pénètre et nous traverse dans sa splendeur et dans sa gloire, il faut qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur, il est nécessaire aussi qu’elle fasse en nous une première opération, et cette opération, c’est de nous faire annoncer par l’ange que l’esprit saint doit survenir en nous, que la vertu du très haut nous couvrira de son ombre, et que c’est pour cela que le saint qui naîtra de nous sera appelé le fils de Dieu ; or pour que cette annonce puisse nous être faite, il faut que nous soyons renouvelés dans la véritable innocence, et que trois vierges plus anciennes que Marie nous aient purifiés dans notre corps, notre âme et notre esprit ; c’est-à-dire qu’elles nous aient rendus vierges comme elles. Lorsque par notre constance et nos efforts nous avons recouvré cette triple virginité, l’annonciation se fait en nous, et nous ne tardons pas à nous apercevoir que la conception sainte s’y est faite aussi, ce qui nous met dans le cas de chanter le cantique de Marie, lorsque nos proches nous saluent et nous bénissent sur le fruit de nos entrailles, comme Marie fut saluée et bénie par Élisabeth. Nouvel Homme 6
Ne te relâche donc point, homme de désir, car le Dieu des êtres lui-même ne dédaigne pas de venir faire alliance avec ton âme, il ne dédaigne point de venir opérer avec elle cette divine et spirituelle génération dans laquelle il t’apporte les principes de vie, et veut bien te laisser le soin de leur donner la forme. Si tu voulais t’observer avec attention, tu sentirais tous ces principes divins de l’essence éternelle, délibérer et agir puissamment en toi chacun selon leur vertu et leur caractère ; tu sentirais qu’il t’est possible de t’unir à ces suprêmes puissances, de devenir un avec elles, d’être transformé dans la nature active de leur agent, et de voir toutes tes facultés s’accroître et s’aviver par de divines multiplications ; tu sentirais ces divines multiplications continuer et s’étendre journellement en toi, parce que l’impression que les principes de vie auraient transmise sur ton être les y attirerait de plus en plus, et qu’à la fin ils ne feraient plus que s’attirer véritablement eux-mêmes en toi, puisqu’ils t’auraient assimilé à eux. Nouvel Homme 8
Tiens-toi sur tes gardes au milieu de toutes ces insinuations ; il y aurait là plus de paresse que de vertu, plus de défiance que de véritable courage, plus de ténèbres que de lumière ; remplis-toi d’abord de la profonde persuasion, que la vérité l’emporte sur le mensonge, comme la vie l’emporte sur la mort ; remplis-toi de la profonde persuasion que par ta simple conduite régulière et attentive, l’ennemi n’aura plus sur toi qu’une frêle influence en ce qu’elle ne trouverait plus de base pour s’y fixer, et s’y attacher ; remplis-toi de la profonde persuasion que tu es né dans la vie, que tu n’existes que dans la vie, et par la vie, et que tu dois retourner à la vie; enfin remplis-toi de la profonde persuasion que la vie universelle et sacrée, ne cherche sans cesse qu’à réchauffer tout ton être, et à la maintenir dans l’harmonie active et efficace de toutes les facultés qui le constituent. Nouvel Homme 14
Repose-toi sur cette loi qui est infaillible, et contre laquelle les illusoires prudences de l’ennemi ne doivent jamais obtenir ton acquiescement. Car la seule vertu que Dieu demande de nous, c’est la confiance ; ainsi le seul tort que nous puissions avoir envers lui, c’est la timidité, c’est la lâcheté. Mais aussi dès que tu as pris cette sainte résolution, et dès que tu as mis en usage les armes sacrées, regarde-toi comme engagé dans la milice Divine et spirituelle, et songe que la moindre négligence peut te rendre indigne de porter le nom de soldat de la vérité ; songe que la moindre négligence peut t’exposer à prendre le nom de Dieu en vain, songe enfin que ce sera pour toi un crime désormais que de manquer une seule occasion d’exercer tes fonctions saintes, et de faire un seul pas sans que tu n’emploies le nom du Seigneur, parce qu’il est dit : Heureux celui qui persévérera jusqu’à la fin. Nouvel Homme 14
Présente-toi donc avec la même assurance aux régions élémentaires ; tu devras espérer que la vertu attachée à l’arche sainte fera diviser les eaux devant toi, pour pouvoir les passer sans péril, qu’elle fera convertir la rosée en manne salutaire pour te nourrir dans tes besoins, qu’elle fera couler l’eau des rochers, pour te désaltérer, et qu’elle fera tomber le feu du ciel sur tes ennemis. Nouvel Homme 16
Présente-toi avec la même assurance à la région de l’esprit et la vertu attachée à l’arche sainte établira des rapports avec toi, et les ministres du Seigneur qui te dirigeront dans les combats contre tes adversaires, qui te donneront connaissance de la terre promise, qui t’instruiront des lois sacrées qu’il faudra que tu y mettes en pratique, si tu veux en conserver la possession, et qui, le jour comme la nuit, marcheront en ta présence, pour que tu ne t’écartes point des voies du Seigneur. Nouvel Homme 16
Cette vertu attachée à l’arche sainte te fera entrer dans les associations des patriarches, et des prophètes, pour que tu élèves ta pensée jusqu’aux régions divines, supérieures à ces régions figuratives que tu es obligé de parcourir si laborieusement ; ils t’apprendront par leur exemple que la vie divine a pour objet d’animer ton âme, et que c’est la demeure la plus chère qu’elle puisse avoir ; tu en jugeras par tes affections particulières, mais aussi par la douce paix, et la céleste sécurité, que tu verras régner sur toute leur personne, et tu comprendras alors que cette vie divine est notre véritable élément naturel, que c’est là seulement où nous recevons sans trouble, sans agitation, comme sans fatigue, la manne réelle qui crée en nous la vie dans sa plénitude, parce qu’elle n’a aucun départ à subir. Nouvel Homme 16
Présente-toi avec la même assurance à la région divine, et la vertu attachée à l’arche sainte te fera ouvrir les portes éternelles, et fera descendre sur toi quelques écoulements de ces influences vivifiantes dont se remplissent à jamais les demeures de la lumière. Cette arche sainte en deviendra elle-même le premier réceptacle, et elle te fera jouir des promesses destinées à ceux qui auront fait un usage courageux du médicament d’amertume, d’où dépend notre universel renouvellement. Elle deviendra l’organe des oracles sacrés, et il suffira que tu te mettes en sa présence pour les entendre ; car la voix de notre Dieu est une voix vive qui ne s’interrompt plus dès l’instant qu’elle a commencé ; et les sons de cette voix ne tendent qu’à remplir toute l’universalité de leur douceur enchanteresse, et si incomparable, que nous ne pouvons la concevoir tant que tout notre être n’a pas acquis entièrement une nouvelle substance, et n’est pas transformé dans toutes ses parties en une espèce d’écho Divin. Nouvel Homme 16
Veux-tu savoir pourquoi l’homme n’est autre chose, par son origine, que ce mot saint prononcé par l’opération de Dieu ? Il faut pour cela que tu concourres avec moi, sans quoi cette preuve sera nulle pour toi. Essaie donc de te dépouiller de toutes tes entraves qui te retiennent dans les ténèbres, ramène-toi par des efforts et des prières constantes à ton unité spirituelle, et à ta simplicité originelle, tu entendras prononcer au-dedans de toi ce mot : saint, saint, saint, et tu auras par là un témoignage de la vérité de ce que je t’expose. Ne sois pas étonné qu’il te faille suivre cette marche pour retourner à ta nature primitive ; comme il n’y a que ton crime qui t’en a séparé, il n’y a que ta vertu, c’est-à-dire, ta fidélité aux grâces divines qui puisse t’y ramener ; mais aussi dès qu’en t’y ramenant, tu trouves au-dedans de toi ce mot saint, c’est une puissante démonstration que ce mot prononcé était autrefois tout ton être. Nouvel Homme 17
Car même dans l’ordre de la simple morale ordinaire, si nous mourrions un peu tous les jours, nous éviterions par là de mourir tout à la fois, comme cela arrive à presque tous les hommes, qui par cette raison trouvent la mort si dure ; et la mort physique finale de notre corps ne nous paraîtrait pas plus fâcheuse que celle momentanée par laquelle nous passons à chaque instant. Bien plus nous vivrions aussi un peu tous les jours, en raison des portions de mort que nous aurions détruites. Faute de cette précaution, et à force de s’enfoncer dans la vie fausse, l’homme vulgaire perd journellement les facultés qui lui avaient été accordées par la nature et par la vérité, pour se soutenir pendant son voyage terrestre. Aussi les hommes livrés au torrent sont-ils toujours au-dessous de la mesure. Leur coeur n’a plus de goût pour la vertu ; leur oreille n’a plus de tact pour la vraie musique ; il n’est pas jusqu’à leurs facultés animales et digestives, qui ne deviennent nulles par leur intempérance. Nouvel Homme 24
D’ailleurs, homme mon frère et mon ami, par cette douce vertu, ne retraçons-nous pas une vive image de notre principe ? Que fait-il autre chose du haut de son trône, que de manifester une inaltérable longanimité par laquelle il se montre patient envers tous les obstacles, et envers toutes les résistances ? Formons-nous donc, comme lui, une sainte retraite au milieu des atmosphères corrompues dont nous sommes environnés. Soyons-y comme le passereau solitaire sur le toit, et que nos lamentations mêmes soient perpétuellement tempérées par l’espérance et par une sécurité inébranlable. Si nous sommes les enfants de notre Dieu, il ne nous perd pas de vue. Les suspensions et les langueurs doivent entrer aussi bien que les jouissances, dans les plans qu’il a formés sur nous, et nous devons être sûrs qu’il s’occupe assez soigneusement de nous, pour que nous le regardions toujours comme notre père, lors même que nous nous trouvons loin de lui. Nouvel Homme 26
Ce sont tous ces mouvements-là qui se sont passés dans saint Jean-Baptiste, lorsque le Réparateur vint le trouver près du Jourdain pour être baptisé par lui ; il savait que celui qui serait envoyé devait baptiser dans l’esprit, et dans le feu ; il savait qu’il n’était pas digne de dénouer les cordons de ses souliers ; il n’osait par humilité, baptiser le Seigneur ; ce ne fut que quand il en eut reçu l’ordre de sa pari, qu’il s’y détermina ; et ce saint Jean nous est donné dans l’Évangile comme marchant dans l’esprit, et la vertu d’Elie, ou comme étant Elie lui-même, c’est-à-dire, l’esprit du Seigneur : aussi était-il le précurseur. Nouvel Homme 31
Ils se scandaliseront de le voir enseigner d’une manière qui remplira tout le monde d’étonnement, parce que sa parole sera accompagnée de puissance et d’autorité ; et il sera en butte aux contradictions des Pharisiens, des docteurs de la loi qui viendront de tous les villages de la Galilée, du pays de Judée, et de la ville de Jérusalem, et qui étant assis près de lui, verront sa vertu agir par des prodiges, et la guérison des malades. Nouvel Homme 39
Mais que dire de ces nations impies au milieu desquelles cet homme nouveau et son précurseur sont envoyés? « Elles sont semblables à ces enfants qui sont assis dans la place, et qui crient à leurs compagnons, et leurs disent: nous avons joué de la flûte pour vous réjouir, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des airs lugubres pour vous exciter à pleurer, et vous n’avez point témoigné de deuil. » Car le précurseur de l’homme nouveau, ou notre fidèle compagnon est venu dans la douleur, et dans les larmes, comme étant né des femmes, et les nations impies ont dit : Il est possédé du démon. L’homme nouveau est venu dans la joie et dans la consolation, comme étant né de l’esprit, et de l’amour, et elles ont dit : c’est un homme de bonne chère, et qui aime à boire ; c’est un ami des Publicains, et des gens de mauvaise vie. Elles ont traité le nouvel homme, et le fidèle compagnon qui a été son précurseur, comme elles ont traité le Réparateur, et celui qui marchait devant lui dans la vertu et l’esprit d’Élie, pour préparer les voies à la miséricorde. Nouvel Homme 41
Il sait que sa nature spirituelle et divine l’appelle à opérer des oeuvres de paix et à travailler au rétablissement de l’ordre universel ; il sait que cette même nature divine et spirituelle qui l’anime est au-dessus du temps, et est faire pour ne point connaître de temps ; ainsi toutes les fois que l’occasion se présentera de remplir son oeuvre, il la saisira, fut-ce même le jour de sabbat terrestre. Mais alors cette voix du sabbat s’élèvera contre lui, et voudra transformer son bienfait en une véritable prévarication ; c’est probablement pour nous retracer ce symbole de l’homme, et de cet affligeant assemblage qui se trouve en lui, que le Réparateur guérit un jour de sabbat, au milieu de la synagogue, cet homme qui avait une main sèche ; car en effet cette synagogue représenta parfaitement alors la réunion de la lumière et des ténèbres, où d’un côté agissait la vertu active de celui qui venait rendre aux hommes de l’esprit l’usage de leur main desséchée ; et de l’autre l’opposition d’un peuple matériel et grossier qui s’appuyait sur la lettre même de sa loi pour combattre l’esprit de la véritable destination de notre être. Nouvel Homme 43
Ce ne sera pas seulement cette ordonnance intérieure de lui-même qu’il soumettra au mouvement de l’esprit ; mais dans toutes les circonstances de sa vie, il aura sans cesse à la bouche ces paroles du psaume 101:3 : En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi. Il ne voudra pas même d’une vertu qui né vienne que de lui, parce qu’il sait combien elle serait fragile ; mais il ouvrira en lui les substances de ses vertus afin que l’esprit vienne s’en emparer, les vivifier, et les gouverner dans toutes les circonstances. Nouvel Homme 45
C’est ce double témoignage qui assure à jamais la dignité de ce nouvel homme, et qui fait la base de sa confiance et de sa sécurité ; c’est, en même temps, ce qui donne tout leur prix et toute leur vertu à ces sept sources sacramentelles, qui dérivent de cette pierre fondamentale sur laquelle doit se bâtir l’Eglise, comme cette pierre fondamentale dérive de l’unité. Aussi l’harmonie se fait connaître dans ces sources, puisqu’elles sont l’expression de l’harmonie qui doit régner dans la pierre fondamentale à l’imitation de celle qui règne dans l’unité ; elles sont toutes intimement liées, quoiqu’ayant des caractères distincts, et elles se prêtent un secours mutuel, non point pour s’éclipser les unes et les autres, mais pour faciliter leurs diverses manifestations. Nouvel Homme 46
Que le nouvel homme ne s’effraie pas de ces fatigues, le temps du repos les lui fera toutes oublier. Le nouvel homme est un homme de vérité, et l’homme de vérité ne connaît aucun obstacle. Au milieu même de ses travaux, et de ses épreuves, il a toujours devant les yeux ce passage de David : que toute la terre se réjouisse en Dieu. Servez le Seigneur avec joie, entrez et présentez-vous devant lui dans de saints ravissements. Sachez que le Seigneur est le vrai Dieu, que c’est lui qui nous a faits, et que nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes. Aussi toute la terre du nouvel homme est dans la sécurité, et dans la joie, parce qu’il sent que ses os deviennent semblables aux os de la vie, et que la vertu de la chair céleste, et du sang spirituel Pénètre, et nourrit sa chair et son sang. Nouvel Homme 48
En effet, c’est à cette voie que se font connaître les récompenses promises à l’homme de désir qui s’est consumé dans la vigilance, et dans le zèle à garder la citadelle qui lui est confiée ; à cet homme de désir qui s’est promis de ne jamais se livrer à une spéculation de l’esprit, et de l’intelligence, sans avoir auparavant consacré des efforts, et un temps, à quelque oeuvre active de l’esprit ; tant il est persuadé que l’homme doit toujours craindre de ne pas assez agir, et ne jamais craindre de ne pas assez savoir ; et cette sage crainte de ne pas assez agir, établit en lui une vertu tout aussi salutaire, celle d’être toujours prêt à suivre les ordres de son maître, toujours plein de résignation à tous les événements où ses services le peuvent entraîner, enfin toujours heureux, dès qu’il peut se rendre intérieurement le consolant témoignage qu’il a été zélé pour la gloire de ce maître, et qu’il n’a point été en faute, ni en retard dans son service. Nouvel Homme 49
C’est pourquoi le nouvel homme a dit avec jubilation, et dans la plénitude de son espérance : « Quand le feu du Seigneur aura enflammé mon coeur, et brûlé mes reins ; quand les hommes de Dieu auront préparé tous les sens de mon âme, quand l’huile sainte aura accompli ma consécration extérieure, et intérieure, alors le Seigneur entrera en moi, il se promènera dans moi, comme autrefois il se promena dans le jardin d’Eden. J’entendrai mon Dieu, je verrai mon Dieu, je concevrai mon Dieu, je sentirai mon Dieu ; il aplanira lui-même les voies par où il voudra faire marcher sa sagesse, il disposera mon coeur pour y pouvoir habiter comme dans un lieu de repos, et quand je voudrai me nourrir des douceurs de la vertu, de l’empire des forces et des puissances, et de la délicieuse contemplation de la lumière, je considérerai le céleste habitant qui demeurera en moi, et il me procurera à la fois tous ces biens. » Nouvel Homme 49
Homme de paix, voilà sur quoi doit reposer votre confiance. La drachme est retrouvée, ne vous séparez point de celui qui la fait sortir du fond de la mer, et vous serez toujours prêts a vous acquitter, parce qu’il a rendu la valeur et la vie à ce qui était mort et sans vertu en vous. Le nouvel homme a aussi retrouvé cette drachme, il a saisi avidement la ligne qui se présentait, il est sorti du fond de l’abîme, il a satisfait aux droits de la justice, n’hésitez point à suivre son exemple. Nouvel Homme 53
Qu’a fait le nouvel homme ? Il ne s’est pas levé un seul jour que ce ne fût avec le désir, et la résolution d’élever un autel à une vertu, et de lui offrir assidûment des sacrifices, jusqu’à ce qu’il eût reçu d’elle les témoignages de son intérêt pour lui ; il ne s’en est pas tenu même à ces témoignages, il a persévéré dans ses assiduités, jusqu’à ce que cette vertu fût, pour ainsi dire, identifiée avec lui, et que lui-même fût comme naturalisé, et marié avec elle. C’est par là qu’il a fait germer en lui les fruits vivants de la vérité, de la miséricorde, et de la justice, et qu’il a établi dans le centre de son être la consommation de la sanctification, et de sa liberté. Nouvel Homme 54
Car il n’a point désespéré de voir couronner ses travaux, et, dès qu’il s’apercevait qu’il lui manquait une vertu, il se mettait en oeuvre pour s’en procurer la possession ; comme un homme qui s’aperçoit qu’il s’est fait une ouverture à sa maison, n’a point de repos que cette brèche ne soit fermée ; c’est-à-dire, qu’il ne s’est occupé qu’à rebâtir cette ancienne maison que nous occupions autrefois, et dont l’enceinte était formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, ce qui nous maintenait à couvert de toutes les entreprises de nos ennemis. C’est aussi parce que nous occupions autrefois cette enceinte formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, que nous étions assez spiritualisés, pour être chacun un des signes du Seigneur ; parce que tous les rayons de l’esprit, et du nom du Seigneur, se réunissaient sur nous, et nous faisaient réfléchir son image. Nouvel Homme 54
Telle est encore notre loi malgré notre chute, et telle serait encore notre espérance, si, comme le nouvel homme, nous ne nous levions pas un seul jour sans que ce fût dans le désir, et la résolution d’élever un autel à une vertu, et de ne point abandonner l’oeuvre, jusqu’à ce que cet autel fût consacré, et que les cérémonies saintes y fussent en pleine activité. Nouvel Homme 54
55. Objets mensongers, puissances illusoires, puissances destructives, en vain vous réunirez vos efforts contre le nouvel homme ; sa pensée croîtra malgré vous : sa vertu ne sera point sujette à décliner, et à se détruire, comme celle de tous les êtres composés ; elle suivra la ligne de l’infini. C’est quand notre pensée est descendue par le crime, qu’elle a rencontré des bornes. C’est là où la ligne de l’infini s’est trouvée rompue. Heureuses bornes dans notre infortune ! Heureuse rupture ! Amour, c’est par là que tu as abrégé notre séjour dans l’abîme. Toutes les régions de l’univers ne sont-elles pas contiguës ? L’arbre qui a le pied caché dans la terre, participe, par ses rameaux, à toutes les actions de l’atmosphère. La pensée de l’homme enseveli dans les ténèbres de son corps, pourquoi ne participerait-elle pas à toutes les actions de son atmosphère céleste ? Nouvel Homme 55
« Tâchez au contraire de surpasser encore s’il est possible les vierges sages de l’Evangile, et de procurer par vos travaux et vos efforts une suffisante provision d’huile aux vierges folles pour qu’elles soient admises aux noces de l’époux avec vous ; car c’est là le dernier terme de la charité, puisque c’est celle que l’esprit même exerce à votre égard, n’ayant pas craint de pénétrer dans tous les abîmes de votre existence pour venir partager son huile avec vous, et rétablir par là la perfection de ce nombre de dix talents que vous aviez altérés dans l’origine, et que la sagesse suprême désire si ardemment revoir briller dans sa justesse, et dans toute sa vertu. » Nouvel Homme 59
Tes bourreaux ne rompront point tes os, comme ils n’ont point rompu ceux du Réparateur, ils ne diviseront point non plus ta robe, parce que tu es toi-même le sens et l’esprit dont toutes ces choses étaient le type et la lettre ; mais ils perceront ton côté, comme ils ont percé celui de son corps, afin que ton sang spirituel soit répandu, et que tu rendes à Dieu ce que tu avais pris à Dieu, comme le Réparateur rendit à la terre le sang matériel qu’il avait reçu de la terre. Mais de même que le sang matériel du Réparateur, vu sa pureté, a rectifié toutes les puissances des éléments universels, de même ton sang spirituel en se répandant doit couler sur toute ta personne et sur toutes tes puissances, pour leur rendre leur première vertu et leur premier caractère. Nouvel Homme 67
« Tu trouveras également au milieu de la place de la ville, des deux côtés du fleuve, l’arbre de la vie qui porte douze fruits, et donne son fruit chaque mois, et les feuilles de cet arbre sont pour guérir les nations. » Car cet arbre de vie, c’est cette lumière de l’esprit qui vient de s’allumer dans la pensée du nouvel homme qui doit désormais remplir de toutes ses sagesses l’universalité du temps. Ces feuilles qui doivent guérir les nations, ces sont les oeuvres de ce nouvel homme qui répandront sans cesse autour de toi et l’harmonie et le bonheur, comme tu aurais dû les répandre autrefois en vertu de ces trois dons sacrés qui te constituent à la foi l’image et le fils du Dieu des êtres. Nouvel Homme 71