La vérité ne demande pas mieux que de faire alliance avec l’homme ; mais elle veut que ce soit avec l’homme seul, et sans aucun mélange de tout ce qui n’est pas fixe et éternel comme elle. Nouvel Homme
A peine la vérité voit-elle naître le désir et la volonté dans le coeur de l’homme, qu’elle s’y précipite, avec toutes les ardeurs de sa vie divine et de son amour. Souvent même elle ne lui demande que de se priver de ce qui est nul, et pour ce sacrifice négatif, elle va le combler de réalités. Les principales de ces réalités, c’est de commencer par lui donner les signes d’avertissement et de préservation, afin qu’il ne soit plus dans le cas de craindre comme Caïn, et de dire : ceux qui me rencontreront me tueront. Ensuite elle attache sur lui les signes de terreur, afin que sa présence devienne redoutable, et qu’il fasse fuir ses ennemis ; enfin elle le décore des signes de gloire, afin qu’il puisse faire briller la majesté de son maître, et recevoir partout les honorables récompenses qui sont dues à un fidèle serviteur. Nouvel Homme
Pour coopérer à notre guérison, la vérité possède un médicament réel, et que nous sentons physiquement en nous, lorsqu’elle juge à propos de nous le faire administrer. Ce médicament est composé de deux ingrédients en conformité de notre maladie, qui est une complication du bien et du mal, que nous tenons de celui qui ne sut pas se préserver du désir de connaître cette fatale science. Ce médicament est amer, mais c’est son amertume qui nous guérit, parce que cette partie amère, qui est la justice, s’unit à ce qu’il y a de vicié dans notre être, pour lui rendre la rectification ; alors ce qu’il y a de régulier et de vif en nous, s’unit à son tour à ce qu’il y a de doux dans le médicament, et la santé nous est rendue. Nouvel Homme
On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain, comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le plus grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! Si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose, et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélerer ta régénération, et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante, et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir. Nouvel Homme 2
De cette sublime vérité, il résulte une vérité qui n’est pas moins sublime, savoir, que nous ne sommes pas dans notre loi, si nous pensons par nous-mêmes, puisque pour remplir l’esprit de notre vraie nature, nous ne devons penser que par Dieu, sans quoi nous ne pouvons plus dire que nous soyons la pensée du Dieu des êtres, mais nous nous déclarons être le fruit de notre pensée ; nous nous annonçons comme si nous n’avions pas d’autre source que nous-mêmes, et comme si nous avions été notre propre principe, de façon qu’en défigurant notre nature, nous anéantissions celui seul de qui nous la tenons : aveugle impiété qui peut éclairer sur la marche qu’ont suivie toutes les prévarications. Nouvel Homme 3
De cette sublime vérité que l’homme est une pensée du Dieu des êtres, il résulte une vaste lumière sur notre loi, et notre destination ; savoir, que la cause finale de notre existence ne peut être concentrée dans nous ; mais qu’elle doit être relative à la source qui nous engendre comme pensée, qui nous détache d’elle pour opérer au-dehors ce que son unité insubdivise ne lui permet pas d’opérer elle-même ; mais ce dont elle doit être cependant le terme et le but, comme nous sommes tous ici-bas le but et le terme des pensées que nous enfantons, et qui ne sont qu’autant d’organes et d’instruments que nous employons pour coopérer à l’accomplissement de nos plans dont notre nous est perpétuellement l’objet ; c’est pour cela que cette pensée du Dieu des êtres, ce nous doit être la voie par où doit passer la Divinité tout entière, comme nous nous introduisons journellement tout entier dans nos pensées, pour leur faire atteindre le but et la fin dont elles sont l’expression et pour que ce qui est vide de nous, devienne plein de nous ; car, tel est le voeu secret et général de l’homme, et par conséquent tel est celui de la Divinité dont l’homme est l’image. Nouvel Homme 3
Cette opération s’accomplit par des lois de multiplication spirituelle de la part de la Divinité dans l’homme, quand il lui a ouvert sa vie intégrale : et alors la Divinité développe en nous tous les produits spirituels et divins relatifs à ses plans, comme nous voyons que pour ce qui est relatif aux nôtres nous transportons constamment nos forces et nos puissances dans notre pensée, déjà produite, pour qu’ils puissent parvenir à leur parfait accomplissement ; mais avec la différence que les plans divins nous liant à l’unité même, nous ouvrent des sources intarissables lorsqu’ils veulent bien nous associer à eux ; et comme ils sont vifs par eux-mêmes, ils opèrent en nous une suite d’actes vifs qui sont comme des multiplications de lumières, des multiplications de vertus, des multiplications de joies qui vont toujours en croissant; c’est plus qu’une pluie d’or qui tombe sur nous, c’est plus qu’une pluie de feu, c’est une pluie d’esprits, de tout rang et de toutes propriétés ; car, c’est une vérité déjà connue, que Dieu ne pense point sans enfanter son image ; or, il n’y a qu’un esprit qui puisse être l’image de Dieu ; c’est par là, dis-je, que nous recevons en nous des multiplications de sanctification, des multiplications d’ordination, des multiplications de consécration, et que nous pouvons les répandre à notre tour, d’une manière active, sur les objets qui sont hors de nous et sur les personnes qui nous approchent. Nouvel Homme 3
Mais d’où lui vient cette manière d’être si avantageuse et si salutaire ? C’est que s’il parvient à être régénéré dans sa pensée, il l’est bientôt dans sa parole qui est comme la chair et le sang de sa pensée, et que quand il est régénéré dans cette parole, il l’est bientôt dans l’opération qui est la chair et le sang de la parole. Non seulement l’esprit le pénètre, circule dans toutes ses veines, et se revêt de lui pour donner le mouvement à tous ses membres, comme nous faisons mouvoir à notre gré les vêtements dont nous nous couvrons ; mais tout en lui se transforme en substances spirituelles et angéliques, pour le porter sur leurs ailes vers tous les lieux où son devoir l’appelle ; c’est ainsi que le juge souverain viendra un jour au milieu de ses saints, et environné de millions d’anges pour rétablir le règne de la vérité dans toutes les régions qui en seront susceptibles. Nouvel Homme 4
C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination, et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination, vient du mot ordinare ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la parole pour cette oeuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui puissent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles. Nouvel Homme 4
Hommes qui croyez à la vertu de la parole, et aux prodiges qu’elle opère dans l’âme de l’homme quand elle le veut employer à ses diverses manifestations, croyez aussi à la progression de ses puissances, et à l’accroissement quoiqu’invisible des diverses actions qu’elle a dessein de faire fructifier dans le champ de la mort que nous habitons. Car cette parole est vive par elle-même, et quoiqu’elle soit fixe, et en quelque façon immobile dans le centre de son essence, les mouvements qu’elle opère ne peuvent pas être bornés et fixés à demeure dans les localités du temps. Nous voyons combien cette vérité se démontre sur nous-mêmes par les progressions que notre esprit parcourt, et qui font que notre vie entière semble n’être qu’une suite d’accroissements, dans lesquels les dons et les vertus d’une époque disparaissent et sont remplacés par les dons et les vertus de l’époque suivante. Nouvel Homme 5
Pernicieux ennemi de l’homme, tu occasionnes bien aussi des souffrances, mais c’est en opérant une contraction de ta puissance désordonnée et mensongère contre les lois éternelles de la vérité, et contre l’ordre immuable des choses ; aussi tes succès, quand tu l’emportes, entraînent l’homme dans le néant, la mort et les ténèbres. Mais lorsque le Dieu souffrant s’approche de nous et nous occasionne des douleurs, c’est en opposant la mesure, l’ordre et la vérité, aux désordres et aux irrégularités que tu sèmes journellement dans les hommes, et que tu y entretiens. Aussi la contradiction que ce Dieu souffrant opère dans ceux qui la désirent et qui y concourent, se termine toujours par la joie le bonheur et la lumière. Nouvel Homme 6
Oh ! mes amis, prenons garde à un autre danger qui nous menace tous : c’est d’être traités comme ceux à qui on redemandera le sang des prophètes ; non pas que nous leur ayons ôté la vie temporelle, mais pour n’avoir pas profité de leur esprit plus que les nations auxquelles ils avaient parlé, ni plus que les hommes du torrent ; car cet esprit des prophètes est leur véritable sang que nous versons à tous les instants, quand nous ne suivons pas les leçons qu’ils nous ont données, et qu’au bruit de leurs menaces nous ne rentrons pas sous la domination exclusive du seul, et souverain être qui est jaloux de tout gouverner lui-même, comme étant le seul qui ait pu tout créer ; oui, voilà ce véritable sang qui sera demandé à la famille humaine, non seulement depuis le sang d’Abel, jusqu’à celui de Zacharie mais encore depuis celui de Zacharie, jusqu’à celui qui sera également versé et profané pendant toute la durée des siècles. Voilà ce sang que versent tous les jours les Pharisiens, les Scribes, et les docteurs de la loi qui étouffent sans cesse l’esprit du prophète, non seulement sous le poids de la lettre, mais sous le poids de leurs hypocrites et frauduleuses interprétations, et sous celui de leurs superstitieuses traditions dans lesquelles la vérité va toujours en descendant. Nouvel Homme 7
D’ailleurs, veux-tu voir par toi-même les effets de cette science si respectable, et combien elle a peu profité aux hommes ? La terre est remplie des monuments de cette science Divine, et des immenses développements qu’elle n’a cessé de fournir depuis le commencement du monde ? Tout a été écrit, dit, publié ; il n’y a point de profondeur ici-bas qui n’ait été sondée, il n’y a point de secret qui n’ait été découvert, point de lumière qui n’ait été manifestée; les hommes regorgent de trésors en ce genre, ils en sont inondés, entourés, encombrés ; et cependant quel chemin leur vois-tu faire dans la carrière de la vérité et de la paix ? Ils croient leur coeur en sûreté, dès que leur esprit voit des rayons de lumière ; et ils ne songent pas que sans le secret et douloureux médicament, ils ne font, avec toutes leurs clartés, que se jeter plus sciemment dans le précipice. Nouvel Homme 11
Lorsque David écrit, psaume cent dix, verset 7 : Les oeuvres de ses mains ne sont autre chose que vérité et que justice, il dit plus, que l’intelligence ordinaire ne peut apercevoir dans ces paroles, et on ne peut les comprendre effectivement que par la jonction de cette influence effective pour laquelle nous sommes tous faits, et qui nous est si nécessaire, que nous ne pouvons être renouvelés sans elle. Mais aussi dès qu’elle existe, nous devons nous remplir d’une ardeur sans borne pour obtenir d’en être pénétrés à tous les moments, et d’en pénétrer à notre tour tous les ouvrages de nos mains, et tous les objets de nos oeuvres. Nouvel Homme 12
L’homme est tranquille au milieu des abîmes qui l’environnent ; il oublie que ses ennemis sont si redoutables, qu’il ne peut pas abattre le moindre degré de leur puissance, qu’autant que la force Divine, elle-même, se met en mouvement, et sans qu’il n’en coûte à Dieu, une opération, et un acte réel de sa force et de son action entière. L’ennemi ne l’ignore pas cette vérité ; aussi, il ne remue pas tant que nous ne mettons en jeu que nos puissances inférieures et particulières à l’homme ténébreux ; et un de ses grands secrets, c’est d’abuser les mortels par d’apparents succès fondés sur des prières faibles et illusoires, qui les font dormir dans le sommeil de la mort ; c’est par là qu’il dévore journellement toute la terre. Nouvel Homme 12
Mais quand nous avons le bonheur de ne pas nous reposer sur nos propres forces, quand enfin c’est cet être puissant, lui-même, qui agit et qui opère, l’ennemi tremble, et fuit dans ses antres obscurs, ne pouvant pas résister à la force invincible du lion de la tribu de Juda, à qui l’Eternel a juré par son nom redoutable, que tout empire lui serait donné ; c’est cette promesse irréfragable qui assure le triomphe à la seule présence de cet agent sacré, et qui fait sentir à l’ennemi la différence de la parole de vérité à une parole variable ou fausse. Nouvel Homme 12
Cet ennemi de toute vérité a des puissances à ses ordres qu’il envoie devant lui comme des espions dès qu’on le poursuit et qu’on l’attaque dans son pays ; il a à ses ordres des chiens, des loups qui observent s’ils ne pourront pas dévorer le cavalier et sa monture, et ensuite faire main basse à leur aise sur toute la bergerie. Mais sitôt qu’ils aperçoivent ou seulement qu’ils sentent le lion de la tribu de Juda, ils fuient à toutes jambes, tant ce lion de la tribu de Juda a des armes tranchantes et à l’épreuve de tout. Ses armes n’ont pas même besoin de se mouvoir ; il approche et tout tremble devant lui. Nouvel Homme 12
Cette idée t’apprendra que ce décret doit te regarder d’une manière encore plus directe ; ainsi tu dois sentir que la délibération de ce grand conseil est que tu sois également dans la souffrance et dans le combat, si tu veux remporter la victoire. Or, ce décret, pris en grand, se subdivise ensuite, et s’étend à tous les détails de ta vie, et de ton existence. Ainsi, songes-y, il n’y a pas un instant où dans ce grand conseil Divin, il ne soit délibéré que tu dois être entièrement dévoué à la loi suprême dont tu dépends, que tu dois être pur, que tu dois être humble, que tu dois être aimant ton frère, que tu dois être ambitieux de te remplir de toutes les vertus de l’esprit et de la vérité, et d’en semer au moins les désirs dans les âmes de ceux qui sont dans l’indigence. Ainsi, pour peu que tu te négliges un instant sur la pratique de ces obligations, tu es réfractaire à la loi, tu es un prévaricateur. Nouvel Homme 13
Tiens-toi sur tes gardes au milieu de toutes ces insinuations ; il y aurait là plus de paresse que de vertu, plus de défiance que de véritable courage, plus de ténèbres que de lumière ; remplis-toi d’abord de la profonde persuasion, que la vérité l’emporte sur le mensonge, comme la vie l’emporte sur la mort ; remplis-toi de la profonde persuasion que par ta simple conduite régulière et attentive, l’ennemi n’aura plus sur toi qu’une frêle influence en ce qu’elle ne trouverait plus de base pour s’y fixer, et s’y attacher ; remplis-toi de la profonde persuasion que tu es né dans la vie, que tu n’existes que dans la vie, et par la vie, et que tu dois retourner à la vie; enfin remplis-toi de la profonde persuasion que la vie universelle et sacrée, ne cherche sans cesse qu’à réchauffer tout ton être, et à la maintenir dans l’harmonie active et efficace de toutes les facultés qui le constituent. Nouvel Homme 14
Repose-toi sur cette loi qui est infaillible, et contre laquelle les illusoires prudences de l’ennemi ne doivent jamais obtenir ton acquiescement. Car la seule vertu que Dieu demande de nous, c’est la confiance ; ainsi le seul tort que nous puissions avoir envers lui, c’est la timidité, c’est la lâcheté. Mais aussi dès que tu as pris cette sainte résolution, et dès que tu as mis en usage les armes sacrées, regarde-toi comme engagé dans la milice Divine et spirituelle, et songe que la moindre négligence peut te rendre indigne de porter le nom de soldat de la vérité ; songe que la moindre négligence peut t’exposer à prendre le nom de Dieu en vain, songe enfin que ce sera pour toi un crime désormais que de manquer une seule occasion d’exercer tes fonctions saintes, et de faire un seul pas sans que tu n’emploies le nom du Seigneur, parce qu’il est dit : Heureux celui qui persévérera jusqu’à la fin. Nouvel Homme 14
Cette vérité que l’âme sent, quand elle se dépouille et se concentre, lui démontre quelles sont les énormes suites de la prévarication, et lui fait connaître, par l’expérience de tous les moments, que nous habitons la terre de la mort et de la douleur ; mais elle sent en même temps qu’il n’y a pas un instant pour elle où cette parole salutaire ne puisse être suivie d’une résurrection. Nouvel Homme 15
Hommes peu réfléchis, vous enseignez que les hommes ennemis de la vérité viendront persécuter les peuples chrétiens, comme autrefois des nations païennes sont venues persécuter et tourmenter le peuple juif ; mais où sont-ils les peuples chrétiens pour qu’on puisse les attaquer en corps ? Est-ce sur des circonscriptions locales que vous pouvez établir un pareil nom ? Et vous-même qui portez le nom de chrétien, quelles sont les portions de votre être qui méritent véritablement ce nom, et ne sentez-vous pas que ce peuple choisi est disséminé dans toutes les subdivisions de votre existence corrompue, et ténébreuse, comme le peuple juif est subdivisé sous vos yeux parmi les gentils, et parmi toutes les nations barbares, et impies qui composent le globe ? EH bien, il en est de même du peuple chrétien, il est disséminé dans toutes les régions, dans tous les climats, dans toutes les nations, dans tous les peuples ; sa force est trop subdivisée pour réveiller même la jalousie de ses ennemis ; et ils ne troublent point sa paix, tant qu’il ne leur fournit pas le sujet, et l’occasion de le poursuivre, et de l’attaquer. Nouvel Homme 15
Lorsqu’elle sera rassemblée réellement, l’ennemi agira à force ouverte, et tout sera actif dans l’attaque comme dans la défense. Prépare-toi toujours à l’événement comme s’il devait arriver dans l’instant, car tu ne sais pas l’heure, et d’ailleurs cette heure peut arriver pour chacun en particulier dès l’instant qu’il a formé la sincère résolution de rassembler sa propre famille. Or, le meilleur moyen de te procurer la plus salutaire préparation, c’est de commencer par être toi-même ton plus cher prosélyte, et de ne te point quitter que par tes instances, tes efforts, et tes exhortations continuelles, tu ne sois parvenu à te faire rentrer dans le sein de l’Eglise, et de la vérité. Nouvel Homme 15
Alors tous ces docteurs qui t’avaient séduit et égaré, seront eux-mêmes dans l’étonnement en apercevant l’empire de la parole de ton fils, et combien la lumière qu’il répand a d’analogie avec notre clarté naturelle. Chaque jour ils feront eux-mêmes de nouvelles découvertes à la lueur de ce flambeau qui brillera devant eux et tu auras le plaisir de voir bientôt en toi mille peuples se convertir par ses discours et ses instructions, et devenir de sincères adorateurs de la vérité, de façon que tu ne tarderas pas d’être à toi seul une grande famille de fidèles qui ne cesseront d’élever jour et nuit des temples à la gloire du suprême auteur, dominateur et régulateur de tout ce qui existe. Nouvel Homme 17
Veux-tu savoir pourquoi l’homme n’est autre chose, par son origine, que ce mot saint prononcé par l’opération de Dieu ? Il faut pour cela que tu concourres avec moi, sans quoi cette preuve sera nulle pour toi. Essaie donc de te dépouiller de toutes tes entraves qui te retiennent dans les ténèbres, ramène-toi par des efforts et des prières constantes à ton unité spirituelle, et à ta simplicité originelle, tu entendras prononcer au-dedans de toi ce mot : saint, saint, saint, et tu auras par là un témoignage de la vérité de ce que je t’expose. Ne sois pas étonné qu’il te faille suivre cette marche pour retourner à ta nature primitive ; comme il n’y a que ton crime qui t’en a séparé, il n’y a que ta vertu, c’est-à-dire, ta fidélité aux grâces divines qui puisse t’y ramener ; mais aussi dès qu’en t’y ramenant, tu trouves au-dedans de toi ce mot saint, c’est une puissante démonstration que ce mot prononcé était autrefois tout ton être. Nouvel Homme 17
Je ne veux pas défigurer ce témoignage par un témoignage plus faible puisé dans les cris naturels de l’homme vers son Dieu quand il souffre, et qu’il est malheureux ; tu ne serais pas à portée de faire ton expérience sur des êtres dans leur nature, tu n’en vois autour de toi que d’altérés, et de manipulés par l’exemple et l’éducation ; d’ailleurs, les maux dont ils se plaignent ne sont pas ceux qui les obstruent le plus, et ils ne songent pas seulement à se délivrer de leurs vrais maux, qui seuls les empêchent de connaître leur vrai Dieu et de s’y réclamer. Néanmoins ne néglige pas ce que ton intelligence peut te faire apercevoir dans la conduite de l’homme le plus extraligné ; tu peux toujours y rencontrer quelque étincelle de vérité. D’ailleurs, si tu ne trouves sur ce point que des témoignages faibles dans l’homme qui souffre, tu en trouveras de plus frappants et de plus instructifs dans l’âme qui jouit et qui admire, et je te laisse le soin de les recueillir. Nouvel Homme 17
Nous avons vu ci-dessus avec quelle lenteur les différents sédiments se rassemblaient dans la terre pour y former le roc vif, et les masses de pierre ; mais nous voyons aussi de quelle immense utilité sont pour nous ces substances solides que nous extrayons du sein des rochers. Laissons, laissons donc aussi accumuler en nous avec un respectueux et prudent désir les influences vivantes, et les sédiments spirituels que la vérité dépose journellement dans notre sein. Non seulement nous pourrons un jour en extraire des pierres vives pour servir de base à nos édifices de tout genre, non seulement nous en ferons des remparts pour nos forteresses, non seulement nous pourrons en former des palais et des temples, mais nous pourrons en former aussi de longs aqueducs qui amèneront l’eau des endroits les plus éloignés dans les places et les lieux stériles, afin d’y rétablir la vie et la végétation ; enfin nous pourrons en former de solides et vastes ponts qui nous aideront à traverser en sûreté les fleuves et les torrents ; car le Dieu des êtres ne cherche autre chose que de réaliser dans nous toutes les lois vives dont la nature et le temps ne cessent de nous présenter des images passagères et matérielles. Nouvel Homme 19
Ce sont ces temps silencieux et gouvernés par la prudence et la retraite, qui disposent l’homme à remplir un jour sa mission avec succès, pour la gloire de son maître, pour l’avantage de ses propres frères, et pour l’avancement du règne du Seigneur, en se remplissant ainsi chaque jour des forces nécessaires pour aller attaquer les ennemis de la vérité, et les plonger dans leurs ténébreux précipices. Ainsi saint Luc nous apprend-il que le réparateur, en attendant l’heure de la consommation, passait ses jours dans la prière et dans les déserts ; aussi Moïse, que l’on doit regarder comme un des précurseurs de ce Divin réparateur, passait-il ses jours dans les déserts de Madian, jusqu’au moment où il reçut ordre du Seigneur d’aller délivrer ses frères, et de commander à Pharaon de laisser aller le peu le de Dieu en liberté, afin qu’il pût offrir ses sacrifices à l’Eternel. Nouvel Homme 19
Ainsi, unité dans l’amour, unité dans l’oeuvre de la pénitence, unité dans l’humilité, unité dans le courage, unité dans la charité, unité dans le dépouillement de l’esprit de la terre, unité dans la résignation, unité dans la patience, unité dans la soumission à la volonté suprême, unité dans le soin de nous revêtir de l’esprit de vérité, unité dans l’espérance de recouvrer les biens que nous avons perdus, unité dans la foi que notre volonté purifiée et unie à celle de Dieu doit avoir son accomplissement dès ce monde, unité dans la détermination à dissiper les ténèbres de l’ignorance dont notre séjour nous enveloppe, unité dans la vigilance, unité dans la constance à la prière, unité dans la continuelle culture des écritures saintes, enfin unité dans tout ce que nous sentons être propre à nous purifier, à nous alléger de ce bas monde, et à nous avancer dans notre royaume qui est le royaume de l’esprit, et le royaume de Dieu ; voilà la loi que nous devons nous imposer. Nouvel Homme 21
Car, ne trouvant point en lui de justes analogies avec son unité qui doit toujours triompher, (et cela par sa puissance et sa force, quand elle ne trouve pas à triompher par son amour et par ses bienfaits), elle le ferait périr de honte par son énorme disproportion, et en lui faisant connaître combien il est défiguré ; elle dissoudrait toutes les puissances fausses qui seraient en activité en lui ; elle le laisserait dans le néant spirituel absolu, où il ne pourrait éprouver que le désespoir d’atteindre à un terme si éloigné ; et au lieu de l’animer de l’unité de la vie qu’elle porte en elle-même, elle le réduirait à une unité de mort par l’impossibilité de former aucun rapport de vérité, ni aucune correspondance spirituelle divine avec lui. Nouvel Homme 21
Car même dans l’ordre de la simple morale ordinaire, si nous mourrions un peu tous les jours, nous éviterions par là de mourir tout à la fois, comme cela arrive à presque tous les hommes, qui par cette raison trouvent la mort si dure ; et la mort physique finale de notre corps ne nous paraîtrait pas plus fâcheuse que celle momentanée par laquelle nous passons à chaque instant. Bien plus nous vivrions aussi un peu tous les jours, en raison des portions de mort que nous aurions détruites. Faute de cette précaution, et à force de s’enfoncer dans la vie fausse, l’homme vulgaire perd journellement les facultés qui lui avaient été accordées par la nature et par la vérité, pour se soutenir pendant son voyage terrestre. Aussi les hommes livrés au torrent sont-ils toujours au-dessous de la mesure. Leur coeur n’a plus de goût pour la vertu ; leur oreille n’a plus de tact pour la vraie musique ; il n’est pas jusqu’à leurs facultés animales et digestives, qui ne deviennent nulles par leur intempérance. Nouvel Homme 24
Avec le Dieu unique qui a choisi son sanctuaire unique dans le coeur de l’homme, et dans ce fils chéri de l’esprit que nous devons tous faire naître en nous, tu n’as point les mêmes dangers à craindre, et tu n’auras que des fruits salutaires à recueillir, parce qu’il est l’être simple, l’être vrai, le seul être qui soit impassible à toute influence qui ne serait pas celle de la vérité ; aussi s’est-il réservé à lui seul le pouvoir de la faire connaître, et de la manifester dans toute sa pureté ! Nouvel Homme 27
Aussi, que nous dit la sagesse quand nous voulons contempler nos voies, et les sentiers pénibles de notre retour vers la lumière ? Elle nous dit dissipez vos ténèbres matérielles, et vous trouverez l’homme ; dissipez vos ténèbres spirituelles, et vous trouverez Dieu. Quand le chaos de la nature se débrouilla, l’homme parut comme étant l’organe de la vérité pour l’administration de l’univers. Quand le chaos spirituel où l’homme coupable s’était plongé fut dissipé, le Réparateur se montra comme étant la vie de l’esprit, et le suprême agent de notre délivrance et de notre régénération. C’est alors que la source du fleuve put dire aux eaux qui s’écoulaient : Vous êtes ma génération. C’est alors que se prononcèrent réellement ces passages prophétiques et figuratifs, répétés si souvent dans les écritures : Vous connaîtrez que je suis le Seigneur ; je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. Nouvel Homme 28
Si nous n’avons donc pas dissipé nos ténèbres matérielles pour trouver l’homme, et nos ténèbres spirituelles pour trouver Dieu, comment pouvons-nous sentir en effet s’accomplir cette vérité en nous, comment pouvons-nous de nouveau sentir Dieu engendrer notre âme, comment pouvons-nous connaître ce sabbat qui ne se trouve que dans Dieu, comment pourrons-nous voir paraître en nous le nouvel homme, comment pouvons-vous voir s’élever en nous cet édifice, et ce temple impérissable où le feu sacré doit brûler éternellement, et où les victimes ne doivent pas cesser d’être immolées pour la manifestation de la gloire et de la puissance du Dieu qui ne peut être connu et honoré que par l’organe de ceux qui sont saints ? Nouvel Homme 28
Cependant ne nous abusons point. Nous n’arrivons ici-bas à cet heureux terme que pour en jouir pour quelques moments passagers, et par intervalle, vu la privation à laquelle nous sommes condamnés ; et nous ne pouvons entendre d’une manière constante, et non interrompue la parole continue qui crée toujours. Mais n’est-elle pas assez grande cette vérité que nous pouvons apprendre dès ce monde, savoir: que le coeur de l’homme est la région que la Divinité a choisie pour son lieu de repos, et qu’elle ne demande qu’à venir l’habiter ? N’est-ce pas une assez grande vérité pour nous que de savoir que Dieu n’a choisi un semblable lieu de repos que parce que le coeur de l’homme est amour, tendresse, et charité, et que, par conséquent, ce secret nous découvre la véritable nature de notre Dieu qui est d’être éternellement amour, tendresse et charité, sans quoi il ne chercherait pas à habiter chez nous, s’il n’y devait pas trouver ces indispensables rapports ? Nouvel Homme 28
Car toutes ces routes seront autant de divergences et de subdivisions ; mais la masse corrompue de ces sciences verra toutes ces parcelles se séparer, et se dissoudre à mesure qu’elles s’élèveront ; et c’est cet état de fermentation réciproque, et de division universelle entre ces fausses sciences, et entre ces faux savants qui les fera disparaître et les dissipera, pour ne laisser régner que la vérité qui sauvera les restes du monde. Nouvel Homme 29
Mais vous avez préféré vous livrer à des routes illusoires et séductrices, vous avez préféré les images de la vérité, à la vérité elle-même ; bien plus, vous n’avez pas pris le soin d’examiner de quelle main vous venaient ces images, et sur le brillant de leurs couleurs, vous avez cru devoir en orner vos habitations, vous avez cru devoir vous en décorer vous-mêmes, sans songer que vous vous engagiez par là à observer les lois, les ordonnances et les volontés de celui qui vous envoyait ces décorations. Nouvel Homme 29
C’est par ces voies fausses et erronées qu’il amène les hommes à n’avoir de facultés que pour des connaissances de l’ordre inférieur, qui ne sont elles-mêmes que des apparences mortes et mensongères ; c’est par là qu’il fait que ces sortes de lumières troubles et incertaines deviennent les seuls éléments de l’homme, et la seule mesure de son esprit. Aussi, quel effet peuvent opérer alors sur les hommes, les tableaux vifs et les allégories spirituelles envoyées par la vérité ? Cet effet est nul ou faux à leurs yeux, ils rapportent le tout à des sciences inférieures, ou à l’invention de l’historien ou bien ils n’y voient rien. Nouvel Homme 29
Nous voyons bien, à la vérité, dans la nature, le même air, la même source de vie se communiquer à toutes les plantes, et cependant les unes nous le rendent rempli de baumes et de parfums, tandis que d’autres ne le rendent que corrompu et plein d’infection ; mais ce n’est point cette image pénible qui fait la véritable affliction du nouvel homme, c’est de voir que le malheureux homme offre à nos yeux le même tableau, et avec des couleurs cent fois plus choquantes et propres à jeter la désolation dans toutes les substances de l’esprit. Nouvel Homme 30
Voyez ce nouvel homme; il a laissé jusque dans lui, par 1’organe de ses prières, l’antidote puissant qui seul peut détruire ces animaux malfaisants dont le coeur de l’homme est le repaire. Il a raclé chaque jour, comme Job, la sanie de ses ulcères, avec le morceau, de pot de terre qui lui restait ; aussi, l’esprit du Seigneur est venu renouveler son sang et lui rendre la santé. Aussi, son âme deviendra un jour le trône du Seigneur. Du haut de ce siège superbe, il étonnera les nations dans sa gloire, il lancera la foudre contre ses ennemis, il tracera les lois de sa puissance aux peuples innombrables qui habiteront dans ses domaines ; il publiera des lois de grâce pour ceux qui voudront rentrer dans les voies de la vérité ; il distribuera des prix et des récompenses à ceux qui se seront dévoués au service de son maître, et qui n’auront respiré que pour la gloire de la maison du Seigneur. Nouvel Homme 30
Veille donc sans cesse, ô homme de paix, ô homme de désir, pour que le trône soit ferme et inébranlable, puisque si ce trône n’est pas en état, tu peux par ta négligence, retarder l’oeuvre et la manifestation des merveilles et des grâces du Seigneur. Que serait-ce donc si ce trône n’était pas érigé au nom de la vérité ? Dieu vous dirait, comme dans Amos (5:20, etc.) : « Je hais vos fêtes et je les abhorre ; je ne puis souffrir nos assemblées ; en vain vous m’offrirez des holocaustes et des présents, je ne les recevrai point, et quand vous me sacrifierez les hosties les plus grasses pour vous acquitter de vos voeux, je ne daignerai pas les regarder. Otez-moi le bruit tumultueux de vos cantiques ; je n’écouterai point les airs que vous chantez sur la lyre ; mes jugements fondront sur vous comme une eau qui se déborde, et ma justice comme un torrent impétueux. Maison d’Israël, m’avez-vous offert des hosties et des sacrifices dans le désert, pendant quarante ans ? Vous y avez porté le tabernacle de Moloch, l’image de vos idoles, et l’étoile de votre Dieu qui n’étaient que des ouvrages de vos mains. C’est pour cela que je vous ferai transporter au-delà de Damas, dit le Seigneur qui a pour nom le Dieu des Armées. » Nouvel Homme 30
Ces richesses consistent principalement en sept canaux spirituels, qui attendaient tous l’ordination sacramentelle, pouvoir commencer à reprendre leur activité, et pour redevenir les organes de la source suprême, dont ils doivent transmettre les eaux fertilisantes dans toutes les régions frappées de stérilité ; ces sept canaux se trouvent avoir entre eux la correspondance la plus parfaite, et quoiqu’ils aient chacun un caractère, et une propriété différente, l’un ne peut agir sans le concours des autres, ou sans que ses rapports avec les autres canaux ne soient déterminés. C’est ainsi que, par la manifestation que la vérité universelle nous offre dans l’harmonie musicale, aucun son ne peut exister sans que ses relations ne soient établies sur le champ avec tous les autres sons. Nouvel Homme 31
Juge donc ce que ce serait, si après avoir laissé introduire en toi cet ennemi de toute vérité, tu ouvrais ensuite la porte supérieure de ton être, et que la vérité elle-même fût dans le cas d’y descendre en raison de sa pente naturelle ! Détournons les yeux de ce tableau, ou du moins ne le contemplons qu’autant qu’il nous sera utile et nécessaire pour appeler en nous une plus grande force que celle qui nous reste, après les torts considérables que nous aurions déjà eus envers notre fidèle ami ; appelons cette force supérieure pour qu’elle vienne se joindre à celle de cet ami fidèle, et à la nôtre, afin que cette triple puissance tombe comme une foudre sur le déprédateur, et le funeste ennemi que nous avons laissé entrer en nous, afin qu’elle le fasse rentrer dans ses abîmes, et qu’elle referme ensuite sur lui d’une manière sûre cette porte inférieure que nous n’aurions jamais dû lui ouvrir. Nouvel Homme 33
Voilà en effet quelle est l’oeuvre du nouvel homme pendant son séjour dans le désert, c’est d’obtenir d’en haut une clef puissante pour lier l’ennemi dans ses cavernes ténébreuses, c’est de séparer le pur de l’impur, comme il avait été recommandé aux Hébreux, c’est de rendre la respiration de l’air céleste et divin à cet ami fidèle, à qui le premier homme fait continuellement respirer un air infect depuis le crime ; enfin, c’est d’arracher des mains de l’ennemi les portions des trésors divins, et les étincelles de la vérité même que nous lui avons laissé quelquefois dérober, en ouvrant si imprudemment notre porte supérieure, sans avoir pris la précaution de chasser l’ennemi dans ses abîmes, et de fermer soigneusement sur lui la porte inférieure. Nouvel Homme 33
Peut-être même des yeux intelligents trouveront-ils dans la douceur de cette réponse, et dans la citation des volontés supérieures, un indice de la manière dont l’homme aurait dû se diriger dans son état de gloire, et de la fonction qu’il aurait eu à remplir envers l’être égaré ; car cette citation de la loi et de la volonté supérieure eût été une sorte d’instruction que l’homme eût donné au prévaricateur, et qui peut-être l’eût engagé à faire un retour sur lui-même, et à rentrer dans la vérité. Nouvel Homme 34
36. Le Seigneur a choisi l’âme de l’homme pour y faire sa demeure ; il voudrait s’y promener à loisir dans les sentiers spacieux qu’il s’y est préparés. Il y déploie toute sa majesté, et pour qu’elle puisse être mieux aperçue, il y fait briller des astres éclatants dont la lumière répand une splendeur ineffable jusque dans les retraites les plus cachées de cet asile sacré. Il s’y est formé un temple où ses Lévites sont employés journellement au culte de leur Dieu, et à la pratique des cérémonies saintes. Chaque jour il y consacre l’huile de vie qui doit servir à renouveler perpétuellement les sources sacramentelles de tous les dons de son esprit. Il a placé dans le lieu le plus éminent de ce temple une chaire de vérité ; il y fait asseoir son envoyé pour annoncer aux nations la parole de joie qu’il puise dans la langue éternelle. Nouvel Homme 36
« Bienheureux ceux qui sont assez pauvres d’esprit pour se laisser dérober par leur ennemi secret leur gloire et leurs avantages temporels, et laisser leur propre monde briller au-dessus d’eux, et les plonger dans l’obscurité, parce qu’étant exclusivement occupés à la recherche de leur principe et de leur rapprochement de la vérité, ils se rendront assez semblables à elle pour qu’elle vienne les visiter, et les rendre par là possesseurs du royaume des cieux, dans le temps même que leur propre monde, où l’homme de péché qui est lié à eux les croira dans l’indigence et, l’ignominie ! » Nouvel Homme 36
« Votre leçon entière est dans ces paroles : Les serviteurs que mon père aime, sont ceux qui le servent en esprit et en vérité. Ainsi ne vous en tenez pas à une simple croyance au principe divin dont votre âme immortelle a reçu la vie. Ne vous en tenez pas même à cette foi vive que par votre union avec lui vous pouvez tout opérer pour votre bien, et celui de vos frères qui demeurent avec vous dans votre temple particulier, mais faites en sorte de ne vous donner aucun repos jusqu’à ce que cette vive foi se soit convertie en actes positifs, et en faits réels. Us serviteurs que le père aime, ce sont ceux qui prouvent leur foi en la divinité de leur nature par la divinité des fruits qu’ils produisent, et par le soin qu’ils prennent que dans eux les triples nombres s’accomplissent ; sans quoi le cercle reste ouvert, l’oeuvre n’est pas achevée et reste incomplète, et vous ne pourrez pas dire que vous serviez Dieu en vérité, puisque vous ne le servez pas en oeuvres effectives. » Nouvel Homme 37
« Ceux qui ne servent leur Dieu qu’en intelligence, ne connaissent pas la vie réelle, puisqu’ils ne vivent que dans les images, aussi ne sont-ils récompensés que par des images. Il faut que votre coeur et toutes les propriétés de votre être deviennent autant d’agents et d’organes actifs sans aucune interruption, si vous voulez vivre dans les réalités et servir votre meure en esprit et en vérité. » Nouvel Homme 37
« On vous a dit que le coeur de l’homme était la terre où Dieu voulait continuellement semer le grain. Vous avez donc la propriété de le faire fermenter et produire en y joignant les sucs nourrissiers et végétatifs dont vous êtes l’organe et le foyer. La vérité sème moins en vous qu’elle n’espère en recueillir, afin de vous laisser la gloire et le mérite d’avoir concouru à l’oeuvre, et le droit de demander votre rétribution lors de la récolte. Voyez combien la terre périssable que vous habitez rend de richesses et de fruits innombrables, pour quelques grains d’un blé corruptible que le laboureur sème dans son sein. Lors donc que le grain de l’éternelle vérité se sème dans la terre vive, jugez quelle immense moisson il en doit résulter, surtout si vous ne cessez de sentir que c’est de Dieu que viennent à la fois la terre vivante, le grain, et le laboureur. » Nouvel Homme 37
38. « Vous savez qu’il est écrit que vous ne devez point jeter vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et qu’ils ne se tournent contre vous. Ce précepte regarde en particulier l’homme qui soupire après sa régénération ; il prend une telle idée de la grandeur des trésors qui lui sont promis, et une idée si horrible de la souillure de son être, qu’il craint toujours de laisser en lui quelque substance corrompue qui, comme les pourceaux, aille fouler aux pieds les perles qu’on lui présenterait, et qui ne se tourne contre celui qui lui aurait offert tous ces trésors. Lorsque vous deviendrez des hommes nouveaux, ne parlez point de la vérité à ce qui, dans vous, ne sera pas encore régénéré dans l’innocence, et dans la foi de l’esprit ; contemplez-vous pour savoir s’il n’y a pas encore en vous quelque chose qui soit à un tel point de faiblesse, et de ravalement, qu’on doive lui laisser ignorer même qu’il y a un remède universel ; savoir, celui de l’amertume. » Nouvel Homme 38
« Ne vous attachez qu’aux désirs que la sagesse vous envoie : vous les connaîtrez au calme qu’ils feront naître dans votre coeur, et à la lumière qui les accompagnera, puisqu’ils seront les fils de la lumière, et que la sagesse n’envoie jamais des désirs au coeur de l’homme, sans lui envoyer, en même temps, tous les moyens de les satisfaire, parce qu’elle est l’unité, parce qu’elle n’opère, et n’engendre que l’unité, et qu’elle ne peut agir que dans ses propres lois qui sont toutes liées dans cette unité. Défiez-vous donc des désirs qui ne viendront que de votre propre sagesse. Vous les reconnaîtrez aux mouvements impétueux, et inquiets qu’ils exciteront en vous, de même qu’aux innombrables difficultés dont leur accomplissement se trouvera hérissé, et qui ne pourra jamais avoir lieu sans retarder, au moins pour un temps, votre avancement dans la carrière simple et libre de la vérité. » Nouvel Homme 38
Mais si elle n’écoute que les désirs de l’esprit de vérité, quelque dures que ses paroles puissent paraître à tous ceux de la synagogue, elle ne doit point craindre leur colère, ni les vengeances dont ils la menacent. Elle prospérera malgré eux, parce qu’elle sera soutenue par la main du Seigneur, ils auront beau la chasser de leur ville, et la mener jusque sur la pointe de la montagne où leur ville est bâtie, afin de la précipiter, elle passera au milieu d’eux, et se retirera. Nouvel Homme 39
Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu ; espoir le plus consolant que l’homme puisse attendre ici-bas, puisqu’avec les notions qu’il peut avoir déjà acquises par tout ce qui a précédé, il connaît les immenses trésors renfermés en lui, et doit être tout ému d’admiration en présumant ce qu’il sera un jour, lorsque se seront faites toutes les révélations de toutes les merveilles qui sont encore scellées dans son sein, et qui le rendront resplendissant comme la lumière, actif comme le feu, et pur comme la vérité. Nouvel Homme 40
C’est par là aussi que s’expriment de vous les substances fausses qui voilent et resserrent cette même substance divine depuis le péché, et voilà comment se prépare le jugement que vous prononcerez un jour parmi votre peuple sur les justes, et sur les injustes ; sur les bons et sur les méchants. Car vous savez qu’il est écrit: « Celui qui vous reçoit me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Celui qui reçoit le prophète, en qualité de prophète, recevra la récompense du prophète, et celui qui reçoit le juste, en qualité de juste, recevra la récompense du juste : et quiconque donnera seulement à boire un verre d’eau froide à l’un de ces plus petits comme étant de mes disciples, je vous dis en vérité qu’il ne sera point privé de sa récompense. » Nouvel Homme 40
41. Il se trouvera peut-être en vous quelques êtres de désir qui, comme saint Jean, ayant appris dans sa prison les oeuvres que vous faites, enverra vous demander si vous êtes celui qui doit venir en vous, où si l’on doit en attendre un autre ; vous leur répondrez donc comme le Réparateur répondit à saint Jean : « Allez dire à Jean ce que vous entendez, et ce que vous voyez. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Evangile est annoncé aux pauvres, et heureux celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale et de chute ! » Mais vous direz à votre tour en parlant à cet être de désir qui sera envoyé vers vous : « Qu’êtes-vous allé voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? Un homme vêtu avec luxe et avec mollesse ? Un prophète ? Oui, certes, je vous le dis et plus qu’un prophète, car c’est de lui qu’il a été écrit, j’envoie devant vous mon ange qui vous préparera la voie ; je vous le dis en vérité qu’entre tous ceux qui sont nés des femmes, il n’y en a point de plus grand que Jean-Baptiste, mais celui qui est le plus petit dans le royaume du ciel est plus grand que lui. » Nouvel Homme 41
Mais les nations impies qui se sont rendues ennemies de ces deux alliances ont combattu la première ou l’ont négligée, parce qu’elle imposait des fardeaux trop pesants ; et elles n’ont pas profité de la seconde, parce que ceux qu’elle leur imposait était si peu matériels, qu’elles les ont trouvés sans consistance, faute d’en vouloir considérer le prix, et d’en essaye toute la valeur ; c’est ainsi que les premiers prévaricateurs n’ont point profité de la voie laborieuse de réconciliation qu’ils auraient trouvée dans le premier homme, avant sa chute, et qu’ils ont bien moins encore profité des secours qui lui ont été accordés après son crime. Car, ordinairement une prévarication en engendre presque toujours une plus grande ; et la punition que la justice inflige aux coupables, est de les laisser devenir encore plus coupables, quand ils ne redoublent pas d’efforts pour rentrer dans les voies de la vérité, par les voies du repentir, et de la pénitence, à la vue des secours qui leur sont envoyés. Nouvel Homme 41
43. Le propre de l’esprit de ténèbres est de tenir l’homme dans la défiance de ses propres droits ; ou s’il ne peut empêcher qu’il en acquière quelquefois la connaissance, il a soin de les envelopper de couleurs illusoires qui retiennent ce malheureux homme toujours au-dessous de sa vraie mesure, et qui lui font continuellement immoler la réalité aux images et aux apparences. C’est par là qu’il est parvenu presque par toute la terre à faire substituer les traditions à la loi, la lettre à l’esprit, et les ténébreuses passions humaines aux lumières de vérité qui ont éclairé les prophètes. L’homme, depuis le crime, s’est trouvé entraîné dans la pente de cette région terrestre et morte qui ne tend qu’à s’affaisser, et qui ne peut qu’affaisser l’homme avec elle quand il cesse de se rappeler son illustre origine ; l’ennemi de l’homme ajoute encore journellement à ce poids déjà si qui faisait dire à Salomon : Cette demeure terrestre abat l’esprit dans la multiplicité de ses soins. (Sagesse 9:15). Nouvel Homme 43
Il n’y a point de vérité au-dessus de ces dernières paroles, et qui mérite plus l’attention du nouvel homme, parce que ces paroles embrassent à la fois toutes les lois, tous les temps, et tout le jugement ; voilà pourquoi ce nouvel homme s’en fera comme une armure avec laquelle il brisera sans cesse les traits de l’ennemi ; voilà pourquoi il commencera par lier le fort, afin de pouvoir entrer dans sa maison, et piller ses armes ; ayant sans cesse devant les yeux que s’il ne s’associe pas continuellement avec l’esprit, s’il ne s’efforce pas de naître continuellement de l’esprit, s’il ne met pas tous ses soins à être planté par l’esprit, enfin s’il n’est pas avec l’esprit, il sera contre l’esprit ; et s’il n’amasse point avec l’esprit, il dissipera. Nouvel Homme 43
En effet, nous pouvons mourir dans nos oeuvres, si nous portons nos pensées fausses, et nos volontés criminelles, jusqu’à la consommation ; nous pouvons mourir dans nos volontés corrompues, si elles se lient aux plans désordonnés que nos pensées peuvent adopter, quand même nous n’irions pas jusqu’à les réaliser dans nos oeuvres ; enfin nous pouvons mourir dans nos pensées, si nous les laissons remplir de tableaux contraires à la vérité, et à la gloire de l’esprit, quand même nous ne les adopterions pas dans nos volontés, et quand même nous ne les laisserions point se transformer en actes. Nouvel Homme 44
En effet, ce Lazare ressuscité dans le tombeau, et déjà livré à la putréfaction, est le type de nos actes dépravés, et des prévarications que nous avons portées jusqu’à l’oeuvre, et à la consommation, c’est-à-dire, jusque dans la demeure de la mort, et de la corruption, qui nous est figurée ici-bas par les sépulcres matériels. Le fils unique de la veuve de Naïm, ressuscité dans le chemin du tombeau, est le type de nos volontés criminelles qui ont adhéré aux plans faux de notre pensée, mais qui n’ont été arrêtées dans la voie du tombeau, c’est-à-dire, avant d’arriver à leur consommation, et aux actes iniques qui en auraient complété la corruption, et leur auraient fait connaÎtre la putréfaction sépulcrale. Enfin la fille du chef de la synagogue, ressuscitée dans la maison, est le type de cette mort que nous pouvons éprouver dans notre pensée, quand nous la laissons infecter de plans coupables, et injurieux à l’esprit de vérité, qui ne veut pas que nous adoptions d’autres plans que les siens, qui a daigné choisir la pensée de l’homme pour être le chef de la synagogue universelle, et qui désire sans cesse que cette pensée de l’homme, et tous les enfants qui peuvent émaner d’elle, répandent partout la vie qui les anime. Nouvel Homme 44
45. Sans doute ce ne sera qu’après avoir ainsi purifié tout son être, et opéré en soi cette triple résurrection, que le nouvel homme fera, en lui-même, l’élection dont nous avons parlé d’avance, ou l’élection des douze vertus qui doivent le manifester dans toute l’étendue de ses propres régions ; avant cette époque il était si incapable de faire une pareille élection, qu’il n’aurait même jamais pu en concevoir l’idée, et encore moins l’exécuter, si l’esprit de vérité n’était venu prendre en lui la place de toutes ses substances de mensonge. Aussi il sent plus que jamais combien nous nous exposons, quand nous osons marcher par nous-mêmes dans la carrière spirituelle ; et c’est 1’esprit qui le dirige, c’est dans le prince des justes, c’est dans ce Réparateur qu’il apprend de nouveau à s’attacher à cette sainte réserve, puisque le Réparateur lui-même, ou le prince des justes ne veut pas faire par soi l’élection de ses douze apôtres mais qu’il passe toute une nuit en prières avant de les choisir (Luc 6:12). Nouvel Homme 45
Voilà de quelle manière le nouvel homme se liera à l’industrie de l’esprit pour se guérir de tous ses maux, pour se préserver de tous ses dangers, et pour subvenir à tous ses besoins ; car nous ne devons point craindre de répéter une vérité si essentielle, et si consolante ; savoir, que l’esprit se prête mille fois plus aisément encore à ce soulagement de nos besoins spirituels, que la nature ne se prête à celui de nos besoins matériels, parce qu’il nous aime, et que la nature ne peut nous aimer, mais qu’elle ne peut que nous abandonner aveuglément toutes les substances qu’elle engendre, pour que nous nous occupions ensuite à les employer à notre avantage, selon notre sagesse, et selon nos lumières. C’est donc ainsi que se conduira Ie nouvel homme envers l’esprit ; il tâchera de tellement captiver sa bienveillance, qu’il puisse, avec une entière confiance, lui dire : En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi. Nouvel Homme 45
Cette pierre est carrée, et taillée par le ciseau de l’esprit, et elle doit servir de base à ce temple divin destiné à remplacer dans le nouvel homme les tentes qui, jusqu’alors, ont été le seul asile de l’arche sainte, ou de la vérité. C’est là cette porte du temple qui était carrée, selon le prophète Ezéchiel (41:21) et à laquelle répondait la face du sanctuaire, étant en regard l’une devant l’autre. C’est par cette porte que les oracles du sanctuaire doivent se promulguer au peuple, selon Isaïe (9:8) : Le seigneur a envoyé sa parole à Jacob, et elle a été vérifiée dans Israël, tout le peuple le saura, Ephraïm, et les habitants de Samarie. C’est par cette même porte que doivent entrer les nations pour venir adorer dans le temple de Jérusalem, et ce sont les sept colonnes élevées dans le temple qui font que ce temple est parfaitement solide, et que les nations peuvent y habiter en sûreté, puisque Salomon nous dit (Proverbes 9:1) que la sagesse elle-même s’est bâtie une maison, et qu’elle a taillé sept colonnes. Nouvel Homme 46
C’est pour cela que mon coeur a été frappé d’une plaie que rien ne peut plus guérir sur la terre, parce que cette plaie est semblable à celle qui a frappé le royaume de la vérité. Aussi je ne chercherai point sur la terre le remède à la plaie de mon coeur. Je le chercherai, ce remède, dans le royaume de la vérité, puisqu’il n’y a qu’elle qui ait pu résister à l’ennemi, et qui puisse guérir toutes les plaies. Le royaume des cieux lui-même pleure, et est rempli de tristesse depuis que le mal a versé son venin, et que le prince des ténèbres s’est assis sur le tribunal : comment le coeur de l’homme ne serait-il pas dans le deuil, et dans les lamies, puisque le royaume des cieux, et le coeur de l’homme sont unis par une alliance qui les rend comme inséparables ? C’est dans cette alliance qui les rend comme inséparables, que se trouve aussi la seule consolation qui soit faite pour l’homme ; car les pleurs du royaume de Dieu, en pénétrant mon être, lui rendront l’intelligence, comme les pleurs de la vigne rendent la clarté à nos yeux corporels. Nouvel Homme 47
Que le nouvel homme ne s’effraie pas de ces fatigues, le temps du repos les lui fera toutes oublier. Le nouvel homme est un homme de vérité, et l’homme de vérité ne connaît aucun obstacle. Au milieu même de ses travaux, et de ses épreuves, il a toujours devant les yeux ce passage de David : que toute la terre se réjouisse en Dieu. Servez le Seigneur avec joie, entrez et présentez-vous devant lui dans de saints ravissements. Sachez que le Seigneur est le vrai Dieu, que c’est lui qui nous a faits, et que nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes. Aussi toute la terre du nouvel homme est dans la sécurité, et dans la joie, parce qu’il sent que ses os deviennent semblables aux os de la vie, et que la vertu de la chair céleste, et du sang spirituel Pénètre, et nourrit sa chair et son sang. Nouvel Homme 48
On nous a dit que Dieu était tout ; mais ce n’est point dans le langage d’une morale vague, et stérile que nous pouvons comprendre cette vérité, ce n’est que de lui, par lui, et dans lui qu’elle nous peut être intelligible. Hélas, que font les hommes du torrent au milieu de richesses si abondantes ! Au lieu de s’unir à cette action une, ils se laissent journellement attirer, et séduire par toutes sortes d’actions diverses, et multipliées qui les détruisent, et les décomposent à force de les abuser. Nouvel Homme 48
50. C’est une vérité, déjà souvent exposée que, quoique l’homme soit né pour l’esprit, il ne peut cependant jouir des douceurs et des lumières de l’esprit, qu’autant qu’il a commencé par se faire esprit. Voilà pourquoi la sagesse active et invisible fait descendre continuellement son poids sur l’homme, afin qu’il rassemble ses forces et ses principes de vie spirituelle. D’ailleurs cette sagesse active et invisible ne fait point ainsi descendre son poids sur l’homme, sans verser dans son coeur quelques-unes de ces influences vives dont elle est l’organe et le ministre, et parmi lesquelles elle fait éternellement sa demeure. Nouvel Homme 50
Hélas, il faut auparavant que ton feu dessèche le fleuve des paroles mortes et sans vie ! Ce fleuve coule sur un lit pestilentiel, dont il dérobe le fond à nos yeux, et qui n’en devient par là que plus funeste. Il coule sur le lit des paroles mortelles, et dont les sons ne se propagent que dans une direction opposée à celle de la vérité. Nouvel Homme 53
54. Le nouvel homme est semblable à un arbre sur lequel la colombe vient se reposer avec joie, après avoir volé jusqu’à épuiser ses forces pour aller chercher la nourriture à ses petits. Le nouvel homme est encore semblable à la trompette que l’on fait sonner dans les places, et sur les tours élevées pour appeler le peuple à la prière ; parce que le nouvel homme est le lieu de repos de la vérité, et qu’il est chargé d’appeler journellement son propre peuple au sacrifice ; il est chargé de l’entretien de tous les canaux de la ville, et de veiller à ce que les eaux vives puissent y circuler librement ; et il est chargé d’avertir ses concitoyens que la ville qu’ils habitent est une ville sainte, et dans laquelle on ne souffre aucun mendiant sans aveu, aucun lâche, aucun paresseux, parce qu’il n’est personne qui ne puisse s’y procurer légitimement, et abondamment sa subsistance ; car si l’un de ces habitants ne se croit pas les forces nécessaires pour suffire seul à remplir sa tâche, et à subvenir à ses besoins, il peut s’adresser à l’un de ses frères, il peut s’unir avec lui, et cette union ne lui laissera rien à désirer puisqu’il est écrit : Je vous dis encore que si deux d’entre vous s’unissent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, elle leur sera accordée par mon père qui est dans le ciel. Nouvel Homme 54
Qu’a fait le nouvel homme ? Il ne s’est pas levé un seul jour que ce ne fût avec le désir, et la résolution d’élever un autel à une vertu, et de lui offrir assidûment des sacrifices, jusqu’à ce qu’il eût reçu d’elle les témoignages de son intérêt pour lui ; il ne s’en est pas tenu même à ces témoignages, il a persévéré dans ses assiduités, jusqu’à ce que cette vertu fût, pour ainsi dire, identifiée avec lui, et que lui-même fût comme naturalisé, et marié avec elle. C’est par là qu’il a fait germer en lui les fruits vivants de la vérité, de la miséricorde, et de la justice, et qu’il a établi dans le centre de son être la consommation de la sanctification, et de sa liberté. Nouvel Homme 54
Mais l’adversaire, par les conseils de qui nous sommes tombés de ce poste sublime, n’oublie rien de ce qui peut nous empêcher d’y remonter, et de nous spiritualiser d’une manière assez caractéristique pour devenir un des signes du Seigneur. Aussi voyons-nous que la tâche la plus consolante de cet adversaire est de s’opposer à ce que les hommes deviennent des indices constants et significatifs de la vérité ; et il a soin que cette région illusoire sur laquelle il règne, n’ait pour caractère dominant que le vague, l’incertitude, et le néant. Bien plus ; il s’efforce encore davantage de transformer tous les hommes en autant de signes caractéristiques du mensonge, des ténèbres et de l’iniquité. Nouvel Homme 54
Il lui dira : Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération et les oeuvres de mes mains, et que mes mains ne deviennent comme gonflées par l’abondance de la justice, et par le zèle de votre service ; je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération intérieure de mon désir et de mon amour, et qu’ils ne deviennent semblables à votre désir et à votre amour. Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration mon intelligence, et ma conception, et que vous ne les rendiez propres à recevoir dans leur pureté les vifs rayons de votre lumière, et de votre vérité, parce que vous avez fait l’âme de l’homme pour être votre voie et votre organe ; et que toute souillée, et tout impure qu’elle puisse être, vous ne dédaignez pas de vous plonger dans ses souillures pour la purifier, et afin qu’après avoir passé en elle dans votre humiliation et votre souffrance, vous y passiez dans votre joie et dans votre gloire. Nouvel Homme 55
Le nouvel homme expliquera aussi le nom de l’esprit, puisqu’il ne peut expliquer le nom du père, et le nom du Réparateur sans expliquer le nom de celui qui est leur véritable et essentielle opération ; et c’est par l’explication de ce triple nom qu’il se rendra le fidèle serviteur du Seigneur, parce qu’il ne s’appliquera jamais à l’explication active de ce triple nom, sans être saisi d’une sainte frayeur que les canaux de son être ne soient pas assez purifiés pour que la vérité passe en lui sans y éprouver de la gêne et de la douleur. Nouvel Homme 55
56. Voici le tableau des degrés par lesquels le nouvel homme peut monter sur le trône de la gloire ; son être corporel est maintenu en activité et en harmonie par les éléments, les éléments sont opérés par leurs puissances, leurs puissances sont dirigées par les esprits des régions, les esprits des régions sont excités à leur oeuvre par l’âme sensible et désirante du nouvel homme, son âme sensible et désirante est activée par l’esprit saint. Là, l’âme divine du nouvel homme reçoit une pétulante impulsion qui est l’aiguillon de feu et de vérité ; de là elle arrive au respect et à l’amour du fils, d’où elle s’élève à la sainte terreur du père qui la tient tout entière dans la sagesse, le zèle, et la vigilante opération, jusqu’à ce qu’elle soit réintégrée dans l’unité non subdivisée, où elle ne connaîtra que l’amour qui est le caractère essentiel et universel de celui qui est Dieu. Nouvel Homme 56
On nous dira : Malheur à vous qui vous êtes saisis de la clef de la science, et qui n’y étant point entrés vous-mêmes, l’avez encore fermée à ceux qui voulaient y entrer. Parce que, semblables aux faux docteurs, nous aurons couru par mer et par terre pour chercher en nous des approbateurs, sous prétexte d’y chercher des prosélytes, et que quand nous les aurons trouvés, nous les rendrons cent fois plus coupables qu’auparavant ; et parce que non seulement nous ne serons point entrés avec eux dans l’esprit de vérité, mais encore nous l’aurons empêché d’entrer en nous, malgré toutes les sollicitations que nous ne cessons d’en recevoir de sa part. Nouvel Homme 56
Qui est-ce qui pourrait soutenir la vue de la majesté de l’homme, s’il se montrait ainsi expliqué et développé par l’active influence des puissants trésors dont il est né pour être la fidèle expression, et dont il est sans cesse environné ! Qui est-ce qui pourrait soutenir l’éclat de la majesté de Dieu qui serait en lui, et qui le rendrait comme une parole universelle se promenant perpétuellement depuis l’orient jusqu’à l’occident, et depuis l’occident jusqu’à l’orient, afin que tout soit plein du nom du Seigneur, et que tous les sentiers de la vie et de la justice soient sans cesse éclairés de la lumière et de la vérité, dans la crainte que ceux qui s’y présenteraient pour y marcher ne fussent exposés aux pièges et aux embûches de l’ennemi qui ne tend qu’à retarder les pas de l’armée d’Israël vers la cité sainte ? Nouvel Homme 56
« Aussi que fera le fils de l’homme lorsqu’il viendra dans sa majesté accompagné de tous ses saints anges, qu’il s’assoira sur le trône de sa gloire, et que toutes les nations de la terre seront assemblées devant lui ? Il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs. Il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche, et il dira à ceux qui seront à sa droite : venez, vous qui êtes bénis par mon père, possédez comme votre héritage le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde… Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’ai eu besoin de logement, et vous m’avez logé ; j’ai été sans habit, et vous m’avez revêtu ; j’ai été malade et vous m’avez visité ; j’ai été en prison, et vous m’êtes venu me voir. Alors les justes lui diront : Quand est-ce que nous vous avons fait toutes ces choses ? Et le roi leur répondra : Je vous dis, en vérité, qu’autant de fois que vous avez rendu ces devoirs de charité aux moindres de mes frères, c’est à moi-même que vous les avez rendus. Parce que ces petits enfants ne font qu’un avec moi par leurs souffrances. » Nouvel Homme 59
« Le roi dira ensuite à ceux qui sont à gauche : Retirez-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel qui est préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’ai eu besoin de logement et vous ne m’avez pas logé, j’ai été sans habit et vous ne m’avez pas revêtu, j’ai été malade et en prison et vous ne m’êtes pas venu voir. Et les méchants lui diront : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons refusé toutes ces choses ? Et il leur répondra : Je vous dis en vérité qu’autant de fois que vous avez manqué à rendre ces assistances aux moindres de ces petits, vous avez manqué à me les rendre à moi-même, parce que ces petits ne faisant qu’un avec moi dans leurs souffrances, n’auraient aussi fait qu’un avec moi dans leurs joies, et parce que si vos vierges sages ne concourent pas au rétablissement du nombre représentatif, en corrigeant les imprudences de vos vierges folles, et en subvenant à leurs nécessités, vous contrariez directement le désir, la faim et la soif de la sagesse éternelle. » Nouvel Homme 59
Vous savez bien où je vais, et vous en savez la voie. Je suis la voie, la vérité, et la vie. Nul ne vient au père que par moi. Parce que nous avons vu que s’il ne naissait pas un fils en nous, jamais notre être ne serait ni connu, ni manifesté ; et tous les êtres de désir qui s’élèvent en nous, n’atteindraient jamais jusqu’à notre être fondamental et constitutif, sans l’intermède de ce fils qui doit naître en nous, si nous voulons que l’harmonie universelle s’y rétablisse. Nouvel Homme 61
Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61
« Si vous m’aimez, gardez mes commandements, et je prierai mon père, et il vous donnera un autre consolateur afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point, et qu’il ne le connaît point ; mais pour vous, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera avec vous, et qu’il sera dans vous » ; c’est ce même fils spirituel, né de nous, et en nous par l’opération divine, qui devient notre consolateur, comme il est devenu notre libérateur, et cela en imitation, et en conformité du consolateur universel, et du libérateur éternel qui veut que nous répétions tous en nous-mêmes l’oeuvre qu’il a opérée dans tout notre cercle ; ce consolateur doit en effet demeurer éternellement avec nous dès qu’il est né de l’esprit de Dieu, au lieu que les autres enfants que nous laissons naître journellement dans nous-mêmes, ne voient point subsister leur race, parce qu’ils ont des enfants du monde. Voilà pourquoi ce consolateur particulier ne peut être reçu du monde, parce qu’il est étranger au monde, comme la lumière est étrangère aux ténèbres, et parce que le monde ne le voit point, et ne le connaît point. Nouvel Homme 61
Aussi ne redoutons point la suspension où cet esprit nous laisse pour quelques moments. Nourrissons-nous de la paix et de l’espérance qu’il nous a données, et soyons sûrs qu’il ne retourne à son père que pour revenir vers nous chargé de plus nombreuses richesses et de plus grands trésors. Notre ennemi ne va-t-il pas lui-même chercher sept autres esprits pour s’emparer de la maison qu’il a laissée ? Comment le consolateur, et le prince de la paix et de la puissance n’aurait-il pas les mêmes pouvoirs dans l’ordre de la vérité ? Nouvel Homme 61
Désormais je ne vous parlerai plus guère, car le prince du monde va venir, et il n’a rien en moi qui lui appartienne. La voix de la vérité ou de notre consolateur se tait lorsque la voix du mensonge s’approche pour nous faire subir notre épreuve ; elle se tait pour nous faire développer nos forces ; elle se retire parce que ce n’est point avec elle que l’ennemi a affaire, c’est avec nous. Nouvel Homme 61
Vous êtes déjà purs à cause de la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, et moi en vous. De la part de la vérité, cette simple invitation a un effet actif, parce qu’elle ne peut avoir lieu que par la manifestation de la parole, et que la parole de la vérité ne se prononce point sans répandre autour d’elle la pureté dont elle est le principe ; aussi c’est être déjà pur que d’avoir entendu la parole ; voilà pourquoi celui qui l’a entendue, et qui ne la pratique pas sera sans excuse, puisqu’il n’aura été ni sans lumière ni sans moyens. L’esprit nous fait aussi entendre journellement cette parole : Nouvel Homme 62
Nous ne pouvons sentir cette délicieuse et active vérité sans reconnaître la certitude de ces paroles : « Vous ne pouvez rien faire sans moi… celui qui ne demeure pas en moi sera jeté dehors comme un sarment inutile. Il sèchera, il sera ramassé et jeté au feu, et il brûlera. » Voulez-vous éviter cet effroyable danger ? Evitez que tout votre être ne passe ses jours dans la stérilité, et dans la sécheresse. Voulez-vous, dis-je, éviter ce danger ? Placez devant vous le nom du Seigneur ; que cet autel soit toujours dressé, et toujours prêt à recevoir vos offrandes. Ne prenez pas une résolution, n’accordez pas un mouvement à votre être sans venir auparavant le présenter au temple, comme la loi des Hébreux l’ordonnait pour les prémices de toutes les productions de la terre ; ayez sans cesse l’encensoir à la main pour honorer celui de qui vous tenez ce fils de l’homme, ce premier-né en vous qui devient votre guide pendant vos pénibles voyages, et qui doit vous apprendre à célébrer ce nom du Seigneur, dans vos triomphes, dans vos besoins, dans vos consolations, dans vos détresses, puisque sans lui toutes les branches de votre arbre spirituel demeureraient dans la sécheresse et seraient condamnées au feu, et que sans lui vous seriez sans activité, sans pénitence, sans courage, sans humilité, sans amour, sans confiance ; puisqu’enfin sans lui, tout en vous serait sans parole. Nouvel Homme 62
« Le serviteur n’est pas plus grand que le maître ; s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront. Mais ils vous feront tous ces mauvais traitements à cause de mon nom ; parce qu’ils ne connaissent point celui qui m’a envoyé. » L’ennemi qui s’est emparé du royaume de ce monde comprend dans sa haine tous ceux qui se rangent du parti de celui dont il s’est rendu l’adversaire ; et si nous considérons comment il en a traité les ouvrages, nous ne serons plus étonnés de la manière dont il en traite les ouvriers. Mais que pourrons-nous craindre si nous savons nous rallier à cette vérité ? L’ennemi dans ses projets n’a agi que contre lui-même, et n’a jamais rien pu contre elle, il ne pourra donc rien contre nous si nous nous unissons à elle, et qu’à son exemple nous planions au-dessus de la région des destinées. Nouvel Homme 62
« Mais quand le consolateur que je vous enverrai de la part de mon père sera venu, comme l’esprit de vérité qui procède du père, il rendra témoignage de moi. » Malheureusement ceux qui n’auront pas vu le père dans le fils, pourront n’y pas voir l’esprit davantage, et c’est alors que leur faute sera tellement constatée et confirmée, qu’ils seront sans aucune excuse, et que pour eux la justice, au lieu de se convertir en miséricorde et en amour, se convertira en jugement (Ps. 93:15). Nouvel Homme 62
« Je ne vous les ai pas dites dès le commencement parce que j’étais avec vous ; maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé et nul de vous ne me demande où je vais ; mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre coeur. » Ces scandales ne peuvent arriver que quand l’esprit de vérité est à demeure dans l’homme, parce qu’il éclaire tout ; c’est pourquoi l’homme s’afflige quand il prévoit des suspensions où il aura de la peine à démêler en lui-même la lumière d’avec les ténèbres parce qu’il sera seul. Mais il ne prévoit pas que ces suspensions ne sont que pour lui préparer les voies à l’accomplissement de son oeuvre, sans quoi il se remplirait de consolations. Nouvel Homme 63
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand l’esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. » Le nouvel homme découvre en lui chaque jour de nouvelles clartés dont les diverses intelligences de son être ne sont point encore susceptibles ; il est obligé de les renfermer en lui-même jusqu’à ce que ces intelligences aient acquis plus de forces, et plus de consistance, c’est-à-dire, jusqu’à ce que les rayons de l’esprit aient transformé leur substance incomplète, en une substance de réalité, et de vérité ; mais aussi il se remplit chaque jour d’une nouvelle espérance que ces salutaires effets s’accompliront, parce qu’en combattant ardemment l’apparence dont il est environné lui-même, il parvient à sentir en lui, comme le contact de la vie même, comme ce punctum saliens, dont il a tout lieu de croire qu’avec le temps, il ne peut résulter que des fleuves abondants qui ne laisseront dans la stérilité aucune des régions de son être. Nouvel Homme 63
En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez, et vous gémirez vous autres, et le monde sera dans la joie ; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie. Pourquoi le monde sera-t-il dans la joie quand le nouvel homme sera disparu ? C’est qu’il croira ce nouvel homme disparu pour jamais, et que ce nouvel homme est pour lui un être scandaleux, et qui, par sa seule présence, lui reproche son néant, et son impiété. C’est que le monde fait alors envers ce nouvel homme, ce qu’Hérode a fait envers le précurseur à Jérusalem. Nouvel Homme 63
En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus de rien. Car comment pourriez-vous avoir besoin de m’interroger, puisque celui qui doit venir et vous enseigner toute vérité sera pour vous la continuelle expression du père, et du fils, et qu’il développera sans cesse à votre coeur et à votre esprit tous les trésors de la sagesse, et toutes les merveilles de l’unité. Nouvel Homme 63
« Je vous ai dit ceci en paraboles. Le temps, vient que je ne vous entretiendrai plus en paraboles, mais que je vous parlerai ouvertement de mon père. En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai mon père pour vous, car mon père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. » Le temps des paraboles est celui où nous sommes encore sous les ombres de notre région ténébreuse qui, comme l’ancienne alliance, ne nous permet de voir que des éclairs de la vérité ; lorsque l’âge de la maturité de l’esprit est arrivé pour le nouvel homme, il est au-dessus des paraboles, puisque la parole ou la bouche du père est ouverte pour lui, et que le père cherche à le récompenser de l’avoir reconnu dans la parole et la bouche de son fils. Nouvel Homme 63
« Maintenant je viens à vous, et je dis ceci étant encore dans le monde, afin qu’ils aient en eux, la plénitude de ma joie. Je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs… Je ne vous dis point de les ôter du monde, mais de les garder du mal… Sanctifiez-les dans votre vérité… Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’ils soient aussi sanctifiés dans la vérité. » Que serait la sanctification du nouvel homme, si elle ne s’étendait à tout notre être ? Et que serait la sanctification de tout notre être, si elle ne s’étendait qu’à notre propre cercle ? Nouvel Homme 64
Mais devant qui vas-tu paraître ? C’est devant le grand prêtre de la loi du temps, et où se trouvent assemblées toutes les ténèbres, c’est-à-dire, les docteurs de la loi, et les sénateurs, qui, tourmentés par les rayons de vérité qui sont sortis de toi, et qui les humilient, cherchent partout des faux témoignages contre toi pour te faire mourir. Nouvel Homme 65
Il y aura bien en toi un homme naturel, dirigé par sa simple raison qui condamnera toutes les injustices que tes ennemis intérieurs dirigeront contre toi. Il essaiera même, comme Pilate, de ne point se prêter à la fureur de tes adversaires, et de leur persuader que c’est injustement, et sans sujet qu’ils t’accusent, et qu’ils te condamnent : mais cet homme même, tu seras obligé de le réduire au silence, parce que c’est le moment où la puissance des ténèbres doit régner, afin que ton sacrifice puisse s’accomplir ; c’est là le moment où le pacifique dévouement du nouvel homme doit se manifester ; et c’est là où il doit sentir ce qu’il en a coûté à la vérité suprême lorsqu’elle s’est vue outragée par l’homme prévaricateur, et où il reconnaîtra qu’il faut qu’il éprouve la même espèce d’injustice qui a été commise lors de la chute. Nouvel Homme 65
Tu n’écouteras donc point cette voix mensongère qui voudrait t’arrêter dans ton oeuvre, et te faire descendre de ta croix, et tu t’animeras d’un zèle ardent qui ne connaîtra aucun obstacle et qui ne se donnera aucun repos, que ton oeuvre ne s’accomplisse, et que tes yeux spirituels ne soient dessillés par des prodiges cent fois au-dessus de tous ceux que la matière pourrait t’offrir. Par là tu déconcerteras entièrement les projets de l’ennemi de toute vérité, lequel ne cherche qu’à arrêter le progrès des mesures vraies, pour faire procéder ses mesures fausses. Nouvel Homme 66
Tu découvriras aussi des traits de lumière dans cette triple inscription en hébreu, en grec et en latin, parce que cet objet tient particulièrement à la marche que la vérité a voulu suivre sur la terre ; ce n’était point en vain que ces trois langues étaient connues et comme familières à Jérusalem ; et ce n’eut point été seulement pour être entendues des trois nations qui les parlaient, que cette inscription eût été mise ainsi dans les trois langues, si la sagesse n’avait eu des desseins secrets sur ces trois nations ; car il y avait encore à Jérusalem d’autres nations et d’autres tangues ; et ces desseins secrets de la sagesse se sont expliqués en partie aux yeux des hommes les moins attentifs, puisqu’ils ont pu voir l’expulsion des Juifs et la vocation des Grecs et des Romains ; nouvelle image de cette unité qui est continuellement sacrifiée pour la destruction de l’iniquité et pour la délivrance des malheureux qui font leur séjour dans les ténèbres. Mais abandonnant cette recherche particulière à l’histoire spirituelle des peuples dans laquelle doivent se trouver aussi d’immenses trésors d’intelligence et de vérité, tu poursuivras tes observations sur le sacrifice du Réparateur. Nouvel Homme 66
Les premiers prévaricateurs firent mourir de mort le premier homme envoyé pour les régénérer ; ils le firent mourir de mort, parce que n’étant pas matière, il ne pouvait pas mourir autrement. Les Juifs ont fait mourir le Réparateur qui venait les sauver ; mais ils ne l’ont pas fait mourir de mort, parce qu’il était au-dessus du péché. Mais toi nouvel homme, toi à qui le Réparateur vient de rendre la puissance sacerdotale pour immoler la victime, ne perds pas un instant pour exercer ton ministère. Tu. vois que les premiers prévaricateurs ont fait mourir de mort le premier homme envoyé pour les régénérer. Il faut donc que tu meures de mort une seconde fois, si tu veux payer le tribut à la justice, et si tu veux rentrer dans la vie de ton esprit, et cela sans attendre même la mort de ton corps laquelle doit, à la vérité, être toujours prête et résignée de ta part, mais qui ne doit point être volontaire, puisque celle du corps du Réparateur l’a été, et puisque ce n’est pas ton corps qui a péché. Nouvel Homme 67
68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68
Lorsque les ennemis qui sont en toi chercheront à te saisir, et qu’ils croiront t’avoir vaincu, après t’avoir emprisonné dans leurs ténèbres pour t’empêcher de répandre la parole de vérité dans le temple, l’ange du Seigneur ouvrira à leur insu la porte de ta prison et te dira : Allez dans le temple, et prêchez-y hardiment au peuple toutes les paroles de cette doctrine de vie. Et tes ennemis frappés d’étonnement de ne point te trouver dans la prison, frémiront de rage de voir la parole se répandre malgré eux. Nouvel Homme 70