Verbe de Dieu (Orígenes)

Dieu fit donc l’homme, et il le fit à l’image de Dieu. Il nous faut voir quelle est cette image de Dieu et chercher à la ressemblance de quelle image l’homme a été fait. Car il n’est pas dit que Dieu fit l’homme à son image et à sa ressemblance, mais qu’ « il le fit à l’image de Dieu ». Quelle est donc cette image de Dieu à la ressemblance de laquelle l’homme a été fait ? Ce ne peut être que notre Sauveur. Il est « le premier né de toute créature » ; de Lui il est écrit qu’il est « la splendeur de la lumière éternelle et la forme visible de la substance de Dieu » ; il dit de lui-même : « Je suis dans le Père et le Père est en moi » et « qui me voit, voit le Père ». En effet, celui qui voit l’image de quelqu’un voit celui que l’image représente ; ainsi par le Verbe de Dieu, qui est l’image de Dieu, voit-on Dieu. C’est donc bien la vérité quand Il dit : « qui me voit, voit le Père. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Vous êtes ici, dans l’Église de Dieu, un grand nombre de pères à m’écouter. Voyons il y en a-t-il qui, au simple récit de cette histoire, aient acquis assez de fermeté et assez de force d’âme pour se proposer, au cas où la mort commune et inévitable leur ferait perdre un fils, ce fils fut-il unique et tendrement aimé, pour se proposer Abraham en exemple et se mettre sa générosité devant les veux ? On ne vous demande pas, il est vrai, le geste héroïque d’attacher vous-même votre enfant sur le bûcher, de le serrer, de préparer le glaive, d’écorcher votre fils unique. On ne réclame pas de vous tous ces offices. Du moins, ayez assez de résolution et de fermeté d’esprit pour offrir joyeusement, sans chanceler dans la foi, votre fils à Dieu. Soyez le prêtre de la vie de votre fils : un prêtre qui immole à Dieu ne doit pas pleurer. Voulez-vous être sûrs qu’on demande bien cela de vous ? Écoutez le Seigneur dans l’Évangile :« Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les oeuvres d’Abraham. » Eh bien ! voilà une oeuvre d’Abraham. Faites donc les oeuvres qu’Abraham a faîtes, et sans tristesse, « car Dieu aime celui qui donne avec joie ». Et si vous êtes, pour Dieu, autant que lui disponibles, on vous dira à vous aussi : « Monte sur un endroit élevé, sûr la montagne que je te montrerai ; et là, offre-moi ton fils. » « Offre-moi ton fils », non pas dans les profondeurs de la terre ni dans une « vallée de larmes », mais sur les sommets de montagnes élevées. Montrez que votre foi en Dieu est plus forte que vos affections charnelles. Car, au rapport de l’Écriture, tout en aimant son fils Isaac, Abraham préféra l’amour de Dieu à l’amour de la chair ; ce n’est pas dans les entrailles de la chair qu’il aima, mais « dans les entrailles du Christ », c’est-à-dire dans les entrailles du Verbe de Dieu, de la vérité et de la sagesse. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Le Christ est le « Verbe de Dieu », mais « le Verbe s’est fait chair ». Par conséquent, dans le Christ, il est une chose qui vient d’en haut et une autre qui vient de la nature humaine et du sein virginal. Or, le Christ souffre, mais c’est dans sa chair ; il subit la mort, mais c’est sa chair qui la subit, dont le bélier est ici la figure. Comme le disait Jean : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde. » Le Verbe au contraire, c’est-à-dire le Christ selon l’esprit, dont Isaac est l’image, est demeuré « dans l’incorruptibilité ». C’est pourquoi il est à la fois victime et grand prêtre. Car, selon l’esprit, il offre la victime à son père, et selon la chair, lui-même est offert sur l’autel de la croix. Il est également écrit de lui : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde », et : « Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech. » Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Tout cela ne vous frappe-t-il pas et ne comprenez-vous pas que cela a un sens spirituel ? Vous croyez peut-être que c’est un hasard si les Patriarches viennent toujours à des puits et si leurs unions se contractent toujours au bord des eaux ? Quiconque se l’imagine est « l’homme animal qui ne perçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu ». En reste là qui voudra, demeure « animal » qui voudra. Pour moi, à la suite de l’Apôtre Paul, je dis que ces choses sont « allégoriques », et je dis que les noces des saints représentent l’union de l’âme avec le Verbe de Dieu, car « celui qui s’unit au Seigneur est un seul esprit avec lui ». Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Voyez quel poids de mystères nous accable ! Ils se présentent si nombreux que nous ne pouvons les expliquer. Du moins doivent-ils vous exciter à écouter et à venir aux assemblées. Ainsi, même si nous passons trop vite sur quelques-uns, vous pourrez, lorsque vous y reviendrez et que vous vous y appliquerez, faire la lumière et trouver par vous-mêmes. Puissiez-vous au moins persévérer dans la recherche, afin que le Verbe de Dieu, vous trouvant vous aussi près de l’eau, vous prenne et vous unisse à lui, pour devenir avec lui « un seul esprit » dans le Christ Jésus Notre Seigneur, « à qui sont la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Ainsi vous voyez cet autre peuple qui est en nous ; mais il est plus petit, tandis que le premier est plus grand. Les méchants sont toujours plus nombreux que les bons, et les vices que les vertus. Mais si nous ressemblons à Rébecca et si nous méritons de concevoir d’Isaac, c’est-à-dire du Verbe de Dieu, alors en nous aussi « un peuple dominera l’autre et le plus grand servira le plus petit », la chair servira l’esprit et les vices céderont le pas aux vertus. Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.

– Si vous, qui m’écoutez aujourd’hui, vous recueillez fidèlement ce que vous entendez, Isaac travaille aussi en vous et purifie vos coeurs des comportements terrestres. Sachant que de si profonds mystères sont cachés dans les divines Écritures, vous progressez en discernement, vous progressez en comportements spirituels. Vous deviendrez docteurs à votre tour, et il émanera de vous « des fleuves d’eau vive ». Car il est là, le Verbe de Dieu, et son opération actuelle est d’écarter la terre de votre âme à chacun, pour faire jaillir votre source. Cette source est en vous et ne vient pas du dehors, comme « le royaume de Dieu qui est en vous ». Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.

Quand Dieu fit l’homme, au commencement, « il le fit à son image et ressemblance » ; et il n’imprima pas cette image à l’extérieur, mais au dedans de lui. On ne pouvait pas la voir en vous, tant que votre maison était sale, pleine d’ordures et de plâtras. Cette source de perfection était en vous, mais elle ne pouvait pas jaillir, puisque les Philistins l’avaient remplie de terre et vous avaient fait ressembler à l’ « homme terrestre ». Ainsi vous avez porté, jadis, l’image de l’homme terrestre ; mais après ce que vous venez d’entendre, débarrassés par le Verbe de Dieu de cette grande masse de terre qui vous oppressait, faites resplendir en vous, maintenant, « l’image de l’homme céleste ». Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.

L’Écriture dit qu’il est la brebis ou l’agneau qu’on immole pour la Pâque ; elle le désigne aussi comme le pasteur des brebis ; et néanmoins c’est encore lui qu’elle dépeint dans le pontife qui offre le sacrifice. Comme Verbe de Dieu, il est appelé l’Epoux, et comme Sagesse de Dieu, l’Epouse ; moyennant quoi le prophète le fait ainsi parler : « Il m’a mis un diadème sur la tête comme à un Epoux et m’a donné une parure comme à une Epouse ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Cet Abimélech, à ce que je vois, n’est pas toujours en paix avec Isaac, mais tantôt il est en désaccord et tantôt il demande la paix. Si vous vous le rappelez, nous disions de lui, dans les précédentes homélies, qu’il tient le rôle, parmi les partisans du siècle, de ces sages qui, par l’étude de la philosophie, sont arrivés à la connaissance de beaucoup de vérités. Par là vous pouvez comprendre comment, avec Isaac qui est la figure du Verbe de Dieu contenu dans la Loi, Abimélech ne peut être ni toujours en désaccord ni toujours en paix. Car si la philosophie n’est pas en opposition en tout avec la Loi de Dieu, en tout non plus elle n’est pas en accord avec elle. Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Beaucoup de philosophes écrivent qu’il y a un seul Dieu, créateur de toutes choses : en quoi, ils sont d’accord avec la Loi de Dieu. D’aucuns ont même ajouté que Dieu a tout fait et qu’il dirige tout par son Verbe et que c’est le Verbe de Dieu qui règle tout : en quoi, ils sont d’accord non seulement avec la Loi, mais avec les Évan-giles. La philosophie dite morale et naturelle pense à peu près tout ce que nous pensons. Mais elle est en désaccord avec nous quand elle dit que la matière est coéternelle à Dieu , – quand elle soutient que Dieu ne s’occupe pas des choses périssables, que sa providence est réservée aux espaces lunaires, – quand elle fait dépendre la vie des hommes du cours des étoiles , – quand elle dit que ce monde durera toujours et n’aura pas de fin. Et il y a encore beaucoup d’autres points sur lesquels les tenants de cette philosophie sont soit en accord soit en désaccord avec nous. Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Ces trois personnages qui demandent la paix au Verbe de Dieu et qui, dans leur désir, prennent les devants pour s’associer et faire alliance avec lui, peuvent aussi représenter les Mages qui, instruits par les livres de leurs pères et les traditions de leurs ancêtres, viennent des régions de l’Orient et disent : Nous avons vu le roi qui vient de naître, nous avons vu que Dieu est avec lui et « nous sommes venus l’adorer ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.