Unir l’action à l’oraison.

{{2.}} Etant assis un jour avec ses frères, il fut ravi en extase et tomba la face contre terre; et se levant longtemps après, il pleurait. Les frères lui demandèrent : Qu’as-tu, Père ? Mais lui se taisait et pleurait.

Comme ils le forçaient de parler, il dit : J’ai été ravi pour voir le jugement, et j’ai aperçu beaucoup de gens tels que nous qui allaient au supplice, et beaucoup de gens du monde qui allaient au royaume. Et l’ancien gémissait et ne voulait pas sortir de sa cellule. S’il était obligé de sortir, il couvrait son visage de son capuchon, en disant : Pourquoi désirerais-je voir cette lumière qui passe et qui ne sert à rien ?

{{5.}} Un frère vint trouver l’abbé Silvain sur le mont Sinaï, et voyant les frères travailler, il dit à l’ancien : « Ne travaillez pas pour la nourriture qui périt » ( Jn 6, 27 ) ; « Car Marie a choisi la bonne part » ( Lc 10,42 ).

L’ancien dit à son disciple: Zacharie, donne un livre au frère et mène-le dans une cellule où il n’y a rien. Quand donc arriva la neuvième heure, il regarda à la porte si on l’enverrait chercher pour le repas. Et comme personne ne l’appelait, il se leva, vint trouver l’ancien et lui dit : Abbé, est-ce que les frères n’ont pas mangé aujourd’hui ?

L’ancien répondit : Si, ils ont mangé.

Il poursuivit: Pourquoi ne m’avez-vous pas appelé ?

L’ancien répondit : Parce que tu es un homme spirituel et que tu n’as pas besoin de cette nourriture; mais nous qui sommes des êtres de chair, nous voulons manger, et nous travaillons pour cela ; tu as choisi la bonne part, toi qui lis tout le jour et ne veux pas prendre de nourriture matérielle.

Ayant entendu cela, le frère exprima son regret, disant : Pardonne-moi, abbé.

L’ancien lui dit : Marie a absolument besoin de Marthe; car c’est même grâce à Marthe que Marie reçoit des éloges.