{{Homélies sur la disgrâce d’Eutrope — Hom. 2, n. 5.}} Ne savez-vous pas que la vie présente est un voyage, que vous n’êtes pas des citoyens ? Vous êtes des voyageurs. Comprenez-vous ce que je dis ? Vous n’êtes pas des citoyens, mais des voyageurs et des passants. Ne dites pas : telle ou telle ville est ma cité. Personne n’a de cité à soi. La cité est en haut. Le présent est un voyage. Nous sommes, tous les jours de notre vie, des voyageurs, jusqu’à ce que la nature ait achevé sa course. Voit-on des voyageurs mettre des trésors en réserve ? Voit-on des voyageurs enfouir de l’or ? Quand vous entrez dans une hôtellerie, répondez-moi, vous amusez-vous à orner l’hôtellerie ? Non, mais vous mangez, vous buvez, et vous vous hâtez de sortir la vie présente est une hôtellerie. Nous y sommes entrés, nous dépensons la vie présente ; prenons soin d’en sortir avec une belle espérance, ne laissant rien ici, afin de ne pas être là-bas sans ressources. Quand vous entrez dans une hôtellerie, que dites-vous à votre serviteur ? « Voyez bien où vous mettez les bagages ; ne laissez rien ici, n’égarez rien de si petit, de si mince que ce soit, que nous puissions tout remporter à la maison. » Faisons de même quant à la vie présente ; regardons la vie comme une hôtellerie, et ne laissons rien dans l’hôtellerie, mais emportons tout dans la cité, dans la métropole. Vous êtes des voyageurs, des passants, disons mieux, vous êtes moins que des voyageurs. Comment cela ? Je vais vous le dire. Le voyageur sait quand il entre dans l’hôtellerie et quand il en part, car il est le maître d’en sortir comme d’y entrer ; mais moi qui entre dans l’hôtellerie, c’est-à-dire dans la vie présente, quand dois-je en sortir ? Je l’ignore. Et parfois je me ménage pour longtemps des provisions, et voilà le Seigneur qui tout à coup m’appelle.