JACOB – ISRAËL [JTTL]

Jacob tire son nom de Akeb, le talon du pied humain, car il tenait au talon son frère Esaü lors de leur naissance (Genèse XXV – 25/26) ; il dresse l’autel à Bethel, mais combat l’ange au lieu dit Phanuel, la vision divine, et cette fois c’est sa hanche qui sera touchée par l’événement.

Il y a donc un certain accord entre ces éléments du corps : talon, épaule et hanche, et l’épopée spirituelle du Patriarche, comme il y en a un entre les éléments précités et les lieux sacrés de la Terre Sainte ; or cette harmonie est étroitement liée à la « dénomination ». A plus forte raison en est-il de même lorsque c’est le nom du Patriarche qui est modifié par « ordre divin », comme c’est le cas au gué du Yabok alors que Jacob devient Israël. « Tu as jouté contre les puissances célestes et humaines, et tu es resté fort » (Genèse XXXII – 22/25). Dans ce dernier exemple, il est clair que l’harmonie en question s’établit entre le nom donné par l’Ange au héros et l’Aspect divin, c’est-à-dire le Nom divin avec lequel le héros est en symbiose historico-spirituelle.

Il est donc déterminant pour notre enquête de connaître le Nom de l’Ordonnateur suprême régissant l’odyssée biblique du Patriarche, car c’est la vertu de ce Nom qui se reflète ou plutôt qui ouvre dans tous les événements que nous venons d’évoquer : sacralisation d’une contrée, sacralisation du corps humain, sacralisation du Nom et de la fonction de celui qui en est revêtu.

L’Ordonnateur céleste ici, c’est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, ce « triple Feu » qui appelé le Dieu Tout-Puissant : El Schaddaï.

Si l’Ecriture nous l’indique aussi nettement, ce n’est certes pas sans raison et sans détermination en « nombre, poids et mesure », pour reprendre l’expression biblique déjà citée.

Dès avant le départ de Jacob pour le clan de Bethuel, Isaac, son père, lui donne ce viatique : « Qu’El Schaddai te bénisse, qu’il te fasse croître et multiplier, afin que tu deviennes une multitude de peuples ! Qu’il te donne la bénédiction d’Abraham, à toi et à ta postérité avec toi, afin que tu possèdes le pays où tu séjourneras et que Dieu a donné à Abraham » (Genèse XXVII – 2 -5).

La même répétition accueille Jacob au retour de Paddân-Aram. « Dieu apparut encore à Jacob… et il le bénit et lui dit : « Ton nom est Jacob mais on ne t’appelera plus Jacob, ton Nom sera Israël », Dieu lui dit : « Je suis El Schaddaï, sois fécond et multiplie. Un peuple, une assemblée de peuples naîtra de toi et des rois sortiront de tes flancs… » (Genèse XXXV).

Extrait de Jean Tourniac, « Les tracés de lumière »