Amém Deus [JTTL]

Jean Tourniac — Os Traçados de Luz [JTTL]

Sur ce même thème, le franciscain Francisco Giorgi de Venise, écrivait en 1536 :

« Pourquoi notre Rédempteur employait-il aussi souvent le mot Amen, et que signifie-t-il ? A-t-il le sens de vraiment, si nous voulons suivre la lettre, puisqu’il est tiré d’une racine qui a ce sens ? C’est ainsi que l’Eglise à la fin de toutes les prières a placé ce mot, comme pour dire que ce qu’on demande soit ou soit fait. Si nous voulons monter plus haut, et écouter les plus secrets théologiens, ce mot n’est-il pas la conjonction des deux principes et sources d’où tout nous est donné ? L’un s’appelle YHWH et l’autre Adonaï. Le nombre de lettres de ces deux mots donne 91, ce qui est aussi la valeur numérale d’Amen. Ceci nous indique que dans ce mot est comprise la puissance des deux noms. Si quelqu’un savait conjoindre ces deux noms, comme les sages nous le disent, il pourrait produire des effets admirables. Ce qui est le propre des saints et des parfaits. Et c’est ce que firent Abraham et Isaac qui creusèrent ce puits qu’ils appelèrent Bersaba = puits de sept, parce que dans ce puits se rassemblaient les influences non seulement du Tétragramme mais des autres sources supérieures »1.

Nous rappellerons maintenant que le silence — (Has) —, a la même valeur que Hecal ou Adonaï, soit 65, et qu’aussi, comme nous l’avons précisé, Adonaï et Jehovah valent ensemble 91 comme le mot Amen. Ce nombre 91 est encore celui de Maleak (40 + 30 + 1 + 20) et de ha Elohim (lui les dieux) = 5 + 1 + 30 + 5 + 10 + 40). Vuillaud a d’ailleurs attiré l’attention sur le fait que le couple Maleak ha Elohim est composé de deux noms en opposition dont la traduction peut être « l’Ange de Dieu », l’Ange porteur du nom = mon Nom est en lui. Il désigne alors la Shekinah dont le parèdre est Metatron et dont l’ange est Mikaël, le grand prêtre. Mikaël, de son côté, s’il vaut 101, peut être écrit de façon défective et vaut alors 91 comme Amen. Mikaël est la gloire de la Shekinah dont la doctrine, selon Paul Vulliaud, est réservée à ceux qui suivent le chemin du « Pardès ». Mais sur ce point nous renverrons à tout ce que René Guénon a écrit sur le sujet dans « Le Roi du Monde ».


  1. Cf. François Secret, Les Kabbalistes chrétiens de la Renaissance, V — l’Age d’or de la Kabbale chrétienne en Italie, page 138 (Dunod édit., 1964, Collection Sigma). Sur le dernier point relevé par F. Giorgi, on rappellera que l’Unité (Ehad — 13) portée aux six extrémités du monde et en son centre, proclame l’Amen (6 + 1 multipliés par 13 = 91).