tentations (Orígenes)

Si quelqu’un prétend que le stimulant extérieur est tel qu’il est impossible de lui faire face quand il se produit de telle façon, qu’il réfléchisse à ses propres passions et à ses propres mouvements pour voir s’il ne s’y produit pas une approbation, un consentement, une inclinaison de l’intelligence vers telle attitude à cause de sa force de persuasion. Pour celui qui a décidé, par exemple, de garder la continence et de s’abstenir de l’union sexuelle, ce n’est pas l’apparition d’une femme, le provoquant à agir contre son dessein, qui est la cause décisive de l’abandon de ses résolutions : c’est en fait parce qu’il a complètement consenti aux chatouillements et à la douceur du plaisir, n’ayant pas voulu lui résister ni ratifier sa décision, qu’il pratique l’incontinence. C’est tout le contraire pour celui à qui surviennent les mêmes tentations alors qu’il est davantage instruit et exercé : les chatouillements et les excitations peuvent se produire, mais la raison, davantage fortifiée et formée par l’exercice et l’étude, parvenue par l’instruction à la fermeté dans sa marche vers le bien, ou du moins devenue proche d’y parvenir, repousse les excitations et affaiblit la convoitise. Livre III: Sixième traité (III, 1): Philocalie 21:

Certains péchés donc ne viennent pas des puissances contraires, mais ont pour origine les mouvements naturels du corps. L’apôtre Paul l’assure très clairement quand il dit : La chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair ; ces deux réalités s’opposent l’une à l’autre, de telle sorte que vous ne faites pas ce que vous voulez. Si en effet la chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair, il y a pour nous parfois une lutte contre la chair et le sang, c’est-à-dire tant que nous sommes hommes et marchons selon la chair et tant que nous ne pouvons éprouver des tentations plus fortes que les tentations humaines, puisqu’il est dit de nous : que la tentation ne vous atteigne pas, si ce n’est une tentation humaine ! Car Dieu est fidèle, lui qui ne permettra pas que vous soyez tentés plus que vous ne pouvez le supporter. Ceux qui président aux luttes ne laissent pas ceux qui viennent au combat se mettre à lutter les uns contre les autres de n’importe quelle manière, ou par suite du hasard, mais après un examen attentif des corps et des âges, les ayant comparés de la façon la plus équitable, ils associent celui-ci avec celui-là, cet homme avec cet autre, mettant par exemple des enfants avec des enfants, des hommes avec des hommes, de manière qu’ils se correspondent par la similitude de leur âge et de leur force. Il faut penser de même de la providence divine : tous ceux qui descendent dans les luttes de la vie humaine, elle les gouverne dans sa très juste administration selon la mesure de la vertu de chacun, que connaît seul celui qui voit seul les coeurs des hommes. Ainsi l’un combat contre telle chair, l’autre contre telle autre, celui-ci pendant un tel espace de temps, celui-là pendant tel autre, cet homme sera soumis à telle excitation charnelle qui le pousse dans tel ou tel sens, celui-là à telle autre ; parmi les puissances ennemies l’un aura à résister à celle-ci ou à celle-là, l’autre à deux ou trois à la fois et tantôt contre l’une, tantôt de nouveau contre l’autre, à un certain temps contre celle-ci et à un certain temps contre celle-là, après tels actes il luttera contre les unes, après tels autres contre les autres. Vois si l’Apôtre n’indique pas quelque chose de semblable lorsqu’il dit : Dieu est fidèle, au point de ne pas permettre que vous soyez tentés plus que vous ne pouvez le supporter, c’est-à-dire que chacun est tenté selon son degré ou ses possibilités de vertu. Livre III: Septième traité (III, 2-4): Première section

Nous avons été contraints à nous étendre un peu plus sur la lutte que les puissances adverses mènent contre les hommes, en discutant aussi des événements plus pénibles qui affectent le genre humain, c’est-à-dire des tentations de cette vie, selon ce que dit Job : Toute vie d’homme sur terre n’est-elle pas tentation ? Nous voulions ainsi montrer avec plus de clarté comment tout cela arrive et ce qu’il faut en penser pour le faire pieusement. Maintenant, voyons aussi comment les hommes tombent dans le péché de la fausse connaissance et dans quel but les puissances contraires engagent aussi sur ce point la lutte contre nous. Livre III: Septième traité (III, 2-4): Première section

Maintenant je pense qu’il ne faut pas passer sous silence les tentations qui naissent parfois de la chair et du sang ou de la prudence de la chair et du sang, dite ennemie de Dieu, puisque nous avons déjà parlé de ces tentations qui sont traitées de plus qu’humaines, les luttes que nous menons contre principautés et puissances, les chefs de ce monde de ténèbres et les esprits de méchanceté qui sont aux deux et celles que nous poursuivons contre les esprits malins ou les démons immondes. En cela il faut se demander, je crois, s’il y a en nous, hommes, qui sommes composés d’une âme et d’un corps et aussi d’un esprit de vie, quelque chose d’autre qui possède un stimulant qui lui est propre et un mouvement nous poussant au mal. C’est ainsi que certains se posent habituellement la question suivante : ne faut-il pas parler de deux âmes en nous, l’une plus divine et céleste et l’autre inférieure ; ou bien est-ce, parce que nous sommes attachés à des corps – des corps qui selon leur nature propre sont morts et tout à fait inanimés puisque c’est par nous, c’est-à-dire par nos âmes que le corps matériel est vivifié, alors qu’il est assurément en opposition et en inimitié avec l’esprit – que nous sommes attirés et poussés vers ces maux qui sont agréables au corps ; ou bien encore, troisième solution, suivant l’opinion de quelques Grecs, est-ce que notre âme, une par sa substance, est composée de plusieurs éléments, une partie dite rationnelle et une partie irrationnelle, cette partie dite irrationnelle se divisant de nouveau en deux tendances, la convoitise et la colère. Ces trois opinions susdites concernant l’âme ont été tenues, nous le savons, par certains. De ces trois, celle qui professe selon quelques philosophes grecs, avons-nous dit, le tripartisme de l’âme, je ne la vois guère confirmée par le témoignage de la divine Écriture ; quant aux deux autres qui restent, on peut trouver certaines affirmations dans les lettres divines qui paraissent pouvoir s’y adapter. Livre III: Septième traité (III, 2-4): Troisième section