En outre l’âme, qui possède une substance et une vie qui lui sont propres, lorsqu’elle aura quitté ce monde, recevra un sort conforme à ses mérites : ou bien elle obtiendra l’héritage de la vie éternelle et de la béatitude, si ses actions le lui valent, ou bien elle sera abandonnée au feu éternel et aux supplices, si les péchés commis par ses méfaits l’y entraînent; mais viendra le temps de la résurrection des morts, lorsque ce corps-ci, aujourd’hui semé dans la corruption, ressuscitera dans l’incorruption, aujourd’hui semé dans l’ignominie, ressuscitera dans la gloire. Le point suivant est aussi défini par la prédication ecclésiastique : toute âme raisonnable est douée de libre arbitre et de volonté. Elle est en lutte avec le Diable et ses anges, ainsi qu’avec les puissances contraires, car ils s’efforcent de la charger de péchés : mais si nous vivons droitement et avec réflexion, nous nous efforçons de nous débarrasser de telles souillures. Il faut donc comprendre que nous ne sommes pas soumis à la nécessité et que nous ne sommes pas forcés de toute manière, même contre notre gré, de faire le mal ou le bien. Si nous sommes doués de libre arbitre, certaines puissances peuvent bien nous pousser au mal et d’autres nous aider à faire notre salut, nous ne sommes cependant pas contraints par la nécessité d’agir bien ou mal. Pensent le contraire ceux qui disent que le cours et les mouvements des étoiles sont la cause des actes humains, non seulement de ceux qui ne dépendent pas du libre arbitre, mais aussi de ceux qui sont en notre pouvoir. Traité des Principes: Préface
A cette vanité la création est soumise, et principalement cette création qui possède assurément dans le monde, par son office, l’autorité la plus grande et la plus éminente, c’est-à-dire le soleil, la lune et les étoiles qui sont dits soumis à la vanité, car ils ont été mis dans des corps et destinés à la fonction d’éclairer en faveur du genre humain. Et c’est malgré elle que cette création a été soumise à la vanité. Ce n’est pas en effet par sa volonté qu’elle a reçu ce ministère à rendre à la vanité, mais parce que le voulait celui qui l’y soumettait, à cause de celui qui l’a soumise, promettant à ceux qui étaient soumis malgré eux à la vanité qu’après avoir achevé les fonctions de cette oeuvre magnifique, ils seront libérés de cette servitude de la corruption et de la vanité, lorsque sera arrivé le temps de la rédemption glorieuse des fils de Dieu. Dans cet espoir, dans l’espérance que la promesse sera accomplie, toute la création gémit maintenant dans l’attente, par affection envers ceux qu’elle aide, et elle souffre avec eux dans sa patience, espérant ce qui lui a été promis. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section
Mais si, lorsque cela se produit, nous accusons les incitations du dehors et nous nous tenons quittes de tout grief, en nous prétendant semblables au bois et aux pierres qui sont mus par des forces s’exerçant du dehors, ce n’est ni vrai ni noble ; la raison de qui veut qu’il en soit ainsi est la suivante : falsifier la notion du libre arbitre. Si nous lui demandions ce qu’est le libre arbitre, il répondrait (qu’on le constate) lorsque rien du dehors ne se présente pour me pousser dans la direction opposée à celle que j’ai décidée. De même accuser seulement notre constitution naturelle est contraire à l’évidence, car l’enseignement et l’éducation prennent en charge les plus intempérants et les plus sauvages et les transforment, pourvu qu’ils obéissent à leurs exhortations : tellement ont d’effet l’exhortation et la conversion que souvent les plus incontinents deviennent meilleurs que ceux qui ne paraissaient pas auparavant incontinents de nature, et que les plus sauvages en arrivent à ce point de douceur que ceux qui n’ont jamais paru aussi sauvages semblent l’être si on les compare à l’un de ceux qui se sont convertis à la douceur. Et nous en voyons d’autres très équilibrés et respectables déchoir par leur perversion de cet équilibre et de cette respectabilité pour mener une conduite mauvaise et se convertir à l’intempérance : c’est souvent à l’âge mûr qu’ils se mettent à vivre dans l’intempérance et se jettent dans le dérèglement, lorsqu’est passé le temps de la jeunesse qui est par nature le plus instable. La raison montre donc que les événements du dehors ne dépendent pas de notre libre arbitre, mais qu’il nous appartient de nous en servir de telle ou telle façon en prenant la raison comme juge pour examiner comment il convient de faire face à tel événement extérieur. Traité des Principes: Livre III: Sixième traité (III, 1): Philocalie 21:
Nous disions, quand nous examinions le cas de Pharaon, que parfois il n’est pas bon pour ceux qui sont soignés de l’être trop rapidement, si, étant tombés par eux-mêmes dans des difficultés, ils étaient ainsi éloignés plus aisément de ce en quoi ils étaient tombés : car ils méprisent alors le mal, le considérant comme facile à guérir, et une autre fois, ne prenant pas garde à l’éviter, ils y resteront. C’est pourquoi dans des cas semblables, le Dieu éternel qui connaît les secrets, lui qui sait toute chose avant qu’elle ne se produise, diffère dans sa bonté de leur apporter un secours qui serait autrement trop rapide et, pour ainsi dire, il les secourt en ne les secourant pas, car cela leur est utile. Vraisemblablement ceux du dehors, à qui s’appliquait cette parole, le Sauveur voyait, selon le texte proposé, qu’ils ne seraient pas solides dans leur conversion, s’ils entendaient distinctement ce qui leur était dit, et c’est pourquoi le Seigneur a fait en sorte qu’ils n’entendent pas plus clairement les paroles plus profondes, de peur que, trop vite convertis et guéris en obtenant la rémission, méprisant comme bénignes et faciles à guérir les blessures de la malice, ils n’y retombent bien vite. Peut-être, subissant alors la peine des péchés qu’ils ont commis autrefois contre la vertu en l’abandonnant, n’ont-ils pas encore atteint le temps convenable où, après avoir été privés des visites divines et rassasiés par les maux qu’ils ont eux-mêmes semés, ils seront appelés plus tard à une pénitence plus solide, et ne retomberont pas si vite dans les maux où auparavant ils sont tombés, quand ils insultaient la dignité du bien et qu’ils se livraient au pire. Ceux qui sont dehors, évidemment par comparaison avec ceux du dedans, ne se trouvant pas totalement éloignés de ceux du dedans, alors que ces derniers entendent clairement, entendent de manière obscure parce qu’il leur est parlé en paraboles : ils entendent cependant. D’autres que ceux du dehors, ceux qui sont appelés Tyriens, bien que le Seigneur ait prévu qu’ils auraient fait déjà pénitence assis dans le sac et la cendre, si le Sauveur s’était approché de leurs frontières, n’entendent même pas ce qu’entendent ceux du dehors, comme c’est vraisemblable, car ils sont plus loin de la dignité de ceux du dehors ; mais à un autre moment, après que leur sort sera devenu plus supportable que celui de ceux qui n’ont pas accueilli la Parole – c’est à leur sujet que le Seigneur mentionne aussi les Tyriens -, ayant entendu d’une manière plus opportune, ils feront une pénitence plus solide. Traité des Principes: Livre III: Sixième traité (III, 1): Philocalie 21:
Première section : Que le monde a été fait et est périssable, ayant commencé dans le temps (III, 5) (Que le monde a commencé dans le temps) Traité des Principes: Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Première section
Mais on nous objecte d’ordinaire : Si le monde a commencé dans le temps, que faisait Dieu avant que le monde ne commence ? Dire que la nature de Dieu est oisive et immobile est à la fois impie et absurde, de même que penser qu’il fut un temps où la bonté ne faisait pas le bien et où la toute-puissance n’exerçait pas sa domination. On nous fait couramment cette objection quand nous disons que le monde a commencé à un certain temps et quand nous comptons les années de sa durée selon le témoignage de l’Écriture. A ces propositions je ne crois pas qu’un hérétique pourrait facilement répondre en gardant la logique de sa doctrine. Mais nous, nous répondrons logiquement en restant fidèles à la règle de la piété : ce n’est pas lorsque Dieu a fait ce monde visible qu’il a commencé à travailler, mais de même qu’après la corruption de ce monde il y en aura un autre, de même, avant que celui-ci soit, il y en a eu, croyons-nous, d’autres. Ces deux points seront confirmés par l’autorité de l’Écriture divine. Isaïe enseigne qu’après ce monde il y en aura un autre : Il y aura un monde nouveau et une terre nouvelle, que je ferai subsister toujours devant ma face, dit le Seigneur. Et l’Ecclésiaste montre qu’avant ce monde il y en eut d’autres : Qu’est-ce qui a été fait ? La même chose que ce qui sera. Et qu’est-ce qui a été créé ? La même chose que ce qui sera créé. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Si quelqu’un dit: voilà cela qui est nouveau. Mais cela a déjà été dans les siècles qui nous ont précédés. Les témoignages prouvent les deux points, que des siècles ont existé avant nous et que des siècles existeront après nous. Il ne faut pas penser que plusieurs mondes ont existé à la fois, mais qu’après celui-ci cependant suivra celui-là : à ce sujet il n’est pas nécessaire de tout reprendre dans le détail, car nous l’avons fait plus haut. Traité des Principes: Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Première section
Que faut-il dire aussi du fait que le Christ ait été prophétisé ? Alors, ceux qu’on appelle des princes venant de Juda feront défaut, et les chefs sortis de sa race, quand viendra celui à qui est réservé, évidemment le royaume, et qu’arrivera l’attente des nations. Car l’histoire et tout ce qu’on voit aujourd’hui montrent clairement que depuis le temps de Jésus il n’y a plus eu de roi des Juifs qui ait pris ce titre, puisque toutes les réalités qui étaient l’orgueil des Juifs, je veux dire ce qui avait rapport au temple, à l’autel, au culte qui s’y célébrait et aux vêtements du grand-prêtre ont été détruites. Car fut accomplie la prophétie : Pendant de nombreux jours les fils d’Israël siégeront sans roi ni prince, sans victime ni autel ni sacerdoce ni oracles. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Première section
Toute créature donc est distinguée auprès de Dieu comme comprise dans un nombre ou mesure déterminés, c’est-à-dire le nombre pour les êtres raisonnables, la mesure pour la matière corporelle ; il était nécessaire que la nature intellectuelle se servît de corps, car on la conçoit comme muable et convertible par le fait même de sa création – ce qui en effet n’était pas et a commencé à être, par ce fait même est manifesté comme ayant une nature muable et c’est pourquoi sa vertu et sa malice ne sont pas substantielles, mais accidentelles – ; à cause de cette mutabilité et convertibilité de la nature raisonnable déjà mentionnée, elle devait se servir selon ses mérites d’un vêtement corporel de nature diverse, ayant telle ou telle qualité. Pour toutes ces raisons, nécessairement, Dieu, qui connaissait d’avance les variations futures des âmes ou des puissances spirituelles, a créé la nature corporelle capable de se transformer selon la volonté du créateur, par les mutations de ses qualités, en tous les états que demanderait la situation. Il faut qu’elle subsiste tout le temps que subsistent les êtres qui ont besoin d’elle comme vêtement. Or il y aura toujours des natures raisonnables qui auront besoin de vêtement corporel : par conséquent il y aura toujours une nature corporelle dont les créatures raisonnables devront se servir comme vêtement ; à moins que l’on puisse montrer avec preuves que la nature raisonnable puisse vivre sans aucun corps. Nous avons montré plus haut, en le discutant en détail, combien cela est difficile et presque impossible à notre intelligence. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section