Tanquerey: La mortification

La mortification contribue, comme la pénitence, à nous purifier des fautes passées ; mais son but principal est de nous prémunir contre celles du présent et de l’avenir, en diminuant l’amour du plaisir, source de nos péchés.

Expressions bibliques pour désigner la mortification. Nous trouvons sept expressions principales dans nos Livres Saints pour désigner la mortification sous ses différents aspects.

1° Le mot renoncement : « qui non renuntiat omnibus quæ possidet non potest meus esse discipulus » (Luc, XIV, 33) nous présente la mortification comme un acte de détachement des biens extérieurs pour suivre le Christ, c’est ce que firent les Apôtres : « relictis omnibus, secuti sunt eum » (Luc, V, 11).

2° C’est aussi une abnégation ou renoncement à soi-même : « Si quis vult post me venire, abneget Semetipsum » (Luc, IX, 23) ; le plus terrible de nos ennemis, c’est en effet l’amour déréglé de soi-même ; et voilà pourquoi il faut se détacher de soi.

3° Mais la mortification a un côté positif : c’est un acte qui blesse et atrophie les tendances mauvaises de la nature : « Mortificate ergo membra vestra » (Col. III, 5)… « Si autem Spiritu facta carnis mortificaveritis, vivetis » (Rom., VIII, 13).

4° Bien plus, c’est un crucifiement de la chair et de ses convoitises, par lequel nous clouons, pour ainsi dire, nos facultés à la loi évangélique, en les appliquant à la prière, au travail : « Qui… sunt Christi, carnem suam crucifixerunt cum vitiis et concupiscentiis » (Gal., V, 24).

5° Ce crucifiement, quand il persévère, produit une sorte de mort et d’ensevelissement, par lequel nous semblons mourir complètement à nous-mêmes et nous ensevelir avec Jésus-Christ, pour vivre avec lui d’une vie nouvelle : « Mortui enim estis vos et vita vestra est abscondita cum Christo in Deo » (Col., III, 3)… « Consepulti enim sumus cum illo per baptismum in mortem » (Rom., VIII, 4).

6° Pour exprimer cette mort spirituelle, S. Paul se sert d’une autre expression ; comme, après le baptême, il y a en nous deux hommes, le vieil homme qui demeure, ou la triple concupiscence, et l’homme nouveau ou l’homme régénéré, il déclare que nous devons nous dépouiller, du vieil homme pour revêtir le nouveau : « exspoliantes vos veterem hominem… et induentes novum » (Col., III, 9).

7° Et comme ceci ne se fait pas sans combattre, il déclare que la vie est un combat : « bonum certamen certavi » ( II Tim., IV, 7), que les chrétiens sont des lutteurs ou des athlètes, qui châtient leur corps et le réduisent en servitude.

De toutes ces expressions et d’autres analogues, il résulte que la mortification comprend un double élément : l’un négatif, le détachement, le renoncement, le dépouillement, et l’autre positif, la lutte contre les mauvaises tendances, l’effort pour les mortifier ou les atrophier, le crucifiement, la mort, le crucifiement de la chair, du vieil homme et de ses convoitises, afin de vivre de la vie du Christ. [Tanquerey]