symboles (Orígenes)

A ce propos, je dirai encore aux gens mieux disposés et surtout au Juif . « il y avait beaucoup de lépreux aux jours d’Elisée le prophète, et aucun d’eux ne fut guéri, mais bien Naaman le Syrien », « il y avait beaucoup de veuves aux jours d’Élie le prophète, il ne fut envoyé a aucune d’entre elles, mais bien a celle de Sarepta au pays de Sidon », rendue digne, d’après une décision divine, du prodige que le prophète accomplit sur les pains , de même il y avait beaucoup de morts aux jours de Jésus, mais seuls ressuscitèrent ceux que le Logos a jugé convenable de ressusciter , afin que les miracles du Seigneur, non seulement soient des symboles de certaines ventes, mais qu’ils attirent sur-le-champ beaucoup d’hommes a l’admirable enseignement de l’Évangile. J’ajouterai que, selon la promesse de Jésus, les disciples ont accompli des oevres plus grandes que les miracles sensibles qu’accomplit Jésus. Car c’est continuellement que s’ouvrent les yeux des aveugles spirituels, et les oreilles des gens sourds aux discours sur la vertu écoutent avec empressement les enseignements sur Dieu et la vie bienheureuse près de lui. De plus, beaucoup, qui étaient boiteux en ce que l’Écriture appelle « l’homme intérieur », maintenant guéris par la doctrine, bondissent, non pas au sens propre, mais « à l’instar du cerf » animal ennemi des serpents et immunisé contre tout venin des vipères. Oui, ces boiteux guéris reçoivent de Jésus le pouvoir de passer, dans leur marche autrefois claudicante, sur « les serpents et les scorpions » du vice, et d’un mot, sur « toute la puissance de l’ennemi » ; ils les foulent aux pieds et n’en éprouvent aucun mal, car eux aussi ont été immunisés contre toute malice et venin des démons. LIVRE II

Ensuite, à propos des pratiques des Égyptiens, qui parlent avec respect même des animaux sans raison et affirment qu’ils sont des symboles de la divinité, ou quelque titre qu’il plaise à leurs prophètes de leur donner, il dit : Elles provoquent chez ceux qui ont acquis ce savoir l’impression que leur initiation ne fut pas vaine. Quant aux vérités que nous présentons à ceux qui ont une connaissance approfondie du christianisme dans nos discours faits sous l’influence de ce que Paul appelle « don spirituel », dans le discours de sagesse « grâce à l’Esprit », dans le discours de science « selon l’Esprit» », Celse semble n’en avoir pas la moindre idée. On le voit non seulement d’après ce qu’il vient de dire, mais encore d’après le trait qu’il lance plus tard contre la société des chrétiens quand il dit qu’ils excluent tout sage de la doctrine de leur foi, mais se bornent à inviter les ignorants et les esclaves ; ce que nous verrons en son temps, en arrivant au passage. Il affirme même que nous nous moquons des Égyptiens. Cependant, ils proposent bien des énigmes qui ne méritent pas le mépris, puisqu’ils enseignent que ce sont là des hommages rendus non à des animaux éphémères, comme le pense la foule, mais à des idées éternelles. Tandis que c’est une sottise de n’introduire dans les explications sur Jésus rien de plus vénérable que les boucs ou les chiens de l’Egypte. A quoi je répondrai : tu as raison, mon brave, de relever dans ton discours que les Égyptiens proposent bien des énigmes qui ne méritent pas le mépris, et des explications obscures sur leurs animaux ; mais tu as tort de nous accuser dans ta persuasion que nous ne disons que de méprisables sottises quand nous discutons en détail les mystères de Jésus, selon la sagesse du Logos, avec ceux qui sont parfaits dans le christianisme. Paul enseigne que de telles gens sont capables de comprendre la sagesse du christianisme quand il dit : « Pourtant c’est bien de sagesse que nous parlons parmi les parfaits, mais non d’une sagesse de ce siècle, ni des princes de ce siècle, qui vont à leur perte. Nous parlons au contraire d’une sagesse de Dieu, ensevelie dans le mystère, dès avant les siècles fixée par Dieu pour notre gloire, et qu’aucun des princes de ce siècle n’a connue. » LIVRE III

Mais vois si les doctrines de notre foi, en parfaite harmonie dès l’origine avec les notions communes, ne transforment pas les auditeurs judicieux. Car même si la perversion, soutenue par une ample culture, a pu implanter dans la foule l’idée que les statues sont des dieux, et que les objets d’or, d’argent, d’ivoire, de pierre, sont dignes d’adoration, la notion commune exige de penser que Dieu n’est absolument pas une matière corruptible et ne peut être honoré sous les formes façonnées par les hommes dans des matières inanimées qui seraient « à son image » ou comme des symboles. Aussi, d’emblée, est-il dit des images qu’« elles ne sont pas des dieux » et de ces objets fabriqués qu’ils ne sont pas comparables au Créateur, étant si minimes par rapport au Dieu suprême qui créa, maintient et gouverne l’ensemble de l’univers. Et d’emblée, comme si elle reconnaissait sa parenté, l’âme raisonnable rejette ceux qui lui avaient jusque-là paru être des dieux, et recouvre son amour naturel pour le Créateur ; et, à cause de cet amour, elle accueille aussi Celui qui le premier a donné ces enseignements à toutes les nations, par les disciples qu’il a établis et envoyés avec puissance et autorité divines prêcher la doctrine sur Dieu et sur son Règne. LIVRE III

Mais quand parfois ils ont semblé abandonnés à cause de leur péché, néanmoins ils ont été visités, et, de retour chez eux, ont recouvré leurs biens et pratiqué sans obstacles leurs rites traditionnels. Et c’est encore une preuve de la divinité et de la sainteté de Jésus que le nombre et la gravité des malheurs subis par les Juifs depuis si longtemps à cause de lui. Et je dirai hardiment qu’il n’y aura pas pour eux de restauration. Car ils ont commis le plus impie de tous les forfaits en tramant ce complot contre le Sauveur du genre humain dans la ville où ils offraient à Dieu des sacrifices traditionnels, symboles de profonds mystères. C’est pourquoi il a fallu que cette ville où Jésus a enduré ces souffrances fût détruite de fond en comble et que la nation juive fût chassée de son pays ; et que l’appel de Dieu à la béatitude passât à d’autres, je veux dire les chrétiens, auxquels est parvenu l’enseignement d’une piété pure et sainte : ils ont reçu des lois nouvelles convenant à une communauté établie en tous lieux, car les anciennes lois données à une seule nation gouvernée par des chefs de même race et de mêmes moeurs ne pourraient plus toutes être observées de nos jours. LIVRE IV

Quelle perfection dans la vie sociale de tout un peuple où l’efféminé ne pouvait paraître en public ! Chose admirable encore, les courtisanes, cause d’excitation pour la jeunesse, étaient bannies de leur cité ! Et il y avait aussi des tribunaux, composés des hommes les plus justes après qu’ils avaient pendant longtemps donné la preuve d’une vie intègre. On leur confiait les jugements, et à cause de la pureté de leurs moeurs au-dessus de la nature humaine, on les appelait « dieux », selon un usage ancestral des Juifs. L’on pouvait voir un peuple entier s’adonner à la philosophie. Pour qu’ils eussent le loisir d’entendre les lois divines, on institua chez eux les « sabbats » ainsi que leurs autres fêtes. Et que dire de l’ordonnance de leurs prêtres et des sacrifices qui contenaient mille symboles transparents à ceux qui aiment à s’instruire ? LIVRE IV

Celse a beau qualifier gens les plus incultes, esclaves, les moins instruits ceux qui ne comprennent pas son point de vue et n’ont pas assimilé la science des Grecs, nous déclarons, nous, les plus incultes ceux qui ne rougissent pas de s’adresser à des objets inanimés, de demander la santé à la faiblesse, de chercher la vie auprès de la mort, de mendier du secours auprès de l’impuissance. Ceux mêmes qui prétendent que ce ne sont point là des dieux, mais des imitations des dieux véritables et leurs symboles, sont tout aussi bien des gens sans éducation, esclaves, sans instruction, puisqu’ils imaginent de mettre les imitations de la divinité entre les mains d’artisans; si bien, disons-nous, que même les derniers des nôtres sont libérés de cette sottise et de cette ignorance, tandis que les plus sensés conçoivent et comprennent l’espérance divine. Mais nous ajoutons qu’il est impossible à un homme non exercé à la sagesse humaine de recevoir la sagesse divine, et nous convenons que toute la sagesse humaine comparée à la divine est folie. LIVRE VI

Veut-on avoir un aperçu d’une réflexion plus profonde sur l’entrée des âmes dans les réalités divines ? Qu’on laisse de côté la secte fort insignifiante qu’il a citée, qu’on interroge les livres, les uns juifs, lus dans les synagogues et admis par les chrétiens, les autres seulement chrétiens ! Qu’on lise, à la fin de la prophétie d’Ézéchiel, les détails de la vision du prophète, où la description des différentes portes insinue certaines vérités sur les différentes voies par lesquelles accèdent à une vie supérieure les âmes plus parfaites ! Qu’on lise encore, dans l’Apocalypse de Jean les détails sur la Cité de Dieu, la Jérusalem céleste, ses fondations et ses portes. Et si l’on est capable d’apprendre à travers les symboles la route indiquée pour ceux qui s’avanceront vers les réalités divines, on lira le livre de Moïse intitulé les Nombres ; on cherchera l’homme qui peut initier aux mystères représentés par les campements des fils d’Israël : quelles tribus étaient placées au Levant, étant les premières, quelles autres étaient au sud-ouest et au sud, quelles autres du côté de la mer, quelles autres vers le nord, étant les dernières. On y percevra des considérations profondes et non point, comme le croit Celse, exigeant pour auditeurs des sots ou des esclaves. On discernera les peuples mentionnés là, la nature des nombres énumérés en ces lieux comme appartenant à chaque tribu, matière que je juge hors de propos d’exposer ici. LIVRE VI