sobriété (Orígenes)

Ensuite, après tant de griefs contre nous, voulant laisser voir qu’il pourrait en formuler d’autres mais les passe sous silence, il s’exprime ainsi : Voilà mes accusations, et d’autres pareilles pour ne pas les énumérer toutes. J’affirme qu’ils offensent et insultent Dieu pour attirer des gens pervers par des espérances vaines et les persuader insidieusement de mépriser des biens supérieurs, sous prétexte qu’ils gagneront à s’en abstenir. On peut lui répondre : à voir ceux qui viennent au christianisme, ce ne sont pas tant des gens pervers qui sont attirés par la doctrine que les simples ou – comme on dirait vulgairement -, les rudes. Ceux-là, la crainte des châtiments annoncés les pousse et les encourage à s’abstenir des actes qui les méritent. Ils s’efforcent de se donner à la piété qu’enseigne le christianisme, se laissent vaincre par la doctrine jusqu’à mépriser, par crainte des châtiments que cette doctrine qualifie d’éternels, toute torture imaginée contre eux par les hommes, et la mort au milieu de tourments innombrables : aucun homme sensé ne verrait là une conduite inspirée de motifs pervers. Comment, pour un motif pervers pratiquerait-on la tempérance et la sobriété, la libéralité et la bienfaisance ? On n’aurait pas même la crainte de Dieu, que l’Écriture recommande comme utile aux foules, à ceux qui sont encore incapables de regarder ce qui mérite par soi-même d’être choisi, et de le choisir comme le bien suprême qui dépasse toute promesse : cette crainte même ne peut naître en celui qui a choisi une vie perverse. LIVRE III