siècles (Orígenes)

Il faut d’abord savoir qu’autre est dans le Christ la nature divine, le Fils unique du Père, et autre la nature humaine qu’il a assumée dans les derniers temps pour l’économie (de la rédemption). C’est pourquoi il faut voir d’abord ce qu’est le Fils unique de Dieu, qui reçoit des noms multiples et divers selon les réalités ou les opinions de ceux qui l’appellent. Il est nommé Sagesse, comme Salomon le dit, faisant parler le personnage de la Sagesse : Le Seigneur m’a créée comme principe de ses voies dans son oeuvre : avant de faire quoi que ce soit, avant les siècles, il m’a établie. Au début, avant de faire la terre, avant que coulent les sources d’eaux, avant que soient raffermies les montagnes, avant toutes les collines, il m’engendre. Il est aussi nommé le Premier-Né, d’après l’apôtre Paul : Il est le premier-né de toute créature. Il n’est pas un autre premier-né par nature que la Sagesse, aussi il est un avec elle et le même qu’elle. En effet l’apôtre Paul dit encore : Le Christ, Puissance de Dieu et Sagesse de Dieu. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Nous avons donc compris comment la Sagesse est le principe des voies de Dieu et comment elle est dite créée, en tant qu’elle préforme et contient en elle les espèces et les raisons de toute la création. Il faut comprendre de même qu’elle est la Parole de Dieu par le fait qu’elle ouvre à tous les autres êtres, c’est-à-dire à toute la création, la raison des mystères et des secrets, tous contenus sans exception dans la Sagesse de Dieu : et par là elle est appelée Parole, car elle est comme l’interprète des secrets de l’intelligence. C’est ainsi que me paraît juste ce mot que l’on trouve dans les Actes de Paul : Il est la Parole, un être animé et vivant. Mais Jean, d’une manière supérieure et bien plus belle, proclame au début de son évangile, en définissant à proprement parler que la Parole est Dieu : Et la Parole était Dieu et elle était au début auprès de Dieu. Celui qui attribue un commencement à la Parole de Dieu et à la Sagesse de Dieu, ne bafoue-t-il pas davantage encore de façon impie le Père inengendré, en lui refusant d’avoir toujours été père, d’avoir engendré une Parole et eu une Sagesse dans tous les temps et siècles antérieurs, de quelque façon qu’on puisse les nommer ? Ce Fils est aussi de tous les êtres la Vérité et la Vie : à juste titre. Car comment vivraient ceux qui ont été faits, sinon par le moyen de la Vie ? Comment seraient-ils fondés dans la vérité ceux qui sont, s’ils ne dérivaient pas de la Vérité ? Comment pourrait-il y avoir des êtres raisonnables si la Parole-Raison ne les précédait pas ? Comment pourrait-il y avoir des sages sans la Sagesse ? Mais puisqu’il devait arriver que quelques-uns s’écartent de la Vie et se donnent à eux-mêmes la mort par le fait même de s’écarter de la Vie – car mourir n’est pas autre chose que s’éloigner de la vie – et comme il n’était pas du tout normal que ce qui avait été une fois créé par Dieu pour vivre soit totalement perdu, il a fallu qu’existé, avant la mort, une puissance capable de détruire la mort à venir et d’être la Résurrection, qui s’est formée dans notre Seigneur et Sauveur : cette Résurrection existe dans la Sagesse de Dieu elle-même, sa Parole et sa Vie. Et ensuite, puisqu’il devait se faire que quelques-uns des êtres créés, possédant le bien non par nature, c’est-à-dire par substance, mais par accident, et n’ayant pas la force de rester inconvertibles et immuables et de persévérer toujours dans les mêmes biens avec équilibre et mesure, changent de condition et s’écartent de leur état, la Parole et Sagesse de Dieu s’est faite Voie : elle est appelée Voie parce qu’elle conduit au Père ceux qui la suivent. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Voyons maintenant ce que veut dire : Elle est une émanation très pure de la gloire du Tout-Puissant. Considérons d’abord ce qu’est la gloire du Tout-Puissant et nous verrons ensuite ce qu’est son émanation. Il ne peut y avoir de père sans fils, de maître sans possession ou sans serviteur : de même il ne peut y avoir de Dieu Tout-Puissant sans sujets sur lesquels s’exerce sa domination; c’est pourquoi, pour montrer Dieu Tout-Puissant il faut que tout subsiste. Car si quelqu’un veut que se soient passés des siècles ou des espaces de temps, quel que soit le nom qu’on leur donne, lorsque ce qui a été fait n’était pas encore fait, il montrera sans aucun doute que dans ces siècles ou ces espaces de temps Dieu n’était pas tout-puissant et qu’ensuite il est devenu tout-puissant lorsqu’il a commencé à avoir des sujets sur qui exercer sa domination. Et il semblera ainsi que Dieu ait progressé, qu’il soit passé du moins au plus, si toutefois on juge préférable pour lui d’être tout-puissant que de ne pas l’être. Ne paraît-il pas absurde de supposer que Dieu n’avait pas ce qu’il lui convenait d’avoir et qu’ensuite il ait progressé jusqu’à l’avoir ? S’il n’y eut jamais de temps où il n’était pas tout-puissant, il faut nécessairement qu’ait subsisté tout ce qui le fait dire tout-puissant et qu’il ait eu toujours des sujets sur lesquels exercer sa domination, des sujets qu’il ait gouvernés comme un roi ou un prince : nous parlerons de cela plus abondamment dans les passages où nous discuterons de ses créatures. Mais maintenant, puisqu’il s’agit ici de la Sagesse, je crois nécessaire de remarquer, bien que succinctement, de quelle façon la Sagesse est une émanation très pure de la gloire du Tout-Puissant, de peur que l’appellation Tout-Puissant ne paraisse antérieure en Dieu à la naissance de la Sagesse, qui lui fait donner le nom de père, puisque la Sagesse, c’est-à-dire le Fils de Dieu, est cette émanation très pure de la gloire du Tout-Puissant. Celui qui voudrait le supposer, qu’il entende ce que l’Écriture dit clairement : Tu as tout fait dans ta Sagesse, et ce qu’enseigne l’Évangile : Tout a été fait par lui et sans lui rien n’a été fait. Qu’il comprenne en conséquence que l’appellation de Tout-Puissant ne peut être en Dieu antérieure à celle de Père : c’est en effet par son Fils que le Père est tout-puissant. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Seconde section

Ainsi, malgré notre faiblesse, nous penserons, semble-t-il, pieusement de Dieu, sans accepter que les créatures soient inengendrées et coéternelles à Dieu, ni en revanche que Dieu, n’ayant rien fait de bien auparavant, ait changé à un certain moment et se soit mis à faire du bien : puisque est vraie cette parole de l’Écriture : Tu as tout fait dans ta Sagesse. Si absolument tout a été fait dans la Sagesse, puisque la Sagesse a toujours existé, tout se trouvait dans la Sagesse préfiguré et préformé, avant d’être fait substantiellement dans la suite. C’est ce que Salomon pensait, à mon avis, lorsqu’il disait dans l’Ecclésiaste : Qu’est-ce qui a été fait ? Cela même qui sera. El qu’est-ce qui a été créé ? Cela même qui sera créé. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Si quelqu’un se met à dire: Voici ceci qui est nouveau, ceci a déjà été dans les siècles qui nous ont précédés. Si donc chaque chose qui est sous le soleil a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés, puisque rien n’est nouveau sous le soleil, sans aucun doute tous les genres et espèces ont toujours été, et peut-être même les individualités. De toute façon est vrai ce qui est ainsi montré : Dieu n’a pas commencé un jour à être créateur, comme s’il ne l’avait pas été auparavant. Traité des Principes: LIVRE I: Premier traité (I, 1-4): Appendice

Nous voyons ce qu’est la fin, lorsque tous les ennemis seront soumis au Christ, lorsque le dernier ennemi sera détruit, la mort, et lorsque la royauté sera transmise à Dieu le Père par le Christ à qui tout a été soumis : à partir de cette fin, dis-je, examinons les commencements des choses. La fin est en effet toujours semblable au commencement : et c’est pourquoi, de même que la fin de toutes choses est l’unité, de même il faut comprendre que le commencement de tout est l’unité. Comme cette fin unique est celle de nombreux êtres, ainsi à partir d’un commencement unique, il y a beaucoup de différences et de variétés qui de nouveau, par la bonté de Dieu, la soumission du Christ et l’unité de l’Esprit Saint, sont ramenées à une seule fin semblable au début. Il s’agit de tous ceux qui, fléchissant le genou devant Jésus, donnent par là témoignage de leur soumission, parmi les êtres célestes, terrestres et infernaux : ces trois catégories désignent tout l’univers, c’est-à-dire ceux qui, à partir d’un commencement unique, se comportant de façon variée chacun de son propre mouvement, ont été répartis en divers ordres selon leur mérite ; car la bonté n’était pas en eux de façon substantielle, comme en Dieu, dans son Christ et dans le Saint Esprit. Dans cette Trinité seule, qui est l’auteur de tout, la bonté est présente de façon substantielle : tous les autres êtres ont une bonté accidentelle et qui peut défaillir ; ils sont donc dans la béatitude quand ils participent à la sainteté, à la sagesse et à la divinité elles-mêmes. Si cependant ils négligent cette participation et ne s’en occupent pas, alors par la faute de leur propre paresse, l’un plus tôt, l’autre plus tard, un troisième plus ou moins profondément, chacun devient pour lui-même cause de sa chute et de sa déchéance. Et puisque, comme nous l’avons dit, cette chute ou cette déchéance, qui éloigne chacun de son état, se produit avec une très grande diversité selon les mouvements de l’intelligence et de la volonté qui font pencher vers le bas, l’un plus légèrement, l’autre plus lourdement, en cela le jugement de la providence de Dieu est juste, car il atteint chacun selon la diversité de ses mouvements dans la mesure de son éloignement et de son agitation. Certes, parmi ceux qui sont restés dans l’état initial, que nous avons décrit semblable à la fin à venir, les uns obtiennent par eux-mêmes dans l’ordonnance et le gouvernement de l’univers le rang des anges, d’autres celui des Vertus, d’autres celui des Principautés, d’autres celui des Puissances – par là évidemment ils exercent leur puissance sur ceux qui ont besoin d’avoir la puissance sur leur tête -, d’autres l’ordre des Trônes, ayant la charge de juger et de diriger ceux qui en ont besoin, d’autres la Domination, sans aucun doute sur des serviteurs : tout cela leur est accordé par la divine providence selon un jugement équitable et juste, d’après leur mérite et leurs progrès, qui les ont fait croître dans la participation et l’imitation de Dieu. Mais ceux qui se sont écartés de l’état de béatitude première, non cependant de façon irrémédiable, sont soumis aux ordres saints et bienheureux que nous avons décrits plus haut, pour être gouvernés et dirigés, afin que, s’ils usent de leur aide, s’ils se réforment d’après leurs instructions et leurs doctrines salutaires, ils puissent revenir à leur état bienheureux et y être rétablis. C’est avec ceux-ci, autant que je puisse le penser, qu’a été constitué cet ordre du genre humain, qui assurément dans le siècle futur ou dans les siècles qui surviendront, lorsqu’il y aura selon Isaïe un ciel nouveau et une terre nouvelle, sera rétabli dans cette unité que promet le Seigneur Jésus lorsqu’il dit à Dieu le Père au sujet de ses disciples : Ce n’est pas pour eux seuls que je te prie, mais pour tous ceux qui croiront par leur parole en moi, afin que tous soient un, comme moi je suis en toi, Père, et toi en moi, afin que ceux-ci soient un en nous. Il ajoute : Afin qu’ils soient un, comme nous, nous sommes un, moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient eux-mêmes consommés en un. L’apôtre Paul lui aussi le confirme : Jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi pour former l’homme parfait, dans la mesure de la pleine maturité du Christ. Et de même cet apôtre nous exhorte, alors que nous sommes encore dans la vie présente, dans l’Église, où se trouve assurément la figure du royaume à venir, à une unité semblable à celle-là : Afin que vous disiez tous les mêmes choses et qu’il n’y ait pas parmi vous de dissensions, afin que vous soyez parfaits dans une seule et même pensée, dans une seule et même opinion. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Première section

En outre, est-ce que quelques-uns de ces ordres qui agissent sous la domination du Diable et obtempèrent à sa malice pourront jamais dans les siècles futurs revenir à la bonté parce que reste en eux la faculté du libre arbitre ? Ou au contraire la malice durable et invétérée ne se changerait-elle pas, par l’habitude, d’une certaine façon en nature ? Que le lecteur juge s’il est possible que de toutes manières, soit dans les siècles des réalités visibles et temporelles, soit dans ceux des réalités invisibles et éternelles, cette partie de la création ne soit pas complètement séparée de cette unité et de cet accord final. Entre-temps cependant, tant dans les siècles des réalités visibles et temporelles que dans ceux des réalités invisibles et éternelles, tous sont gouvernés selon leur ordre, leur nature, leur mesure et la dignité de leurs mérites. Ainsi comme les uns dans les premiers temps et d’autres dans les seconds, certains même dans les derniers, passant par des supplices plus grands et plus lourds, et même durables et supportés, pour ainsi dire, pendant de nombreux siècles, sont réformés par des corrections plus pénibles et rétablis, étant instruits d’abord par les anges, puis même par les puissances des degrés supérieurs, pour être portés ainsi d’étape en étape aux réalités les plus hautes et parvenir à celles qui sont invisibles et éternelles, ayant exercé de cette façon une à une les fonctions des puissances célestes comme dans une sorte d’instruction. C’est ce que montre, à mon avis, la logique : chaque nature raisonnable peut passer d’un ordre à l’autre et parvenir à tous à travers chacun et à chacun à travers tous, puisque chaque être, à cause de la faculté du libre arbitre, est susceptible de progrès ou de déchéances variés, selon ses mouvements et efforts propres. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Première section

Puisque Paul dit qu’il y a des réalités visibles et temporelles et d’autres en outre invisibles et éternelles, nous cherchons comment celles qui se voient sont temporelles : est-ce parce qu’elles n’existeront absolument plus dans toute l’étendue des siècles à venir, où la dispersion et la division de l’unique commencement seront réintégrées dans une seule et unique fin et ressemblance, ou parce que la forme extérieure des réalités visibles passera sans que de toute façon leur substance soit corrompue ? Paul paraît confirmer la seconde solution quand il dit : La forme extérieure de ce monde passera. Mais David semble montrer la même chose en ces termes : Les deux périront, mais toi tu resteras : tous s’useront comme un vêtement et tu les changeras comme un manteau, comme on change de vêtement. Si les cieux seront changés, ce qui est changé assurément ne périt pas ; et si la forme extérieure de ce monde passe, il n’y a pas là une destruction complète, ni une perte de substance matérielle, mais une certaine mutation de qualité et transformation de forme extérieure. Lorsque Isaïe dit prophétiquement qu’il y aura un ciel nouveau et une terre nouvelle, il suggère sans aucun doute une interprétation analogue. Car la rénovation du ciel et de la terre, le changement de la forme extérieure de ce monde, la transformation des cieux, sont préparés sans aucun doute pour ceux qui cheminent sur cette Voie que nous avons montrée plus haut et tendent vers la fin bienheureuse, dans laquelle les ennemis seront soumis, dit l’Écriture, et Dieu sera tout en tous. Si quelqu’un pense que dans cette fin la nature matérielle, c’est-à-dire corporelle, périra entièrement, il m’est absolument impossible de concevoir comment de si nombreux et si grands êtres substantiels pourraient vivre et subsister sans corps, alors que c’est un privilège de la nature de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, qu’on puisse comprendre leur existence sans substance matérielle et sans l’association d’un ajout corporel. Un autre dira peut-être que dans cette fin la substance corporelle sera si limpide et si purifiée qu’on peut la comprendre à la manière de l’éther, comme possédant une pureté et une limpidité célestes. Comment les choses se passeront, seul Dieu le sait avec certitude, et ceux qui sont ses amis par le Christ et par l’Esprit Saint. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Première section

Quant à ceux qui affirment une succession de mondes qui seraient sans différences et tout à fait semblables, je ne sais sur quels arguments ils s’appuient. Si en effet on se représente un monde parfaitement semblable à un autre monde, il sera tel qu’Adam ou Eve y referont tout ce qu’ils ont fait, qu’il y aura un nouveau déluge, que le même Moïse fera sortir une autre fois d’Egypte une population de six cent mille personnes ; Judas lui-même trahira deux fois son maître, Paul gardera une seconde fois les habits de ceux qui lapidaient Étienne, et tout ce qui s’est passé dans cette vie se passera à nouveau. Je ne vois pas avec quelles raisons on pourrait soutenir de telles affirmations, si les âmes possèdent un libre arbitre et sont l’origine de leurs progrès ou de leurs régressions selon le pouvoir de leur volonté. Les âmes ne sont pas déterminées à faire ou à désirer ceci ou cela par un mouvement qui revient sur lui-même suivant les mêmes cercles après beaucoup de siècles, mais elles dirigent le cours de leurs actes là où tendent librement leurs dispositions. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

Les affirmations de ces gens-là sont comparables à celle de quelqu’un qui voudrait qu’il soit possible en jetant à terre une mesure de blé, que la chute des grains se produise une seconde fois d’une manière tout à fait semblable à la précédente, que tous les grains versés retrouvent les mêmes places que la première fois, suivant le même ordre et les mêmes figures que celles qu’ils formaient lorsqu’ils avaient été répandus auparavant : étant donné la quantité innombrable de grains contenus dans cette mesure, il est absolument impossible que cela se produise, même si on recommençait cette opération indéfiniment et continuellement à travers des siècles sans fin. Il me paraît également impossible qu’un monde puisse être rétabli une seconde fois dans le même ordre et la même manière en ce qui concerne les naissances, les morts et les actions ; mais c’est avec des changements non négligeables que des mondes divers peuvent exister, de sorte que des raisons manifestes rendent l’état d’un monde meilleur que celui d’un autre, ou selon les cas pire ou équivalent. Quant à ce qu’il en est du nombre et de la manière d’être de ces mondes, je reconnais mon ignorance. Si quelqu’un pouvait me le montrer, je l’apprendrais volontiers. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

Cependant ce monde est dit l’achèvement de beaucoup de siècles et est lui aussi appelé siècle. Le saint Apôtre enseigne que le Christ n’a pas souffert dans le siècle qui a précédé celui-ci, ni même dans celui qui a existé avant le siècle précédent, et je ne sais si je pourrais énumérer tous les siècles antérieurs dans lesquels il n’a pas souffert. Voici les paroles de Paul qu’on pourrait invoquer pour permettre de comprendre cela : Maintenant, une seule fois, à la consommation des siècles il s’est manifesté pour repousser le péché en se faisant victime. Il dit en effet qu’une seule fois il s’est fait victime et s’est manifesté à la fin des siècles pour repousser le péché. Mais après ce siècle, qui a été fait selon Paul comme la consommation d’autres siècles, surviendront d’autres siècles, et nous l’apprenons aussi clairement du même Paul : Afin qu’il montrât aux siècles à venir les richesses surabondantes de sa grâce dans sa bonté pour nous. Il n’a pas dit : au siècle à venir, ni : aux deux siècles, mais : aux siècles à venir. Je juge en conséquence que cette parole indique une multitude de siècles. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

S’il y a quelque chose de plus grand que les siècles, de sorte qu’on puisse comprendre les siècles des créations, en ce qui concerne d’autres êtres qui dépassent et transcendent les créatures visibles il faut entendre ce qui se passera peut-être dans la restauration de toutes choses, lorsque l’univers parviendra à sa fin parfaite, comme probablement une réalité supérieure au siècle, dans laquelle se produira la consommation de tout. Je suis conduit à cela par l’autorité de l’Écriture sainte qui dit : Dans ce siècle et au delà. Par cette expression : au delà, il veut comprendre sans aucun doute quelque chose de plus qu’un siècle. Voyons si ce que dit le Sauveur : Je veux que là où je suis, ceux-ci soient avec moi, et : Comme toi et moi nous sommes un, afin que ceux-ci aussi soient un en nous, ne semble pas montrer une réalité plus grande que le siècle ou les siècles, peut-être aussi plus grande que les siècles des siècles, à savoir ce qui sera lorsque toutes choses ne seront plus dans le siècle, mais Dieu tout en tous. Traité des Principes: Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes

Il leur reste encore cette phrase que prononce le Seigneur dans les Évangiles et qu’ils pensent leur avoir été donnée en propre comme un bouclier pour les défendre : Personne n’est bon si ce n’est Dieu le Père. Ils disent qu’il y a là le vocable propre au Père du Christ, différent du Dieu créateur de l’univers, qu’on n’a jamais appelé bon. Voyons donc si dans l’Ancien Testament le Dieu des prophètes, le créateur du monde, le législateur, n’est pas nommé bon. Que disent les psaumes ? Qu’il est bon, le Dieu d’Israël, pour les coeurs droits ! Et : Qu’Israël dise maintenant qu’il est bon, que sa miséricorde dure des siècles. Dans les Lamentations de Jérémie il est écrit : Bon est le Seigneur pour qui le garde, pour l’âme qui le cherche. De même que Dieu est fréquemment appelé bon dans l’Ancien Testament, de même dans les Évangiles le Père de notre Seigneur Jésus-Christ est aussi nommé juste. En effet, dans l’Évangile selon Jean, notre Seigneur lui-même prie le Père en ces termes : Père juste, le monde lui-même ne t’a pas connu. Et s’ils disent qu’il appelait Père le créateur du monde à cause de son incarnation et que c’est lui qu’il nommait juste, cette affirmation est exclue par ce qui suit : le monde lui-même ne t’a pas connu. Car selon eux c’est le Dieu bon seul que le monde ignore; car il reconnaît avec pleine vérité son créateur, selon ces paroles du Seigneur lui-même : Le monde aime ce qui est sien. Il est donc manifeste que celui qu’ils croient le Dieu bon est appelé juste dans les Évangiles. Quand on en aura le loisir on pourra rassembler plusieurs témoignages, montrant que dans le Nouveau Testament le Père de notre Seigneur Jésus-Christ est nommé juste et que dans l’Ancien Testament le créateur du ciel et de la terre est dit bon, pour convaincre et confondre une bonne fois les hérétiques par leur nombre. Traité des Principes: Livre II: Premier traité (II, 4-5): Deuxième section

Le saint apôtre, voulant nous donner un grand et mystérieux enseignement au sujet de la connaissance et de la sagesse dans la première épître aux Corinthiens, dit : Mais nous, nous parlons de la sagesse entre parfaits, la sagesse non de ce monde, ni des princes de ce monde qui sont détruits, mais nous parlons de la sagesse de Dieu cachée dans le mystère, celle que Dieu avant tous les siècles a prédestinée à servir à notre gloire, celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue. S’ils l’avaient connue, jamais ils n’auraient crucifié le Seigneur de majesté. Dans ce texte, voulant montrer quelles sont les différentes sagesses, il écrit qu’il y a une certaine sagesse de ce monde et une certaine sagesse des princes de ce monde et qu’autre est la sagesse de Dieu. Par ces paroles : la sagesse des princes de ce monde, il ne veut pas dire, à mon avis, qu’il existe une sagesse pour tous les princes de ce monde, mais, me semble-t-il, il indique qu’il y a une sagesse propre à chacun des princes de ce monde. Pareillement lorsqu’il dit : Mais nous parlons de la sagesse de Dieu cachée dans le mystère, celle que Dieu avant tous les siècles a prédestinée à servir à notre gloire, il faut se demander s’il identifie cette sagesse de Dieu qui est cachée, et que Dieu n’a pas fait connaître dans les autres époques et les autres générations aux fils des hommes comme il l’a révélée maintenant à ses saints apôtres et prophètes, avec cette sagesse de Dieu qui existait aussi avant la venue du Sauveur, celle qui rendait sage Salomon, alors que ce qu’enseigne le Sauveur est plus sage que Salomon, d’après la parole du Sauveur lui-même : Voici qu’il y a ici plus que Salomon : cela montre en effet que les disciples du Sauveur recevaient plus de doctrine que ce qu’avait eu Salomon. Si on objecte que, certes, le Sauveur en savait davantage, mais que cependant il ne donnait pas aux autres plus de doctrine que Salomon, comment concilier avec cela et comment lui accorder logiquement ce qui est dit à la suite : La reine du Midi se dressera au jour du jugement et condamnera les hommes de cette génération, parce qu’elle est venue des confins de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici qu’il y a ici plus que Salomon ! Il y a donc une sagesse de ce monde et il y a aussi une sagesse pour chacun peut-être des princes de ce monde. A propos de la sagesse du Dieu unique il est indiqué, pensons-nous, qu’elle a agi de façon moindre auprès des hommes de l’antiquité, des hommes d’autrefois, mais qu’elle s’est révélée plus complètement et plus clairement dans le Christ. Mais de cette sagesse de Dieu nous traiterons en son lieu. Traité des Principes: Livre III: Septième traité (III, 2-4): Deuxième section

Ensuite, puisqu’un article de la doctrine exprimée par l’Église comporte principalement, selon la foi qu’il faut avoir en notre histoire, que ce monde a été fait et qu’il a commencé à un certain moment, et que, selon la doctrine de la consommation des siècles connue de tous, il sera détruit parce qu’il se corrompra, il ne paraîtra pas absurde de revenir un peu sur le sujet. En ce qui concerne la garantie que donnent les Écritures, la preuve en est très facile. C’est pourquoi, si les hérétiques se sont égarés sur beaucoup d’autres points, sur celui-là, cédant à l’autorité des Écritures, ils paraissent d’accord. Traité des Principes: Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Première section

Mais on nous objecte d’ordinaire : Si le monde a commencé dans le temps, que faisait Dieu avant que le monde ne commence ? Dire que la nature de Dieu est oisive et immobile est à la fois impie et absurde, de même que penser qu’il fut un temps où la bonté ne faisait pas le bien et où la toute-puissance n’exerçait pas sa domination. On nous fait couramment cette objection quand nous disons que le monde a commencé à un certain temps et quand nous comptons les années de sa durée selon le témoignage de l’Écriture. A ces propositions je ne crois pas qu’un hérétique pourrait facilement répondre en gardant la logique de sa doctrine. Mais nous, nous répondrons logiquement en restant fidèles à la règle de la piété : ce n’est pas lorsque Dieu a fait ce monde visible qu’il a commencé à travailler, mais de même qu’après la corruption de ce monde il y en aura un autre, de même, avant que celui-ci soit, il y en a eu, croyons-nous, d’autres. Ces deux points seront confirmés par l’autorité de l’Écriture divine. Isaïe enseigne qu’après ce monde il y en aura un autre : Il y aura un monde nouveau et une terre nouvelle, que je ferai subsister toujours devant ma face, dit le Seigneur. Et l’Ecclésiaste montre qu’avant ce monde il y en eut d’autres : Qu’est-ce qui a été fait ? La même chose que ce qui sera. Et qu’est-ce qui a été créé ? La même chose que ce qui sera créé. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Si quelqu’un dit: voilà cela qui est nouveau. Mais cela a déjà été dans les siècles qui nous ont précédés. Les témoignages prouvent les deux points, que des siècles ont existé avant nous et que des siècles existeront après nous. Il ne faut pas penser que plusieurs mondes ont existé à la fois, mais qu’après celui-ci cependant suivra celui-là : à ce sujet il n’est pas nécessaire de tout reprendre dans le détail, car nous l’avons fait plus haut. Traité des Principes: Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Première section

5, 8. Mais cette soumission s’accomplira selon des manières, des normes et en des temps déterminés, ce qui veut dire que ce n’est pas forcé par une nécessité ou par suite de la violence que le monde entier se soumettra à Dieu, mais par l’action de la parole, de la raison, de l’enseignement, de l’imitation des meilleurs, des bonnes moeurs et aussi des menaces méritées et adaptées qui pèsent justement sur ceux qui négligent de prendre soin de leur salut et de leur intérêt et de veiller à leur guérison. Ainsi, nous aussi, les hommes, dans l’éducation de nos serviteurs et de nos fils, tant qu’ils ne sont pas encore d’âge raisonnable, nous faisons pression sur eux par des menaces et par la crainte : mais lorsqu’ils ont reçu l’intelligence de ce qui est bon, utile et honnête, alors cesse la crainte des coups et, persuadés par la parole et la raison, ils acquiescent à tout ce qui est bon. Mais de quelle manière chacun doit être dirigé en respectant le libre arbitre dans toutes les créatures raisonnables, c’est-à-dire quels sont ceux que la parole de Dieu trouve prêts et capables et ainsi instruits, ceux qu’elle retarde un certain temps, ceux à qui elle se cache complètement, faisant en sorte que leur oreille se tienne loin d’elle, ceux en revanche que, pour avoir méprisé la parole de Dieu qui leur a été indiquée et prêchée, elle accable de ses réprimandes et des châtiments qu’ils subissent en vue de leur salut, exigeant et leur arrachant en quelque sorte la conversion, ceux à qui elle fournit quelques occasions de salut pour que parfois quelqu’un puisse recevoir un salut non douteux à la suite d’une réponse inspirée par la seule foi, pour quelles causes et à quelles occasions tout cela a lieu, que constate en eux la sagesse divine ou quels mouvements de leur volonté voit-elle pour son gouvernement de l’univers : tout cela est su par Dieu seul et par son Fils Unique, par qui a été créé et restauré l’univers, ainsi que par l’Esprit Saint qui sanctifie toutes choses, procède du Père lui-même, possède la gloire dans l’éternité des siècles. Amen. Traité des Principes: Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Première section

Il faut penser que toute notre substance corporelle que voici sera menée à cet état, lorsque tout sera restauré pour être un et lorsque Dieu sera tout en tous. Il ne faut pas comprendre que tout cela s’accomplira d’un seul coup, mais peu à peu et par parties, à travers une succession de siècles sans fin et sans mesure, lorsque insensiblement et point par point l’amendement et la correction seront accomplis : les uns viendront en tête et tendront vers la perfection dans une course plus rapide, d’autres les suivront à une courte distance, d’autres enfin seront beaucoup plus loin ; ainsi à travers quantité de degrés innombrables constitués par ceux qui progressent et se réconcilient avec Dieu, d’ennemis qu’ils étaient auparavant, on parvient au dernier ennemi appelé mort et à sa destruction, pour qu’il ne soit plus ennemi. Lorsque toutes les âmes raisonnables auront été rétablies en cet état, alors la nature de notre corps que voici sera elle aussi menée à la gloire du corps spirituel. De même que, selon ce que nous voyons, parmi les natures raisonnables, celles qui ont vécu de façon indigne à cause de leurs péchés ne sont pas différentes de celles qui ont été invitées à la béatitude à cause de leurs mérites, mais nous voyons les âmes qui étaient auparavant pécheresses, à la suite de leur conversion et de leur réconciliation avec Dieu, appelées de nouveau à la béatitude, de même faut-il penser au sujet de la nature du corps : le corps dont nous nous servons maintenant avec sa grossièreté, sa corruption et son infirmité n’est pas autre que celui dont nous nous servirons alors dans l’incorruption, la force et la gloire, mais ce sera le même qui aura rejeté les infirmités dont il souffre maintenant et se sera changé en gloire, devenu spirituel, de sorte que ce qui avait été un vase d’indignité deviendra par sa purification un vase d’honneur et une demeure de béatitude. Il faut croire qu’il subsistera toujours et immuablement dans cet état par la volonté du créateur ; nous en voyons la garantie dans cette phrase de l’apôtre Paul : Nous avons une maison non faite de main d’homme, éternelle dans les deux. Traité des Principes: Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Seconde section

C’est pourquoi, maintenant qu’une puissance céleste, bien mieux supracéleste, nous a frappés, nous incitant à adorer seulement notre créateur, efforçons-nous de laisser la science des débuts du Christ, c’est-à-dire celle des rudiments, pour être portés vers la perfection, afin qu’on nous parle de la sagesse dont on parle parmi les parfaits. C’est en effet la sagesse dont celui qui l’a acquise promet de parler parmi les parfaits, autre que la sagesse de ce siècle et que la sagesse des princes de ce siècle, celle qui est détruite ; cette sagesse sera imprimée en nous clairement selon la révélation du mystère qui a été tu pendant des siècles sans fin, qui a été dévoilé maintenant par les Écritures prophétiques, et par la manifestation de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, à qui est la gloire dans tous les siècles. Amen. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Première section

La méthode qui nous paraît s’imposer pour l’étude des Écritures et la compréhension de leur sens est la suivante ; elle est déjà indiquée par ces écrits eux-mêmes. Dans les Proverbes de Salomon nous trouvons cette directive concernant les doctrines des divines Écritures : Et toi, inscris trois fois ces choses dans ta réflexion et dans ta connaissance, afin de répondre avec des paroles de vérité aux questions qui te sont posées. Il faut donc inscrire trois fois dans sa propre âme les pensées des saintes Écritures : afin que le plus simple soit édifié par ce qui est comme la chair de l’Écriture – nous appelons ainsi l’acception immédiate – ; que celui qui est un peu monté le soit par ce qui est comme son âme ; mais que le parfait, semblable à ceux dont l’Apôtre dit : Nous parlons de la sagesse parmi les parfaits, non de celle de ce siècle ni des princes de ce siècle qui sont détruits, mais nous parlons de la sagesse de Dieu cachée dans le mystère, que Dieu a prédestinée avant tous les siècles à notre gloire, le soit de la loi spirituelle qui contient une ombre des biens à venir. De même que l’homme est composé de corps, d’âme et d’esprit, de même l’Écriture que Dieu a donnée dans sa providence pour le salut des hommes. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section

L’interprétation spirituelle est pour celui qui peut montrer quelles sont les réalités célestes dont on trouve les symboles et les ombres dans le culte des Juifs selon la chair et quels sont les biens à venir dont la loi possède l’ombre. Bref, en toutes choses, selon le commandement apostolique, il faut chercher la sagesse cachée dans le mystère, celle que Dieu a prédestinée avant tous les siècles à la gloire des justes, celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue. L’Apôtre dit quelque part, en se servant de certains textes de l’Exode et des Nombres, que : Cela leur est arrivé comme des figures, mais fut écrit pour nous, pour qui survient la fin des siècles. Et il donne l’occasion de comprendre de quoi ces événements étaient des figures lorsqu’il dit : Ils buvaient du rocher spirituel qui les accompagnait, ce rocher était le Christ. Et pour esquisser ce qui concerne le tabernacle, dans une autre épître il a utilisé la phrase : Tu feras tout selon le modèle qui t’a été montré sur la montagne. Certes, dans l’Épître aux Galates, comme pour blâmer ceux qui pensent lire la loi et ne la comprennent pas, jugeant qu’ils ne la comprennent pas parce qu’ils croient qu’il n’y a pas des allégories dans ces écrits, il leur dit : Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n’entendez-vous pas la loi ? Il est écrit qu’Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre. Mais celui de l’esclave est né selon la chair, celui de la femme libre selon la promesse: ce sont des allégories. Ce sont en effet les deux Testaments, etc. Il faut observer chacune de ses paroles ; il dit en effet : Vous qui voulez être sous la loi – non : vous qui êtes sous la loi – et : N’entendez-vous pas la loi ? Il pense en effet qu’entendre signifie comprendre et connaître. Dans l’Epître aux Colossiens, il résume en peu de mots la volonté de toute la législation : Que personne ne vous juge sur la nourriture ou la boisson, sur les fêtes, néoménies ou sabbats, avec leur caractère partiel, car ce sont l’ombre des réalités futures. Ecrivant aussi aux Hébreux et discutant de ceux de la circoncision, il écrit : Ceux qui adorent selon la figure et l’ombre des réalités célestes. Mais vraisemblablement, par là, ceux qui acceptent une bonne fois l’Apôtre comme un homme de Dieu ne pourraient douter des cinq livres attribués à Moïse ; mais en ce qui concerne le reste de l’histoire, ils veulent apprendre si celle-là aussi est arrivée comme des figures. Il faut remarquer ce passage de l’Épître aux Romains : Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal, qui se trouve dans le Troisième Livre des Rois : Paul l’a compris des Israélites selon l’élection, car il n’y a pas que les Gentils qui ont tiré profit de la venue du Christ, mais aussi quelques-uns de la race divine. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section

C’est pourquoi il est souhaitable que chacun dans la mesure de ses forces tende à ce qui est devant, oubliant ce qui est en arrière, qu’il s’agisse des oeuvres meilleures ou aussi d’une intelligence et compréhension plus pure, par Jésus-Christ notre Sauveur à qui appartient la gloire pour les siècles. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section

Notre affirmation qu’il n’y a jamais eu un temps où le Fils n’était pas doit être entendue avec indulgence. Car ces mots eux-mêmes portent la signification d’un vocabulaire temporel, un quand et un jamais ; or c’est par-delà tout temps, tout siècle et toute éternité qu’il faut entendre ce qui est dit du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. C’est la Trinité seule qui dépasse toute signification qu’on puisse comprendre de caractère non seulement temporel, mais éternel : car les autres êtres, en dehors de la Trinité, sont à mesurer par siècles et par temps. En conséquence, personne ne pensera que ce Fils de Dieu, en tant qu’il est le Dieu-Parole qui était dans le principe auprès de Dieu, soit contenu dans un lieu quelconque, ni en tant qu’il est Sagesse, ni en tant qu’il est Vérité, ni en tant qu’il est Vie, Justice, Sanctification, Rédemption : car toutes ces dénominations du Fils n’ont pas besoin de lieu pour faire ou opérer quelque chose, mais il faut comprendre chacune d’elles en fonction de ceux qui participent à sa puissance et à son opération. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section