Celse déclare ensuite, j’ignore sous quelle impulsion : Les chrétiens paraissent exercer un pouvoir par les invocations des noms de certains démons, faisant allusion, je pense, aux exorcistes qui chassent les démons. Mais il semble manifestement calomnier l’Evangile. Ce n’est point par des invocations qu’ils semblent exercer un pouvoir, mais par le nom de Jésus joint à la lecture publique des récits de sa vie. En effet, cette lecture aboutit souvent à chasser les démons des hommes, surtout lorsque les lecteurs lisent avec une disposition saine de foi véritable. Mais telle est la puissance du nom de Jésus contre les démons que parfois, même prononcé par des méchants, il réalise son effet. Voilà ce qu’enseignait Jésus en disant : « Beaucoup me diront en ce jour-là : par ton nom nous avons chassé les démons et fait des miracles». » Celse n’en fait pas mention : volontairement et par malice, ou par ignorance, je ne sais. Ensuite il accuse même le Sauveur : C’est par magie qu’il a pu faire les miracles qu’il parut accomplir; et prévoyant que d’autres, au courant des mêmes secrets, allaient faire la même chose en se vantant de le faire par la puissance de Dieu, Jésus les chassa de sa société. Et il élève cette accusation : S’il a le droit de les chasser, alors, coupable des mêmes fautes, il est lui-même un vilain personnage; ou si lui-même n’est pas vilain de les avoir faites, ceux qui agissent comme lui ne le sont pas non plus. Bien au contraire : même s’il semblait impossible de répondre à la question « comment Jésus a fait cela ? », il est manifeste que les chrétiens n’utilisent aucune pratique d’incantations, mais le nom de Jésus avec d’autres paroles auxquelles ils ont foi d’après la divine Ecriture. LIVRE I
Ensuite, puisqu’il appelle souvent secrète notre doctrine, il faut aussi le réfuter sur ce point. Le monde presque entier connaît . la prédication des chrétiens mieux que les thèses favorites des philosophes. Qui donc ignore de Jésus sa naissance d’une vierge, sa crucifixion, sa résurrection objet de foi pour un grand nombre, et la menace du jugement de Dieu qui, selon leurs mérites, punira les pécheurs et récompensera les justes ? Bien plus, le mystère de la résurrection, parce qu’il n’est point compris, est la risée incessante des incroyants. Dire que sur ces points notre doctrine est secrète, c’est le comble de l’absurdité. Et qu’il existe, comme au delà des matières d’enseignement public, certains points inaccessibles à la foule n’est pas propre à la seule doctrine des chrétiens , c’est aussi le cas des philosophes dont certaines doctrines étaient exotériques, et d’autres, ésotériques Des auditeurs de Pythagore s’en tenaient au « Il l’a dit », mais d’autres étaient instruits en secret de vérités inaccessibles aux oreilles profanes et non encore purifiées. De plus, tous les mystères célèbres en tous lieux de la Grèce ou de la barbarie, pour être secrets, n’ont pas été calomniés. C’est donc sans fondement, ni intelligence exacte du secret du christianisme qu’il le calomnie. LIVRE I
Ensuite Celse déclare en propres termes : “S’ils veulent bien répondre à mes questions, non que je cherche à me documenter, car je sais tout, mais je porte à tous une égale sollicitude, à la bonne heure ! Mais s’ils ne veulent pas, avec leur habituelle fin de non recevoir: N’examine pas… etc., alors il sera nécessaire de leur apprendre la nature vraie des doctrines qu’ils professent et la source dont elles proviennent…” etc. A son « car je sais tout », le comble de vantardise dont il ait eu l’audace, il faut répliquer : si jamais il avait lu les prophètes notamment, remplis de ce que tout le monde reconnaît comme des énigmes et des paroles qui restent obscures à la foule, s’il avait abordé les paraboles évangéliques, le reste de l’Ecriture, la loi, l’histoire juive, les discours des apôtres, et s’il avait voulu, par une lecture judicieuse, pénétrer jusqu’au sens des expressions, il n’aurait pas eu cette audace de dire « car je sais tout ». Même moi, qui leur ai consacré mon temps, je ne dirais pas «car je sais tout», car j’aime la vérité. Nul d’entre nous ne dira « car je sais tout » du système d’Épicure, ou n’aura la témérité de croire qu’il sait tout du platonisme, tant sont nombreuses les divergences même entre ceux qui en font l’exposé. Qui donc est assez téméraire pour dire « car je sais tout » du stoïcisme, tout du péripatétisme ? A moins par hasard qu’il n’ait appris ce « car je sais tout » de gens du peuple inconscients de leur propre ignorance, et qu’il ne croie tout connaître pour avoir eu de tels maîtres ! Son attitude évoque celle d’un homme qui aurait séjourné en Egypte ; là les sages donnent, d’après les livres sacrés du pays, nombre d’interprétations philosophiques d’usages qu’ils tiennent pour divins, tandis que le vulgaire, connaissant par ouï-dire quelques mythes dont il ne sait pas la portée doctrinale, en conçoit un vif orgueil ; et notre homme croirait savoir toute la doctrine des Egyptiens, pour s’être fait disciple des profanes de là-bas, sans avoir fréquenté un seul des prêtres, ni reçu d’aucun d’eux les enseignements secrets des Egyptiens. Et ce que j’ai dit des sages et des profanes de l’Egypte, on peut le voir également chez les Perses : là aussi il y a des initiations interprétées rationnellement par l’élite du pays, mais accomplies dans leurs figures extérieures par la multitude plus superficielle. Et il faut en dire autant des Syriens, des Indiens, de tous ceux qui possèdent des mythes et des livres sacrés. LIVRE I
Ensuite, soupçonnant les grandes oeuvres accomplies par Jésus que l’on pourrait produire, et dont je n’ai mentionné qu’une infime partie, Celse affecte de concéder la vérité de “tout ce qui est écrit des guérisons, de la résurrection, de quelques pains qui ont nourri la foule et dont il resta quantité de morceaux, et de tout ce que les disciples, à grand renfort de merveilleux”, pense-t-il, “ont raconté d’autre. Eh bien ! ” ajoute-t-il, “croyons que tu as accompli ces oeuvres !” Et aussitôt il les assimile “aux oeuvres des sorciers qui promettraient d’accomplir des choses assez étonnantes, et aux exploits des disciples des Egyptiens: ils vendent au milieu des places publiques pour quelques oboles leurs secrets vénérables, chassent des hommes les démons, guérissent d’un souffle les maladies, évoquent les âmes des héros, exhibent des repas plantureux, des tables de friandises et de victuailles de toutes sortes en réalité inexistantes, font mouvoir comme vivant ce qui ne l’est pas vraiment mais ne paraît tel qu’à l’imagination. Faudra-t-il donc”, poursuit-il, “ces faiseurs de tours, les croire fils de Dieu, ou bien reconnaître là des pratiques d’hommes pervers et possédés de mauvais génies ? ” LIVRE I
Les Égyptiens, formés au culte d’Antinoos, supporteraient qu’on lui compare Apollon ou Zeus, car c’est l’honorer que le mettre au même rang. Il y a donc, pour Celse, un mensonge manifeste à dire : Ils ne supporteraient pas qu’on lui compare Apollon ou Zeus. Les chrétiens ont appris que la vie éternelle consistait pour eux à connaître « le seul véritable Dieu » suprême, et « Celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ » ; ils savent que « tous les dieux des païens sont des démons » avides, rôdant autour des victimes, du sang et des exhalaisons des sacrifices, pour tromper ceux qui ne cherchent pas refuge auprès du Dieu suprême ; ils savent que les anges de Dieu, au contraire, divins et saints, sont de tout autre nature et caractère que les démons de la terre, et sont connus du très petit nombre de ceux qui ont fait de la question une étude intelligente et approfondie : ils ne supporteraient pas une telle comparaison avec Apollon, Zeus, ou tout autre qu’on adore par le fumet de la graisse, le sang et les victimes. Certains dans leur grande simplicité ne savent pas rendre raison de leur conduite, bien qu’ils gardent judicieusement le dépôt qu’ils ont reçu. Mais d’autres le font avec des raisons non pas insignifiantes mais profondes ou, dirait un Grec, ésotériques et époptiques. Elles contiennent une ample doctrine sur Dieu, sur les êtres auxquels Dieu fait l’honneur, par son Logos, Fils unique de Dieu, de participer à sa divinité et par le fait même à son nom ; une ample doctrine également sur les anges divins et sur ceux qui sont ennemis de la vérité pour s’être trompés et, par suite de leur erreur, se sont proclamés dieux, anges de Dieu, bons démons, héros qui doivent leur existence à la métamorphose de bonnes âmes humaines. Ces chrétiens établiront aussi que, comme en philosophie beaucoup se figurent être dans le vrai pour s’être laissés abuser par des raisons spécieuses ou avoir adhéré avec précipitation aux raisons, présentées ou découvertes par d’autres, de même parmi les âmes sorties des corps, les anges et les dénions, certains furent entraînés pour des raisons spécieuses à se proclamer dieux. Et parce que ces doctrines, chez les hommes, ne peuvent être découvertes avec une parfaite exactitude, il a été jugé sûr pour l’homme de ne se confier à personne comme à Dieu, sauf au seul Jésus-Christ modérateur suprême qui a contemplé ces très profonds secrets, et les communique à un petit nombre. LIVRE III
Mais le Logos entend que nous soyons sages, et on peut le montrer soit par les anciennes Écritures juives dont nous gardons l’usage, soit aussi par celles qui sont postérieures à Jésus dont les églises reconnaissent l’inspiration divine. Or il est écrit, au cinquantième psaume, que David dit dans sa prière à Dieu : « Tu m’as révélé les secrets et les mystères de ta sagesse. » Et en lisant les psaumes, on trouve ce livre rempli d’un grand nombre de sages doctrines. De plus, Salomon demanda et obtint la sagesse ; et de sa sagesse, on peut reconnaître les marques dans ses écrits, quand il enferme en peu de mots une grande profondeur de pensée : on y trouverait, entre autres, nombre d’éloges de la sagesse et d’exhortations sur le devoir de l’acquérir. Et telle était même la sagesse de Salomon que la reine de Saba, ayant appris sa « renommée et la renommée du Seigneur », vint « le mettre à l’épreuve en lui posant des énigmes. Elle lui dit tout ce qui était dans son coer. Et Salomon répondit à toutes ses questions ; et il n’y eut pas une question qui resta cachée au roi, sur laquelle il ne lui fournit de réponse. La reine de Saba vit toute la sagesse de Salomon » et toutes ses ressources. « Et hors d’elle-même, elle dit au roi : C’est donc la vérité que j’ai entendu dire dans mon pays sur toi et sur ta sagesse ; je n’ai pas voulu y croire quand on m’en faisait part, avant de venir et de voir de mes yeux. Et voici qu’on ne m’en avait pas dit la moitié. Tu surpasses en sagesse et en magnificence tout ce que j’ai appris par ouï-dire. » Et justement il est écrit de lui : « Dieu donna à Salomon une intelligence et une sagesse extrêmement grandes, et un coer aussi vaste que le sable du rivage de la mer. Et la sagesse de Salomon surpassait de beaucoup l’intelligence de tous les anciens et de tous les sages d’Egypte. Il fut plus sage que tous les hommes, plus sage que Gétan l’Ezrahite, et qu’Emad, Chalcad, Aradab, fils de Mad. Il était renommé dans toutes les nations d’alentour. Salomon prononça trois mille paraboles, et ses cantiques étaient au nombre de cinq mille. Il a parlé des plantes, depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope qui se fraye un chemin dans la muraille. Il a parlé des poissons comme du bétail. Tous les peuples venaient entendre la sagesse de Salomon, et on venait de la part de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse. » LIVRE III
Passons à la suite de son texte : Mais voici, je suppose, sur les places publiques ceux qui divulguent leurs secrets et font la quête. Jamais ils n’approcheraient d’une assemblée d’hommes prudents avec l’audace d’y dévoiler leurs beaux mystères. Aperçoivent-ils des adolescents, une foule d’esclaves, un rassemblement d’imbéciles, ils s’y précipitent et s’y pavanent ! Vois donc là encore de quelle façon il nous calomnie, en nous assimilant à ceux qui divulguent leurs secrets et font la quête sur les places publiques. Quels secrets divulguons-nous ? Que faisons-nous de pareil, nous qui, lisant des textes et les expliquant, exhortons à la piété envers le Dieu de l’univers et aux vertus qui règnent avec elle, et détournons du mépris envers Dieu et de tous les actes contraires à la droite raison ? Les philosophes eux-mêmes souhaiteraient des cercles aussi nombreux d’auditeurs de leurs exhortations à la vertu ! Ainsi ont procédé en particulier certains Cyniques, qui s’entretenaient en public avec tous les passants. Dira-t-on de même, parce qu’au lieu de rassembler ceux qu’on jugeait cultivés, ils appelaient aux carrefours des auditeurs qu’ils groupaient, que ces philosophes ont ressemblé à ceux qui divulguent leurs secrets et font la quête sur les places publiques ? Mais non, ni Celse, ni aucun de ses partisans ne blâmera ceux qui se font un devoir d’humanité de proposer leurs doctrines même aux simples gens du peuple. LIVRE III
Or, si cette conduite ne leur vaut pas de blâme, voyons si, plus et mieux que ces philosophes, les chrétiens n’exhortent pas les foules à la parfaite honnêteté. Les philosophes qui ont des entretiens publics ne divisent pas les auditeurs en classes : le premier venu s’arrête et écoute. Les chrétiens, autant qu’il leur est possible, commencent par éprouver les âmes de ceux qui veulent être leurs auditeurs, et par les former en particulier. Lorsque les auditeurs, avant l’entrée dans la communauté, semblent en progrès suffisant dans la volonté de vivre vertueusement, alors ils les introduisent. Ils font à part un groupe des commençants qu’on vient d’initier et qui n’ont pas encore reçu le symbole de la purification ; puis un autre, de ceux qui ont fourni les meilleures preuves de leur décision de ne vouloir rien d’autre que ce qui est approuvé des chrétiens. Parmi eux, certains ont la charge d’enquêter sur la vie et la conduite des candidats, pour interdire l’accès de leur assemblée commune aux gens coupables de fautes secrètes, mais d’accueillir les autres de toute leur âme et les rendre meilleurs chaque jour. Et voici leur conduite à l’égard des pécheurs, surtout des impudiques : ils les chassent de leur communauté, eux qui, d’après Celse, ressembleraient à ceux qui divulguent leurs secrets sur les places publiques ! La vénérable école pythagoricienne, les considérant comme des morts, élevait des cénotaphes aux apostats de sa philosophie. Les chrétiens, eux, pleurent comme des défunts, parce que perdus et morts à Dieu, ceux qui se sont laissé vaincre par la luxure ou un autre désordre. Quand ils manifestent une conversion sérieuse, au bout d’un temps plus long que lors de leur première initiation, ils les admettent de nouveau comme ressuscites d’entre les morts ; mais on ne nomme à aucune charge ni présidence de l’« Église de Dieu » ceux qui sont tombés après leur accession au christianisme. LIVRE III
Vois donc, après cela, s’il n’y a pas un mensonge flagrant et une comparaison sans aucun rapport dans la parole de Celse : Voici sur les places publiques ceux qui divulguent leurs secrets et font la quête. Or ces gens, auxquels Celse nous assimile, qui divulguent leurs secrets et font la quête sur les places publiques, n’approcheraient jamais, dit-il, une assemblée d’hommes prudents avec l’audace d’y dévoiler leurs beaux mystères. Aperçoivent-ils des adolescents, une foule d’esclaves, un rassemblement d’imbéciles, ils s’y précipitent, et s’y pavanent ! Il ne fait là rien d’autre que nous insulter comme font les femmes aux carrefours à seule fin de se renvoyer des injures. Car nous faisons tout notre possible pour que notre assemblée se compose d’hommes prudents, et alors nous avons l’audace, dans les entretiens adressés à la communauté, de proposer en public nos plus beaux et divins mystères, lorsque nous avons à notre portée des auditeurs intelligents. Mais nous tenons cachés et passons sous silence les mystères plus profonds, quand nous voyons que les gens rassemblés sont plus simples et ont besoin d’enseignements que nous appelons, par métaphore, « du lait ». LIVRE III
Nous dirions, d’après lui, nous qui pour lui sommes des vers, que, puisqu’il en est parmi nous qui pèchent, Dieu viendra vers nous, ou enverra son Fils afin de livrer aux flammes les injustes, et pour que nous, les grenouilles qui restons, nous ayons avec lui une vie éternelle. Remarque à quel point, comme un bouffon, ce grave philosophe tourne en raillerie, en ridicule et en dérision la promesse divine d’un jugement, châtiment pour les injustes, récompense pour les justes ! Et brochant sur le tout il dit : Voilà des sottises plus supportables de la part de vers et de grenouilles que de Juifs et de chrétiens dans leurs disputes ! Nous nous garderons bien de l’imiter et de dire pareille chose des philosophes qui prétendent connaître la nature du monde et débattent entre eux le problème de la constitution de l’univers, de l’origine du ciel et de la terre et de tout ce qu’ils renferment, et la question de savoir si les âmes sont inengendrées et non créées par Dieu, bien qu’elles soient soumises à son gouvernement, et si elles changent de corps, ou si, inséminées avec les corps, elles leur survivent ou ne leur survivent pas. Car on pourrait là aussi, loin de prendre au sérieux et d’admettre la sincérité de ceux qui se sont voués à la recherche de la vérité, déclarer en injurieuse moquerie que c’est le fait de vers qui dans un coin du bourbier de la vie humaine ne mesurent pas leurs limites, et pour cette raison en viennent à trancher, comme s’ils les avaient dominés, sur des sujets sublimes, et qu’ils parlent avec assurance, comme s’ils les avaient contemplées, de réalités qu’on ne peut contempler sans une inspiration supérieure et une puissance divine : « Car personne chez les hommes ne sait les secrets de l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui. De même, nul ne connaît les secrets de Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. » Nous n’avons pas la folie de comparer la splendide intelligence de l’homme, en prenant intelligence au sens usuel, au grouillement des vers et autres bêtes de ce genre, quand elle n’a cure des affaires de la foule mais s’adonne à la recherche de la vérité. Au contraire, sincèrement nous rendons témoignage que certains philosophes grecs ont connu Dieu, puisque « Dieu s’est manifesté à eux », même s’« ils ne l’ont pas honoré ni remercié comme Dieu, mais sont devenus vains dans leurs raisonnements », et si, « dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous, et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible contre une représentation, simple image d’hommes corruptibles, d’oiseaux, de quadrupèdes, de reptiles ». LIVRE IV
Ensuite, comme s’il avait quelques secrets sur l’origine du mal, mais les taisait pour ne dire que ce qui est adapté aux foules, il ajoute qu’il suffit de dire à la foule sur l’origine du mal que le mal ne vient pas de Dieu, qu’il est inhérent à la matière et réside dans les êtres mortels. Or il est bien vrai que le mal ne vient pas de Dieu. Car selon notre Jérémie il est clair que : « De la bouche du Seigneur ne sortent pas le mal et le bien. » Mais pour nous il n’est pas vrai que la matière qui réside dans les êtres mortels soit la cause du mal. L’esprit de chacun est cause de sa malice personnelle : c’est elle le mal ; les maux sont seulement les actions qu’elle commande, et pour nous, à parler en rigueur de termes, rien d’autre n’est un mal. Mais je sais que le sujet requiert une discussion et une argumentation développées : grâce à un don de Dieu illuminant l’esprit, elles peuvent être menées à bien par celui que Dieu juge digne de pareille connaissance. LIVRE IV
Après cela, comme s’il s’acharnait à rabaisser davantage la race des hommes en les assimilant aux êtres sans raison, et voulait ne rien omettre des traits qui manifestent la supériorité qui est dans les êtres sans raison, il déclare que même les pouvoirs de la magie sont aussi dans quelques-uns des êtres sans raison, en sorte que, jusqu’en cette matière, les hommes ne sauraient se glorifier spécialement, ni prétendre détenir la supériorité sur les êtres sans raison. Voici ses paroles : Mais si les hommes tirent vanité des pouvoirs de la magie, même en cette matière encore, serpents et aigles ont plus de science : ils connaissent du moins beaucoup de remèdes contre les poisons et les maladies, ainsi que les vertus de certaines pierres qu’ils utilisent pour sauver leurs petits; les hommes, s’ils les trouvent, s’estiment en possession d’un merveilleux trésor. Et d’abord, je ne sais pourquoi il donne le nom de magie à la connaissance de contrepoisons naturels dont les animaux ont soit l’expérience, soit une perception naturelle ; car le mot de magie a d’ordinaire une autre acception. Peut-être, cependant, veut-il, en épicurien, attaquer sans en avoir l’air tout usage de ces pratiques qui aurait pour base la prétention des sorciers. Malgré cela, en lui concédant que les hommes, sorciers ou non, tirent vanité de la connaissance de ces secrets, est-ce une raison de dire que les serpents ont plus de science que les hommes en cette matière, pour la raison qu’ils emploient le fenouil pour aviver leur vue et se mouvoir plus vite, quand c’est pour eux un don naturel venant non du raisonnement, mais de leur constitution. Les hommes n’y arrivent point par la seule nature, à la manière des serpents, mais soit par expérience, soit par la raison et parfois par l’exercice du raisonnement scientifique. De même, si les aigles, pour sauver leurs petits dans leur nid, y portent l’aétite qu’ils trouvent, pourquoi conclure que les aigles ont une science, et même une science supérieure à celle des hommes qui ont, par expérience, découvert grâce à leur raisonnement et employé avec intelligence ce secours naturellement donné aux aigles ? Mais accordons que d’autres contrepoisons soient connus des animaux. LIVRE IV
Donc, si les oiseaux et tous les autres animaux divinateurs prévoient par don de Dieu l’avenir et nous l’enseignent par des signes, ils semblent être par nature d’autant plus proches de l’union avec Dieu, plus savants et plus chers à Dieu. Des hommes intelligents disent même qu’il y a entre les oiseaux des entretiens, évidemment plus saints que les nôtres; eux-mêmes comprennent quelque peu leurs paroles; la preuve qu’ils donnent en pratique de cette compréhension est que, quand ils ont prévenu que les oiseaux leur ont annoncé qu’ils iraient à tel endroit pour y faire une chose ou l’autre, ils montrent qu’ils y vont bien et font ce qu’en fait ils avaient prédit. En outre, nul ne semble plus fidèle au serment, plus docile à la divinité que les éléphants, sans aucun doute parce qu’ils ont quelque connaissance de Dieu. Voilà bien comme il tranche et donne comme avérés bien des points en question chez les philosophes tant grecs que barbares, qui ont découvert ou appris de certains démons les secrets des oiseaux et des autres animaux par qui, dit-on, certains pouvoirs de divination ont été communiqués aux hommes. LIVRE IV
Nous affirmons que Moïse, pour nous le prophète de Dieu et son véritable serviteur, retrace ainsi le partage des peuples de la terre dans le Cantique du Deutéronome : « Quand le Très-Haut divisait les nations, quand il répartissait les fils d’Adam, il fixa les limites des nations suivant le nombre d’anges de Dieu, mais le lot du Seigneur, ce fut son peuple Jacob, et le lot de son héritage Israël. » Sur la division des nations, le même Moïse, dans son livre de la Genèse, raconte sous la forme d’une histoire : « Et toute la terre n’avait qu’une langue, avec les mêmes mots pour tous. Et il advint que, se déplaçant du Levant, ils trouvèrent une plaine au pays de Sennaar et ils s’y établirent. » Et peu après : « Le Seigneur descendit voir la ville et la tour que les fils des hommes avaient bâtie. Et le Seigneur dit : ” Voici qu’ils ne forment qu’une seule race avec une seule langue pour tous. Ils ont commencé là leurs entreprises, et maintenant, ils n’auront de cesse qu’ils n’aient accompli tout ce qu’ils désirent. Allons ! Descendons ! Et là confondons leur langage, pour que chacun ne comprenne plus la parole de son voisin. ” Et le Seigneur les dispersa de là sur la face de toute la terre, et ils cessèrent de bâtir la ville et la tour. Voilà pourquoi on lui donna le nom de Confusion, car c’est là que le Seigneur confondit la langue de toute la terre, et c’est de là que le Seigneur les dispersa sur la face de toute la terre “. Dans le livre intitulé la Sagesse de Salomon traitant de la sagesse et de ceux qui vivaient lors de la confusion des langues, quand eut lieu le partage des peuples de la terre, il est ainsi parlé de la sagesse : « Et lorsque, unanimes en leur perversité, les nations eurent été confondues, c’est elle qui discerna le juste, le conserva sans reproche devant Dieu, et le garda fort contre sa tendresse pour son enfant.» Le sujet comporte une profonde doctrine mystique à laquelle s’applique la parole : « Il est bon de cacher le secret du roi. » Il ne faut pas livrer aux oreilles profanes la doctrine sur l’entrée des âmes dans le corps qui n’est pas due à la métensomatose ; il ne faut pas donner aux chiens les choses sacrées, ni jeter les perles aux pourceaux. Ce serait une impiété impliquant une trahison des secrets oracles de la sagesse de Dieu, d’après la belle sentence : « La sagesse n’entrera pas dans une âme perverse, elle n’habitera pas dans un corps tributaire du péché. » Pour les vérités cachées sous la forme d’une histoire, il suffît de les présenter selon la forme de cette histoire pour permettre à ceux qui le peuvent de dégager pour eux-mêmes la signification du passage. Qu’on se représente donc tous les peuples sur la terre, usant d’une même langue divine et, aussi longtemps du moins qu’ils vivent en accord les uns avec les autres, persistant à user de cette langue divine. Ils restent sans s’éloigner du Levant tant qu’ils ont l’esprit sensible aux effets de la lumière et du rayonnement « de la lumière éternelle ». Et quand, l’esprit rempli de préoccupations étrangères au Levant, ils se sont éloignés du Levant, ils trouvent « une plaine dans le pays de Sennaar », ce qui s’interprète ébranlement des dents pour indiquer symboliquement qu’ils ont perdu les moyens de se nourrir ; et ils y habitent. Ils veulent ensuite rassembler des matériaux et unir au ciel ce qui ne peut naturellement y être uni, pour conspirer avec la matière contre ce qui est immatériel. LIVRE V
S’il en va ainsi des noms humains, que faut-il penser des noms attribués pour une raison ou l’autre à la divinité ? Par exemple, il y a en grec une traduction du mot Abraham, une signification du nom Isaac, un sens évoqué par le son Jacob. Et si, dans une invocation ou un serment, on nomme « le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob », la formule produit son effet, soit par la qualité naturelle de ces noms, soit par leur puissance. Car les démons sont vaincus et dominés par celui qui prononce ces noms. Mais si l’on dit : le Dieu du père choisi de l’écho, le Dieu du rire, le Dieu du supplanteur, on n’obtient pas plus d’effet qu’avec un autre nom dépourvu de puissance. On n’aurait pas plus de résultat en traduisant en grec ou dans une autre langue le nom d’Israël ; mais, en le conservant et en lui adjoignant ceux auxquels ont coutume de l’unir les gens experts en la matière, on peut réaliser l’effet promis à ces invocations faites dans cette langue. On dira la même chose du mot Sabaoth, fréquemment employé dans les incantations. A traduire ce nom : Seigneur des puissances, Seigneur des Armées, Tout-Puissant – car ses traducteurs lui donnent différentes acceptions ?, l’effet en sera nul ; alors que si on lui garde sa sonorité propre, on obtiendra de l’effet, au dire des spécialistes. On dira la même chose du mot Adonaï. Si donc ni Sabaoth, ni Adonaï, dans la traduction grecque de ce qu’ils semblent signifier n’ont aucun effet, combien plus seront-ils dépourvus d’efficacité et de puissance quand on croit qu’il est indifférent d’appeler Zeus Très-Haut, Zen, Adonaï, Sabaoth ! Instruits de tels secrets et d’autres semblables, Moïse et les prophètes ont interdit de prononcer « les noms d’autres dieux » par une bouche habituée à ne prier que le Dieu suprême, et de se ressouvenir d’eux dans un c?ur exercé à se garder de toute vanité de pensées et de paroles. C’est aussi la raison pour laquelle nous préférons supporter tous les mauvais traitements plutôt que de reconnaître Zeus pour Dieu. Car nous pensons que Zeus n’est pas identique à Sabaoth mais que, loin d’être une divinité, il n’est qu’un démon prenant plaisir à être ainsi nommé, ennemi des hommes et du Dieu véritable. Et même si les Égyptiens nous proposent Amon en nous menaçant de châtiments, nous mourrons plutôt que de proclamer Amon dieu : c’est un nom probablement usité dans certaines incantations égyptiennes qui évoquent ce démon. Libre aux Scythes de nommer Papaeos le Dieu suprême : nous ne le croirons pas. Nous admettons bien le Dieu suprême, mais refusons de donner à Dieu le nom propre de Papaeos, qui n’est qu’un nom agréable au démon ayant en partage le désert, la race et la langue des Scythes. Mais ce n’est pas pécher que de donner à Dieu le nom commun en langue scythe, égyptienne, ou toute autre langue maternelle. LIVRE V
Il cite d’autres paroles de Platon, expliquant que le Bien est connaissable à un petit nombre, parce que c’est avec un injuste mépris, pleins d’un espoir hautain et inconsistant, comme s’ils avaient appris des secrets sublimes, que la plupart présentent comme vrai n’importe quoi. Il ajoute : Platon l’avait dit, cependant, il ne donne pas dans le merveilleux, il ne ferme pas la bouche à ceux qui veulent s’enquérir de ce qu’il promet, il n’exige pas aussitôt de croire que Dieu est tel, qu’il a tel Fils, que celui-ci est descendu s’entretenir avec moi. A quoi je réponds : de Platon Aristandre, je crois, a écrit qu’il n’était pas fils d’Ariston, mais d’un être qui, apparaissant sous les traits d’Apollon, s’approcha d’Amphictione ; et plusieurs autres platoniciens l’ont répété dans la biographie de Platon. Faut-il évoquer Pythagore et tous ses récits merveilleux, qui, dans une assemblée solennelle des Grecs, montra sa cuisse d’ivoire et prétendit reconnaître le bouclier dont il s’était servi lorsqu’il était Euphorbe et apparut, dit-on, dans deux villes le même jour ? Comme trait de merveilleux à critiquer dans l’histoire de Platon et de Socrate, on citera encore le cygne qui s’était montré à Socrate durant son sommeil et la parole du maître quand on lui présenta le jeune homme : « Le cygne c’était donc lui ! » Encore un trait de merveilleux, ce troisième oeil que Platon se flattait de posséder. Mais aux gens mal disposés, acharnés à décrier les apparitions reçues par ceux qui sont supérieurs à la foule, jamais la calomnie et la diffamation ne feront défaut : il y en aura même pour se moquer du démon de Socrate comme d’une fiction. LIVRE VI
D’où la déclaration de Paul : « A l’un, un discours de sagesse est donné par l’Esprit, à l’autre un discours de connaissance selon le même Esprit, à un autre la foi dans le même Esprit. » Pour cette raison, ce ne sont pas les premiers venus que l’on pourrait trouver en possession de la divine sagesse, mais ceux qui sont éminents et supérieurs parmi tous les adhérents au christianisme ; et ce n’est point aux plus incultes, aux esclaves, aux moins instruits que l’on divulgue les secrets de la sagesse divine. LIVRE VI
Veut-on apprendre encore les artifices par lesquels ces sorciers, prétendant posséder certains secrets, ont voulu gagner les hommes à leur enseignement et sans beaucoup de succès ? Qu’on écoute ce qu’ils apprennent à dire une fois passé ce qu’ils nomment « la barrière de la malice », les portes des Archontes éternellement fermées de chaînes : « Roi solitaire, bandeau d’aveuglement, oubli inconscient, je te salue, première puissance, gardée par l’esprit de providence et par la sagesse ; d’auprès de toi je suis envoyé pur, faisant partie déjà de la lumière du Fils et du Père ; que la grâce soit avec moi, oui, Père, qu’elle soit avec moi ! » Voilà, d’après eux, où commence l’Ogdoade8. Puis, ils apprennent à dire ensuite, en traversant ce qu’on nomme Ialdabaoth : « O toi, premier et septième, né pour dominer avec assurance, Ialdabaoth, raison souveraine de la pure intelligence, chef-d’oeuvre du Fils et du Père, je porte un symbole empreint d’une image de vie ; j’ai ouvert au monde la porte que tu avais fermée pour ton éternité, et retrouvant ma liberté je traverse ton empire ; que la grâce soit avec moi, oui, Père, qu’elle soit avec moi ! » Et ils disent que l’astre brillant est en sympathie avec l’archonte à forme de lion. Ils croient ensuite qu’après avoir traversé Ialdabaoth, et être arrivé à la on doit dire : « 0 toi qui présides aux mystères cachés du Fils et du Père, et qui brilles pendant la nuit, Iao second et premier, maître de la mort, lot de l’innocent, voici que, portant comme symbole la soumission de mon esprit, je m’apprête à traverser ton empire ; car, par une parole vivante, je l’ai emporté sur celui qui vient de toi ; que la grâce soit avec moi, Père, qu’elle soit avec moi ! » Immédiatement après, c’est Sabaoth à qui, selon eux, on devra dire : « Archonte du cinquième empire, puissant Sabaoth, premier défenseur de la loi de ta création, que la grâce a libérée par la vertu plus puissante du nombre cinq, laisse-moi passer en voyant intact ce symbole de ton art que je conserve dans l’empreinte d’une image, un corps délivré par le nombre cinq ; que la grâce soit avec moi, Père, qu’elle soit avec moi ! »… A sa suite, c’est Astaphaios auquel ils pensent qu’on doit s’adresser en ces termes ! «Archonte de la troisième porte, Astaphaios, qui veilles sur la source originelle de l’eau, regarde-moi comme un myste, et laisse-moi passer, car j’ai été purifié par l’esprit d’une vierge, toi qui vois l’essence du monde ; que la grâce soit avec moi, Père, qu’elle soit avec moi ! » LIVRE VI
Il faut pourtant savoir que les auteurs de ces formules n’ont pas compris les secrets de la magie, ni discerné les sens des divines Écritures, et ont tout confondu. Ils tirent de la magie Ialdabaoth, Astaphaios, Horaios, et des écrits hébraïques celui qu’on appelle chez les Hébreux Iao ou la, Sabaoth, Adonaï, Eloaios. Mais les noms tirés des Écritures sont ceux d’un seul et même Dieu. Les ennemis de Dieu ne l’ont pas compris, eux-mêmes le reconnaissent : ils ont cru que Iao était un dieu, Sabaoth un autre, Adonaios un troisième que les Écritures appellent Adonaï, et Eloaios un quatrième que les prophètes nomment en hébreu Eloaï. LIVRE VI
De la même manière que la richesse, on doit interpréter la puissance qui permet, au dire de l’Écriture, à un juste de poursuivre un millier d’ennemis, et à deux de mettre en fuite des myriades. Si tel est le sens des paroles sur la richesse, vois s’il n’est pas conforme à la promesse de Dieu que l’homme qui est riche en toute doctrine, toute science, toute sagesse, toute ?uvre bonne puisse prêter de sa richesse en doctrine, en sagesse, en science, à de nombreuses nations, ainsi que put faire Paul à toutes les nations qu’il avait visitées quand il rayonna de Jérusalem jusqu’en Illyrie, menant à bien la prédication de l’Évangile du Christ. Comme son âme se trouvait illuminée par la divinité du Logos, les secrets divins se faisaient connaître à lui par révélation : il n’empruntait rien et n’avait nul besoin qu’on lui transmît la doctrine. LIVRE VI
Il suffira de citer ici les passages du psaume trente-sixième sur la terre des justes : « Ceux qui attendent le Seigneur hériteront la terre » ; et peu après : « Les doux hériteront la terre et jouiront d’une abondante paix » ; et peu après : « Ceux qui le bénissent hériteront la terre » ; et de nouveau : « Les justes hériteront la terre et ils y habiteront pour toujours. » Et n’est-ce pas l’existence de la terre pure dans la partie pure du ciel qui est indiquée à ceux qui sont capables de comprendre ce que dit ce même psaume : « Attends le Seigneur, observe sa voie ; il t’exaltera pour que tu hérites la terre. » En outre, l’idée que l’éclat des pierres considérées ici-bas comme précieuses serait un reflet de celui des pierres de la terre supérieure, me paraît empruntée par Platon à la description faite par Isaïe de la cité de Dieu, dont il est écrit : « Je ferai tes créneaux de jaspe, tes pierres de cristal, ton enceinte de pierres précieuses » ; et encore : « Je ferai tes fondations de saphir ». » Or les partisans les plus sérieux du philosophe expliquent le mythe de Platon comme une allégorie. Et les prophéties, auxquelles selon moi Platon a emprunté son mythe, c’est à ceux qui ont, sous l’inspiration divine, mené une vie pareille à celle des prophètes et consacré tout leur temps à scruter les saintes Écritures, de les exposer à ceux qui y sont préparés par la pureté de leur vie et leur désir d’apprendre les secrets de Dieu. LIVRE VI
Mais Dieu, j’imagine, voyait l’arrogance et le mépris pour les autres de ceux qui s’enorgueillissent d’avoir, par la philosophie, connu Dieu et appris ses secrets et qui cependant, tout comme les plus incultes, s’empressent autour des statues, de leurs temples, et des mystères tant célébrés ; il a donc choisi « ce qu’il y a de fou dans le monde » les chrétiens les plus simples, dont la conduite est plus modérée et plus pure que celle de bien des philosophes, « pour faire honte aux sages » qui ne rougissent pas de leur commerce avec des êtres inanimés en les traitant comme des dieux ou des images de dieux. LIVRE VI