Saint Bernard : Qu’est-ce que Dieu ?

{{CHAPITRE VI. La notion de principe et d’essence ne convient qu’à Dieu.}}

13. Mais laissons là ces esprits et allons plus loin: peut-être pourrez-vous dire alors avec l’Épouse des Cantiques : « A peine les avais-je dépassés que je rencontrai le bien-aimé de mon âme (Cant. III, 4). » Quel est ce bien-aimé? Je ne saurais mieux vous répondre qu’en disant « C’est celui qui est (Exod. III, 14); » c’est ainsi qu’il voulut qu’on le nommât; c’est la réponse qu’il suggéra à Moïse pour son peuple en lui ordonnant de dire: « Celui qui est m’a envoyé vers vous (Ibidem). » Il n’en est pas de plus juste ni qui convienne mieux à l’éternité, qui n’est autre chose due Dieu même. Si vous dites qu’il est bon, qu’il est grand, qu’il est heureux, qu’il est sage, et le reste, tout est compris dans ce mot: « Il est; » car pour lui être, c’est être tout cela en même temps, quand vous ajouteriez cent expressions pareilles, vous ne diriez rien de plus que si vous disiez: Il est. Nommez-les donc si vous voulez, vous n’ajoutez rien à ce mot; ne les nommez pas, et vous ne lui ôtez rien. Si vous comprenez bien ce qu’il y a d’unique et de suprême dans son être, je suis sir qu’en comparaison, tout ce qui n’est pas lui vous paraîtra plutôt un pur néant qu’un être. Mais qu’est-ce encore que Dieu? C’est l’être sans lequel nul autre être n’existe. Il est même aussi impossible à quoi que ce soit d’exister sans lui qu’à lui-même d’être sans lui. Il est pour lui, il est pour tout ce qui est; de sorte qu’on peut dire en un sens qu’il n’y a que lui qui soit, puisqu’il est son propre principe à lui-même, comme il l’est pour tous les autres êtres. Qu’est-ce que Dieu ? Le principe, c’est même le nom qu’il se donne lui-même (Joan., VIII, 25). Il y a bien des choses qui sont appelées principes, mais elles ne méritent ce nom que par rapport à celles qui les suivent, de sorte que si vous considérez la chose qui les précède, c’est à celle-ci que vous réserverez le nom de principe. D’où il suit que si vous voulez avoir un principe pur et simple, il faut que vous en veniez à ce qui n’a point eu de principe ; il est évident que l’être par qui tout a commencé n’a point eu lui-même de commencement; car s’il en a eu un, il lui vient nécessairement d’ailleurs: il n’est rien qui soit son propre principe à soi-même, à moins qu’on ne s’imagine que ce qui n’était pas a pu se donner le commencement de l’être, ou bien qu’une chose a été avant d’être; or, ces deux propositions répugnent également à la raison; il s’en suit, par conséquent, que rien n’a pu se servir de principe à soi-même. Mais ce qui a eu une autre chose que soi pour principe, n’a pas été à soi-même son premier principe. Le vrai principe n’a donc point eu de principe, il existe tout entier par lui-même.

14. Qu’est-ce que Dieu? C’est celui qui n’a ni passé ni avenir, rien d’éternel comme lui. Qu’est-ce donc que Dieu? « C’est celui de qui tout vient, par qui et en qui tout est (Rom., XI, 36). » «De qui tout vient, » par voie de création, non de génération. « Par qui tout est, » non-seulement créé, mais ordonné. « En qui tout est, » non localement, mais virtuellement. « De qui tout vient, », comme d’un principe unique, auteur de toutes choses. « Par qui tout est, » car il n’y a pas après lui un autre principe qui ait mis les choses en oeuvre. « En qui tout est, » car il n’y a pas un troisième principe, l’espace qui les reçoive. «De qui tout vient, » non pas de qui tout émane, car Dieu n’est pas matière, il est la cause efficiente et non matérielle de toutes choses. C’est en vain eu que les philosophes cherchent une matière première, Dieu n’en a pas eu besoin, il a su se passer d’atelier et d’artisan pour son oeuvre ; il fit tout lui-même, par lui-même et en lui-même. De quoi? De rien ; car s’il l’eût fait de quelque chose, il n’eût pas fait cette autre chose, et par conséquent il n’eût pas tout fait. Dieu me garde de dire que c’est de sa substance incorrompue et incorruptible qu’il a fait tant de choses, bonnes il est vrai, mais pourtant sujettes à se corrompre. Mais si toutes choses sont en lui, vous me demanderez peut-être où il est lui-même. A cela je ne sais trop que répondre, sinon vous demander quel lieu pourrait le contenir. Si vous me demandez où il n’est pas, je ne vous répondrai pas davantage. En quel lieu n’est-il pas présent? Dieu est incompréhensible, mais vous ne le saisissez pas médiocrement, si vous comprenez bien que, ne pouvant être enfermé en aucun lieu, il ne se trouve nulle part, et que ne pouvant être exclu d’aucun endroit, il se trouve partout; et de même que tout est en lui, ainsi il est en tout d’une manière sublime et incompréhensible qui lui est propre. Enfin, comme dit l’Evangéliste : « Il était dans le monde (Joan., 1, 10) ; » ou bien encore, il est toujours là où il était avant même que le monde fût. Mais ne me demandez pas maintenant où il était alors; rien n’existait que lui, donc il ne pouvait être qu’en lui.

{{CHAPITRE VII. De la simplicité de Dieu et de la trinité des personnes divines.}}

15. Qu’est-ce que Dieu? C’est ce qui peut se concevoir de meilleur. Si Dieu est vous acceptez cette réponse, vous ne pouvez admettre qu’il existe une chose par laquelle[[Il nous a semblé que nous devions préférer cette leçon à celle qui faisait dire à saint Bernard « ….. une chose qui soit Dieu et ne soit pas Dieu elle-même ; » le contexte exige la leçon que nous avons donnée.]] Dieu soit qui ne serait pas lui, Dieu même; car il est évident qu’elle serait meilleure que lui. Comment en effet, ce qui donne l’être à Dieu, si ce n’est Dieu lui-même, ne serait-il pas meilleur que lui? Nous avons donc bien raison de dire que cette divinité par laquelle, selon quelques auteurs, Dieu serait Dieu [[Il faut ranger parmi ces auteurs Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers, et ses partisans : ils furent condamnés par le concile de Reims de l’année 1148, dont Geoffroy parle au livre III de sa Vie de saint Bernard, n. 15. Le même Geoffroy publia à part l’histoire de ce qui s’est fait dans ce concile contre Gilbert, dont il est encore parlé dans le quatre-vingtième sermon sur le Cantique des cantiques.]], n’est autre que Dieu lui-même, de sorte qu’en Dieu il n’y a que Dieu. Mais quoi! dira-t-on peut-être, allez-vous nier que Dieu ait la divinité? Certainement non, mais je dis que cette divinité qu’il a n’est autre que lui-même. Est-ce due je nie que s’il est Dieu c’est par la divinité? Nullement, je dis seulement que la divinité[[Il s’est glissé ici dans certaines éditions une faute qui s’est trouvée reproduite dans le quatre-vingtième sermon, sur le Cantique des cantiques, et qui faisait dire à saint Bernard en cet endroit: « Est-ce que je nie que la divinité est Dieu? »]] n’est autre chose que Dieu lui-même; si on soutient le contraire- que la divine Trinité daigne m’aider de sa grâce, je m’inscris en faux contre. cette invention nouvelle[[Dans plusieurs éditions on lit : « Je m’inscris en faux contre cette paternité. » Mais ce dernier mot manque dans quelques-unes.]] : la quaternité convient aux divisions du monde, mais ne va point à la Divinité. Dieu est Trinité, et chacune des trois personnes est Dieu; s’il convient à quelqu’un d’en compter une quatrième, pour moi elle n’est pas Dieu et je lui refuse mes adorations. Vous pensez sans doute de même que moi, en vous rappelant ces paroles de l’Evangile : « Vous adorerez le Seigneur votre Dieu et ne servirez que lui (Luc., IV, 8). » La belle divinité vraiment que celle qui n’oserait revendiquer les honneurs divins! Mieux vaut rejeter de Dieu cette quatrième personne que de la recevoir sans lui rendre l’honneur dû à Dieu. Ce n’est pas qu’on n’admette bien des choses en Dieu; mais c’est toujours en un sens raisonnable et catholique, de manière que la multiplicité ne détruit point l’unité; autrement ce n’est pas la paternité qu’il faudrait admettre en Dieu, mais la centénité. Ainsi nous admettons en Dieu la grandeur, la bonté, la justice et mille autres attributs; si tout cela n’est pas une seule et même chose en Dieu et avec Dieu, nous allons avoir le multiple en lui…

16. Pour moi, je ne serais pas en peine d’imaginer un Dieu meilleur que celui-là. Si vous me demandez lequel, je vous dirai : Un Dieu qui soit la simplicité même. Pour quiconque juge sainement les choses, ce qui est simple de sa nature est préférable à ce qui est multiple. Je n’ignore pas qu’on répond ordinairement à cela : Ce que nous disons, ce n’est pas que la multiplicité fasse que Dieu soit Dieu, mais que la divinité, qui n’est autre que la multiplicité des attributs dont il a été parlé plus haut, fait que Dieu est Dieu. Ainsi, pour eux, si Dieu n’est pas un être multiple, il est au moins un être double, de sorte qu’ils n’ont point un Dieu parfaitement simple et tel qu’on ne puisse rien concevoir de mieux. En effet, un être n’est pas plus simple pour ne connaître qu’une seule forme, qu’une jeune fille n’est vierge pour ne connaître qu’un seul homme. Je le dis donc sans crainte, un Dieu, encore qu’il ne soit que double, ne sera jamais mon Dieu, j’en ai un autre qui vaut mieux. Si à la rigueur je préfère un Dieu double à un Dieu multiple, je ne tiens plus du tout à lui que j’en trouve un simple; car, pour m’exprimer en bon catholique, ce dernier seul est véritablement Dieu. Il n’a pas plus en lui ceci ou cela que ces choses-ci ou ces choses-là: il est celui qui est et non pas les choses qui sont. Pur, simple, entier, parfait, toujours le même, il n’emprunte rien ni aux temps, ni aux lieux, ni aux choses, mais il ne leur abandonne non plus rien de ce qu’il est : il n’est ni divisible, ni réductible à l’unité; il est un, et non uni; car il n’est pas un à la manière des corps qui se composent de plusieurs parties, ni même à la manière des âmes, dont les sentiments sont divisés, enfin il ne doit rien à des formes particulières, comme tout ce qui existe, pas même à une seule, comme l’ont imaginé certains auteurs. Où serait la gloire pour Dieu, de ne pouvoir échapper à l’indétermination qu’en étant obligé d’être soumis à une forme ! Ce serait dire que tout le reste doit à plusieurs formes d’être ce qu’il est, et que Dieu ne le doit qu’à une; celui par le bienfait duquel tout ce qui est subsiste ne subsisterait donc lui-même que par la volonté d’un autre bienfaiteur[[Les leçons sinon le sens varient légèrement en cet endroit dans plusieurs éditions.]] ? Un pareil éloge, comme on dit, équivaudrait à un blasphème. N’est-il pas mieux de n’avoir besoin de rien que d’avoir besoin ter de quelque chose ? Respectons donc assez Dieu pour lui reconnaître ce de qu’il y a de mieux. Si notre pensée a pu s’élever à cette hauteur, comment oser ensuite placer notre Dieu plus bas qu’elle? Dieu est à lui-même sa forme et son essence. En ce moment voilà le point où je le place et le contemple, mais si j’en découvrais un plus élevé, je le lui donnerais à l’instant. Devons-nous donc craindre que notre pensée s’élève plus haut que lui? Si haut qu’elle prenne son essor, il est plus haut encore chercher Dieu plus bas que la pensée de l’homme peut atteindre, c’est une dérision; l’y placer, une impiété. C’est au delà et non en deçà qu’il faut le chercher.

17. Mais que votre esprit s’élève davantage encore, s’il est possible, Dieu s’élèvera d’autant lui-même : Dieu n’est pas formé, il est forme, de même qu’il n’est pas affecté, il est affection ; ce n’est pas un être composé, c’est l’être simple par excellence, et pour vous faire bien comprendre ce que j’entends par un être simple, c’est la même chose qu’un être parfaitement un. L’unité se confond en Dieu avec la simplicité, il est un à la manière que rien autre que lui ne l’est; il est, si vous me permettez ce mot, unissime. Le soleil est un; parce qu’il n’y en a pas d’autre, c’est pour la même raison. que la lune est une ; Dieu l’est pareillement, mais beaucoup plus encore. En quoi l’est-il plus? C’est qu’il est un avec lui-même. Faut-il que je vous explique ce que j’entends par là? Il est toujours le même et d’une même et unique manière. Ainsi, si le soleil est un, si la lune est une, ce n’est pas à la manière de Dieu; en effet, ils nous crient l’un et l’autre qu’ils ne sont pas uns avec eux-mêmes, puisque le premier a ses révolutions, et la seconde ses phases. Dieu, au contraire, est un en soi comme avec soi, il n’a rien en lui qui ne soit lui : le temps n’apporte en lui aucun changement et sa substance n’éprouve aucune modification. C’est ce qui faisait dire à Boëce : « Il n’y a de véritable un que ce qui exclut toute idée du nombre et n’a en soi rien autre que soi, qui ne saurait être sujet, mais qui est forme ; comparez à cet être vraiment un, tout ce qu’on peut encore appeler un, et vous verrez que ce dernier un ne sera plus un. » Et pourtant Dieu est trinité. Mais quoi, est-ce que je ne détruis pas l’unité dont je viens de parler, en disant maintenant que Dieu est trinité? Aucunement, je maintiens toujours l’unité, car en nommant le Père, le Fils et le Saint-Esprit, je n’entends point nommer trois dieux, mais seulement trois personnes en Dieu. Que signifie, dira-t-on peut-être, ce nombre d’où le nombre est absent, s’il m’est permis de parler ainsi ? S’il y a trois, comment nier qu’il y ait nombre ? Et s’il n’y a qu’un, comment trouver place pour le nombre? Il y a lieu, me direz-vous, et en même temps il n’y a pas lieu à supputer ; car s’il se trouve trois personnes, il n’y a qu’une substance. Que voit-on là d’étonnant ou d’obscur ? Absolument rien, si on considère les personnes séparément de la substance. Et maintenant, si on admet que ces trois personnes es sont cette substance unique et que cette substance est ces trois personnes, on ne peut nier le nombre, le nombre en Dieu, car évidemment il y a trois; et pourtant qui est-ce qui pourra nombrer en Dieu, puisqu’il est certainement un. Si vous croyez la chose facile à expliquer, veuillez donc me dire ce que vous avez compté quand vous avez dit trois : sont-ce trois natures? Il n’y en a qu’une : sont-ce trois essences? Il n y en a qu’une : sont-ce trois divinités? Il n’y en a qu’une également. Aussi n’est-ce pas cela que j’ai compté, mais les personnes, me répondez-vous; c’est vrai, mais des personnes qui ne sont ni cette nature unique, ni cette essence unique, ni cette substance absolument une, ni cette unique divinité. Vous êtes catholique et ne pourriez avancer une pareille proposition.

{{CHAPITRE VIII. La pluralité des personnes en Dieu provient de ses propriétés, mais sa substance n’en est pas moins une et simple.}}

13. Tout catholique confesse que les propriétés des personnes divines ne sont autres que ces personnes elles-mêmes et que ces personnes à leur tour ne sont qu’un seul Dieu, une seule substance, une seule nature, une seule majesté divine et suprême. Après cela, comptez si vous le pouvez les personnes sans la substance divine, quand elles sont cette substance elle-même; ou les propriétés divines sans les personnes elles-mêmes qui ne sont autres non plus que ces propriétés: si vous voulez séparer les personnes de la substance avec les propriétés des personnes, je ne vois pas comment vous pourrez vous dire encore adorateur de la Trinité, car en ce cas vous admettrez en Dieu un bien grand nombre de choses différentes. Disons donc trois, mais sans préjudice pour l’unité; et disons un, sans confusion de personnes dans la Trinité, car ce ne sont pas là des mots vides de sens et privés de signification. Si quelqu’un me demande comment peut subsister ce dogme de la foi catholique, je lui répondrai qu’il lui suffit de tenir pour certain qu’il en est ainsi; si ce dogme excède la portée de la raison, il n’offre pourtant aucune ambiguïté à l’opinion, et la foi en est pleinement convaincue. C’est là un grand mystère que nous devons vénérer et non approfondir : comment la pluralité peut-elle exister dans l’unité, dans une telle unité surtout; on comment cette unité elle-même peut-elle subsister dans la pluralité ? Il serait téméraire de scruter ce mystère, mais il y a piété à le croire, et le connaître, ce n’est rien moins que la vie, mais la vie éternelle. Après cela, mon cher Eugène, que votre considération, si vous le jugez à propos, parcoure plusieurs sortes d’unités afin de voir dans tolite son évidence l’excellence sans égale de l’être véritablement un. Il y a l’unité qu’on peut appeler collective, telle, par exemple, que celle d’un tas de pierres amoncelées ensemble; celle que je nommerai constitutive, par exemple, l’unité d’un corps que plusieurs membres constituent ou d’un tout quelconque composé de parties; l’unité conjugative, qui fait que deux cessent d’être deux pour ne plus faire qu’une seule chair; l’unité native par laquelle de l’union d’un corps et d’une âme nait un homme; l’unité potestative par laquelle quiconque a de la force et de l’énergie s’applique à n’être ni inconstant ni changeant, mais toujours semblable à lui-même; il y a encore l’unité de sentiments, qui fait que par la charité, par exemple, plusieurs personnes ne font qu’un coeur et qu’une âme : puis l’unité de désir, par exemple, quand une âme s’attache à Dieu de toute la force de ses désirs et ne fait plus qu’un esprit avec lui; enfin il y a une unité de faveur, telle est celle qui a fait une seule et même personne de notre limon et du Verbe de Dieu qui se l’est uni.

19. Mais que sont toutes ces unités-là comparées à cet un suprême, à cet un uniquement un, s’il m’est permis de parler ainsi, à cet un où la consubstantialité même fait l’unité? Rapprochées de cette unité, toutes celles-là pourront bien être unes sous un rapport ou sous un autre; mais si vous les comparez à elle, elles ne seront plus unes à aucun point de vue. Ainsi entre toutes les unités qu’on peut nommer, la première place appartient à l’unité de la Trinité, par laquelle trois personnes ne sont qu’une seule et même substance; la seconde revient à celle qui, au contraire, réunit trois substances en en une seule personne, la personne de Jésus-Christ. Mais cette seconde unité et toutes celles qu’on peut citer encore ne sont appelées unités que parce qu’elles imitent, et non parce qu’elles égalent cette unique unité que reconnaît une considération sage et véritable. D’ailleurs, nous ne cessons pas de professer cette unité, parce que nous reconnaissons trois personnes, puisque nous. n’en admettons pas plus pour cela la multiplicité dans la Trinité que la solitude dans l’unité. Aussi quand je dis un, le nombre dans la Trinité ne nie déconcerte nullement, attendu qu’il ne multiplie point l’essence, il ne la change ni ne la fractionne. De même quand je dis trois, la vue de l’unité ne me trouble pas, car elle ne confond point ces trois êtres, quels qu’ils soient, l’un avec l’autre, et ne les réduit point en un seul.