Sagesse

– Quant à l’interprétation morale selon laquelle, tout à l’heure, nous avons rapporté Lot au sens raisonnable et à l’esprit viril, et son épouse qui regarde par derrière à la chair adonnée aux concupiscences et aux voluptés, vous qui m’écoutez, ne la recevez pas négligemment. Prenez garde : lorsque vous vous serez enfuis loin des flammes du siècle et que vous aurez échappé aux incendies de la chair, lorsque vous aurez dépassé «la ville de Ségor » « qui est et qui n’est pas toute petite », ce qui représente un certain degré de perfection moyen et honorable, lorsque vous serez arrivés au sommet de la science comme au faîte de la montagne, prenez garde alors d’avoir à faire à ces deux filles de Lot, je veux dire la vaine gloire et sa soeur aînée l’orgueil, qui ne vous quittent pas et qui vous accompagnent même quand vous montez sur la montagne. Prenez garde, tandis qu’assoupis et endormis vous croyez ne rien ressentir ni remarquer, qu’elles ne vous prennent dans leurs embrassements. Si l’Écriture les nomme des filles, c’est qu’elles ne nous viennent pas de l’extérieur mais qu’elles proviennent de nous-mêmes et comme d’une certaine perfection de nos actes. Veillez donc de votre mieux et défendez-vous de leur susciter des enfants, car « leur postérité n’entrera pas dans l’assemblée du Seigneur ». Que si vous voulez une postérité, suscitez-la dans l’esprit, car « celui qui sème dans l’esprit moissonnera, de l’esprit, la vie éternelle ». Et si vous désirez des embrassements, , embrassez la sagesse et « dites à la sagesse qu’elle est votre soeur », et la sagesse dira de vous : « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère et ma soeur et ma mère ». Car cette SAGESSE c’est notre Seigneur Jésus Christ, « à qui soit la gloire et la puissance aux siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.

Or, Abraham ne veut plus que la vertu soit appelée sa femme. Car tout le temps qu’on appelle la vertu une épouse, elle est strictement personnelle et ne peut être communiquée à personne. Il est bien naturel, tant que nous sommes en marche vers la perfection, que la vertu morale soit en nous et bien à nous ; mais une fois que nous sommes devenus assez parfaits pour être capables d’enseigner aussi les autres, alors, comme une épouse serrée contre notre sein, ne gardons pas la vertu pour nous tout seuls, mais, comme une soeur, donnons-la en mariage à d’autres qui la désirent. – A ceux qui sont parfaits, la parole divine dira : « Dis à la SAGESSE : qu’elle est ta soeur». C’est pourquoi Abraham disait de Sara qu’elle était sa soeur. De la sorte, comme quelqu’un de parfait, il laisse prendre la vertu par qui la désire. Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.

Cette réponse d’Abraham, à la fois exacte et prudente, me frappe. Je ne sais ce qu’il voyait en esprit, car il ne s’agit pas du présent, mais de l’avenir quand il dit : « Dieu se chargera de la brebis. » A son fils qui l’interroge sur le présent, il répond en disant l’avenir. C’est que le Seigneur lui-même devait se charger de la brebis dans la personne du Christ : en effet « la SAGESSE elle-même s’est bâti une maison » et « Il s’est humilié jusqu’à la mort » ; bref, tout ce que vous lirez du Christ, vous découvrirez qu’il l’a fait librement et non point par contrainte. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Qu’en conclure ? Faut-il penser qu’un si grand patriarche sentait encore à cet âge les aiguillons de la chair ? Faut-il croire que celui qu’on nous a montré naguère éteint aux mouvements naturels, sente maintenant revivre en lui la passion ? Ou plutôt, comme nous l’avons souvent dit, les mariages des patriarches n’indiquent-ils pas quelque chose de mystique et de sacré, – comme ces paroles du Sage qui disait en parlant de la SAGESSE : « J’ai songé à la prendre pour épouse » ? Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.

J’imagine que c’est à cause de cela qu’il y a dans la loi une malédiction pour le célibataire et l’homme stérile. Il est dit en effet : « Maudit soit celui qui n’aura pas laissé de descendants en Israël ». Si l’on entend ces mots de la descendance charnelle, il faut englober sous la malédiction toutes les vierges de l’Église. Et que dis-je, les vierges de l’Église ? Jean lui-même, « le plus grand parmi les enfants des femmes », et d’autres en grand nombre parmi les saints n’ont pas laissé de descendance charnelle. Et pourtant il est bien certain qu’ils ont laissé une descendance spirituelle et des fils spirituels et qu’ils avaient tous la SAGESSE pour épouse, – tel Paul qui « engendrait des fils par l’Évangile ». Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.

Donc Abraham épousa Céthura, alors qu’il était un vieillard au corps déjà éteint. Je crois qu’il vaut mieux, selon les raisons que j’ai données plus haut, se marier lorsque le corps est éteint, lorsque « les membres sont morts ». Car nos sens sont bien plus capables de recevoir la SAGESSE quand « nous portons la mort du Christ dans notre corps » mortel. Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.

C’est la façon la plus convenable, à mon avis, d’expliquer les noces des vieillards : oui, c’est à leur honneur que les patriarches ont contracté ces unions à un âge très avancé et presque défaillant, – et je pense qu’il faut également tenir compte des fils qu’ils ont engendrés. Pour des mariages de cette sorte et pour une descendance pareille, les jeunes gens sont moins bien faits que les vieillards. Car plus la chair est accablée, plus l’âme est résistante et propre aux embrassements de la SAGESSE. Aussi est-il raconté dans les Écritures que le juste Helchana avait en même temps deux épouses ; l’une s’appelait Phennana et l’autre Anne, c’est-à-dire la conversion et la grâce. Et c’est de Phennana d’abord, c’est-à-dire de la conversion, que l’Écriture dit qu’il eut des enfants, et d’Anne, c’est-à-dire de la grâce, seulement par la suite. Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.

Pour le moment, dans toute la mesure du possible, il nous faut manger de ce pain ou boire à ces puits. Essayons de réaliser ce que nous recommande la SAGESSE quand elle dit : « Bois l’eau de tes sources et de tes puits, et que ta source soit bien pour toi. » Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.

L’Écriture dit qu’il est la brebis ou l’agneau qu’on immole pour la Pâque ; elle le désigne aussi comme le pasteur des brebis ; et néanmoins c’est encore lui qu’elle dépeint dans le pontife qui offre le sacrifice. Comme Verbe de Dieu, il est appelé l’Epoux, et comme SAGESSE de Dieu, l’Epouse ; moyennant quoi le prophète le fait ainsi parler : « Il m’a mis un diadème sur la tête comme à un Epoux et m’a donné une parure comme à une Epouse ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Dans la Loi, Isaac élève un autel et plante sa tente. Tandis que dans les Évangiles, ce n’est pas une tente qu’il plante, mais une maison qu’il bâtit et dont il pose les fondements. Écoutez la SAGESSE parlant de l’Église : « La SAGESSE s’est bâti une maison et elle a placé à la base sept colonnes ». Écoutez aussi Paul sur le même sujet : « Personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui a été posé, savoir le Christ Jésus. » Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Quant à vous, si vous n’êtes plus de « petits enfants » qui ont encore besoin de « lait », si vous apportez un esprit vigoureux, si, par des études poussées, vous vous êtes au préalable rendus capables de mieux comprendre la parole de Dieu, c’est pour vous aussi qu’il y a « un grand festin ». On ne vous préparera pas les « légumes » des faibles, on ne vous nourrira pas avec le lait des petits enfants, mais le ministre de la parole vous servira « un grand festin ». Il vous parlera de la SAGESSE que l’on prêche parmi les parfaits, il vous prêchera « la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée », « qui n’est connue d’aucun des princes de ce siècle ». Il vous révélera le Christ sous l’aspect de Celui « en qui sont cachés tous les trésors de la SAGESSE ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Demandons donc, nous aussi, d’approcher de la parole de Dieu avec les dispositions d’esprit et la foi voulues pour être dignes de faire « un grand festin ». Car « la SAGESSE a égorgé ses victimes, elle a mêlé son vin : dans le cratère et elle a envoyé ses serviteurs » pour amener à son festin tous ceux qu’ils trouveraient. Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Et maintenant que nous entrons au festin de la SAGESSE, il ne nous reste plus qu’à ne pas y emporter avec nous les vêtements de la folie. N’y venons pas revêtus de la robe d’infidélité, ni ternis par les taches des péchés; mais, dans la pureté et la simplicité du coeur, embrassons la parole et mettons-nous au service de la divine SAGESSE qui est le Christ Jésus notre Seigneur, « à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Aussi est-ce à dessein que l’Écriture divine n’emploie pas l’expression d’ « être pressé par la faim » pour ceux qui, à sa connaissance, possèdent la science de Dieu et reçoivent la nourriture de la SAGESSE céleste. Dans le troisième livre des Rois, on trouve la même précaution pour parler d’une famine : comme la famine s’appesantissait sur le pays, Élie dit à Achab : « Il est vivant, le Seigneur Dieu des vertus, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens, s’il n’y a ces années-ci de rosée et de pluie sur la terre qu’à ma parole »; à la suite de quoi le Seigneur charge des corbeaux de nourrir le prophète et commande à celui-ci de boire l’eau du torrent de Chorrat. Une autre fois, à Sarepta de Sidon, il charge une veuve de nourrir le pro-phète ; il ne restait à celle-ci que pour un jour de vivres. Mais le don généreux et l’abandon complet qu’elle en fit les rendirent inépuisables et les firent abondamment se multiplier. Car, selon la parole du Seigneur, le pot de farine et la cruche à huile ne se trouvèrent pas en défaut pour nourrir le prophète. Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.

Tandis que pour les justes et pour ceux qui « méditent la loi du Seigneur jour et nuit », « la SAGESSE dresse sa table, tue ses victimes, mêle son vin dans la coupe et appelle à haute voix ». Ce n’est pas pour que tous viennent, ni pour que les opulents ou les riches ou les sages de ce monde descendent chez elle, mais – dit l’Écriture – « que ceux qui sont dépourvus d’esprit viennent à moi ». Cela veut dire que ceux qui sont « humbles de coeur », qui ont appris du Christ à être « doux et humbles de coeur » (ailleurs ils sont appelés « pauvres en esprit », mais ils sont riches par la foi) viennent au festin de la SAGESSE, se restaurent de ses nourritures et repoussent «la famine qui s’appesantit sur la terre ». Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.

Quant à vous, veillez à n’être pas des Égyptiens que presse la faim. Ne vous laissez pas prendre aux occupations du siècle ni enchaîner aux liens de l’avarice ni amollir par les excès de la luxure. Ne vous privez pas des nourritures de la SAGESSE toujours servies dans les églises de Dieu. Car si vous fermez vos oreilles à ce qu’on lit ou explique à l’église, il est hors de doute que vous avez « faim de la parole de Dieu ». Mais si, descendant de la souche d’Abraham, vous conservez la noblesse de la race Israé-lite, alors c’est la loi, ce sont les prophètes qui ne cessent de vous nourrir, et les Apôtres vous servent de somp-tueux festins. Alors les Évangiles vous invitent à prendre place dans le sein d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, « dans le royaume du Père », pour que « vous mangiez là de l’arbre de vie » et buviez du vin de « la vraie vigne », le « vin nouveau avec le Christ dans le royaume de son Père ». Car ces nourritures ne peuvent manquer aux « fils de l’époux », qui ne peuvent souffrir de la faim «tant que l’époux est avec eux » Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.