Ruysbroeck : L’âme et le corps

{{{LE MIROIR DU SALUT ÉTERNEL.}}}

La première catégorie par laquelle je commence comprend ceux qui par nature ont de la tendresse de cœur. Dès qu’ils sont touchés de la grâce de Dieu, pourvu toutefois qu’ils la suivent et lui obéissent, leur affection et leur désir s’échauffent et s’émeuvent d’amour pour l’humanité de Notre-Seigneur. Aussi méprisent-ils et abandonnent-ils facilement tout ce qui est du monde, afin de pouvoir s’adonner à leur bien-aimé de tout l’empressement et de toute l’ardeur de leurs désirs. Et comme ils ne peuvent approcher de Notre-Seigneur que dans le Sacrement, ils ressentent une ardeur impatiente, causée par leur amour intime et le désir insatiable qu’ils ont de recevoir ce Sacrement, à tel point qu’ils pensent parfois perdre le sens et mourir s’ils ne peuvent l’obtenir. Mais on trouve peu d’hommes de cette sorte. Ce sont, le plus souvent, des femmes ou des jeunes filles, ou des hommes en petit nombre; car ces personnes ont une complexion plus délicate et elles ne sont pas encore élevées ni illuminées selon l’esprit. C’est pourquoi l’exercice de leur dévotion demeure sensible et affectif, entièrement occupé par la représentation de l’humanité de Notre-Seigneur; et elles ne peuvent concevoir ni comprendre comment on peut le recevoir dans l’esprit en dehors du Sacrement. De là vient qu’elles languissent intérieurement à cause de l’affection et du désir qu’elles ressentent pour Notre-Seigneur. Nul n’est alors capable de les raisonner ni de les calmer, de leur donner aide ni repos avant qu’elles n’aient reçu le Sacrement. Mais dès qu’elles l’ont reçu elles sont pleinement satisfaites et elles s’adonnent en repos à leur bien-aimé, soutenues par le goût spirituel et la douceur surabondante qui les inondent dans {{l’âme et le corps}}. Et cela dure jusqu’à ce qu’une nouvelle grâce et un nouvel attrait s’emparent de leur être et de toutes les puissances de leur âme. Car dès lors elles sont saisies de nouveau par l’affection et le désir, avec grande impatience, comme si elles n’avaient rien reçu. Leur cœur s’ouvre tout grand et aspire à recevoir de nouveau le saint Sacrement; elles paraissent vraiment hors de sens. Elles ressemblent bien à cet officier royal qui priait Notre-Seigneur de descendre à Capharnaüm et de guérir son fils sur le point de mourir. Et comme le Seigneur lui répondait : « Si vous ne voyez pas de miracles ni de signes, vous ne croyez pas, l’officier reprit : «Seigneur, descendez avant que mon fils ne meure. » Car il ne croyait pas que Notre-Seigneur pût guérir son fils s’il ne venait dans sa maison et ne posait la main sur sa tête, ou ne faisait quelque autre signe pour le guérir. CHAPITRE X

Mais le même Fils de Dieu a une âme, créée du néant, et aussi un corps formé du sang très pur de la Vierge Marie, âme et corps qui sont tellement siens et si bien unis, qu’il est tout à la fois le Fils de Dieu et le fils de Marie, Dieu et homme dans une seule personne. Et de même que {{l’âme et le corps}} ne font qu’un seul homme, de même le Fils de Dieu et Jésus le Fils de Marie ne sont qu’un même Christ vivant, Dieu et Seigneur du ciel et de la terre; car son âme sainte est informée par la Sagesse de Dieu. Elle n’est pas Dieu cependant, ni de la nature divine, car Dieu ne devient pas créature. Mais les deux natures demeurant distinctes sont unies en une seule personne divine: c’est Jésus-Christ notre cher Seigneur. CHAPITRE XIX

Nous la verrons, en effet, nous en serons tout revêtus, elle surpassera toutes nos œuvres et nos mérites; et ainsi nous nous réjouirons et glorifierons dans le Seigneur et en nous-mêmes; l’allégresse remplira le cour et les sens, {{l’âme et le corps}}, elle sera débordante, éternellement et sans fin. Ce sera la plus grande béatitude dont nous puissions jouir avec notre cher Seigneur Jésus-Christ dans son royaume éternel. CHAPITRE XX
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{{{LES SEPT DEGRÉS DE L’ÉCHELLE D’AMOUR SPIRITUEL}}}

Le même honneur et la même adoration sont dus à Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu et homme en une seule personne. Car son humanité, qui ne forme qu’un avec la nôtre, a été, plus que toute créature, honorée, bénie, élevée par Dieu, qui se l’est unie. Et par le fait de cette union si haute avec Dieu, {{l’âme et le corps}} du Christ sont remplis de tous dons et de toutes grâces, et en sont la plénitude même. C’est de cette plénitude que reçoivent tous ses disciples, qui marchent à sa suite, grâces et secours multiples et tout ce qui leur est nécessaire pour une sainte vie. En retour, cette noble humanité de Notre-Seigneur, avec la grande famille qui lui est unie, rend au Père honneur, actions de grâces, louange, révérence éternelle, selon tout le pouvoir que possèdent le Christ et tous ceux qui sont à lui. CHAPITRE V
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{{{LE LIVRE DU ROYAUME DES AMANTS DE DIEU}}}

Le septième don divin est une sagesse savoureuse conférée au sommet de la mémoire recueillie et qui pénètre l’intelligence et la volonté, selon leur degré de recueillement en ce sommet. Le goût qui vient de cette sagesse est sans mesure et sans fond ; il se répand du dedans au dehors, pénètre {{l’âme et le corps}} même, selon la capacité de chacune de leurs puissances, et le sentiment qu’il produit est si intime que c’est comme une sorte de toucher sensible. Les autres sens, tels que l’ouïe et la vue, prennent leur joie du dehors, dans les merveilles que Dieu a créées pour sa gloire et pour l’utilité des hommes. Le goût insaisissable dont nous parlons est sans mesure, en tant qu’il se tient au-dessus de la mémoire, dans le vaste domaine de l’âme, et il n’est autre que le Saint-Esprit, l’amour incompréhensible de Dieu. Mais, en tant qu’il demeure dans les limites de la mémoire, le sentiment en est mesuré. Cependant parce que les puissances ont leur attache en Dieu, elles surabondent. Déjà le Père éternel a donné à la mémoire recueillie l’ornement de la jouissance dans l’union, ainsi que la faculté de saisir et d’être saisie, en se perdant elle-même, et de cette façon la mémoire est devenue un trône et un repos pour Dieu. Puis le Fils, la Vérité éternelle, a orné à son tour de sa propre clarté l’intelligence recueillie, afin qu’elle puisse contempler cela même qui donne jouissance. Voici maintenant que le Saint-Esprit veut orner la volonté recueillie et l’unité des puissances qui a en Dieu son attache, afin que l’âme puisse goûter, connaître et éprouver combien doux est Dieu. CHAPITRE XXXIII
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{{{LE LIVRE DU TABERNACLE SPIRITUEL}}}

De plus chaque ais a une mesure et demie de largeur. Par là nous apprenons que chaque détermination libre ressemble à cela, en ce sens que le libre arbitre embrasse {{l’âme et le corps}} comme une mesure entière et une demi-mesure, pour servir Dieu par leur intermédiaire. L’âme est la mesure entière, car elle possède une activité parfaite en elle-même, qui consiste dans l’amour et dans la connaissance. Néanmoins elle a besoin de la demi-mesure, car si elle n’était pas unie au corps, elle ne pourrait pas mériter. Pourtant le corps n’est qu’une demi-mesure, car aucune activité corporelle, sans l’opération de l’esprit, ne peut atteindre Dieu, ni mériter la béatitude, et c’est pourquoi {{l’âme et le corps}} constituent un seul homme, pour que la nature corporelle de l’homme avec toutes ses activités puisse recevoir noblesse, liberté et immortalité, par la noblesse, liberté et immortalité de la nature spirituelle, avec laquelle elle est une seule personne et un seul homme. Voilà comme chaque ais, qui représente la détermination libre, doit avoir une mesure et demie de largeur, sans quoi il ne s’adapterait pas au tabernacle. CHAPITRE XV

Dans cet article l’on peut comparer le Christ au précieux saphir, qui est de deux sortes. La première a une couleur jaune aux reflets de pourpre et paraît comme mêlée de poudre d’or. La seconde est bleu ciel et, exposée aux rayons du soleil, elle émet une lumière brûlante, mais le regard ne peut la traverser. C’est tout cela que nous apercevons dans Notre-Seigneur, en ce cinquième article. Car, lorsque sa sainte âme descendait aux enfers, son corps gisait dans le sépulcre, tout jauni par la privation de l’âme, dans la pourpre de ses blessures sanglantes, mais aussi dans la poussière d’or de la divinité qui lui demeurait unie. Et dans sa descente aux enfers son âme avait la clarté du bleu ciel, afin de réjouir tous ses amis et les remplir de bonheur par sa lumière. Dans sa résurrection d’entre les morts, la clarté devient si grande et si puissante en {{l’âme et le corps}}, sous l’illumination du soleil de la divinité, qu’il émet des rayons lumineux et brûlants, enflammant ainsi l’amour de quiconque approche de lui. CHAPITRE XLV

Voyez, ce double appétit de Dieu et de toutes les vertus pénètre {{l’âme et le corps}}, et il est naturel et surnaturel. Il est représenté par les reins intérieurs de la victime, que Dieu ordonne de brûler entièrement dans le feu de son amour, ainsi que les rognons, figure des sens et des puissances sensibles avec leurs œuvres, qui doivent toujours adhérer à l’esprit et à ses œuvres. La graisse intérieure qui recouvre les reins, c’est la consolation et la joie, avec le goût abondant de douceur spirituelle, que l’homme ressent et qui le rendent tout brûlant de désir. Lors donc que le Christ touche ce désir ardent et l’attise de sa grâce, la chaleur d’amour devient si grande qu’elle dévore et consume tout ce qui auparavant était aimé et désiré distinctement ; et l’homme devient si simple en amour qu’il ne sait et ne peut que porter et ressentir l’amour. CHAPITRE LXXXVIII
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{{{LA FOI CHRÉTIENNE}}}

Ensuite la foi nous dit : Je crois en Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, c’est-à-dire sans commencement, de toute éternité. Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non t’as tait ; une seule substance avec le Père, c’est-à-dire une seule nature indistincte avec lui. Par ce même Fils toutes choses ont été faites : car il est la sagesse du Père, en qui toutes choses vivent. Et bien qu’il y ait altérité et distinction de personnes, il est néanmoins une nature unique avec le Père. Et nous croyons que ce même Fils unique de Dieu est descendu des cieux pour nous autres hommes et pour notre salut. Il a assumé notre nature humaine, a été conçu du Saint-Esprit, c’est-à-dire par l’opération et la vertu du Saint-Esprit, est né de la vierge Marie et est devenu véritablement homme : car de même que {{l’âme et le corps}} font ensemble un seul homme, ainsi le Fils de Dieu et le fils de Marie ce n’est qu’un seul Christ. Pour notre salut il a souffert et enduré des peines, a été crucifié, est mort et a été enseveli, sous le juge qui était alors à Jérusalem et qui s’appelait Ponce Pilate. Et aussitôt son âme descendit aux enfers avec grande puissance et grande joie ; et dans sa vertu divine, il brisa les portes d’airain et les barres de fer pour délivrer les patriarches et les prophètes, qui avaient cru en lui et qui l’avaient attendu avec un grand désir. Il délivra encore tous ceux qui l’avaient servi fidèlement, depuis le commencement du monde, et étaient morts sans péché mortel ; mais nul autre ne fut délivré par lui. Car ceux qui n’aimaient pas Dieu et qui avaient été mauvais et infidèles comme les démons, devaient être laissés éternellement aux enfers, ainsi que le dit Abraham au riche avare, enseveli au plus profond de l’enfer, très loin en dessous de tous ceux qui appartenaient à Dieu. Le troisième jour le Christ se leva d’entre les morts, de sa propre vertu, ce que nul autre ne peut faire. C’est que son âme glorieuse et vivante était unie à Dieu aux limbes, tandis que son corps inanimé conservait la même union dans le sépulcre. Et lorsque {{l’âme et le corps}} se rejoignirent, il ressuscita glorieux – et beaucoup d’autres morts avec lui, – à la gloire de son Père et pour la glorification et la joie de tous les anges, de tous les saints et de tous les hommes de bien. À son humanité furent donnés pouvoir et honneur au ciel, sur la terre et aux enfers ; par lui aussi et en lui, la sainte Église possède tout son pouvoir. Et de même qu’en sa propre vertu, il ressuscita les morts, avant comme après sa résurrection, de même les saints, qui en reçurent de lui la puissance, tant dans le Nouveau que dans l’Ancien Testament, ressuscitèrent-ils des morts selon le corps ou selon l’esprit. Ensuite, le quarantième jour, il monta au ciel, c’est-à-dire, selon l’Apôtre, au-dessus de tous les cieux matériels, jusqu’aux cieux spirituels que sont les anges ; et même au-dessus de tous les anges dans le ciel caché, en cette sublimité impénétrable où il a été élevé bien au-dessus de tous les esprits. Ainsi selon son humanité il est assis à la droite de Dieu, son Père tout-Puissant. Non pas que Dieu le Père céleste puisse être assis ou debout, ou qu’il ait des mains : car il est esprit ; mais la glorieuse nature humaine du Christ a été élevée au-dessus de toute nature créée, dans la puissance la plus haute et dans la perfection la plus noble que Dieu ait produites. Puis, au dernier jour, il viendra en gloire et en vertu divine, avec les chœurs immenses de tous les anges et de tous les saints, pour juger les vivants et les morts, c’est-à-dire les bons et les méchants. Et jamais son règne n’aura de fin. PROLOGUE

La privation éternelle de Dieu et de toute béatitude constitue la peine du dam. Cette peine est spirituelle, et plus terrible qu’aucun mal qu’on puisse éprouver dans le corps. Les petits enfants qui meurent sans baptême avant d’être arrivés à l’âge de discernement, sont seulement privés de Dieu, à cause du péché originel, et ils n’ont pas d’autre peine. Pour ceux, au contraire, qui par leur propre volonté se détournent de Dieu, l’abandonnent et le méprisent, la privation éternelle de Dieu est la principale et la plus grande peine : mais puisqu’ils se sont tournés vers les créatures dans un amour désordonné contre l’honneur de Dieu, ils souffrent encore du feu éternel correspondant à cet amour désordonné. Que ce feu soit spirituel ou matériel, ou tous les deux (ce qui me semble plus probable), nous nous en remettons à Dieu : car Dieu est assez puissant pour faire brûler d’un feu matériel {{l’âme et le corps}}. PROLOGUE

Ensuite vient la troisième peine, qui est encore plus intérieure, et c’est le froid infernal sans fin. Car celui qui n’aime pas Dieu porte avec lui une grande froideur, et dans ce froid il doit éternellement périr. De même celui qui a un amour désordonné des créatures doit brûler, car il porte lui-même le feu qui est l’amour mauvais. Ceux qui viennent au jugement de Dieu, sans l’amour divin, auront l’intérieur de l’âme tremblant de froid infernal. Et ceux qui y apportent un amour désordonné et étranger brûleront dans {{l’âme et le corps}} d’un feu infernal. Ils auront des ténèbres intérieures à cause de leurs péchés, et ils seront privés de toute lumière extérieure en dehors de ce qu’il faut pour voir l’horrible aspect des démons et des corps en ce lieu immonde. Et le ver de la conscience ne mourra point, mais toujours il rongera et blâmera et témoignera qu’ils auraient pu mériter la vie éternelle, mais qu’à cause de leurs péchés et par leur propre faute, ils sont venus dans les tourments éternels. Dans leur grande angoisse ils gémiront et soupireront, non pas par regret ou par haine du péché, mais par l’horreur des peines éternelles. Sans cesse ils subiront la mort, et jamais ils ne mourront complètement : et de là vient que la peine infernale est appelée une mort éternelle : « et la mort les consumera », dit le prophète . Car de même que la gloire de Dieu nourrit les saints de joie, de même la peine infernale consume les damnés dans une tristesse éternelle. Il y aura là un désespoir sans fin car ils seront sûrs que la peine ne se terminera jamais. PROLOGUE
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{{{LE LIVRE DES DOUZE BÉGUINES}}}

Le troisième mode qui vient ensuite, c’est que nous aimions Dieu de toutes nos puissances, Dieu est un dans sa nature, et cette nature est féconde selon la Trinité des personnes ; sans cesse il s’écoule, vit et agit selon la distinction des personnes ; il connaît et il aime ; il crée et façonne le ciel, la terre et toutes les créatures. Mais éternellement et sans trêve il se retire en lui-même, dans le repos absolu de son essence, par l’amour éternel, dans l’unité du Saint-Esprit : c’est là qu’au-dessus de nous-mêmes nous sommes un seul amour et une seule jouissance avec lui. En répandant la grâce, il nous rend semblables à lui ; et en rentrant en lui-même il nous recueille avec lui dans l’unité de son amour. Là le Saint–Esprit, c’est-à-dire l’amour éternel de Dieu, nous ordonne d’aimer de toutes nos forces, afin que nous puissions devenir un avec Dieu en amour. Pour cela il faut que le cœur et les sens, {{l’âme et le corps}}, et toutes nos puissances, tant spirituelles que corporelles, et tout ce que nous sommes, se recueillent en nous et nous élèvent au plus haut sommet que nous puissions atteindre là nous rencontrons l’unité de tous les esprits aimants dans la fontaine de la grâce de Dieu, qui est la plénitude de tous les dons et tout près de l’amour éternel de Dieu. Là tous les esprits aimants constituent une unité spirituelle dans laquelle Dieu vit par sa grâce, donnant à tous ceux qui aiment grâce et miséricorde selon que chacun en est digne. Nul ne peut découvrir ni goûter cette unité sinon ceux qui emploient toutes leurs puissances en vue de cet amour tranquille qui ressemble à celui des Séraphins ; car il s’élève au-dessus de toutes les hiérarchies en pratiques d’amour et il constitue la plénitude de toutes grâces, où commencent et s’achèvent tous les exercices de vertus. CHAPITRE XXVI

Nous croyons et confessons de Dieu tout-puissant, notre Père céleste, qu’il est par nature être éternel, vie, connaissance et volonté ; et que c’est par libre volonté, et moyennant sa sagesse éternelle, qu’il a créé toutes choses de rien, d’après l’exemplaire qu’il est lui-même. Or, il nous a donné, quant au corps, une vie mortelle comme aux animaux, car ce corps est composé de divers éléments. Et il nous a donné selon l’âme une vie immortelle, semblable à celle des anges au-dessus du firmament. Voyez, Dieu a donc créé l’homme avec deux natures qui ne se ressemblent pas et se contrarient l’une l’autre : c’est {{l’âme et le corps}}, la chair et l’esprit, l’animalité et la raison, la vie et la mort, le temps et l’éternité, une nature qui meurt sur la terre et une autre qui vit au ciel, inférieure à Dieu et semblable à lui, image de Dieu et sa figure. Et Dieu est lui-même éternel et incréé, sa propre béatitude et celle de tous ceux qui l’aiment. Il est aussi la superessence de tous les êtres et la félicité de tous les bienheureux, le premier objet des esprits élevés dépouillés d’images. CHAPITRE XXIX

Vient ensuite la troisième balance d’amour, qui met comme trois divisions en toutes choses, le temps, la vie et la substance, et c’est notre vie ici-bas. Voyez donc avec attention comment Dieu s’est mis à notre service, nous a aimés et comblés d’honneurs dans le temps de trois manières. Dès le commencement il a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. C’était un grand service, un honneur encore plus grand, mais son amour l’emporte sans proportion au-dessus de tout. Puis au milieu des temps il est venu personnellement en notre nature, nous a servis et a vécu pour nous, nous enseignant et nous aimant jusqu’à la mort de la croix. Pour nous il a voulu mourir par amour, et en sa propre mort il a immolé la nôtre causée par le péché. Puis il est ressuscité dans sa gloire, il est monté vers son Père et il a envoyé son Esprit qui vit et demeure en nous, et en qui nous sommes recréés et renouvelés dans le temps de la grâce ; et il nous a donné et livré sa chair et son sang en nourriture et en breuvage, et si nous le servons, l’honorons et l’aimons, nous pouvons le goûter. Enfin il nous a promis en toute fidélité qu’il reviendra le dernier jour, c’est-à-dire à la fin du monde, avec ses anges, en grande puissance. Alors il nous ressuscitera glorieusement selon {{l’âme et le corps}}, et il nous conduira avec lui vers son Père, où nous nous réjouirons et régnerons avec eux deux dans l’unité du Saint-Esprit, éternellement et sans fin. CHAPITRE XLVI

De plus Dieu veut que nous aimions avec lui tout ce qu’il aime. Dieu a créé le ciel et la terre et tous les êtres ; et par là il s’est mis au service de notre vie mortelle ; et il veut que par {{l’âme et le corps}} et par toutes les créatures dont nous usons pour notre besoin, nous lui donnions actions de grâces, louanges et service pour sa gloire éternelle : et c’est là chose juste et équitable. Il nous a tant aimés qu’il nous a donné son Fils unique pour être homme avec nous tous. Celui-ci s’est humilié jusqu’à la mort et il nous a élevés jusqu’à la vie éternelle. C’est ainsi que le voulait son Père céleste, et sa raison ne pouvait pas vouloir autrement que Dieu. Et tous ceux qui veulent avec lui tout ce qu’il veut, sont nés de Dieu et disciples du Christ. Or Dieu veut sauver tous les hommes pour la vie éternelle ; mais ceux qui méprisent sa doctrine et son précepte, en vivant en opposition avec lui par leurs péchés, sont nés du conseil du diable. CHAPITRE LXIX

Le premier mode est l’amour ressenti pour Dieu il méprise le plaisir et la satisfaction, et tout ce qui est désordonné dans la pratique de l’amour de Dieu, et il établit l’homme dans une humble démission et un déplaisir de soi-même, et il le fait crier avec un désir ardent : « Seigneur, aidez-moi, afin que je vous aime. » Plus il crie et désire, plus il aime ; plus son désir d’aimer est grand plus il y trouve de goût, et ce désir et ce goût lui pénètrent le cœur et les sens, {{l’âme et le corps}}. CHAPITRE LXXVII
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{{{L’ORNEMENT DES NOCES SPIRITUELLES}}}

Lorsque s’opère le retour dont il vient d’être question, l’unité dont on jouit avec Dieu ressemble à une ténèbre qui défie toute détermination ou connaissance . Or notre esprit, par amour et intention simple, fait ce retour en offrant à Dieu d’une façon active toutes vertus, et en s’abandonnant soi-même à la jouissance de Dieu, au-dessus de toutes les vertus. C’est dans ce retour amoureux que prend naissance le septième don, l’esprit de sagesse savoureuse, qui pénètre de traits lumineux et de goût spirituel la simplicité de notre esprit, {{l’âme et le corps}} même. Livre II – LA VIE INTÉRIEURE CHAPITRE LXIX