13. Lorsque le Réparateur alla à Béthanie pour y ressusciter le frère de Marthe et Marie qui était mort depuis quatre jours, et qui sentait mauvais ; lorsqu’étant près du tombeau, il dit d’une voix haute : Lazare, levez-vous ; c’est à toi, âme humaine, qu’il adressait la parole encore plus qu’à ce cadavre qui n’était que le symbole de la véritable renaissance ; et c’est encore là où tu trouves un nouveau trait de ce tableau général dont tu es l’objet, et qui embrasse l’ensemble des choses. Nouvel Homme 13
Si tu as aperçu précédemment que l’annonciation de l’ange peut se répéter pour toi, ainsi que la conception et la naissance du fils de la promesse, tu ne seras pas surprise que la résurrection de Lazare puisse se répéter pour toi également ; mais aussi par la même raison, tu sens que cette opération préliminaire te devient indispensable, puisque tu es morte depuis quatre jours ; c’est-à-dire, dans tes quatre grandes institutions primitives que tu ne saurais plus remplir, et puisque tu répands partout l’infection. La voix du Réparateur s’approche de ta tombe et te crie : Lazare, levez-vous ; ne fais pas comme les Juifs dans le désert ; n’endurcis pas ton coeur à cette voix, et jette-toi promptement hors de ton cercueil ; il ne manquera pas de gens serviables pour délier tes bandelettes. Souviens-toi ensuite qu’il ne t’a été dit : Lazare, levez-vous ; qu’afin que tu répètes à ton tour librement à toutes tes facultés endormies : Lazare, levez-vous ; et qu’afin que cette parole circule continuellement dans toutes les parties de ton être. C’est alors que tu pourras espérer être à table avec le Seigneur. Nouvel Homme 13
18. Je ne m’arrête point à remarquer le nombre de douze ans auquel le Réparateur se montra dans le temple, ni les rapports que ce nombre présente avec le nombre de la nature, avec celui de l’élection des tribus, confirmée par l’élection des douze apôtres, et accomplie en avenir dans les prédictions de l’Apocalypse. Nouvel Homme 18
Cela n’empêche pas qu’en attendant nous ne voyions dans l’exemple de la naissance de la parole en nous comment tout est révélation, puisque tout est parole, et puisque toutes les paroles sont comme ensevelies dans des abîmes, dont on ne peut les tirer qu’avec violence ; et cependant les hommes ne veulent pas croire à une révélation tant on s’y est mal pris pour les en convaincre, tandis qu’en les ramenant à eux-mêmes on leur eût prouvé tellement la révélation universelle et de tous les moments, qu’ils auraient été naturellement disposés par là à ne voir ne reconnaître l’oeuvre du réparateur que comme une plus grande révélation, que celle qui se passait en eux ; et comme elle est du même genre, quoiqu’elle embrasse un plan plus vaste, elle pourrait leur paraître plus admirable, comme étant plus sublime, mais non pas plus extraordinaire. Ils auraient même appris, par l’examen des diverses époques du genre humain, à reconnaître les immenses services que cette révélation du Réparateur leur avait rendus, en observant ces diverses époques sur l’homme particulier. Nouvel Homme 20
L’homme ne devrait donc plus s’étonner de voir ce qui est dit dans la révélation du réparateur. Matt. 11, 12, 13. Or, depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et les violents l’emportent. Car jusqu’à Jean tous les prophètes aussi bien que la loi ont prophétisé. Il sentirait en même temps tout le prix de cette révélation du Réparateur, c’est-à-dire, de l’oeuvre qu’il est venu opérer pour la délivrance de notre parole, puisque ce n’est que par cette révélation du Réparateur, et par les vertus de son oeuvre, que nous pouvons espérer chacun de parvenir à notre révélation particulière, ou à la naissance de notre nouvel homme, lequel, seul, peut nous mettre à même de prendre désormais le ciel par violence, au lieu qu’auparavant nous devions attendre qu’il se donnât, à moins que nous ne fussions de la classe des êtres privilégiés. Nouvel Homme 20
En effet, de même que sous la révélation du Réparateur, il est des êtres au-devant de qui le royaume du ciel est venu, sans attendre qu’ils le prissent par violence, de même nous avons vu sous la loi et sous les prophètes, plusieurs élus à qui la gloire de cette révélation a été montrée d’avance, ce qui les a remplis de joie, tandis que les autres hommes de leur temps, restaient ensevelis sous le voile de la loi, et sous les diverses figures des prophéties. Nouvel Homme 20
C’était donc par cette étude de l’homme, par des encouragements réitérés à faire naître en lui un nouvel homme, et par la comparaison de ses divers états que l’on aurait dû travailler à ouvrir les yeux des hommes de désir sur la nature des révélations en général, sur la nature de nos révélations particulières, et sur la nature de la seule révélation, d’où puissent ressortir toutes les autres révélations quelconques, parce que cette révélation unique, ayant produit dans l’origine tout ce qui a été englouti par le crime, était aussi la seule qui pût arracher au tombeau et aux ténèbres, tout ce que le crime y tenait renfermé, et voilà pourquoi cette révélation du Réparateur a été, est et sera à jamais la révélation universelle. Nouvel Homme 20
Loin donc de nous lamenter sur les obstacles, et sur les lenteurs auxquelles nous sommes heureusement condamnés, remercions la providence qui nous fournit par là l’occasion de recevoir avec avantage tous les fruits de la loi, lorsque les temps de cette loi seront accomplis ; remercions-la de ce qu’elle nous fournit par là l’occasion de nous procurer une situation, ou une manière d’être assez utilement préparée, pour que lorsque l’heure de la naissance du nouvel homme est arrivée, on ne puisse pas nous appliquer directement à nous-mêmes, ce que Siméon dit à la naissance du Réparateur : savoir que cet enfant était né pour la ruine de plusieurs. Nouvel Homme 22
S’il est donc vrai que l’esprit, que le Réparateur lui-même se soient cachés et se cachent tous les jours sous la forme de ces instruments salutaires, ne les repoussons pas à cause de l’âpreté ou de la bassesse des couleurs qu’ils empruntent ; ne nous laissons point gagner par la confusion malgré leur abjection ; parce que c’est à cause de Dieu que la honte couvre ainsi leur face, et que si nous manquons l’occasion qu’ils nous offrent de partager un jour la gloire qu’ils ont de vivre dans la grande unité, en partageant avec eux, ici-bas, les fatigues, et les reproches qu’ils essuient pour nous élever jusqu’à eux, nous ne jouirons ni de la même communion qu’eux avec la grande unité, ni du développement merveilleux de notre unité intérieure, ni de celui de nos unités particulières ; c’est-à-dire, que nous ne formerons point ce temple éternel dont l’homme trouve en soi tous les matériaux. Nouvel Homme 22
C’est là ce sabbat que le Réparateur dont tu es devenu l’image, et le frère, a apporté sur la terre et a désiré qu’il pénétrât dans le coeur de tous les hommes, parce qu’il était lui-même ce lieu de repos et qu’il savait combien son oeuvre paraîtrait calme, et délicieuse, en comparaison de l’oeuvre compliquée de tous les agents inférieurs ; car lorsqu’il dit que l’homme était maître du sabbat même, il n’entendait guère parler que de cette oeuvre laborieuse, et pleine de tourments, qui avait occupé ci-devant la postérité humaine, et ce divin Réparateur venait l’abolir pour y substituer l’oeuvre de la paix, et le sabbat de l’amour. Nouvel Homme 28
Aussi, que nous dit la sagesse quand nous voulons contempler nos voies, et les sentiers pénibles de notre retour vers la lumière ? Elle nous dit dissipez vos ténèbres matérielles, et vous trouverez l’homme ; dissipez vos ténèbres spirituelles, et vous trouverez Dieu. Quand le chaos de la nature se débrouilla, l’homme parut comme étant l’organe de la vérité pour l’administration de l’univers. Quand le chaos spirituel où l’homme coupable s’était plongé fut dissipé, le Réparateur se montra comme étant la vie de l’esprit, et le suprême agent de notre délivrance et de notre régénération. C’est alors que la source du fleuve put dire aux eaux qui s’écoulaient : Vous êtes ma génération. C’est alors que se prononcèrent réellement ces passages prophétiques et figuratifs, répétés si souvent dans les écritures : Vous connaîtrez que je suis le Seigneur ; je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. Nouvel Homme 28
Ce sont tous ces mouvements-là qui se sont passés dans saint Jean-Baptiste, lorsque le Réparateur vint le trouver près du Jourdain pour être baptisé par lui ; il savait que celui qui serait envoyé devait baptiser dans l’esprit, et dans le feu ; il savait qu’il n’était pas digne de dénouer les cordons de ses souliers ; il n’osait par humilité, baptiser le Seigneur ; ce ne fut que quand il en eut reçu l’ordre de sa pari, qu’il s’y détermina ; et ce saint Jean nous est donné dans l’Évangile comme marchant dans l’esprit, et la vertu d’Elie, ou comme étant Elie lui-même, c’est-à-dire, l’esprit du Seigneur : aussi était-il le précurseur. Nouvel Homme 31
Ce baptême invisible dont le baptême visible du Réparateur nous donne l’intelligence, opère un double effet sur le nouvel homme. Non seulement ce nouvel homme entend, comme le Réparateur, ces paroles consolantes : c’est mon fils bien-aimé dans lequel j’ai mis toute mon affection ; mais il aperçoit, comme lui, dans la profondeur de son être, des trésors cachés dont il n’ignorait pas toute la valeur, mais qui ne lui étaient pas encore découverts, et qui ne pouvaient l’être que par l’organe de ce baptême invisible qui ne peut lui être administré que par son guide. Dès l’instant que ce baptême invisible lui est administré, la voix divine peut entrer en lui comme dans sa propre forme, et le pénétrer dans toutes les facultés qui le constituent ; et c’est à mesure qu’elle le pénètre ainsi de toutes ses facultés, qu’il découvre en lui-même les richesses dont il est doué par sa nature divine, et l’emploi qu’il doit faire de ces richesses pour la gloire de celui dont il les a reçues. Nouvel Homme 31
De profondes doctrines nous ont déjà appris que dans ce désert il sera tenté en réalité de la manière dont le premier homme le fut dans le domaine primitif qui lui fut confié ; elles nous ont appris qu’il le sera dans son corps, dans son âme et dans son esprit en raison des trois principes qui nous constituent ; elles nous ont appris qu’il ne pourra jamais mieux se défendre qu’en opposant à son ennemi la parole qui sort de la bouche de Dieu, comme le Réparateur nous en a donné l’exemple, en ne répondant au tentateur que par des passages de l’Ecriture ; elles nous ont appris que cet homme, en épreuve doit passer quarante jours et quarante nuits dans le désert pour accomplir la rectification de ce quaternaire qui caractérise l’âme humaine, et qui a été défiguré par le péché ; ainsi nous n’appuierons point sur ces grands objets. Nouvel Homme 32
Tel était l’esprit des trois tentations par lesquelles il attaqua le Réparateur ; il ne cherchait, sous l’apparence de la piété et de la foi, qu’à faire descendre les vertus divines dans sa région, et à les faire employer à un usage faux, afin que les fruits en fussent tous à l’avantage de ses vues cupides et criminelles. Tel était, dis-je, l’esprit de ces trois tentations, parce que ce prince dés ténèbres ne marchant point dans la lumière, ne peut connaître que la même route erronée qu’il a suivie dès le commencement, et il attaquait le Réparateur, comme il avait attaqué le premier homme, et comme il attaque journellement tous les mortels. Nouvel Homme 34
Mais le Réparateur, au contraire, se conduit envers lui comme l’homme aurait dû le faire dans le temps primitif, comme le nouvel homme se conduira désormais, et comme tous les mortels devraient se conduire. C’est-à-dire, que se regardant seulement comme le ministre et le serviteur de Dieu, il ne peut prendre sur lui de se déterminer à céder à aucune proposition quelconque sans l’autorisation de son maître, et il se contente de rapporter la loi et les volontés de ce maître à celui qui veut le séduire ; il lui fait entendre par là qu’il ne peut se rendre légitimement à ce qui lui est suggéré, et que la volonté de son maître était sa première loi, il doit la consulter avant d’agir, et la suivre dès qu’elle lui est connue. Nouvel Homme 34
En même temps, c’est par cette vive confiance, c’est par cette fidélité aux volontés de son maître, que le nouvel homme va rendre à son être l’activité qui lui est propre ; il sent qu’il nage dans le sang du Réparateur, comme dans une mer abondante qui enveloppe tout l’Univers ; il sent que les germes engendrés par ce sang ne sont point périssables comme les germes terrestres, et produits par les simples puissances secondaires ; il sent que les fruits qui en proviennent ne sont point nuls ni sujets à la loi du temps, et il est dans l’admiration de les retrouver en lui dans leur vive activité, lors même qu’il semblait avoir perdu de vue leur existence ; il sent que leur activité se communique à son propre germe, et le dispose à réaliser toutes leurs vertus, à l’image et à la ressemblance de celui qui a bien voulu le choisir pour son frère. Nouvel Homme 34
Que serait-ce donc si le nouvel homme était régénéré dans tout son être ? Il ferait de plus grandes choses que le Réparateur même, parce que le Réparateur n’a fait que semer les germes de l’oeuvre, et que le nouvel homme peut entrer en moisson, puisque chaque jour, la récolte se mûrit. Le Réparateur a ressuscité des morts individuels ; le nouvel homme pourra ressusciter des tribus entières. Le Réparateur a calmé les flots d’un lac, le nouvel homme pourra calmer les flots de l’océan. Le Réparateur a rendu la vie à quelques aveugles, le nouvel homme pourra ouvrir les yeux à tout ce qui l’entoure. Le Réparateur a délivré des hommes détenus corporellement par les liens de l’ennemi, le nouvel homme pourra rompre, à la fois, toutes les chaînes de tous les hommes de désirs. Nouvel Homme 35
Tel fut l’esprit de sagesse et d’humilité qui dicta la réponse du Réparateur à sa mère lorsqu’elle lui dit : Ils n’ont point de vin. Car lorsque le Réparateur lui répondit : Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? Mon oeuvre n’est pas encore venue ; il contempla sa grande puissance par laquelle il devait un jour ouvrir la source des eaux vives dans le ciel, et voir le fruit nouveau de la vigne dans le royaume de son père ; mais les hommes n’étant point encore préparés à partager divinement ces avantages, puisqu’ils sont encore sous le joug de l’apparence, il déclare que son heure n’est point encore venue, et il se borne à laisser opérer son action, devant eux, sur des substances élémentaires ; opération assez frappante pour les remplir d’étonnement, et de respect pour celui qui en est l’auteur ; tandis que la sublime opération divine dont elle est l’image, eût échappé à leurs regards, et fût devenue entièrement inutile pour eux. Nouvel Homme 35
Le sens de cette réponse peut en effet annoncer la différence du règne de la matière, et du règne de l’esprit, parce que le règne de la matière ne va jamais qu’en dégénérant, puisque son principe, ses moyens, son terme, tout est borné en elle, et finit par le néant ; au lieu que le règne de l’esprit ne peut aller qu’en s’accroissant continuellement, et promet toujours à l’homme de nouvelles jouissances ; or cette différence était clairement indiquée, puisque c’est le Réparateur lui-même qui avait agi directement, et spirituellement sur l’eau dont il avait fait remplir les urnes. En outre, le sens de l’observation du maître d’hôtel annonçait avec encore plus de clarté le caractère, et le terme de la loi ancienne, et l’esprit de la loi nouvelle que l’amour divin venait apporter sur la terre. Nouvel Homme 35
Car cette loi ancienne étant circonscrite dans les mesures du temps, et proportionnée à l’état terrestre de la famille humaine, devait subir un terme, et ne pouvait manquer d’occasionner la satiété quand les besoins spirituels de l’homme auraient été plus développés, au lieu que la loi nouvelle, remplaçant l’homme dans la ligne de vie, devait lui procurer des jouissances toujours croissantes comme l’infini, et des trésors toujours plus doux, et plus abondants. Or il n’y avait que le Réparateur qui pût ainsi apporter le bon vin à la fin du repas ; et cette oeuvre fut l’occasion d’une grande joie dans la région supérieure et divine, car le grand monde ne peut manquer d’éprouver un ravissement lorsque le petit monde entre dans ses mesures particulières, vu le rétablissement des similitudes qui est le principal désir de ce grand monde. Nouvel Homme 35
« Bienheureux ceux dont l’homme intérieur est dans les larmes, et dont le coeur est tourmenté par l’abondance de l’amertume ! C’est une preuve que la parole du Seigneur est descendue en eux, et qu’elle y comprime toutes les substances de mensonge ; c’est une preuve que la parole s’est imprégnée elle-même de leurs douleurs jusqu’à en être gonflée ; c’est une preuve qu’ils ont senti les pleurs de la parole de vie qui s’est répandue dans l’âme des prophètes de tous les temps, qui n’a cessé de parler par eux des pleurs des prêtres, des pleurs de la terre d’Israël, des pleurs des voies de Sion, des pleurs du rempart et de la muraille, des pleurs de la récolte de la vigne, des pleurs des habitations des pasteurs, qui s’est transformée en larmes de sang, dans l’oeuvre du Réparateur, qui s’est empressée de recommander à l’homme de laisser librement pleurer la parole en lui, et de pleurer abondamment avec elle, puisque ce n’est qu’ainsi que le péché sortira de lui pour y être remplacé par la joie pure, par le sentiment actif de la liberté de sa nouvelle existence, et par les plus douces et les plus ineffables consolations de la vie. » Nouvel Homme 36
« Souvenez-vous que si l’âme de l’homme est destinée à servir de temple à l’éternel auteur de ce qui est, il faut qu’elle ait en elle, à la fois, toutes les formes capables de contenir toutes les propriétés de cet être infini, selon toutes leurs vertus, actions, et subdivisions, sans quoi ce suprême et majestueux Créateur de tout ce qui existe, ne pourrait pas entièrement et librement habiter en elle. Souvenez-vous alors que si l’âme de l’homme est destinée à servir de temple à l’Eternel, vous n’avez plus un seul mouvement qui doive demeurer en votre possession, puisque le souverain auteur qui a produit ces formes pour lui servir de demeure et qui vient les habiter, doit être le seul à qui en appartienne la disposition ; c’est pourquoi le Réparateur nous a défendu de jurer par notre tête, puisque nous n’en pouvons rendre un seul cheveu blanc ou noir ; car pour jurer par quelque chose, il faut posséder quelque chose; or nous ne possédons rien, pas même notre être puisqu’il n’est que la forme, et le domaine de Dieu. » Nouvel Homme 37
« Vous avez appris du Réparateur, à dire : notre père ; et vous ne pouviez l’apprendre que de lui, puisque, jusqu’à lui, vous étiez sans Dieu en ce monde (Ephésiens 2:12) vu que vous n’étiez venus en ce monde que pour vous être séparés de Dieu ; et s’il ne s’était pas rendu fils de Dieu pour vous enseigner par ces paroles consolantes, et par sa personne, que l’homme est le fils de Dieu, vous auriez oublié à jamais, que Dieu est votre père. Vous n’auriez pu prononcer ce nom qu’il fallait reconnaître pour ouvrir la porte à votre réconciliation, et vous auriez été assimilés à celui qui ne se souvient plus qu’il a porté autrefois le glorieux titre de fils de Dieu. » Nouvel Homme 37
« Ce Réparateur vous a enseigné à demander à votre père, votre pain quotidien, et à être préservés du mal ; si votre âge l’eût permis, il vous eût découvert de plus grandes merveilles encore dans les miséricordes de votre Dieu, il vous eût découvert que ce Dieu ne cesse de vous offrir ce pain quotidien, en ne cessant de vous communiquer sa sainte et exclusive action qui devrait nous animer tous ; ainsi toute notre sagesse devrait se porter à ne pas refuser les secours qu’il nous offre journellement, et notre seule prière pourrait se réduire à lui demander la grâce de ne pas repousser, comme nous le faisons, les dons, et les faveurs dont il nous accable. Car le nouvel homme n’a de différence d’avec les imprudents, qu’en ce qu’il accepte ce pain quotidien, et qu’il s’en nourrit, tandis que les autres le rejettent, le dédaignent, et nient ensuite son existence. » Nouvel Homme 37
« Vous savez ce que le Réparateur déclara à ceux qui espéraient être reconnus comme enfants de Dieu pour avoir guéri des maladies, et chassé des démons en son nom ; il leur dit : le Seigneur répondra : Allez-vous en, je ne vous ai jamais connus. En effet, le nouvel homme vous apprendra que ces oeuvres sont au nombre des droits de votre être, et qu’elles ne sont pas, à beaucoup près, l’objet principal de votre renaissance. Les Juifs n’avaient-ils pas été traités avec colère ? Oui, ces oeuvres sont tellement au nombre des droits de votre être, qu’il vous est recommandé de vous purifier de vos péchés. Or, cette purification ne peut se faire qu’en chassant de chez vous l’ennemi, qui est le prince de l’iniquité, et de la souillure ; et quand vous serez parvenus à le chasser entièrement de chez vous, ne sera-ce pas une propriété naturelle de votre essence pure que de le chasser de chez les autres ?» Nouvel Homme 37
« Songez donc que l’objet véritable de l’oeuvre du nouvel homme est de se régénérer dans la vie divine, qui est l’amour, et la lumière : songez que vous ne pouvez obtenir de degré de jouissance sans que Dieu vous connaisse, et sans qu’il soit intimement uni avec vous, comme il le fut avec Moïse lorsqu’il l’appela, et qu’il le connut par son nom. Songez que vous ne pouvez être ressuscités (Romains 8:9) et être sauvés sans confesser que le Réparateur est ressuscité, parce que vous ne pouvez le confesser sans le savoir, sans le sentir, et dès lors, sans être ressuscités avec lui. Souvenez-vous ensuite que le Réparateur n’était pas encore ressuscité, lorsqu’il dit aux Juifs ces paroles que vous venez d’entendre sur le pouvoir de chasser les démons, et que c’est une preuve de plus que ce pouvoir n’est que secondaire dans l’ordre de votre régénération. » Nouvel Homme 37
« Il vous a été dit que quelque chose que vous demandassiez au père, au nom du Réparateur, vous l’obtiendriez ; mais comment demanderez-vous au nom du Réparateur si ce nom ne vous est pas connu, c’est-à-dire, s’il n’a pas pénétré jusque dans l’intelligence de votre coeur, par la douceur de sa vivante activité ? Voici donc comment vous pouvez espérer que ce nom se fasse connaître à vous, et comment vous pouvez vous en servir utilement. » Nouvel Homme 37
« Toutes les fois que votre esprit se sentira dans l’indigence, et dans le besoin, présentez au Réparateur le dénombrement des grâces antérieures qu’il vous a faites. Dites-lui : « Je suis celui à qui vous avez remis telle et telle dette, je suis celui que vous avez fortifié dans telle occasion, je suis celui en qui vous avez développé telle lumière, je suis celui que vous avez préservé dans telles circonstances, je suis celui que vous avez étonné tant de fois par la douceur si inattendue de vos joies toujours nouvelles ; enfin je suis celui pour qui vous avez fait, et pour qui vous faites encore de continuels miracles de miséricorde, et d’allègement dans nos peines, dans nos dangers, et dans nos ténèbres. Il reconnaîtra ses propres oeuvres dans ce dénombrement que vous lui présenterez, et il s’approchera encore davantage de vous, afin que vous puissiez parvenir un jour à demander en son nom, à son père, tous vos besoins. » Nouvel Homme 37
40. Voici le moment où le nouvel homme à l’instar des disciples du Réparateur, va aller prêcher dans les villes et dans les villages d’Israël qui est la terre de l’homme ; voici le moment où au nom de l’esprit, il pourra retracer l’élection de douze disciples, en développant en lui les dons qui brillèrent dans les douze envoyés par le Réparateur. Il offrira, en lui-même, un reflet de cette élection, en raison du pouvoir secret, et de l’opération continue quoiqu’invisible d’une ancienne loi qui a établi primitivement douze canaux pour la communication de la lumière, de l’ordre, et de la mesure parmi les nations ; loi à laquelle tous les dispensateurs des lois divines ont été fidèles, et qui a été observée dans tous les temps, même de la part des simples sectateurs des sciences élémentaires qui ont universellement consacré douze signes dans les régions du firmament matériel. Nouvel Homme 40
Tous les hommes peuvent faire cette observation sur eux-mêmes, étant bien sûrs qu’avec du soin et de l’attention, ils entendraient toutes les réponses qu’ils auraient à faire dans toutes les circonstances s’ils étaient plus dans l’habitude de scruter, et de profiter des lumières du nouvel homme ; et à l’imitation des disciples du Réparateur, ils pourraient compter que si, étant persécutés dans une ville, ils se retiraient dans une autre, ils n’auraient pas achevé de parcourir toutes les villes d’Israël que le fils de l’homme ne fût venu, c’est-à-dire qu’ils n’auraient pas parcouru ainsi toutes les maisons de l’homme que le nouvel homme ne se fit connaître en eux, et ne les récompensât par sa venue de toutes les humiliations qu’ils auraient souffertes. Nouvel Homme 40
Faites donc ce qui fut recommandé aux disciples du Réparateur. « Dites-vous donc à vous-mêmes dans la lumière de ce qui vous a été dit dans l’obscurité, prêchez en vous sur le haut des maisons ce qui vous aura été dit à l’oreille. Ne craignez point ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme, mais celui qui peut perdre dans l’enfer et le corps et l’âme ; il ne tombe pas un passereau sur la terre, sans la volonté de votre père. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. » Nouvel Homme 40
41. Il se trouvera peut-être en vous quelques êtres de désir qui, comme saint Jean, ayant appris dans sa prison les oeuvres que vous faites, enverra vous demander si vous êtes celui qui doit venir en vous, où si l’on doit en attendre un autre ; vous leur répondrez donc comme le Réparateur répondit à saint Jean : « Allez dire à Jean ce que vous entendez, et ce que vous voyez. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Evangile est annoncé aux pauvres, et heureux celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale et de chute ! » Mais vous direz à votre tour en parlant à cet être de désir qui sera envoyé vers vous : « Qu’êtes-vous allé voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? Un homme vêtu avec luxe et avec mollesse ? Un prophète ? Oui, certes, je vous le dis et plus qu’un prophète, car c’est de lui qu’il a été écrit, j’envoie devant vous mon ange qui vous préparera la voie ; je vous le dis en vérité qu’entre tous ceux qui sont nés des femmes, il n’y en a point de plus grand que Jean-Baptiste, mais celui qui est le plus petit dans le royaume du ciel est plus grand que lui. » Nouvel Homme 41
Oui, vous pourrez dire : voilà cet ami fidèle qui ne m’a point quitté dans ma détresse et dans ma douleur, et qui a été mis en prison à cause de moi ; voilà celui dont le baptême spirituel et physique m’a rendu un nouvel homme, voilà le précurseur qui a crié dans le désert à tout mon peuple : rendez droites les voies du Seigneur. Il est plus qu’un prophète, puisque les prophètes n’ont annoncé la lumière que sous des voiles et des images qui n’en étaient que comme des ombres, au lieu qu’il a montré et indiqué lui-même cette lumière, et l’a fait toucher au doigt, comme saint Jean découvrit au monde le Réparateur, lorsqu’il dit en le voyant venir : Voici l’agneau de Dieu. Voici celui qui ôte les péchés du monde. Il est plus qu’un prophète en ce que, comme saint Jean, c’est par sa bouche qu’a passé l’annonce et le signalement du salut des nations. Nouvel Homme 41
Mais que dire de ces nations impies au milieu desquelles cet homme nouveau et son précurseur sont envoyés? « Elles sont semblables à ces enfants qui sont assis dans la place, et qui crient à leurs compagnons, et leurs disent: nous avons joué de la flûte pour vous réjouir, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des airs lugubres pour vous exciter à pleurer, et vous n’avez point témoigné de deuil. » Car le précurseur de l’homme nouveau, ou notre fidèle compagnon est venu dans la douleur, et dans les larmes, comme étant né des femmes, et les nations impies ont dit : Il est possédé du démon. L’homme nouveau est venu dans la joie et dans la consolation, comme étant né de l’esprit, et de l’amour, et elles ont dit : c’est un homme de bonne chère, et qui aime à boire ; c’est un ami des Publicains, et des gens de mauvaise vie. Elles ont traité le nouvel homme, et le fidèle compagnon qui a été son précurseur, comme elles ont traité le Réparateur, et celui qui marchait devant lui dans la vertu et l’esprit d’Élie, pour préparer les voies à la miséricorde. Nouvel Homme 41
C’est là où la vie suprême, touchée de sa misère, n’a pu s’empêcher de venir partager ses maux et ses privations, pour le mettre à même de partager ensuite avec elle, cette liberté qu’il avait perdue ; notre fidèle compagnon est descendu avec nous dans notre abîme, comme le Réparateur est descendu dans l’abîme universel ; il verse des sueurs de sang avec nous, pour nous aider à opérer cette transmutation qui eût été si visiblement au-dessus de nos forces ; cet ami fidèle, en travaillant avec tant de constance à notre régénération, a développé en nous le nouvel homme qui nous a appris combien nous pouvions devenir terribles pour nos ennemis, puisque nous étions la parole et le nom de Dieu, et qu’il n’y a rien de si terrible que la parole et le nom du Seigneur (Ps. 110:9). Nouvel Homme 41
Si par l’examen qu’il en fera, il les trouve non seulement chancelants sur ces bases fondamentales, mais encore disposés à en nier l’existence, et ne s’approchant de lui que par l’esprit du doute, et comme pour l’éloigner lui-même des sentiers de sa foi, et le faire tomber en confusion, il ne leur répondra rien ; ou il leur dira, comme le Réparateur disait aux Juifs qui lui demandaient des prodiges et des miracles : Ils n’en auront point d’autres que celui du prophète Jonas. Parce que ce miracle est visible dans l’âme de l’homme qui est ici-bas emprisonné pendant trois jours élémentaires, pour n’avoir pas voulu remplir sa mission auprès des anciens Ninivites, et que, par conséquent, l’homme a, en lui-même, un miracle suffisant pour être inexcusable de n’avoir pas de foi. Nouvel Homme 42
L’homme nouveau ne fera en cela que marcher sur les traces du Réparateur dans toute la conduite qu’il a tenue envers ceux qui l’ont fréquenté, et sollicité pendant son séjour sur la nerre. Car il ne commençait point par se rendre aux désirs de ceux qui lui demandaient des miracles, mais il leur demandait : Croyez-vous que je puisse opérer ce que vous désirez ? Et quand i1 s’était assuré de leur foi, il déployait sa puissance en leur faveur, et ils étaient guéris ; il en est à qui il n’avait pas besoin de faire de semblables questions, parce que leur foi se découvrait visiblement par leur ardeur à s’approcher de lui. Nouvel Homme 42
Ainsi à l’imitation du Réparateur, le nouvel homme ne s’offensera point des réponses de Nathanaël, parce qu’au milieu de sa franchise et de sa sincérité, il découvrira la droiture de son coeur, et la pureté de la foi de cet Israélite. Nouvel Homme 42
Mais ce nouvel homme donnant lui-même l’exemple de l’humilité rendra même hommage à la loi temporelle et aux canaux visibles qui lui auront transmis ses droits et sa puissance ; puisqu’il est écrit que le salut vient des Juifs… Aussi au milieu de tous ces prodiges, il dira à ceux qu’il aura guéris : « Gardez-vous bien de parler de ceci à personne, mais allez vous montrer au prêtre, et offrez le don prescrit par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage » ; c’est-à-dire, rendez hommage avec moi à la loi, et aux voies de celui de qui nous tenons tout. Comme le nouvel homme sait que c’est par la foi que s’entretient et se conserve l’humilité, il sait aussi que c’est par l’humilité que la foi se conserve et s’entretient, et que sans ces deux vertus tous les dons de l’esprit se retirent. C’est pour cette raison sainte, et de première nécessité, qu’à l’image du Réparateur il ne se laissera toucher que par les désirs qu’il saura être nés de la foi et de l’humilité, puisqu’il en donnera lui-même le premier exemple, n’ayant obtenu sa renaissance qu’au prix de cette foi et de cette humilité qu’il manifeste dans ses oeuvres les plus glorieuses. Car c’est aussi pour cette raison que le Réparateur n’a cessé de recommander la foi et l’humilité dans toutes les instructions qu’il a répandues. Nouvel Homme 42
Or, quelle est cette foi tant recommandée par le Réparateur ? C’est celle qui s’est développée dans le nouvel homme, c’est celle qui repose sur le sentiment de la sainteté et de la force de son être, quand par sa fidélité aux mouvements secrets que nous recevons tous, il aura obtenu que la main bienfaisante de la sagesse vienne le délivrer de ses ténèbres, et rompre ses chaînes, pour lui faire connaître les régions de la vie et de la lumière qui sont en lui, et qui étaient seulement enveloppées de nuages. Mais de même qu’un seul rayon du soleil qui perce au travers des nuages suffit pour dissiper l’obscurité, de même le moindre rayon de notre être qui peut sortir de ses gouffres et de ses abîmes est suffisant pour nous éclairer sur l’étendue de nos possessions, pour découvrir à nos yeux tous les plans des ennemis qui sont sans cesse occupés à ravager notre terre, et pour nous donner la force de renverser tous leurs projets. Voilà pourquoi le Réparateur disait à ses disciples que s’ils avaient de la foi gros comme un grain de sénevé, ils diraient à une montagne de se jeter dans la mer, et elle s’y jetterait ; ce serait le combat de la vie contre la mort ; il ne serait donc pas étonnant que la mort eût tous les désavantages, et que la vie eût tous les triomphes. Nouvel Homme 42
C’est en même temps cette persuasion des pouvoirs de l’homme qui était affligeante pour le Réparateur, quand il voyait ses disciples hésiter dans leurs oeuvres et dans leur confiance. Que devait-il donc éprouver, quand il trouvait des hommes ensevelis dans leurs ténèbres au point d’être les premiers adversaires et les premiers destructeurs de cette persuasion, et surtout quand ces hommes étaient placés dans la chaire de l’instruction ? Aussi comment a-t-il traité les scribes et les Pharisiens et les docteurs de la loi ! Nouvel Homme 42
Si la foi est réellement le nouvel homme, l’humilité en est réellement la nourriture. Aussi n’est-ce que dans l’humilité et dans une sainte frayeur que l’on sent Dieu, que l’on apprend ses secrets et que l’on peut apprendre à en faire un utile usage ; or, que pouvons-nous faire tant que nous ne sentons pas Dieu physiquement en nous ? Voilà pourquoi le Réparateur ne cessait de dire aux Juifs, « qu’il ne pouvait rien faire de lui-même, qu’il ne jugeait que selon ce qu’il entendait, mais que son jugement était juste, parce qu’il ne recherchait pas sa volonté propre, mais la volonté de son père qui l’a envoyé. » Voilà pourquoi aussi il ne cessait de leur donner les raisons de leur peu de foi, en leur reprochant qu’ils ne s’appuyaient point sur les véritables témoignages, et qu’ils tiraient toute leur gloire des hommes ; comment pourriez-vous croire, vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns aux autres, et qui ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? (Jean 5:44). Nouvel Homme 42
Il sait que sa nature spirituelle et divine l’appelle à opérer des oeuvres de paix et à travailler au rétablissement de l’ordre universel ; il sait que cette même nature divine et spirituelle qui l’anime est au-dessus du temps, et est faire pour ne point connaître de temps ; ainsi toutes les fois que l’occasion se présentera de remplir son oeuvre, il la saisira, fut-ce même le jour de sabbat terrestre. Mais alors cette voix du sabbat s’élèvera contre lui, et voudra transformer son bienfait en une véritable prévarication ; c’est probablement pour nous retracer ce symbole de l’homme, et de cet affligeant assemblage qui se trouve en lui, que le Réparateur guérit un jour de sabbat, au milieu de la synagogue, cet homme qui avait une main sèche ; car en effet cette synagogue représenta parfaitement alors la réunion de la lumière et des ténèbres, où d’un côté agissait la vertu active de celui qui venait rendre aux hommes de l’esprit l’usage de leur main desséchée ; et de l’autre l’opposition d’un peuple matériel et grossier qui s’appuyait sur la lettre même de sa loi pour combattre l’esprit de la véritable destination de notre être. Nouvel Homme 43
Mais ce n’était pas seulement pour nous retracer le symbole de cet affligeant assemblage que le Réparateur en agit ainsi, c’était encore plus pour communiquer aux hommes aveugles l’instruction dont cette oeuvre de guérison n’était que l’occasion et le sujet. Aussi quand elle eut excité le murmure des Juifs il leur dit : « Qui est celui d’entre vous qui ayant une brebis qui vienne à tomber dans une fosse le jour du sabbat, ne la prenne, et ne l’en retire ? Or, combien un homme est-il plus excellent qu’une brebis ? Il est donc permis de faire du bien le jour du sabbat, » Nouvel Homme 43
Il se trouvera peut-être dans le nouvel homme des Juifs, qui lui demanderont, comme autrefois les docteurs de la loi et les Pharisiens demandaient au Réparateur : Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens? Car ils ne lavent point leurs mains lorsqu’ils prennent leur repas. Lorsqu’ils ne seront pas susceptibles de s’élever à ces sublimes régions de l’esprit qui expliquent tout, il les fera tomber en confusion, en leur objectant leur propre conduite sur des points d’une plus grande importance ; et il leur dira : « Pourquoi vous-mêmes, violez-vous le commandement de Dieu pour suivre votre tradition ? Car Dieu a fait ce commandement : honorez votre père, et votre mère ; et cet autre : que celui qui outrage de paroles son père ou sa mère, soit puni de mort. Cependant vous dites : quiconque dira à son père ou à sa mère : tout don que je fais à Dieu vous est utile, satisfait à la loi, encore qu’après cela il n’honore, et n’assiste point son père ou sa mère, et ainsi vous avez rendu inutile le commandement de Dieu par votre tradition. Hypocrites que vous êtes, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : ce peuple est proche de moi en paroles, et il m’honore des lèvres, mais son coeur est bien éloigné de moi… toute plante qui n’aura point été plantée par mon père qui est dans le ciel, sera arrachée. » Nouvel Homme 43
La troisième résurrection sera celle qu’il opérera d’avance sur celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui, à l’avenir, pourraient être exposées aux attaques de l’ennemi, et qu’il voudrait essayer de corrompre afin de les engloutir avec lui dans ses abîmes, parce qu’il ne suffira pas au nouvel homme de n’embrasser que les époques passées, et présentes, dans la manifestation de sa puissance, et de sa sagesse ; il lui faudra embrasser même les époques qui ne sont pas encore, puisque tel est le plus grand privilège de l’esprit ; aussi travaillera-t-il sans relâche pour obtenir que la main suprême l’environne, le soutienne, et le protège de manière à ce que l’ennemi ne puisse plus désormais avoir sur lui aucun empire, et il y parviendra lorsqu’il aura subjugué tout ce qui est en lui, et qu’il pourra dire de lui, ce que le Réparateur disait de la corruption extérieure : J’ai vaincu le monde. Nouvel Homme 44
Le nouvel homme, après s’être convaincu de ces vérités, non seulement par sa persuasion intime, mais encore par sa propre expérience, verra une douce surprise, que le Réparateur n’a pas eu d’autre dessein que de faire ouvrir les yeux aux hommes sur ces devoirs indispensables, et si salutaires, lorsqu’il a employé sa puissance à ressusciter trois morts au milieu du peuple d’Israël. Car c’est une chose frappante, et qu’on ne saurait trop remarquer que la différence des lieux où chacun de ces morts a été rappelé à la vie. Lazare fut ressuscité dans le tombeau où il était depuis quatre jours, et où il sentait déjà mauvais. Le fils unique de la veuve de Naïm fut ressuscité dans le chemin, et pendant qu’on le portait dans le sépulcre, la fille de Jaïre, chef de la synagogue, étant âgée de douze ans, fut ressuscitée dans la maison de son père. Comment n’apercevrions-nous pas, dans ces trois résurrections opérées par le Réparateur, cette triple résurrection que nous devons faire tous en nous-mêmes, et qui est à la fois, et l’oeuvre principale, et la récompense du nouvel homme. Nouvel Homme 44
45. Sans doute ce ne sera qu’après avoir ainsi purifié tout son être, et opéré en soi cette triple résurrection, que le nouvel homme fera, en lui-même, l’élection dont nous avons parlé d’avance, ou l’élection des douze vertus qui doivent le manifester dans toute l’étendue de ses propres régions ; avant cette époque il était si incapable de faire une pareille élection, qu’il n’aurait même jamais pu en concevoir l’idée, et encore moins l’exécuter, si l’esprit de vérité n’était venu prendre en lui la place de toutes ses substances de mensonge. Aussi il sent plus que jamais combien nous nous exposons, quand nous osons marcher par nous-mêmes dans la carrière spirituelle ; et c’est 1’esprit qui le dirige, c’est dans le prince des justes, c’est dans ce Réparateur qu’il apprend de nouveau à s’attacher à cette sainte réserve, puisque le Réparateur lui-même, ou le prince des justes ne veut pas faire par soi l’élection de ses douze apôtres mais qu’il passe toute une nuit en prières avant de les choisir (Luc 6:12). Nouvel Homme 45
Voyons-le donc développer les trésors cachés en lui, et dont le Réparateur nous a montré tant de fruits semés dans le champ évangélique ; voyons-le au milieu d’un peuple qui est au nombre d’environ cinq mille, n’ayant que cinq pains et deux poissons pour les nourrir. Il les fera asseoir par troupes, cinquante à cinquante. Il lèvera les yeux au ciel, il prendra les cinq pains et les deux poissons, les bénira, les rompra, les donnera à ses disciples, afin qu’ils les présentent au peuple ; ils en mangeront tous, ils seront rassasiés, et on emportera douze paniers pleins des morceaux qui seront restés. Une fois il prendra sept pains, et quelques poissons pour quatre mille hommes ; ils en mangeront tous, et seront rassasiés, et on emportera sept paniers pleins des morceaux qui seront restés. Une autre fois voyons-le, comme Elisée, multiplier vingt pains pour mille personnes, et il s’en trouvera aussi de reste. Nouvel Homme 45
Ce sont là comme autant de bases sacramentelles que nous portons tous en nous-mêmes, et sur lesquelles doit s’élever tout édifice sacerdotal auquel l’homme fut destiné par sa nature première, et selon les plans de son origine. Ce sont là les sept colonnes produites par cette pierre innée en nous, et sur laquelle le Réparateur a dit qu’il voulait bâtir son Eglise. Nouvel Homme 46
La racine de ces sources sacramentelles se trouvant donc la pierre fondamentale de notre temple, nous portons en nous-mêmes le témoignage et le caractère vivant qui doit nous faire respecter des nations ; et le nouvel homme peut dire à l’imitation du Réparateur : « Comme le père a la vie en lui-même, il né aussi au fils d’avoir la vie en lui-même, et il lui a donné la puissance d’exercer le jugement parce qu’il est fils de homme… » Aussi il peut dire comme le Réparateur: « Je ne reçois point le témoignage d’un homme… j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean… et mon père qui m’a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi. » Nouvel Homme 46
Le coeur est assis à la droite de l’âme, c’est lui qui doit l’aider à mettre tous ses ennemis sous ses pieds. L’esprit est à sa gauche, pour l’avertir de l’approche de l’ennemi. Quand il a le bonheur de faire triompher la loi, et de mettre ses ennemis sous ses pieds, alors l’esprit rentre dans la droite, et la droite rentre dans la ligne de l’unité. Le Réparateur qui est le modèle divin du nouvel homme, n’est-il pas annoncé partout comme étant la droite de Dieu ? L’esprit en est la gauche ; il est chargé de veiller contre l’ennemi et de promulguer les jugements de l’intelligence éternelle ; expressions qui n’ont lieu que pour le temps, et sur lesquelles l’homme éclairé ne peut pas faire de méprises ; parce qu’il sait qu’au-dessus du temps tous les noms ne font qu’un seul nom, comme ils n’expriment qu’un seul acte. Mais dans le tableau de cette disposition temporelle des oeuvres divines, le nouvel homme voit pourquoi on nous a dit que notre vie était cachée dans le Réparateur ; c’est que le Réparateur est la vie, et que nous ne vivons que par le coeur, et voilà une raison de plus pourquoi l’homme est à la droite du Seigneur. Nouvel Homme 47
Car le nouvel homme peut d’avance déclarer qu’à l’image du Réparateur il doit être livré entre les mains des hommes, qu’il faut qu’il souffre beaucoup, qu’il faut qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres, et par les docteurs de la loi, et qu’enfin il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Mais ce nouvel homme dévoué au service de son maître ne voit que les consolations qui l’attendent, et n’est point arrêté par les maux qu’il doit souffrir, parce qu’il a bu le médicament d’amertume, que par ce moyen son coeur lui a engendré l’intelligence, et que l’intelligence lui a engendré la parole avec laquelle il a une vive confiance qu’il renversera à la fin ses ennemis. En conséquence, voici de quelle manière il emploie les différents secours qui lui sont accordés par l’esprit, et qu’il trouve en lui par les divers développements de son être. Nouvel Homme 47
Ame humaine, remplis-toi de confiance, et considère quels seraient tes avantages, si tu daignais les mettre à profit. L’ennemi n’a qu’une seule issue par où il puisse t’approcher, et cette issue, il t’est encore possible de la lui fermer à ta volonté. Mais pour toi, tes puissances peuvent se développer dans tous les sens, puisque tu es centre, et que tu tiens au centre universel. Car c’est de toi que parlait le Réparateur lorsqu’il disait : Comme mon père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par mon père, de même que celui qui me mange vivra par moi. Or, manger le Réparateur, c’est transmuer toutes tes substances dans les oeuvres et l’activité de son esprit, et faire en sorte que cet esprit éternel et divin, pénètre dans toutes tes facultés, comme les sucs de tes grossiers aliments pénètrent dans toutes les fibres de ton corps. Nouvel Homme 48
Quant au nouvel homme, il s’est réellement converti en une prière active, et voici comment ses facultés ont recouvré les droits de leur destination originelle. Il a dit : « J’invoquerai Dieu au nom du Réparateur, j’invoquerai le Réparateur au nom de l’accomplissement de la loi, j’invoquerai l’accomplissement de la loi au nom de la foi, j’invoquerai la foi au nom de mes oeuvres et de la constance de mes saintes résolutions. » Voilà les quatre fleuves que ce nouvel homme a trouvés en lui ; il a trouvé aussi en lui le jardin d’Eden ; dès lors il s’est rempli de confiance, et de zèle, et les moissons sont devenues abondantes. Autrefois ces quatre fleuves ne faisaient qu’un, lorsque ce jardin d’Eden était encore dans sa fertilité primitive. Mais les catastrophes de la nature, en multipliant les montagnes et les vallées, ont divisé les sources des fleuves, et en ont multiplié les courants. Nouvel Homme 49
51. Le Réparateur prit avec lui trois de ses disciples, il les mena sur une haute montagne, et il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements blancs comme la neige. En même temps ils virent paraître Moïse, et Elie qui s’entretenaient avec lui. Nouvel Homme 51
Si l’homme portait plus soigneusement sa vue sur son être intérieur, il parviendrait sûrement à découvrir en lui ce soleil radieux, et à le voir physiquement des yeux de son esprit comme il peut voir dans une glace la beauté de sa face avec ses yeux matériels ; car il a toujours, devant son être intérieur, un miroir vivant qui lui en réfléchirait la splendeur en nature. Il s’y verrait accompagné de la droite et de la gauche de Dieu, qui ne cessent de le préserver, et de le défendre, qui ont été opérantes temporellement dans les deux alliances, ou initiations spirituelle et divine, et qui ont été représentées corporellement aux trois disciples du Réparateur par les précurseurs de ces deux initiations : Moïse qui avait conduit le peuple jusqu’aux portes de la terre promise, et Elie qui était venu préparer les voies à l’alliance éternelle de la paix, et de la sainteté. Car le Réparateur ne montrait encore dans cette transfiguration, que les sentiers où l’homme devait passer pour retourner dans le royaume de la vie. Nouvel Homme 51
Aussi n’est-ce que depuis la transfiguration du Réparateur, que le nouvel homme peut jouir de sa transfiguration personnelle, et de même que nous ne connaissons pas notre être d’une manière intuitive, sans cette transfiguration personnelle, de même nous ne saurions rien de la possibilité de notre transfiguration personnelle, si la transfiguration du Réparateur ne nous en avait donné la connaissance. Nouvel Homme 51
Oui, divin et exclusif Libérateur des hommes dans l’esclavage, il fallait que tu fusses transfiguré pour que les trésors divins se déployassent à notre vue, et la remplissent de leur éclat immortel. Sans toi nous n’aurions pas su ce que c’était que notre origine, ce que c’était que l’oeuvre, ce que c’était que la charité, ce que c’était que la fontaine de vie. Sois béni à jamais, par toutes les générations, et dans tous les siècles ! Que toutes les voix célèbrent le Réparateur universel, l’agneau sans tache intérieure, et extérieure, celui dont la nature est vivante de la vie même, celui qui a ouvert pour nous les canaux des deux alliances, par lesquelles seules nous pouvions recouvrer l’explication de notre être. Nouvel Homme 51
52. Des vertus diverses et nombreuses nous environnent, et cherchent à pénétrer jusque dans nous. Chacune d’elles dirige son souffle salutaire sur l’un de nos organes, de même que par notre parole nous transmettons à ceux qui nous écoutent les différents mouvements dont nous sommes animés. L’une de ces vertus qui est supérieure à toutes les autres, dirige son souffle divin sur le centre même de notre être, et par l’organe de la parole dont elle est le principe, elle transmet en nous sa propre vie, son propre amour, sa propre lumière : Philippe, celui qui me voit, voit mon père (Jean 14:9). Tel est le langage que le nouvel homme peut tenir à ses disciples, à l’instar du Réparateur ; parce qu’il cherche comme lui à transmettre sa propre vie par le souffle de sa bouche et par l’organe de sa parole à toutes les facultés de son être. Nouvel Homme 52
C’est aussi cette même raison qui rend si variés et si imperceptibles les caractères de tous les écrits qui annoncent le Réparateur, et où tantôt il instruit, tantôt il se voile, tantôt il se 1amente, tantôt il se félicite de ses triomphes, tantôt il s’offre comme victime, tantôt il se donne pour exemple à l’homme et aux nations. Nouvel Homme 52
L’homme de régénération semble avoir été conçu sous le règne patriarca1, il paraît être au berceau au temps de David, où on lui donne une nourriture proportionnée à son âge ; il paraît être dans l’adolescence sous les prophètes où sa nourriture devient plus forte et ses mouvements plus déterminés, et il semble être à l’âge viril sous le Réparateur qui l’affranchit et 1’émancipe des entraves de la minorité ; c’est à la mort de le remettre au rang des anciens et des princes du peuple pour en obtenir la vénération et les respects qui sont dus aux sages vieillards. Nouvel Homme 52
C’est par cette marche toujours croissante que le Réparateur a développé le cours de ses manifestations sur la terre. La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean ; depuis ce temps-là le royaume de Dieu est annoncé, et il souffre qu’on le prenne par violence. L’agneau sacré avait été figuré par les sacrifices de l’ancienne loi ; l’ecclésiastique et les prophéties nous l’avaient désigné comme devant rendre la paix à la terre. Jean est le premier qui (comme nous l’avons dit, n°41) ait fait connaître visiblement le Réparateur sous le caractère de l’agneau qui venait ôter les péchés du monde. C’est par sa bouche que sont passés l’annonce et le signalement des nations. Nouvel Homme 52
Or si l’homme n’a pas besoin de chercher plus loin que lui-même pour trouver la ville sainte avec ses habitants, à plus forte raison pourra-t-il trouver dans lui-même ce second, ce concitoyen avec lequel il peut s’unir au nom du Seigneur, pour lui demander tout ce dont son esprit peut éprouver la disette, et le besoin. Souvent même cette seule réunion leur procurera des secours inattendus, et dont ils seront tous surpris. Ainsi lorsque leur barque sera agitée par un grand vent, le Réparateur marchera près d’eux sur la mer, et dans leur frayeur il leur dira : c’est moi, ne craignez point ; qu’alors ils le prennent seulement dans leur barque et la barque se trouvera tout de suite au lieu où ils désireront aller. Nouvel Homme 54
Car combien de signes altérés, trompeurs, et abominables se sont emparés de l’homme ! Combien de puissances fausses pensent en lui, pensent pour lui, et le font penser malgré lui ! Combien de puissances fausses parlent en lui, parlent pour lui, et le font parler malgré lui ! Combien de puissances fausses agissent en lui, agissent pour lui, et le font agir malgré lui, et voilà pourtant cet être dans qui la Divinité devait passer tout entière, et dont il devait être à la fois la pensée, la parole, et l’opération ; voilà cet être qui est la pierre fondamentale sur laquelle le Seigneur a dit qu’il voulait bâtir son Église ; voilà cet être qui à l’imitation du Réparateur dont il est le frère, pouvait dire comme lui : Je suis la lumière du monde (Jean 8:12). Nouvel Homme 54
C’est ce mouvement de l’action divine qui a préparé la naissance du nouvel homme, et c’est aussi ce mouvement de 1’action divine qui l’a opérée ; puisqu’il n’y a rien dans l’ordre des choses de l’esprit où le mouvement de l’action divine ne doive présider. Cette naissance du nouvel homme a été pour lui, comme ce jour qu’Abraham désira voir avec ardeur, qu’il eut le bonheur de voir, et dont il se réjouit (Jean 8:56), et c’est là aussi ce que signifiait cette parole du Réparateur à ses disciples (Luc 10:24). Je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’on point vu, et entendre ce que vous entendez et ne l’ont point entendu. Car de même que, nul ne connaît qui est le fils que le père ; ni qui est le père que le fils ; de même, nul ne connaît qui est le nouvel homme que l’action divine, ni qui est l’action divine que le nouvel homme, ou celui à qui il a donné le pouvoir de le révéler. Nouvel Homme 55
Ce nouvel homme a aussi le pouvoir d’expliquer le nom du Réparateur puisqu’il ne peut expliquer le nom du père sans expliquer le nom du fils ; aussi en ouvrant ce nom il versera les consolations dans tout son être et dans sa propre terre, comme ce nom a versé les consolations dans la terre universelle. Nouvel Homme 55
Le nouvel homme expliquera aussi le nom de l’esprit, puisqu’il ne peut expliquer le nom du père, et le nom du Réparateur sans expliquer le nom de celui qui est leur véritable et essentielle opération ; et c’est par l’explication de ce triple nom qu’il se rendra le fidèle serviteur du Seigneur, parce qu’il ne s’appliquera jamais à l’explication active de ce triple nom, sans être saisi d’une sainte frayeur que les canaux de son être ne soient pas assez purifiés pour que la vérité passe en lui sans y éprouver de la gêne et de la douleur. Nouvel Homme 55
Le nouvel homme ne monte ces degrés que dans un tremblement continuel, parce qu’il sait que le feu de l’esprit peut s’enflammer jusqu’à nos mauvaises substances, et que par conséquent rien n’est comparable aux précautions que nous devons prendre pour ne pas faire entrer Dieu en nous, sans avoir mis hors de nous toutes ces substances fausses et susceptibles de s’enflammer pour notre destruction, au lieu de s’enflammer pour notre véritable perfectionnement. D’ailleurs s’il n’en résulte pas toujours un si funeste embrasement, il en peut résulter au moins un terrible danger ; celui de ne pas recevoir l’action de l’esprit en nous dans son abondance et dans sa plénitude. Si vous voulez être parfait, disait le Réparateur au jeune homme de l’Evangile, allez, vendez ce que vous avez, et le donnez aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel, puis venez et me suivez. Nouvel Homme 56
Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu ! disait un de ceux qui se trouvaient un jour à table avec le Réparateur (Luc 14:15). Mais que lui dit le Réparateur pour lui montrer combien peu d’hommes savaient non seulement chercher l’esprit dans sa plénitude, mais même le laisser entrer en eux quand il se présentait, et vendre ce qu’ils avaient pour lui faire place ? Il lui rapporte la parabole du festin et du grand souper auquel un homme avait invité plusieurs personnes ; il lui rapporte comment toutes ces personnes s’excusèrent sous divers prétextes, l’un pour une maison qu’il vient d’acheter, l’autre pour une femme qu’il vient d’épouser, etc. Il lui rapporte comment il dit à son serviteur de faire entrer alors les pauvres, les estropiés, les aveugles, et même tous ceux qu’il rencontrera dans les chemins et le long des haies, parce qu’il veut que sa maison soit pleine. Nouvel Homme 56
Il va même une autre fois jusqu’à louer l’industrie des enfants des hommes à la honte des enfants de lumière qui ne savent pas, comme eux, mettre leurs richesses à profit, et s’en faire des amis pour les temps de détresse. Car si cet économe était coupable par ses injustices, il était remarquable par son adresse, et par son industrie ; et c’était là tout ce que le Réparateur cherchait à réveiller dans l’esprit des hommes, afin qu’après avoir fait usage des dons qui étaient à leur disposition, il leur en fût confié de plus considérables. Nouvel Homme 56
Cette ânesse sous le joug, est aux yeux de l’homme universel l’ancienne alliance lévitique qui tenait l’homme dans les chaînes des lois, et des formalités cérémonielles des sacrifices de sang, et de l’immolation des victimes ; le poulain de cette ânesse, sur lequel personne n’a jamais monté, est aux yeux de l’homme universel, l’alliance nouvelle qui ne pouvait être apportée et établie que par la seule médiation du Réparateur, et qui n’aurait jamais été connue sans lui, mais qui ne pouvait cependant être manifestée qu’au sein de cette même loi lévitique, puisqu’elle en était comme la fille, attendu qu’il est écrit que le salut vient de Juifs. Nouvel Homme 57
Aux yeux de l’homme particulier, l’ancienne alliance est l’image du vieil homme détenu sous le joug du temps, et de ses impérieux ministres. La seconde alliance est le nouvel homme, c’est cette âme divine dans sa pureté, et la seule sur qui le Réparateur pût se reposer pour faire son entrée dans Jérusalem ; aussi quels transports dans toutes les régions du nouvel homme, lorsque le Réparateur et lui se retrouvèrent ensemble dans ces rapports mutuels que nous n’aurions jamais dû perdre de vue ! Nouvel Homme 57
Félicite-toi donc en effet, ô nouvel homme, de ce que le Réparateur a voulu accomplir en toi la promesse qu’il a faite à Abraham de ne jamais abandonner son peuple ; mais pleure sur le vieil homme, et sur tous ceux qu’il a subjugués, et dis-lui : « Ah, si tu avais reconnu au moins en ce jour qui t’est donné ce qui te pouvait apporter la paix! Mais maintenant tout ceci est caché à tes yeux ; car il viendra un temps malheureux pour toi, que tes ennemis t’environneront de tranchées, qu’ils t’enfermeront, et te serreront de toutes parts, qu’ils te raseront, et te déchireront entièrement, toi, tes enfants qui sont dans tes murs, et qu’ils ne te laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps auquel Dieu t’a visité. » Nouvel Homme 57
A l’instar du Réparateur, le nouvel homme va entrer dans son propre temple, en chasser à coups de fouets les changeurs et les vendeurs de colombes, en leur reprochant que de la maison de son père qui était une maison de prière, ils ont fait une caverne de voleurs. Si les princes des prêtres, les docteurs de la loi, et les sénateurs lui demandent par quelle autorité il fait ces choses, il ne leur répondra point, parce qu’ils ne peuvent pas dire si le baptême de Jean était des hommes, où s’il était du ciel ; parce qu’ils ne connaissent point l’union de l’âme humaine avec l’esprit du Seigneur, qui fait que le baptême de Jean tenait à la fois à ces deux mondes, et par là était l’image de l’autorité du Réparateur qui provenait aussi de la réunion des puissances de ces deux mondes. Nouvel Homme 57
Mais plus il a acquis de lumières, plus il se croit obligé d’éclairer toutes les régions de son être sur tous les dangers qui peuvent accompagner leur régénération. Il leur dira donc comme le Réparateur aux apôtres : Nouvel Homme 59
Il attend l’heure favorable pour venir opérer dans l’âme ce salutaire sacrifice, parce que son amour pour nous l’a engagé même à s’assujettir à la loi des heures ; mais quand cette heure est arrivée, il se met à table avec nous, et il nous dit : « J’ai souhaité avec ardeur manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ; car je vous déclare que je n’en mangerai plus désormais jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » Parce qu’après la consommation du grand sacrifice du Réparateur, il fallait encore un temps pour la ratification, et pour que les fruits de ce sacrifice parvinssent à leur terme. Nouvel Homme 60
Il prend le calice, et ayant rendu grâce, il nous dit : « Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang, lequel sera répandu pour vous. Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu’à ce jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon père ; toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. » Parce que le sang de cette coupe, annonce l’effusion du sang matériel du Réparateur, que l’effusion de son sang matériel annonce l’effusion de son sang spirituel, et qu’en même temps cette coupe annonce l’effusion du sang corporel de l’homme pour l’abolition du péché, et l’effusion de son sang spirituel pour sa régénération particulière. Nouvel Homme 60
C’est pourquoi le nouvel homme n’aurait pas été régénéré si le Réparateur ne s’était pas fait homme, parce que sans cela les voies de notre sang n’auraient jamais été ouvertes, et ce sang n’aurait jamais pu couler, malgré la mort corporelle que nous subissons tous les jours, et malgré tous les massacres de la terre. C’est aussi par ce moyen qu’il a fait de l’âme des hommes un agneau pascal semblable à lui ; et que cet agneau doit être immolé dans chacun d’eux, pour en faire autant de nouveaux hommes, comme il a dû être immolé lui-même pour le renouvellement, et la régénération de toute l’espèce humaine. Nouvel Homme 60
Le Réparateur a-t-il prédit beaucoup d’événements ? Non, il n’a presque prédit que ceux qui devaient se réaliser incessamment, et ouvrir les yeux aux nations sur son oeuvre. Je vous dis ceci dès maintenant, avant qu’il arrive, afin que, lorsqu’il arrivera, vous reconnaissiez qui je suis (Jean 23:19, 14:29, 16:4). Mais il a employé sa vie entière à aplanir, par ses sacrifices, et par son amour, les voies de notre retour vers notre patrie. Nouvel Homme 60
« Ne croyez-vous pas que je suis dans mon père, et que mon père est en moi ? Ce que je vous dis, je ne vous le dis pas de moi-même, mais mon père qui demeure en moi, fait lui-même les oeuvres que je fais. Ne croyez-vous pas que je suis dans mon père, et que mon père est dans moi ? Croyez-le au moins à cause des oeuvres que je fais. » Comment ne croirions-nous pas à notre être essentiel, et fondamental, si nous lui voyons naître un fils en nous ? En même temps ce fils peut-il offrir de réels témoignages de son père, s’il n’est pas continuellement dans ce père, et si son père n’est pas continuellement en lui ? Observation qui aurait pu agir sur ceux qui doutent de la divinité du Réparateur, et qui dans le vrai, ne doutent tant de la divinité de ce Réparateur, que parce qu’ils ne doutent pas assez de la divinité de la matière, et parce qu’ils n’ont pas eu soin de travailler à faire naître un fils en eux, puisque si l’homme ne renaît de nouveau, il ne peut entrer dans le royaume des cieux. Nouvel Homme 61
Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61
62. Je suis la vraie vigne, et mon père est le vigneron. Il retranchera toutes les branches qui ne portent point de fruit en moi, et il taillera toutes celles qui portent du fruit, afin qu’elles en portent davantage. Ce que le Réparateur opère sur toute la famille humaine, l’esprit l’opère sur notre fils spirituel pour lui procurer une saine et robuste constitution, et pour lui faire produire des fruits nombreux ; et à son tour ce fils spirituel le doit opérer en nous sur tout notre être. Car ce fils spirituel est notre vraie vigne dont nos facultés sont les branches, comme tout notre être est une branche de la vigne universelle ou de l’éternel Réparateur. Nouvel Homme 62
C’est pour cela que le Réparateur ajoute : « Si je n’avais point fait parmi eux des oeuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils les ont vues, et ils ont haï et moi, et mon père. » Puisque si celui qui voit le fils, voit le père, si celui qui aime le fils, aime le père, il est impossible par la même raison de haïr le fils sans haïr le père, attendu que le père est dans le fils, comme le fils est dans le père. Nouvel Homme 62
64. Rassemblons ici toutes nos puissances, précipitons-nous avec ardeur dans le torrent qui porte avec lui la conviction, parce que sans la conviction, il n’y a point de force et de courage, et que sans la force et le courage, il n’y a point de bonté ni dans notre coeur, ni dans nos oeuvres. Rassemblons, dis-je, toutes nos puissances, et disons avec le Réparateur : Nouvel Homme 64
« Vous lui avez donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or, la vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et le Réparateur que vous avez envoyé. » La puissance n’est donnée au nouvel homme sur toutes les régions de son être, qu’afin qu’il leur communique la vie éternelle dont il est rempli ; et cette vie éternelle peut-elle être autre chose que de connaître le suprême auteur de la vie dans celui qu’il a envoyé pour le manifester, et de sentir en nous-mêmes, comme cela est donné à tous, l’oeuvre effectif de cette naissance spirituelle par la naissance du nouvel homme en nous ; merveille qui pourrait nous combler de joie, mais qui ne devrait pas nous surprendre, si nous avions présent à la pensée, que nous devons être sous tous les rapports, l’image, et la ressemblance de Dieu. Nouvel Homme 64
« J’ai fait connaître votre nom aux hommes que vous m’avez donnés après les avoir séparés du monde ; ils étaient à vous, et vous me les avez donnés, et ils ont gardé votre parole ; maintenant ils connaissent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous, parce que je leur ai donné les paroles que vous m’avez données, et ils les ont reçues, ils ont reconnu véritablement que je suis sorti de vous, et ils ont cru que vous m’avez envoyé. » Cette gloire que le Réparateur a eue dans son père avant que le monde fût, est si grande, que le nouvel homme la demande comme une récompense de ses travaux, comme un lieu de repos pour avoir manifesté la parole ; cette gloire doit en effet être le véritable lieu de repos pour l’esprit de l’homme qui, selon la loi de tout ce qui existe, ne peut trouver de repos que dans la génération de sa propre source en lui-même. Nouvel Homme 64
« Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les conservais en votre nom. J’ai conservé ceux que vous m’avez donnés, et nul d’eux ne s’est perdu, mais celui-là seulement qui était enfant de perdition, afin que l’Ecriture soit accomplie. » La présence du nouvel homme, parmi les siens, est suffisante pour les préserver, aussi si l’homme veillait dans la sainteté sur son cercle, il ne perdrait aucun de ceux qui sont en lui, excepté le fils de perdition qui est également en nous, qui doit même assister à notre régénération, comme il a assisté à notre perte, mais qui ayant assisté avec triomphe à notre perte ne doit pouvoir assister qu’avec honte et confusion à notre délivrance, afin que la justice prononcée contre lui dès l’instant du crime, et promulguée par les Ecritures, soit exécutée dans notre sanctification, comme cela est arrivé à Iscariot qui assista bien à la cène célébrée par le Réparateur, et qui triompha en le livrant aux princes de la synagogue, mais pour qui le sacrifice glorieux de ce Réparateur, ne fût ensuite qu’une honte, et qu’un fléau de plus. Nouvel Homme 64
« Je ne prie pas seulement pour eux, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole. Afin qu’ils soient un, tous ensemble, comme vous, mon père, êtes en moi, et moi en vous, qu’ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. » Quel autre désir que celui de l’expansion de l’unité peut se faire connaître à celui qui est plein de la vie de l’unité ? Aussi les traits les plus vifs que le nouvel homme éprouve dès qu’il entre dans la voie de sa régénération, ce sont ceux du zèle, et de l’ardeur pour cette expansion de l’unité ; c’est la douleur qui lui occasionne la vue des campagnes d’Israël abandonnées et désertes, de même que le spectacle de tous ceux de ses frères qui sont emmenés en captivité, et languissants dans l’esclavage, et c’est sur lui-même qu’il trouve à éprouver toutes ces diverses impressions, puisque nous ne devons plus oublier que l’homme est à lui seul un univers tout entier, et nous ne devons plus douter que si, à l’image du Réparateur universel, il se trouve en chacun de nous un libérateur particulier, ce n’est que parce qu’il s’y trouve aussi des rois d’Égypte, et de Babylone, qui ne manquent pas de trouver également en nous un peuple coupable qu’ils emmènent journellement en servitude ? Nouvel Homme 64
« Mon père, je désire que là ou je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde. » Nouvel homme, contemple ici la gloire que te prépare le Réparateur, afin que tu la prépares toi-même à ton tour à tous les tiens. Ce n’est rien moins que d’être là où est le Réparateur lui-même ; ce n’est rien moins que de contempler sa propre gloire, de percer par là jusqu’à cette lumière qui est au-dessus des temps, de sentir en t’élevant jusqu’à lui, ce que c’est que d’avoir été aimé de Dieu avant la création du monde ; et de reconnaître par ce moyen, l’immensité du vaste champ que peut embrasser ton antique origine, et ta sainte immortalité. Nouvel Homme 64
« Père juste, le monde ne vous a point connu, mais moi, je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que vous m’avez envoyé. Je leur ai fait connaître votre nom, et le leur ferai connaître encore, afin que l’amour par lequel vous m’avez aimé soit en eux, et que je sois moi-même dans eux. » Nouvel homme, ne cesse point de faire remarquer à tous les tiens ces dernières paroles du Réparateur, avant qu’il soit livré pour aller consommer son sacrifice ; ne cesse point de leur dire que le terme de tous ses désirs est que l’amour par lequel son père l’a aimé soit dans ses disciples, et qu’il cherche qu’à être en eux pour leur faire parvenir cet amour dont il est aimé de son père, et dont il aime toute la famille humaine. Ne cesse point de leur faire observer qu’il ne leur montre ainsi son amour comme le terme final de toutes ses oeuvres et de toutes ses entreprises, que parce que cet amour en est le principe éternel et universel. Nouvel Homme 64
65. Après avoir ainsi terminé ses instructions, le Réparateur se retire dans la vallée de Gethsemani, ou la vallée de l’Huile, et il entre dans le jardin des Oliviers où il allait ordinairement avec ses disciples. Ce nom de vallée d’Huile est lui-même analogue à l’oeuvre de paix que ce Réparateur venait opérer ; et c’est dans ce jardin de pacification où il va être trahi et livré, comme le fut autrefois le premier homme dans le jardin d’Eden, ou de délices, afin que, par ces frappantes correspondances, l’homme intelligent aperçoive les rapports qui existent entre ces diverses époques, et qu’il ne puisse plus douter que le Réparateur n’ait voulu absolument marcher par les mêmes voies que l’homme coupable, mais dans un autre esprit, et dans l’intention de rectifier ces voies, et de rétablir ce que cet homme coupable avait détruit. Nouvel Homme 65
Tant que le grand prêtre n’emploiera avec toi que la voix de ces faux témoignages, tu garderas le silence, non seulement parce que tu t’es dévoué, mais encore parce que tu sais que l’homme ayant lui-même faussé le témoignage qu’il devait rendre autrefois à la Divinité suprême, c’est une loi de la justice qu’il éprouve la peine du talion, et qu’il soit l’objet des faux témoignages. Mais quand le grand prêtre te commandera par le Dieu vivant, de lui dire si tu es le Christ fils de Dieu, tu montreras ton respect pour ce nom ineffable, et tu lui répondras que tu es l’oint du Seigneur pour opérer ta régénération particulière, comme le Réparateur est l’oint du Seigneur pour la régénération universelle. Tu ajouteras même pour lui faire connaître ta tranquillité au milieu de ses menaces, et ton espérance au milieu de tes tribulations, qu’un jour il verra le fils de l’homme assis à la droite de la majesté de Dieu, qui viendra sur les nuées du ciel. Nouvel Homme 65
Les ennemis de la paix et de la lumière, en te traitant de la sorte, auront grand soin d’observer quelques points de la loi, afin de parenté fidèles à la justice, tout en égorgeant l’innocence. C’est ainsi que les Juifs, en conduisant le Réparateur chez Pilate pour le livrer à la mort, ne voulurent point entrer dans le palais de ce gouverneur qui n’était pas de leur religion, de peur qu’étant impurs, ils ne pussent manger la Pâque. Nouvel Homme 65
Néanmoins, cet homme naturel qui est encore en toi, et qui ne s’aveugle point sur les injustices qui se commettront intérieurement contre toi, se séparera de tes accusateurs, et dira comme Pilate lorsqu’il fit apporter de l’eau, et qu’il se lava les mains devant le peuple : je suis innocent du sang de ce juste ; ce serait en vain qu’il s’opposerait à ta condamnation, ce serait en vain que les rois de la terre, tout en te méprisant, comme Hérode méprisa le Réparateur, diraient cependant qu’ils ne trouvent rien en toi qui mérite la mort ; ce serait en vain qu’ils offriraient de te délivrer au moment de la Pâque, selon l’usage où était le gouverneur de délivrer un criminel à cette époque. Tes ennemis intérieurs ne se contentent pas de te dénoncer comme criminel, ils veulent encore que tu sois crucifié comme tel, tandis qu’au contraire, ils veulent qu’on délivre Barabbas, c’est-à-dire, qu’ils veulent que la grâce tombe sur le coupable, et toute la fureur de la vengeance qu’ils appellent justice, sur l’innocent. Nouvel Homme 65
Porte des yeux intelligents sur tous ces faits que le Réparateur a présentés à ta pensée. Pour quel objet était venu ce Réparateur ? N’était-ce pas pour sauver le coupable ? N’était-ce pas pour délivrer l’esclave ? N’était-ce pas pour arracher ta parole aux abîmes qui la retenaient renfermée ? Eût-ce été pour se délivrer lui-même, puisqu’il n’était point sous la loi du péché ? Nouvel Homme 65
Mais la délivrance du coupable ne pouvait avoir lieu sans le sacrifice de l’innocent, puisqu’il fallait présenter un appât à l’ennemi sur lequel il pût décharger sa rage afin de le forcer par là à lâcher sa proie. Voilà pourquoi le Réparateur suspend toutes ses puissances spirituelles pour se livrer à la puissance temporelle des hommes. Il suspend toutes ses puissances spirituelles par son amour et par le désir qu’il a de rendre la vie à ses frères, comme le premier homme avait suspendu les siennes par un cupide orgueil, et par un inique aveuglement ; il se livre à la puissance temporelle des hommes dans un temps marqué où leur loi et leur coutume les autorise à délivrer un criminel ; et tandis qu’il a en lui tous les moyens pour s’arracher aux mains de ses ennemis, il se laisse condamner par eux, et laisse délivrer le voleur. Image temporelle de la délivrance spirituelle qu’il allait opérer sur toute la postérité humaine par la consommation de son sacrifice. Nouvel Homme 65
C’est donc à toi, nouvel homme, de puiser ici les instructions salutaires que cette marche du Réparateur a présentées à ton intelligence ; suspends en toi-même toutes tes puissances spirituelles d’empire et d’autorité, pour ne mettre en oeuvre que tes puissances de résignation ; immole sans cesse dans toi l’homme innocent pour la délivrance de l’homme coupable, ou du Barabbas que tu portes dans ton sein. Enfin livre courageusement l’homme illusoire et passager aux mains de tes ennemis ; ils seront eux-mêmes les victimes des maux qu’ils lui feront souffrir ; son sang retombera sur eux et sur leurs enfants ; parce qu’en exerçant leur rage sur l’homme illusoire et passager, ils ouvriront la voie à l’homme réel et régénéré dans la vie, et c’est cet homme réel et régénéré dans la vie qui les couvrira de honte, et les précipitera dans les abîmes. Nouvel Homme 65
66. Après que ce Réparateur a été couvert d’outrages, après qu’il a été revêtu de toutes les marques de la dérision, après que dans cet état d’humiliation Pilate l’a présenté au peuple et a dit : Voilà l’homme, comme pour nous retracer ce dépouillement ignominieux de toute notre puissance et de toute notre gloire où le crime primitif nous a entraînés, après, dis-je, que tous ces types préparatoires sont accomplis, le Réparateur est livré entre les mains de ses ennemis pour qu’ils le crucifient, et aussitôt ils le conduisent au supplice avec deux voleurs qui doivent être crucifiés en même temps. Nouvel Homme 66
Nouvel homme, pourquoi le Réparateur marche-t-il ainsi au supplice au milieu de deux voleurs, si ce n’est pour montrer qu’il ne venait que pour briser l’iniquité ? Mais quelle est cette iniquité qu’il doit briser ? C’est toi-même, ô âme de l’homme qui t’es transformée en mensonge et en abomination ; car c’est par toi qu’il doit passer aujourd’hui pour aller attaquer l’ennemi comme autrefois il aurait passé par toi pour lui porter des secours et des lumières ; la loi n’a pas changé quoique l’objet de la loi ne soit plus le même. Et toi malheureux mortel, toi que le Réparateur ne craint pas de traverser quoique tu ne sois plus qu’iniquité, tu craindrais de traverser avec lui les iniquités qui t’environnent, ces iniquités que tu ne peux briser et dissoudre sans lui, ces iniquités qu’il vient lui-même dissoudre de concert avec toi, tandis qu’il ne te demande que de se laisser entrer en toi sous la figure d’un criminel, et marcher au supplice avec toi ! Nouvel Homme 66
Marche donc sur les pas du Réparateur dans ta résignation et dans ta confiance jusque sur ton Calvaire ; laisse-toi crucifier entre les voleurs qui sont dans toi. Si ton exemple et ta douceur ne les convertissent pas tous, peut-être au moins s’en peut-il trouver un qui soit touché de te voir si maltraité malgré ton innocence, et de te voir prier pour tes bourreaux. Peut-être fera-t-il alors un retour sur lui-même, et méritera-t-il par sa récipiscence d’entrer dès aujourd’hui avec toi dans le paradis préparatoire. Nouvel Homme 66
Tu te rempliras donc de l’esprit de l’intelligence pour pénétrer dans l’oeuvre et le sacrifice du Réparateur, et pour en faire ensuite l’application à ton sacrifice particulier. Tu verras pourquoi il y avait un jardin où ce Réparateur fut crucifié (Jean 19:41). Puisque tu as déjà compris pourquoi c’est dans un jardin qu’il fut arrêté, comme c’est dans un jardin que le premier homme est devenu coupable. Nouvel Homme 66
Tu verras pourquoi les princes des prêtres, les sénateurs, les soldats, et tout le peuple qui passait par là l’accable de mépris, en lui disant que s’il était l’élu de Dieu envoyé pour sauver les autres, il se sauverait lui-même, et que s’il voulait qu’ils crussent en lui, il n’avait qu’à descendre de la croix ; parce qu’ils ignorent qu’il n’a que cette voie cruelle pour accomplir l’oeuvre de notre délivrance, puisque nous avons laissé crucifier par le sang et par la matière ce qui était à lui, et ce qui était sorti de lui, et parce que si le Réparateur descendait de la croix, l’oeuvre spirituelle serait manquée, quand même les yeux corporels de la multitude se promettraient d’être convaincus par ce prodige. Nouvel Homme 66
Comment pourrait-il avancer son oeuvre quand il attaque le diamant vif, puisqu’en croyant agir pour son propre avantage, il agit presque toujours contre ? Il a poussé les Juifs à faire mourir le Réparateur, et c’est cette mort qui devait le tuer. Il a poussé les Juifs à demander que le sang de ce Réparateur retombât sur leur tête parce qu’il comptait les perdre par cette imprécation, et c’est ce sang qui devait les sauver. N’ayant pu réussir dans ces deux entreprises, il essaie de le faire tenter par eux en lui demandant de se délivrer lui-même pour les convaincre, et c’est au contraire ce sacrifice qu’il fait de lui-même qui doit les amener à la conviction. Nouvel Homme 66
Tu sauras pourquoi l’inscription qui fut mise au-dessus de la tête du Réparateur, portait : Jésus de Nazareth roi des Juifs, et pourquoi ces mêmes Juifs demandaient que l’on mit seulement qu’il s’était dit : roi des Juifs, parce qu’il eussent été choqués de l’apparence de leur crime si le nom positif était resté, tandis qu’ils ne l’étaient pas du crime même pourvu que la victime eût l’apparence d’être criminelle. Nouvel Homme 66
Tu découvriras aussi des traits de lumière dans cette triple inscription en hébreu, en grec et en latin, parce que cet objet tient particulièrement à la marche que la vérité a voulu suivre sur la terre ; ce n’était point en vain que ces trois langues étaient connues et comme familières à Jérusalem ; et ce n’eut point été seulement pour être entendues des trois nations qui les parlaient, que cette inscription eût été mise ainsi dans les trois langues, si la sagesse n’avait eu des desseins secrets sur ces trois nations ; car il y avait encore à Jérusalem d’autres nations et d’autres tangues ; et ces desseins secrets de la sagesse se sont expliqués en partie aux yeux des hommes les moins attentifs, puisqu’ils ont pu voir l’expulsion des Juifs et la vocation des Grecs et des Romains ; nouvelle image de cette unité qui est continuellement sacrifiée pour la destruction de l’iniquité et pour la délivrance des malheureux qui font leur séjour dans les ténèbres. Mais abandonnant cette recherche particulière à l’histoire spirituelle des peuples dans laquelle doivent se trouver aussi d’immenses trésors d’intelligence et de vérité, tu poursuivras tes observations sur le sacrifice du Réparateur. Nouvel Homme 66
C’est en ne t’écartant point de la contemplation de ces principes que tu comprendras pourquoi on lui donne du vinaigre à boire, car indépendamment de ce que les interprètes nous apprennent que c’était un usage de donner une potion amère aux criminels, tu verras que l’homme n’en pouvait trouver d’autre après s’être séparé de la source éternelle des eaux vives et pures ; et que le Réparateur en subissant corporellement une loi si rigoureuse à sa matière, donnait en même temps une profonde instruction à la pensée, et traçait la route à l’esprit de ceux qui désirent marcher dans les voies de la régénération. Nouvel Homme 66
C’est même là la dernière épreuve qui termine l’oeuvre visible de ce Réparateur ; et il semble que c’est à goûter cette amertume spirituelle, comme on l’a vu au commencement de cet écrit, que consiste réellement le sacrifice et tout le prix de l’expiation, puisque le Réparateur, après avoir pris le vinaigre qui lui fut présenté dans une éponge au bout d’un bâton d’hysope, dit : Tout est accompli. Et ayant baissé la tête, rendit l’esprit. Nouvel Homme 66
67. Nouvel homme, applique promptement sur toi tous ces types que tu viens de parcourir. La mort corporelle du Réparateur devait être volontaire pour rendre à ton esprit la force de mourir volontairement à son tour ; et elle t’offre une oeuvre plus grande que celle de ta mort corporelle même ; aussi avait-il dit : Vous ferez de plus grandes oeuvres que les miennes. Nouvel Homme 67
Les premiers prévaricateurs firent mourir de mort le premier homme envoyé pour les régénérer ; ils le firent mourir de mort, parce que n’étant pas matière, il ne pouvait pas mourir autrement. Les Juifs ont fait mourir le Réparateur qui venait les sauver ; mais ils ne l’ont pas fait mourir de mort, parce qu’il était au-dessus du péché. Mais toi nouvel homme, toi à qui le Réparateur vient de rendre la puissance sacerdotale pour immoler la victime, ne perds pas un instant pour exercer ton ministère. Tu. vois que les premiers prévaricateurs ont fait mourir de mort le premier homme envoyé pour les régénérer. Il faut donc que tu meures de mort une seconde fois, si tu veux payer le tribut à la justice, et si tu veux rentrer dans la vie de ton esprit, et cela sans attendre même la mort de ton corps laquelle doit, à la vérité, être toujours prête et résignée de ta part, mais qui ne doit point être volontaire, puisque celle du corps du Réparateur l’a été, et puisque ce n’est pas ton corps qui a péché. Nouvel Homme 67
C’est donc à l’holocauste et à la mort de ton esprit que doivent être consacrés tous tes efforts, et c’est à l’accomplissement de ce grand oeuvre que doivent s’employer sans cesse toutes tes intelligences et toutes tes puissances ; car si tu meures de mort dans ton esprit avant la mort de ton corps, tu dois craindre qu’après la mort de ton corps, ton esprit ne puisse plus vivre que de mort au lieu de vivre de la vie. Il faut donc qu’après avoir été le jouet du peuple ignorant qui est en toi, après avoir été conduit au supplice au milieu des voleurs et de l’iniquité dont tu t’es rapproché autrefois, enfin après avoir été appliqué sur la croix, et après avoir pris le vinaigre qui t’es présenté, tu dises comme le Réparateur : tout est accompli, et qu’ayant baissé la tête, tu rendes l’esprit comme lui. Nouvel Homme 67
Tes bourreaux ne rompront point tes os, comme ils n’ont point rompu ceux du Réparateur, ils ne diviseront point non plus ta robe, parce que tu es toi-même le sens et l’esprit dont toutes ces choses étaient le type et la lettre ; mais ils perceront ton côté, comme ils ont percé celui de son corps, afin que ton sang spirituel soit répandu, et que tu rendes à Dieu ce que tu avais pris à Dieu, comme le Réparateur rendit à la terre le sang matériel qu’il avait reçu de la terre. Mais de même que le sang matériel du Réparateur, vu sa pureté, a rectifié toutes les puissances des éléments universels, de même ton sang spirituel en se répandant doit couler sur toute ta personne et sur toutes tes puissances, pour leur rendre leur première vertu et leur premier caractère. Nouvel Homme 67
Voilà cet agneau sans tache qui est immolé en toi dès le commencement de ton monde particulier, comme l’agneau divin a été immolé depuis le commencement du monde général pour la rédemption de l’universalité des humains ; voilà cet agneau qui est engendré en toi par l’esprit, comme le Réparateur était engendré par Dieu ; enfin voilà cet agneau dont la crucifixion t’est aussi nécessaire et aussi indispensable pour opérer ta reconnaissance particulière, que la crucifixion corporelle du Réparateur pouvait l’être pour opérer la renaissance de toute la famille humaine. Nouvel Homme 67
Car sans cette crucifixion du Réparateur, la famille humaine n’eut jamais pu entrer dans les sentiers qui devaient la conduire à la vie, et sans ta crucifixion particulière, celle du Réparateur même devient inutile à ta guérison spirituelle, comme le serait à la guérison de tes plaies corporelles un baume qui te serait offert, mais dont tu ne voudrais pas faire usage. Nouvel Homme 67
Dans la loi nouvelle, nul homme n’est dispensé de se trouver à l’armée, parce que chacun y doit combattre pour son propre compte. Les victoires de l’un sont à part des victoires de l’autre, et si quelqu’un se retire du combat, soit par faiblesse, soit par un intérêt quelconque qui l’attire ailleurs, comme il n’aura point participé aux dangers ni aux fatigues, il ne participera point non plus aux récompenses ; car le don général que le Réparateur est venu apporter sur la terre, devant appartenir à tous, nous sommes tous obligés à la même oeuvre, puisque le temps des subdivisions est écoulé et que nous pouvons renaître, vivre et agir dans l’unité. Nouvel Homme 67
Aussi ceux qui n’auront pas consommé l’oeuvre de leur crucifixion ne seront point admis au festin de l’agneau, et ne goûteront point de ce nouveau jus de la vigne qui est préparé pour le Réparateur, et pour tous ceux qui auront fait mourir leur esprit en son nom, et qui l’auront fait ensevelir dans ce sépulcre nouveau où personne avant lui n’avait encore été mis, parce qu’il n’y avait que lui qui pût pénétrer ainsi le premier jusque dans les sombres demeures de la mort, afin qu’après en avoir dissipé les ténèbres et la corruption, ceux qui voudraient ensuite mourir en lui, et s’ensevelir en lui n’y rencontrassent plus que la lumière, la pureté, et la vie. Nouvel Homme 67
Nouvel homme, si à l’exemple de ce Réparateur tu marches ainsi à ton sacrifice, et que tu aies le bonheur de l’accomplir, tu verras en toi s’opérer les mêmes prodiges qui parurent au moment où il subit la mort corporelle. Le soleil de la matière s’obscurcira, parce que ce soleil n’opère en toi que la mort de la vie, et que cet esprit qui naît en toi doit opérer la mort de la mort. Nouvel Homme 67
Le voile de ton temple se déchirera en deux depuis le haut jusqu’en bas, parce que ce voile est l’image de l’iniquité qui sépare ton âme de la lumière où tu as pris ton origine ; et comme en se divisant en deux parts il laisse à tes yeux un accès libre à cette lumière qui t’était inaccessible auparavant, c’est assez clairement t’indiquer que c’était la réunion de ces deux parts qui avait formé ta prison, et qui te retenait dans les ténèbres ; nouvelle image de cette iniquité que le Réparateur n’a pas craint de traverser en paraissant sur le Calvaire au milieu de deux voleurs, afin de te donner la force et les moyens de briser en toi à ton tour cette iniquité. Nouvel Homme 67
Toutes tes autres substances qui auront été témoins de ton sacrifice seront dans l’étonnement ; et à l’image de ce centenier, et de ceux qui étaient avec lui pour garder le corps du Réparateur, elles diront : Cet homme était vraiment le fils de Dieu. Car ayant vu le tremblement de terre, et tout ce qui se passera en toi, elles seront saisies d’une extrême crainte. Il n’y a pas une portion de toi-même qui ne doive éprouver cette extrême crainte à la vue des prodiges qui s’opéreront à ton supplice, et qui ne doive dire : Cet homme était vraiment le fils de Dieu, puisque lors de la prévarication, il n’y a pas eu une portion de toi-même qui n’ait été dans une orgueilleuse sécurité, et qui n’ait refusé alors de reconnaître Dieu pour ton père. Nouvel Homme 67
68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68
Car c’est là le moment d’opérer dans toutes les régions de son essence le renouvellement qui s’est déjà opéré en lui-même, et qui devait commencer à partir de son coeur, ou de son propre centre, pour s’étendre ensuite aux extrémités les plus éloignées, comme la réparation universelle est partie du coeur de Dieu pour se répandre ensuite sur toutes les nations. Aussi pourquoi le Réparateur universel fût-il resté trois jours dans le tombeau, si ce n’était pour purifier, et scruter rigoureusement les trois régions qui composent tout l’univers visible et invisible ? Nouvel Homme 68
Mais il se conduira à leur égard, comme l’esprit s’est conduit au sien, et comme le Réparateur s’est conduit à l’égard de ces esprits retenus en prison auxquels il est allé prêcher (1ère Saint-Pierre, 3:19). Il les engagera, comme on l’a engagé lui-même à s’immoler volontairement, et à reconnaître à la fois, et la justice, et la nécessité de leur sacrifice, de façon que tout son être entre librement dans la voie de son jugement et de sa régénération, puisque tout son être est entré librement autrefois dans la voie de l’injustice, de l’iniquité, et des ténèbres. Nouvel Homme 68
En les ranimant ainsi par la chaleur de son propre feu, il ne fera que répéter ce que le Réparateur universel a fait envers lui, et ce qu’il fait continuellement envers toute l’espèce humaine, à qui il ne cesse d’envoyer des rayons de son feu Divin pour les déterminer à leur sacrifice. Car non seulement ce Réparateur est resté trois jours dans le tombeau, non seulement il est resté quarante jours sur la terre après sa résurrection, mais il doit encore rester dans le monde jusqu’à la consommation des siècles. Nouvel Homme 68
Or, quel autre objet peuvent avoir ces différentes stations, si ce n’est de ramener, s’il est possible, jusqu’aux derniers restes des tribus éparses d’Israël, en leur faisant naître le désir d’entrer librement dans la voie de leur délivrance, de se précipiter avec courage dans la Mer Rouge, et de traverser douloureusement tous les déserts qui leur restent à parcourir, pour rentrer du lieu de leur esclavage, et de leur servitude dans la terre promise, et dans la Jérusalem sainte qu’ils ne pourront jamais occuper tant qu’ils ne se seront pas livrés avec ardeur, et résignation à ces pénibles voyages, et à ces périlleuses entreprises. Car si la nature est l’éponge du péché, si l’homme est l’éponge de la nature, si le Réparateur est l’éponge de l’homme, Dieu seul est le lieu de repos de tous les êtres, et c’est là cette Jérusalem à laquelle sont convoquées toutes les tribus d’Israël, tant dans l’ordre universel de l’espèce humaine, que dans l’ordre particulier des individus. Nouvel Homme 68
Dans toutes les stations, et dans tous les repos du Réparateur universel, soit pendant les trois jours qu’il est resté dans le tombeau, soit pendant les quarante jours qu’il est resté ensuite sur la terre, soit pendant le temps qui s’écoulera jusqu’à la consommation des siècles, et qu’il a promis de passer dans le monde, il a marché par des mesures fixes, et des nombres exacts, parce qu’il était lui-même l’archétype de toutes les régularités, qu’il n’a eu d’autre but, que de rapporter le poids, le nombre, et la mesure dans toutes les classes où nous les avions altérés, et comme brisés. Nouvel Homme 68
Le nouvel homme, à son image, va chercher à rapporter aussi la justesse, et les proportions dans toutes les régions de son être ; mais comme il n’est que l’image du Réparateur, comme d’ailleurs les mélanges si divers dont il était composé avant sa régénération doivent introduire mille variétés dans son oeuvre, dans les fruits de son oeuvre, et dans les temps de son oeuvre, personne ne peut indiquer le nombre, le poids, et la mesure qui lui seront prescrits, soit pendant le séjour qu’il fera dans le tombeau, soit pendant celui qu’il fera sur la terre après sa résurrection ; soit pendant celui qu’il fera jusqu’à la consommation des siècles, chaque individu qui se régénère ayant à remplir des proportions particulières. Nouvel Homme 68
Nouvel homme, nouvel homme, voilà les douleurs que tu éprouveras dans le tombeau pendant le séjour plus ou moins long que tu y feras. Mais comme tu as mis le pied dans la voie, tu sauras à qui tu dois demander des secours pour t’y maintenir ; et celui qui t’a donné lui-même l’exemple, et le moyen d’entrer dans le tombeau de l’esprit sera aussi celui dont tu attendras toutes tes consolations, et tous tes développements. Oui, divin Réparateur, tu es le seul qui aies conservé dans sa justesse tous ces éléments de la régularité, et de la perfection, aussi ce n’est que dans toi seul, et par toi seul que nous pouvons être instruits de la marche des êtres, et de leurs différentes lois progressives pour retourner vers la lumière. Nouvel Homme 68
Mais en passant de nouveau par cet être apparent, il fera comme le Réparateur que Dieu avait ressuscité le troisième jour ; il se montrera vivant, non à tout le peuple (actes 10:41), mais aux témoins choisis avant le temps de sa mission particulière ; afin que les témoins puissent prêcher, et attester ensuite devant tout le peuple, que c’est ce nouvel homme qui a été établi de l’esprit pour être dans son royaume individuel le juge des vivants et des morts. Il ne se montrera point à tout le peuple, qui est en lui, car tout le peuple qui est en lui n’est pas en état de contempler sa gloire, et de mettre à profit ses trésors. Nouvel Homme 69
Tu les sens cependant, ces vérités, quand elles s’approchent de toi, et si tu n’es pas coupable, et qu’elles n’opèrent pas ta réprobation à cause de tes crimes, elles te réchauffent, mais à ton insu, à cause de ton ignorance, et de tes ténèbres ; tu marches auprès d’elles, et avec elles, comme les disciples d’Emmaüs marchaient, et s’entretenaient avec le Réparateur sans le connaître, et sans savoir que c’était lui-même qu’ils cherchaient ; et ce n’est que quand ton heure est arrivée, et que tes facultés ont été ouvertes par le pouvoir de l’esprit que tu t’aperçois de ton illusion, et que tu te dis comme ces disciples d’Emmaüs : Notre coeur n’était-il pas tout brûlant en nous lorsqu’il nous parlait durant le chemin, et qu’il nous expliquait les Ecritures ? Or, cette heure n’arrive jamais pour toi tant que tu t’établis à demeure dans tes ténèbres, puisqu’il faut que tu sortes de ta propre illusion pour que cette lumière, elle-même, ne te paraisse pas une illusion. Nouvel Homme 69
Ce n’est qu’à mesure que les âmes se séparent de leur propre région apparente qu’elles conçoivent complètement le règne du Seigneur, et qu’elles entendent sa parole ; ce n’est qu’à chacune des brisures de notre être, que nous atteignons quelques rayons du nom vivificateur, et que nous pouvons acquérir des témoignages de sa gloire, et de sa puissance, comme ce n’est qu’à la rupture du pain que le Réparateur fut reconnu de ces mêmes disciples avec qui il s’était entretenu dans le chemin. Nouvel Homme 69
N’oublie pas ensuite de remarquer quelle est la preuve qu’il te demande de ton amour pour lui, c’est de paître ses brebis, c’est de maintenir dans toutes les facultés, et les régions qui sont dans ta dépendance particulière, l’ordre, la mesure, et l’harmonie qu’il va désormais puiser à la source vive, pour les transmettre à toi, et à tous les tiens ; c’est de les engager à suivre son exemple et à s’immoler à leur tour, comme il s’est immolé à l’exemple du Réparateur, s’ils veulent recouvrer la vie, et voir renaître parmi eux l’universelle unité. Nouvel Homme 69
70. Ame humaine, ton réparateur particulier, ou le nouvel homme t’a ouvert l’esprit pour entendre l’accomplissement de ce qui a été dit de lui dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Car lorsque le Réparateur universel disait : c’est de moi qu’ils ont tous prophétisé ; il ne parlait pas seulement de lui-même, et il faisait entendre par ces paroles qu’ils avaient aussi prophétisé de toutes les âmes de désir, de tous ceux qui veulent devenir de nouveaux hommes, puisqu’il s’est nommé ton frère, et le frère de tous les élus. Nouvel Homme 70
Tu ne peux douter en effet qu’il ne soit avec toi jusqu’à la consommation des siècles, puisque c’est sans sortir de toi qu’il accomplit toutes ses oeuvres, et qu’il en observe dans tout son cours les différentes époques, à l’imitation du Réparateur universel qui, malgré la diversité de ses opérations, n’a jamais été détaché de celui qui l’a engendré, qui l’engendre, et qui l’engendrera éternellement. Ainsi donc si ce nouvel homme trouve en toi sa mère, ses enfants, ses frères, et son père, c’est sans sortir de toi qu’il va remonter vers ce même père d’où doivent dériver toutes les consolations que l’éternelle source qui t’a engendrée ne cherche qu’à verser sur toi en le prenant pour son organe. Nouvel Homme 70
Tu verras cet Etre infini verser continuellement sur nous dans tous les genres, l’abondance de ses puissances, de sa majesté, et de son infinité ; car notre volonté pestilentielle a beau faire, l’Eternel ne cesse de nous en démontrer la borne, et l’impuissance en nous faisant constamment nager dans son universelle immensité. Ne t’afflige donc point, âme humaine, si ton nouvel homme, après t’avoir bénie, s’est séparé de toi, et a été enlevé au ciel. Imite l’exemple des disciples du Réparateur universel qui après l’avoir « vu se séparer d’eux, et monter au ciel, s’en retournèrent comblés de joie à Jérusalem, où ils se tinrent sans cesse dans le temple, louant et bénissant Dieu, » parce qu’ils étaient pleins de confiance en ses promesses. Nouvel Homme 70
Lors donc qu’en allant au temple, selon ta coutume, tu rencontreras de pauvres estropiés tu les regarderas pour juger de leur foi, et quand par le mouvement intérieur de l’esprit tu croiras pouvoir employer tes richesses en leur faveur, tu leur diras : Je n’ai ni or, ni argent, mais ce que j’ai je vous le donne, soyez guéris au nom du Réparateur et marchez. Alors ils se lèveront, ils se tiendront fermes sur leurs pieds, et entreront avec toi dans le temple, en marchant, en sautant et en louant Dieu. Nouvel Homme 70
Tu ne devras point être surprise si, lorsque tu parleras avec foi et confiance aux peuples qui sont en toi et qui t’écouteront, l’esprit descend sur eux, comme il est descendu sur toi, à la parole du nouvel homme, et s’ils deviennent par là susceptibles de recevoir le baptême de ta main, comme tu l’as reçu de la main de ton Réparateur particulier, en raison de ce que tu es dépositaire des sept sources sacramentelles qui doivent jaillir de ta pierre fondamentale : car la promesse a été faite à toi et à tes enfants, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur ton Dieu en appellera. (Actes 2:39). Nouvel Homme 70