8. Quand l’homme prie avec constance, avec foi, et qu’il cherche à se purifier dans la soif active de la pénitence, il peut lui arriver de s’entendre dire intérieurement ce que le réparateur dit à Céphas : tu es pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. Cette opération de l’esprit dans l’homme nous apprend qu’elle est la dignité de l’âme humaine, puisque Dieu ne craint point de la prendre pour la pierre fondamentale de son temple ; elle nous apprend combien nous devons nous nourrir de douces espérances, puisque cette élection nous met à couvert des puissances du temps, et plus encore des puissances des ténèbres et des abîmes ; elle nous apprend enfin ce que c’est que la véritable église, et que, par conséquent, nulle part, il n’y a d’église où cette opération invisible de l’esprit ne se trouve pas. Nouvel Homme 8
Mais remarquons pour quelle raison cette opération de l’esprit constitue la véritable église ; c’est que c’est la parole éternelle qui se grave elle-même alors sur la pierre fondamentale qu’elle choisit, comme le réparateur gravait sa propre parole sur l’âme de saint Pierre à qui il parlait face à face. Sans l’impression de cette parole Divine sur notre âme, l’église ne s’élève point ; comme nous voyons que dans l’ordre temporel les édifices que les rois se proposent de bâtir ne commencent à s’élever que lorsque, d’après l’usage reçu, le nom du fondateur est inscrit sur la première pierre qu’il est censé par là, avoir posée lui-même. Nouvel Homme 8
C’est ce qui est arrivé au réparateur qui ne songeait point à la mort de son corps lorsqu’il demandait que ce calice s’éloignât de lui ; enfin c’est le combat de l’esprit, c’est cette douleur à laquelle aucune douleur ne se compare, et qui par sa grandeur même nous met dans le cas de supporter toutes les autres avec une sorte d’indifférence. Nouvel Homme 12
15. Si l’homme est mort dans toutes ses facultés, il n’y a pas un seul mouvement de son être qui puisse se faire sans que l’on prononce en lui cette parole rapportée plus haut : Lazare, levez-vous. Et si l’homme veut ensuite étendre son intelligence, il verra que non seulement c’est sur lui que le réparateur profère continuellement cette parole, mais aussi sur tout l’univers, et sur toutes les parties de l’univers, puisqu’il n’y en a point qui ne soit aujourd’hui ensevelie dans les ténèbres de la mort, et qui ne soit en souffrance suivant le passage de saint Paul aux Romains, 8:19-23. Nouvel Homme 15
Rappelle-toi cette loi des Hébreux, Lévitique 27-28. Tout ce qui est consacré une fois au Seigneur, sera pour lui comme étant une chose très sainte. Ce fils chéri pouvait-il n’être pas consacré au Seigneur puisque sa conception avait été annoncée par l’ordre du Seigneur, puisqu’il avait été conçu par l’obombration et l’opération de l’esprit du Seigneur, puisqu’enfin il était né sous les auspices et par la puissance du Seigneur ? Ce fils n’était-il pas naturellement consacré au Seigneur, comme un fils est naturellement consacré à son père ? Car le réparateur ne fut offert au temple et consacré au Seigneur que comme fils de l’homme, et comme revêtu de l’habit de l’esclave qui venait réclamer sa délivrance. Ton fils au contraire est le fils de la femme libre ; il est l’homme régénéré ; il est l’enfant spirituel né dans la région de l’esprit et de la vie ; comme tel il est présenté au temple, et consacré au Seigneur par le droit même de sa naissance, comme le verbe éternel est consacré à l’ancien des jours avant la formation des siècles, puisque c’est ce verbe qui a formé les siècles. Nouvel Homme 17
Le réparateur lui-même ne laissa-t-il pas accumuler en lui dans sa patience et dans sa paix toutes ces substances pures et salutaires que l’éternelle sagesse faisait successivement déposer dans son sein, et par lesquelles il devait un jour trouver en lui, lorsque les mesures seraient remplies, tout ce qui serait nécessaire pour l’avantage de la postérité humaine, pour la défendre de ses ennemis, pour fermer le puits de l’abîme, pour former la clef de la voûte du temple, pour nous élever à tous une forteresse impénétrable, et un temple que les temps n’altéreront plus ? Et ce sont les jours de l’obscurité du réparateur qui furent employés à ces utiles préparations, dont les résultats devaient se propager au-delà des siècles. Nouvel Homme 19
Ce sont ces temps silencieux et gouvernés par la prudence et la retraite, qui disposent l’homme à remplir un jour sa mission avec succès, pour la gloire de son maître, pour l’avantage de ses propres frères, et pour l’avancement du règne du Seigneur, en se remplissant ainsi chaque jour des forces nécessaires pour aller attaquer les ennemis de la vérité, et les plonger dans leurs ténébreux précipices. Ainsi saint Luc nous apprend-il que le réparateur, en attendant l’heure de la consommation, passait ses jours dans la prière et dans les déserts ; aussi Moïse, que l’on doit regarder comme un des précurseurs de ce Divin réparateur, passait-il ses jours dans les déserts de Madian, jusqu’au moment où il reçut ordre du Seigneur d’aller délivrer ses frères, et de commander à Pharaon de laisser aller le peu le de Dieu en liberté, afin qu’il pût offrir ses sacrifices à l’Eternel. Nouvel Homme 19
Cela n’empêche pas qu’en attendant nous ne voyions dans l’exemple de la naissance de la parole en nous comment tout est révélation, puisque tout est parole, et puisque toutes les paroles sont comme ensevelies dans des abîmes, dont on ne peut les tirer qu’avec violence ; et cependant les hommes ne veulent pas croire à une révélation tant on s’y est mal pris pour les en convaincre, tandis qu’en les ramenant à eux-mêmes on leur eût prouvé tellement la révélation universelle et de tous les moments, qu’ils auraient été naturellement disposés par là à ne voir ne reconnaître l’oeuvre du réparateur que comme une plus grande révélation, que celle qui se passait en eux ; et comme elle est du même genre, quoiqu’elle embrasse un plan plus vaste, elle pourrait leur paraître plus admirable, comme étant plus sublime, mais non pas plus extraordinaire. Ils auraient même appris, par l’examen des diverses époques du genre humain, à reconnaître les immenses services que cette révélation du Réparateur leur avait rendus, en observant ces diverses époques sur l’homme particulier. Nouvel Homme 20
L’homme ne devrait donc plus s’étonner de voir ce qui est dit dans la révélation du réparateur. Matt. 11, 12, 13. Or, depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et les violents l’emportent. Car jusqu’à Jean tous les prophètes aussi bien que la loi ont prophétisé. Il sentirait en même temps tout le prix de cette révélation du Réparateur, c’est-à-dire, de l’oeuvre qu’il est venu opérer pour la délivrance de notre parole, puisque ce n’est que par cette révélation du Réparateur, et par les vertus de son oeuvre, que nous pouvons espérer chacun de parvenir à notre révélation particulière, ou à la naissance de notre nouvel homme, lequel, seul, peut nous mettre à même de prendre désormais le ciel par violence, au lieu qu’auparavant nous devions attendre qu’il se donnât, à moins que nous ne fussions de la classe des êtres privilégiés. Nouvel Homme 20
Mais gardons-nous de vouloir agir avant cette heureuse époque, et par les mouvements de notre impatience. Avant de croire aux fruits de la loi, il faut commencer par croire à la loi ; car, selon l’Évangile, comment croire au réparateur si l’on ne croit pas d’abord à Moise, et à la loi qui ont parlé de ce réparateur ? Or la loi de l’homme de l’esprit est de ne pas faire un mouvement dans la carrière supérieure, sans que ce mouvement ne soit ordonné, et précédé par une parole, qui devient pour lui ce que Moïse, et les prophètes étaient pour les appelés, et les élus à la loi de grâce. Et si l’homme ne croit pas que telle doit être sa marche respectueuse, et soumise, il ne croirait pas davantage aux merveilles que désirerait son impatience, parce que c’est de ces merveilles-là que la parole doit prophétiser. Nouvel Homme 22
Moïse, ceux qui étaient assis sur ta chaire, le Seigneur nous ordonna de les écouter, et de pratiquer ce qu’il recommandait d’après la loi. Saint réparateur, tu nous ordonnas d’écouter tes apôtres que tu envoyais dans le monde pour annoncer ta parole, puisque tu ne priais que pour eux, et pour ceux qui croiraient à leur prédication. Comment ne croirions-nous donc pas aux apôtres qui habitent dans le temple de l’homme, puisque nous avons dû croire aux prophètes qui ont déjà prophétisé en lui ? Nouvel Homme 36
Il en est aussi qui n’avaient pas même besoin de lui donner semblables démonstrations pour que leur foi lui fût connue, parce que, comme étant le suprême modèle du nouvel homme, il lisait plus clairement que lui encore dans leur intérieur, puisque le premier caractère et le premier droit de l’esprit est de lire dans l’esprit, de communiquer, et de pénétrer dans tout ce qui est esprit. Mais il attendait toujours pour développer les trésors de sa sagesse et de ses pouvoirs, qu’il se fût assuré de la foi de ceux qui en étaient l’objet, soit par ses questions, soit par leurs témoignages visibles, soit par sa vue intime et pénétrante, trois modes d’éclaircissement qui doivent également être à la disposition du nouvel homme, selon ses proportions et ses mesures, et qui sont tracés d’après la triple enceinte qui nous environne, puisque nous sommes plus ou moins élevés dans notre foi, selon que nous sommes liés à l’une ou l’autre de ces trois enceintes. Mais quand le réparateur ne trouvait dans ceux qui l’approchaient, aucune espèce de foi, ni dans leurs réponses à ses questions, ni dans les démonstrations de leur zèle, ni dans leur intérieur, il les renvoyait sans les satisfaire, et il fermait soigneusement ses trésors pour ne pas les exposer à l’insulte et à la profanation. Nouvel Homme 42
68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68
Aussi ce nouvel homme qui, par les pouvoirs de la réparation universelle, est devenu son propre réparateur est censé avoir pris en lui, et sur lui les iniquités de tout son être, et s’il descend au fond de lui-même, ce sera pour faire une entière séparation entre lui, et celle de ses substances qui ne se seront pas purifiées de leurs iniquités. Nouvel Homme 68
70. Ame humaine, ton réparateur particulier, ou le nouvel homme t’a ouvert l’esprit pour entendre l’accomplissement de ce qui a été dit de lui dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Car lorsque le Réparateur universel disait : c’est de moi qu’ils ont tous prophétisé ; il ne parlait pas seulement de lui-même, et il faisait entendre par ces paroles qu’ils avaient aussi prophétisé de toutes les âmes de désir, de tous ceux qui veulent devenir de nouveaux hommes, puisqu’il s’est nommé ton frère, et le frère de tous les élus. Nouvel Homme 70