Tant que cette opération médicinale ne se fait point en nous, c’est en vain que nous nous croyons sains et bien portants ; nous ne sommes pas même alors en état d’user des aliments salutaires et purs, parce que nos facultés ne sont point ouvertes pour les recevoir. Ce n’est donc point assez pour notre rétablissement de nous abstenir des aliments malsains et corrompus, il faut encore que nous usions de ce médicament amer que les ministres spirituels de la sagesse font passer en nous, pour y occasionner une sensation douloureuse qu’on pourrait appeler la fièvre de la pénitence ; mais qui se termine par la douce sensation de la vie et de la régénération. Nouvel Homme
Les personnes qui sont dans la voie de la régénération, reçoivent et sentent ce médicament toutes les fois que l’ennemi les a touchées, et est venu vicier quelque chose dans leur être. Les autres ne le reçoivent ni ne le sentent, parce qu’elles sont dans un continuité de dérangement et d’infirmité qui ne permet pas au médicament de les approcher. Nouvel Homme
On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain, comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le plus grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! Si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose, et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélerer ta régénération, et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante, et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir. Nouvel Homme 2
Cette loi qui nous est tracée pour opérer notre régénération, nous indique assez clairement quelle était la loi qui devait accompagner notre destination primitive, puisqu’elle devait être encore plus étendue sans cependant changer de nature, car une loi n’en change point, quoiqu’elle se resserre, ou se retire quand les êtres se sont rendus absolument indignes qu’elle agisse encore sur eux ; ainsi puisque nous devons aujourd’hui faire parvenir la région divine jusqu’à notre ange, nous devions autrefois avoir le privilège de rendre le même service à un plus grand nombre d’êtres, et à des êtres qui fussent encore plus dans la privation que notre ange particulier, enfin si nous pouvons aujourd’hui faire passer par nous quelques rayons du soleil divin, il faut que, par notre nature originelle, nous ayons eu le pouvoir de faire passer par nous la Divinité tout entière, et par conséquent nous ne pourrons nous croire régénérés que quand nous aurons atteint ce but immense qui est le terme final de notre être ; car, nous venons de le dire, une loi ne peut changer, et pour obtenir notre régénération, il faut que la Divinité tout entière pénètre notre être comme elle l’aurait fait primitivement, si nous eussions suivi ses desseins. Homme, apprends ici combien tu es loin de ton terme, et vois si cette perspective te peut laisser croire que tu doives languir dans l’inaction. Nouvel Homme 2
Ce n’est donc point un simple effet mystique, ni une simple opération métaphysique qui se passe en nous lorsque le verbe Divin nous régénère, et qu’il nous appelle par notre nom pour nous faire sortir de notre tombeau, c’est une oeuvre vive, et dont tout notre être spirituel et corporel éprouve physiquement la sensation, puisque cette parole est la vie, et l’activité ; et lorsque Lazare sortit de son cercueil à la voix du Seigneur, ses membres n’éprouvèrent pas autant de cette sensation réelle, que nous en éprouvons dans notre régénération spirituelle, parce qu’après être descendu dans le tombeau, son âme passive ne pouvant recevoir la sensation de la mort et de la froideur sépulcrale, ne pouvait pas non plus en faire la comparaison avec la sensation de la vie qui s’introduisait alors en lui, et semblait le créer pour la première fois : au lieu que notre âme immortelle ne descend point dans le lac de la mort spirituelle, sans en ressentir toute l’horreur ; et par conséquent lorsqu’elle recouvre la sensation de la vie, ce doit être avec une sensibilité inexprimable. Nouvel Homme 4
Nous serions peu étonnés des merveilles sensibles et vives qui se passent en nous lors de notre régénération, si nous pénétrions un peu plus profondément que nous ne le faisons dans la connaissance et la nature de l’homme. Nous l’avons peint comme étant une pensée du Dieu des êtres, et nous avons dit que quand il parvenait à être régénéré dans sa pensée, il le devenait bientôt dans sa parole ; c’est donc à dire qu’alors il devient une parole du Dieu des êtres, comme il en était auparavant une pensée et cela nous apprend par conséquent que dans l’origine, il était à la fois une pensée et une parole du Dieu des êtres, et qu’il doit l’être encore aujourd’hui quand il a le bonheur d’être rétabli dans sa nature originelle. Nouvel Homme 4
Par ce moyen notre intelligence nous défend de regarder comme une régénération pour nous, tout ce qui ne tient qu’à des faits extérieurs dans lesquels notre essence intime n’est pour rien, puisque ces faits ne sont pas plus liés à nous que les ouvrages d’un peintre ne le sont à l’ignorant qui les regarde ; en outre, elle nous défend de regarder comme un moyen de régénération tous les agents secondaires, et toutes les voies particulières où marchent tant d’hommes égarés, puisque toutes ces choses ne sont pour la naissance de notre intérieur, que comme l’application extérieure de quelques médicaments pour un malade dont toute la masse du sang serait viciée. Ainsi, par ce moyen, notre intelligence nous préserve de grandes méprises au sujet de notre avancement, et de grandes idolâtries envers la Divinité. Nouvel Homme 4
La sagesse ne nous découvre ce grand combat que le dernier, afin qu’étant préparés d’avance par les douceurs qui nous sont promises dans le Dieu bienfaisant, et par les moyens qui nous sont offerts dans le Dieu souffrant, nous puissions nous lancer plus courageusement dans le champ de bataille, et nous flatter de remporter la victoire ; car ce n’est qu’après cette victoire que se tracent en nous les plans du temple et les différentes divisions qu’il renferme, parmi lesquelles il en est une par où le Saint des Saints se communique à nous, comme il se communiquait au grand prêtre dans le temple de Jérusalem ; ce n’est qu’alors que se confirme en nous, et l’annonciation de la part de l’ange, et la conception par l’opération de l’Esprit-Saint, d’où nous pouvons espérer un heureux enfantement Divin, si nous remplissons toutes les conditions dont nous avons déjà parlé à ce sujet, et qui nous sont imposées à la fois par la sagesse, et par le besoin de notre propre régénération. Nouvel Homme 7
Veux-tu savoir ce qui leur est nécessaire, et ce qu’ils peuvent attendre de la voie simple, cachée et naturelle ? C’est qu’une parcelle puisse se détacher de la grande mesure, et apporter sur tout leur être cet esprit de mesure, d’aplomb, d’équilibre, de justesse, de sécurité, de certitude, et de confiance animée et irrésistible dont elle est à la fois le foyer, la source, l’organe, le sceau, le signe, le caractère, et le continuel, majestueux, universel et triomphant effet : tâche de parvenir à ce degré à la fois délicieux et sanctifiant ; tâche qu’il n’y ait plus en toi qui ait quelque chose à toi ; car plus cette parcelle imperceptible, que j’ai appelée la mesure, trouvera en toi de choses qui lui appartiennent, plus tu seras plein de ces mesures si salutaires, et dont la seule présence peut servir de date à ta régénération. Nouvel Homme 11
Mais répétons-le, c’est dans les plus creuses profondeurs de l’âme humaine, que l’architecte doit venir poser le fondement de l’église ; et il faut qu’il les cimente avec la chair, le sang et la vie de notre verbe, et de tout notre être. Voilà le travail le plus pénible de la régénération ; c’est celui qui porte sur cette intime substance de nous-mêmes. Au milieu des supplices que notre corps peut subir, nous pouvons dans notre âme en subir un plus grand encore. Nouvel Homme 12
Lorsque tu voudras offrir ton sacrifice sur l’autel de la régénération spirituelle pour sanctifier ton être, le purifier, et le remplir des trésors de l’amour, implore le nom du fils, invoque le nom du fils, conjure le nom du fils, unis-toi au nom du fils, et ton coeur sera changé en une victime de consolations, de façon qu’il ne croira plus même aux pouvoirs affligeants de ton ennemi, et que tu sentiras ton vaisseau porté légèrement sur les vagues par les vents les plus favorables, sans la moindre apparence de dangers ni d’écueils. Nouvel Homme 14
La principale unité que nous devions chercher à établir en nous, c’est l’unité du désir, par laquelle l’ardeur de notre régénération devienne pour nous une passion si dominante, qu’elle absorbe toutes nos affections, et nous entraîne comme malgré nous, de manière que toutes nos pensées, tous nos actes, tous nos mouvements soient constamment subordonnés à cette dominante passion ; de cette unité fondamentale, nous verrons découler une multitude d’autres unités qui doivent nous gouverner avec le même empire, chacune selon sa classe ; ou pour mieux dire toutes ces diverses unités sont tellement liées les unes aux autres, qu’elles se succèdent et se soutiennent mutuellement, sans qu’elles soient jamais étrangères entr’elles. Nouvel Homme 21
En voici la raison. Tu es toi-même un être réel, et qui tient, sans aucun doute le rang le plus distingué parmi les réalités émanées ; lors donc que tu uses des droits de ton être, et que tu essaies d’en développer les privilèges, tu te lies par là à d’autres réalités supérieures à toi pour un temps, plus libres que toi parce qu’elles n’ont point été coupables et ne subissent point d’expiation, enfin plus élevées que toi au-dessus de ce temps qui fait ton supplice, et qui te sert de prison. En te liant à elles, tu te lies en même temps à leur liberté selon tes forces, selon tes degrés de régénération, et selon les mesures de miséricorde qui te sont accordées. Ainsi donc en te liant à elles, elles te saisissent, et te font planer avec elles dans ces cercles spacieux, où tu trouves les voies si douces, puisqu’il ne s’y rencontre aucun obstacle, et que tout y est plein de lumière. Nouvel Homme 26
Aussi, que nous dit la sagesse quand nous voulons contempler nos voies, et les sentiers pénibles de notre retour vers la lumière ? Elle nous dit dissipez vos ténèbres matérielles, et vous trouverez l’homme ; dissipez vos ténèbres spirituelles, et vous trouverez Dieu. Quand le chaos de la nature se débrouilla, l’homme parut comme étant l’organe de la vérité pour l’administration de l’univers. Quand le chaos spirituel où l’homme coupable s’était plongé fut dissipé, le Réparateur se montra comme étant la vie de l’esprit, et le suprême agent de notre délivrance et de notre régénération. C’est alors que la source du fleuve put dire aux eaux qui s’écoulaient : Vous êtes ma génération. C’est alors que se prononcèrent réellement ces passages prophétiques et figuratifs, répétés si souvent dans les écritures : Vous connaîtrez que je suis le Seigneur ; je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. Nouvel Homme 28
30. Un des plus merveilleux prodiges que l’homme puisse apercevoir, c’est celui qu’il sent se passer en lui-même, lorsqu’il fait quelque pas dans la carrière de sa régénération. Ce qu’il éprouve est comme si toutes les grâces qu’il a reçues se rassemblaient en une forte union, pour combattre et les obstacles que ses anciennes souillures ont pu élever en lui, et tous ceux que l’ennemi a élevés lui-même, et élève tous les jours sur ces bases qui sont ses propres oeuvres, et les fondements de son temple d’iniquité. L’homme sent que non seulement on le bénit dans toutes ses substances, mais encore que toutes ses substances deviennent bénissantes à leur tour, et qu’il peut par le secours de ces grâces divines qui descendent en lui, devenir un baume bienfaisant, et répandre partout la plus agréable odeur. Nouvel Homme 30
C’est là le sens de sa véritable réconciliation et régénération ; ainsi il faut qu’il soit réconcilié en lui avec ces principes et actions élémentaires, avec toutes les régions temporelles, avec les deux régions spirituelles, célestes et terrestres, avec toutes les régions surcélestes, avec toutes les régions saintes et avec toutes les régions divines; puisque toutes ces régions-là sont en lui, et qu’elles n’ont pas été placées en lui pour y demeurer dans l’inertie et dans la mort. Nouvel Homme 34
« Songez donc que l’objet véritable de l’oeuvre du nouvel homme est de se régénérer dans la vie divine, qui est l’amour, et la lumière : songez que vous ne pouvez obtenir de degré de jouissance sans que Dieu vous connaisse, et sans qu’il soit intimement uni avec vous, comme il le fut avec Moïse lorsqu’il l’appela, et qu’il le connut par son nom. Songez que vous ne pouvez être ressuscités (Romains 8:9) et être sauvés sans confesser que le Réparateur est ressuscité, parce que vous ne pouvez le confesser sans le savoir, sans le sentir, et dès lors, sans être ressuscités avec lui. Souvenez-vous ensuite que le Réparateur n’était pas encore ressuscité, lorsqu’il dit aux Juifs ces paroles que vous venez d’entendre sur le pouvoir de chasser les démons, et que c’est une preuve de plus que ce pouvoir n’est que secondaire dans l’ordre de votre régénération. » Nouvel Homme 37
38. « Vous savez qu’il est écrit que vous ne devez point jeter vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et qu’ils ne se tournent contre vous. Ce précepte regarde en particulier l’homme qui soupire après sa régénération ; il prend une telle idée de la grandeur des trésors qui lui sont promis, et une idée si horrible de la souillure de son être, qu’il craint toujours de laisser en lui quelque substance corrompue qui, comme les pourceaux, aille fouler aux pieds les perles qu’on lui présenterait, et qui ne se tourne contre celui qui lui aurait offert tous ces trésors. Lorsque vous deviendrez des hommes nouveaux, ne parlez point de la vérité à ce qui, dans vous, ne sera pas encore régénéré dans l’innocence, et dans la foi de l’esprit ; contemplez-vous pour savoir s’il n’y a pas encore en vous quelque chose qui soit à un tel point de faiblesse, et de ravalement, qu’on doive lui laisser ignorer même qu’il y a un remède universel ; savoir, celui de l’amertume. » Nouvel Homme 38
« Donnez donc un libre cours aux paroles du salut, et de la régénération qui ont été accordées au nouvel homme. Aidez-le à exterminer les agents de l’iniquité, à précipiter dans la mer les animaux impurs qui auront servi d’asile aux esprits de ténèbres, et à faire ouvrir à demeure les sept canaux de la sainteté ; la vie qui en descendra vous communiquera un nom dont vous ne pouvez concevoir les merveilleuses puissances, et les richesses ineffables ; faites-vous seconder du feu du ciel pour que tout ce qui est en vous tremble devant le Seigneur, et pour que vous marchiez sur les traces du fils du grand Azarias, en qui la parole sainte et divine consumait toutes les substances qui sont étrangères à l’esprit. » Nouvel Homme 38
Mais le nouvel homme, connaissant d’avance leurs pensées, aura commencé par la guérison intérieure du malade, afin d’avoir l’occasion de leur donner une instruction salutaire, et lumineuse, en leur représentant qu’il n’est pas plus difficile de dire levez-vous, et marchez, que de dire vos péchés vous sont remis ; parce qu’aux yeux du fils de l’homme, toutes les puissances émanent de la même source, et que, sûrement, le premier service qu’il puisse se rendre à lui-même, c’est d’employer celles qui tombent sur la guérison de ses facultés intérieures, et de ne s’occuper de la guérison de son corps, que quand son intérieur est rétabli, sans quoi, loin d’avancer son perfectionnement, et sa régénération, il ne ferait que rendre ses facultés plus coupables, en les dispensant de la coulpe de leurs péchés, tandis qu’il leur laisserait la substance de leurs péchés. Nouvel Homme 39
C’est là où la vie suprême, touchée de sa misère, n’a pu s’empêcher de venir partager ses maux et ses privations, pour le mettre à même de partager ensuite avec elle, cette liberté qu’il avait perdue ; notre fidèle compagnon est descendu avec nous dans notre abîme, comme le Réparateur est descendu dans l’abîme universel ; il verse des sueurs de sang avec nous, pour nous aider à opérer cette transmutation qui eût été si visiblement au-dessus de nos forces ; cet ami fidèle, en travaillant avec tant de constance à notre régénération, a développé en nous le nouvel homme qui nous a appris combien nous pouvions devenir terribles pour nos ennemis, puisque nous étions la parole et le nom de Dieu, et qu’il n’y a rien de si terrible que la parole et le nom du Seigneur (Ps. 110:9). Nouvel Homme 41
Si l’intelligence veut s’élever encore au-dessus de ce nouvel homme, et se porter jusqu’aux lois, et aux voies que la sagesse divine emploie pour faire descendre ses grâces et ses faveurs sur les malheureux mortels, elle verra dans les faits rapportés ci-dessus, premièrement, la puissance suprême apaisant notre faim, et guérissant notre misère par le nombre de notre misère même ; secondement, elle y verra cette même puissance suprême nous réserver, en outre, le nombre nécessaire de sources abondantes pour nous seconder dans notre régénération. Enfin elle y verra cette même puissance suprême, agissant ensuite par un nombre pur, sur l’homme régénéré, et nous rendre de nouveau, par là possesseurs de ce même nombre pur qui fut jadis notre caractère distinctif. Nouvel Homme 45
L’homme de régénération semble avoir été conçu sous le règne patriarca1, il paraît être au berceau au temps de David, où on lui donne une nourriture proportionnée à son âge ; il paraît être dans l’adolescence sous les prophètes où sa nourriture devient plus forte et ses mouvements plus déterminés, et il semble être à l’âge viril sous le Réparateur qui l’affranchit et 1’émancipe des entraves de la minorité ; c’est à la mort de le remettre au rang des anciens et des princes du peuple pour en obtenir la vénération et les respects qui sont dus aux sages vieillards. Nouvel Homme 52
Mais plus il a acquis de lumières, plus il se croit obligé d’éclairer toutes les régions de son être sur tous les dangers qui peuvent accompagner leur régénération. Il leur dira donc comme le Réparateur aux apôtres : Nouvel Homme 59
« Ne prenez pas même pour les signes infaillibles de votre régénération les choses étonnantes, et les grands prodiges que vous pourrez opérer ; car il peut s’élever en vous de faux christs, et de faux prophètes qui en opèrent de semblables, jusqu’à séduire, s’il était possible, les élus mêmes. Ne vous rendez donc point à toutes les voix qui vous diront intérieurement : « Je suis le Christ ; car comme un éclair qui sort de l’orient, paraît jusqu’à l’occident, ainsi sera dans votre être l’avènement du fils de l’homme. » Chassez seulement de vous avec le plus grand soin tous les corps morts, car partout où le corps mort se trouvera, les aigles s’y assembleront. » Nouvel Homme 59
Le nouvel homme n’ignore pas cette trahison qui se trame contre lui, puisqu’il a dit d’avance aux siens : Vous savez que la Pâque se fait dans deux jours, et que le fils de l’homme sera livré pour être crucifié. Mais comme il sait aussi que le complément de sa régénération est attaché à ce sacrifice, comme il sait en outre que ce sacrifice doit rendre la vie aux habitants de son propre royaume, il dit à quelques-uns des siens : « Allez-nous apprêter ce qu’il faut pour la Pâque. Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau, suivez-le dans la maison où il entrera, et dites au maître de cette maison que le maître vous envoie dire : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande chambre haute toute meublée. Préparez-nous-y ce qu’il faut. » Nouvel Homme 60
Il prend le calice, et ayant rendu grâce, il nous dit : « Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang, lequel sera répandu pour vous. Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu’à ce jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon père ; toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. » Parce que le sang de cette coupe, annonce l’effusion du sang matériel du Réparateur, que l’effusion de son sang matériel annonce l’effusion de son sang spirituel, et qu’en même temps cette coupe annonce l’effusion du sang corporel de l’homme pour l’abolition du péché, et l’effusion de son sang spirituel pour sa régénération particulière. Nouvel Homme 60
C’est pourquoi le nouvel homme n’aurait pas été régénéré si le Réparateur ne s’était pas fait homme, parce que sans cela les voies de notre sang n’auraient jamais été ouvertes, et ce sang n’aurait jamais pu couler, malgré la mort corporelle que nous subissons tous les jours, et malgré tous les massacres de la terre. C’est aussi par ce moyen qu’il a fait de l’âme des hommes un agneau pascal semblable à lui ; et que cet agneau doit être immolé dans chacun d’eux, pour en faire autant de nouveaux hommes, comme il a dû être immolé lui-même pour le renouvellement, et la régénération de toute l’espèce humaine. Nouvel Homme 60
« Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les conservais en votre nom. J’ai conservé ceux que vous m’avez donnés, et nul d’eux ne s’est perdu, mais celui-là seulement qui était enfant de perdition, afin que l’Ecriture soit accomplie. » La présence du nouvel homme, parmi les siens, est suffisante pour les préserver, aussi si l’homme veillait dans la sainteté sur son cercle, il ne perdrait aucun de ceux qui sont en lui, excepté le fils de perdition qui est également en nous, qui doit même assister à notre régénération, comme il a assisté à notre perte, mais qui ayant assisté avec triomphe à notre perte ne doit pouvoir assister qu’avec honte et confusion à notre délivrance, afin que la justice prononcée contre lui dès l’instant du crime, et promulguée par les Ecritures, soit exécutée dans notre sanctification, comme cela est arrivé à Iscariot qui assista bien à la cène célébrée par le Réparateur, et qui triompha en le livrant aux princes de la synagogue, mais pour qui le sacrifice glorieux de ce Réparateur, ne fût ensuite qu’une honte, et qu’un fléau de plus. Nouvel Homme 64
« Je ne prie pas seulement pour eux, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole. Afin qu’ils soient un, tous ensemble, comme vous, mon père, êtes en moi, et moi en vous, qu’ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. » Quel autre désir que celui de l’expansion de l’unité peut se faire connaître à celui qui est plein de la vie de l’unité ? Aussi les traits les plus vifs que le nouvel homme éprouve dès qu’il entre dans la voie de sa régénération, ce sont ceux du zèle, et de l’ardeur pour cette expansion de l’unité ; c’est la douleur qui lui occasionne la vue des campagnes d’Israël abandonnées et désertes, de même que le spectacle de tous ceux de ses frères qui sont emmenés en captivité, et languissants dans l’esclavage, et c’est sur lui-même qu’il trouve à éprouver toutes ces diverses impressions, puisque nous ne devons plus oublier que l’homme est à lui seul un univers tout entier, et nous ne devons plus douter que si, à l’image du Réparateur universel, il se trouve en chacun de nous un libérateur particulier, ce n’est que parce qu’il s’y trouve aussi des rois d’Égypte, et de Babylone, qui ne manquent pas de trouver également en nous un peuple coupable qu’ils emmènent journellement en servitude ? Nouvel Homme 64
Tant que le grand prêtre n’emploiera avec toi que la voix de ces faux témoignages, tu garderas le silence, non seulement parce que tu t’es dévoué, mais encore parce que tu sais que l’homme ayant lui-même faussé le témoignage qu’il devait rendre autrefois à la Divinité suprême, c’est une loi de la justice qu’il éprouve la peine du talion, et qu’il soit l’objet des faux témoignages. Mais quand le grand prêtre te commandera par le Dieu vivant, de lui dire si tu es le Christ fils de Dieu, tu montreras ton respect pour ce nom ineffable, et tu lui répondras que tu es l’oint du Seigneur pour opérer ta régénération particulière, comme le Réparateur est l’oint du Seigneur pour la régénération universelle. Tu ajouteras même pour lui faire connaître ta tranquillité au milieu de ses menaces, et ton espérance au milieu de tes tribulations, qu’un jour il verra le fils de l’homme assis à la droite de la majesté de Dieu, qui viendra sur les nuées du ciel. Nouvel Homme 65
C’est en ne t’écartant point de la contemplation de ces principes que tu comprendras pourquoi on lui donne du vinaigre à boire, car indépendamment de ce que les interprètes nous apprennent que c’était un usage de donner une potion amère aux criminels, tu verras que l’homme n’en pouvait trouver d’autre après s’être séparé de la source éternelle des eaux vives et pures ; et que le Réparateur en subissant corporellement une loi si rigoureuse à sa matière, donnait en même temps une profonde instruction à la pensée, et traçait la route à l’esprit de ceux qui désirent marcher dans les voies de la régénération. Nouvel Homme 66
Le nouvel homme restera donc également ignoré des siens pendant un temps, et tandis qu’ils le croiront séparé d’eux pour jamais, il sera occupé à revivifier, et scruter tout ce qu’il y aura encore d’impur et d’irrégulier dans les substances de son propre ternaire, et il ne cessera point de siéger parmi elles, qu’il ne les ait fait passer tout entières par la corruption du tombeau. Si lui-même a subi la mort pour opérer sa propre régénération, comment tout ce qui est en lui pourrait-il recouvrer la vie sans subir la même loi, et sans passer par l’horreur de la mort, et de la putréfaction qui en est la suite ? Si tout a été coupable en lui, comment tout n’y serait-il pas soumis au jugement, et à la condamnation ? Nouvel Homme 68
Mais il se conduira à leur égard, comme l’esprit s’est conduit au sien, et comme le Réparateur s’est conduit à l’égard de ces esprits retenus en prison auxquels il est allé prêcher (1ère Saint-Pierre, 3:19). Il les engagera, comme on l’a engagé lui-même à s’immoler volontairement, et à reconnaître à la fois, et la justice, et la nécessité de leur sacrifice, de façon que tout son être entre librement dans la voie de son jugement et de sa régénération, puisque tout son être est entré librement autrefois dans la voie de l’injustice, de l’iniquité, et des ténèbres. Nouvel Homme 68
Le nouvel homme, à son image, va chercher à rapporter aussi la justesse, et les proportions dans toutes les régions de son être ; mais comme il n’est que l’image du Réparateur, comme d’ailleurs les mélanges si divers dont il était composé avant sa régénération doivent introduire mille variétés dans son oeuvre, dans les fruits de son oeuvre, et dans les temps de son oeuvre, personne ne peut indiquer le nombre, le poids, et la mesure qui lui seront prescrits, soit pendant le séjour qu’il fera dans le tombeau, soit pendant celui qu’il fera sur la terre après sa résurrection ; soit pendant celui qu’il fera jusqu’à la consommation des siècles, chaque individu qui se régénère ayant à remplir des proportions particulières. Nouvel Homme 68
71. Ce n’est point assez que le nouvel homme ait parcouru toutes les époques temporelles de la régénération, et qu’il ait passé par toutes les progressions particulières attachées à la restauration de la postérité humaine, il faut qu’il atteigne d’une manière temporelle spirituelle au complément particulier de cette restauration, si ce n’est à demeure, vu la défectuosité de notre région, au moins en aperçu, et comme par initiation à cette réintégration permanente dont il jouira, quand, après avoir été représenté ici-bas son principe d’une manière limitée, il pourra le représenter dans les cieux d’une manière aussi vaste que durable. Nouvel Homme 71