Enfin, à leurs objections ressassées contre la foi, il faut répondre : nous l’admettons comme utile à la foule, et nous avouons enseigner à croire même sans réflexion à ceux qui ne peuvent tout laisser et poursuivre l’examen d’une doctrine ; mais eux, sans qu’ils l’avouent, en pratique font de même. Qui donc, s’étant orienté vers la philosophie et jeté dans une école de philosophes, à l’aventure ou pour avoir eu l’accès facile auprès de tel maître, en vient à ce parti, sinon parce qu’il croit supérieure l’école en question ? Car ce n’est point après avoir suivi l’exposé des doctrines de tous les philosophes et des différentes écoles, ni la réfutation des unes et la preuve des autres, qu’il fait ce choix d’être stoïcien, platonicien, péripatéticien, épicurien, ou disciple de l’école philosophique que l’on voudra. C’est par un penchant non raisonné, refuserait-on de l’avouer, qu’on vient à pratiquer par exemple le stoïcisme, après avoir exclu les autres ; ou le platonisme, par mépris pour la moindre élévation des autres ; ou le péripatétisme, pour sa très grande humanité et sa générosité plus grande que celle des autres écoles à reconnaître les biens humains. Et certains, en ce qui concerne la doctrine de la providence, troublés par la première attaque tirée du sort terrestre des gens sans vertu et des gens de bien, donnent une adhésion précipitée à la négation radicale de la providence et choisissent la doctrine d’Épicure et de Celse. Si donc il faut croire, comme l’argument le montre, à n’importe lequel des fondateurs d’école chez les Grecs ou les barbares, pourquoi pas bien davantage au Dieu suprême et à Celui qui enseigne que nous devons l’adorer lui seul, et négliger le reste qui ou est inexistant, ou s’il existe est digne d’estime mais non d’adoration ni de respect ? LIVRE I
Celse a cité comme une expression courante chez les chrétiens : La sagesse dans le cours de cette vie est un mal, et la folie un bien. Il faut répondre qu’il calomnie la doctrine, puisqu’il n’a pas cité le texte même qui se trouve chez Paul et que voici : « Si quelqu’un parmi vous se croit sage, qu’il devienne fou dans ce siècle pour devenir sage, car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. » L’Apôtre n’affirme donc pas simplement : « la sagesse est folie devant Dieu », mais : « la sagesse de ce monde… » ; ni non plus : « si quelqu’un parmi vous se croit sage, qu’il devienne fou » en général, mais : « qu’il devienne fou dans ce siècle pour devenir sage ». Donc, nous appelons « sagesse de ce siècle » toute philosophie remplie d’opinions fausses, qui est périmée d’après les Ecritures ; et nous disons : « la folie est un bien », non point absolument, mais quand on devient fou pour ce siècle. Autant dire du Platonicien, parce qu’il croit à l’immortalité de l’âme et à ce qu’on dit de sa métensomatose, qu’il se couvre de folie aux yeux des Stoïciens qui tournent en ridicule l’adhésion à ces doctrines, des Péripatéticiens qui jasent des « fredonnements » de Platon, des Epicuriens qui crient à la superstition de ceux qui admettent une providence et posent un dieu au-dessus de l’univers ! Ajoutons qu’au sentiment de l’Ecriture, il vaut bien mieux donner son adhésion aux doctrines avec réflexion et sagesse qu’avec la foi simple ; et qu’en certaines circonstances, le Logos veut aussi cette dernière pour ne pas laisser les hommes entièrement désemparés. C’est ce que montre Paul, le véritable disciple de Jésus, quand il dit : « Car, puisque dans la sagesse de Dieu le monde n’a pas connu Dieu avec la sagesse, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication » D’où il ressort donc clairement que c’est dans la sagesse de Dieu que Dieu devait être connu. Et puisqu’il n’en fut rien, Dieu a jugé bon ensuite de sauver les croyants, non pas simplement par la folie, mais par la folie relative à la prédication. De là vient que la proclamation de Jésus-Christ crucifié est la folie de la prédication, comme le dit encore Paul qui en avait pris conscience et déclare « Mais nous, nous prêchons Jésus-Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les Gentils, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu » LIVRE I
Si l’on est capable de réflexion philosophique sur la signification mystérieuse des noms, on peut trouver beaucoup à dire encore sur l’appellation des anges de Dieu l’un d’eux se nomme Michel, un autre Gabriel, un autre Raphaël, d’après les fonctions qu’ils ont à remplir dans le monde entier de par la volonté du Dieu de l’univers. D’une semblable philosophie des noms relève notre Jésus on a déjà vu clairement son nom expulser d’innombrables démons des âmes et des corps, et exercer sa vertu sur ceux dont ils ont été chassés. LIVRE I
La signification de l’ensevelissement, du tombeau, de celui qui l’ensevelit, je l’expliquerai d’une manière plus opportune et plus développée en d’autres écrits qui auront pour but essentiel d’en traiter. Pour l’instant, il suffit de mentionner le linceul pur où il fallait que le corps pur de Jésus fût enveloppé, et le sépulcre neuf que Joseph « avait taillé dans le roc, où personne n’avait encore été déposé », ou bien comme dit Jean, « dans lequel personne n’avait encore été placé ». Considère si l’accord des trois Evangélistes n’est pas impressionnant ! Ils ont pris la peine de noter le fait que le tombeau était taillé ou creusé dans le roc, pour qu’en examinant les paroles de la Bible, on puisse contempler là encore un aspect qui mérite réflexion, soit le caractère neuf du tombeau que Matthieu et Jean ont noté, soit d’après Luc et Jean, le fait que personne n’y eût été mis. Il fallait, en effet, que Celui qui n’était pas semblable aux autres morts, ayant montré jusque dans son état de mort des signes de vie dans l’eau et le sang, et qui, pour ainsi dire, était un mort d’un genre nouveau, fût déposé dans un tombeau neuf et pur. Ainsi, comme sa naissance avait été plus pure que toute autre, provenant non d’une union des sexes, mais d’une vierge, son tombeau aurait aussi la pureté symbolisée par la déposition de son corps dans un tombeau resté neuf, non point construit de pierres ramassées, dépourvues d’unité naturelle, mais taillé ou creusé dans un seul roc, tout d’une pièce. LIVRE II
Et si pour certains il est très difficile de changer, il faut dire que la cause en est dans leur volonté qui répugne à admettre que le Dieu suprême est pour chacun le juste juge de toutes les actions de sa vie. Car, pour l’accomplissement d’actions qui semblent très difficiles, et, parlant en hyperbole, presque impossibles, la libre détermination et l’exercice sont de puissants moyens. La nature humaine veut-elle marcher sur une corde tendue en l’air au milieu du théâtre et y porter de lourds fardeaux ? Elle pourra, par l’exercice et l’application, accomplir ce genre d’exploit. Et si elle voulait vivre dans la vertu, elle ne le pourrait pas, eut-elle été auparavant très corrompue ? Considère, en outre, si ce n’est là un propos plus injurieux à la Nature créatrice de l’être raisonnable qu’à l’être créé : d’avoir créé la nature de l’homme capable d’actions si difficiles et sans utilité aucune, mais impuissante à l’égard de sa propre béatitude. Mais en voilà assez pour répondre à sa réflexion qu’il est très difficile de changer radicalement la nature. Il dit ensuite que ceux qui sont sans péché ont en partage une vie meilleure, sans indiquer clairement si ceux qu’il tient pour être sans péché le sont dès l’origine ou depuis leur conversion. Or, ils ne peuvent être exempts de péché dès l’origine. On en trouve rarement qui le soient depuis leur conversion, et ils ne deviennent tels que par l’accès à la doctrine qui sauve. Mais ils ne sont pas tels au moment où ils accèdent à la doctrine ; car, sans cette doctrine, et cette doctrine dans sa perfection, il est impossible qu’un homme vive sans péché. Ensuite, il répond d’avance à une affirmation qu’il nous prête : Dieu pourra tout. Il ne comprend pas ce qu’on veut dire, ni ce que désigne « tout », ni le sens de « il peut ». LIVRE III
Mais il ne voit pas, cet homme illustre, combien de philosophes admettent la Providence et disent qu’elle fait tout pour les êtres raisonnables. Il s’évertue de toutes ses forces à renverser des doctrines si utiles pour accorder sur ces points le christianisme avec la philosophie. Il ne voit pas quel dommage et quelle entrave à la piété résultent du fait d’admettre que, devant Dieu, l’homme ne l’emporte en rien sur les fourmis et les abeilles. Il déclare : Si les hommes paraissent l’emporter sur les êtres sans raison parce qu’ils ont bâti des villes, possèdent un régime politique avec des autorités et des gouvernements, cela ne prouve rien : les fourmis et les abeilles en font autant. Les abeilles, du moins, ont une reine avec sa suite et des servantes; elles combattent, remportent des victoires, massacrent les vaincues; elles possèdent des villes et même des faubourgs, y répartissent les travaux, y jugent les paresseuses : en tout cas elles chassent et punissent les frelons. Là non plus, il n’a pas vu la supériorité des actions accomplies par raison et réflexion sur celles qui proviennent d’une nature sans raison et de sa simple constitution naturelle. Ces actions ne peuvent être expliquées par une raison présente en ceux qui les font : ils n’en ont pas. Mais l’être suprême, Fils de Dieu, roi de tout ce qui existe, a créé une nature sans raison qui, même sans raisonner, assiste les êtres qui n’ont pas mérité d’avoir la raison. LIVRE IV
Chez les hommes, on éleva des villes avec des arts multiples et une législation. Mais régimes, autorités, gouvernements, parmi les hommes, se disent ou bien au sens strict de manières d’être et d’agir vertueuses, ou bien en un sens plus large, en raison de l’imitation aussi fidèle que possible des premières. C’est en fixant les yeux sur les premières que ceux qui ont légiféré avec succès ont établi les meilleurs régimes, autorités et gouvernements. Impossible d’en trouver un seul chez les êtres sans raison, même si Celse applique aux fourmis et aux abeilles les vocables rationnels et usités pour des organisations rationnelles, comme ville, régimes, autorités, gouvernements. En cela, il ne faut pas louer les fourmis et les abeilles, car elles ne le font pas avec réflexion ; mais il faut admirer la nature divine qui étend jusqu’aux animaux sans raison une sorte d’imitation des êtres raisonnables, peut-être pour leur confusion : afin qu’à la vue des fourmis ils deviennent plus travailleurs et plus économes des choses qui leur sont utiles, et qu’en considérant les abeilles ils obéissent aux autorités et prennent leurs parts respectives des travaux communs utiles au salut des villes. LIVRE IV
Aussi bien faut-il chercher la nourriture qui convient ou ne convient pas à l’animal raisonnable et civilisé qui fait tout avec réflexion, au lieu d’adorer au hasard les brebis, les chèvres et les vaches. S’abstenir d’en manger est normal, vu la grande utilité de ces animaux pour les hommes. Mais épargner les crocodiles et les considérer comme consacrés à je ne sais quelle divinité mythologique, n’est-ce point le comble de la sottise ? Faut-il être extravagant pour épargner des animaux qui ne nous épargnent point, vénérer des animaux qui dévorent des hommes ! Mais Celse approuve ceux qui selon leurs traditions adorent les crocodiles et les vénèrent, et il n’a pas écrit de discours contre eux. Tandis que les chrétiens lui semblent blâmables, parce qu’ils ont appris à avoir en horreur le vice et à éviter les actions qui en procèdent, à adorer et honorer la Vertu comme née de Dieu et Fils de Dieu. Car il ne faut pas croire, d’après le genre féminin de leur nom, que la vertu et la justice soient également féminines en leur essence : selon nous, elles sont le Fils de Dieu, comme son véritable disciple l’a établi en disant : « Lui qui de par Dieu est devenu pour nous sagesse, justice, sanctification, rédemption. » Donc, même quand nous l’appelons « second Dieu », cette dénomination, qu’on le sache, ne désigne pour nous autre chose que la Vertu embrassant toutes les vertus, le Logos embrassant tout ce qu’il y a de raison des choses qui ont été créées selon les lois de la nature, soit principalement, soit pour l’utilité du tout. Ce Logos, disons-nous, s’unit à l’âme de Jésus d’une union bien plus intime qu’à toute âme, car seul il était capable de contenir parfaitement la participation suprême du Logos en personne, de la Sagesse en personne, de la Justice en personne. LIVRE V
A ces considérations, pouvant paraître superflues et inadaptées à l’audience de la foule, que j’ai eu la hardiesse de développer, j’ajouterai, avant de passer à la suite, une réflexion plus chrétienne. Cet ange, d’après moi, avait un pouvoir contre ceux du peuple qui étaient incirconcis et, en général, contre ceux-là qui n’adoraient que le Créateur ; de plus, il avait ce pouvoir aussi longtemps que Jésus n’avait pas pris un corps. Quand il l’eut fait et que son corps fut circoncis, alors fut détruit tout le pouvoir de cet ange contre les incirconcis de cette religion ; car Jésus le détruisit par son ineffable divinité. D’où la défense à ses disciples d’être circoncis, et l’affirmation : « Si vous êtes circoncis, le Christ ne vous servira de rien. » LIVRE V
Quel est donc l’homme capable d’une réflexion tout ordinaire, non seulement parmi ceux qui croient en Jésus, mais dans le reste de l’humanité, qui ne rirait de Celse ? A l’entendre, Jésus, né et élevé parmi les Juifs, regardé comme le fils du charpentier Joseph, n’ayant pu apprendre les lettres ni des Grecs ni même des Hébreux, comme l’attestent sincèrement les Écritures de ses disciples, aurait lu Platon, approuvé sa sentence sur les riches : Il est impossible d’être exceptionnellement bon et riche, et l’aurait démarquée en disant : « Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. » LIVRE VI
Veut-on avoir un aperçu d’une réflexion plus profonde sur l’entrée des âmes dans les réalités divines ? Qu’on laisse de côté la secte fort insignifiante qu’il a citée, qu’on interroge les livres, les uns juifs, lus dans les synagogues et admis par les chrétiens, les autres seulement chrétiens ! Qu’on lise, à la fin de la prophétie d’Ézéchiel, les détails de la vision du prophète, où la description des différentes portes insinue certaines vérités sur les différentes voies par lesquelles accèdent à une vie supérieure les âmes plus parfaites ! Qu’on lise encore, dans l’Apocalypse de Jean les détails sur la Cité de Dieu, la Jérusalem céleste, ses fondations et ses portes. Et si l’on est capable d’apprendre à travers les symboles la route indiquée pour ceux qui s’avanceront vers les réalités divines, on lira le livre de Moïse intitulé les Nombres ; on cherchera l’homme qui peut initier aux mystères représentés par les campements des fils d’Israël : quelles tribus étaient placées au Levant, étant les premières, quelles autres étaient au sud-ouest et au sud, quelles autres du côté de la mer, quelles autres vers le nord, étant les dernières. On y percevra des considérations profondes et non point, comme le croit Celse, exigeant pour auditeurs des sots ou des esclaves. On discernera les peuples mentionnés là, la nature des nombres énumérés en ces lieux comme appartenant à chaque tribu, matière que je juge hors de propos d’exposer ici. LIVRE VI
Telles sont les idées concernant le Seigneur et les seigneurs que les divines Écritures proposent à notre recherche et à notre réflexion, disant ici : « Célébrez le Dieu des dieux, car sa pitié est éternelle, célébrez le Seigneur des seigneurs », et là : « Dieu est Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». Et l’Écriture distingue les prétendus dieux de ceux qui le sont en effet, qu’ils en aient ou non le titre. Paul enseigne la même doctrine sur les seigneurs authentiques ou non : « Bien qu’il y ait au ciel et sur la terre de prétendus dieux, et de fait il y a quantité de dieux et quantité de seigneurs.» Puis, comme «le Dieu des dieux », par Jésus, appelle du levant et du couchant ceux qu’il veut à son héritage, comme le Christ de Dieu qui est Seigneur prouve qu’il est supérieur à tous les seigneurs, du fait qu’il a pénétré les territoires de tous et qu’il appelle à lui les gens de tous ces territoires, Paul, parce qu’il savait tout cela, dit après le passage cité : « Mais pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes. » Et, percevant là une doctrine admirable et mystérieuse, il ajoute : « Mais tous n’en ont pas la science. » Or, en disant : « Mais pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe », il désigne par « nous » lui-même et tous ceux qui se sont élevés jusqu’au suprême Dieu des dieux et au Seigneur des seigneurs. On s’est élevé jusqu’au Dieu suprême lorsqu’on l’adore sans séparation, division ni partage, par son Fils, Logos de Dieu et Sagesse que l’on contemple en Jésus, qui seul Lui amène ceux qui s’efforcent en toutes manières de s’unir au Créateur de l’univers par la qualité de leurs paroles, de leurs actions et de leurs pensées. Pour cette raison, je crois, et d’autres semblables, le Prince de ce monde, se transformant en ange de lumières, a fait écrire : « A sa suite vient toute une armée de dieux et de démons, répartis en onze sections », dans l’ouvrage où à propos de lui-même et des philosophes il dit : « Nous sommes, nous, avec Zeus, et d’autres sont avec d’autres démons. » LIVRE VIII
Après quoi, il déclare : En vérité, celui qui affirme qu’un seul être a été appelé Seigneur, en parlant de Dieu, commet une impiété : il divise le Royaume de Dieu et y introduit la révolte, comme s’il y avait une faction et un autre dieu son adversaire. Cette réflexion serait de mise s’il établissait avec des preuves rigoureuses que ceux qui sont adorés comme dieux chez les païens sont réellement dieux, et que les êtres qui hantent, croit-on, les statues, les temples et les autels ne sont pas des mauvais démons. De plus, ce Royaume de Dieu continuellement prêché dans nos discours et nos écrits, nous aspirons à le comprendre et à devenir tels que nous ayons Dieu seul pour roi et que le Royaume de Dieu devienne aussi le nôtre. Celse, au contraire, qui nous enseigne à adorer plusieurs dieux, pour être conséquent avec lui-même, aurait dû parler de royaume des dieux plutôt que de Dieu. Il n’y a donc pas chez Dieu de factions ni un autre dieu son adversaire ; et cela, en dépit de ceux qui, à l’instar des Géants et des Titans, veulent par leur perversité batailler contre Dieu avec Celse et les autres qui ont déclaré la guerre à Dieu qui a établi par tant de moyens la vérité sur Jésus, et à Celui-là même qui pour le salut de notre race s’est livré lui-même, en Logos qu’il est, au monde entier dans son ensemble, selon la capacité de chacun. LIVRE VIII
Considère toi-même la disposition qui agréera davantage au Dieu suprême dont la puissance est inégalable en tout ordre de choses, spécialement pour répandre sur les hommes les bienfaits de l’âme, du corps, des biens extérieurs. Sera-ce la consécration totale de soi-même à Dieu, ou la minutieuse recherche des noms, des pouvoirs, des activités des démons, des incantations, des plantes particulières aux démons, des pierres avec leurs inscriptions correspondant aux formes traditionnelles des démons symboliquement ou de tout autre manière ? Il est évident, même à une réflexion sommaire, que la disposition simple et sans vaine curiosité qui, de ce fait, se consacre au Dieu suprême, sera agréée de Dieu et de tous ses familiers. Au contraire, pour la santé physique, l’amour du corps, la réussite dans les choses indifférentes, se préoccuper des noms des démons, chercher comment charmer les dénions par des incantations, c’est vouloir être abandonné par Dieu, comme un être mauvais, impie et démoniaque plutôt qu’humain, aux démons qu’on choisit en prononçant ces formules, pour être tourmenté soit par les pensées que chacun d’eux suggère, soit par d’autres malheurs. Car il est vraisemblable que ces êtres, étant mauvais et, comme l’avoue Celse, rivés au sang, au fumet de graisse, aux incantations et autres choses de ce genre, ne gardent, même envers ceux qui leur offrent ces jouissances, ni leur foi ni, si l’on peut dire, leurs engagements. Car, que d’autres les invoquent contre ceux qui leur ont rendu un culte et qu’ils achètent leur service avec plus de sang, de fumet de graisse et de ce culte qu’ils exigent, ils peuvent s’en prendre à qui hier leur rendait un culte et leur donnait une part de ce festin qui leur est cher. LIVRE VIII