La cause du mal dans l’homme doit être en lui, ou dans quelque autre être, ou dans le néant. Si elle est dans le néant, elle n’existe pas. Si cependant par ce mot de néant on entend que l’homme a été fait du néant ou de choses tirées du néant, il faudra dire que la cause du mal est en lui, puisque le néant a formé, pour ainsi dire, la matière dont il est fait. Si elle est dans quelque autre être, est-ce en Dieu, ou dans un autre homme, ou dans un être qui ne soit ni Dieu ni homme?
Or ce n’est pas en Dieu: car il est l’auteur du bien. Si elle est dans un homme, elle agit par violence ou par persuasion. Par violence, on ne peut l’admettre: autrement elle serait plus puissante que Dieu. En effet Dieu a créé l’homme dans une condition si parfaite, que s’il voulait rester excellent, personne ne pourrait l’en empêcher. Mais si nous accordons que l’homme est perverti par la séduction d’un autre homme, il nous faudra chercher par qui cet autre homme a été perverti lui-même. En effet, celui qui conseille ainsi le mal ne peut pas n’être pas mauvais. Reste ensuite je ne sais quoi, qui ne serait ni Dieu ni homme; mais cet être, quel qu’il soit, a dû employer la violence ou la persuasion. Dans le premier cas, nous avons donné la réponse plus haut; dans.le second, quelle qu’ait pu être la séduction , comme la séduction n’impose pas la violence, faut imputer à la volonté de l’homme la cause de sa dépravation, soit qu’il ait agi par conseil, soit qu’il ait agi de lui-même. (83 Questions)