Quatre sources de pensées. Des Principes — 3, 2, 4. Les pensées qui procèdent de notre cœur (qu’il s’agisse du souvenir de faits quelconques, ou bien de la considération de n’importe quelles choses ou de leurs raisons d’être), nous trouvons que parfois elles procèdent de nous-mêmes, parfois elles sont suscitées par les puissances adverses, parfois encore elles sont envoyées par Dieu ou par les saints anges. Mais peut-être cela paraîtra pure invention, si le témoignage de la sainte Ecriture ne vient le prouver. Que la pensée puisse venir de nous, David l’atteste dans les psaumes, quand il dit : « Aussi la pensée de l’homme te louera, et ce qui lui restera de souvenir te fera fête » [Ps 75, 11]. Qu’elle puisse être suggérée par les puissances ennemies, Salomon dans l’Ecclésiaste l’atteste ainsi : « Si l’esprit de celui qui commande se soulève contre toi, ne quitte point ta place, car le calme prévient de grands péchés» [Eccle 10, 4]. Et l’apôtre Paul donnera là-dessus le témoignage suivant : «Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la science du Christ» [2 Cor 10, 4 suiv.]. Qu’elle vienne de Dieu, David encore en témoigne dans les psaumes : «Heureux l’homme qui a en toi sa force, Seigneur : il ne pense qu’aux saintes montées» [Ps 84, 5]. Et l’Apôtre dit que «Dieu a mis le zèle dans le cœur de Tite » [2 Cor 8, 16]. Enfin que les pensées soient suggérées aux cœurs humains par les anges bons ou mauvais, l’ange qui accompagne Tobie l’indique, ou encore le mot du prophète: «Et l’ange qui parlait en moi répondit» [Zach 1, 14]. D’ailleurs le livre du Pasteur déclare la même chose quand il enseigne que deux anges accompagnent chacun des hommes, et s’il arrive que de bonnes pensées surgissent en notre cœur, elles lui sont, dit-il, suggérées par le bon ange ; s’il s’agit de mauvaises, c’est à l’instigation du mauvais ange. C’est également ce que Barnabe déclare dans sa lettre, quand il dit qu’il existe deux voies, celle de la lumière et celle des ténèbres, auxquelles président certains anges : à la voie de la lumière les anges de Dieu, à la voie des ténèbres les anges de Satan. Nous devons donc penser que rien d’autre ne survient en nous en fait de pensées bonnes ou mauvaises qui se présentent à notre cœur, à part le seul mouvement et l’excitation qui nous porte au bien ou au mal. Il nous est possible, lorsque la puissance mauvaise a commencé de nous provoquer au mal, de chasser de nous les mauvaises suggestions, de résister aux perverses sollicitations et dès lors de ne commettre aucune faute ; et de même nous pouvons, quand la vertu divine nous provoque au bien, ne pas la suivre : nous gardons en effet dans les deux cas le pouvoir de notre libre arbitre.