Quatre espèces de prières.

{{9, 9.}} «J’adjure donc que l’on offre avant tout des supplications, des oraisons, des intercessions et des actions de grâces» ( 1 Tim 2, 1 ). Cette division, faite par l’Apôtre, n’est point vaine, on n’en saurait douter. Nous avons donc premièrement à chercher ce que signifient les termes de supplication, oraison, intercession, action de grâces. Nous examinerons ensuite si ces quatre sortes de prière se doivent pratiquer en même temps par celui qui prie et se réunir toutes dans la même prière, ou s’il convient de les offrir tour à tour et séparément. Faut-il faire tantôt des supplications, tantôt des oraisons, tantôt des intercessions et tantôt des actions de grâces ? Ou bien tel doit-il offrir à Dieu des supplications, et tel autre des oraisons, celui-ci des intercessions, celui-là des actions de grâces : chacun selon son âge et le degré où l’ont fait monter son ardeur et son zèle?…

{{11.}} La supplication, c’est la demande, l’imploration de la miséricorde de Dieu pour les péchés, lorsque quelqu’un touché de repentir pour ses fautes présentes et passées en demande pardon à Dieu.

{{12.}} L’oraison est l’acte par lequel nous offrons ou vouons quelque chose à Dieu. Les grecs l’appellent euche, c’est-à-dire vœu… Nous prions lorsque, renonçant au monde, nous nous engageons solennellement à mourir à ses actes et à ses maximes, pour servir le Seigneur de toute l’ardeur de notre âme. Nous prions lorsque nous promettons de mépriser la gloire du siècle et de fouler aux pieds les richesses de la terre, afin de nous attacher au Seigneur, contrits de cœur et pauvres d’esprit…

{{13.}} En troisième lieu viennent les intercessions. Ce sont les prières que nous faisons pour les autres, dans l’enthousiasme de la ferveur, soit que nos demandes concernent seulement ceux qui nous sont chers, soit qu’elles aient pour objet la paix du monde, soit enfin, pour emprunter le langage de l’Apôtre, qu’elles embrassent « l’humanité tout entière, les rois et toutes les personnes constituées en dignité» ( 1 Tim 2, 1 s ).

{{14.}} Puis ce sont, en quatrième lieu, les actions de grâces. Lorsque l’âme se rappelle les bienfaits passés de Dieu et considère ceux dont il la comble dans le présent, ou lorsqu’elle porte son regard sur l’infinie récompense qu’il prépare à ceux qui l’aiment, elle lui rend grâces parmi d’indicibles transports.