{{Protreptique, IV,56. 4}} Pourquoi donc, hommes vains, à l’esprit frivole (j’y veux revenir encore !), après avoir parlé – en impies – du «lieu supracéleste», avez-vous rabattu la piété sur le sol ? Pourquoi vous façonnez-vous des dieux terrestres, et vous adressez-vous à ces créatures plutôt qu’au dieu incréé, tombant ainsi dans de plus profondes ténèbres ?
5 Le marbre de Paros est beau, mais il n’est pas encore Poseidon ; l’ivoire est beau, mais ce n’est pas encore le Zeus d’Olympie ; toujours la matière a besoin de l’art, tandis que Dieu est sans besoin. L’art s’est présenté et la matière a revêtu une forme ; si la richesse de la substance en fait une marchandise dont on peut tirer profit, c’est la forme seule qui la rend vénérable.
6 Votre statue, c’est de l’or, c’est du bois, c’est de la pierre, c’est enfin, si vous remontez jusqu’au bout, de la terre, qui a reçu sa forme de l’artiste. Pour moi, je m’applique à marcher sur la terre, non pas à l’adorer ; car il ne m’est pas permis de jamais confier les espérances de mon âme à des choses inanimées.