5. Cette renaissance de notre parole interne ne se borne pas à un simple effet partiel, et concentré dans le seul point de notre être intérieur ; elle se propage dans toutes les régions qui nous constituent, et elle y ressuscite la vie à tous les pas ; elle semble donner les noms propres et actifs à toutes les substances spirituelles, célestes, élémentaires rassemblées en nous, et les rétablir dans la vivacité de leurs mouvements, et dans le puissant exercice de leurs fonctions originelles, comme autrefois Adam imposait des noms à tous les animaux, et introduisait sa vivante puissance dans toute la création, et dans toutes les oeuvres et productions de Dieu qui avaient été remises à sa libre administration. Or, ces deux témoignages, savoir, celui de notre expérience, et celui de la tradition nous apprennent que telle est la marche progressive de l’éternelle Divinité dans ses saintes opérations, restaurations, rectifications, où certainement la vie de sa parole Divine se répand successivement dans tous les êtres, et dans toutes les productions qu’elle veut régénérer, et qui ne résistent point à son action ; et si, par notre propre expérience et par la tradition des opérations d’Adam, nous savons que telle est la marche restauratrice de la parole Divine ; cela devient une nouvelle preuve pour nous que telle a été la marche créatrice de cette même parole, puisque les choses ne se régénèrent que par la même voie qui les a créées. Ainsi saint Pierre a raison de nous dire (actes 4) que nul autre nom, sous le ciel, n’a été donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés ; puisqu’avant St. Pierre, St. Jean nous avait déjà dit qu’au commencement était le verbe, et qu’il était Dieu, et que rien n’a été fait sans lui de ce qui a été fait ; ainsi, nous ne pouvons trouver de Dieu sauveur, de Dieu sanctificateur, et de Dieu fortificateur et revivificateur que dans le Dieu créateur, comme nous ne pouvons trouver de Dieu créateur que dans celui qui est par lui-même, dont la vie est l’éternité, et dont l’éternité est la vie, quoique ces diverses puissances aient agi en divers temps, et aient manifesté des propriétés différentes Nouvel Homme 5
Mais remarquons pour quelle raison cette opération de l’esprit constitue la véritable église ; c’est que c’est la parole éternelle qui se grave elle-même alors sur la pierre fondamentale qu’elle choisit, comme le réparateur gravait sa propre parole sur l’âme de saint Pierre à qui il parlait face à face. Sans l’impression de cette parole Divine sur notre âme, l’église ne s’élève point ; comme nous voyons que dans l’ordre temporel les édifices que les rois se proposent de bâtir ne commencent à s’élever que lorsque, d’après l’usage reçu, le nom du fondateur est inscrit sur la première pierre qu’il est censé par là, avoir posée lui-même. Nouvel Homme 8
Dans l’ardeur de notre zèle, et dans l’ignorance où nous sommes de toute l’étendue de l’épreuve, nous lui disons : Seigneur, je suis tout prêt d’aller avec vous, et en prison, et à la mort même. Mais l’esprit qui nous connaît bien mieux que nous ne pouvons nous connaître, nous répond : « Pierre, je vous déclare que d’aujourd’hui le coq ne chantera que vous n’ayez nié par trois fois que vous me connaissiez, parce que l’esprit voit à découvert tous les plans des mouvements des êtres, parce que cet esprit voit notre faiblesse, et le penchant que nous avons à lui être infidèles, et que comme le péché primitif a eu un triple caractère, et qu’il a opéré en nous une triple mort, nous répétons ce triple péché, ou cette triple infidélité dans nos épreuves particulières, jusqu’à ce que le coq, ayant chanté trois fois, comme pour annoncer ce malheureux triomphe de la matière sur nous, nous rentrions en nous-mêmes, et que, comme fit Pierre, nous versions des larmes sur notre péché et sur notre lâcheté. Nouvel Homme 60
68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68
Tu seras affranchie des entraves de la loi dès que tu seras admise au règne de l’esprit et si ta pieuse délicatesse te laisse encore des inquiétudes sur les ordonnances lévitiques, il te sera répondu par l’esprit comme à saint Pierre (Actes 10:15) : N’appelez pas impur ce que Dieu a purifié. Nouvel Homme 70