pénitence

Tant que cette opération médicinale ne se fait point en nous, c’est en vain que nous nous croyons sains et bien portants ; nous ne sommes pas même alors en état d’user des aliments salutaires et purs, parce que nos facultés ne sont point ouvertes pour les recevoir. Ce n’est donc point assez pour notre rétablissement de nous abstenir des aliments malsains et corrompus, il faut encore que nous usions de ce médicament amer que les ministres spirituels de la sagesse font passer en nous, pour y occasionner une sensation douloureuse qu’on pourrait appeler la fièvre de la pénitence ; mais qui se termine par la douce sensation de la vie et de la régénération. Nouvel Homme

Amertume corporelle, amertume spirituelle, amertume divine, venez vous établir dans notre être, puisque vous êtes devenues l’indispensable aliment de nos ténèbres et de notre infirmité. Que l’amertume spirituelle du calice se joigne à notre amertume spirituelle particulière, et forme ainsi ce médicament actif et salutaire qui doit ronger toutes nos fausses substances pour laisser revivre nos véritables substances amorties ! Malheur à qui voudra repousser de lui ce médicament régénérateur ! Il ne fera qu’accroître ses maux, et les rendre peut-être un jour inguérissables. Car telle est cette pénitence qui seule peut faire ressusciter l’esprit en nous, comme l’esprit peut seul y faire ressusciter la parole, et la parole y faire ressusciter la vie divine, attendu qu’aujourd’hui rien ne peut plus s’opérer que par des concentrations, puisque tel a été le principe de l’origine des choses, tant physiques que spirituelles ; telle est, dis-je, cette pénitence qui donne à l’homme la puissante tranquillité de la confiance, et la terrible force de la douceur, choses si inconnues aux hommes du torrent qui n’ont que le courage du désespoir, et que la force de la colère. C’est là cette pénitence par laquelle le pasteur daigne venir se revêtir de nous qui sommes des loups, afin de sauver de nos dents la malheureuse brebis que nous dévorons ; tandis qu’avec la pénitence humaine et extérieure c’est le loup même qui se revêt de la peau du berger afin de dévorer à la fois, et la brebis et le pasteur en les séparant l’un de l’autre. C’est là cette pénitence qui efface en nous non seulement les taches du péché, mais jusqu’au souvenir et à la connaissance du péché. Nouvel Homme 6

8. Quand l’homme prie avec constance, avec foi, et qu’il cherche à se purifier dans la soif active de la pénitence, il peut lui arriver de s’entendre dire intérieurement ce que le réparateur dit à Céphas : tu es pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. Cette opération de l’esprit dans l’homme nous apprend qu’elle est la dignité de l’âme humaine, puisque Dieu ne craint point de la prendre pour la pierre fondamentale de son temple ; elle nous apprend combien nous devons nous nourrir de douces espérances, puisque cette élection nous met à couvert des puissances du temps, et plus encore des puissances des ténèbres et des abîmes ; elle nous apprend enfin ce que c’est que la véritable église, et que, par conséquent, nulle part, il n’y a d’église où cette opération invisible de l’esprit ne se trouve pas. Nouvel Homme 8

12. Puisque notre Dieu est un être effectif, tout doit être effectif dans ce qui l’approche, comme dans ce qui sort de lui. Ainsi, pourvu que nous le recherchions avec une pénitence effective, une humilité effective, un courage effectif, nous ne devons pas douter qu’il ne vienne à nous avec des puissances effectives, avec des dons effectifs, et qu’il n’imprime sur nous des témoignages effectifs de son intérêt et de son effectivité ; croyons en outre que si par cette effective influence Divine, nous nous trouvons dans une nouvelle situation effective de joie, de lumières, de forces, de vertus, de foi, de piété, de sainteté, enfin si nous nous trouvons effectivement dans une atmosphère réellement vive, nous pouvons espérer de produire cette même température effective dans tout ce qui nous environne, parce que la vraie et vive effectivité de notre Dieu ne cherche qu’à s’établir et se répandre, afin que selon son désir tout soit plein de lui. Nouvel Homme 12

Songe, âme de l’homme, que c’est le Dieu même qui pleure en toi, pour que tu puisses, par ses propres douleurs, parvenir aux consolations. Songe qu’il pleura avant de dire à Lazare : Levez-vous. Songe qu’il pleure à tout instant dans tout ton être, et qu’il ne cherche qu’à établir son propre jeûne ou sa propre pénitence dans ton centre élémentaire, dans ton centre spirituel, et dans ton centre Divin. Si Dieu pleure en toi, comment te refuserais-tu à pleurer avec lui, comment t’opposerais-tu à laisser librement circuler en toi, ces torrents enflammés de la pénitence sacrée, dans lesquels l’éternel amour t’engage à faire ta demeure avec lui-même, pour qu’ensuite tu fasses aussi ta demeure avec lui dans l’allégresse et dans la vie. Fais donc en sorte de n’être plus que douleur, que soupirs, que lamentations car ce n’est plus que de cette manière-là que tu peux aujourd’hui être l’image et la ressemblance de ton Dieu. Nouvel Homme 13

Bientôt aussi le Dieu de la vie vient visiter notre âme, et nous pouvons dire alors avec jubilation : Dieu vit en moi, Dieu va vivre dans ma pénitence ; il vivra dans mon humilité, il vivra dans mon courage, il vivra dans ma charité, il vivra dans mon intelligence, il vivra dans mon amour, il vivra dans toutes mes vertus ; parce qu’il a promis qu’il serait un avec nous, toutes les fois que nous nous réclamerions à lui au nom de celui qu’il nous a envoyé pour nous servir de signe, et de témoignage entre lui et nous. Ce signe ou ce témoignage est éternel comme celui qui nous l’a envoyé, assimilons-nous à ce signe et à ce témoignage, et nous participerons à sa Divine et sainte sécurité, et nous serons comme lui tellement pleins de la vie, que la seconde et la première mort demeureront loin de nous, et nous serons tout là fait étrangères. Nouvel Homme 14

Dieu de force, Dieu de vie, Dieu de longanimité, aide-moi à accélérer ces temps si propices et si salutaires ! Aide-moi au moins à ne pas les retarder par ma défiance et ma lâcheté, aide-moi à préparer par la constante activité de ma pénitence l’empreinte sacrée de ton triple sceau sur toute ma personne, de ce triple sceau dont l’unité est un feu dévorant qui consume tout ce qui n’est pas né de l’esprit, de ce triple sceau qui n’abandonne plus l’âme humaine, dès qu’il a imprimé profondément sur elles ses vivifiants caractères, de ce triple sceau qui transporte aussitôt l’homme hors de cette sphère de langueur et de dégoût, où nous ne nous nourrissons que de la mort, au lieu de goûter les délices inexprimables du lieu de paix où nous avons puisé la naissance, et toi, sagesse sainte, qui devrais être notre aliment de toutes les heures, et de tous les moments, viens poser tes mains bienfaisantes sur ces signes sacrés que la bonté suprême a daigné attacher sur l’homme ; que tes mains soient comme autant de bandelettes qui contiennent et fixent le baume vivifiant qui a été appliqué sur mes plaies, et qu’elles en fassent pénétrer les sucs et les esprits régénérateurs jusque dans mes substances les plus corrompues, afin que le peu de vie qui y reste reprenne ses forces, et que mes membres reprennent leur agilité. Nouvel Homme 18

Ainsi, unité dans l’amour, unité dans l’oeuvre de la pénitence, unité dans l’humilité, unité dans le courage, unité dans la charité, unité dans le dépouillement de l’esprit de la terre, unité dans la résignation, unité dans la patience, unité dans la soumission à la volonté suprême, unité dans le soin de nous revêtir de l’esprit de vérité, unité dans l’espérance de recouvrer les biens que nous avons perdus, unité dans la foi que notre volonté purifiée et unie à celle de Dieu doit avoir son accomplissement dès ce monde, unité dans la détermination à dissiper les ténèbres de l’ignorance dont notre séjour nous enveloppe, unité dans la vigilance, unité dans la constance à la prière, unité dans la continuelle culture des écritures saintes, enfin unité dans tout ce que nous sentons être propre à nous purifier, à nous alléger de ce bas monde, et à nous avancer dans notre royaume qui est le royaume de l’esprit, et le royaume de Dieu ; voilà la loi que nous devons nous imposer. Nouvel Homme 21

Hélas ! Les hommes ne se touchent que par la mort au lieu de, se toucher par la vie ! Quels étaient les desseins de la justice, lorsqu’après leur crime elle les a précipités dans l’abîme terrestre où nous vivons, et qu’elle les a placés les uns auprès des autres ? C’était pour qu’ils se servissent mutuellement de témoignages de leur égarement, et de signes de leur misère. C’était pour qu’ils eussent continuellement devant les yeux le triste tableau de l’horreur où le péché les avait réduits. C’était pour que chacun d’eux voyant son frère dans les ténèbres, dans l’inquiétude, dans les tribulations, dans les souffrances et dans les puissances de la mort physique et morale, il s’attendrît, il rit un retour sur lui-même, et qu’en reconnaissant humblement les droits de la justice qu’il verrait exercer avec tant de constance et de sévérité, il tâchât, par ses larmes et sa pénitence, d’en calmer le courroux et d’en tempérer la rigueur. Nouvel Homme 30

« Ce n’est qu’aux facultés, déjà dans le sentier de la vie, que vous devez communiquer l’utile mystère des douleurs de la pénitence de l’esprit, qui seule nous découvre si clairement les deux êtres qui sont en nous, et qui, seule, offre à l’homme comme autant d’échelons, pour l’aider à monter sur l’autel du sacrifice, jusqu’à ce que le feu de l’esprit descende sur lui, comme au temps de la loi des holocaustes, et l’enlève ensuite avec lui dans la région de la vie. » Nouvel Homme 38

Il n’ira point porter les fruits de cette élection aux Gentils, ni dans les villes des Samaritains, parce que ces nations sont les représentants figuratifs des peuples réservés pour le jugement ; mais il ira plutôt vers les brebis perdues de la Maison d’Israël ; vers les régions qui autour de lui ont été troublées et égarées par les influences du crime, mais qui n’ont point encore fermé leur coeur à la pénitence ; et il dira à ces nations pour les encourager, que le royaume du ciel est proche ; il rendra au milieu d’elles par ses larmes, par ses prières, et par ses efforts la santé aux malades, la vie aux morts, la liberté à ceux qui seront dans les chaînes du démon ; il n’épargnera rien pour remplir toute sa terre de l’abondance de ses oeuvres. Nouvel Homme 40

Mais les nations impies qui se sont rendues ennemies de ces deux alliances ont combattu la première ou l’ont négligée, parce qu’elle imposait des fardeaux trop pesants ; et elles n’ont pas profité de la seconde, parce que ceux qu’elle leur imposait était si peu matériels, qu’elles les ont trouvés sans consistance, faute d’en vouloir considérer le prix, et d’en essaye toute la valeur ; c’est ainsi que les premiers prévaricateurs n’ont point profité de la voie laborieuse de réconciliation qu’ils auraient trouvée dans le premier homme, avant sa chute, et qu’ils ont bien moins encore profité des secours qui lui ont été accordés après son crime. Car, ordinairement une prévarication en engendre presque toujours une plus grande ; et la punition que la justice inflige aux coupables, est de les laisser devenir encore plus coupables, quand ils ne redoublent pas d’efforts pour rentrer dans les voies de la vérité, par les voies du repentir, et de la pénitence, à la vue des secours qui leur sont envoyés. Nouvel Homme 41

Aussi, « malheur à toi, Corozaïn, malheur à toi, Bethsaïde, parce que si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a déjà longtemps qu’elles auraient fait pénitence dans le sac et dans la cendre. C’est pourquoi je vous déclare qu’au jour du jugement, Tyr et Sidon, seront traitées moins rigoureusement que vous. Et toi, Capharnaüm, t’élèveras-tu toujours jusqu’au ciel ? Tu seras abaissée jusqu’au fond des enfers, parce que si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait peut-être encore aujourd’hui ; c’est pourquoi je vous déclare qu’au jour du jugement, Sodome sera traitée moins rigoureusement que vous. Nouvel Homme 41

Ainsi il priera sans cesse l’esprit de venir demeurer dans sa pénitence, dans son humilité, dans son courage, dans sa résignation, dans sa prière, dans sa foi, dans son amour, dans ses lumières, dans son espérance, dans sa charité, dans toutes les affections pures de son âme, et dans tous les mouvements de son essence spirituelle et divine, afin qu’il ne puisse plus être vaincu dans les combats qu’il aura à soutenir. Nouvel Homme 45

Mais toi, ô sagesse sainte, toi qui ne perds jamais de vue tes enfants, si tu leur laisse faire des fautes de négligence, et d’erreur, ne peuvent-ils pas ensuite acquérir des vertus doubles, quand ils rentrent dans la voie droite ? Car tu peux leur rendre, à la fois, et les fruits du temps qu’ils ont employé, et les fruits du temps qu’ils ont perdu, puisque tu peux, si tu le veux, abolir et effacer pour eux la différence des heures. Mais que ces malheureux n’oublient jamais à quelles conditions cette différence des heures sera abolie pour eux. Ce ne sera que quand chaque portion de leur être sera devenue un organe de douleur, et de pénitence ; car sans cette cuisante transpiration, la corruption restera en eux, et les rongera jusqu’à la moëlle. Nouvel Homme 48

Hommes curieux, et avides d’intelligence, suivez dans cette chaîne la progression de la miséricorde, et voyez par quelle abondance de paix et de félicités tout doit se terminer; mais n’oubliez pas que ceux qui auront suivi le modèle dans ses sacrifices, dans ses humiliations, et dans sa pénitence, seront les seuls qui le pourront suivre un jour dans sa gloire. Je ne crains point de vous assurer que c’est dans les Ecritures où vous trouverez le guide éclairé qui vous fera parcourir tous les sentiers de ces diverses progressions, et toutes les merveilles que ces diverses époques renferment. Mariez donc continuellement vos principes immortels avec les vérités des Ecritures saintes, et vous verrez croître dans vous, et autour de vous de nombreuses générations. Nouvel Homme 52

Nous ne pouvons sentir cette délicieuse et active vérité sans reconnaître la certitude de ces paroles : « Vous ne pouvez rien faire sans moi… celui qui ne demeure pas en moi sera jeté dehors comme un sarment inutile. Il sèchera, il sera ramassé et jeté au feu, et il brûlera. » Voulez-vous éviter cet effroyable danger ? Evitez que tout votre être ne passe ses jours dans la stérilité, et dans la sécheresse. Voulez-vous, dis-je, éviter ce danger ? Placez devant vous le nom du Seigneur ; que cet autel soit toujours dressé, et toujours prêt à recevoir vos offrandes. Ne prenez pas une résolution, n’accordez pas un mouvement à votre être sans venir auparavant le présenter au temple, comme la loi des Hébreux l’ordonnait pour les prémices de toutes les productions de la terre ; ayez sans cesse l’encensoir à la main pour honorer celui de qui vous tenez ce fils de l’homme, ce premier-né en vous qui devient votre guide pendant vos pénibles voyages, et qui doit vous apprendre à célébrer ce nom du Seigneur, dans vos triomphes, dans vos besoins, dans vos consolations, dans vos détresses, puisque sans lui toutes les branches de votre arbre spirituel demeureraient dans la sécheresse et seraient condamnées au feu, et que sans lui vous seriez sans activité, sans pénitence, sans courage, sans humilité, sans amour, sans confiance ; puisqu’enfin sans lui, tout en vous serait sans parole. Nouvel Homme 62

En t’ouvrant l’esprit sur ta destination, il t’apprend que tu dois prêcher journellement en toi-même en son nom la pénitence, et la rémission des péchés dans toutes, les nations, en commençant par Jérusalem. C’est-à-dire, en commençant par cette pierre fondamentale qui est en toi, et d’où doivent rejaillir des sources vives capables de désaltérer tous tes peuples. Nouvel Homme 70

Il faut donc qu’indépendamment de ce jugement particulier que nous lui avons vu prononcer, lorsqu’il est descendu dans ses abîmes, il prononce encore, prophétiquement, le jugement final qui doit décider du sort des prévaricateurs, et faire la séparation de ceux qui dans lui-même ayant échappé, par la pénitence, à la première mort, seront préservés de la seconde mort, d’avec ceux qui seront les victimes de l’une et de l’autre de ces deux morts. Nouvel Homme 71

Voyons-le verser les quatre premières coupes sur la terre, sur les fleuves, et sur le soleil pour opérer la dissolution de la région fantastique et illusoire qui le retient dans les ténèbres, et pour faire « que les hommes qui auront le caractère de la bête soient frappés d’une plaie maligne et dangereuse, que la mer devienne comme le sang d’un mort, que les fleuves et les sources des eaux soient changés en sang ; et les hommes étant frappés d’une chaleur dévorante, blasphèmeront le nom de Dieu, qui a ces plaies en son pouvoir, refusant de faire pénitence pour lui donner gloire. La cinquième coupe se répandra sur le trône de la bête, et son royaume deviendra ténébreux. La sixième coupe se versera sur le grand fleuve d’Euphrate, et son eau sera séchée pour ouvrir le chemin aux rois qui doivent venir de l’Orient. La septième coupe se répandra dans l’air, et une forte voix se fera entendre du temple comme du trône, et qui dira : c’en est fait. » Nouvel Homme 71