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Car la rosée que Dieu fait descendre dans l’homme est toute composée d’actions toutes vives, toutes formées, toutes complètes, comme autant de guerriers armés de pied en cap, ou comme autant de puissants médecins, portant dans leur main l’ambroisie, ou comme autant d’anges célestes tous rayonnant intérieurement et extérieurement, des saintes et pures lumières de la vie ; et l’homme destiné à être l’objet, et le réceptacle de tant de bienfaits aperçoit par l’intelligence, au milieu de cette rosée sacrée, la main suprême du Dieu resplendissant de gloire qui veut bien le prendre pour le terme de cette incomparable munificence, tant il est vrai que la parole divine ne peut venir en nous sans créer à la fois tout un monde. Nouvel Homme
Nous apercevrons, même dans cette occupation, une clarté aussi encourageante pour nous qu’elle est glorieuse pour le suprême auteur de notre existence ; c’est que si nous sentons que nous ne pouvons être régénérés qu’autant que nous sommes devenus une parole du Dieu des êtres, c’est une preuve que le Dieu des êtres est aussi par lui-même, une parole vive et puissante, puisque nous sommes son image ; et dès lors notre similitude avec lui se présente à nous de la manière la plus naturelle, la plus instructive et la plus douce, puisqu’à tout moment nous pouvons nous convaincre de cette similitude, et montrer que dans tous les instants nous tenons à Dieu, comme Dieu tient à nous. Or, ce qui manifeste entièrement la gloire de ce Dieu suprême, et la nature spirituelle de notre être, c’est que malgré la dignité et la puissance de la parole qui est en nous, nous ne pouvons en espérer la renaissance et le développement, qu’autant que la parole Divine, elle-même, vient ranimer la nôtre, et lui rendre son activité comprimée par les chaînes de notre prévarication ; c’est enfin de sentir irrésistiblement que la parole est absolument nécessaire pour l’établissement de la parole ; axiome qui a passé dans les sciences humaines, et dont l’empire indestructible s’est montré à ceux qui ne se sont même occupés que des langues conventionnelles. Nouvel Homme 4
Cet axiome, dis-je, renferme les vérités les plus essentielles, en ce qu’il nous enseigne d’abord que toute notre oeuvre doit se passer dans l’intérieur de l’homme, comme dans le foyer invisible de notre vie divine ; et secondement, que cette oeuvre ne peut s’opérer véritablement que par la parole Divine, ou la Divinité elle-même. Nouvel Homme 4
5. Cette renaissance de notre parole interne ne se borne pas à un simple effet partiel, et concentré dans le seul point de notre être intérieur ; elle se propage dans toutes les régions qui nous constituent, et elle y ressuscite la vie à tous les pas ; elle semble donner les noms propres et actifs à toutes les substances spirituelles, célestes, élémentaires rassemblées en nous, et les rétablir dans la vivacité de leurs mouvements, et dans le puissant exercice de leurs fonctions originelles, comme autrefois Adam imposait des noms à tous les animaux, et introduisait sa vivante puissance dans toute la création, et dans toutes les oeuvres et productions de Dieu qui avaient été remises à sa libre administration. Or, ces deux témoignages, savoir, celui de notre expérience, et celui de la tradition nous apprennent que telle est la marche progressive de l’éternelle Divinité dans ses saintes opérations, restaurations, rectifications, où certainement la vie de sa parole Divine se répand successivement dans tous les êtres, et dans toutes les productions qu’elle veut régénérer, et qui ne résistent point à son action ; et si, par notre propre expérience et par la tradition des opérations d’Adam, nous savons que telle est la marche restauratrice de la parole Divine ; cela devient une nouvelle preuve pour nous que telle a été la marche créatrice de cette même parole, puisque les choses ne se régénèrent que par la même voie qui les a créées. Ainsi saint Pierre a raison de nous dire (actes 4) que nul autre nom, sous le ciel, n’a été donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés ; puisqu’avant St. Pierre, St. Jean nous avait déjà dit qu’au commencement était le verbe, et qu’il était Dieu, et que rien n’a été fait sans lui de ce qui a été fait ; ainsi, nous ne pouvons trouver de Dieu sauveur, de Dieu sanctificateur, et de Dieu fortificateur et revivificateur que dans le Dieu créateur, comme nous ne pouvons trouver de Dieu créateur que dans celui qui est par lui-même, dont la vie est l’éternité, et dont l’éternité est la vie, quoique ces diverses puissances aient agi en divers temps, et aient manifesté des propriétés différentes Nouvel Homme 5
Mais remarquons pour quelle raison cette opération de l’esprit constitue la véritable église ; c’est que c’est la parole éternelle qui se grave elle-même alors sur la pierre fondamentale qu’elle choisit, comme le réparateur gravait sa propre parole sur l’âme de saint Pierre à qui il parlait face à face. Sans l’impression de cette parole Divine sur notre âme, l’église ne s’élève point ; comme nous voyons que dans l’ordre temporel les édifices que les rois se proposent de bâtir ne commencent à s’élever que lorsque, d’après l’usage reçu, le nom du fondateur est inscrit sur la première pierre qu’il est censé par là, avoir posée lui-même. Nouvel Homme 8
Voilà comment la parole Divine voudrait se faire entendre à toutes les régions de l’univers, en leur répétant sans cesse par ta voix : Lazare, levez-vous ; car si c’est la voix de l’homme qui a versé le crime et le poison sur l’univers, c’est la voix de l’homme qui doit y reporter la lumière, la sagesse, la mesure et l’harmonie. C’est là ce nouvel homme après lequel languissent les soupirs de la Divinité ; c’est là ce nouvel homme qu’il faut rappeler de toute langue, de toute nation, de toute tribu afin qu’il vienne adorer dans Jérusalem ; c’est là ce peuple saint, cette nation choisie dont les enfants doivent avoir, selon les prophètes, des reines mêmes pour nourrices, et qui doit voir les rois baiser la poussière de ses pieds : Isaïe 49:23. Nouvel Homme 15
Rappelle-toi maintenant que ta parole étant l’image de la parole éternelle, ne doit pas plus manquer son effet que cette parole divine elle-même dont tu es l’image. Rappelle-toi que lorsque tu as prononcé un décret contre l’ennemi avec toute la sécurité, et toute la confiance de tes droits sur lui, il ne peut manquer de se voir chassé, et renvoyé dans ses abîmes, si tu sais accompagner ta résolution de toute l’opiniâtreté de la constance. Songe donc ici combien tes privilèges vont s’étendre, et s’augmenter. Cette même sécurité, cette même assurance, cette même opiniâtreté de constance qui n’est autre chose que le vif sentiment de la grandeur de ton être nourri, et éclairé par la vraie lumière, te doit suivre dans les autres détails de ton oeuvre, et dans les autres régions de ta circonférence. Nouvel Homme 16
Bien plus, regardons ce nouvel homme comme l’organe de la parole divine, par lequel elle veut se communiquer aux nations ; regardons-le comme cet ange qui transmettait à Moïse sur la montagne du Sinaï les lois du Seigneur, afin que le peuple fût instruit des ordonnances divines, et qu’il apprit, en les observant, à diriger ses pas vers la sagesse, et à rentrer dans les voies de sa primitive origine. Nouvel Homme 25