oeuvre

Ici nous osons communiquer un autre secret non moins profond, mais plus consolant, plus encourageant, et fait pour nous apprendre à nous respecter tant par rapport à la sainteté de notre origine, qu’à la sublimité de l’oeuvre que nous devons et que nous pouvons opérer sur la terre. Voici ce secret : Nouvel Homme 2

7. La sagesse conduit l’homme par des degrés insensibles afin de ne pas l’effrayer par l’immensité de la tâche qu’il a à remplir. Aussi commence-t-elle par dire à l’homme qu’il doit servir d’organe et de passage à la Divinité tout entière, s’il veut que son ange jouisse de la paix et des félicités Divines. Cet avis est si consolant que l’âme de l’homme en est comme absorbée dans l’admiration et dans la joie. Elle pleure de regret, elle pleure d’espérance : c’est comme si l’image Divine elle-même était venue se dessiner sur toutes ses substances, et qu’elle eût senti la douce chaleur de la main qui a conduit le pinceau ; mais comme c’est là le terme final de l’oeuvre, cette sagesse nous apprend bientôt qu’avant d’atteindre à cet heureux terme, nous devons voir passer en nous le Dieu souffrant, puisque lui seul peut enchaîner tous les lions voraces, et tous les serpents qui circulent en nous, et ne cessent de nous effrayer par leurs sifflements, ou de nous empoisonner par leur venin. Nouvel Homme 7

Tu pourrais alors te faire une idée de ces joies futures dont tu goûterais déjà les prémices; tu aurais de délicieux pressentiments, que grâce aux miséricordieuses faveurs de celui qui t’a créé et qui veut bien te régénérer, ton entrée dans la vie t’est comme cautionnée par lui, et que tu peux dire avec une sainte sécurité inspirée par lui : Mon âme ne m’a point été donnée en vain ; il a daigné la faire renaître pour l’appliquer à l’oeuvre active à laquelle ma sublime émanation me donnait droit de prétendre, et il me promet encore de me faire recueillir un jour les fruits du champ que lui-même a bien voulu cultiver par mes mains. Que ce Dieu de toute puissance et de toute consolation soit à jamais honoré comme il devrait l’être, et comme il le serait des hommes, s’il leur était plus connu ! Nouvel Homme 8

Car c’est ce nom que toutes choses ont porté avant la corporisation matérielle ; et c’est ce même nom qu’elles tendent à porter de nouveau lorsque l’oeuvre sera accomplie, afin que l’unité soit toute en tous, non plus par des lois subdivises, comme celles qui constituent, gouvernent, engendrent, et détruisent la nature ; mais par une plénitude d’action qui se développe sans cesse, et sans l’affligeant accident des contractions, et des résistances. Nouvel Homme 13

Homme, si cette perspective te paraît intéressante, s’il te paraît doux d’entrevoir l’homme sous un pareil jour, mets-toi à l’oeuvre, et que cette attente consolante anime tes efforts pour faire naître en toi une si belle aurore ; elle est d’une telle magnificence que nul tableau ne pourrait t’en offrir l’idée, et en même temps elle est si riche, que tu auras beau te dépouiller constamment de tout, pour lui offrir ton être dans toute sa soumission, et dans toute sa plénitude originelle, tu ne croiras encore lui avoir rien offert en raison de ce qu’elle te peut donner. Nouvel Homme 13

Ici nous considérons cette apparition au temple comme le premier degré de l’oeuvre de l’esprit en nous, après qu’il y a conçu, et opéré la naissance de notre fils ou du nouvel homme. Nouvel Homme 18

Les temps viendront où l’oeuvre trine s’accomplira sur ce nouvel homme, où l’action et le nom de l’esprit, l’action et le nom du fils, l’action et le nom du père se communiqueront, et se réuniront dans ce nouvel homme, de manière à n’offrir à la fois, dans toutes les dimensions de son être, qu’une seule action, qu’un seul nom, qu’une seule opération, qu’une seule multiplication qui placera l’homme continuellement au milieu de l’atmosphère de la vie, et qui le rendra si redoutable à ses ennemis, qu’ils fuiront devant lui, comme les ténèbres fuient devant l’astre du jour, et vont toujours se cachant, comme étant frappés par la terreur de sa puissance, et éblouis par la splendeur de sa lumière. Nouvel Homme 18

Ouvrons donc notre âme à cette accumulation des paroles divines en nous, n’apportons aucun obstacle à leur fermentation mutuelle en les empêchant de s’approcher, et de se réactionner physiquement en nous, si nous voulons que nos paroles acquerrent à leur tour quelques propriétés physiques. Recueillons précieusement les moindres résultats de cette fermentation des paroles divines en nous, puisque c’est ainsi qu’elles ont formé le monde, puisque c’est ainsi qu’elles l’entretiennent, et opèrent continuellement l’existence de l’oeuvre qu’elles ont produite, et puisque c’est ainsi qu’elles ont formé notre âme, et qu’elles veulent de nouveau la former aujourd’hui, car les voies de la sagesse ne sont d’une constance, et d’une uniformité si sublime, que pour que l’homme ait plus de facilité à les retrouver lorsque pour qu’il s’en est écarté, et pour que, du sein de ses ténèbres mêmes, i1 puisse recouvrer des aperçus certains, et positifs sur des lois qu’il n’aurait jamais dû oublier. Nouvel Homme 19

Cela n’empêche pas qu’en attendant nous ne voyions dans l’exemple de la naissance de la parole en nous comment tout est révélation, puisque tout est parole, et puisque toutes les paroles sont comme ensevelies dans des abîmes, dont on ne peut les tirer qu’avec violence ; et cependant les hommes ne veulent pas croire à une révélation tant on s’y est mal pris pour les en convaincre, tandis qu’en les ramenant à eux-mêmes on leur eût prouvé tellement la révélation universelle et de tous les moments, qu’ils auraient été naturellement disposés par là à ne voir ne reconnaître l’oeuvre du réparateur que comme une plus grande révélation, que celle qui se passait en eux ; et comme elle est du même genre, quoiqu’elle embrasse un plan plus vaste, elle pourrait leur paraître plus admirable, comme étant plus sublime, mais non pas plus extraordinaire. Ils auraient même appris, par l’examen des diverses époques du genre humain, à reconnaître les immenses services que cette révélation du Réparateur leur avait rendus, en observant ces diverses époques sur l’homme particulier. Nouvel Homme 20

L’homme ne devrait donc plus s’étonner de voir ce qui est dit dans la révélation du réparateur. Matt. 11, 12, 13. Or, depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et les violents l’emportent. Car jusqu’à Jean tous les prophètes aussi bien que la loi ont prophétisé. Il sentirait en même temps tout le prix de cette révélation du Réparateur, c’est-à-dire, de l’oeuvre qu’il est venu opérer pour la délivrance de notre parole, puisque ce n’est que par cette révélation du Réparateur, et par les vertus de son oeuvre, que nous pouvons espérer chacun de parvenir à notre révélation particulière, ou à la naissance de notre nouvel homme, lequel, seul, peut nous mettre à même de prendre désormais le ciel par violence, au lieu qu’auparavant nous devions attendre qu’il se donnât, à moins que nous ne fussions de la classe des êtres privilégiés. Nouvel Homme 20

Ainsi, unité dans l’amour, unité dans l’oeuvre de la pénitence, unité dans l’humilité, unité dans le courage, unité dans la charité, unité dans le dépouillement de l’esprit de la terre, unité dans la résignation, unité dans la patience, unité dans la soumission à la volonté suprême, unité dans le soin de nous revêtir de l’esprit de vérité, unité dans l’espérance de recouvrer les biens que nous avons perdus, unité dans la foi que notre volonté purifiée et unie à celle de Dieu doit avoir son accomplissement dès ce monde, unité dans la détermination à dissiper les ténèbres de l’ignorance dont notre séjour nous enveloppe, unité dans la vigilance, unité dans la constance à la prière, unité dans la continuelle culture des écritures saintes, enfin unité dans tout ce que nous sentons être propre à nous purifier, à nous alléger de ce bas monde, et à nous avancer dans notre royaume qui est le royaume de l’esprit, et le royaume de Dieu ; voilà la loi que nous devons nous imposer. Nouvel Homme 21

Regardons-nous donc ici-bas comme dans un lieu de préparation, où l’on demande de nous que nous rendions à nos facultés, les dispositions qui leur sont absolument nécessaires pour pouvoir être employées à l’oeuvre. Travaillons sans cesse à ce que l’unité de notre foi devienne propre à transporter les montagnes, à ce que l’unité de notre dépouillement devienne insensible aux privations, à ce que l’unité de notre charité nous mette en état de brûler, et de donner notre vie pour nos frères, à ce que l’unité de notre courage nous donne les moyens de subjuguer tout ce qui est matière ; combat dans lequel nous avons si beau jeu, puisque la matière est indifférente, et prend toutes les formes que nous voulons lui donner. Enfin, exerçons continuellement toutes les unités de nos vertus, et de nos dons spirituels, et ne doutons pas que lorsqu’elles auront atteint une mesure approuvée par la sagesse, elles ne reçoivent de sa main le complément dont elles seront capables. Nouvel Homme 22

C’est là ce sabbat que le Réparateur dont tu es devenu l’image, et le frère, a apporté sur la terre et a désiré qu’il pénétrât dans le coeur de tous les hommes, parce qu’il était lui-même ce lieu de repos et qu’il savait combien son oeuvre paraîtrait calme, et délicieuse, en comparaison de l’oeuvre compliquée de tous les agents inférieurs ; car lorsqu’il dit que l’homme était maître du sabbat même, il n’entendait guère parler que de cette oeuvre laborieuse, et pleine de tourments, qui avait occupé ci-devant la postérité humaine, et ce divin Réparateur venait l’abolir pour y substituer l’oeuvre de la paix, et le sabbat de l’amour. Nouvel Homme 28

Nous voyons que chaque jour le Soleil parcourt un arc de son grand cercle ; nous voyons que chaque jour cet arc est le seul qu’il parcourt pour nous, et nous voyons qu’il en suit tous les points avec une régularité parfaite. Prenons là l’exemple et la leçon que nous devons suivre. Regardons-nous tous comme des astres qui ont chacun un arc à parcourir dans la grand sphère de l’oeuvre de notre Dieu. Depuis le pôle jusqu’à la ligne, quelle que soit notre latitude, parcourons notre arc avec fidélité, et sans laisser échapper le moindre murmure, sans le moindre mouvement de jalousie, ni de désir d’avoir à paraître sur un climat plus fortuné que celui auquel nous sommes attachés. Parcourons notre arc comme fait continuellement le Soleil, sans examiner si nous brillons sur l’Arabie heureuse, ou sur les sables de l’Afrique, et sur les déserts de la Tartarie ; parcourons notre arc, comme lui, en purifiant les régions qui se trouvent sous nos pas, et en ne laissant jamais ternir notre éclat par les souillures et les influences infectes qui s’élèvent de ces régions. Nouvel Homme 28

Alors il dit au Seigneur : Ne laissez pas les hommes dans des voies qui nuisent à votre oeuvre même, que j’ai si grand désir de voir s’accomplir. Venez au secours de leur faiblesse, puisque vous seul pouvez les préserver de la mort, et leur donner les forces et tous les appuis qui leur manquent. Puis se tournant vers l’ennemi, il lui dit : Faut-il que le sang de mon esprit coule pour assouvir ta soif et te faire lâcher ta proie ? Le voici : laisse aller mes frères en liberté. Ce n’est pas seulement en mon nom que je te parle, c’est au nom de celui qui vient de me rendre à la vie; mais si tu ne veux pas croire en mon nom, ni au nom de celui qui m’a envoyé, crois au moins à l’oeuvre qu’il a faite dans mon être et dont tu ne peux nier la réalité puisqu’elle t’est prouvée par mon existence que ton oeil ne peut méconnaître et que tu ne peux t’empêcher de sentir. Nouvel Homme 29

Veille donc sans cesse, ô homme de paix, ô homme de désir, pour que le trône soit ferme et inébranlable, puisque si ce trône n’est pas en état, tu peux par ta négligence, retarder l’oeuvre et la manifestation des merveilles et des grâces du Seigneur. Que serait-ce donc si ce trône n’était pas érigé au nom de la vérité ? Dieu vous dirait, comme dans Amos (5:20, etc.) : « Je hais vos fêtes et je les abhorre ; je ne puis souffrir nos assemblées ; en vain vous m’offrirez des holocaustes et des présents, je ne les recevrai point, et quand vous me sacrifierez les hosties les plus grasses pour vous acquitter de vos voeux, je ne daignerai pas les regarder. Otez-moi le bruit tumultueux de vos cantiques ; je n’écouterai point les airs que vous chantez sur la lyre ; mes jugements fondront sur vous comme une eau qui se déborde, et ma justice comme un torrent impétueux. Maison d’Israël, m’avez-vous offert des hosties et des sacrifices dans le désert, pendant quarante ans ? Vous y avez porté le tabernacle de Moloch, l’image de vos idoles, et l’étoile de votre Dieu qui n’étaient que des ouvrages de vos mains. C’est pour cela que je vous ferai transporter au-delà de Damas, dit le Seigneur qui a pour nom le Dieu des Armées. » Nouvel Homme 30

Songe qu’ici-bas tu n’es encore que dans le désert. Songe que tu es encore au milieu des lions dévorants ; songe que tu es suspendue, comme par un fil, au-dessus de l’abîme ; songe que tu es ici pour gémir, pour agir, et non pas pour jouir ; ainsi, tiens-toi en garde même contre les délices de ces jonctions divines qui, étant trop anticipées, pourraient t’abuser sur ton oeuvre, si tu les écoutais trop longtemps et avec trop de complaisance. Tempère-les plutôt par le sentiment de ton infirmité ; tiens-toi toujours prête à en faire le sacrifice, afin de te mieux préparer à les recevoir un jour, d’une manière qui ne soit nullement dangereuse pour toi, et qui te soit entièrement profitable ; enfin, reçois-les avec une joie mêlée de crainte et de tremblement que tu aies le malheur de ne pas les faire échapper, en entier, aux dangers dont sont menacés tous les trésors sacrés qui descendent dans ce bas monde ; ne t’occupe que de les faire arriver à leur terme sans accident et sans avarie, et ne consume pas à la jouissance de tes propres satisfactions, le temps que tu dois employer à l’avancement de l’oeuvre de ton maître, et à veiller contre les déprédateurs de ses richesses. Nouvel Homme 33

Voilà en effet quelle est l’oeuvre du nouvel homme pendant son séjour dans le désert, c’est d’obtenir d’en haut une clef puissante pour lier l’ennemi dans ses cavernes ténébreuses, c’est de séparer le pur de l’impur, comme il avait été recommandé aux Hébreux, c’est de rendre la respiration de l’air céleste et divin à cet ami fidèle, à qui le premier homme fait continuellement respirer un air infect depuis le crime ; enfin, c’est d’arracher des mains de l’ennemi les portions des trésors divins, et les étincelles de la vérité même que nous lui avons laissé quelquefois dérober, en ouvrant si imprudemment notre porte supérieure, sans avoir pris la précaution de chasser l’ennemi dans ses abîmes, et de fermer soigneusement sur lui la porte inférieure. Nouvel Homme 33

34. Ces occupations et ces soins du nouvel homme sont si urgents et si importants qu’il va rester encore un temps dans le désert pour assurer les fondements de l’oeuvre. S’il a reçu la naissance spirituelle, s’il a été nourri du verbe jusqu’à l’âge de sa mission, c’était pour son propre avantage, et pour sa délivrance personnelle ; actuellement, il lui faut songer à l’oeuvre de son maître. Il lui faut tellement fermer la porte inférieure du coeur de l’homme, après en avoir chassé l’ennemi, que la porte supérieure et divine puisse s’ouvrir sans inconvénients, et sans craindre ces horribles prostitutions que cet ennemi ne cesse de projeter, et de machiner selon tous les moyens qui sont en lui. Nouvel Homme 34

Rappelons-nous qu’il n’y a pas un seul point de l’être de l’homme sur lequel ces sublimes paroles ne doivent se prononcer, et que Dieu ne demande autre chose, sinon que le nouvel homme soit en état de les entendre continuellement. Nous avons été déjà trop loin pour être étonnés de cette merveilleuse miséricorde. La grandeur de l’homme est un témoignage évident de la grandeur de l’oeuvre de Dieu envers la malheureuse famille humaine; et réciproquement la grandeur de l’oeuvre de Dieu est une démonstration de la grandeur de l’homme. Cette oeuvre est telle qu’il suffirait de la contempler et de l’apercevoir pour renaître, et pour nous rétablir dans les régions saintes de l’amour et de la sagesse, de manière que non seulement le monde des ténèbres et des illusions disparût pour nous, mais que même tous les mondes de lumière semblassent se trouver dans notre âme, comme ils se trouvent dans la pensée de Dieu. Nouvel Homme 34

Ô nouvel homme, combien tu deviens respectable à tes propres yeux quand tu sens ce qu’opère pour toi l’auteur des choses ! Il est le Dieu unique, tu es son fils ; peut-il y avoir quelque chose qui ne soit divin dans l’oeuvre qui s’opère en toi et lui ! Peut-il y avoir quelque chose qui ne soit pas l’acte même de ton Dieu ! Aussi tu ne vivrais pas, et tu serais déjà mort, si tu ne croyais pas à celui qu’il a envoyé en toi. Nouvel Homme 34

Que serait-ce donc si le nouvel homme était régénéré dans tout son être ? Il ferait de plus grandes choses que le Réparateur même, parce que le Réparateur n’a fait que semer les germes de l’oeuvre, et que le nouvel homme peut entrer en moisson, puisque chaque jour, la récolte se mûrit. Le Réparateur a ressuscité des morts individuels ; le nouvel homme pourra ressusciter des tribus entières. Le Réparateur a calmé les flots d’un lac, le nouvel homme pourra calmer les flots de l’océan. Le Réparateur a rendu la vie à quelques aveugles, le nouvel homme pourra ouvrir les yeux à tout ce qui l’entoure. Le Réparateur a délivré des hommes détenus corporellement par les liens de l’ennemi, le nouvel homme pourra rompre, à la fois, toutes les chaînes de tous les hommes de désirs. Nouvel Homme 35

« Bienheureux ceux dont l’homme intérieur est dans les larmes, et dont le coeur est tourmenté par l’abondance de l’amertume ! C’est une preuve que la parole du Seigneur est descendue en eux, et qu’elle y comprime toutes les substances de mensonge ; c’est une preuve que la parole s’est imprégnée elle-même de leurs douleurs jusqu’à en être gonflée ; c’est une preuve qu’ils ont senti les pleurs de la parole de vie qui s’est répandue dans l’âme des prophètes de tous les temps, qui n’a cessé de parler par eux des pleurs des prêtres, des pleurs de la terre d’Israël, des pleurs des voies de Sion, des pleurs du rempart et de la muraille, des pleurs de la récolte de la vigne, des pleurs des habitations des pasteurs, qui s’est transformée en larmes de sang, dans l’oeuvre du Réparateur, qui s’est empressée de recommander à l’homme de laisser librement pleurer la parole en lui, et de pleurer abondamment avec elle, puisque ce n’est qu’ainsi que le péché sortira de lui pour y être remplacé par la joie pure, par le sentiment actif de la liberté de sa nouvelle existence, et par les plus douces et les plus ineffables consolations de la vie. » Nouvel Homme 36

« Votre leçon entière est dans ces paroles : Les serviteurs que mon père aime, sont ceux qui le servent en esprit et en vérité. Ainsi ne vous en tenez pas à une simple croyance au principe divin dont votre âme immortelle a reçu la vie. Ne vous en tenez pas même à cette foi vive que par votre union avec lui vous pouvez tout opérer pour votre bien, et celui de vos frères qui demeurent avec vous dans votre temple particulier, mais faites en sorte de ne vous donner aucun repos jusqu’à ce que cette vive foi se soit convertie en actes positifs, et en faits réels. Us serviteurs que le père aime, ce sont ceux qui prouvent leur foi en la divinité de leur nature par la divinité des fruits qu’ils produisent, et par le soin qu’ils prennent que dans eux les triples nombres s’accomplissent ; sans quoi le cercle reste ouvert, l’oeuvre n’est pas achevée et reste incomplète, et vous ne pourrez pas dire que vous serviez Dieu en vérité, puisque vous ne le servez pas en oeuvres effectives. » Nouvel Homme 37

« On vous a dit que le coeur de l’homme était la terre où Dieu voulait continuellement semer le grain. Vous avez donc la propriété de le faire fermenter et produire en y joignant les sucs nourrissiers et végétatifs dont vous êtes l’organe et le foyer. La vérité sème moins en vous qu’elle n’espère en recueillir, afin de vous laisser la gloire et le mérite d’avoir concouru à l’oeuvre, et le droit de demander votre rétribution lors de la récolte. Voyez combien la terre périssable que vous habitez rend de richesses et de fruits innombrables, pour quelques grains d’un blé corruptible que le laboureur sème dans son sein. Lors donc que le grain de l’éternelle vérité se sème dans la terre vive, jugez quelle immense moisson il en doit résulter, surtout si vous ne cessez de sentir que c’est de Dieu que viennent à la fois la terre vivante, le grain, et le laboureur. » Nouvel Homme 37

« Songez donc que l’objet véritable de l’oeuvre du nouvel homme est de se régénérer dans la vie divine, qui est l’amour, et la lumière : songez que vous ne pouvez obtenir de degré de jouissance sans que Dieu vous connaisse, et sans qu’il soit intimement uni avec vous, comme il le fut avec Moïse lorsqu’il l’appela, et qu’il le connut par son nom. Songez que vous ne pouvez être ressuscités (Romains 8:9) et être sauvés sans confesser que le Réparateur est ressuscité, parce que vous ne pouvez le confesser sans le savoir, sans le sentir, et dès lors, sans être ressuscités avec lui. Souvenez-vous ensuite que le Réparateur n’était pas encore ressuscité, lorsqu’il dit aux Juifs ces paroles que vous venez d’entendre sur le pouvoir de chasser les démons, et que c’est une preuve de plus que ce pouvoir n’est que secondaire dans l’ordre de votre régénération. » Nouvel Homme 37

Mais cette action ne peut descendre, et se reposer sur nous, sans ajouter à la purification que nous avons commencée par nos efforts, et qui n’est jamais complète, si la main du Seigneur ne vient elle-même consommer l’oeuvre. Nouvel Homme 39

Malheur à l’âme humaine qui, après avoir ainsi renouvelé son alliance avec l’esprit, et la parole du Seigneur, ne tremble pas de respect pour la mission dont elle est chargée, et ne remplit pas avec une sainte faveur, toutes les fonctions de son ministère ! Malheur à elle si, ayant obtenu de nouveaux pouvoirs, et des dons plus vastes pour faire descendre plus abondamment sur elle, et dans sa région, les grâces, et les frayeurs de la parole, .et de l’esprit du Seigneur, elle use de ces dons avec des désirs qui ne soient pas ceux de l’esprit même, avec une foi qui ne soit pas celle de l’amour et de la lumière, et avec des facultés qui ne soient pas entièrement, et exclusivement dévouées à l’oeuvre qu’elle doit accomplir sur la terre ! Elle se rendra coupable du corps et du sang du Seigneur (1ère Corinth. 11:27) ; elle mangera et boira sa propre condamnation, elle deviendra faible et malade, et tombera dans le sommeil. Nouvel Homme 39

Voilà une des faces sous lesquelles nous pouvons considérer la triple résurrection du nouvel homme ; et ce point de vue est d’autant plus réel, qu’il n’est que la trop ressemblante image de la périlleuse destinée de toute la postérité humaine ; d’ailleurs, il est l’extrait, et le tableau réduit de l’oeuvre universelle qui s’opère en grand sur toute cette postérité de l’homme. Nouvel Homme 44

Le nouvel homme, après s’être convaincu de ces vérités, non seulement par sa persuasion intime, mais encore par sa propre expérience, verra une douce surprise, que le Réparateur n’a pas eu d’autre dessein que de faire ouvrir les yeux aux hommes sur ces devoirs indispensables, et si salutaires, lorsqu’il a employé sa puissance à ressusciter trois morts au milieu du peuple d’Israël. Car c’est une chose frappante, et qu’on ne saurait trop remarquer que la différence des lieux où chacun de ces morts a été rappelé à la vie. Lazare fut ressuscité dans le tombeau où il était depuis quatre jours, et où il sentait déjà mauvais. Le fils unique de la veuve de Naïm fut ressuscité dans le chemin, et pendant qu’on le portait dans le sépulcre, la fille de Jaïre, chef de la synagogue, étant âgée de douze ans, fut ressuscitée dans la maison de son père. Comment n’apercevrions-nous pas, dans ces trois résurrections opérées par le Réparateur, cette triple résurrection que nous devons faire tous en nous-mêmes, et qui est à la fois, et l’oeuvre principale, et la récompense du nouvel homme. Nouvel Homme 44

En effet, ce Lazare ressuscité dans le tombeau, et déjà livré à la putréfaction, est le type de nos actes dépravés, et des prévarications que nous avons portées jusqu’à l’oeuvre, et à la consommation, c’est-à-dire, jusque dans la demeure de la mort, et de la corruption, qui nous est figurée ici-bas par les sépulcres matériels. Le fils unique de la veuve de Naïm, ressuscité dans le chemin du tombeau, est le type de nos volontés criminelles qui ont adhéré aux plans faux de notre pensée, mais qui n’ont été arrêtées dans la voie du tombeau, c’est-à-dire, avant d’arriver à leur consommation, et aux actes iniques qui en auraient complété la corruption, et leur auraient fait connaÎtre la putréfaction sépulcrale. Enfin la fille du chef de la synagogue, ressuscitée dans la maison, est le type de cette mort que nous pouvons éprouver dans notre pensée, quand nous la laissons infecter de plans coupables, et injurieux à l’esprit de vérité, qui ne veut pas que nous adoptions d’autres plans que les siens, qui a daigné choisir la pensée de l’homme pour être le chef de la synagogue universelle, et qui désire sans cesse que cette pensée de l’homme, et tous les enfants qui peuvent émaner d’elle, répandent partout la vie qui les anime. Nouvel Homme 44

47. Ce sacrement de la parole donne trois noms au nouvel homme, conformément aux trois facultés qui nous distinguent. Ainsi dans son action il s’appellera célérité de l’oeuvre ; dans son amour il s’appellera unité des reflets de l’affection divine ; dans sa pensée il s’appellera le matin perpétuel du plus beau jour, et tout son être en se développant ainsi fera sentir tellement ses forces à l’ennemi qu’il tremblera de frayeur en apprenant que le lion se réveille, et le menace de ne pas lui laisser un moment de repos, mais de le poursuivre jusqu’à ce qu’il ait lâché sa proie, et qu’il soit brûlé par le feu de la parole du nouvel homme. Nouvel Homme 47

Aussi il s’assoira jour et nuit sur son trône, il ne quittera point la salle du conseil, que les décrets qui en émanent n’aient été portés par des messagers fidèles jusqu’aux extrémités de ses possessions et de son empire particulier; que ces décrets n’aient été reçus avec tremblement de la part des peuples coupables, et qu’il n’ait le témoignage authentique que ces décrets ont produit leur effet et qu’ils ont eu leur exécution, Le sceptre s’affaiblirait si l’oeuvre ne s’accomplissait pas. L’homme doit veiller et ne respirer que pour le triomphe de la loi ; et s’il veut que l’autorité ne perde pas le respect qui lui est dû, il faut qu’elle n’ordonne rien en vain. Nouvel Homme 47

Oui, le coeur est le ciel de l’homme, et son âme en est le Dieu. Le Dieu ne peut pas mourir, mais ces cieux peuvent s’obscurcir, ils peuvent se rouler comme un livre. Le seul moyen par lequel le nouvel homme empêchera ses cieux de s’obscurcir, et de se rouler comme un livre, c’est qu’il s’est fait un coeur à l’image de Dieu, c’est qu’il s’est identifié avec celui qui est la droite de Dieu, et par là, il est devenu semblable à la vie. Hommes de paix, voulons-nous que notre ciel ne s’obscurcisse pas non plus, et ne se roule pas comme un livre, faisons-nous un coeur qui ressemble à la droite de Dieu, qui combatte, comme elle, universellement les désordres ; qui comme elle par son propre poids, précipite l’iniquité ; qui, comme elle, laisse continuellement sortir de lui-même des rameaux de toutes les vertus, et briller jour et nuit le chandelier à sept branches ; qui comme elle, puisse suffire à notre propre sûreté, et aux besoins spirituels des indigents ; enfin qui, comme elle, soit toujours prêt à faire l’oeuvre de Dieu dans tous les genres, et dans toutes les occasions. Nouvel Homme 47

Telle est aussi la différence des voies par où les mouvements, et les ordres nous arrivent. Quand nous recevons d’en haut des ordres ou des conseils, le quaternaire procède par l’intelligence, l’adhésion, le zèle, et l’oeuvre ; quand c’est notre âme qui se meut elle-même, elle procède par l’affection, le jugement, la volonté et l’expression, parce que, comme nous sommes dans les ténèbres, il faut nécessairement que nous allions soumettre nos mouvements au grand juge qui siège dans la région supérieure, et qui doit les sanctionner. Mais tant que nous n’avons pas mis tout en ordre dans notre être, il se peut que des intrus s’assoient sur le tribunal ; qu’ils sanctionnent, soit par ignorance, soit par dépravation les plans les plus pervers, et qu’ils nous mettent, par les oeuvres qui en résultent, dans le cas de ne pouvoir plus recevoir d’en haut ni ordres, ni conseils. Car si un aveugle conduit un autre aveugle, que peuvent-ils devenir l’un et l’autre, et n’est-il pas à craindre qu’ils ne tombent tous les deux dans le fossé ? Nouvel Homme 47

Mais si la parole du Seigneur doit un jour révéler les fondements du monde (psaume 17:16), ne peut-elle pas aussi révéler les fondements de l’âme de l’homme ? Et sans cela le nouvel homme pourrait-il encore avoir de l’espoir ? Il dira donc : « Seigneur ressouvenez-vous de la sagesse de vos desseins lorsque vous avez donné l’existence à l’homme. Ce grand objet de votre antique alliance avec lui, pourriez-vous jamais l’oublier ? Si le sage se ralentit devant vous, c’est en vain qu’il a ouvert les yeux sur les restes de l’oeuvre ; il devient l’objet des larmes des prophètes qui le comparent aux lâches serviteurs ; car il ne peut plus chanter les cantiques de la paix et du bonheur, ces cantiques que l’oreille de la sagesse aime à entendre. » Nouvel Homme 48

Cette multiplicité peut, et doit ralentir l’oeuvre, mais elle ne doit pas l’empêcher de s’accomplir. Toutes les voies de la sagesse sont douces ; elle ne resserre la mesure de nos jouissances, que parce que nous avons resserré la mesure de nos facultés, et que, vu notre actuelle disproportion avec la lumière qui nous était destinée autrefois, nous ne pourrions aujourd’hui, sans périr, la contempler dans tout son éclat. Mais cette lumière se trouve encore assez vive, et assez abondante non seulement pour suffire à nos besoins, mais encore pour combler de délices celui qui met en elle toute son affection. Nouvel Homme 49

Quel est donc le triste état de la postérité humaine, où l’homme de désir lui-même est réduit à pleurer en vain, et à voir ses frères ou liés par de fortes chaînes dans de ténébreux cachots ou transportés dans les sépulcres de la mort et de la putréfaction ! Et cela sans qu’il lui soit possible d’agir pour leur délivrance, ni de rien opérer pour eux ! Il n’est que trop vrai, malheureux homme, que le temps, et la mort sont les rois de ce monde. Tu as des désirs purs, tu as des désirs divins, tu as des désirs qui concourent avec ceux dont le coeur et la sagesse de Dieu même sont remplis, et cependant ces désirs ne s’accomplissent point ! Et cependant l’oeuvre vraie se voit comme forcée de céder le pas à l’oeuvre illusoire ! Et cependant notre Dieu, lui-même, enveloppe sa gloire, et parait comme contraint de différer jusqu’à un autre temps, pour en manifester les triomphes ! Nouvel Homme 50

Nous nous disons que si nous étions seuls sur cette montagne lorsqu’il est venu nous y trouver, et nous pénétrer assez de ses vivifiantes influences, pour transfigurer tout notre être par leur divine activité, il peut nous venir trouver encore partout où nous serons, quand même nous y serions seuls, puisque notre existence n’étant que le fruit de ce ternaire éternel et créateur, dès que nous existons, c’est une preuve que ce ternaire est en action en nous, sur nous, autour de nous, lors même que nous n’en avons pas visiblement la connaissance ; et c’est alors que nous commençons à être inscrits dans le livre de vie, dans ce livre dont notre être intérieur doit lui-même former et produire les lettres, et les déposer sans cesse dans les mains de la sagesse, pour qu’elle les emploie, selon ses plans, et selon ses projets, et qu’elle leur communique la vie, le sens, et l’intelligence dont elle juge qu’elles peuvent être susceptibles pour l’avancement de l’oeuvre. Nouvel Homme 51

Oui, divin et exclusif Libérateur des hommes dans l’esclavage, il fallait que tu fusses transfiguré pour que les trésors divins se déployassent à notre vue, et la remplissent de leur éclat immortel. Sans toi nous n’aurions pas su ce que c’était que notre origine, ce que c’était que l’oeuvre, ce que c’était que la charité, ce que c’était que la fontaine de vie. Sois béni à jamais, par toutes les générations, et dans tous les siècles ! Que toutes les voix célèbrent le Réparateur universel, l’agneau sans tache intérieure, et extérieure, celui dont la nature est vivante de la vie même, celui qui a ouvert pour nous les canaux des deux alliances, par lesquelles seules nous pouvions recouvrer l’explication de notre être. Nouvel Homme 51

Telle est encore notre loi malgré notre chute, et telle serait encore notre espérance, si, comme le nouvel homme, nous ne nous levions pas un seul jour sans que ce fût dans le désir, et la résolution d’élever un autel à une vertu, et de ne point abandonner l’oeuvre, jusqu’à ce que cet autel fût consacré, et que les cérémonies saintes y fussent en pleine activité. Nouvel Homme 54

Il n’en est pas moins vrai que ce n’est qu’au moment où cette puissance, et cet ordre ont pris forme en nous, que notre renaissance est commencée, et qu’elle peut nous être sensible ; comme il est vrai aussi que dès que cette puissance d’action, et d’ordre spirituel a pris forme en nous, nous devons nous remplir d’espérance que l’oeuvre arrivera à son terme ; vérités dont un oeil attentif pourra même trouver de nombreux exemples dans la nature. C’est alors que nous nous sentons successivement sanctifiés dans tout notre être, pourvu que nous ayons grand soin de recueillir précieusement ces actions pures, vives, et initiatives lorsqu’elles se font connaître en nous, et pourvu que nous ayons toujours présent devant les yeux que l’activité est leur principal caractère, qu’ainsi toutes les frayeurs que nous pouvons recevoir, ne doivent tourner qu’au profit de notre sainte et spirituelle activité, et que tant que nous ne portons pas toutes nos forces vers cette activité complète et constante dans laquelle seule, l’oeuvre de notre renaissance peut véritablement se manifester, loin de renaître, nous mourons de nouveau, et nous faisons mourir l’esprit avec nous. Nouvel Homme 58

Homme, ne te plains point des secousses de ta région. La main qui les dirige n’a sur toi que des plans de bienfaisance. Si la coupe d’amertume a été versée sur la terre, n’est-ce pas pour nettoyer les yeux de notre intelligence, comme la coupe médicinale rend nos organes corruptibles à leur pureté naturelle ? Plus cette coupe amère t’abîmera dans le feu de la douleur, et plus tu dois remercier celui qui te la présente ; parce qu’il n’en peut résulter pour toi qu’une grande purification, si tu es coupable, ou une grande gloire et une grande récompense si tu es employé à l’oeuvre sacrée… Nouvel Homme 58

Aussi l’esprit nous dit : « Mes petits enfants, je n’ai plus que peu de temps à être avec vous, vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs qu’ils ne pouvaient venir où je vais, je vous le dis aussi maintenant, parce que l’esprit est le maître, que nous ne sommes que les disciples, que nous ne pouvons recevoir que ce qui vient de lui, tandis que la source dans laquelle il demeure nous est toujours impénétrable, et parce que cet esprit va opérer l’oeuvre de la délivrance des captifs que nous pouvons ensuite répéter sur nous-mêmes, et sur nos frères en son nom, mais que nous n’aurions jamais pu opérer sans lui, et s’il n’avait commencé par l’opérer en nous. C’est pour cela qu’il avait dit aux siens précédemment : Vous pourrez boire le calice que je boirai. C’est pour cela aussi qu’il venait de les admettre à la participation du calice, et à la manducation de son corps dans le passage, pour les préparer à participer ensuite à toute l’activité de son oeuvre, parce que toutes ces paroles sont esprit et vie. Nouvel Homme 60

Aussi l’oeuvre étant déjà commencée pour lui, puisque le traître ayant reçu son morceau était déjà sorti, il annonce que maintenant le fils de l’homme est glorifié, et que Dieu est glorifié en lui ; et c’est alors qu’il leur donne les principales instructions relatives à l’oeuvre qu’il va consommer, et qu’ils doivent partager avec lui : « Je vous donne un commandement nouveau, de vous aimer les uns et les autres, afin que vous vous entr’aimiez comme je vous ai aimés. C’est en cela que tous connaîtrons que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Afin qu’ils comprissent que l’oeuvre de ce maître était l’oeuvre de l’amour, et qu’ils ne pouvaient jamais être image et ressemblance de leur principe, qu’autant qu’ils se rendraient par leurs oeuvres, et par leur sacrifice, l’image et la ressemblance de cet amour. Nouvel Homme 60

« Si vous m’aimez, gardez mes commandements, et je prierai mon père, et il vous donnera un autre consolateur afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point, et qu’il ne le connaît point ; mais pour vous, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera avec vous, et qu’il sera dans vous » ; c’est ce même fils spirituel, né de nous, et en nous par l’opération divine, qui devient notre consolateur, comme il est devenu notre libérateur, et cela en imitation, et en conformité du consolateur universel, et du libérateur éternel qui veut que nous répétions tous en nous-mêmes l’oeuvre qu’il a opérée dans tout notre cercle ; ce consolateur doit en effet demeurer éternellement avec nous dès qu’il est né de l’esprit de Dieu, au lieu que les autres enfants que nous laissons naître journellement dans nous-mêmes, ne voient point subsister leur race, parce qu’ils ont des enfants du monde. Voilà pourquoi ce consolateur particulier ne peut être reçu du monde, parce qu’il est étranger au monde, comme la lumière est étrangère aux ténèbres, et parce que le monde ne le voit point, et ne le connaît point. Nouvel Homme 61

« Il vous est utile que je m’en aille, car si je ne m’en vais point, le consolateur ne viendra point à vous, mais si je m’en vais, je vous l’enverrai. » Comment le consolateur, ou l’oeuvre effectif naîtrait-il en nous si la volonté, l’amour, et la parole, ne nous l’envoyaient ? Et comment cette parole nous l’enverrait-elle si elle ne rentrait dans son père dont elle est née elle-même ? Nouvel Homme 63

« Vous lui avez donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or, la vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et le Réparateur que vous avez envoyé. » La puissance n’est donnée au nouvel homme sur toutes les régions de son être, qu’afin qu’il leur communique la vie éternelle dont il est rempli ; et cette vie éternelle peut-elle être autre chose que de connaître le suprême auteur de la vie dans celui qu’il a envoyé pour le manifester, et de sentir en nous-mêmes, comme cela est donné à tous, l’oeuvre effectif de cette naissance spirituelle par la naissance du nouvel homme en nous ; merveille qui pourrait nous combler de joie, mais qui ne devrait pas nous surprendre, si nous avions présent à la pensée, que nous devons être sous tous les rapports, l’image, et la ressemblance de Dieu. Nouvel Homme 64

« Je ne suis plus maintenant dans le monde, mais ils sont encore dans le monde, et je m’en vais à vous. Père saint, conservez en votre nom ceux que vous m’avez donnés, afin qu’ils soient un comme nous. » Le nouvel homme quoique sorti du monde en esprit, s’occupe des siens qui sont encore dans le monde parce qu’il sait qu’ils y sont encore en danger, jusqu’à ce que l’oeuvre soit entièrement accomplie sur eux ; et comme il sait ne pouvoir vivre que par son père, il emploie tout son amour auprès de ce même père qui les lui a donnés, et sans lequel il sait qu’ils ne peuvent pas plus vivre que lui-même. Nouvel Homme 64

65. Après avoir ainsi terminé ses instructions, le Réparateur se retire dans la vallée de Gethsemani, ou la vallée de l’Huile, et il entre dans le jardin des Oliviers où il allait ordinairement avec ses disciples. Ce nom de vallée d’Huile est lui-même analogue à l’oeuvre de paix que ce Réparateur venait opérer ; et c’est dans ce jardin de pacification où il va être trahi et livré, comme le fut autrefois le premier homme dans le jardin d’Eden, ou de délices, afin que, par ces frappantes correspondances, l’homme intelligent aperçoive les rapports qui existent entre ces diverses époques, et qu’il ne puisse plus douter que le Réparateur n’ait voulu absolument marcher par les mêmes voies que l’homme coupable, mais dans un autre esprit, et dans l’intention de rectifier ces voies, et de rétablir ce que cet homme coupable avait détruit. Nouvel Homme 65

C’est ici, nouvel homme, que le poids de l’oeuvre te va paraître accablant ; tu vas commencer à être saisi de tristesse, tu diras à ceux des tiens qui sont les plus près de toi : Mon âme triste jusqu’à la mort, demeurez ici et veillez avec moi. Mais comme l’homme coupable pécha seul, tu les croiras encore trop près de toi, dans l’expiation que tu vas subir, et tu travailleras seul à cette terrible expiation. Tu concentreras toutes tes facultés en toi-même, en raison de la criminelle concentration où l’homme se réduisit par son crime. Cette expiation te paraîtra redoutable que tu diras : Mon père, faites s’il est possible que ce calice passe et s’éloigne de moi. Mais la soumission l’emportant sur ta faiblesse, tu ajouteras : Néanmoins que votre volonté s’accomplisse, et non la mienne ! Nouvel Homme 65

Tu te rempliras donc de l’esprit de l’intelligence pour pénétrer dans l’oeuvre et le sacrifice du Réparateur, et pour en faire ensuite l’application à ton sacrifice particulier. Tu verras pourquoi il y avait un jardin où ce Réparateur fut crucifié (Jean 19:41). Puisque tu as déjà compris pourquoi c’est dans un jardin qu’il fut arrêté, comme c’est dans un jardin que le premier homme est devenu coupable. Nouvel Homme 66

Tu verras pourquoi les princes des prêtres, les sénateurs, les soldats, et tout le peuple qui passait par là l’accable de mépris, en lui disant que s’il était l’élu de Dieu envoyé pour sauver les autres, il se sauverait lui-même, et que s’il voulait qu’ils crussent en lui, il n’avait qu’à descendre de la croix ; parce qu’ils ignorent qu’il n’a que cette voie cruelle pour accomplir l’oeuvre de notre délivrance, puisque nous avons laissé crucifier par le sang et par la matière ce qui était à lui, et ce qui était sorti de lui, et parce que si le Réparateur descendait de la croix, l’oeuvre spirituelle serait manquée, quand même les yeux corporels de la multitude se promettraient d’être convaincus par ce prodige. Nouvel Homme 66

C’est même là la dernière épreuve qui termine l’oeuvre visible de ce Réparateur ; et il semble que c’est à goûter cette amertume spirituelle, comme on l’a vu au commencement de cet écrit, que consiste réellement le sacrifice et tout le prix de l’expiation, puisque le Réparateur, après avoir pris le vinaigre qui lui fut présenté dans une éponge au bout d’un bâton d’hysope, dit : Tout est accompli. Et ayant baissé la tête, rendit l’esprit. Nouvel Homme 66

Aussi ceux qui n’auront pas consommé l’oeuvre de leur crucifixion ne seront point admis au festin de l’agneau, et ne goûteront point de ce nouveau jus de la vigne qui est préparé pour le Réparateur, et pour tous ceux qui auront fait mourir leur esprit en son nom, et qui l’auront fait ensevelir dans ce sépulcre nouveau où personne avant lui n’avait encore été mis, parce qu’il n’y avait que lui qui pût pénétrer ainsi le premier jusque dans les sombres demeures de la mort, afin qu’après en avoir dissipé les ténèbres et la corruption, ceux qui voudraient ensuite mourir en lui, et s’ensevelir en lui n’y rencontrassent plus que la lumière, la pureté, et la vie. Nouvel Homme 67

Y a-t-il donc rien au-dessus de la sublimité de notre sort qui nous destine à être le moyen de communication de la Divinité avec l’esprit ? Et pouvons-nous désormais nous permettre un moment de relâche dans une si sainte oeuvre, puisque chacun des moments que nous perdons retarde l’accomplissement de ce trinaire actif qui représente spirituellement et en caractères distincts le ternaire éternel ? Enfin puisque chacun de ces moments que nous perdons nous rend coupables envers Dieu, en ce que nous faisons manquer ses desseins ; envers l’esprit, en ce que nous le laissons sans nourriture ; et envers nous, en ce qu’indépendamment du tort que nous avons de ne pas remplir notre loi, nous nous détruisons nous-mêmes, en nous privant de la double subsistance qui nous est accordée dans cette sainte fonction ; savoir, de la subsistance divine, et de la subsistance spirituelle, lesquelles ne peuvent se passer en nous sans nous vivifier d’une manière secrète et cachée pour nous ? Nouvel Homme 2

Ô mon ami, allons ensemble dresser les autels au Seigneur ; va d’avance préparer tout ce qui nous sera nécessaire pour célébrer dignement les louanges de sa gloire et de sa majesté ; sers d’organe à mon oeuvre pour l’annoncer au peuple, comme j’en dois servir à la Divinité pour annoncer à toutes les familles spirituelles les mouvements de la grâce, et les vibrations de la lumière. Et toi, Dieu de ma vie, s’il te plaît jamais de me choisir pour ton prêtre, que ta volonté soit faite ! Toutes mes facultés sont à toi. Je me prosternerai dans mon indignité en recevant le nom de ton prêtre et de ton prophète : aide-moi seulement à ne pas rendre tes grâces impuissantes, et à briser en moi tous les écueils que mes iniquités et mes faiblesses ont semés devant mon élection. Je n’oserai jamais de moi-même te demander que ta main reposât sur moi ; mais si par ta pure munificence tu veux bien faire reposer ta main sur moi, je n’aurai aucun doute que tu n’opères dans mon être tout ce qui lui manque pour être utile à tes desseins, et je n’ai dans ce moment d’autre soin à prendre que de t’offrir le dévouement de ma fidélité à ton service, et une universelle soumission à toutes les conditions que tu voudras mettre à notre alliance. Nouvel Homme 3

C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination, et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination, vient du mot ordinare ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la parole pour cette oeuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui puissent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles. Nouvel Homme 4

Ce n’est donc point un simple effet mystique, ni une simple opération métaphysique qui se passe en nous lorsque le verbe Divin nous régénère, et qu’il nous appelle par notre nom pour nous faire sortir de notre tombeau, c’est une oeuvre vive, et dont tout notre être spirituel et corporel éprouve physiquement la sensation, puisque cette parole est la vie, et l’activité ; et lorsque Lazare sortit de son cercueil à la voix du Seigneur, ses membres n’éprouvèrent pas autant de cette sensation réelle, que nous en éprouvons dans notre régénération spirituelle, parce qu’après être descendu dans le tombeau, son âme passive ne pouvant recevoir la sensation de la mort et de la froideur sépulcrale, ne pouvait pas non plus en faire la comparaison avec la sensation de la vie qui s’introduisait alors en lui, et semblait le créer pour la première fois : au lieu que notre âme immortelle ne descend point dans le lac de la mort spirituelle, sans en ressentir toute l’horreur ; et par conséquent lorsqu’elle recouvre la sensation de la vie, ce doit être avec une sensibilité inexprimable. Nouvel Homme 4

Cet axiome, dis-je, renferme les vérités les plus essentielles, en ce qu’il nous enseigne d’abord que toute notre oeuvre doit se passer dans l’intérieur de l’homme, comme dans le foyer invisible de notre vie divine ; et secondement, que cette oeuvre ne peut s’opérer véritablement que par la parole Divine, ou la Divinité elle-même. Nouvel Homme 4

6. Mais quelle terrible opération doit se faire en nous avant que cette divinité tout entière nous traverse dans sa splendeur et dans sa joie ! Il faut auparavant qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur ; il faut que le Dieu souffrant passe tout entier au travers de l’âme concentrée et comme pétrifiée par le crime et l’insensibilité. Âme de l’homme, abîme-toi ici, dans ta détresse, et prépare-toi à l’opération la plus douloureuse. Il faut que le Dieu souffrant te pénètre, et se fasse jour au travers de tes substances les plus épaissies et les plus dures, pour te rendre ta primitive existence ; tu ne pourras jamais être régénérée complètement si l’opération n’est pas universelle et si le Dieu souffrant dans sa pensée, dans sa parole et dans son oeuvre ne traverse tout entier ta pensée, ta parole, et ton opération. Nouvel Homme 6

En un mot, l’idée de cet être puissant doit désormais devenir aussi inséparable de notre oeuvre que la pensée l’est de nos paroles, et de toutes les opérations qui en sont les fruits. Lors même que nous sentons contrariés dans notre entreprise, ou que nos forces se ralentissent, nous avons le droit d’interpeller par ses propres paroles celui qui nous a dit qu’il voulait fonder sur nous son église ; nous avons droit de lui rappeler que sa parole ne peut pas passer ; comme l’a promis (Isaïe 55) ma parole qui sort de ma bouche ne retournera point à moi sans fruit ; mais elle fera tout ce que je veux, et elle produira l’effet pour lequel je l’ai envoyée. C’est honorer Dieu que de se servir ainsi des titres qu’il nous donne envers lui, et il ne demande pas de nous voir en faire un pareil usage ; et la preuve que c’est l’honorer que d’agir ainsi, c’est que nous ne tardons pas à recevoir le prix de notre confiance, et que la paix et la lumière renaissent bientôt dans notre être, quand nous avons employé ce moyen. Nouvel Homme 8

Réveille-toi donc, homme, chaque jour avant l’aurore pour accélérer ton ouvrage. C’est une honte pour toi que ton encens journalier ne fume qu’après le lever du soleil. Ce n’est point l’aube de la lumière qui devait autrefois avertir ta prière de venir rendre hommage au Dieu des êtres, et solliciter ses miséricordes, c’est ta prière qui devait elle-même appeler l’aube de la lumière et la faire briller sur ton oeuvre, afin qu’ensuite tu puisses du haut de cet orient céleste la verser sur les nations endormies dans leur inaction, et les arracher à leurs ténèbres. Ce n’est que par cette vigilance que ton édifice prendra son accroissement, et que ton âme pourra devenir semblable à l’une de ces douze perles qui doivent un jour servir de portes à la ville sainte. Nouvel Homme 8

Nous pouvons donc déjà apercevoir les biens qui nous sont promis si nous persévérons à nourrir en nous l’esprit de douleur ou plutôt la douleur de l’esprit, c’est-à-dire, cette pénétrante amertume cachée au médicament spirituel par où doit commencer toute notre oeuvre ; car n’oublions pas que nous sommes encore dans les déserts, et que nous n’entrevoyons la terre promise que sur les récits et les images que nous en offrent les fidèles envoyés qui l’ont parcourue ; et s’il est consolant pour nous d’avoir à attendre un si magnifique héritage, ne perdons pas de vue le seul chemin qui puisse nous y conduire. Nouvel Homme 8

Lance-toi ensuite courageusement dans la voie de la prière et de la supplication, sans songer seulement aux obstacles qui t’auraient arrêté faute de cette précaution, sans seulement descendre à t’en apercevoir ; porte-toi avec ardeur vers les différents lieux de tes sacrifices. Implore le père, invoque le père, conjure le père, unis-toi au père lorsque tu voudras offrir le sacrifice sur l’autel éternel d’où découle la source de la vie et de l’existence dans tous les êtres ; sers-toi avec confiance de son nom ; lui-même sera de moitié avec toi, puisque tu auras le dessein d’étendre son propre règne, et l’ennemi ne pourra s’opposer à ton oeuvre, il en sera à une trop grande distance ; il sera pour cette oeuvre et pour ton sacrifice, comme un être nul, et absolument étranger. Nouvel Homme 14

Lors donc que de cette région suprême tu redescendras à cette région de l’esprit, tu sentiras déjà une manière d’être dont ta vraie nature pourrait se passer, et qu’elle ne peut même se rendre douce qu’en regardant cette situation comme une suite des décrets supérieurs qui t’appliquent à une oeuvre secondaire, et qui ont droit de t’employer comme il leur plaît. Lorsque tu redescendras à la région élémentaire, ta situation te paraîtra encore plus étrangère ; enfin juge ce que ce sera quand tu descendras à la région ténébreuse. Nouvel Homme 14

EH bien ! Il faut que cette oeuvre sainte s’opère en nous, pour que nous puissions dire que nous sommes admis au rang des sacrificateurs de l’éternel. L’arche sainte est en captivité en nous. Des impies qui ne savent pas distinguer la lumière d’avec les ténèbres, retiennent cette arche sainte dans leurs demeures d’iniquité ; ils lui font mille outrages ; ils ne se contentent pas de la mettre en parallèle avec leurs fausses divinités, ils veulent qu’elle soit pour ces fausses divinités un objet de dérision ; ils veulent qu’elle soit leur esclave ; ils veulent qu’elle soit comme rien devant des divinités qui ne sont elles-mêmes que le néant. Nouvel Homme 16

Rappelle-toi maintenant que ta parole étant l’image de la parole éternelle, ne doit pas plus manquer son effet que cette parole divine elle-même dont tu es l’image. Rappelle-toi que lorsque tu as prononcé un décret contre l’ennemi avec toute la sécurité, et toute la confiance de tes droits sur lui, il ne peut manquer de se voir chassé, et renvoyé dans ses abîmes, si tu sais accompagner ta résolution de toute l’opiniâtreté de la constance. Songe donc ici combien tes privilèges vont s’étendre, et s’augmenter. Cette même sécurité, cette même assurance, cette même opiniâtreté de constance qui n’est autre chose que le vif sentiment de la grandeur de ton être nourri, et éclairé par la vraie lumière, te doit suivre dans les autres détails de ton oeuvre, et dans les autres régions de ta circonférence. Nouvel Homme 16

Tu ne sens pas surpris que ce fils chéri manifeste de si grands privilèges, quand tu réfléchiras que depuis sa naissance il n’aura cessé de manger du verbe, et que par conséquent, il pourra en faire manger à son tour à tous ceux qui ouvriront l’oreille à ses paroles ; tu ne seras pas surpris qu’il t’en fasse manger en abondance, puisque ce fils chéri sera toi-même, et qu’il n’aura d’autre oeuvre que de convertir en toi tout ce qui avait cessé d’être toi. Nouvel Homme 17

Tu ne comprends pas plus que Marie ces paroles ; mais fais comme elle, conserve toutes ces choses dans ton coeur. Elles t’apprendront que ce qu’il y a encore de matériel en toi ne peut rien comprendre aux choses de l’esprit, et qu’il doit naître de ton propre sein, une lumière à laquelle les ténèbres qui t’enveloppent et qui te constituent, sont extraordinairement étrangères, tant que ton oeuvre n’est pas parvenue au complément de sa maturité. Tu aperçois bien une immense différence entre ton existence ténébreuse, et ce fils chéri qui t’est né, comme Marie ne put méconnaître les grâces divines, et les prodiges qui accompagnaient la naissance de son fils ; mais tu ne peux pas plus qu’elle concevoir la marche cachée de ce fils de J’esprit et il est pour toi un continuel mystère, jusqu’à ce qu’il ait rempli le cours de toutes les manifestations auxquelles il est destiné. Nouvel Homme 17

19. Faites place à l’esprit. Ne voyez-vous pas comme il se presse de fendre la foule ; c’est qu’il a à faire une oeuvre si importante, et il a tant de zèle qu’il craint de perdre un instant. Il a d’ailleurs un si grand espace à parcourir, qu’il craint de ne pas arriver jusqu’au terme, avant que le temps qui lui est donné pour cet objet ne soit expiré. Il faut qu’il se rende du lieu de sa demeure jusque dans les dernières profondeurs de l’homme ; faites place à l’esprit, et laissez-le arriver jusque dans les profondeurs de l’homme. Il n’y vient que pour y placer la parole de la sainteté, d’où l’homme verra croître en lui à la fois les sept vertus, qui seront les sept colonnes de cet édifice fondé sur le roc vif, et qui doit être l’éternelle église de notre Dieu. Nouvel Homme 19

21. Comme images de l’unité universelle, nous devons établir universellement des unités en nous, si nous voulons faire des progrès dans l’éducation du nouvel homme. Car dans notre oeuvre générale comme dans toutes nos oeuvres particulières, nous n’obtiendrons rien de permanent, nous ne produirons rien de parfait, nous ne jouirons d’aucune paix, ni d’aucune lumière réelle, si tout ce que nous obtenons, tout ce que nous produisons, tout ce dont nous jouissons, n’est pas le fruit et le résultat d’une unité. C’est peut-être ici l’avis le plus salutaire que nous puissions recevoir dans ce bas monde. Nouvel Homme 21

Il l’en sollicite par le besoin qu’il en a mis dans son âme, il l’en sollicite par tous les emblèmes que l’univers lui présente continuellement, mais qui, étant impuissants pour opérer une si grange oeuvre, sont bornés au rang d’emblèmes, et laissent à l’homme le soin d’en exprimer la réalité ; il l’en sollicite par toutes les lois représentatives, et figuratives, civiles, politiques, historiques, naturelles, et surnaturelles ; enfin, il est venu l’en solliciter lui-même pour le déterminer à se livrer à cette sainte entreprise, et il a commencé par faire renaître en lui ce nouvel homme qui seul sera digne de s’en acquitter dignement lorsqu’il aura acquis son âge compétent, et qu’il aura atteint les mesures tracées par les lois éternelles de la sagesse qui peuvent bien, ici-bas, subir quelque extension, et comme une sorte de subdivision qui les réduit, mais qui ne change point leur caractère. Nouvel Homme 23

Mais il ne sera point chargé d’introduire le peuple dans la terre promise; l’ordination qu’il a reçue ne lui permet que de l’accompagner dans les déserts, et pendant ses quarante-deux campements ; son oeuvre particulière se terminera donc en-deçà du fleuve où se trouve en figure la borne de notre loi temporelle ; et là, il rentre dans l’ordre du peuple pour être introduit avec ce même peuple, par une autre main, dans le règne figuratif de la loi spirituelle, qu’il va trouver également en lui, en attendant qu’il y découvre le règne figuratif de sa loi divine. Nouvel Homme 25

Cet ange fidèle, et rempli d’amour pour nous, désire sûrement avec beaucoup d’ardeur, opérer sur nous cette oeuvre salutaire, mais il le désire aussi pour son propre compte, parce que, selon ce qui a été dit précédemment, il ne peut jouir de la vie divine que par notre organe. Néanmoins, comme tout son être est humilité, il attend, dans sa douce patience, que les moments soient arrivés, que les mesures soient à leur point, et surtout, que l’ordre lui soit donné de remplir son oeuvre ; car il s’est dévoué à l’obéissance, nous offrant par là, le premier l’exemple de la manière dont nous devons nous conduire envers Dieu. Nouvel Homme 31

Ce n’est donc qu’alors que la Divinité commence à faire réellement son entrée en nous, et que nous avons l’espoir de voir descendre en nous les trois principes divins qui viendront s’y établir, pour y opérer, par leur suprême indissolubilité, une union intime des trois principes qui nous constituent personnellement, union qui, de ces trois principes, ne doit faire en nous qu’un seul principe, et les manifester toujours dans cette unité forte, et harmonique, dans quelque lieu, dans quelques circonstances, dans quelque oeuvre, et dans quelque portion de nous-mêmes que nous en ayons besoin. Nouvel Homme 31

Tel est l’instrument divin que la source supérieure a confié au nouvel homme, ou plutôt, a bien voulu régénérer en lui pour le remettre à portée de célébrer de nouveau, par des chants réguliers, la gloire de son auteur, de son maître, et de son père ; oeuvre que l’homme ne peut accomplir que par le secours de cet instrument spirituel, et lié dans toutes les harmonies, parce que comme c’est l’unité qu’il doit célébrer, il ne pourrait s’en acquitter avec justesse, s’il n’avait pas dans la main le représentatif de cette unité ; oeuvre qui n’aurait jamais dû s’interrompre, si l’homme avait suivi les plans de sa destination originelle, mais qui, malgré l’interruption qu’elle a subie par le cruel pouvoir qu’a eu le crime d’obstruer en nous ces précieux canaux, est toujours prête à revivre, et à développer toutes les merveilles dont elle est susceptible, dès que l’homme veut former une résolution sincère de se mettre en état, par ses efforts constants, et son intime humilité, de recevoir le baptême invisible de son guide qui seul peut l’amener aux portes de la région de la vie. Nouvel Homme 31

Le premier homme avait laissé dévaster ces sept domaines par le crime, et nous a exposés tous à la nécessité de travailler, comme lui, à les réhabiliter dans nous, avant de travailler à les réhabiliter autour de nous. L’agent suprême prêta son secours au premier homme, dès l’instant du crime, pour l’aider à entreprendre avec succès le grand oeuvre de sa réhabilitation. Ce même agent suprême ne cesse de prêter son secours au nouvel homme, pour l’aider à se régénérer dans ses lois, et dans ses mesures particulières ; c’est pour cela qu’il a vu renaître en lui les sept canaux qui devaient primitivement le rendre l’instrument actif de la Divinité, c’est pour cela qu’il s’est retiré dans le désert, afin de se séparer totalement de ce qui n’avait point de rapport avec ses éléments primitifs. Enfin, c’est pour cela que, rempli de confiance en celui qui ne l’a point perdu de vue, et dans tous les germes de régularité, de force, de justesse, de lumières, de sagesse, de puissances et de vérités que cette main suprême a semés en lui, il va abandonner son désert, et répandre au-dehors les fruits que, grâce à la toute puissance, il a su leur faire produire par sa culture soigneuse et vigilante. Nouvel Homme 34

Tel fut l’esprit de sagesse et d’humilité qui dicta la réponse du Réparateur à sa mère lorsqu’elle lui dit : Ils n’ont point de vin. Car lorsque le Réparateur lui répondit : Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? Mon oeuvre n’est pas encore venue ; il contempla sa grande puissance par laquelle il devait un jour ouvrir la source des eaux vives dans le ciel, et voir le fruit nouveau de la vigne dans le royaume de son père ; mais les hommes n’étant point encore préparés à partager divinement ces avantages, puisqu’ils sont encore sous le joug de l’apparence, il déclare que son heure n’est point encore venue, et il se borne à laisser opérer son action, devant eux, sur des substances élémentaires ; opération assez frappante pour les remplir d’étonnement, et de respect pour celui qui en est l’auteur ; tandis que la sublime opération divine dont elle est l’image, eût échappé à leurs regards, et fût devenue entièrement inutile pour eux. Nouvel Homme 35

Car cette loi ancienne étant circonscrite dans les mesures du temps, et proportionnée à l’état terrestre de la famille humaine, devait subir un terme, et ne pouvait manquer d’occasionner la satiété quand les besoins spirituels de l’homme auraient été plus développés, au lieu que la loi nouvelle, remplaçant l’homme dans la ligne de vie, devait lui procurer des jouissances toujours croissantes comme l’infini, et des trésors toujours plus doux, et plus abondants. Or il n’y avait que le Réparateur qui pût ainsi apporter le bon vin à la fin du repas ; et cette oeuvre fut l’occasion d’une grande joie dans la région supérieure et divine, car le grand monde ne peut manquer d’éprouver un ravissement lorsque le petit monde entre dans ses mesures particulières, vu le rétablissement des similitudes qui est le principal désir de ce grand monde. Nouvel Homme 35

« Lorsque le Seigneur sème quelque grain en vous, commencez donc par le recouvrir précieusement de toutes les terres déjà remuées auparavant, c’est-à-dire de la confiance, de la vigilance, et de la constance à veiller à la conservation de ce dépôt précieux. Que jamais les séduisantes amorces de la contemplation ne laissent à votre esprit le temps d’interrompre votre coeur dans son oeuvre ; sans quoi vous mettrez le grain à découvert au lieu de le laisser fermenter dans la terre ; il se desséchera, ne pourra porter aucun fruit, ou bien il sera dévoré par les oiseaux » Nouvel Homme 37

« Pressez-vous de faire votre oeuvre, fût-ce même avant son temps, s’il était possible ; non seulement vous acquerrez par là les moyens d’obtenir de plus grandes richesses dans les possessions de la lumière, et de l’esprit, mais vous pourrez encore jouir paisiblement du repos pendant la chaleur du jour, tandis que ceux qui auront été moins actifs, ainsi que ceux qui se seront abandonnés à l’insouciance, et à la négligence, seront obligés de supporter tant de fatigues, que peut-être ils n’y résisteront pas, et finiront par être réduits à la disette, et à une effroyable misère. » Nouvel Homme 38

Ne vous arrêtez donc pas aux obstacles que les infidèles qui demeurent dans votre sein voudront opposer à votre oeuvre. Dites-leur : vous aurez beau rejeter ma parole, j’en étourdirai vos oreilles, et je vous poursuivrai jusqu’à ce que les ordres de mon maître soient exécutés, et que vous rendiez hommage à sa gloire. Est-ce à moi de mesurer, et de juger les voies du Seigneur ? J’ai accepté dans l’humilité de mon âme, le nom de son prophète, et de son envoyé, et plein du désir de faire honorer son nom, et sa puissance, je ne veux pas qu’il ait à me reprocher de n’avoir pas averti ceux qui s’égarent. C’est sur vous qui habitez en moi, et qui êtes les plus proches de mes semblables, que je dois manifester son empire, et à qui je dois annoncer son nom. C’est sur vous que je dois faire tomber toutes les plaies d’Egypte, jusqu’à ce que vous ayez rendu la liberté au peuple choisi. » Nouvel Homme 38

Ce nouvel homme voyant en lui tant de ces hommes tourmentés par des esprits impurs, tant de malades, et d’infirmes qu’on lui apportera de tous côtés pour qu’ils les guérisse, sentira ses entrailles émues de compassion, de les voir ainsi languissants, et dispersés comme des brebis qui n’ont point de pasteurs ; et il dira à ses bons intellects : la moisson est grande, mais il y a bien peu d’ouvriers ; priez donc le maître de la moisson pour qu’il envoie des ouvriers en sa moisson. Il ne cessera de les encourager par son exemple, à devenir eux-mêmes des ouvriers qui puissent l’aider dans son oeuvre. Il ne cessera de les prévenir combien cette oeuvre rencontrera d’invisibles contradicteurs qui ne pourront pas en avoir l’intelligence, parce qu’ils ne demeurent que dans les ténèbres. Nouvel Homme 39

Le nouvel homme sera si constamment occupé de son oeuvre, qu’il pourra ramener ainsi tout son être à ses éléments primitifs, en travaillant sans relâche, à réaliser ce qui est dit dans les prophètes : Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C’est-à-dire, en faisant en sorte que chaque portion de son être exprime activement la sainteté de Dieu, et dise : saint, saint, saint, comme nous avons vu précédemment, que telle était la vraie propriété que nous découvrait l’analyse divine de notre être ; c’est-à-dire enfin, que tous les points de cet être qui est en nous, devaient être mûs par les consciences vives, et progressives des diverses régions de l’esprit, par où nous pouvons, et devons passer, jusqu’à ce que nous soyons universellement pleins de la conscience divine. Or, si l’être intérieur du nouvel homme arrivait à cet heureux terme, quels maux physiques pourraient, dans son corps, résister à sa puissance ? Et ne pourrait-il pas dire avec assurance, à tout ce qui sera paralytique, en lui : Levez-vous, je vous le commande, emportez votre lit, et vous en allez votre maison ? Nouvel Homme 39

Que votre passion la plus active soit d’avancer ainsi le lumière dans tout votre être, afin que ce qui est encore caché en vous soit découvert, et que par vous ensuite se découvre et se manifeste ce qui est caché dans Dieu et dans l’univers ; parce qu’il est écrit : quiconque me confessera et me reconnaîtra devant les hommes (à commencer par tout ce qui dans votre intérieur), je le reconnaîtrai aussi devant mon père qui est dans le ciel ; et quiconque me renoncera devant les hommes, je le renoncerai aussi devant mon père qui est dans le ciel. Songez que ce père et ce ciel sont en vous, et que chaque jour de votre vie, ces paroles peuvent avoir pour vous leur accomplissement. Prenez donc garde de faiblir dans votre oeuvre, par la lâcheté, par des considérations inférieures, ou par le défaut de confiance en celui que vous devez reconnaître dans tous les points des facultés qui vous constituent. Il est dit : Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi, celui qui conserve sa vie la perdra, et celui qui perd sa vie pour l’amour de moi la conservera ; parce que les peines, les travaux, et les afflictions, sont cette violente compression par laquelle seule se peut exprimer de toutes parts la substance divine qui est en vous, et qui n’en peut sortir et se faire connaître que par une salutaire contraction. Nouvel Homme 40

Il sait que sa nature spirituelle et divine l’appelle à opérer des oeuvres de paix et à travailler au rétablissement de l’ordre universel ; il sait que cette même nature divine et spirituelle qui l’anime est au-dessus du temps, et est faire pour ne point connaître de temps ; ainsi toutes les fois que l’occasion se présentera de remplir son oeuvre, il la saisira, fut-ce même le jour de sabbat terrestre. Mais alors cette voix du sabbat s’élèvera contre lui, et voudra transformer son bienfait en une véritable prévarication ; c’est probablement pour nous retracer ce symbole de l’homme, et de cet affligeant assemblage qui se trouve en lui, que le Réparateur guérit un jour de sabbat, au milieu de la synagogue, cet homme qui avait une main sèche ; car en effet cette synagogue représenta parfaitement alors la réunion de la lumière et des ténèbres, où d’un côté agissait la vertu active de celui qui venait rendre aux hommes de l’esprit l’usage de leur main desséchée ; et de l’autre l’opposition d’un peuple matériel et grossier qui s’appuyait sur la lettre même de sa loi pour combattre l’esprit de la véritable destination de notre être. Nouvel Homme 43

Mais ce n’était pas seulement pour nous retracer le symbole de cet affligeant assemblage que le Réparateur en agit ainsi, c’était encore plus pour communiquer aux hommes aveugles l’instruction dont cette oeuvre de guérison n’était que l’occasion et le sujet. Aussi quand elle eut excité le murmure des Juifs il leur dit : « Qui est celui d’entre vous qui ayant une brebis qui vienne à tomber dans une fosse le jour du sabbat, ne la prenne, et ne l’en retire ? Or, combien un homme est-il plus excellent qu’une brebis ? Il est donc permis de faire du bien le jour du sabbat, » Nouvel Homme 43

Car, cette grande oeuvre, embrassant tous les temps, toutes les régions, et toutes les générations de la famille humaine, a dû agir dès l’origine pour arracher la proie à l’ennemi, qui l’avait déjà emportée dans la maison de servitude, ou dans le tombeau ; elle a dû agir depuis pour reprendre des mains de cet ennemi, les victimes qu’il saisissait journellement, et qu’il emmenait également dans ses sombres demeures ; enfin elle agira encore dans l’avenir, pour empêcher que cet ennemi ne puisse s’emparer si aisément de nouvelles victimes, ou qu’au moins il ne puisse venir les saisir jusque dans le bercail ; et ne doutons pas que ne se trouve là l’esprit des trois époques des lois de restauration parmi les hommes, l’esprit de la triple manifestation de la sagesse éternelle dans le temps, et le trinaire qui caractérise essentiellement toutes les opérations qui ont été ou accomplies, ou simplement annoncées, et figurées par les divers élus que cette sagesse éternelle a envoyés, en différentes fois, sur la terre, pour la délivrance des mortels, pour leur soulagement, et pour leur instruction. Nouvel Homme 44

Considérons donc ce nouvel homme environné de toutes les substances de l’esprit, et les appliquant par sa foi effective, ou par sa prière en actes, à tous les besoins qu’il peut éprouver dans son oeuvre ; voyons-le à tous les pas qu’il fait dans sa carrière, se procurer des nouvelles grâces, de nouveaux appuis, de nouveaux bienfaits, et par cette fidélité, et ce vif dévouement, s’identifier tellement avec l’esprit que ces mêmes grâces, ces mêmes appuis, ces mêmes bienfaits descendent sur lui comme gratuitement, mais d’une manière qui lui soit comme naturelle, qu’il les reçoive à tout instant, sans qu’il les cherche, et sans qu’il soit surpris cependant de les voir ainsi prévenir même tous ses besoins. Nouvel Homme 45

Il place la constance à l’orient, il place la purification à l’occident, il place la confiance au nord, il place la sainte audace au midi, et ainsi il marche à son oeuvre, toujours au milieu des vertus ; il ne se laisse pas même affaiblir par la tendresse de ses frères qui veulent le retenir, et l’empêcher d’aller à Jérusalem où il doit souffrir, et être mis à mort ; il ne connaît que les choses du ciel, et se « plaint vivement à ses frères de ce qu’ils ne renoncent pas à eux-mêmes pour le suivre, et de ce qu’ils n’ont de goût que pour les choses de la terre. Et que servirait à un homme de gagner tout le monde, et de se perdre soi-même ? Par quel échange se pourrait-il racheter, lorsque le fils de l’homme viendra dans la gloire de son père, avec ses anges, pour rendre à chacun selon ses oeuvres ? » Nouvel Homme 47

Pleurez donc, vigne sacrée, pleurez avec abondance, nous recueillerons soigneusement les pleurs que vous répandrez ; faites pleurer notre être avec vous, puisque si notre être doit être uni a vous dans les consolations, il doit l’être aussi dans votre tristesse. Ce sont vos pleurs qui seuls peuvent guérir la plaie universelle, mais ce sont les pleurs de l’homme qui doivent guérir ses plaies particulières. Plus il pleurera, plus il devra espérer être près de sa guérison, puisqu’il ne peut l’obtenir que par ses pleurs, et ses gémissements ; il ne fait en cela que répéter l’image de votre oeuvre restauratrice ; plus vous pleurez, plus vous annoncez, comme la vigne, une grande récolte, et plus vous manifestez les vertus salutaires du printemps. Nouvel Homme 47

En effet, c’est à cette voie que se font connaître les récompenses promises à l’homme de désir qui s’est consumé dans la vigilance, et dans le zèle à garder la citadelle qui lui est confiée ; à cet homme de désir qui s’est promis de ne jamais se livrer à une spéculation de l’esprit, et de l’intelligence, sans avoir auparavant consacré des efforts, et un temps, à quelque oeuvre active de l’esprit ; tant il est persuadé que l’homme doit toujours craindre de ne pas assez agir, et ne jamais craindre de ne pas assez savoir ; et cette sage crainte de ne pas assez agir, établit en lui une vertu tout aussi salutaire, celle d’être toujours prêt à suivre les ordres de son maître, toujours plein de résignation à tous les événements où ses services le peuvent entraîner, enfin toujours heureux, dès qu’il peut se rendre intérieurement le consolant témoignage qu’il a été zélé pour la gloire de ce maître, et qu’il n’a point été en faute, ni en retard dans son service. Nouvel Homme 49

Seigneur, Seigneur, est-il donc vrai que tu aies besoin de l’homme pour l’accomplissement de ton oeuvre ici-bas ? Oui, tu en as besoin puisque cette oeuvre n’est autre chose que la réunion de l’homme avec toi. Seigneur, Seigneur, il serait vrai que tu aurais besoin de l’homme ici-bas, et cependant, ce malheureux se refuserait à tes désirs, et à tes besoins ! Oh, non, rien ne peut égaler l’horrible férocité, et l’impie cruauté de l’homme ; rien n’est déchirant comme l’idée de son effroyable volonté. Frappe-le, Seigneur, avec la verge du temps, afin qu’il sache que le temps l’abuse journellement. Frappe-le avec la verge du temps, afin qu’il ne croie plus au temps. Alors le temps se frappera lui-même, alors le temps sera plein de remords, et de honte d’avoir trouvé un terme à ses desseins. C’est au temps, c’est à la mort, c’est à ces rois de la terre que tu avais adressé tant de reproches par la bouche de ton prophète David (Ps. 2). Nouvel Homme 50

Vous pouvez abréger cette oeuvre pendant votre vie terrestre ; après qu’elle sera terminée, vous serez obligés d’attendre, et de subir toute la longueur du décret, pour que dans vous le mort ou le numéraire reprenne sa vie, son caractère, et sa valeur. Nouvel Homme 53

Car il n’a point désespéré de voir couronner ses travaux, et, dès qu’il s’apercevait qu’il lui manquait une vertu, il se mettait en oeuvre pour s’en procurer la possession ; comme un homme qui s’aperçoit qu’il s’est fait une ouverture à sa maison, n’a point de repos que cette brèche ne soit fermée ; c’est-à-dire, qu’il ne s’est occupé qu’à rebâtir cette ancienne maison que nous occupions autrefois, et dont l’enceinte était formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, ce qui nous maintenait à couvert de toutes les entreprises de nos ennemis. C’est aussi parce que nous occupions autrefois cette enceinte formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, que nous étions assez spiritualisés, pour être chacun un des signes du Seigneur ; parce que tous les rayons de l’esprit, et du nom du Seigneur, se réunissaient sur nous, et nous faisaient réfléchir son image. Nouvel Homme 54

56. Voici le tableau des degrés par lesquels le nouvel homme peut monter sur le trône de la gloire ; son être corporel est maintenu en activité et en harmonie par les éléments, les éléments sont opérés par leurs puissances, leurs puissances sont dirigées par les esprits des régions, les esprits des régions sont excités à leur oeuvre par l’âme sensible et désirante du nouvel homme, son âme sensible et désirante est activée par l’esprit saint. Là, l’âme divine du nouvel homme reçoit une pétulante impulsion qui est l’aiguillon de feu et de vérité ; de là elle arrive au respect et à l’amour du fils, d’où elle s’élève à la sainte terreur du père qui la tient tout entière dans la sagesse, le zèle, et la vigilante opération, jusqu’à ce qu’elle soit réintégrée dans l’unité non subdivisée, où elle ne connaîtra que l’amour qui est le caractère essentiel et universel de celui qui est Dieu. Nouvel Homme 56

Le Réparateur a-t-il prédit beaucoup d’événements ? Non, il n’a presque prédit que ceux qui devaient se réaliser incessamment, et ouvrir les yeux aux nations sur son oeuvre. Je vous dis ceci dès maintenant, avant qu’il arrive, afin que, lorsqu’il arrivera, vous reconnaissiez qui je suis (Jean 23:19, 14:29, 16:4). Mais il a employé sa vie entière à aplanir, par ses sacrifices, et par son amour, les voies de notre retour vers notre patrie. Nouvel Homme 60

Mais l’esprit ne s’éloigne pas de nous, quoiqu’il voie ainsi en nous tous les plans de notre infidélité. Il continue son oeuvre ; il continue même de nous y associer, et nous dit : « Lorsque je vous ai envoyé sans sac, sans bourse, sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? Non, mais maintenant, que celui qui a un sac ou une bourse les prenne, et que celui qui n’en a point, vende sa robe pour acheter une épée, car je vous assure qu’il faut encore qu’on voie accompli ce qui est écrit de moi : il a été mis au rang des scélérats ; parce que ce qui a été prophétisé de moi, est prêt d’arriver. » Nouvel Homme 60

Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61

« Je vous ai dit ceci demeurant encore avec vous. Mais le consolateur qui est le Saint-Esprit que mon père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. » Ce nouveau consolateur qui nous est annoncé, est le même que celui qui est déjà né dans le nouvel homme ; mais la différence qu’il y a entre l’un et l’autre, c’est que le premier est né en nous dans l’amertume et dans la douleur, et que le second y doit naître dans la jubilation, ce qui ne peut arriver qu’autant qu’il réalise et effectue en nous physiquement toutes ces consolations, tous ces développements, toutes ces vertus, toutes ces lumières qu’il n’avait fait que nous annoncer pendant le travail pénible de son oeuvre, et pendant le séjour qu’il a bien voulu faire dans nos ténèbres, et dans nos abîmes ; et c’est alors qu’il nous fait ressouvenir lui-même de tout ce qu’il nous a dit d’avance. Nouvel Homme 61

« Je ne vous les ai pas dites dès le commencement parce que j’étais avec vous ; maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé et nul de vous ne me demande où je vais ; mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre coeur. » Ces scandales ne peuvent arriver que quand l’esprit de vérité est à demeure dans l’homme, parce qu’il éclaire tout ; c’est pourquoi l’homme s’afflige quand il prévoit des suspensions où il aura de la peine à démêler en lui-même la lumière d’avec les ténèbres parce qu’il sera seul. Mais il ne prévoit pas que ces suspensions ne sont que pour lui préparer les voies à l’accomplissement de son oeuvre, sans quoi il se remplirait de consolations. Nouvel Homme 63

Ce grand prêtre de la loi du temps, feindra d’être scandalisé de tes paroles. Dans son hypocrite ignorance, il déchirera ses vêtements en disant : il a blasphémé, qu’avons-nous plus besoin de témoins ? Vous venez vous-mêmes de l’entendre blasphémer. Qu’en jugez-vous ? En étant remplis de l’esprit de leur chef, ils répondront : Il a mérité la mort. Alors tous les adhérents de ce chef ambitieux et jaloux se réuniront contre toi ; ils t’accableront d’insultes et d’outrages ; ils multiplieront contre toi les accusations afin de te troubler dans ton oeuvre, et surtout afin de t’empêcher de manifester les titres de la véritable royauté. Nouvel Homme 65

C’est donc à toi, nouvel homme, de puiser ici les instructions salutaires que cette marche du Réparateur a présentées à ton intelligence ; suspends en toi-même toutes tes puissances spirituelles d’empire et d’autorité, pour ne mettre en oeuvre que tes puissances de résignation ; immole sans cesse dans toi l’homme innocent pour la délivrance de l’homme coupable, ou du Barabbas que tu portes dans ton sein. Enfin livre courageusement l’homme illusoire et passager aux mains de tes ennemis ; ils seront eux-mêmes les victimes des maux qu’ils lui feront souffrir ; son sang retombera sur eux et sur leurs enfants ; parce qu’en exerçant leur rage sur l’homme illusoire et passager, ils ouvriront la voie à l’homme réel et régénéré dans la vie, et c’est cet homme réel et régénéré dans la vie qui les couvrira de honte, et les précipitera dans les abîmes. Nouvel Homme 65

Tu n’écouteras donc point cette voix mensongère qui voudrait t’arrêter dans ton oeuvre, et te faire descendre de ta croix, et tu t’animeras d’un zèle ardent qui ne connaîtra aucun obstacle et qui ne se donnera aucun repos, que ton oeuvre ne s’accomplisse, et que tes yeux spirituels ne soient dessillés par des prodiges cent fois au-dessus de tous ceux que la matière pourrait t’offrir. Par là tu déconcerteras entièrement les projets de l’ennemi de toute vérité, lequel ne cherche qu’à arrêter le progrès des mesures vraies, pour faire procéder ses mesures fausses. Nouvel Homme 66

Comment pourrait-il avancer son oeuvre quand il attaque le diamant vif, puisqu’en croyant agir pour son propre avantage, il agit presque toujours contre ? Il a poussé les Juifs à faire mourir le Réparateur, et c’est cette mort qui devait le tuer. Il a poussé les Juifs à demander que le sang de ce Réparateur retombât sur leur tête parce qu’il comptait les perdre par cette imprécation, et c’est ce sang qui devait les sauver. N’ayant pu réussir dans ces deux entreprises, il essaie de le faire tenter par eux en lui demandant de se délivrer lui-même pour les convaincre, et c’est au contraire ce sacrifice qu’il fait de lui-même qui doit les amener à la conviction. Nouvel Homme 66

67. Nouvel homme, applique promptement sur toi tous ces types que tu viens de parcourir. La mort corporelle du Réparateur devait être volontaire pour rendre à ton esprit la force de mourir volontairement à son tour ; et elle t’offre une oeuvre plus grande que celle de ta mort corporelle même ; aussi avait-il dit : Vous ferez de plus grandes oeuvres que les miennes. Nouvel Homme 67

C’est donc à l’holocauste et à la mort de ton esprit que doivent être consacrés tous tes efforts, et c’est à l’accomplissement de ce grand oeuvre que doivent s’employer sans cesse toutes tes intelligences et toutes tes puissances ; car si tu meures de mort dans ton esprit avant la mort de ton corps, tu dois craindre qu’après la mort de ton corps, ton esprit ne puisse plus vivre que de mort au lieu de vivre de la vie. Il faut donc qu’après avoir été le jouet du peuple ignorant qui est en toi, après avoir été conduit au supplice au milieu des voleurs et de l’iniquité dont tu t’es rapproché autrefois, enfin après avoir été appliqué sur la croix, et après avoir pris le vinaigre qui t’es présenté, tu dises comme le Réparateur : tout est accompli, et qu’ayant baissé la tête, tu rendes l’esprit comme lui. Nouvel Homme 67

Dans la loi nouvelle, nul homme n’est dispensé de se trouver à l’armée, parce que chacun y doit combattre pour son propre compte. Les victoires de l’un sont à part des victoires de l’autre, et si quelqu’un se retire du combat, soit par faiblesse, soit par un intérêt quelconque qui l’attire ailleurs, comme il n’aura point participé aux dangers ni aux fatigues, il ne participera point non plus aux récompenses ; car le don général que le Réparateur est venu apporter sur la terre, devant appartenir à tous, nous sommes tous obligés à la même oeuvre, puisque le temps des subdivisions est écoulé et que nous pouvons renaître, vivre et agir dans l’unité. Nouvel Homme 67

68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68

Le nouvel homme, à son image, va chercher à rapporter aussi la justesse, et les proportions dans toutes les régions de son être ; mais comme il n’est que l’image du Réparateur, comme d’ailleurs les mélanges si divers dont il était composé avant sa régénération doivent introduire mille variétés dans son oeuvre, dans les fruits de son oeuvre, et dans les temps de son oeuvre, personne ne peut indiquer le nombre, le poids, et la mesure qui lui seront prescrits, soit pendant le séjour qu’il fera dans le tombeau, soit pendant celui qu’il fera sur la terre après sa résurrection ; soit pendant celui qu’il fera jusqu’à la consommation des siècles, chaque individu qui se régénère ayant à remplir des proportions particulières. Nouvel Homme 68

Le nouvel homme sachant donc que le monde ne le peut connaître, loin de se montrer au monde après sa résurrection, ne se montrera même d’abord que par les deux précurseurs qui l’ont assisté lors de sa glorification ; ils ne cesseront point de se joindre à son oeuvre, pendant et après sa résurrection, pour instruire l’âme simple et aimante qui sera dans la consternation, dans l’attente de sa venue, et qui, saisie de frayeur, tiendra les yeux baissés contre terre, « parce que ces deux précurseurs lui seront apparus tout d’un coup, avec des robes brillantes. » Ces précurseurs diront donc à cet ami : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité ; souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée, et qu’il disait : Il faut que le fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. » Nouvel Homme 69