Oetinger: L’âme et l’électricité météorologique

A propos des questions III et IV je vois que tu n’admets aucune connexion de l’âme avec le feu électrique. Ce n’est certes pas moi qui ferais passer la nature avant la théologie ou l’Écriture. Mais c’est cette Écriture elle-même, surtout Ézéchiel I, qui m’incite à relier analogiquement la nature de l’âme aux phénomènes électriques. Je laisse de côté Hippocrate dont les principes sont puisés dans la Tradition ; je ramène à une seule chose les quatre zoa d’Ézéchiel et de l’Apocalypse qui sont complètement immatériels (veux-tu que je te le démontre ?). L’éclair naît d’abord dans le tourbillon du vent, l’éclair est concentré dans une intense fulguration appelée Chasmal. De ce Chasmal surgissent quatre zoa (= animaux), âmes, intelligences ; ces zoa eux-mêmes sont décrits intérieurement pleins d’yeux, et Ézéchiel décrit des yeux disposés autour des roues (X, 12) tandis que dans l’Apocalypse (IV, 6) ils sont intérieurs et constituent les roues de ces vivants. C’est pourquoi, si ces idées ne m’étaient pas fournies par la sainte Écriture je ne serais pas assez téméraire pour les imaginer. Personne n’a vu Dieu de face, c’est-à-dire dans sa vie cachée par les créatures ; mais c’est de l’arrière, c’est-à-dire dans sa manifestation extérieure, que Moïse l’a vu ainsi que 70 Anciens et prophètes. C’est pourquoi j’observe contre Leibniz que l’âme n’est pas une coruscation de la divinité, n’est pas une monade, comme si elle participait à l’essence divine, mais elle est constituée librement par Dieu, in fieri, à l’image de Dieu. Le feu électrique, et autre chose qui pourrait être analogue, m’a semblé jusqu’ici être le véhicule de l’âme, mais ce n’est pas l’âme elle-même.